Énigmes Valtorta
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Toutes les catégoriesIl y a un temps pour toute chose...Egale des plus grands géographes ?Et Jésus parcourait les villes et les villagesLes témoins oculairesVingt talents pour libérer Jean-Baptiste...Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiersUn inventaire architectural exhaustifDe Re Rustica...Est-il permis de guérir le jour du sabbat...Cette parole leur demeurait cachéeSi cela n'est pas vrai...c'est bien imaginéLes quatre évangiles en un seul ?Le ProtévangilePremière année de vie publiqueSeconde année de vie publiqueTroisième année de vie publiquePréparation à la Passion de JésusLa Passion et la mort de JésusDe la Résurrection à la PentecôteEpilogue
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Seconde année de vie publique
La parabole des talents
Une fois les rites prescrits accomplis, tous se rassemblent au Portique des Païens , pour écouter l'enseignement divin. Jésus commence par les grandes leçons sur la condition des disciples, telles que nous les ont résumées Matthieu et Luc . Ces textes denses et concis posent un certain nombre de problèmes d'interprétation aux exégètes . La version transmise par Maria Valtorta, beaucoup plus détaillée, devient parfaitement limpide et résout toutes les ambiguïtés des textes de Matthieu et de Luc. Elle apporte spontanément une réponse pertinente à ces questions longtemps réputées plus ou moins insolubles. Comme c'est pratiquement toujours le cas sur le parvis du Temple, la discussion s'engage entre Jésus et des scribes venus l'écouter. Et pour illustrer ses réponses et rendre son enseignement facilement mémorisable, Jésus utilise des paraboles. Il commence par la parabole des talents . Matthieu, présent, a parfaitement mémorisé cette parabole . Il n'a sans doute pas jugé nécessaire de préciser ce qui lui paraissait évident, à savoir que le serviteur qui avait reçu un seul talent, avait en fait reçu le plus, puisque c'était un talent d'or, et non d'argent comme pour les autres . « ... à qui avait reçu le plus il est resté le moins, car il n'a pas su mériter de conserver le don de Dieu » 281.9 commente alors Jésus . Puis le Seigneur conclut ainsi cette parabole : « Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des israélites purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie » 281.9 . FOOTNOTES : Mt 10,37-38 ; Lc 14,25-33 et même Mc 8,34. Puis Mt 25,14-30 ; Lc 19,11-27 ; Lc 10, 25-37. : Comme par exemple « haïr son père et sa mère » (Lc 14,26) ; ou bien la phrase « à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera retiré » (Mt 25,29). : Plus tard, en MV 596.51, Jésus demande d'ailleurs à Matthieu de répéter cette parabole aux nouveaux disciples. : Pour plus de détails sur cette question, voir L'Enigme Valtorta tome 1, page 193-194. : La finale de Maria Valtorta « Quant au serviteur inutile (...) qu'on l'expulse de ma propriété et qu'il s'en aille pleurer et se ronger le cœur » est conforme à celle de Matthieu 25,30. Francis Marion ( Association Jean Carmignac , 2003, n° 19) a montré que la conclusion cruelle de Luc 19,27 « égorgez-les devant moi » était très certainement due à une confusion entre les mots hébreux chakhat = égorger et chakhah = s'incliner, lors de la traduction en grec d'un original hébraïque.
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Seconde année de vie publique
Joseph et Nicodème informent Jésus
Comme Il l'avait promis à Lazare, dès le lendemain de la fête, le vendredi 22 septembre , Jésus se rend à Béthanie. En chemin Il donne ses instructions aux disciples, ce qui suscite quelques objections parmi ceux qui sont envoyés en Décapole, qu'ils considèrent comme une terre païenne. Jésus doit donc les reprendre : « Vous n'êtes plus des juifs ou des galiléens : vous êtes les disciples. Cela suffit. Le nom et la mission vous mettent au même rang pour la région, pour la catégorie, pour tout. Il n'y a qu'une chose où vous pouvez vous distinguer : la sainteté. Elle sera individuelle et proportionnée à ce que chacun saura atteindre. Mais Moi, je voudrais que vous arriviez tous au même degré : à la perfection » 282.1 . Chez Lazare, Jésus retrouve Joseph d'Arimathie et Nicodème, qui évitent de le rencontrer ouvertement au Temple, pour pouvoir mieux Le renseigner de ce qui s'y trame. Ils confirment que le Sanhédrin a été informé, juste avant la fête, de la présence auprès de Jésus, en plus de pécheresses connues et inconnues et d'un publicain, d'un ancien galérien, d'un philistin incirconcis et d'une païenne. Contre cette hargne pharisaïque, Jésus va prendre les dispositions nécessaires, dans l'intérêt de ces âmes fraichement converties, et pour leur éviter toute humiliation. Sans désigner ouvertement Judas, Jésus déclare à tous ceux qui sont présents : « De toutes façons le délateur et vous, membres du Sanhédrin, vous pouvez informer qui de droit que le scandale est enlevé à partir d'aujourd'hui même » 282.6 . Hermastée le philistin va se faire circoncire sans délai, mais Jésus précise aux deux synhédristes son opinion sur la circoncision : « Je l'accorde pour calmer les susceptibilités d'Israël et pour montrer la volonté réelle du philistin d'arriver à Dieu. Mais, je vous le dis, dans le temps du Christ ce n'est pas nécessaire pour appartenir à Dieu. Il suffit d'avoir la volonté et l'amour, il suffit d'avoir la rectitude de la conscience » 282.6 . Hermastée restera à Béthanie jusqu'à ce qu'il puisse marcher et suivre Jésus dans son pèlerinage à travers la Décapole et au-delà. « La malveillance des juifs devient si forte qu'elle nous conseille de mettre le fleuve entre eux et nous » 284.1 , précise le Seigneur quelques jours plus tard. Effectivement ce territoire était en principe hors de la juridiction du Sanhédrin. Pour l'esclave Synthyché et l'ancien galérien Jean d'Endor, Jésus veut faire en sorte de les mener le plus discrètement possible à Nazareth. Dans le milieu de la semaine suivante, Il informe partiellement les apôtres de ses projets. « Je passerai par Gerasa, Bozra, Arbèle jusqu'à Aëra » 284.2 . Judas, Thomas, Barthélémy et Philippe vont rester quelque temps en Judée, puis rassembleront les disciples pour la fête des Lumières. Ainsi Judas sera éloigné jusqu'à ce que le problème soit réglé, et en ignorera la solution. « Lazare, il faut que j'éloigne Jean d'Endor et Sintica. Tu vois que la prudence le conseille et aussi la charité. Pour l'un et pour l'autre, ce serait une épreuve dangereuse, une souffrance inutile de connaître les persécutions lancées contre eux… » 285.2 , confie Jésus à son ami. Et Lazare une fois de plus offre la solution : la propriété qu'il possède à Antioche servira de refuge aux deux malheureux. Le mardi 3 octobre ils quittent Béthanie, que Synthyché et Jean ne reverront plus ! La première étape les mène à Jéricho. FOOTNOTES : Cette date, ainsi que les précédentes et que toutes celles qui suivent, s'enchaînent au jour le jour et sont conditionnées par l'arrivée à Gérasa le 6 octobre, « juste avant la fin de cette lune ». : Saint Paul aura bien compris cet enseignement, lorsqu'il s'adressera aux Romains, aux Colossiens ou aux Galates (Ro 2,25-29 ; 1 Co 7,19 ; Ga 5,6 ; 6-15)
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Seconde année de vie publique
Jésus rejeté de Nazareth
En arrivant à Nazareth, la première visite de Jésus est pour sa tante, veuve depuis maintenant plus de six mois. « Quand ma belle-sœur n'est pas là, je passe des jours bien tristes et solitaires » 245.1 , avoue-t-elle à Jésus. Elle accompagnera désormais les femmes disciples dans tous leurs déplacements. Les habitants de Nazareth restent très divisés en ce qui concerne Jésus. Pourtant une majorité réclame sa présence dans la synagogue, pour le sabbat du 17 juin. « Si vous voulez, je passerai le sabbat parmi vous pour vous enseigner la Loi Nouvelle » (...) « Oui. Demain viens ici » 245.6 . Ce jour là, Jésus donne une explication « nouvelle » à l'apologue d'Abimélech, dont Il fait un texte prophétique Le concernant. Quelques uns sont frappés par sa sagesse, tandis que la majorité ne peut voir en Lui rien de plus qu'un enfant du pays. Les évangélistes (Mt 13,53-58 ; Mc 6,1-6 ; Lc 4,16-24 et Jn 4,44) ont rendu compte de cette perplexité de Nazareth à l'égard du Messie . Devant tant d'incompréhension, Jésus déclare : « Mon pouvoir, ici, est impuissant, car il n'y a pas de foi. Allons, amis.Demain à l'aube nous partirons » 246.13 . Ils vont poursuivre leur pèlerinage, par petites étapes compte tenu de la présence des femmes disciples, de Nazareth à Césarée Maritime. De là Marthe et Marie regagneront Béthanie avec le char du serviteur de Lazare, auquel Jésus a donné rendez-vous à cet endroit, avant son départ de Capharnaüm. FOOTNOTES : Les lecteurs de Maria Valtorta remarqueront que Luc fusionne deux interventions de Jésus à Nazareth (MV 106 et MV 246) en un seul paragraphe.
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Troisième année de vie publique
La guérison de la femme courbée
En quittant Ismaël, Jésus se dirige vers Nazareth où Il désire passer deux jours en compagnie de Marie, Thomas et Pierre. Puis Il se rend chez Jeanne, à Tibériade pour voir les deux enfants. Les autres apôtres ont été envoyés pour évangéliser autour du lac pendant toute la semaine. « Le soir du sabbat nous nous retrouverons sur la route de Séphet », leur dit Jésus en les bénissant. Le samedi 3 février , Jésus se trouve dans la synagogue de Corozaïn. Mais comme pour le précédent sabbat, ce n'est pas sans arrières pensées que les notables L'ont invité pour y donner son enseignement. Dans cette synagogue Jésus guérit la femme courbée , et dénonce une nouvelle fois la sournoiserie des pharisiens, qui se scandalisent de ce miracle opéré un jour du repos. « Hypocrites ! Qui de vous, en ce jour, n'a pas détaché son bœuf ou son âne de la mangeoire et ne l'a pas mené boire ? Et qui n'a pas porté des bottes d'herbe aux brebis du troupeau et n'a pas trait le lait des mamelles pleines ? » 337.6 , leur rétorque vertement Jésus. FOOTNOTES : Cette date est parfaitement définie grâce à une remarque d'André, le lendemain : « Nous sommes à la nouvelle lune d'Adar ! » 339.1 . : Le récit valtortien est conforme à celui de Lc 13, 10-17. Ici, la synagogue est identifiée : c'est celle de Corozaïn.
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Troisième année de vie publique
La guérison de l'hydropique
Le puissant Ismaël ben Phiabi ayant fait part à Judas de son désir de recevoir Jésus dans sa propriété proche de Mageddo, Jésus décide de s'y rendre dès le samedi suivant. Seul saint Luc rapporte le miracle intervenu selon ses dires « chez un des chefs des pharisiens »(Lc 14, 1-14). D'après Maria Valtorta, c'est intentionnellement que Jésus effectue ce miracle justement ce jour là. « J'ai besoin que ce soit le sabbat pour dire quelque chose à ce propos à Ismaël » 335.5 . a-t-Il déclaré à l'épouse de l'hydropique qui implorait la guérison pour son mari. Ismaël et ses amis pharisiens réservent un accueil en apparence courtois au Seigneur. Mais pour Jésus cette visite n'est pas une visite de courtoisie. C'est une nouvelle tentative pour convertir ces hommes, pour la plupart hypocrites et cruels . Jésus les incite à la pitié, à l'humilité et à la miséricorde. Chanania reste intransigeant : « Pendant le sabbat il n'est permis de faire aucun travail » 335.13 . Pourtant, apprenant que ses bois sont en feu sur les proches pentes du petit Hermon, il oublie ses belles théories et se précipite vers son char . Les autres convives n'osent plus dès lors répondre, comme le souligne saint Luc, et Jésus accorde le miracle. « Pourtant, Maître… Dans ma maison… Le jour du sabbat … » 335.14 s'offusque Ismaël. Jésus s'emporte devant tant de fourberie : « Tu veux être pour Moi un ami ? Et alors pourquoi fais-tu le contraire de ce que je dis ? L'un de vous est en train de courir à perdre haleine, s'arrachant les cheveux à cause de la ruine de son bois. Et il ne se les arrache pas pour les ruines de son cœur ! Et toi, qu'attends-tu pour le faire ? » 335.14-15 . Et Jésus lui montre clairement qu'Il n'ignore rien de ses motivations. « Tu m'as invité pour te donner du lustre à toi-même et satisfaire tes amis » 335.16 . C'est tout naturellement qu'Il conseille alors : « Ne le fais pas. N'invite pas les riches, les parents, les amis. Mais ouvre ta maison, ouvre ton cœur aux pauvres, aux mendiants, aux estropiés, aux boiteux, aux orphelins et aux veuves » 335.16 . FOOTNOTES : Trois mois plus tôt, Jésus recueillait Marie et Mathias, les pauvres orphelins chassés sans pitié par le même Ismaël au cri de : « Sur le chemin, les chiens affamés » 298.3 . : Il s'enfuit en hurlant « Des milliers de sicles en cendre ! Malédiction ! » 335.13 . Cette allusion au sicle, monnaie du Temple valant 2 didrachmes semble très crédible. Les pharisiens répugnaient en effet à mentionner les monnaies romaines ou grecques. Juste avant la Pâque, Pierre fait allusion au « petit ennui arrivé à Chanania au mois de Scebat ! » 362.9 , ce qui est parfaitement cohérent chronologiquement. : Ce conseil, rapporté par Luc 14,12-14, est ainsi replacé de façon totalement logique dans le contexte.
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Troisième année de vie publique
Les douze à nouveau réunis
Dès le dimanche matin , Pierre, Simon, Philippe et Barthélémy atteignent Aczib où ils sont attendus. Philippe et Barthélemy sont très émus de retrouver le maître après cette longue absence de deux mois et demi. « Il y a si longtemps que je désire votre baiser » 332.1 , les rassure Jésus en les accueillant, eux qui ont tant souffert, n'ayant pas bien compris pourquoi Jésus les avait éloigné si longtemps de Lui et du groupe apostolique. Barthélémy entrevoit maintenant les raisons de cette douloureuse séparation et se rassure. Le groupe sera bientôt à nouveau au complet : « Et maintenant nous allons, sans nous presser, à la rencontre de Thomas et de Judas, sans attendre qu'ils arrivent au lieu qui était prévu » 332.5 . (Le rendez-vous était fixé à Capharnaüm pour la fin de la lune de Scébat ). Dans l'immédiat, Jésus va d'abord rendre une visite promise au berger Anna qui les a accompagné de Cédes à Aczib. Puis Il se rend à Sicaminon (une longue étape de trente kilomètres) pour y retrouver quelques disciples en compagnie desquels Il va passer le sabbat suivant. La fin de la lune est maintenant proche, en ce mercredi 24 janvier . C'est à proximité de Séphoris qu'a lieu la rencontre avec Judas et Thomas, après trois mois d'absence. Judas relate avec exaltation les nombreuses démarches qu'il a entreprises, tant auprès des disciples qu'auprès des notables d'Israël. Il tente de se justifier : « J'ai garanti sur mon honneur qu'il n'y avait plus, auprès de Toi, ces deux qui donnaient tant d'ombre. Ensuite il m'était venu un scrupule d'avoir affirmé ce que je ne savais pas avec certitude. Et alors j'ai voulu vérifier pour pouvoir y parer, pour ne pas être pris en délit de mensonge, chose qui m'aurait fait suspecter pour toujours par ceux qui doivent être convertis » 334.6 . Bien entendu Jésus n'est pas dupe de ces explications plus ou moins alambiquées, alors que l'unique motivation de l'Iscariote était de découvrir où Jean d'Endor et Synthyché avaient trouvé refuge. Le Seigneur confirme que Jean ne se trouve ni avec les disciples, ni dans aucune des maisons amies connues de Judas. Puis Il lui murmure à l'oreille : « Malheureux ! Qu'as-tu fait de ton âme? (...) Va ! Tu sens l'enfer plus que Satan lui-même ! Tais-toi !… Et repens-toi, si tu peux » 334.8 . FOOTNOTES : Ce rendez-vous a été pris en MV 326.1. : Soit vers le 30 janvier 29, c'est-à-dire dans deux semaines. Voir MV 302.3 et MV 302.4. : La date est parfaitement définie : « après-demain qui est la veille du sabbat » 334.7 dit Jésus, et c'est maintenant la dernière semaine de la lune de shébat !
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Troisième année de vie publique
L'adieu à Antioche
Le soleil est déjà bas sur l'horizon, en cette fin de sabbat. C'est bientôt l'heure de la douloureuse séparation. L'intendant Philippe demande aux apôtres de parler à tout le monde. Pendant toute la semaine, Pierre a pu constater que même à Antioche, certains rabbis parlent avec mépris du Maître. Il déclare donc : « Mais être savants ne signifie pas être saints ni posséder la Vérité. La Vérité, la voilà : Jésus de Nazareth est le Messie promis, le Sauveur de qui parlent les Prophètes » 324.1 . Il appuie sa profession de foi par le témoignage de Jean Baptiste, « et ici sont présents ceux qui ont entendu ces paroles : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde" » 324.1 . Pierre donne ensuite la parole à Simon le zélote qui commente le chapitre 52 d'Isaïe. Jacques lui succède, frère du Seigneur selon la chair, mais qui explique aussitôt « la paternité de Joseph, le frère de mon père, ne fut qu'une paternité spirituelle et, en vérité, je vous dis que le vrai Père de Jésus, notre Maître, c'est le Très-Haut que nous adorons » 324.3 . Chaque apôtre témoigne ainsi à tour de rôle de sa foi profonde en Jésus, le Messie d'Israël. André, lui, se souvient de sa première rencontre avec Jésus, au gué du Jourdain. « C'était un jour de cette lune … » précise-t-il. En tendant l'oreille, il a entendu quelques bribes de la conversation de Jésus et du Baptiste : « " C'est moi qui devrais être baptisé par Toi …" ; " Laisse faire maintenant, il convient d'accomplir toute justice " … » 324.4 . Matthieu, lui, se remémore l'inconnu qui vint à Capharnaüm « il y a deux printemps » 324.5 et qui « parlait familièrement sur la charité qui est comme une indulgence pour nos péchés » 324.5 . Ce souvenir de Matthieu évoque irrésistiblement un agraphon du Seigneur rapportée par Clément d'Alexandrie : « L'amour couvre une multitude de pêchés ». Jacques de Zébédée, présent lui aussi aux côtés d'André et de son frère Jean, lors du baptême de Jésus, témoigne qu'il attendit « des dizaines de jours » le retour du Seigneur, après sa première manifestation . Jude à son tour proclame sa foi : « Lui est le Saint. Je peux le dire, moi qui, avec Jacques, ai grandi avec Lui. Et je le dis et le dirai, tout disposé à donner ma vie pour le reconnaître, pour que les hommes croient en Lui et aient la Vie éternelle » 324.7 . Et Jean conclut cette magnifique profession de foi des apôtres : « Qu'est-ce que le Sauveur ? C'est la Lumière fondue avec l'Amour. La bouche de mes frères a magnifié les louanges du Seigneur, évoqué ses œuvres, indiqué les vertus à pratiquer pour arriver à son chemin. Moi, je vous dis : aimez » 324.8 . L'heure du départ est venue. C'est le cœur déchiré que les apôtres se résignent à faire leurs adieux aux deux disciples exilés. Tandis que leur char s'éloigne, dans un dernier gémissement, Synthyché leur crie : « Adieu ! Adieu ! Oh ! nous ne les reverrons plus ! Adieu, frères ! Adieu … » 324.11 . FOOTNOTES : Nous venons de voir par de multiples indices que cette séquence se déroule juste avant fin de Tévet... le samedi 30/12 (25 Tévet). Or le baptême et la tentation au désert eurent effectivement lieu à la fin de la lune de Tévet, deux ans avant... comme en témoigne Jésus en MV 80.5. La cohérence est absolument parfaite ! : Ce témoignage d'André est conforme au récit de l'évangile de Jean 1,26-34 et vient en complément du récit de MV 47.2. : Clément d'Alexandrie, L'Instructeur 3, 12. : André, Jacques et Jean sont restés auprès du Baptiste durant les 40 jours du jeûne de Jésus au désert. Jean-Baptiste ayant été fait prisonnier, ils allaient retourner désemparés en Galilée, lorsque Jésus revint vers eux.
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Seconde année de vie publique
Le pur et l'impur. La parabole du semeur
C'est un peu plus tard, lorsque les apôtres sont assemblés autour de Lui, que Jésus leur commente les dernières paroles dites aux pharisiens : « Il n'est rien en dehors de l'homme qui, entrant en lui, puisse le contaminer. Mais ce qui sort de l'homme, c'est cela qui contamine » 300.9 . Ce serait l'apôtre Barthélemy, d'après Maria Valtorta, qui aurait dit à Jésus(selon Mt 15,12) : « Ces pharisiens, après avoir entendu les paroles que tu as prononcées, s'en sont allés scandalisés » 301.4 . Pierre, qui a bien retenu le conseil donné par Jésus lors de la parabole du semeur , n'hésite donc pas à l'interroger : « Je n'ai pas bien compris la parabole. Explique-la-nous un peu » 301.6 . Les explications données sont conformes à celles de Matthieu et de Marc (Mt 15,15-20 ; Mc 7,17-23) mais, comme à chaque fois, de façon plus détaillée. FOOTNOTES : Jésus leur avait recommandé : « Quand j'ai parlé et que vous n'avez pu tout comprendre et retenir, demandez-moi sans craindre de paraître ennuyeux ou de me décourager » 179.3 .
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Seconde année de vie publique
Le fin de la seconde année
La pluie rend bien pénible le retour d'Endor vers Tarichée et Magdala. Comme c'est si souvent le cas, les apôtres ronchonnent. « Il vaudrait mieux s'abriter à Nazareth qui n'est pas loin » 302.1 . Nazareth est à dix kilomètres, tandis qu'il y en plus de vingt pour rejoindre Tarichée. Mais à Nazareth il y a Jean d'Endor et Synthyché. Jésus le rappelle à Pierre : « Et cela ne doit pas être connu » 302.2 . Il ajoute : « La prudence enseigne que quand une chose doit être tenue secrète, c'est déjà trop que deux en soient au courant » 302.2 . En arrivant à Magdala, où Il vient récupérer le montant de la vente des bijoux d'Alexandre Misace, Jésus donne ses instructions à Judas et à Thomas : ils vont accompagner les femmes disciples qui retournent en Judée, où ils resteront jusqu'à la lune de schébat, après les Encénies . Cela laisse donc deux mois pour finaliser dans la discrétion le voyage à Antioche. Et à Marie-Madeleine qui répugne à d'être raccompagnée à Béthanie par Judas qu'elle n'apprécie guère, Jésus confie : « Rappelle-toi que je dois faire partir Sintica et Jean pour Antioche, et qu'il ne faut pas que la chose soit connue par un imprudent … » 302.7 . Dans la soirée du vendredi 10 novembre, Jésus regagne seul Nazareth. Il a envoyé tous les apôtres avec diverses missions jusqu'à la fête de la Dédicace , qui aura lieu dans une vingtaine de jours. Il retrouve la Maman, quittée aux abords d'Arbèle il y a exactement un mois. Et le lendemain au réveil, quand Jean et Sythyché les ont rejoint, Il leur annonce : « Nous resterons plusieurs jours ensemble » 304.1 . C'est avec trois jours de retard, le mercredi 15 novembre, que Simon le zélote rentre de la mission que lui avait confiée Jésus : acheter plusieurs objets et tissus, en prévision du départ prochain de Jean et Synthyché à Antioche. Margziam songe que c'est le premier anniversaire du jour où il devint orphelin . « Je ne pourrais pas me divertir ces jours-ci » 305.1 soupire-t-il. De son côté Jésus, qui vient de fabriquer deux coffres en bois, se souvient : « Il y a seulement deux ans, je travaillais jusqu'à quatorze heures par jour » 306.4 . Dans une quinzaine de jours ce sera effectivement le deuxième anniversaire du départ de Jésus pour sa vie publique, et Il entrera dans sa trente-troisième année. En arrivant à Nazareth, cinq jours plus tôt, Il avait dit « Cette année, les Encénies se font ici, Maman ! J'arrive à l'âge parfait » 303.2 . Dans cette attente les jours s'écoulent paisiblement dans la maison de Nazareth, en dépit de l'indifférence, voire de l'hostilité des nazaréens envers Jésus. Synthyché approfondit sa connaissance de la doctrine du Christ, qu'elle oppose souvent aux pauvres croyances des grecs. C'est l'occasion d'allusions à certains aspects de cette culture, plus ou moins oubliés aujourd'hui. Ainsi par exemple quand elle déclare : « Il fallait le matérialisme païen pour pouvoir croire qu'étant privée d'ailes, la victoire serait pour toujours en possession des grecs » 307.4 . Salomé, l'épouse du cousin Simon supplie Jésus de guérir son enfant, gravement malade : « Mon petit ! Alphée, le dernier... il y a tant de jours que je supplie Simon d'aller te trouver » 308.3 . Jésus accorde immédiatement la guérison, en même temps qu'Il rassure Salomé sur le comportement de son époux : « Je te promets que cessera le doute de Simon sur Moi » 308.3 . Puis Jésus apporte du réconfort à une famille durement éprouvée, et Margziam, pris de compassion, décide d'un sacrifice pour obtenir la guérison d'une fillette malade : « Je ne prendrai plus de miel pendant toute une lune », et il ajoute : « en ces jours il y a la Fête des Lumières et les fouaces au miel » 309.2 . Mais voici que surgit le cousin Simon. Il ignore encore que son fils est guéri, et il vient à son tour supplier Jésus. Sa stupeur est grande, en apprenant cette guérison : « Toi !… Toi !… Tu as fait cela pour moi qui t'ai offensé encroyant à ce serpent ? Oh ! Seigneur ! Je ne suis pas digne de tant ! Pardon ! Pardon ! Pardon ! » 309.8 . Jésus scelle cette amitié familiale retrouvée : « Je t'attends à ma maison avec Salomé et Alphée. Va. Et souviens-toi que c'est à cause de ton épouse, qui a su croire seulement à la vérité, que tu as la joie actuelle. A cause d'elle (...) Ne tarde pas davantage à lui dire "merci" » 309.8 . Deux ou trois jours avant le début de la fête, Pierre, les bras chargés de présents, vient frapper à la porte de la maison de Nazareth. Il n'a pu résister plus longtemps à son désir de revoir à la fois Jésus et son Margziam. La joie des retrouvailles se trouve un peu ternie du fait de l'absence de Porphyrée que Pierre n'a pas osé faire venir avec lui. Mais Jésus décide : « Quand tu reviendras après les Encénies, tu viendras avec elle. Elle sera avec Margziam, quelques jours, et puis ils retourneront ensemble à Bethsaïda » 310.2 . Une fois seul avec Jésus, Pierre fournit un autre motif à sa visite soudaine : le fait que les trois pharisiens fouinent un peu partout à la recherche de Jean d'Endor et de Synthyché. Pierre les a envoyés vers Jérusalem, mais tôt ou tard ils viendront à Nazareth. Jésus le rassure : « J'ai déjà pourvu à tout, depuis des mois. Quand ils reviendront à la recherche de ces deux qu'ils poursuivent, ils ne les trouveront plus, en aucun lieu de la Palestine » 310.4 . Et Jésus dévoile désormais à Pierre tous les détails de l'exil forcé à Antioche des deux malheureux. « Dans une maison de Lazare. La dernière que possède Lazare là où son père gouverna au nom de Rome » 310.4 , précise-t-Il à Pierre. Ensemble, ils mettent au point quelques détails pratiques. Et la seconde année de la vie publique s'achève avec la souffrance de devoir éloigner de la Palestine Jean et Synthyché. « Une souffrance qui m'est restée sur le cœur tous ces jours et qui a rendues tristes même les lumières des nombreuses lampes » 312.1 avoue Jésus à sa Mère. Qui, si ce n'est Jésus, pourrait imaginer à cet instant pathétique, qu'un ancien galérien et qu'une esclave en fuite vont devenir les fondateurs et les premiers évangélisateurs de la florissante église d'Antioche ? Pour l'heure, pendant ce voyage périlleux confié à ses apôtres, Jésus va s'isoler dans le jeune et la prière, pour la réussite de cette entreprise. * A l'occasion de cette nouvelle année qui s'achève Jésus renouvelle, en la précisant, la remarque qu'il avait faite à la fin de la première année : « « Ainsi commence ma troisième année de vie publique. Elle commence par un départ bien triste, comme la première et la seconde. Elle commence par une grande prière et une grande pénitence comme la première… Car celle-ci a les difficultés douloureuses de la première, et davantage encore. Alors je me préparais à convertir le monde, maintenant je me prépare à une œuvre bien plus vaste et bien plus puissante. Mais, écoutez-moi bien : sachez que si la première année j'ai été l'Homme-Maître, le Sage qui appelle à la Sagesse par une humanité parfaite et la perfection de l'intelligence, et si la seconde, j'ai été le Sauveur et l'Ami, le Miséricordieux qui passe en accueillant, en pardonnant, en compatissant, en supportant, la troisième, je serai le Dieu Rédempteur et Roi, le Juste » » 313.9 . FOOTNOTES : C'est exactement, suivant le calendrier hébraïque, la période anniversaire de la catastrophe qui anéantit la famille de Margziam (MV 139.2). : On retrouve cette même expression d' âge parfait à propos de la trente troisième année de Jésus dans Marie d'Agreda, La cité Mystique de Dieu , tome 5 chap. 13. La mystique espagnole s'en explique assez longuement. : La statue d' Athéna-Niké , c'est-à-dire Athéna-Victoire , fût représentée dépourvue d'ailes, contrairement aux autres statues de Victoires . De là un temple sur l'Acropole reçut son second nom, celui de la Victoire Aptère (sans ailes). Le sculpteur grec avait enlevé les ailes de la Victoire pour qu'elle ne quitte pas la cité. : Jésus fait remarquer à Margziam que « la lune de Casleu est déjà bien avancée ». On voit plus loin (MV 314.3) que le vœu se termine le 17 Tevet. C'est donc qu'il a commencé le 17 Casleu, soit le mercredi 22 novembre, juste une semaine avant la fête. Qui pourrait imaginer un récit si cohérent ? : Voir MV 142.4 au paragraphe « Retour à la Belle-Eau ».
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Seconde année de vie publique
Jeanne et Chouza adoptent deux orphelins
Marie et son jeune frère Mathias sont deux orphelins affamés que Jésus croise à proximité du lac de Méron au début du mois de novembre . Leur maître, le puissant pharisien Ismaël ben Phiabi les a chassé il y a un mois de ses terres, à la mort de leur mère, en leur disant : « Sur le chemin, les chiens affamés » 298.3 . Le vieux paysan Jacob, chez qui ils tentaient de trouver quelque réconfort les a, lui aussi, repoussés sans pitié. Pourtant, un an plus tôt il avait accueilli généreusement Jésus et avait bénéficié, par sa grâce, d'une abondante récolte. « Et tu manques de place et de nourriture pour ces deux malheureux ? Tu peux le dire vraiment, Jacob ? » 298.4 . Jésus le quitte sur le champ, malgré les intempéries et la nuit qui approche. « Allons porter ces deux petits à Jeanne de Chouza. Elle sait se rappeler les bienfaits reçus et elle est miséricordieuse pour l'amour de Celui qui a été miséricordieux avec elle. Allons » 298.5 . Commentant ce bref épisode que n'évoquent ni les évangiles, ni la Tradition, Jésus déclare : « Celui qui ferme son cœur à son frère, ferme son cœur à Dieu et Dieu à lui. C'est le premier commandement, ô hommes. Amour et amour. Celui qui n'aime pas ment quand il se donne pour chrétien » 298.7 . Rentrés dans la nuit à Bethsaïda, ils repartent en barques dès le lendemain matin, en direction de Tibériade. Chouza et Jeanne accueillent chaleureusement Jésus. « Je voudrais que ces petits aient une mère, un père, une maison. Et que la mère eût le nom de Jeanne … » 299.8 leur demande-t-Il. Jeanne, pleine de reconnaissance, se prosterne aux pieds de Jésus, tandis que Chouza déclare : « Sur mon honneur, je te jure que du moment où je poserai ma main sur leur tête innocente, je les aimerai en vrai père, en ton nom » 299.8 . FOOTNOTES : « Je les ai trouvés un soir de novembre, froid, pluvieux, sombre » confirme Jésus en MV 335.14
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Troisième année de vie publique
L'évangélisation aux confins de la Phénicie
Ils se dirigent d'abord vers le nord en longeant la côte, pour honorer la promesse faite à Hermione , d'aller rendre visite à ses frères, marchands d'Alexandroschène. « Nous chercherons les frères de la femme. S'ils nous accueillent comme pèlerins, nous pourrons lui faire ce plaisir … » 328.2 . Effectivement les trois frères se montrent hospitaliers, et le lendemain matin, ils offrent même la cour de leur négoce pour permettre à Jésus d'enseigner. C'est là qu'est donnée la parabole de l'ouvrier de la dernière heure , que nous a transmis Matthieu . La transcription de Maria Valtorta comporte quelques nuances intéressantes par rapport au texte évangélique. « Il convint avec eux d'un denier pour la journée » 329.11. C'est « la pièce d'argent » évoquée par Matthieu, qui correspondait au salaire journalier d'un légionnaire. Aux ouvriers suivants, le maître annonce « je vous donnerai ce que j'ai promis aux autres » 329.11 , ce qui apparaît moins ambigu que l'expression de Matthieu « je vous donnerai ce qui est juste ». De même la justification du salaire égal parce que les derniers ont été plus zélés, « faisant en moins de temps le même travail que vous avez fait en douze heures » n'est pas reprise par Matthieu. Et la conclusion transmise par la voyante : « En vérité je vous dis que ce ne sont pas toujours les premiers qui seront les premiers dans le Royaume des Cieux » 329.11 apparaît plus nuancée que celle de l'évangéliste : « les premiers seront les derniers ». Quant à ce commentaire de Jésus, « Mais si les appelés sont nombreux, peu nombreux sont les choisis, car peu nombreux sont ceux qui veulent la Sagesse » 329.11 , plusieurs versions bibliques l'omettent, considérant qu'il est emprunté à la parabole des noces royales , donnée dix jours plus tard (MV 335.17). Mais les lecteurs de Maria Valtorta savent bien que le Seigneur, en excellent pédagogue, n'hésitait pas à revenir sur un enseignement déjà donné auparavant. Chassés d'Alexandroscène par un centurion fort peu amène, ils vont longer les monts du Liban vers l'Est, jusqu'à Lésemdan, au-delà de Cédes, où ils se trouvent le jeudi matin. Jacques de Zébédée se montre découragé : « Et défaites sur défaites !… Il semble que nous soyons des maudits… » 330.1 . Il se dit prêt à aller exercer sa vengeance sur ceux qui accueillent mal Jésus. Ces projets fougueux lui valent cette remarque : « Oh ! fils du tonnerre ! D'où te vient cette véhémence ? Veux-tu donc être une foudre exterminatrice ? » 330.2 . L'origine de ce surnom donné aux fils de Zébédée demeure mystérieuse pour bien des biblistes. En MV 575.8, Jésus en fait le rappel, en présence de Pierre. Or saint Justin de Naplouse . cite comme appartenant aux Mémoires de Pierre ce surnom de fils du tonnerre qui ne se trouve que dans l'évangile de Marc (Mc 3,17). Il leur faut déjà songer à retourner à Aczib, en deux longues étapes de 35 kilomètres chacune. Le premier soir, ils trouvent refuge à Biram, chez un vieux couple d'hôteliers. Mais le lendemain à l'aube, Jésus se montre pressé : « Vite, prenez votre part et partons car je veux être, avant le soir, au moins au pied de la montagne d'Aczib. Ce soir commence le sabbat » 331.2 . Son attitude est vraiment inhabituelle. « Maître, cette femme qui est là… tu ne l'écoutes pas ? » « Je n'ai pas le temps... La route est longue et, du reste, je suis venu pour les brebis d'Israël » 331.3 . Cette réponse surprenante apparaît clairement chez Matthieu et Marc, lorsqu'ils donnent le récit de la foi de la cananéenne (Mt 15,21-28 et Mc 7,24-30). Et certes elle peut susciter quelque interrogation. Mais la narration de Maria Valtorta montre clairement que les apôtres avaient bien du mal à cet instant à comprendre pourquoi Jésus leur avait imposé ce long détour en terre païenne, en apparence bien inutile. La réponse divine arrive bientôt. D'abord pour la femme : « Oh ! femme ! Grande est ta foi. Et par elle tu consoles mon esprit. Va donc, et qu'il te soit fait comme tu veux » 331.7 ; mais aussi pour les apôtres. « Mais pourquoi, Maître, l'as-tu faite tant prier pour ensuite l'écouter ? » demande Jacques de Zébédée. « A cause de toi et de vous tous. Cela n'est pas une défaite, Jacques. Ici, je n'ai pas été chassé, ridiculisé, maudit… Que cela relève votre esprit abattu » 331.7 . FOOTNOTES : La femme rencontrée par les apôtres à Antigonéa (voir MV 323.8). : Selon Mt 20,1-16. Jésus ré-évoque ce sujet en MV 534.3 avec Sira, la jeune veuve de Zénon, justement d'Alexandrocène ! : Saint Justin (vers 150), Dialogue avec Tryphon , n°106.
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Troisième année de vie publique
Les apôtres retrouvent Jésus à Aczib
Comme convenu les apôtres retrouvent Jésus sur la colline située à l'Est d'Aczib. « Combien Jésus a dû souffrir ! Marqué par la pénitence beaucoup plus que dans le jeûne du désert » 325.1 observe Maria Valtorta. Pierre lui aussi remarque le visage amaigri et les yeux fatigués de son Maître : « Jésus a été malade !… Maître, mon Maître, qu'est-ce que tu as eu ? Dis-le à ton Simon ! » 325.3 . « Je suis resté dans une grotte… à prier… à méditer… à fortifier mon esprit, pour vous obtenir la force, à vous dans votre mission, à Jean et à Sintica dans leurs souffrances » 325.4 lui répond Jésus, qui s'informe ensuite de leur voyage. Pierre raconte les péripéties pour atteindre Antioche, et la semaine passée là-bas. Puis c'est Simon le zélote qui relate le retour, car Pierre, trop ému, ne peut terminer son récit. Peu après avoir quitté Antioche, ils stoppèrent le char pendant la nuit, et rejoignirent Séleucie en milieu de matinée. Ayant trouvé un navire en partance pour Césarée, ils atteignirent Tyr le mardi soir et sont arrivés à Ptolémaïs le mercredi après midi, car à Tyr le maître d'équipage avait accepté de prendre leur barque en remorque. « À Ptolémaïs nous sommes restés un jour » 325.7 précise Simon. A la fin de ce compte-rendu, Jésus les exhorte tous : « Maintenant nous allons retourner vers Jiphtaël pour attendre Philippe et Nathanaël et il faut faire vite . Puis les autres viendront … En attendant, nous évangéliserons ici, aux confins de la Phénicie, et dans la Phénicie même » 325.8 . Et Il recommande : « Mais quant à ce qui est arrivé, c'est enseveli pour toujours dans nos cœurs. À aucune question on ne donnera de réponse » 325.8 . Si donc Jésus a voulu révéler seulement maintenant cet épisode douloureux, personne ne pourra s'étonner qu'il soit resté inconnu des Écritures et de la tradition au cours des siècles... Après le repos sabbatique à Aczib, Pierre propose d'aller avec Simon au devant de Philippe et de Barthélémy, pour éviter à Jésus le long détour vers Jiphtaël. Ils se séparent donc, Jésus se dirigeant comme prévu avec les six autres apôtres vers les confins de la Phénicie. Rendez-vous est pris pour se retrouver à Aczib au sabbat suivant. FOOTNOTES : Jésus a fixé le rendez-vous avec eux à Jotapate, pour la lune de shébat (MV 310.5), et en ce vendredi 5 janvier, c'est justement le 2 shébat ! : Le rendez-vous avec Thomas et Judas a été fixé à la fin du mois : « Judas de Simon et Thomas... Je vous attends à Capharnaüm pour la fin de Scebat » 302.4 , leur avait dit Jésus.
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Préparation à la Passion de Jésus
Le lundi avant la Pâque
Maria Valtorta nous révèle que Jésus n'a guère dormi pendant la nuit. Levé vers minuit, Il est allé rejoindre sa Mère dans le palais de Lazare à Sion, grâce à la bienveillance des gardes romains qui le laissèrent passer. Avec Marie, Il est allé apporter quelque réconfort à Elise, la mère d'Annalia. Puis, rencontrant le jeune légionnaire Vital , Il répondit à ses interrogations. Au petit matin Jésus retrouve ses apôtres, et avec eux Il retourne au Temple. C'est en passant près du Cédron qu'a lieu la première partie de l'épisode du figuier desséché qui intrigue certains commentateurs comme il intrigua aussi les apôtres. « La colère de Jésus pour la plante stérile, peut-être sauvage, les étonne » 592.15 . Mais un peu plus loin Pierre s'informe : Où as-tu mangé ? » « Nulle part ». « Oh ! Alors tu as faim ! » 592.15 . Après les prières au Temple, Jésus opère quelques miracles puis prend la parole « dans la cour où les rabbis donnent leurs leçons » 592.15 . Il donne la parabole des vignerons homicides (Mt 21, 33-45; Mc 12, 1-12; Lc 20, 9-19). Le texte de Maria Valtorta signale l'envoi de deux groupes de serviteurs, comme le dit Matthieu. Il comporte aussi un verset, absent de Marc, et également omis sur plusieurs manuscrits de Matthieu, mais que Luc cite (Lc 20,18) : « Et celui qui tombera contre cette pierre se brisera, et celui sur lequel la pierre tombera sera écrasé » 592.17 . Un des auditeurs interroge publiquement Jésus « sur une question embrouillée d'héritage ». Les pharisiens présents ne peuvent qu'admirer la sagesse du conseil que donne Jésus. C'est alors qu'ils interviennent : « Toi qui opères des prodiges et donnes des jugements tels que seul le sage roi pouvait en donner, par quelle autorité fais-tu ces choses ? » 592.19 . Les laissant là, Jésus regagne le mont des oliviers avec ses apôtres et quelques disciples, comme Il l'avait déjà fait la veille. A nouveau Il les instruit sur sa mort désormais si proche, continuant à citer abondamment les Écritures. « Et rappelez-vous que ce sont des paroles du Seigneur à son prophète » 593.3 . Les apôtres en sont troublés mais ont encore bien du mal à les accepter. Barthélemy, pensif, constate : « ce qu'il dit c'est vraiment dans l'Écriture ! » 593.9 . Exactement ce que diront bientôt les disciples d'Emmaüs... FOOTNOTES : Probablement le futur saint Vital de Milan, (père des saints Gervais et Protais) dont la tradition situe le martyr durant le règne de Néron. : Le témoignage de Maria Valtorta conforte celui de Marc (Mc 11, 12-14). Matthieu (Mt 21, 18-19) a donc, semble-t-il, résumé les deux phases du miracle en un seul épisode. : Commentant un peu plus loin ce texte, Jésus précise : « Dans les traductions on se sert toujours de "sur". J'ai dit contre, et non pas sur. Et c'est une prophétie contre les ennemis de mon Église. Ceux qui la contrecarrent en se jetant contre Elle, parce qu'Elle est la Pierre angulaire, se trouvent fracassés. L'histoire de la Terre, depuis vingt siècles, confirme ce que je dis. Les persécuteurs de l'Église se fracassent en se jetant contre la Pierre angulaire » 594.8 . : Les évangélistes (Mt 21,23-27 ; Mc 11,27-33 et Lc 20,1-8) semblent avoir sorti cette intervention de son contexte et de ce fait, les exégètes peinent à l'interpréter. Ici la question s'insère logiquement dans le récit, et Jésus, dans son commentaire, apporte toutes les clarifications nécessaires. : Dans la brève exhortation qui suit, Jésus fait allusion à Ézéchiel 14,12-13, Daniel 7, Osée 6,1-6 et 8,11-14 puis Malachie 1,10-11 et 2,3-6.
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Préparation à la Passion de Jésus
Le mardi avant la Pâque
Lorsque retournant au Temple, le mardi matin, les apôtres découvrent le figuier desséché(Mt 21, 20-22; Mc 11, 20-26), ils sont stupéfiés : « Mais c'est le figuier d'hier ! Le figuier que tu as maudit » 594.1 crie Pierre. Maria Valtorta transmet la réponse de Jésus, qui, si elle ne figure pas dans les évangiles , n'en demeure pas moins crédible : « Ne m'avez-vous pas vu peut-être ressusciter les morts, guérir les lépreux, donner la vue aux aveugles, multiplier les pains, calmer les tempêtes, éteindre le feu? Et vous êtes stupéfaits qu'un figuier se dessèche ? » 594.2 . Quelques instants plus tard, au retour de la prière, un groupe aborde Jésus et Lui pose la fameuse question-piège : « Dis-nous alors : est-il permis de payer le tribut à César ou bien n'est-il pas licite de le faire ? Que t'en semble-t-il ? » 594.4 . La réponse de Jésus, devenue proverbiale , nous est bien connue, grâce aux synoptiques (Mt 22,15-22; Mc 12,13-17 et Lc 20,20-26). Jésus va rester plusieurs heures sur le Parvis , à conseiller, à enseigner, et à répondre aux pharisiens, aux hérodiens ou aux sadducéens qui tour à tour cherchent des motifs d'accusation et tentent de Le piéger avec des questions sournoises. Après la question du tribut dû à César vint la non moins célèbre question sur la résurrection des morts (Mt 22, 23-33; Mc 12, 18-27; Lc 20, 27-38). A la nuit venue, exactement comme la veille, Jésus rassemble ses apôtres au clair de lune, et Il leur commente à la fois les événements de la journée, et d'autres passages des Écritures Le concernant. FOOTNOTES : Plus loin Jésus justifie ces « omissions » : « les Évangélistes omirent volontairement dans leurs écrits des phrases qui auraient choqué l'excessive susceptibilité des hébreux et scandalisé les gentils » (...) « Connaître les persécutions du Christ, oui. Mais les maladies spirituelles du peuple d'Israël désormais corrompu, surtout dans les classes les plus élevées, non. Ce n'était pas bien. Et ils les voilèrent le plus qu'ils purent. Qu'ils observent comment les Évangiles deviennent de plus en plus explicites, jusqu'au limpide Évangiles de mon Jean, à mesure qu'ils étaient écrits à une époque plus éloignée de mon Ascension vers mon Père » 594.9 . : Maria Valtorta rapporte la réponse d'un pharisien : « C'est la figure de César et l'inscription porte son nom. Le nom de Caius Tibère César qui est maintenant empereur de Rome »594.4. Tibère se nommait non pas Caïus, mais Claudius, et les deniers de Tibère portaient l'inscription TI CAESAR DIVI ( Divin Tibère César ). Un romain n'aurait surement pas donné cette réponse imprécise, qu'on peut par contre fort bien admettre de la bouche d'un pharisien ! : « Il sort du Temple (...) pour prendre la nourriture que Lui apportent les serviteurs de Lazare qui en ont été chargés » 594.5 . nous informe Maria Valtorta, donnant ainsi un détail « d'intendance » tout à fait plausible. : Dans cette vision datée du 1er avril 1947, Maria Valtorta remarque : « Je crois deviner qu'il y a eu des représailles » 594.5 . C'est que Jésus avait confirmé deux ans plus tôt (vision du soir du mardi Saint, donnée le 7 mars 1945 !) : « Aujourd'hui vous avez entendu parler des gentils et des juifs, et vous avez vu comment les premiers se sont inclinés devant Moi et comment les seconds pour un peu m'auraient frappé » 595.1 . C'est une stupéfiante cohérence « inversée » !
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Préparation à la Passion de Jésus
Le mercredi avant la Pâque
La foule est de plus en plus nombreuse au Temple, à mesure que la Pâque approche. A peine Jésus est-Il arrivé sur le parvis qu'un scribe vient l'interroger : « Maître, quel est le plus grand des commandements de la loi ? » 596.2 . Matthieu et Marc évoquent cet épisode. Le premier(Mt 12,28-34) sans doute influencé par les évènements de la veille, semble encore sur ses gardes, tandis que Marc (Mc 12, 28-34) garde une attitude neutre vis à vis du scribe. Maria Valtorta indique clairement le climat bienveillant de cette discussion . Mais le scribe s'attire la colère de ses compagnons lorsqu'il leur avoue : « J'ai entendu l'Esprit de Dieu parler sur ses lèvres ». « Tu es un sot. Crois-tu peut-être qu'il est le Christ ? » 596.3 . Jésus interrompt leur dispute : « D'après vous, que vous semble-t-il du Christ ? De qui est-il le fils ? » 596.3 . Ainsi devient-il clair que l'épisode mentionné par Matthieu, Marc et Luc (Mt 22,41-46 ; Mc 12,35-37 et Lc 20,41-44) s'insère parfaitement dans le fil de la discussion en cours. Cette journée du mercredi et très riche en discussions, rencontres et enseignements. Les évangélistes nous en ont admirablement transmis l'essence. Maria Valtorta, décrivant minutieusement ce qu'elle « voit » et « entend », nous permet de découvrir la cohérence qui relie ces messages évangéliques en apparence disparates. « Jésus se déplace du lieu où il était, tout envahi par le soleil, pour aller plus loin où se trouvent les bouches du Trésor, près de la salle du Gazophilacium » 596.4 . Il observe les allées et venues des pèlerins venus verser leur obole ; Il entend les exhortations d'un docteur : « Plus que tout autre commandement est valable celui-ci : que tout ce qui est pour le Temple aille au Temple » 596.7 . Et Il en tire un double enseignement pour ses apôtres : « Voyez- vous cette femme ? Elle n'a donné que deux piécettes , (...) et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l'ouverture du Temple à l'aurore, ont versé leur obole au Trésor du Temple ». (...) « En vérité, je vous dis que personne n'a donné plus qu'elle. Son obole est charité, l'autre ne l'est pas. Elle est générosité, l'autre ne l'est pas. Elle est sacrifice, l'autre ne l'est pas » 596.9 . Opposant alors ce geste de la veuve à l'enseignement des scribes, Jésus déclare : « Eux disent qu'il n'y a pas de sang ni d'affection supérieurs au Temple et de cette façon enseignent à ne pas aimer le prochain. Moi, je vous dis qu'au-dessus du Temple, il y a l'amour » 596.10 . Il retourne à l'endroit où Il a coutume d'enseigner, et commence un exposé magistral sur les tribulations d'Israël et l'origine du pharisaïsme. « Il fut donc un bien qu'au bon moment se dressèrent aussi les pharisiens pour faire une digue contre le débordement fangeux des usages et des coutumes étrangers » 596.15 . Ce discours reste d'une actualité brulante, et nous donne les clefs de l'épanouissement ou du déclin des nations. « Tant que vous serez fidèles aux lois de Dieu et de la Patrie, vous vaincrez (...) mais quand vous serez corrompus (...) Dieu vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis » 596.15 . S'en suivent tout naturellement les reproches contre les scribes et les pharisiens, qui « disent d'agir de telle manière, mais ensuite ne font pas ce qu'ils disent qu'il faut faire (...) ils contreviennent à la loi de l'amour car ils aiment à se définir séparés et méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte » 596.16 . Maria Valtorta nous transmet ensuite un extraordinaire résumé de toute la doctrine chrétienne. Jésus sachant combien la plupart des membres du sanhédrin agissaient en opposition totale avec cette doctrine, n'hésite pas alors à proclamer contre eux ses invectives , puis à se lamenter sur Jérusalem (Mt 23,37-39 ; Lc 13,34-35). Quittant le Temple vers midi, Jésus dit aux siens : « En vérité je vous dis que ce lieu semble déjà brûler du feu de la colère céleste » 596.22 . Le disciple Jean d'Ephèse observe le Temple : « Regarde quelles pierres et quelles constructions ! ». « Et pourtant d'elles, il ne restera pas pierre sur pierre » 596.23 lui répond Jésus(Mt 24, 1-2; Lc 21, 5-6). Manaën leur donne accès aux Jardins du roi , près de En Rogel. « Allez. N'entrent ici que ceux que je veux » 596.23 . Tous trouvent ainsi un lieu de calme, où le serviteurs de Lazare leur apportent des paniers de nourriture . En fin d'après midi, disciples et apôtres retournent avec le Maître sur le mont des oliviers . Chemin faisant, ils L'interrogent sur le Royaume de Dieu, la ruine du Temple et les tribulations des derniers temps. Jésus répond à toutes leurs interrogations. Les évangélistes(Mt 24, 3-51; Mc 13,3-37 ; Lc 21, 7-33) consacrent de nombreux versets aux réponses de Jésus. Maria Valtorta nous transmet pas moins de six pages qui fusionnent en une harmonie parfaite ces textes évangéliques, mais aussi certains enseignements de saint Paul . Le lecteur attentif trouvera dans ces pages bien des précisions éclairantes, comme par exemple sur la future vocation d'évangéliste de Matthieu, que Jésus nomme « Toi, mon bon chroniqueur » 596.51 , et à qui Il confie la charge de répéter plusieurs paraboles aux disciples : « tu leur répéteras la parabole des dix vierges sages et des dix vierges folles , du maître qui donne des talents à ses trois serviteurs pour qu'ils les fassent fructifier, et des deux qui gagnent le double et du paresseux qui enterre le sien » 596.51 . Un autre exemple retient notre attention, lorsque Jésus exhorte les siens à toujours se tenir prêt pour sa venue. « Malheureux », leur dit-Il, « le serviteur pensant que le maître tarde à venir , s'il se mettait à battre et à maltraiter ses compagnons en faisant de l'usure sur eux pour la nourriture et toutes espèces de choses pour avoir plus d'argent à dépenser avec les noceurs et les ivrognes, qu'arrivera-t-il ? Que le maître reviendra à l'improviste » 596.47 . C'est exactement ce dont témoignera saint Justin, quelques décennies plus tard, dans un texte peu répandu . Il serait douteux que Maria Valtorta puisse avoir eu l'opportunité de lire cet agraphon et de s'en inspirer ! Quand Jésus rejoint ses apôtres, au début de la nuit, Il leur annonce : « c'est la dernière fois que je vous parle de ces choses qui font pleurer ». (...) « Mais c'est de l'amour aussi de parler de mort. C'est de l'amour, en tant que mourir pour ceux qui vous aiment est la suprême preuve d'amour » 597.1 . Méditant sur son sacrifice suprême désormais si proche, le Christ cite encore abondamment l'Écriture (Par exemple le Psaume 22, Isaïe 50,6 ; 63,2-3 ; 53,7). Puis Il conclut : « Tout est dit de ce que je voulais vous dire des prophéties messianiques.De ma naissance à ma mort, je vous les ai toutes mises en lumière pour que vous me connaissiez et n'ayez pas de doutes » 597.10 . C'est un fait qu'elles sont nombreuses les références aux prophètes, durant ces trois années ! Et Jésus achève son message d'amour par la prière du Notre Père sublimement commenté. FOOTNOTES : C'était aussi l'avis de saint Irénée qui, commentant ce passage évangélique ( Haeresiae I,17), précise également que l'attitude de ce scribe réjouit Jésus. : Sur l'offrande de la veuve pauvre ( Mc 12,41-44; Lc 21,1-4), et la mise en garde contre les scribes (Mt 23,1-35 ; Mc 12,38-40 et Lc 20,45-47). : Y compris celle mentionnée seulement par Marc (Mc 12,40) : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui dévorez le bien des veuves sous prétexte de faire de longues prières. À cause de cela vous subirez un jugement sévère ! »596.20. : Lazare et ses sœurs continuent à assurer les problèmes d'intendance, comme les jours précédents ! (Comme déjà en MV 590.1 ; MV 590.21 ; MV 592.3 ; MV 594.5). : Voir par exemple MV 596.40 et 1 Co 6,15 ; 1 Co 12,12-26 ou Eph 5,30. : Ceci explique peut-être pourquoi Matthieu a placé ces paraboles juste avant la Passion dans son évangile, alors que Maria Valtorta nous montre qu'elles avaient été données longtemps avant par Jésus (En MV 206.2/6 et en MV 281.9. : Saint Justin cite en effet, dans le dialogue avec Tryphon cet agraphon du Seigneur : « Prenez garde que vos cœurs ne soient pas appesantis par la gourmandise, l'ivrognerie et les soins pour la nourriture, afin que ce jour ne tombe pas sur vous à l'improviste ». : Le lendemain, durant la Cène pascale, Jésus redira : « Il n'y a pas de plus grand amour que celui de qui donne sa vie pour ses amis » 600.31 (Jn 15,13). : En 1970, Edmea Dusio avait identifié dans le texte de Maria Valtorta des références à 1166 des 1334 chapitres des 73 livres bibliques. En 2012, un autre chercheur, David Amos, y a déjà retrouvé 3133 citations bibliques, sans prétendre pour autant que son étude soit totalement achevée !
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Troisième année de vie publique
La guérison du lunatique
Le récit de cet exorcisme accompli par le Christ au pied du Thabor est rapporté par les synoptiques(Mt 17,14-21 ; Mc 9,14-29 et Lc 9,37-43). Le compte-rendu de Maria Valtorta est très proche de celui de Marc, sans en être pour autant une transcription servile. Ainsi, l'invective de Jésus qui précède le miracle et qui parait un peu énigmatique chez les trois évangélistes, semble clairement s'adresser ici aux pécheurs et aux forces démoniaques : « O génération perverse, ô foule satanique, légion rebelle, peuple d'Enfer incrédule et cruel, jusqu'à quand devrai-je rester à ton contact ? Jusqu'à quand devrai-je te supporter ? » 349.11 . Plus tard les disciples sont rassemblés autour du Seigneur, dans le jardin de Nazareth, et ils commentent l'exorcisme du lunatique. « Ils ont allumé un petit feu pour éclairer la nuit car c'est déjà le soir, et la lune se lève tard » 350.1 observe Maria Valtorta . Plusieurs se demandent pourquoi l'enfant n'était pas en permanence sous l'emprise du démon. « J'ai plusieurs fois expliqué que toute maladie, étant un tourment et un désordre, peut cacher Satan et que Satan peut se cacher dans une maladie, s'en servir, la créer pour tourmenter et faire blasphémer Dieu » 350.2 . Et quand Barthélémy demande ce qu'il faut faire pour chasser ce genre de démon, Jésus lui répond simplement : « La prière et le jeûne. Il ne faut pas autre chose. Priez et jeûnez » 350.3 . La soirée s'achève par les instructions aux disciples. Isaac et Manaën accompagneront dès le lendemain les femmes disciples jusqu'à Béthanie, où Jésus compte les rejoindre peu de temps après « la nouvelle journée pourrait à lui seul justifier la formule de saint Luc, puisque la journée juive commence au coucher du soleil). Et notons qu'à la mi-février, les nuits sont encore bien fraiches pour dormir à la belle étoile au sommet du Thabor ! lune de Nisan » 350.4 , tandis que tous les autres se retrouveront à l'aube sur la route de Cana, d'où ils retourneront à Capharnaüm. FOOTNOTES : Remarque fort pertinente, puisqu'en cette nuit du 19 février 29, la lune se lève à 22h15, trois heures après le coucher du soleil ! : On peut remarquer que le texte de Maria Valtorta ne mentionne pas « la foi semblable à la graine de moutarde » de Matthieu 17, 20, dont le verset semble ici hors de son contexte. C'est aussi ce que conclurent les auteurs de la TOB, plus de 25 ans après Maria Valtorta ! : Jésus prévoit donc d'arriver à Béthanie vers le 5/6 mars, en conformité avec MV 344.8, quand à Césarée Il avait déclaré : « Je veux être à Jérusalem au moins huit jours avant la Pâque ».
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Préparation à la Passion de Jésus
La Pâque au soir du jeudi 14 nisan ?
En fin d'après midi, le mercredi 3 avril 30, Jésus quitte quelques heures les apôtres et les disciples en leur disant : « Demain, nous préparerons la Pâque et nous consommerons l'agneau » 596.51 . Aucun des interlocuteurs ne s'en étonne, et pour Maria Valtorta il ne fait aucun doute que la Pâque ait été célébrée par Jésus au soir du jeudi Saint, le 4 avril 30 . Mais lors de ses adieux à Lazare, Jésus avait commandé à son ami de rester à Béthanie : « Pour la Parascève tu me seras nécessaire ici », (pour accueillir les apôtres en fuite). Lazare proteste : « Oh ! mais à la Parascève on ne s'occupe que de la Pâque ! ». Lazare prévoyait donc de célébrer la Pâque le vendredi soir, au début du sabbat, comme en témoigne Jean (Jn 19,14). Beaucoup d'auteurs soulignent cette apparente contradiction entre la fête de Pâque du jeudi soir (début du vendredi)décrite par Matthieu ; Marc et Luc (Mt 26,17 ; Mc 14,12 et Lc 22,15) et la fête célébrée le vendredi soir (début du sabbat) selon Jean. La question fit débat dès les premiers siècles entre grecs et romains, et certains s'en servirent ensuite comme argument pour tenter de discréditer la valeur historique des évangiles. Ce serait faire injure à Notre-Seigneur que d'imaginer qu'Il n'ait pas fait la Pâque à la date légale, le soir du 14 nisan, avec ses apôtres, Lui qui affirma : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir »(Mt 5,17). Ce serait aussi faire injure à Matthieu et Jean, témoins oculaires, que d'affirmer que l'un d'eux se serait trompé. Bien évidemment, et contrairement aux apparences, il n'en est rien. Pour les pharisiens du Sanhédrin (et surtout pour les prêtres), fêter la Pâque un vendredi présentait deux problèmes majeurs : L'obligation de faire la moisson de l'homer (la gerbe sacrée) au soir de la Pâque, le 15 nisan, aurait alors imposé aux prêtres de travailler un jour de sabbat, chose impensable pour eux en raison de leur application rigoriste du repos sabbatique ! Le fait que cent quatre-vingt trois jours après la Pâque, c'est le 21 thisri, 7e jour de la fête des Tabernacles. Ce jour, appelé Hosanna rabba , ne peut avoir lieu le jour du sabbat, parce qu'il faudrait là encore violer le repos légal pour cueillir et porter les rameaux (la 'Arava ) conformément au cérémonial de cette fête. Or si la Pâque est fêtée un vendredi, le 21 thisri tombe automatiquement un sabbat. D'où une seconde nécessité pour les célébrants pharisiens de reculer la Pâque d'un jour, pour eux qui ne toléraient même pas qu'on puisse guérir un malade le jour du sabbat. La règle qui en résulta, dite règle de Badu , fut officialisée au 4e siècle. Il est recevable qu'elle était déjà en vigueur parmi les judéens au temps du Christ. Mais Jésus et les siens, venant de Galilée, tout comme les juifs de la diaspora, pouvaient parfaitement s'en tenir au calendrier réel, et n'étaient pas tenus, même par les pharisiens, de translater la fête d'un jour ! Le texte de Maria Valtorta montre d'ailleurs clairement que les deux usages coexistaient alors . Jean, qui avait ses entrées chez Hanne (Jn 18,15), n'ignorait sans doute pas cette règle tacite de reporter la fête d'un jour, pratiquée alors par les seuls pharisiens. FOOTNOTES : Exactement au soir de la pleine lune, qui eut lieu à 21h44 heure locale, c'est-à-dire comme il convenait, au début du vendredi 15 nisan 3790, selon la façon juive de débuter la journée à la tombée de la nuit. La chronologie très rigoureuse de l'Evangile tel qu'il m'a été révélé ne laisse place à aucun doute pour cette date. : Comme par exemple Theille, Sieffert, Lücke, Littré etc. : Voir par exemple l'étude de Bernard Lamy, Traité historique de l'ancienne Pâque des juifs , 1693, ou celle de Mémain, Etudes chronologiques pour l'histoire de N.S. Jésus Christ , 1867. (Ils raisonnent sur l'an 33, mais ceci s'applique pareillement sur l'an 30). : Signalons aussi cet autre exemple : un juif, Daniel de Sidon déclare : « il s'était enfui parce qu'ils avaient pris le rabbi pour le faire mourir. Il n'a pas fait la Pâque et doit partir de nouveau pour la faire » 632.36 . Donc il pensait faire la Pâque le vendredi soir, comme les judéens, et ne l'avait pas faite le jeudi soir comme les galiléens !
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Troisième année de vie publique
La guérison d'un sourd-muet
Ayant traversés Séphet, ils poursuivent leur chemin en direction de Méron et de Giscala. Judas, qui s'abandonne chaque jour d'avantage à l'emprise de Satan, s'est échappé on ne sait où, et Jésus ordonne le départ sans l'attendre ; il les rejoindra bientôt. Rapidement ils atteignent les pentes de mont Méron, pour y vénérer les tombes des grands et des héros d'Israël. « Les grandes tombes sont éparses sur ces pentes dans l'attente du réveil glorieux » 339.6 , explique Jésus aux apôtres . C'est la seconde fois que Jésus vient vénérer la tombe d'Hillel, et déjà à Hébron, en juin 27, Il avait déclaré : « Les ossements des justes, même desséchés et dispersés répandent un baume purifiant et des semences de vie éternelle » 77.6 . La tradition chrétienne de vénération des reliques de saints trouve-t-elle son origine dans ces propos et ces gestes du Seigneur ? Sur la route entre Méron, où l'accueil fut favorable, et Giscala, Jésus doit une nouvelle fois reprendre Judas qui prétend encore que ses péchés sont utiles pour comprendre ses semblables et les guérir. « En vérité, Judas, ta morale est bien étrange ! Et je devrais dire davantage. Jamais on n'a vu un médecin qui se rende volontairement malade pour pouvoir dire ensuite : "Maintenant je sais mieux soigner ceux qui ont cette maladie" » 340.2 . Et Jésus constate amèrement l'inutilité de son enseignement auprès de l'apôtre rebelle : « C'est ta vieille idée, la même qu'il y a vingt lunes. À la différence qu'alors tu jugeais que Moi je devais pécher pour être capable de racheter » 340.2 . Voici une nouvelle occasion de constater l'extraordinaire cohérence de cette œuvre. Jésus fait en effet allusion à une discussion survenue le 6 juin 27 , (soit durant la pleine lune de Sivan). En ce dimanche 4 février 29,(soit le 2 Adar), il y a effectivement exactement « vingt lunes » qui se sont écoulées ! Jésus réaffirme inlassablement à Judas : « Le péché n'accroît pas la sagesse. Il n'est pas lumière. Il ne guide pas. Jamais. Il est corruption. Il est aveuglement. Il est chaos » 340.2 . A l'approche de Giscala, près de la tombe d'Hillel, trois synhédristes parmi les plus farouches opposants à Jésus l'interpellent violemment : « Que fais-tu, ici, Toi, anathème d'Israël ? Hors d'ici ! » 340.7 . Et joignant le geste à la parole, Sadoc lance une pierre qui frappe Jésus à la main. Une autre blesse Jacques à la tête, et une autre encore frappe André à la jambe. Pour éviter que d'autres apôtres soient blessés, Jésus domine tous les agresseurs par sa volonté. D'une voix de tonnerre, Il déclare : « Surgis, ô puits, puits creusé par les princes, préparé par les chefs du peuple, au moyen de leurs bâtons, avec celui qui a donné la Loi . C'est Moi qui suis ce Puits ! (...) Je suis la Source de la Vie éternelle. Mais vous, vous ne voulez pas boire. Et vous mourrez » 340.9 . Et, passant au milieu d'eux, Il poursuit son chemin, en direction de Cédès. La blessure d'André ne permet pas de parcourir une distance aussi longue qu'à l'accoutumée, et c'est donc avant d'atteindre Cédès qu'ils font halte dans une maison hospitalière. Là Jésus guérit Lévi, un sourd muet de naissance. C'est le miracle rapporté par Marc (Mc 7,31-37). Les circonstances et la réaction de la foule sont les mêmes : « Et comment peut-il savoir parler si jamais il n'a entendu une parole depuis qu'il est né ? Un miracle dans le miracle ! Il lui a délié la langue et ouvert les oreilles et, en même temps, il lui a appris à parler » 341.6 . Marc situe cette guérison de façon assez floue entre Sidon et la Décapole : la localisation dans la région de Cédès par Maria Valtorta ne contredit donc pas l'évangéliste. Après le miracle, Jésus recommande : « gardez pour vous ce que vous savez jusqu'à ce que ce soit l'heure de le proclamer » 341.6 . C'est une des nombreuses occasions où Jésus recommande le silence, comme en témoigne Marc . Il doit encore évangéliser durant une année entière, et il est donc indispensable de donner le moins possible d'occasions d'accroître la haine du sanhédrin. FOOTNOTES : Ils vont sur la tombe d'Hillel, et Jésus évoque celles de Barac et de Yaël. Encyclopedia Judaica 1904 , (article Giscala) confirme : « Entre Méron et Giscala subsistent les tombes de plusieurs hommes célèbres des temps bibliques et tannaïques ». Mais comment Maria Valtorta aurait-elle put le savoir, en 1945, ne disposant d'aucune documentation spécialisée ? Une tradition juive (Isaac Chelo en 1334) situe la tombe de Barac vers Cédès, mais ceci n'a jamais pu être prouvé. : Judas s'étonnait alors que Jésus n'ait jamais succombé à la tentation, et il s'exclama : « Mais si tu n'as jamais péché, comment peux-tu juger les pécheurs ? » 69.5 . : Un peu plus loin, à Cédes (voir MV 342.6) on apprend qu'il s'agit de Uziel: Sadoc et Simon. La présence de ces synhédristes à Giscala parait crédible, puisque cette ville, tout comme Safed sa voisine, était un important centre d'études rabbiniques. Le jeune Saul (probablement le futur saint Paul) est présent lui aussi. : Selon Nombres 21,17-18. A noter que la fin du verset 18, telle qu'elle est donnée ici, n'apparaît plus dans les versions bibliques modernes (TOB, Osty, etc.). : Voir par exemple Mc 1, 25, 34, 43-44 ; 3, 12 ; 5, 43 ; 7, 36 ; 8, 26 ; 9, 9.
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Troisième année de vie publique
Les signes des temps. Le signe de Jonas
Quelques jours plus tard, le groupe apostolique entre dans la cité refuge de Cédès. La description que nous en donne Maria Valtorta est largement confirmée par les fouilles archéologiques du site, réalisées entre 1997 et 2012. Il est par exemple remarquable qu'elle ait signalé, dès 1945, que la partie sud-ouest de la ville était la plus basse, ce qui est exact ! Les synhédristes de Giscala ont précédé Jésus, qu'ils attendent près de la synagogue, située dans la partie haute de la ville . Le Maître propose à ceux qui le souhaiteraient de l'attendre. « Je veux absolument parler ici, ancienne ville lévitique et de refuge » 342.3 . Mathias, le vieux chef de la synagogue, accueille favorablement Jésus et lui ouvre ses portes. Une discussion s'engage avec les pharisiens, qui demandent des signes pour croire que Jésus puisse être le Messie attendu : « Pour croire, il faut des preuves. Donne-nous donc des preuves que tu es ce que tu dis » 342.6 . Insensibles aux témoignages des miracles déjà accomplis, ils réclament d'avantage : « Montre-nous, par exemple, un corps en décomposition qui se ranime et se recompose. Pour que nous ayons la certitude que Dieu est avec Toi : Dieu, le seul qui puisse rendre le souffle à la boue qui déjà redevient poussière » 342.6 . Cette demande paraît croyable, puisqu'on retrouve exactement la même, (attribuée cette fois à l'apôtre Thomas) dans l'évangile apocryphe copte des apôtres . La réponse de Jésus, « à cette génération perverse et adultère qui demande un signe, il ne sera donné que celui de Jonas » 342.7 , est celle rapportée par Matthieu . En MV 525.16, Jésus renouvelle cette promesse devant le même Sadoc, et l'accomplit en MV 548.14. Quittant Cédès, Jésus décide d'aller jusqu'à Césarée de Philippe, à vingt-cinq kilomètres de là. « Nous marcherons tant qu'il y aura la lune » 342.11 précise-t-Il . FOOTNOTES : En 2013, cette partie du site n'a pas encore été fouillée, et les vestiges éventuels de la synagogue de cette ville refuge (Josué 21,32) restent à découvrir ! Quant à la présence des pharisiens, on apprend en fin de chapitre que c'est Judas qui les a informé du projet de Jésus de venir à Cédès. : Selon Mt 16,1-4. Cet épisode ne saurait être confondu avec celui intervenu à Capharnaüm (voir MV 269.10) et où Jésus avait donné pratiquement la même réponse (Mt 12,38-42 ; Mc 8,11-12 ; Lc 11, 29-32). Ce signe suprême, réservé à ceux qui pêchent contre l'Esprit, ne suffira pas non plus ! Jésus évoque à de nombreuses reprises le signe de Jonas : MV 176.3; MV 291.5; MV 342.7; MV 344.6; MV 503.8; MV 525.16; MV 546.5; MV 547.7; MV 548.14; MV 592.20; MV 610.11; MV 625.7 ou MV 632.25... C'est dire l'importance que Jésus donna à ce message, et que Matthieu évoque à deux reprises. : C'est alors le premier quartier de lune. Ils peuvent bénéficier de 3 ou 4 heures de marche nocturne avant le coucher de la lune.
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Troisième année de vie publique
Le levain des pharisiens
Le lendemain matin, ils traversent le Jourdain en barque, juste en amont du lac de Méron. Les apôtres, qui n'ont plus qu'un seul pain, commencent à ressentir la faim, et s'inquiètent de ne pas trouver de village où se procurer un peu de nourriture, et ils maugréent sur ce qu'ils viennent de vivre. « Gardez-vous, vous qui dites de faire attention à tout, de prendre le levain des pharisiens et des sadducéens » intervient Jésus . Maria Valtorta place cet épisode avant la seconde multiplication des pains, tandis que Marc et Matthieu l'évoquent après les deux multiplications des pains. Mais nous savons que leur récit n'a pas pour vocation d'être rigoureusement chronologique. Les apôtres ne comprennent pas les paroles du Christ, qui leur précise alors : « Ne comprenez-vous pas à quel levain je fais allusion ? À celui qui fermente dans le cœur des pharisiens, des sadducéens et des docteurs, contre Moi. C'est la haine et c'est l'hérésie. Or vous êtes en train d'aller vers la haine comme s'il était entré en vous une partie du levain pharisaïque. On ne doit pas haïr même celui qui est notre ennemi » 343.2 . FOOTNOTES : Voir Mt 16,5-12 et Mc 8,14-26. Luc (Lc 12,1-6) évoque lui aussi le levain des pharisiens , mais dans une autre circonstance, rapportée par Maria Valtorta en MV 421.6.
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Troisième année de vie publique
La transfiguration
Exactement six jours se sont écoulés depuis la profession de foi de Pierre, le mardi 13 février quand, en ce lundi matin, Jésus commence l'ascension du Thabor : « Que Pierre, Jean et Jacques de Zébédée viennent avec Moi sur la montagne. Vous autres disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être de nouveau à Nazareth » 349.1 . Pierre s'étonne de cette étrange et éprouvante excursion : « Mais où allons-nous ? Il n'y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse . Veux-tu aller prêcher là ? » 349.2 . Pour toute réponse, Jésus l'encourage simplement : « Aux rendez-vous de Dieu il faut toujours se rendre rapidement » 349.2 . Bien que le récit de la Transfiguration ait été reçu en plusieurs visions éloignés de plus d'un an par Maria Valtorta, son récit demeure d'une cohérence interne parfaite, de même qu'il est parfaitement compatible avec les récits des évangélistes(Mt 17,1-13 ; Mc 9,1-13 et Lc 9,28-36). La voyante s'efforce de son mieux de décrire l'indescriptible. Et lorsque tout s'achève, Pierre, encore craintif soupire : « Oh ! Maître, mon Dieu ! Comment ferons-nous pour vivre auprès de Toi, maintenant que nous avons vu ta Gloire ? » 349.8 . Puis il s'étonne qu'eux trois seuls, et non tous les apôtres, aient bénéficié de cette vision. Jésus leur donne cette réponse semble-t-il inédite : « C'est justement parce que vous vous évanouissez en entendant parler de la mort, et mort par supplice, du Fils de l'homme, que l'Homme-Dieu a voulu vous fortifier pour cette heure et pour toujours, par la connaissance anticipée de ce que je serai après la Mort. Rappelez-vous tout cela pour le dire en son temps » 349.9 . Le soleil s'abaisse sur l'horizon lorsqu'ils redescendent , et retrouvent les disciples et un grand nombre de curieux rassemblés au pied du Thabor. FOOTNOTES : Mt 17,1 et Mc 9.2 précisent que la Transfiguration eut lieu " 6 jours après " et Lc 9,27 " environ 8 jours après ". La chronologie qui ressort du récit de Maria Valtorta est donc en parfait accord avec les évangélistes sur ce point, et montre que contrairement à certaines suppositions d'exégètes, cette indication des évangélistes a un caractère tout à fait chronologique par rapport à la profession de foi de Pierre. : Encore une connaissance rare de Maria Valtorta ! Il y avait effectivement une forteresse au sommet du Thabor. H Graëtz Histoire des juifs 2, p 18 indique qu'en 67, c'était l'une des trois places fortes restant encore aux mains des zélateurs de Galilée. Et le célèbre archéologue E. Robinson accrédite la thèse de l'origine romaine de cette forteresse. : Ils ont fort bien pu arriver vers midi au sommet du Thabor, et y rester une ou deux heures, puis rejoindre les autres vers 15h30 ou 16h. L'épisode de la Transfiguration a donc duré une seule journée, plutôt que deux comme le décrit C. Emmerich, peut-être influencée par la formule de saint Luc 9,37 qui écrit : « Or le jour suivant ». (Le fait que Jésus redescende en fin de (suite page suivante...)
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Troisième année de vie publique
La première annonce de la Passion
Arrivé à Césarée de Philippe, dont Maria Valtorta donne là encore une description précise et exacte, Jésus retrouve quelques disciples et quelques habitants de Cédès venus l'interroger . Pour eux, qui sont bons, Jésus explique le signe de Jonas promis aux pharisiens, et annonce pour la première fois publiquement sa Passion et sa Résurrection. Matthieu et Luc(Mt 12,40-42 ; Lc 11, 30-32) mentionnent en partie l'explication donnée par Jésus, mais elle est ici plus explicite : « Je donnerai tous les signes. Et celui d'un corps décomposé qui redevient vivant et intact, et celui d'un Corps qui par Lui-même se ressuscite parce qu'à son Esprit est donné tout pouvoir » 344.6 . Ceci est dans la continuité de ce que Jésus a dit à Cédès (MV 342.9). La prophétie, déjà partiellement accomplie par la résurrection de Lazare, sera rappelée à Sadoc en MV 548.14. Jésus ne s'attarde pas à Césarée, car dans un mois maintenant aura lieu la Pâque, et il convient d'en préparer le pèlerinage. Il donne ses instructions aux disciples qu'Il charge d'accompagner les femmes disciples durant le pèlerinage. C'est bientôt le 15 Adar, et sur le chemin du retour vers Bethsaïda, Jacques et Jude évoquent le geste que Marie accomplit chaque année, au moment de l'anniversaire de l'Annonciation : « Quand nous étions enfants nous lui demandions chaque année : Pourquoi gardes-tu toujours un rameau de l'arbre en fleurs et qu'au contraire tu n'y mets pas les premières roses ? Et elle répondait : Parce que sur ces pétales je vois écrit un ordre qui me vint de Dieu et que je sens l'odeur pure de la brise céleste » 346.1 . Plusieurs faisant l'éloge de Marie, Jésus intervient et les éclaire sur son rôle éminent de Corédemptrice. Puis tout naturellement Il en vient à évoquer ses futures souffrances de Rédempteur. Mais Jude, Barthélémy et quelques autres avec eux, ne peuvent imaginer que le Christ puisse être mis à mort. « Non. Cela ne peut être ! Cela ne peut arriver ! Dieu ne le permettra pas ! Ce serait avilir pour toujours son Christ ! » 346.4 . Jésus expose alors sans détour les détails de sa Passion : « A l'heure fixée, je serai pris dans Jérusalem, et après avoir beaucoup souffert, de la part des Anciens et des Grands Prêtres, des scribes et des pharisiens, je serai condamné à une mort infamante » 346.5 . Matthieu et Marc se font l'écho de cette première annonce de la Passion, de la réaction de Pierre et du vif reproche qui s'en suit . « Va loin de Moi, toi qui en ce moment es un satan qui me conseille de manquer à l'obéissance envers mon Père » 346.6 . André le timide se fait audacieux pour plaider en faveur de son frère auprès de Jésus. « Pourquoi es-tu si sévère avec lui ? » « C'est parce qu'il a le devoir d'être "le premier" comme je lui ai fait l'honneur de l'être. Celui qui reçoit beaucoup doit donner beaucoup … » 346.7 . Ce n'est pas la première fois que Jésus indique ce devoir exigé en retour à celui qui a beaucoup reçu . André s'avère un bon avocat, et Pierre se retrouve bien vite auprès du Seigneur. « Combien j'ai souffert !… Merci, Jésus ». « Remercie ton frère, plutôt. Et sache à l'avenir porter ton fardeau avec justice et héroïsme » 346.8 . FOOTNOTES : Maria Valtorta observe : « Ils doivent avoir pris des chemins plus directs car ils sont arrivés avant le Maître » 344.4 . C'est possible, en prenant la route du nord, pour rattraper celle de Tyr à Panéas et en passant par le pont romain. : Selon Mt 16, 21-28 et Mc 8,31-39. La réprimande rapportée succinctement par les évangélistes prend ici tout son sens. Thomas l'évoque à nouveau en MV 379.1, et Jean en MV 479.3. En MV 615.10, Marie rappelle cet épisode à Pierre. Déjà en MV 126.10, un mauvais conseil de Pierre lui avait valu un vif reproche du Maître. : Voir par exemple MV 98.8; MV 206.9; MV 276.11. Repris aussi par Lc 12,48.
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Troisième année de vie publique
La guérison d'un aveugle à Bethsaïda
Ils arrivent à Bethsaïda le lendemain, en début de matinée, après avoir parcouru rapidement les quarante kilomètres qui séparent le village de Pierre de la capitale du tétrarque Philippe. Plusieurs disciples y attendent comme convenu l'arrivée de Jésus. Maria Valtorta ne les reconnaît pas tous. « Désormais, pour m'en souvenir, quel embrouillement ! Ils sont si nombreux » 347.5 , avoue-t-elle humblement . Pierre apporte un aveugle à Jésus, et seul Marc relate ce miracle(Mc 8,22-26). Après le miracle, Jésus recommande « Ne dites à personne que c'est Moi qui l'ai guéri, pour que la foule ne se précipite pas ici pour m'empêcher d'aller où il est juste que j'aille. .. » 347.6 , ce qui paraît plus explicite que la brève conclusion de Marc : « N'entre même pas dans le village ». FOOTNOTES : A ce stade de l'œuvre, ce sont plus de 525 personnages que Maria Valtorta a déjà décrit rencontrant Jésus !
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Troisième année de vie publique
Manaën s'avère être un disciple précieux
Après un bref repos sabbatique passé à Bethsaïda, tous se rassemblent à Capharnaüm en ce dimanche matin. Là ils retrouvent Manaën et d'autres disciples. Manaën informe Jésus de tout ce qu'il a vu et entendu auprès de son frère de lait Hérode Antipas. Personne n'est mieux placé que lui pour rapporter des informations fiables sur les agissements des puissants de Judée. « Désormais l'effervescence et l'intérêt que tu suscites ont envahi tous les lieux » 348.3 . Il n'est guère douteux que c'est auprès du disciple Manaën que Matthieu, Marc et Luc ont recueilli leurs témoignages sur Hérode(Mt 14,1-2 ; Mc 6,14-16 et Lc 9,7-9). « Hérode blêmit de peur en sentant en Toi le Vengeur ». (...) « Il veut être informé sur Toi, et il voudrait te voir. Et pour cela il favorise mes venues vers Toi dans l'espoir que je t'amène à lui » 348.3 . Compte tenu des persécutions encourues par Jésus et son entourage immédiat, il est hors de question d'y exposer les femmes disciples. « Manaën, je te demande instamment une chose, puisque tu es venu. Descends vers Jérusalem, pas avec Moi, mais avec les femmes . (...) Ta présence sera une sûre protection. C'est un sacrifice, je le comprends, mais nous serons ensemble en Judée. Ne me le refuse pas, ami » 348.3 . C'est ici une nouvelle occasion de souligner l'aide matérielle précieuse dont a bénéficié le Christ durant les trois années de son ministère, grâce à ses quelques amis fortunés . Ce soutien discret mais indispensable n'est qu'à peine évoqué par les évangélistes. Après un rapide et frugal repas, les disciples de plus en plus nombreux montent dans les barques qui les déposent à Magdala. Les hommes parcourent à pied la route qui par Cana les mène à Nazareth, tandis que les femmes disciples ont pris place dans le char de Jeanne de Chouza. Ils atteignent Nazareth en fin d'après midi et c'est un groupe fraternel d'une quarantaine de disciples qui se presse dans le jardinet de Nazareth pour écouter Jésus faire l'éloge de sa Très Sainte Mère, en ce jour anniversaire de l'Annonciation. FOOTNOTES : Outre Manaën, on peut citer Lazare et ses sœurs, Joseph d'Arimathie, Nicodème, Jeanne et son mari Chouza, Suzanne et la famille de Cana, Thomas de Capharnaüm, et bien entendu les notables romaines. : Douze apôtres, dix bergers, dix femmes, six disciples nommément désignés (Manaën, Hermas, Etienne, Margziam, Jean...), et Jésus, Mathias et sa sœur Marie, les filles de Philippe, soit au moins quarante trois personnes !
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Préparation à la Passion de Jésus
Le jeudi avant la Pâque
En cette belle matinée du jeudi, les apôtres interrogent le Seigneur : « Où irons-nous consommer la Pâque ? Quel endroit choisis-tu ? Dis-le, et nous irons tout préparer » 598.1 . C'est l'épisode décrit par les synoptiques(Mt 26,17-19 ; Mc 14,12-16 ; Lc 22,7-13). Jésus envoie Pierre et Jean : « Allez vite et ensuite rejoignez-nous auTemple » 598.1 . Quelques « docteurs de la chicane », comme les nomment Jésus, se sont étonnés au cours des siècles de ce que Notre Seigneur ait attendu le dernier jour pour rechercher et trouver un local improbable dans Jérusalem envahie de pèlerins. Ces arguments spécieux, qui n'ont pas d'autre but que de semer le doute sur la véridicité des évangiles, sont anéantis par le récit de Maria Valtorta : si Jésus a gardé secret jusqu'au dernier jour l'endroit que Lui avaient réservé ses amis de Béthanie, c'est tout simplement pour en préserver la quiétude, en vue du grand miracle d'amour qu'Il s'apprêtait à y accomplir . Arrivé au Temple, Jésus répond par les paroles du Livre à des juifs venus de la Pérée, qui s'interrogent à son sujet. C'est ensuite un autre groupe (de gentils venus de Grèce) qui, avec l'aide de Philippe et d'André, parvient à s'approcher du Maître. « Aujourd'hui… Tu parles de mort… Nous craignons de ne plus pouvoir te parler si nous ne saisissons pas cette heure. Mais est-il possible que les hébreux puissent tuer leur meilleur fils ? (...) Nous ne t'avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois ! Nous te rendons hommage. C'est le monde entier qui t'honore avec nous » 598.13 . Jean (Jn 12,20-50) ne nous a pas rapporté ces propos des grecs, qui justifient la réponse du Christ. Pourtant il évoque à juste titre largement cet épisode, qui constitue la dernière intervention publique du Christ sur le parvis du Temple. Ensuite Jésus s'est rendu dans une maison amie pour s'y reposer quelques heures. Quand en début de soirée Il retrouve les apôtres, tout est prêt pour la dernière cène... FOOTNOTES : Cf. Littré, Vie de Jésus , tome 2, 1864 p. 392-395. : Et pour ceux qui s'étonneraient de l'absence de gardes aux portes de la ville, la nuit suivante, Maria Valtorta remarque : « Les portes, peut-être à la suite d'un contre-ordre de Pilate (..). ne sont plus surveillées par des légionnaires » 598.2 . : Le Seigneur cite successivement : Isaïe 11,1-3 et 10-12 ; 40,10-11 ; 42,1-4 et 6-7 ; 61,1-3 ; Michée 5,3 ; Ezéchiel 34,11-16 ; Zacharie 9,9 ; Daniel 9,24-27 ; Isaïe 63, 2 ; 50,6 ; 53,7-12 ; et Ezéchiel 47,1-12.
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Troisième année de vie publique
Le plus grand dans le Royaume
Après un bref aller-retour à Magdala, pour y apporter paix de l'âme et réconfort physique à un ancien amant de Marie-Madeleine converti, Jésus revient à Capharnaüm en fin de journée. Chemin faisant, Il reprend Pierre qui s'emporte contre les percepteurs chargés de recouvrer le tribut pour le Temple. « Ne juge pas les frères, Simon. Commence par te juger toi-même » 352.5 . Judas saisit l'occasion pour affirmer à Pierre qu'il n'est pas le meilleur d'entre eux, ce qui provoque une discussion sur les mérites respectifs des uns et des autres. Jésus les laisse à leurs discussions, et salue les disciples venus à Capharnaüm avec une foule nombreuse. Il accueille aussi le jeune Benjamin qui est accouru à sa rencontre en demandant : « Raconte-moi une belle parabole, Jésus » 352.6 . Jésus, radieux, le satisfait, puis Il appelle les disciples : « Venez autour de Moi, et écoutez le dernier enseignement de la journée, vous qui célébrez sans cesse vos mérites et pensez à vous adjuger une place en rapport avec eux. Vous voyez cet enfant ? Lui est dans la vérité plus que vous . (...) Apprenez auprès des petits. Le Père leur révèle la vérité comme Il ne la révèle pas aux sages » 352.9 . Qui était cet enfant ? Plusieurs Pères ont attribué ce rôle à saint Ignace, évêque d'Antioche. Mais cette tradition n'est pas confirmée ici . Après le repas, Jésus revient à nouveau sur cette question. « Vous, dans votre cœur, vous avez tous une idée fixe, une curiosité, un danger : être le premier dans le Royaume des Cieux » 352.11 . Il leur explique longuement les conditions à remplir pour être le plus grand dans son Royaume : « Celui qui est simple, humble, confiant, ignorant, par conséquent l'enfant, ou celui qui sait se refaire une âme d'enfant. Ce n'est pas la science, ni la puissance, ni la richesse, ni l'activité, même si elle est bonne, qui vous rendront "le plus grand" dans le Royaume bienheureux. Mais d'être comme des tout petits par l'amour, l'humilité, la simplicité, la foi » 352.12 . Et durant la Pâque du jeudi Saint, le Christ remémore encore cet épisode. « Je vous ai dit alors : "Si quelqu'un veut être le premier qu'il soit le dernier et le serviteur de tous". Et je vous ai donné en exemple l'enfant sage » 600.8 . Devant une telle insistance, on comprend mieux que Matthieu, Marc et Luc aient consacré plusieurs versets pour nous transmettre cet élément fondamental de la doctrine du Christ.(Voir Mt 18,1-10 ; Mc 9,33-37 et Lc 17,1-3). Juste avant le repos nocturne Jean, au nom de tous, informe le Seigneur que dans la journée ils ont repoussé quelqu'un qui chassait les démons en son nom, sans être disciple(Mc 9,38-40 et Lc 9,46-50). « Il avait raison et vous, vous aviez tort. Infinis sont les chemins du Seigneur, et il n'est pas dit que seuls ceux qui prennent le chemin direct arriveront au Ciel » 352.16 . Cette réponse ne figure pas explicitement dans les Écritures, mais elle suggère cette parole de saint Paul : « les voies du Seigneur sont impénétrables » ou ce commentaire de saint Hilaire de Poitiers : « Nombreux sont les chemins du Seigneur, bien qu'Il soit Lui-même le chemin » . FOOTNOTES : Jésus indique : « Il se fit le disciple de celui qui me ressemblait davantage, en recevant de sa main le baptême et le nom d'Etienne, mon premier martyr. Il a été fidèle jusqu'à la mort et avec lui ses parents, amenés à la Foi par l'exemple du petit apôtre de leur famille. Il n'est pas connu ? Nombreux sont ceux qui, inconnus des hommes, me sont connus dans mon Royaume » 352.18 . : Epitre aux Romains 12,33. Notons aussi que le 19 avril 1923, la Très Sainte Vierge rappela à sœur Josépha Ménendez : « Les chemins du Seigneur sont impénétrables aux yeux des créatures ». : Commentaire du Psaume 128,1.
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Troisième année de vie publique
La seconde multiplication des pains
C'est maintenant jeudi soir, et depuis trois jours les foules suivent le Maître et ses disciples. Ils sont sur les collines entre Ippo et Gamala. Là Jésus prend pitié de tous ces gens qui l'ont suivi, et sont à court de provisions. Le récit que Maria Valtorta nous fait de cette seconde multiplication des pains est identique à celui donné par Matthieu et Marc , si ce n'est qu'elle ne donne aucune estimation de l'importance de la foule. FOOTNOTES : Mt 15,32-38 et Mc 8,1-9. Il se pourrait que Luc et Jean aient fusionné en un seul récit les deux multiplications des pains (Lc 9,10-12 et Jn 6, 1-7 évoqueraient alors plutôt la seconde multiplication que la première ?). D'autant que Jean place le discours sur le Pain de Vie immédiatement après le récit de la multiplication des pains.
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Troisième année de vie publique
Le discours sur le Pain de Vie
Le miracle de la multiplication des pains, on s'en doute, n'a pas émoussé l'attirance des foules envers le Maître. Beaucoup sont à sa recherche, le lendemain, à Capharnaüm, et s'enquièrent auprès des disciples revenus sur place. « Pendant la nuit, après le miracle, il s'en est allé avec les siens, avec des barques au-delà de la mer. Nous avons vu les voiles, au clair de lune, qui allaient vers Dalmanutha » 354.2 . C'est Etienne qui vient de répondre, et il précise même : « Peut-être est-il allé sur les monts d'Arbela pour prier. Il y a été déjà une autre fois, l'an dernier avant la Pâque. Je l'ai rencontré alors » 354.2 . On se souvient en effet que c'est là que le dimanche 13 février 28, Jésus commença le Sermon sur la Montagne , en présence d'Etienne et d'Hermas(MV 166.1). Comme tous insistent pour entendre à nouveau Jésus, avant le départ du pèlerinage pour la Pâque, Etienne propose : « Allons alors l'attendre tous ensemble à sa maison. Le crépuscule commence et c'est le début du sabbat. Il viendra le passer ici avant son départ » 354.4 . En fait, le Seigneur s'y trouve déjà, et Il décide d'aller parler dans la synagogue, puisque le sabbat va commencer. Saint Jean a consacré dans son évangile un très long chapitre à ce discours et à la défection de nombreux disciples qui s'en suivit (Voir Jn 6,22-72). Maria Valtorta n'est pas en reste, puisqu'elle-même consacre dix pages de son œuvre pour relater cet événement. Son exposé, forcement plus exhaustif que celui de Jean, présente un intérêt considérable et nécessiterait là encore une étude exégétique détaillée de la part des spécialistes. Ainsi quand ses auditeurs demandent « Donne-nous, ô Seigneur, ce pain et nous ne mourrons plus » Jésus leur répond : « Pour ceux qui s'en nourriront indignement (...) ce Pain de santé et de vie deviendra, pour eux, mort et condamnation » 354.10 . Jean ne mentionne pas cette mise en garde, mais elle figure presque textuellement dans la première épître de saint Paul aux Corinthiens (1 Co 11,27-30). Saint Paul aurait-il reçu ce message d'Etienne, d'Hermas ou de Jean ? De même lorsque le Seigneur déclare : « Le Pain descendu du Ciel au temps de Moïse a été placé dans l'arche d'or, recouverte du Propitiatoire, veillée par les chérubins, derrière les voiles du Tabernacle » 354.12 c'est le même saint Paul qui fait mémoire de cette tradition biblique dans son épître aux Hébreux (He 9,2-5). Nombreux parmi les assistants et parmi les disciples s'irritent et se scandalisent des paroles de Jésus. Déroutés par un langage et une doctrine qu'ils jugent trop difficiles, ils quittent massivement la synagogue. Seuls restent les plus fidèles, et Maria Valtorta donne cette indication : « Je ne les compte pas, mais je dis qu'on arrive à peu près à une centaine » 354.15 . Ce manque de compréhension attriste le Seigneur qui s'isole dans la prière durant le sabbat. Mais avant la fin de la journée plusieurs viennent tour à tour Le réconforter : un enfant de Capharnaüm, Jaïre puis sa fille qui Le persuade à venir à la synagogue. Là Jésus fait connaissance avec Nicolaï, prosélyte d'Antioche. « J'ai parlé à Antioche avec un de tes disciples nommé Félix. J'ai ardemment désiré de te connaître (...) ta miséricorde de tout à l'heure, pour les coupables, m'a décidé. Seigneur, accueille-moi à la place de ceux qui t'abandonnent ! » 355.6 . Jésus le présente immédiatement aux disciples restés fidèles ; « Voici un nouveau disciple. Le Père me console. Aimez-le comme un frère » 355.6 . FOOTNOTES : Cette nuit là, la lune s'est levée après minuit. Pour pouvoir observer les barques en direction de Magdala et Tibériade, il fallait qu'elles soient déjà bien au large, ce qui est compatible avec un départ vers 22 h. Ce témoignage, attribué ici à Etienne, est repris par Mc 8,10.
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La seconde annonce de la Passion
C'est à l'occasion de l'accueil de Nicolaï que le Seigneur annonce une seconde fois sa future Passion et sa Résurrection : « le Fils de l'homme va être accusé et puis remis aux hommes qui le tueront comme un malfaiteur et ils croiront l'avoir vaincu. Mais c'est inutilement qu'ils auront commis leur crime car Moi, je ressusciterai après trois jours et je triompherai » 355.7 . Mais l'heure du départ vers Jérusalem est arrivée. Jésus et les apôtres vont passer par la rive droite du Jourdain. Auparavant Jésus fait ses recommandations aux disciples, avant de les quitter, (car ils se rendent à Jérusalem par la route directe) : « Et n'indiquez mon chemin à personne pour qu'on ne me retienne pas » 355.6 . FOOTNOTES : Cette nouvelle annonce de la Passion et de la Résurrection est telle que rapportée par Matthieu, Marc et Luc (Mt 17, 22-23 ; Mc 9,30-32 ; Lc 9,44-45). Matthieu la situe juste avant le tribut dû au Temple ; Marc et Luc après la Transfiguration.
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Troisième année de vie publique
La question sur le divorce
Ayant traversé le lac, ils accostent à Hippos et se dirigent vers le sud jusqu'à Gadara, en passant par les sources chaudes de Hammat Gader près des rives du Yarmuq . En chemin Judas, qui se montre chaque jour plus désagréable depuis son retour de Judée, provoque à la moindre occasion ses compagnons. Après avoir affirmé qu'il ne croit pas en l'existence de l'Enfer, il en vient à affirmer : « Satan, moi je ne le sens pas. Il n'existe pas (...) Et tous les sadducéens sont avec moi... Non. Satan n'existe pas » 356.4-5 . Et Judas s'acharne à provoquer aussi et surtout Jésus, qui dans un souffle lui dit à l'oreille : « Tu m'inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il n'est qu'un avec toi. Va-t-en démon ! » 356.5 . Jean, toujours attentif, remarque les larmes de son Jésus. « Qu'as-tu, mon Seigneur ? Tu souffres encore tant, comme quand nous t'avons retrouvé à Aczib ? Oh ! mon Seigneur ! » 356.6 . Ensemble, ils vont passer la nuit du 25 au 26 février à prier pour Judas... Au petit matin un centurion, Marius Sévère , vient contrôler Jésus qui lui a été dénoncé comme séditieux. Jésus le rassure et commence à parler de la prière d'Esdras lorsqu'Il est interrompu par un groupe de pharisiens parce que, prétendent-ils, « nous voulons être éclairés sur un point obscur de la Loi » 357.10 . Ce à quoi Jésus leur réplique : « Il n'y a pas de points obscurs dans la Loi de Dieu » 357.10 . La discussion s'engage sur la question qui fit tant débat entre les écoles d'Hillel et de Shammaï : « Nous voulions savoir s'il est permis à l'homme de répudier pour un motif quelconque sa propre femme » 357.10 . Comme Il l'avait déjà dit un an avant, lors du sermon sur la Montagne , Jésus répond par la négative. « Alors, pour Toi, ce n'est jamais permis ? » « Ni pour Moi, ni pour le Très-Haut, ni pour aucune âme droite » 357.10 . Matthieu et Marc, qui rapportent cette discussion , ont omis cette première réponse incisive, et à les comparer à l'argumentation du Christ telle qu'exposée dans le texte de Maria Valtorta, les deux comptes-rendus évangéliques apparaissent presque édulcorés. Cette prise de position catégorique sur l'indissolubilité du mariage « béni par Dieu » suscite bien des réactions parmi les auditeurs. « L'homme est sévère. S'il était à Rome, il verrait pourtant fermenter une boue encore plus fétide, dit un romain » 357.12 . Et un habitant de Gadara soupire : « C'est une chose difficile que d'être homme s'il faut être aussi chaste ! » 357.12 . Et ce qui était vrai voici deux mille ans, lorsque Jésus déclara « Ce n'est pas tous qui comprennent cela, ni qui le comprennent comme il faut » 357.12 reste semble-t-il parfaitement d'actualité de nos jours encore ! FOOTNOTES : Maria Valtorta décrit avec plusieurs détails pertinent cette région pourtant fort peu connue en 1945. Par exemple le nom du Yarmuq, premier affluent du Jourdain en aval du lac, est inconnu dans la bible, et figure seulement dans le Talmud, et les thermes romains de Hammat Gader n'ont été redécouverts qu'en 1979 ! : Effectivement Flavius Josèphe confirme que les sadducéens ne croyaient pas à l'existence des anges. Ils niaient l'existence de l'au-delà et pour eux l'âme mourrait en même temps que le corps. : La lune se lève fort tard, 3h avant l'aube. La description détaillée du ciel par Maria Valtorta correspond aux données astronomiques entre 20h et 21 h cette nuit là, (avec toutefois deux confusions « personnelles » : Maria Valtorta confond sans doute Vénus avec Sirius, et Jupiter avec Saturne). : Notons simplement que ce nom de « Marius Severus » est attesté à l'époque du Christ sur une inscription, concernant un romain de Pouzzoles qui se serait établi sur l'île grecque de Syra. (Jean Hatzfeld Roman History 1919 p88 et p239). : Voir MV 174.19. : Voir Mt 19, 1-12; Mc 10, 1-12. Tous deux situent l'événement en Pérée, sans préciser la ville de Gadara.
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Troisième année de vie publique
De Pella à Rama
Ils partent en début de matinée, et ont environ vingt-quatre kilomètres à parcourir pour atteindre Pella, soit six bonnes heures de marche, puis encore huit kilomètres pour atteindre Jabes-Galaad, le terme de cette longue étape. Il est aisé de comprendre pourquoi Jésus recommande aux apôtres en partant : « hâtez le pas » 357.12 . Au hasard du chemin, une conversation retient notre attention : « C'est un voleur qui pendant des années a volé et tué, en descendant des monts de Caracamoab et de Séla, cette dernière appelée Pétra par les troupes d'occupation » 358.2 . Difficile d'envisager que Maria Valtorta ait pu imaginer ce dialogue de sa propre initiative : Kerakkamoab, l'ancienne désignation de Kerak, n'était connue que de quelques rares spécialistes en 1945 ; et à cette date la théorie suivant laquelle Pétra pouvait être la Séla biblique était encore bien loin de faire l'unanimité ! A Pella, Jésus est abordé par la mère de Marc, le possédé de Gerasa. Son fils, scandalisé par le discours sur le Pain de Vie , précède Jésus sur la route de Jérusalem, en lui faisant tort. Jésus réconforte la pauvre mère, et lui promet la reconversion future de son fils, mais après la Passion. Elle déconseille à Jésus de parler aux habitants de Pella : « Je parlerai par une action. Et elle suffira pour anéantir le travail des autres » 358.8 . En effet, Jésus y guérit de leur cécité le jeune Jaïa et sa mère. Il demande simplement au jeune aveugle miraculé : « Toi, parle de Moi à Pella dont la foi vacille. Va ! Dieu est avec toi » 358.10 . C'est sous une pluie battante qu'ils atteignent en soirée Jabès-Galaad. Aucun des habitants ne leur offre un abri, et le moral des apôtres est à nouveau au plus bas. Seul le toujours jovial Thomas plaisante encore : « Hum ! je ne voudrais pas qu'après des siècles ce pays se venge sur nous de la vilaine surprise qui lui est venue d'Israël ! » 359.1 . Mais plusieurs de ses compagnons maugréent : « Et nous sommes trempés, gelés, affamés ». « Et la nuit vient. Nous serons bien demain matin après une nuit passée dans le bois ! » 359.2 . Et jusqu'à Judas qui se fait tentateur auprès de Jésus : « Pourquoi ne fais-tu pas un miracle, au moins un miracle pour tes apôtres ? Tu en fais même pour les indignes ! » 359.2 . Finalement Jean, en grimpant sur un arbre, aperçoit une pauvre masure isolée. Le vieux Matthias qui y vit seul, se montre très hospitalier. Tous vont pouvoir passer la nuit au sec et se réchauffer auprès d'un bon feu. Le mardi 27 février au réveil, le temps est toujours aussi exécrable. Matthias arrive sans peine à les convaincre de retarder leur départ. Les habitants de Pella et de Jabès, maintenant informés du miracle accompli par Jésus viennent Le supplier de revenir chez eux. Mais Jésus, qui va bientôt commencer la dernière année de son séjour terrestre, ne peut changer son programme. « Jusqu'à présent je suis resté pour essayer de les convertir. Maintenant je viens et je passe, sans m'arrêter. Je vais vers mon destin qui me presse. Dieu et l'homme m'éperonnent... L'amour m'aiguillonne et la haine m'aiguillonne » 359.9 . Lors de sa vision suivante, Maria Valtorta les voit le jeudi 1er mars, une cinquantaine de kilomètres plus au sud, « entre les deux derniers torrents (...) dans ce trapèze formé par les trois cours d'eau en crue » 360.1 . L'humeur des apôtres est encore plus morose que le temps, et Judas ne manque aucune occasion de mettre la patience de ses compagnons à rude épreuve. Mais Pierre relativise ce mauvais temps : « Lune de Nisan , c'est de la pluie qui descend à pleins boisseaux » 360.2 . Ils atteignent un torrent mais il est en crue et la traversée est impraticable. Ils doivent rebrousser chemin comme le leur conseille un passant : « Quand tu vas trouver le troisième cours d'eau après le Yaloc . Alors tu seras près du gué. Mais fais vite, ne t'arrête pas car le fleuve monte d'heure en heure » 360.3 . Jésus décide de suivre ce conseil : « Allons vers les montagnes comme il l'a conseillé. Nous perdrons un jour, mais vous sortirez du marécage » 360.4 . Ils ont à peine le temps d'atteindre les premières pentes, pour trouver refuge dans une grotte alors que déjà la nuit tombe rapidement. Ils repartent à l'aube, et croisent sur leur chemin une lépreuse à demi mourante. Il s'avère que la malheureuse n'est pas vraiment lépreuse, mais qu'elle a été chassée comme telle par son mari, un notable de Jéricho. Le Seigneur la guérit en disant : « Redeviens la Rose de Jéricho qui fleurit dans le désert et qui vit toujours même si elle paraît morte. Ta foi t'a guérie » 360.14 . Lorsque Anastasica la miraculée (on apprend son nom en MV 365.10) les a quitté pour aller se purifier selon la loi, accompagnée un temps par Simon le zélote, les apôtres interrogent : « Mais qu'avait-elle, Maître ? Tu as vu la plaie ? » « Oui. Le fruit de la luxure d'un homme. Mais elle n'était pas lépreuse, et si l'homme avait été honnête, il ne l'aurait pas chassée, car il était plus malade qu'elle » 360.15 . C'est seulement à la nuit tombante, le mardi 6 mars qu'ils arrivent enfin en vue du gué du Jourdain. Car depuis le sabbat, les villageois de la région, sans doute informés des miracles accomplis, ont retenu ça et là Jésus et ses apôtres pour obtenir la guérison de tous leurs malades. Ils cherchent en vain une barque pour traverser. Dans la pénombre Jésus aperçoit Marie Madeleine, qui vient de traverser le gué à cheval, au péril de sa vie. Elle a appris qu'un complot se trame contre Jésus, et le supplie de rebrousser chemin. « Éloigne-toi… éloigne-toi tout de suite, Maître. S'il savent que tu es ici, au-delà du Jourdain, ils vont y venir. Et Hérode aussi te cherche … » 361.9 . Jésus la rassure : « Ne crains pas. Ils ne me prendront pas encore. Ce n'est pas mon heure. Même s'ils mettaient des troupes et des troupes de soldats le long de tous les chemins, ils ne me prendraient pas. Ce n'est pas mon heure . Mais je ferai comme tu veux. Je reviendrai en arrière … » 361.9 . Voici donc un nouveau contre temps dans ce voyage mouvementé. Décision est prise de rentrer en Galilée. Marie Madeleine préviendra les femmes disciples de retourner à Cana, où tous se regrouperont. Sans plus attendre ils reprennent la route en sens inverse, et marchent de nuit, jusqu'à ce qu'ils trouvent au petit matin un passeur pour les faire traverser. La manœuvre s'avère périlleuse car le Jourdain est en crue. Mais Jésus renouvelle le miracle de Josué , en ralentissant le courant durant la traversée. Ils sont maintenant à environ vingt kilomètres de Jéricho, « Entre Silo et Béthel » 362.1 indique Thomas, qui connaît bien cette région proche de Rama. Les jérémiades reprennent lorsque Jésus, comme Il l'a décidé la veille, reprend sa marche vers le nord. Les apôtres craignent de ne pouvoir revenir à Jérusalem avant la Pâque . Mais contre toute attente, en cours de journée ils sont rattrapés par le char de Jeanne de Chouza. Manaën, qui accomplit scrupuleusement la mission confiée par Jésus, tient immédiatement à rassurer le Maître : « Nous t'avons obéi parce qu'il faut obéir, mais crois bien qu'il n'y a rien de préoccupant. Je sais de source certaine que Pilate a rappelé à l'ordre ceux qui mettent le trouble, en disant que quiconque créerait des troubles pendant ces jours de fête serait durement puni. Je crois que la femme de Pilate n'est pas étrangère à cette protection et encore moins ses amies » 362.6 . Jeanne elle-même, bien informée par son mari de ce qui se passe à la cour d'Hérode, confirme que le danger est écarté. « Alors retournons à Jérusalem ! Vous pouvez aller en toute sécurité. Allons ! » 362.7 décide immédiatement Jésus. FOOTNOTES : Thomas fait sans doute allusion au massacre des habitants de Jabès-Galaad par Israël. (Juges 21, 1-14), ou peut-être à la victoire de Judas Macchabée contre Timothée (1 Maccabées 5, 37-52) précisément dans cette région. : C'est là une des tentations que Jésus, Dieu et Homme, a eu souvent de la part du démon, comme Il s'en confie à Jean, au Gethsémani, peu avant la fin de l'année (MV 527.7). : Les trois cours d'eau : le Jourdain, le wadi Shu'ayb et le wadi Hesban (ou wadi al Kafrayn), juste au niveau de Jéricho. Maria Valtorta ajoute un croquis sur son manuscrit, qui montre clairement leur position proche du gué de Béthabara. Ils ont donc parcouru près de 50 km (8; 20; 20) depuis qu'ils ont quitté Mathias le mardi après midi. : Le 1er mars, c'est justement la veille de la nouvelle lune ! Ils sont maintenant théoriquement à une ou deux journées de marche de Béthanie, conformément au rendez-vous donné en MV 350.4. Mais la crue du fleuve va perturber leurs plans. : Le wadi Hesban (ou wadi al Kafrayn) est le dernier affluent du Jourdain avant son embouchure dans la mer morte. Mais si le gué du Jabboc est le seul encore praticable, il leur faudra remonter vers le nord. : Anastasia signifie résurrection. La rose de Jéricho ( l'anastasica hierichuntina ) est une plante surprenante qui semble « ressusciter » dès qu'elle est mise dans l'eau. : Maria Valtorta remarque « Un premier rayon de lune perce les nuages... Les nuages se sont dissipés et il y a de la lune. .. » 361.7 . La nouvelle lune a eu lieu le 4 mars, et la présence de la lune à la tombée de la nuit se vérifie à partir du 6 mars. : « Ce n'est pas mon heure ». Jean évoque plusieurs fois cette expression de Jésus (Jn 7, 30 ; Jn 8, 20...). Et c'est effectivement une expression que Jésus va redire souvent désormais, pour rassurer les siens (MV 362.2 ; MV 364.3 ; MV 372.4 ; MV 478.6-7 ; MV 503.4 etc.) : Rapporté dans Josué 3,14-17. Le miracle de Jésus est évoqué quelques jours plus tard par les scribes de Galgala en MV 387.7, puis encore par des riverains du Jourdain, en MV 420.2. Le passeur avait affirmé : « Oh ! je le dirai dans les villes et les villages riverains » 361.12 , et il a donc tenu parole. : En ce 7 mars 29, il reste à peine dix jours avant la Pâque, et il en faut au moins huit en cette saison pour faire l'aller-retour en passant par Cana. : Valéria et Plautina, désormais disciples de Jésus, incitent Claudia à agir.
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Troisième année de vie publique
La porte étroite
Le jeudi matin, ayant parcouru douze kilomètres depuis Béthel où ils ont passé la nuit, ils approchent de Rama, la ville de Thomas. L'apôtre ne peut laisser passer une telle occasion : « Tu ne voudrais pas bénir l'enfant de ma sœur ? » 363.1 , demande-t-il au Seigneur, qui accepte spontanément. « Oui, et avec joie ! Demain, nous entrerons à Jérusalem reposés ». Maria Valtorta voit Thomas « aller en direction de Rama, située un peu à gauche de la route qui va, je crois, de la Samarie à Jérusalem » 363.1 . Elle situe Rama sur une « petite colline très basse » à laquelle on accède par une « route secondaire en pente douce » 363.1 . L'accueil de habitants de la cité de Thomas, et en premier lieu de sa parenté, est particulièrement chaleureux. En soirée, tandis que les femmes disciples sont retournées à Jérusalem escortées par Manaën et Isaac, Thomas fait admirer les vignes de son père. Jésus les bénit. Le patriarche décide : « Je le presserai et je te l'enverrai pour la Pâque prochaine et tu t'en serviras dans le calice rituel » 363.4 . De retour dans le village, un habitant interroge Jésus sur l'avenir des enfants qu'Il a béni à son arrivée. « Seront-ils donc tous des justes à cause de ta bénédiction ? » 363.5 . Jésus le dissuade. La bénédiction fortifie, mais ce sont les actions justes qui permettent acquérir le Ciel. La conversation s'oriente naturellement sur les conditions du salut, et le nombre des élus. Luc a rapporté les idées maitresses de l'enseignement de Jésus ce soir là . La transcription plus complète de Maria Valtorta facilite notre méditation de ces paroles du Christ, et nous aide à mieux en percevoir la quintessence. « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » dit simplement le récit lucanien. (Mt 7,13-14 et Lc 13,23-25) « Soyez généreux dans votre recherche du Bien. Cela vous coûte ? C'est en cela que réside le mérite. Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » 363.6 , précise le texte valtortien, et il s'en suit un beau développement sur ce thème. De même lorsque l'évangéliste rappelle cet autre thème cher au Seigneur : « Et ainsi il y a des derniers qui seront les premiers », la mystique italienne complète la pensée : « Beaucoup que l'on croyait "les premiers" seront non seulement dernier , mais ne seront même pas derniers. Car nombreux sont ceux qui sont appelés, mais peu nombreux sont ceux qui de leur élection ont su se faire une vraie gloire » 363.7 . Quant au verset un peu énigmatique de Luc « Mais il me faut poursuivre ma route aujourd'hui, et demain et le jour suivant » (Lc 13,33), il trouve chez Maria Valtorta une formulation limpide : « J'y vais (à Jérusalem) en chassant les démons, en opérant des guérisons, sans me cacher. Et je le fais et le ferai aujourd'hui, demain et après-demain, jusqu'à ce que mon temps soit achevé. Mais il faut que je marche tant que je ne serai pas arrivé au terme . Et il faut qu'aujourd'hui et puis une autre fois, et une autre fois, et une autre fois encore, j'entre à Jérusalem, car il n'est pas possible que mon chemin s'arrête auparavant » 363.8 . Ensuite vient tout naturellement l'apostrophe contre Jérusalem, telle que rapportée par Luc. Elle est reprise par Jésus juste avant la Passion en MV 579.10, puis à nouveau en MV 596.21, et rapportée alors par Matthieu. Et que de richesses encore, dans ce discours de Rama ! FOOTNOTES : On sait que la sœur jumelle de Thomas a accouché d'un petit Joseph (MV 302.4 et MV 334.5). : Ils viennent de parcourir 50 km pendant les 24h précédentes. Un peu de repos ne sera pas superflu ! : Personne, en 1945, n'aurait pu justifier cette indication, puisque ce sont les fouilles archéologiques menées par David Livingston entre 1971 et 2002 qui ont prouvé que Rama était située à 500 mètres environ à l'est de la voie romaine, (à gauche donc pour qui vient du nord), entre les bornes milliaires 6 et 7. (Voir par exemple http:// davelivingston.com/ bethel14b.htm ). Nouvelle et stupéfiante précision de Maria Valtorta ! : Tout ceci était inconnu en 1945, et s'avère pourtant rigoureusement exact ! Il y a un dénivelé de 40 mètres entre la voie romaine (altitude 740 m) et les ruines de Rama (altitude 780 m). : C'est effectivement le vin du père de Thomas qui servira pour la Cène (comme le rappelle Thomas en MV 582.1). : Voir Lc 13, 22-35. Matthieu rapporte les mêmes pensées de Jésus, mais prononcées en d'autres circonstances. Comme nous l'avons déjà constaté, comme tout pédagogue, Jésus revient naturellement plusieurs fois sur le même enseignement. : Selon Lc 13,30, mais aussi Mt 19,30 ; 20,16 et Mc 10,31. : A rapprocher de la conclusion de la parabole des talents (MV 281.9 ). En MV 55.4, cette "pensée" avait même suscité la jalousie de Pierre, au point de s'en souvenir en MV203.4. : Annonce prophétique de la Passion, après cette Pâque, la Pentecôte, les Tabernacles, et la dernière Pâque.
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Troisième année de vie publique
A Jérusalem pour la Pâque
Les huit kilomètres qui séparent Rama de Jérusalem sont vite parcourus, et dans la matinée du vendredi, les apôtres et plusieurs disciples accompagnent Jésus au Temple. A ceux qui tentent de le dissuader dans cette démarche, Jésus répond qu'Il se rend au Temple « pour montrer qu'aucune menace ne peut me faire désobéir au précepte » 364.3 . Une fois les prières rituelles achevées, Jésus commence sa prédication devant un groupe de rabbins médusés. Il a promis de satisfaire Margziam qui a demandé une parabole pour Jean d'Endor auquel il écrit régulièrement. Sur le parvis a lieu la première récitation publique et commentée du Notre Père . Gamaliel, qui s'est approché, reste sur la réserve vis à vis de Jésus, mais sans hostilité. Il soupire : « Nous nous ne pouvons l'accepter parce que l'Ange de Dieu ne nous a pas encore purifiés du passé avec le charbon pris à l'Autel de Dieu » 364.8 faisant ici allusion à Isaïe(Is 6,6-10). Après avoir donné une parabole et guéri tous les infirmes présents, Jésus s'esquive si rapidement avec Margziam que les apôtres ne peuvent le suivre. Au Gethsémani, Il accueille un nouveau disciple, Jean d'Ephèse , né à Bethléem en même temps que Jésus. Sa mère, Noémie n'ayant pas de lait, il aurait été nourri au sein pendant un mois par la Vierge . Un peu plus tard, Jésus se rend à Béthanie avec Simon le zélote et Margziam. Lazare, « visiblement très malade et très affaibli », souffre désormais en permanence de ses jambes ulcérées. Ses sœurs supplient Jésus de lui accorder la guérison, mais Il leur répond simplement : « Je suis toute pitié. Mais ce n'est pas pour lui l'heure du miracle » 365.11 . Il s'entretient un moment avec Lazare qui l'informe qu'Anastasica s'est présentée hier comme Jésus le lui avait demandé. Puis ils conviennent de faire la Pâque dans l'une des maison de Lazare dans Jérusalem. « Cela, oui. Mais, par prudence, je le dirai au dernier moment » 365.12 lui dit Jésus, qui doit maintenant se méfier en permanence de Judas. La venue de Joseph d'Arimathie et de Nicodème abrège leur conversation. La discussion porte sur Gamaliel et Judas, mais Jésus, troublé, se retire rapidement pour prier. Le soir venu, Il rassemble autour de Lui ceux qui n'ignorent pas le lieu de refuge de Jean d'Endor et de Synthyché, pour leur lire le courrier rapporté d'Antioche par Ptolmaï. Le premier, Jean, se remet doucement de cette douloureuse séparation, grâce au réconfort spirituel que lui procure le Seigneur. La seconde, Synthyché, pose les bases solides de la future église d'Antioche, « dans cette région où tant de races se sont mélangées » 366.9 . Elle est facilitée dans cette tache par sa connaissance du grec, du latin et de l'hébreu, et par l'alibi d'enseigner la broderie à des fillettes. Quelques jours ont passé... Le jeudi 15 mars, avant-veille de la Pâque, Jésus commence sa journée en allant donner l'obole aux mendiants et aux lépreux de la vallée de Hinnom. Remontant par le quartier d'Ophel en compagnie des apôtres et de nombreux disciples, Il vient prier au Temple à la troisième heure. Ils y croisent Dorca, une jeune veuve dont Jésus a sauvé le nouveau né lors de son passage à Césarée de Philippe . Elle vient consacrer son premier né, comme le prescrit la Loi . Après la désormais habituelle altercation avec quelques synhédristes, Jésus est accueilli par de nombreux bénéficiaires de ses bienfaits sur le Parvis des gentils. Tous se retrouveront dans la soirée chez Jeanne et Chouza, qui offre un banquet de charité. Maria Valtorta remarque : « Le festin d'amour qu'il a voulu dans la maison de la bonne disciple est la mise en action d'une page de l'Évangile » 370.2 . Claudia, l'épouse de Pilate est présente : c'est sa première rencontre avec le Maître. Et à cette occasion, elle Lui confie Egla, une jeune esclave israélite qu'elle vient d'affranchir. L'irruption de Salomé, la fille licencieuse d'Hérodiade, venue provoquer le Seigneur, trouble un instant la fête, mais Jésus la repousse sans ménagement. La soirée s'achève. Lorsque tous les malheureux sont sortis, Jésus dit aux disciples : « Ainsi doit être l'union dans l'avenir. Il n'y a pas de paroles. Ce sont les actes qui parlent aux esprits et aux âmes par leur évidence. La paix soit avec vous » 370.24 . Judas survient, porteur d'une nouvelle alarmante : « Maître, ne va pas au Gethsémani ! Il y a là des ennemis qui te cherchent » 370.25 . Immédiatement, Marie-Madeleine met à la disposition des disciples son Palais. « Dans la maison de Lazare n'entre que celui qui est ami de Dieu » 370.25 affirme-t-elle. De son côté Claudia, confortée par ce qu'elle vient de voir et d'entendre, prend à part Judas, et décide au sujet de Jésus : « C'est un vertueux et qu'il faut défendre. Nous le vénérons comme grand et juste . (...) Moi, je veux le protéger . (...) Claudia peut tout sur Ponce. Claudia obtiendra la protection pour le Juste » 371.3 . Pour Judas et ses rêves de gloire humaine, cette nouvelle est prodigieuse. Il met vite Pierre dans la confidence. Après le repas, Jésus rassemble tous les disciples, hommes et femmes autour de Lui, et leur propose une méditation sur les événements qu'ils viennent de vivre en commun. « Plus que mes paroles observez mes actes, répétez-les, apprenez-les, joignez-les à l'enseignement. Alors vous deviendrez des disciples parfaits » 371.6 . Tous ont pratiqué la charité sous de multiples formes. Pour accéder au Royaume, Il leur donne de précieux conseils : « De même que vous êtes de bons fidèles et de bons citoyens, efforcez-vous d'être de bonnes épouses, de bons maris, saints, chastes, obéissants, affectueux l'un pour l'autre, unis pour élever vos enfants dans le Seigneur » 371.7 . Et Jésus développe assez longuement, par des exemple concrets, sa doctrine basée sur l'amour de Dieu et l'amour du prochain. « Que celui qui a davantage donne à celui qui n'a rien ou peu. Que celui qui sait davantage instruise celui qui ne sait rien ou peu de chose, et qu'il instruise avec patience et humilité (...) Recherchez la Sagesse non pour qu'elle vous fasse briller, mais pour qu'elle vous aide à avancer dans les voies du Seigneur » 371.7 . Des conseils qui, même s'ils ne figurent pas textuellement dans les évangiles, n'en reflètent pas moins parfaitement l'esprit . Dans sa conclusion, Jésus énonce cette vérité qu'Il rappellera à plusieurs occasions, et que Matthieu nous a rapportée : « Et tout ce que vous ferez pour Moi dans le prochain, si c'est bien, c'est à Moi que vous le ferez; et si c'est mal, c'est à Moi aussi que vous le ferez » 371.7 (Mt 25,40 et 45). C'est maintenant la Parascève . Jonas, le gardien du Gethsémani apporte des nouvelles inquiétantes. Les ennemis sont venus nombreux pour y chercher Jésus. Il semble donc que l'arrestation de Jésus était déjà plus ou moins programmée, un an à l'avance. L'accès au Gethsémani étant compromis, Marie Madeleine propose immédiatement : « Que décides-tu, Maître ? C'est la Parascève. Où sera ta Pâque ? Commande ... (...) permets-moi de t'offrir un de mes cénacles » 372.5 . Mais après avoir sollicité l'avis des uns et des autres, il est convenu de rester dans le palais de Lazare . Tandis que les sœurs de Lazare s'occupent des préparatifs, Jésus va sans crainte « au Temple pour immoler l'agneau, en bon israélite ... » 372.5 . Comme on peut s'en douter après les évènements de la nuit, la haine et la jalousie des pharisiens et des sadducéens vis à vis du Seigneur ne désarme pas. Ils reprennent inlassablement leurs quolibets, leurs reproches et même leurs insultes. Mais le Messie n'ignore rien de leurs turpitudes les plus secrètes. A l'intention de chacun de ses plus farouches ennemis du Sanhédrin, Jésus déclame les préceptes bibliques qui condamnent chacun de leurs péchés . Se sachant démasqués, et frappés au tréfonds de leur âme, tous s'échappent au plus vite. FOOTNOTES : Célébrer la Pâque est prescrit par Deutéronome 16,1 et Nombres 9,4. La célébrer à Jérusalem : était se conformer à la tradition instaurée par Ezéchias (2 Chroniques 30,1) et Josias (2 Rois 23,23). : Il se présente comme chef de la synagogue d'Ephèse. Or c'est dans cette synagogue d'Ephèse que Paul prêchera 3 mois durant ! : Ce fait serait-il à l'origine de l'ancienne tradition du « lait de la Vierge » et de la Grotte du Lait , de Bethléem ? Au moyen âge de nombreuses églises avait un reliquaire du Saint-Lait. « La Grotte du lait de la Vierge (...) ce lieu est sacré, dit la tradition, parce que la Vierge y laissa tomber de son lait » (Rapporté par dom Calmet). : Soit très exactement après les 7 jours de purification prescrits ! : C'était le 14 février, voir MV 345.2. : La consécration au 40e jour, prescrite par Exode 13,2 ; 13, ; 22, ; 34, 19 ; Nombres 3,13 ; 18, 15. Or c'est seulement le 30e jour depuis la naissance du fils de Dorca... Il y avait donc dérogation au précepte n°327 ( Les gens impurs ne peuvent entrer dans le Temple selon Nombres 5,3) pour permettre l'accomplissement du précepte n°420 ( Être vu au Temple à Pessa'h selon Deutéronome 16,16). : Jean Baptiste ne conseillait-il pas déjà : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même » (Lc 3,11). Voir aussi Mt 5, 42. Les Actes 4,32-35 témoignent que ces recommandations furent mises en œuvre par la communauté naissante. Et plus tard, saint Grégoire dit encore : « Que celui donc qui a reçu le don de l'intelligence évite de garder le silence (...) ; que celui qui a reçu le don de diriger l'applique à l'utilité du prochain ; que celui qui peut avoir accès auprès des riches intercède pour les pauvres, car, aux yeux de Dieu, la plus petite grâce reçue sera considérée comme un talent qu'il nous a confié ». : La Parascève est le jour de la Préparation du sabbat. Vendredi 16/3, c'est la pleine lune et la veille de la Pâque. En MV 376.6, le dimanche, on a la confirmation que la Pâque vient d'avoir lieu. (Voir aussi le paragraphe suivant). : Le mot cenaculum désigne une salle à manger, de cena : repas, dîner. : Ils choisissent « un endroit où, nous divisant selon les règles rituelles... par groupes de vingt » 372.6 . Conformément à la prescription de Exode 12,3-4 mentionnant de manger l'agneau en groupe. Il était admis des groupes de 10 à 20 personnes, 20 étant considéré comme l'idéal. Les nombreuses pièces du Palais permettront d'éviter la dispersion des nombreux disciples à travers la ville. : Préceptes tirés en particulier de Siracide 34,18-22, du Lévitique 5,24 ; 19,12 ; 20,6-7 et aussi Exode 20,7.16 ; 22,15 ; Deutéronome 5,18.20 ; 22,28 ; etc.
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Troisième année de vie publique
La Pâque de l'an 29
Dans la soirée, tous se retrouvent réunis dans les différentes salles du palais de Lazare. Certains pourraient être surpris qu'en ce samedi 19 mars (julien) soit fêtée la Pâque, trois jours avant l'équinoxe de printemps, puisque la Pâque était fêtée à la pleine lune qui suit l'équinoxe. Mais des études ont démontré que cette date du samedi 19 mars 29 pour la Pâque du 14 Nisan reste historiquement tout à fait plausible, puisque la limite inférieure pour la Pâque était alors fixée au 18 mars . Ce 19 mars est la date retenue par plusieurs auteurs comme celle de la Pâque de l'an 29 . « Les cènes se poursuivent selon le rite… et Jésus rayonne de joie d'être au milieu de tous ses disciples fidèles » 375.3 , observe Maria Valtorta. Cette quiétude est hélas bien vite troublée par un visiteur inattendu. C'est un parent de Samuel, l'ex-fiancé d'Annalia, qui vient supplier Jésus. Samuel, à moitié ivre, a grièvement blessé un parent d'Annalia. Accompagné de Judas, Jésus sauve le mourant et exige de lui qu'il pardonne à son agresseur. Et à Judas qui s'étonne d'avoir été choisi pour cette mission, Jésus répond : « Je voulais que tu réfléchisses à quoi peut conduire le mensonge, le désir de l'argent, l'ivrognerie et les pratiques mortes d'une religion dépourvue de sentiments et de pratiques spirituelles » 375.9 . En fin de journée, Manaën apporte des nouvelles de la cour d'Hérode, puis Joseph et Nicodème, avec quelques synhédristes bienveillants, révèlent une affaire scandaleuse impliquant Eléazar, l'un des fils de l'ancien Grand Prêtre Anna. L'énoncé de ces turpitudes donne la nausée au Christ, qui décide d'abréger son séjour à Jérusalem : « Quelle horreur !… Lazare, je vais préparer mon départ de Jérusalem. Je serai ton hôte à Béthanie jusqu'à la fin des Azymes » 376.11 . FOOTNOTES : Voir par exemple : A. Sevestre Dictionnaire de Patrologie 1864 t3 art. Canon Pascal p 334 ; Ferdinand Prat, Recherches de Sciences religieuses , 3e Année Vol 5 Oct. 1912 pages 96-97 ; Fotherimgham, Atronomical evidence for the date of the cruxifiction 1910 p 120-127 ; Memain, Études chronologiques pour l'histoire de N. S. Jésus Christ , 1867, Notes sur l'équinoxe pages 473, 475 et 503. De plus cette date est ici pleinement cohérente avec une autre donnée chronologique fondamentale dans l'œuvre de Maria Valtorta, qui sera développée plus loin, au paragraphe « La Néoménie de Tamouz ». : Patrizi De Evangeliis 1853 ; C. H. Turner Dict. of the Bible 1898 ; Masini When was Jesus born ? 1917 etc.
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Troisième année de vie publique
L'intendant infidèle
Le dimanche 1er avril au matin, ils débouchent de la vallée du wadi el Kelt, à proximité de la plaine de Jéricho. Une foule nombreuse venue de Jéricho les attendait là et les accueille. Il y a notamment un groupe d'esséniens, et bien sûr les inévitables pharisiens. Jésus annonce le thème de son discours : « Comment l'homme use-t-il de la liberté que Dieu lui a donnée ? » 381.3 . Les esséniens niaient le libre arbitre, et comme l'affirmait Hirch Graëtz, « ils remettent toutes choses sans exception à la providence de Dieu ». Il semble donc que Jésus s'adresse prioritairement à eux ce jour là. Le contexte de la parabole de l'intendant infidèle , tel que nous l'a transmis saint Luc(Lc 16,1-18), fit l'objet d'innombrables commentaires tout au long des siècles et suscite encore bien des interrogations tant de la part des chercheurs que des prédicateurs. Ainsi le chercheur John S. Kloppenborg a écrit : « Il n'y a guère de consensus sur n'importe quel point de cette parabole ». Il suffit de lire les études de P. Monat ou de C. Paliard sur ce sujet pour s'en persuader ! Même le titre fait débat : l'intendant est pour les uns malhonnête ou trompeur , pour d'autres habile ou prudent ! Pourtant, en lisant le récit que nous donne Maria Valtorta, tout paraît limpide. Jésus affirme d'abord à ses auditeurs que nul ne pourra se dérober, à l'heure du Jugement, à la terrible question divine : « Comment as-tu usé et abusé de ce que Je t'avais donné ? » 381.3 . Et comme tout homme peut pécher en désirant immodérément la richesse, la puissance, les honneurs ou les appétits charnels, la question qui se pose est alors : « Comment faire servir au salut tout, même ce qui est venu de la Corruption ? » 381.3 . C'est seulement après cette introduction très éclairante que le Seigneur débute sa parabole. « Mais écoutez une parabole et vous verrez que les riches aussi peuvent se sauver tout en étant riches, ou réparer leurs erreurs passées en usant bien des richesses même si elles ont été mal acquises » 381.4 . Si le détail de la parabole proprement dite reste proche de celui de Luc, la fin en est plus explicite. Le maître n'est pas dupe des manigances de son intendant : « Ta manière d'agir n'est pas bonne et je ne l'approuve pas. Mais je loue ton adresse » 381.5 . Et Jésus de conclure : « En vérité, en vérité, les enfants du siècle sont plus avisés que ceux de la Lumière. Et ce que disait le riche, Moi aussi, je vous le dis : la fraude n'est pas belle, et pour elle je ne louerai jamais personne. Mais je vous exhorte à être au moins comme les enfants du siècle, avisés avec les moyens du siècle, pour les faire servir de monnaie pour entrer dans le Royaume de la Lumière » 381.5 . Et de façon encore plus précise, le Seigneur insiste : « Faites du bien avec les moyens dont vous disposez, restituez ce que vous ou d'autres de votre famille, ont pris indûment, détachez-vous de l'affection maladive et coupable pour les richesses » 381.5 . Puis Jésus donne tout naturellement ici un nouveau développement de sa pensée déjà exprimée durant le Sermon sur la montagne , (Mt 6,24 et MV 174.8) : « Personne ne peut servir deux maîtres. (...) Les deux maîtres que l'homme peut choisir sont Dieu ou Mammon » 381.5 . Il n'est donc pas étonnant que Luc évoque ce précepte à cette occasion. La parabole de la Brebis perdue avait parachevé la conversion de Marie Madeleine, celle du Fils prodigue avait réconforté Jean d'Endor. Celle-ci bouleverse totalement un essénien, futur disciple auquel Jésus donne le nouveau nom d'Elie... Les heures passent, et le soleil se fait brulant. Jésus et les apôtres doivent trouver un abri et du réconfort, car ils sont à jeun depuis la veille ou l'avant veille. Repoussés de plusieurs maisons, les apôtres sont découragés. Jésus frappe au hasard à une nouvelle porte. C'est la maison de Nike, la veuve qui a offert ses services quelques jours plus tôt, à Jérusalem ! Après qu'ils se soient tous restaurés et reposés, Thomas interroge Jésus : « Mais savais-tu que Nike habitait ici ? » « Pas plus que vous. Je savais qu'elle avait près de Jéricho des terres récemment acquises. Rien de plus. Le cher ange des pèlerins nous a guidés » 382.5 lui répond Jésus. Bien plus tard, Il évoquera encore l'archange Raphaël : « Pour la route, je m'en remets à l'ange des pèlerins » 482.7 . Et Jacques aussi, à Antioche, avait témoigné : « comme Tu as envoyé Raphaël pour conduire Tobie, envoie ton ange pour me conduire sur les chemins du Seigneur » 324.6 . C'est seulement depuis le 12e siècle, que l'Église honore officiellement (le 24 octobre), saint Raphaël comme patron des « voyageurs sur terre, sur mer et dans les airs ». Mais le récit de Maria Valtorta laisse supposer que cette dévotion pouvait déjà être pratiquée au premier siècle. Dans la soirée, Jésus confie à Nike une mission en faveur d'Elie, l'essénien converti et premier ermite de la nouvelle Église. « À chaque lune y aller comme si c'était un rite . (...) Tu lui apporteras autant de pains biscuités qu'il y a de jours dans une lune . (...) Tu diras ce que ta foi et ta pitié t'inspireront. Il ne durera pas longtemps, d'ailleurs, le sacrifice… Pas même douze lunes … » 382.6 . Nike comprend l'allusion à la Passion du Christ, et elle supplie : « Donne-moi un courage viril pour cette heure-là . (...) fais que moi je te reconnaisse pour le Roi des rois, et que je te secoure comme une servante dévouée. Ne me cache pas ton visage torturé, ô mon Dieu ! » 382.7 . D'après la tradition, cette prière fut exaucée pour celle dont l'Église fait mémoire dans la dévotion du Chemin de la Croix sous le nom de sainte Véronique . Partis comme prévu de la maison de Nike à l'aube, le lundi matin, ils atteignent rapidement le gué du Jourdain, situé à sept ou huit kilomètres de là. Le passage d'une caravane menant un jeune homme riche gravement malade donne à Jésus le thème d'un nouvel enseignement. C'est une méditation sur la vie et la mort, et sur les conditions pour accéder au Royaume. Ce discours très dense constitue un admirable commentaire chrétien du Décalogue. Il se termine par ces mots : « Et maintenant, allez. Moi aussi je m'en vais après vous avoir donné un viatique de sagesse. Que le Seigneur soit avec ceux qui s'efforcent de l'aimer » 383.7 . Remontant le fleuve sur la rive orientale, le Seigneur se rend dans la maisonnette que le passeur et disciple Salomon a mis à leur disposition . Depuis six mois elle est à l'abandon et le jardin est envahi par les mauvaises herbes. Jésus et les douze apôtres s'affèrent à tout remettre en état. Plus tard André et Thomas rencontrent Ananias, un vieillard presqu'aveugle. A la mort de son fils, il a été chassé par sa belle-fille, et depuis il survit tant bien que mal. Jésus le guérit de sa cataracte, puis lui propose de rester dans la maisonnette : « Garde-moi la maison et le jardin pour que je la trouve rangée à chaque retour. (...) Tu seras parmi des fils et nous aurons un père qui nous souhaitera la bienvenue à chaque retour et nous donnera sa bénédiction à chaque départ » 384.5 . Dès le matin suivant, Jésus envoie les apôtres deux par deux aux alentours, pour annoncer que chaque matin, de l'aurore à sexte, le Seigneur sera sur la route qui mène au gué, pour y prêcher et y guérir les malades. Quelques jours vont se passer ainsi, avant que Jésus ne reprenne la route. FOOTNOTES : Hirch Graëtz, Histoires des juifs 14,2. : Pierre Monat, L'exégèse de la parabole de l'intendant infidèle, du IIe au XIIe siècle . Revue des Études Augustiniennes 38, 1992. Charles Paliard, La parabole de l'intendant infidèle (Coll. Lire la Bible n° 53) Ed. du Cerf, 1980. : A l'occasion de la conversion de Zachée, Jésus revient sur le verset de Lc 16,9 : « Lui a compris ma phrase : "Faites-vous des amis avec les richesses injustes". De son argent, qui pourrait être un ennemi de son esprit en le portant à la luxure, la gourmandise et l'anti-charité, il fait son serviteur qui lui aplanit le chemin du Ciel, tout tapissé - pour le riche : pauvre en esprit - de ses mortifications et de ses œuvres de charité pour les misères de ses semblables »(L6, Chap. 107 page 197). : Voir aussi plus loin le paragraphe consacré au Voile de Véronique . : Voir MV 284.1. C'était en octobre 28, et cette offre généreuse avait fait alors l'objet d'une altercation entre Judas et ses compagnons. En « voyant » la maisonnette, Maria Valtorta fait une surprenante observation : « La petite maison de Salomon, celle que sans en connaître le propriétaire j'ai vue en mars 1944 » 384.1 . Elle évoque en effet une vision du 23 mars 1944, mais qui trouve place beaucoup plus loin dans l'œuvre, en MV 545.1.
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Troisième année de vie publique
En allant vers Engaddi et Masada
Le lundi 9 avril , pendant qu'ils se dirigent vers Galgala, sur la rive opposée du fleuve, Jésus dévoile aux apôtres l'itinéraire qu'Il envisage. Ils iront jusqu'à Masada puis, leur dit Jésus : « Nous remonterons de Masada à Kériot et nous irons à Jutta, Hébron, Béthsur, Béther, pour être de nouveau à Jérusalem pour la Pentecôte » 386.2 . Comme pour l'année précédente, la période entre la Pâque et la Pentecôte est donc assez naturellement consacrée à l'évangélisation de la Judée. Leur première halte, à Galgala, est perturbée par la présence de scribes hostiles, et ils ne peuvent s'y attarder. Le lendemain à l'aube, ils sont à proximité de la mer Morte. La lune en son premier quartier favorise les déplacements en soirée et en début de nuit, pour échapper aux fortes chaleurs. Pierre observe qu'ils sont au « voisinage des lieux punis par le feu du Ciel » 388.2 et Jésus commente alors la destruction de Sodome : la pression provoquée par un tremblement de terre aurait projeté du bitume par une fissure de l'écorce terrestre ; des éclairs l'enflammèrent et il retomba sous forme d'une masse incandescente . Un peu avant la mi journée ils atteignent l'embouchure du Cédron . Judas et Simon le zélote sont renvoyés à Béthanie, pour informer les sœurs de Lazare de confier Egla à Nike. Les autres reprendront la route le soir venu, pour atteindre Engaddi en deux brèves étapes nocturnes de quinze kilomètres chacune, le coucher de lune ne permettant pas d'étapes plus longues. Ils atteignent l'oasis le jeudi matin, en venant du désert de Judée par le wadi David et l'antique voie romaine. « C'est l'antique Asason Tamar dont le nom évoque les belles palmeraies » explique Jésus. L'accueil des habitants d'Engaddi, et notamment d'Abraham, le chef de la synagogue, est cordial. Trente ans plus tôt, Abraham a entendu le témoignage des trois Sages venus de l'Orient, et il a cru. Ce soir là, Jésus choisit donc naturellement la foi comme thème de son enseignement qu'Il conclut ainsi : « Sachez croire ce que trop peu croient en Israël, et je vous promets la possession du Royaume céleste, par le pardon de la faute d'origine et par la juste récompense pour tous ceux qui pratiquent ma doctrine qui est la très douce perfection du parfait Décalogue de Dieu » 390.7 . Heureux des bonnes dispositions de la population à son égard, Jésus annonce : « Je vais rester parmi vous aujourd'hui et demain , jour du sabbat sacré » 390.8 . Cette affirmation, combinée avec d'autres détails fournis par Maria Valtorta, fixe la date exacte du passage du Seigneur à Engaddi . C'est pour accomplir une promesse faite à Ananias que Jésus se rend à Masada. On lui déconseille « la route basse qui côtoie la Mer Morte » car elle « est malsaine et dangereuse à parcourir de nuit » 391.1 . Cette affirmation, pratiquement invérifiable en 1946, s'avère parfaitement crédible. En effet de nombreuses crevasses se forment, de nos jours encore, dues à l'érosion de la couche de sel. A l'approche de la forteresse, Maria Valtorta en donne une description minutieuse qui peut nous surprendre, car à son époque ce haut lieu de l'histoire d'Israël était pratiquement inaccessible, et n'avait pas , loin s'en faut, sa notoriété actuelle. La démarche de Jésus auprès de la bru d'Ananias est un échec car la femme n'a aucun amour du prochain. Et les notables de Masada chassent bien vite le groupe apostolique. Tristement Jésus constate que la ville « est en train d'amonceler contre elle les foudres de la colère divine. Et ce n'est pas tant pour m'avoir chassé que parce que, en elle, le Décalogue est violé en tous ses commandements » 392.6 . « Et baptisée dans le sang et les larmes, elle périra dans le sang et les larmes quand ce sera l'heure de la punition divine » 392.2 . FOOTNOTES : La date est bien définie, car Jésus indique : « la nouvelle lune de Ziv éclaire le ciel » 386.3 . Le 8 avril, c'est le premier quartier de la lune de Ziv, premiers jours où la lune est bien visible en soirée. Et un autre détail décisif est donné ensuite, à Engaddi. : C'est pratiquement l'hypothèse émise par le géologue Frederick Clapp, et la théorie généralement admise comme la plus plausible de nos jours. (Voir aussi Genèse 19,23-25). : Le Cédron se jette dans la mer Morte à environ 25 km au sud de Giscala. : Ou Haçeçon-Tamar, ainsi qu'il est indiqué dans Genèse 14,7 ou dans 2 Chroniques 20,2. : C'est maintenant la nuit. " Aujourd'hui ", c'est donc déjà vendredi 13 avril, et " demain " ce sera samedi 14 avril. Jésus repart à l'aube du dimanche 15 avril, alors que « la lune est presque pleine » et que « l'oasis est au clair de lune » 391.1 écrit Maria Valtorta. L'astronomie montre que le dimanche 15 avril 29 est justement la veille de la pleine lune de Ziv. C'est absolument ahurissant de précision ! : D'abord fortifiée par Jonathas vers -150, Hérode en fit sa citadelle imprenable entre -40 et -37. Dernière poche de résistance, après la chute de Jérusalem, la ville tombe en l'an 73 dans des circonstances particulièrement tragiques.
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Troisième année de vie publique
L'adieu à Kérioth
Ils ont dû marcher presque toute la nuit, car ils atteignent Kérioth, situé à environ vingt-cinq kilomètres de Masada, en début de matinée. Marie de Simon, la pauvre mère de Judas fait au Maître un accueil chaleureux et lui ouvre sa maison et son cœur. Au crépuscule, voici Judas et Simon, qui viennent d'achever leur long périple. « Nous avons marché presque sans arrêt, et le plus souvent par des raccourcis pour éviter d'être retenus. Mais nous avons rencontré des disciples et nous avons avisé Jeanne et Élise qu'elles nous verront bientôt » 393.3 explique Simon . Judas rêve plus que jamais au triomphe humain de Jésus. Il s'est entretenu avec Claudia, et l'on découvrira bientôt combien cette conversation a eu un effet désastreux . Jésus le met une nouvelle fois en garde : « Ne t'abandonne pas aux rêves, Judas. Reste dans la vérité. Je suis la Lumière du monde, et la lumière sera toujours odieuse aux ténèbres » 393.4 . Une parole que l'apôtre Jean a bien mémorisée et souvent répétée dans son évangile(Voir Jn 1,5 ; Jn 3,19 ; Jn 8,12 ; Jn 9,5). Etant resté moins longtemps que prévu à Masada, Jésus demeure à Kérioth jusqu'au sabbat du 21 avril. C'est dans la synagogue qu'Il donne son enseignement. Parlant en parabole, Il tente de préparer les esprits pour qu'ils soient moins choqués lorsqu'ils découvriront la trahison de l'enfant du pays, et ne se détournent pas de Dieu. « Celui qui est bon rend sa volonté bonne, le mauvais la rend mauvaise » 394.1 , et « Dieu est avec celui qui a la bonne volonté de Lui obéir » 394.2 . C'est pourquoi, dit Jésus, « l'obéissance a plus de valeur que les sacrifices » 394.2 . On ne peut s'empêcher de rapprocher cette dernière affirmation d'un commentaire de saint Grégoire le Grand : « Il est juste de préférer l'obéissance aux sacrifices, parce que ceux-ci immolent une chair étrangère, tandis que l'obéissance immole notre propre volonté ». Poursuivant son discours, Jésus évoque de nombreux passages bibliques, et en particulier un épisode (tiré de 1 S 16,1-13)qui retient notre attention : « Quand Samuel, obéissant, remplit sa corne d'huile et alla chez Isaï de Bethléem ... » 394.2 . Or la plupart des versions bibliques le nomme Jessé de Bethléem . Serait-ce à la fois un indice que Jésus parlait alors en araméen, et que Maria Valtorta a fidèlement rapporté ce qu'elle a entendu ? Dans la conclusion de son exhortation aux habitants de Kérioth, Jésus les met en garde : « Ce serait une injustice de dire qu'une famille est mauvaise parce que l'un de ses membres est mauvais » 394.3 . Et c'est justement parce qu'ils n'auront pas retenu cette leçon que les habitants de Kérioth ne verront pas le Ressuscité (Cf. MV 632.8). Avant de quitter Kérioth dans la soirée, Jésus réconcilie Marie et Anne, la mère d'une ancienne fiancée de Judas, morte de douleur après que Judas l'eut abandonnée. Jésus demande à Anne : « Quand Marie de Simon n'aura plus de fils, et que le monde la couvrira de mépris, toi, toi seule tu lui ouvriras ta maison et ton cœur. Me le promets-tu ? » 395.7 . L'amitié retrouvée entre Anne et Marie sera précieuse durant la Passion. En quittant la mère de Judas, Jésus lui promet une place de choix dans son Royaume, « Je vois déjà ta place dans la troupe des martyrs et des corédempteurs. Ne crains pas, ô Marie. Le Seigneur sera ton éternelle récompense » 395.9 . FOOTNOTES : Ils viennent d'accomplir un périple de plus de 80 km depuis l'embouchure du Cédron, en passant par Béthanie, Jérusalem, Béther, Betsur, Jutta et Kérioth, du mardi 10 au mardi 17. : Voir MV 400.5. : Isaï, tel qu'écrit dans la Vulgate, semble la désignation araméenne de l'hébreu Jessé (hébreu : Yishay ou Jischaj (yee-shah'-ee) ; araméen: Iyshay (ee-shah'-ee).
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Troisième année de vie publique
Les adieux à Hébron et à Bethsur
Bien que l'accueil d'Hébron soit cette fois assez empressé, Jésus n'y reste que quelques heures, le mercredi matin. Comme Il l'a fait à Jutta, Il encourage les habitants à rester fermes dans leur foi lorsque le Christ sera mis à mort. « Et ceux qui seront restés fermes dans la foi règneront avec Lui au Ciel. Rappelez-vous cela. Et quand vous me verrez élevé et méprisé, ne chancelez pas » 398.3 . Ils quittent Hébron dans l'après-midi. Philippe s'étonne de cette très brève étape. Jésus lui répond : « Parce que Dieu m'appelle ailleurs. Vous, vous ne savez pas » 398.6 . Pourtant ils ne rejoignent pas Bethsur le jour même, bien que les deux villes ne soient distantes que de sept kilomètres. Ils passent la nuit à la belle étoile, et arrivent en vue de Bethsur le jeudi matin à l'aube. Elise et Anastasica s'affairent pour rendre leur séjour le plus agréable possible. Mais elles ne peuvent cacher leur déception lorsque le Seigneur les informe : « Maintenant je vais parler à tous et puis, après l'heure de tierce, je viendrai et je resterai dans ta maison pour repartir le soir. Et nous parlerons entre nous … » 399.2 . Aux habitants Jésus rappelle son précédent discours :« L'an dernier je vous ai dit ce qu'il fallait faire pour gagner le Royaume de Dieu. Maintenant je vous le confirme pour que vous ne perdiez pas ce que vous avez gagné » 399.3 . Leur rappelant tous les miracles accomplis depuis deux ans, Il les exhorte à garder intacte leur foi dans le Messie : « Moi, je suis le Seigneur, le Sauveur. Croyez-le pour votre bien. En dehors de Moi, il n'y a pas d'autre Sauveur. Sachez-le croire contre toute insinuation humaine ou satanique » 399.4 . Puis Elise attire à part Jésus, pour l'informer que « Jeanne a envoyé des serviteurs dans toutes les directions pour te chercher. Mais ils ne t'ont pas trouvé … ». « J'étais très loin et je serais allé encore plus loin si l'esprit ne m'avait pas poussé à revenir… » 399.6 lui répond Jésus, éclairant du même coup sa réponse faite à Philippe quelques heures plus tôt. Elise et le Zélote iront avec Jésus à Béther, tandis que les autres apôtres resteront deux jours à se reposer à Bethsur . FOOTNOTES : Allusion au discours donné dans la cour de la maison d'Elise (MV 209.5). : Ils pensent d'abord partir au crépuscule, mais décident finalement de partir immédiatement, puisqu'ils arrivent en fin de journée à Béther, située à une quinzaine de kilomètres de Bethsur. « Nous nous sommes arrêtés pendant les heures chaudes » 400.2 explique ensuite Jésus à Jeanne.
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Troisième année de vie publique
L'adieu à Béther
Jeanne est dans tous ses états. L'intervention de Judas auprès de Claudia, lors de son passage à Jérusalem, a eu des conséquences très néfastes. Tout à ses rêves de gloire, Judas s'est imaginé que Claudia apporterait son aide à la restauration du royaume d'Israël. « Elle en a été si profondément choquée qu'elle a douté de Toi et de la sainteté de ta doctrine » 400.5 explique Jeanne. Jésus lui apparaît maintenant comme un rebelle et un usurpateur, et Claudia exige qu'Il s'en explique au plus vite. Chouza lui-même est troublé, et il ordonne que son épouse quitte Jésus s'il n'est pas le Messie spirituel. « Chouza ne vient-il pas ici? » demande Jésus. « Demain c'est le sabbat et il y sera » 400.6 , lui répond Jeanne. Jésus pourra donc bientôt le rassurer. Le lendemain matin, tandis qu'Il médite dans la magnifique roseraie de Jeanne, Jésus aperçoit Pierre et Barthélemy venant à sa rencontre en courant. « Simon, comment donc es-tu ici ? Et toi, Barthélemy ? Vous deviez partir demain soir après le crépuscule du sabbat » 401.3 . C'est un motif grave qui a poussé Pierre à désobéir au Maître : « Judas est devenu un démon depuis que tu es parti. On ne pouvait plus parler, plus discuter. Il querelle tout le monde » 401.3 . Pierre, indigné, a du mal à réfréner son impulsivité naturelle, mais il fait bien des efforts depuis quelques mois pour supporter Judas. « Depuis les Encénies je sais que même le sacrifice d'une cuillerée de miel a de la valeur . (...) J'ai compris qu'il ne faut pas seulement t'aimer en paroles mais en te sauvant les âmes par le sacrifice » 401.4 . Il voudrait bien connaître les raisons du comportement de Judas, mais Jésus lui dit seulement : « N'y pense pas ! N'y pense pas ! (...) Laisse et oublie l'humanité sous ses pires formes, dans les assauts qu'elle livre à l'esprit de ton pauvre compagnon. Rappelle-toi seulement de prier pour lui, beaucoup, beaucoup » 401.5 . Plus tard, tous sont à nouveau réunis chez Jeanne, attendant le crépuscule pour reprendre la route en cette fin de sabbat. André et Philippe observent le soleil se coucher derrière les montagnes de Beth Jimmal . Jésus a complètement rassuré Chouza sur son compte. L'époux de Jeanne se confond en salutations obséquieuses, tout en révélant son attachement pour les biens matériels et les mondanités. Jésus lui donne ce précieux conseil : « Mais rappelle-toi que troquer les biens éternels contre un honneur humain temporel c'est comme troquer le droit d'aînesse contre un plat de lentilles. Et bien pire encore … » 402.2 . C'est maintenant l'heure des adieux, car Jésus annonce, comme Il l'a fait à Kérioth, Jutta et Béthsur, que jamais plus Il ne reviendra ici. Il exhorte les nombreux serviteurs à conserver intact, grâce à leur bonne conduite, « cet Eden si beau » 402.3 . Qu'ils sachent toujours rester fermes dans la Foi, en repoussant les séductions du démon. « L'ennemi que l'on ne chasse pas finit par devenir le maître de l'endroit » 402.4 leur dit-Il. Puis Il ajoute « Malheur à ceux qui me connaissent pour ce que je suis, réellement... et maintenant me chassent pour accueillir Satan » 402.4 . La mise en garde est bien sûr pour Judas , mais vaut aussi pour tous ceux qui au cours du temps feront le péché contre l'Esprit... Mais les dernières paroles de Jésus en quittant Béther, sont des paroles de miséricorde : « Personne n'a à craindre de Moi. Pas même les pécheurs puisque je suis le Salut. Seuls les impénitents jusqu'à la mort auront à craindre du Christ qui sera le Juge après avoir été le Tout Amour … » 402.7 . FOOTNOTES : « Viens. La nuit tombe. Bientôt nous n'allons plus voir le sentier » 400.7 précise alors Jésus. Pour eux, la journée de vendredi, veille du sabbat, vient de commencer, alors qu'en occident nous dirions que c'est le jeudi soir. : C'est une allusion au sacrifice fait par Margziam pendant toute une lunaison, à Nazareth. (Voir MV 311.5). : Beth Jimmal est située plein Ouest par rapport à Béther, à une quinzaine de kilomètres. A cette date, le soleil se couche à l'azimut 290, juste un peu à droite de cette colline. Mais il faut un bon logiciel d'astronomie, une carte précise d'Israël et une analyse de la chronologie pour prouver que cette observation, faite en 1946, est parfaitement plausible ! : Allusion à l'épisode biblique d'Esaü cédant son droit d'aînesse pour un plat de lentilles (en Genèse 25,31-34). C'est la seconde fois que Jésus utilise cet argument (voir MV 239.8). Il l'évoquera à nouveau en MV 503.8 et en MV 604.40. : En MV 410.3, les apôtres évoquent ce discours et les craintes que Judas n'a pu cacher en entendant ces paroles.
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Troisième année de vie publique
La prédication à Emmaüs de la Plaine
Dans la tombée de la nuit, Jésus descend rapidement la colline de Béther, suivi des apôtres. Pour atteindre la plaine de Saron, ils vont emprunter la vallée du Nahal Repaim . Mais rapidement Jésus ordonne la halte. « Nous allons rester ici pour partir au point du jour » 403.4 . Cette très courte étape pourrait surprendre, si nous ne remarquions pas qu'en cette nuit du samedi 28 au dimanche 29 avril, la lune en fin de son dernier quartier est absente presque toute la nuit, ne permettant pas de prolonger une marche nocturne dans cette vallée encaissée. Ils repartent dès l'aube, pour une étape vallonnée longue d'une vingtaine de kilomètres. Les apôtres sont surpris de s'éloigner de Jérusalem, car il ne reste qu'une semaine avant la Pentecôte. Mais Jésus veut accomplir la promesse qu'Il a faite durant la Pâque à Joseph et à Nicodème de venir évangéliser leurs terres de la plaine de Saron. Ils débouchent dans une plaine fertile, « une mer d'épis dorés où s'intercalent des vergers de rêve, des vignes qui déjà promettent une gloire de grappes ». Arrivés à Emmaüs, ils ont la surprise d'y retrouver les disciples Mathias, Jean, Nicolaï, Abel, Samuel, Hermastée et d'autres encore. Comme Il le fait désormais depuis Engaddi, Jésus commence son enseignement en citant un passage de l'Écriture . Ici Il évoque la bataille d'Emmaüs , (telle que décrite en 1 M 4, 1-15). Ils ne restent pas à Emmaüs, et dès le soir venu, ils repartent en direction de Joppé. « Simon le Zélote fait observer que de Joppé aux domaines de Nicodème et de Joseph on y va rapidement et par de belles routes » 405.12 . FOOTNOTES : Par un croquis sur son manuscrit, Maria Valtorta « dessine » cette vallée qu'elle ne nomme pas. L'ancienne voie ferrée Jaffa-Jérusalem empruntait cette vallée très peu documentée en 1946. (Voir Avraham Negev, Shimon Gibson Archeological encyclopedia of the holly land . 2001, page 435). : Aujourd'hui encore la plaine d'Ayalon est très fertile et verdoyante, et l'abbaye de Latroum, située à proximité immédiate d'Emmaüs Nicopolis, produit un vin renommé. : A Béthsur, Jacques avait demandé : « Pourquoi, ô Frère, cites-tu toujours des passages du Livre dans tes adieux ? », ce à quoi le Christ avait répondu : « Pour que ceux qui m'accusent ne disent pas que je délire et que je blasphème, et pour que ceux qui ne veulent pas se rendre à la réalité comprennent que depuis toujours la Révélation m'a montré comme le Roi d'un Royaume qui n'est pas humain » 399.5 .
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Préparation à la Passion de Jésus
La Cène pascale
Maria Valtorta décrit minutieusement toutes les phases du repas pascal, apportant un démenti formel aux commentateurs qui osèrent prétendre qu'en ce jeudi soir, Jésus ne consomma pas vraiment la Pâque juive, au prétexte que saint Jean n'en parle pas explicitement. En outre le récit de la mystique italienne permet, de façon naturelle et crédible, de resituer dans l'ordre chronologique tous les témoignages évangéliques relatifs à la Cène. Cette réussite n'est pas anodine, si l'on se souvient que de nombreux commentateurs ont tenté de le faire avant elle, sans jamais y parvenir de façon satisfaisante. Les apôtres ont tout préparé sur « une nappe très fine . J'entends André qui dit : Quel lin splendide ! Et l'Iscariote: Un des meilleurs de Lazare. Marthe a voulu absolument l'apporter » 600.1 . Après les ablutions rituelles, chacun prend la place que Jésus lui indique. « C'est la soirée pascale ! (...) Consommons donc la cène dans un esprit de paix » 600.5 . Ils passent à table (Mt 26,20 ; Mc 14,17 ; Lc 22,14 ; Jn 13,2). Jésus verse le vin dans un grand calice et l'offre, puis le pain qu'Il distribue (Lc 22,17-20), tandis que les apôtres posent la question rituelle : « Pourquoi cette cérémonie ? » 600.7 , à laquelle Jésus répond : « Ce jour rappelle notre libération de l'Égypte ... » 600.7 . Maria Valtorta remarque « la sauce rougeâtre qui est dans quatre saucières » dans laquelle ils trempent des herbes. Après le chant de psaumes, on apporte l'agneau rôti sur la table, et Pierre pose une seconde question rituelle : « Pourquoi cet agneau ainsi présenté ? » 600.7 . Ensuite, nous dit Maria Valtorta : « Tous se lèvent debout et entonnent : "Quand Israël sortit d'Égypte" ... » 600.7 (Ps 114). Jésus déclare : « J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque ... » 600.7 . (Lc 22,15-18), et Il évoque une nouvelle fois son Royaume. Barthélemy, peut-être déçu de ne pas être à la meilleure place, aux côtés de Jésus, demande : « Comment alors pouvons-nous savoir qui est le premier d'entre nous ? » 600.8 . La réponse de Jésus nous est transmise par Luc (Lc 22,24-30). Puis Il ajoute que beaucoup auront une place dans le Royaume : « Tous ceux qui auront été fidèles au Christ dans les épreuves de la vie seront des princes dans mon Royaume » 600.8 . Pierre se rassure : « Nous avons persévéré jusqu'à la fin ». « Tu le crois, Pierre ? Et Moi, je te dis que l'heure de l'épreuve n'est pas encore venue. (...) toi, quand tu te seras repenti , confirme tes frères » 600.9 lui réponds Jésus. (Lc 22,31-32). Et Il met en garde ses apôtres : « Mais maintenant les anges ont tous été rappelés par leur Seigneur. C'est l'heure des démons (...) Maintenant que celui qui a une bourse prenne aussi une besace, que celui qui n'a pas d'épée vende son manteau et en achète une » 600.9 (Lc 22,35-38). Simon le zélote se lève et montre à Jésus les deux épées que lui et Pierre se sont procurés par prudence. « C'est bien, elles suffisent . Tu as bien fait de les prendre » 600.10 . observe Jésus qui passe immédiatement à un autre sujet : « Mais maintenant, avant que l'on boive le troisième calice , attendez un moment. Je vous ai dit que le plus grand est pareil au plus petit et que Moi je suis le serviteur à cette table, et que je vous servirai davantage » 600.11 . Pour le don que Jésus va faire à ses apôtres, la purification reçue par le baptême au Jourdain ne suffit pas... « Venez que je vous purifie. Suspendez le repas » 600.11 . C'est maintenant la cérémonie du lavement des pieds (Jn 13,4-9), dont Maria Valtorta nous donne un compte rendu conforme à celui de Jean, et encore plus explicite quant à sa finalité. Ainsi lorsque le zélote, s'inclinant devant Jésus supplie : « Purifie-moi de la lèpre du péché comme tu m'as purifié de la lèpre du corps, pour que je ne sois pas confondu à l'heure du jugement, mon Sauveur ! » 600.11 . Ou encore Matthieu, qui se sent indigne : « Je suis pécheur, Maître. Pas à moi… » « Tu étais pécheur, Mathieu. Maintenant tu es l'Apôtre. Tu es une de mes "voix" » 600.11 . « Maintenant vous êtes purs, mais pas tous. Seulement ceux qui ont eu la volonté de l'être » 600.11 (Jn 13,10-11). C'est le moment de la troisième libation, et tous entonnent en chœur les Psaumes (Ps 116,1-19 ; Ps 117 ; Ps 118). Jésus découpe l'agneau et distribue des parts à chacun puis Il reprend la parole : « Je veux que vous compreniez mon geste de tout à l'heure » 600.13 . (Jn 13,12-20). Remplissant une quatrième fois la coupe, après l'avoir distribué, il entonne debout le psaume final. « Beau… mais sans fin ! Je crois le retrouver, pour le commencement et la longueur, dans le psaume 119 » 600.13 , constate avec franchise la visionnaire. « Maintenant que l'ancien rite est accompli, je célèbre le nouveau rite. Je vous ai promis un miracle d'amour. C'est l'heure de le faire. C'est pour cela que j'ai désiré cette Pâque » 600.14 . C'est l'heure de l'institution du sacrement de l'Eucharistie : « Je m'en vais, mais nous resterons unis pour toujours grâce au miracle que maintenant j'accomplis » 600.14 .(Mt 26, 26-29 ; Mc 14, 22-25 ; Lc 22, 19-20 ; 1 Co 11,23-26). Maria note que Jésus partage le pain en treize morceaux. Il va en effet immédiatement rejoindre Marie pour l'associer à ce miracle . Les évangélistes n'en disent rien, mais au 15e siècle, Fra Angelico n'hésita point à faire figurer la Vierge Marie sur sa fresque de la Cène. De retour auprès des apôtres, Jésus revient sur les gestes et le miracle qu'Il vient d'accomplir. « Je vous ai tout dit, et je vous ai tout donné. Et je répète. Le nouveau rite est accompli (...) Je vous ai lavé les pieds pour vous apprendre à être humbles et purs comme votre Maître (...) soyez purs. Pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel ... » 600.16 . Il semble parfaitement logique que le Seigneur évoque alors la trahison de l'un des siens : « Mais l'un de vous n'est pas pur » 600.16 .(Mt 26,21-25 ; Mc 14, 18-20; Lc 22, 21-23 ; Jn 13, 21-30). Les synoptiques placent cet épisode avant l'institution de l'Eucharistie. Mais l'enchainement donné par Maria Valtorta paraît plus cohérent, et permet d'insérer harmonieusement, dans le déroulement de la Cène, les témoignages de Jean et de Matthieu relatifs à la révélation de la trahison de Judas. « L'émoi est grand, mais le calme de Jésus l'apaise » 600.17 observe Maria Valtorta tandis que Jésus laisse partir Judas : « Tout est accompli, ici .(...) Ce qui reste encore à faire ailleurs, fais-le vite, Judas de Simon » 600.17 . Le traitre étant sorti, Jésus se lève de table et rassemble les apôtres autour de Lui. Il les éclaire sur le miracle eucharistique : « C'est un miracle qui, par sa forme, sa durée et sa nature, par son étendue et les limites qu'il atteint, est le plus fort qui puisse exister. Je vous le dis : il est si puissant, surnaturel, inconcevable pour l'homme orgueilleux, que bien peu le comprendront comme il doit être compris et que beaucoup le négligeront » 600.19 . Il poursuit : « Mes petits enfants, c'est pour peu de temps encore que je reste avec vous » 600.21 , (Jn 13,31-35). Il doit être alors environ 21h30 . C'est ensuite le temps de l'annonce du reniement de Pierre (Lc 22,31-34 ; Jn 13, 36-38) que Matthieu et Marc (Mt 26,33-35 ; Mc 14,29-31), sans doute peu soucieux de restituer une chronologie rigoureuse, ont préféré situer hors du Cénacle, sur le chemin qui mène au Gethsémani. Saint Jean consacre, dans son évangile, quatre chapitres à ce dernier enseignement du Christ, juste avant son arrestation(Jn 14 à 17 inclus). Pendant encore une heure , Jésus encourage, réconforte, éclaire et donne d'ultimes conseils. Le compte rendu de Maria Valtorta est bien entendu compatible avec celui de saint Jean. Par la spontanéité et la véracité des dialogues, il nous rend présent et vivant le récit de cette heure tragique et nourrit notre méditation sur le mystère de la Rédemption. A l'issue de cet enseignement, Jésus conclut par sa prière solennelle au Père, puis ordonne : « Mettons nos manteaux maintenant et partons » 600.38 . La Cène pascale est achevée... * Quel théologien aura à cœur d'analyser ces ultimes gestes et paroles du Maître dans les heures qui précédèrent sa Passion, pour nous aider à en apprécier la quintessence. Dans un commentaire donné à Maria Valtorta, Jésus indique les pistes d'une telle étude. « De l'épisode de la Cène, en plus de la considération de la charité d'un Dieu qui se fait nourriture pour les hommes, ressortent quatre enseignements principaux » 600.39 , précise-t-Il : « Un : la nécessité pour tous les fils de Dieu d'obéir à la Loi . (...) La Loi disait que l'on devait pour Pâque consommer l'agneau selon le rituel donné par le Très-Haut à Moïse et Moi, vrai Fils du vrai Dieu, je ne me suis pas considéré, à cause de ma qualité divine, comme exempt de la Loi... » 600.39 . « Deux : la puissance de la prière de Marie . (...) J'étais Dieu fait Chair. Une Chair qui pour être sans tache possédait la force spirituelle pour dominer la chair. Et pourtant je ne refuse pas, j'appelle au contraire l'aide de la Pleine de Grâce... » 600.40 . « Trois : la maîtrise de soi-même et l'endurance de l'offense, charité sublime par dessus tout . (...) Qu'a pu être pour Moi d'avoir avec Moi à ma table celui qui me trahissait, de devoir me donner à lui, de devoir m'humilier à lui, de devoir partager avec lui le calice rituel. .. » 600.41 . « Quatre : le Sacrement opère d'autant plus que l'on est digne de le recevoir (...) En effet quand quelqu'un aime, il tend à réjouir celui qu'il aime. Jean, qui m'aimait comme personne et qui était pur, eut du Sacrement le maximum de transformation ... » 600.42 . FOOTNOTES : Selon la tradition, Zacharie apporta à Vienne une relique que lui avait transmise saint Pierre : la nappe de lin très fin sur laquelle Jésus célébra la dernière Cène. Cette relique (la sainte toaille, ou touaille, ou le saint mantil), conservée dans l'église Saint Pierre de Vienne (Rhône), fut authentifiée par plusieurs papes, dont Innocent IV. (Voir .Jean Le Lièvre Histoire de l'antiquité et sainteté de la cité de Vienne en la Gaule 1623, page 63 ou encore Maistre, Hommes illustres de la primitive Eglise 1874, pages 182 à 184). Elle disparut durant la Révolution française. : C'est le charoset (ou harosseth ), sauce rituelle couleur de brique, dans laquelle on trempe le pain et les herbes amères (voir aussi MV 634.15). : Les traducteurs de ce verset (Lc 22,32) écrivent plutôt « quand tu seras revenu » ou « quand tu seras converti ». La citation de Maria Valtorta semble convaincante d'après le contexte.. : Luc (Lc 22,38) rapporte que Jésus dit : « C'est assez ». Les exégètes interprètent le plus souvent: « deux épées suffiront à faire apparaître Jésus comme un criminel ». En effet, selon la Loi deux témoignages concordants suffisaient pour constituer une preuve. : Aujourd'hui encore, durant le Sedēr , et selon la procédure prescrite par la Haggada , la troisième des quatre coupes rituelles est prise après cette étape du repas. : Justement à ce moment du repas, dans le cérémonial du Seder, intervient une ablution ( netyllat yadayim ) suivie d'une bénédiction. : Maria Valtorta note Ps 118, conformément à la numérotation en vigueur alors. C'est maintenant le psaume 119, qui comporte 176 versets. : René Laurentin et François-Michel Debroise, ( La vie de Marie d'après les révélations des mystiques éd. Salvator 2011, p.165) notent que les mystiques C. Emmerich, Marie d'Agreda et Consuelo mentionnent également cette participation de Marie à l'Eucharistie durant la Cène. C'est également l'opinion de Sainte Edith Stein, Le secret de la Croix , qui écrit à propos du jeudi Saint : « La Sainte Écriture ne le dit pas, mais il n'y a pas à douter que la Mère de Dieu était présente ». : Car Jésus dit à Pierre : « Maintenant c'est encore la première veille » 600.23 . : Arrivés au Gethsémani, Jésus annonce que son arrestation aura lieu « avant que la lune ne soit au sommet de son arc » 602.4 .c'est-à-dire avant minuit, et il leur faut bien trente minutes pour atteindre le Gethsémani.
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Troisième année de vie publique
Les serviteurs inutiles
Dans la nuit du mercredi au jeudi, alors que « la grève blanchit dans la nuit sans lune » 422.1 , les apôtres et Jésus reprennent leur marche vers le nord, pour traverser le Jourdain à la hauteur de Bethseam. « Je veux aller à Césarée Maritime, en passant par la Samarie » 422.1 confirme Jésus, répondant à une interrogation de Philippe . Cette nouvelle suscite un nouvel accès de colère de la part de Judas, désormais coutumier du fait. Il s'emporte contre le Maître : « Tu nous as tout enlevé : maison, gain, affections, tranquillité. Nous sommes des persécutés pour ta cause, et nous le serons aussi par la suite. Parce que Toi, tu le dis sur tous les tons, un beau jour tu t'en iras. Mais nous, nous restons, mais nous resterons ruinés ... » 422.5 . Et Jésus, inlassablement, reprend l'apôtre rebelle et donne l'enseignement à tous : « En vérité je vous dis que personne ne doit se vanter de faire son propre devoir et exiger pour cela, qui est un devoir, des faveurs spéciales » 422.7 . C'est l'occasion de l'enseignement « du serviteur inutile » rapporté par saint Luc (Lc 17,7-10). FOOTNOTES : C'est la 2e nuit après le dernier quartier. La lune se lève après 1h du matin. Mais Jésus a noté en MV 421.1 qu'ils profiteraient de la blancheur de la grève pour avancer malgré l'absence de la lune. Et peu avant l'aube, Jésus dit : « La lune en ses derniers jours lève toujours plus haut son fin croissant » 422.7 . confirmant parfaitement la date. : C'est ce que Jésus avait prévu à Béthanie (en MV 415.4).
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Troisième année de vie publique
La rencontre avec les romaines à Césarée
Avant de rencontrer les romaines, Jésus et les siens vont évangéliser pendant quelques jours les alentours de Césarée. Plusieurs disciples présents dans la région se joignent au groupe. Chemin faisant, la discussion porte sur le Royaume et les élus. « Et nous y serons tous ? » demandent les apôtres. « Tous ». « Et nous ? » demande le groupe déjà nombreux des disciples. « Vous aussi y serez tous » 424.2 . Arrivé dans Césarée, Jésus parle sur une grand place. Il donne une parabole inconnue des Écritures , sur les deux dons divins : « le temps et la libre volonté que Dieu donne à tout homme pour qu'il en use comme il croit bon » 425.9 . Puis Il se retire dans la maison de Simon le cordier, après avoir signalé aux esclaves des romaines son départ le soir même . Plautina, Valéria, Lidia et Albula Domitilla viennent rapidement pour rencontrer Jésus. « Claudia nous envoie justement parce qu'elle croit que tu es plus qu'un juste et qu'elle ne tient pas compte des paroles qu'elle a entendues. Cependant elle veut que tu le confirmes pour doubler la vénération qu'elle te porte » 426.4 précise Plautina. Et si Jésus a fait ce long détour par Césarée, c'est justement pour dissiper les dernières suspicions de Claudia, après les propos hasardeux de Judas lors de son passage à l'Antonia . Répondant à toutes les questions de Plautina, Jésus fait l'éloge de Virgile : « Son esprit enflammé de pureté et de génie s'est élevé jusqu'à la connaissance d'une page qui me concerne , et on peut l'appeler le poète païen et juste, un esprit prophétique et pré chrétien récompensant ses vertus » 426.6 . Jésus tente d'obtenir de Claudia la liberté pour Aurea, une jeune esclave promise à un sort horrible. Pour les romaines l'affaire s'avère délicate, car contraire au pouvoir du maître sur ses esclaves . « S'il l'a achetée… elle lui appartient... elle ne pourra rien… Esclave achetée… objet dont on peut disposer » 426.8 , déclare Plautina. Mais Claudia peut tout. La nuit est bien avancée lorsqu'enfin la fillette encore terrorisée est confiée à Jésus qui rassure encore Lidia : « Adieu, Lidia. Dis à Claudia que ce sont les conquêtes auxquelles je prétends, pas à d'autres » 426.14 . Puis Il s'éloigne au plus vite de Césarée, en compagnie des apôtres. La lune maintenant couchée les oblige bientôt à s'arrêter en attendant l'aube. FOOTNOTES : Il faut noter bien sûr que Judas est absent ! Mais Nicolaï d'Antioche est là. Ce serait donc un indice supplémentaire que les attaques contre sa personne furent injustifiées (voir l'Enigme Valtorta , tome 1 pages 145-146 ). : Par certains aspects, cette parabole évoque aussi la parabole des talents . : Ce ne peut-être que le jeudi 7 juin 29. Un peu plus loin, Pierre dit à Jésus « Maintenant, c'est la nouvelle lune » 426.10 , et au chapitre suivant d'autres descriptions lunaires confirment cette date, juste l'avant-veille du sabbat. : Comme indiqué en MV 393.4 et MV 400.5. : Voir Bucoliques IV 4-17 : jusqu'au Moyen Âge, cette allégorie fut interprétée dans un sens chrétien et considérée comme une prophétie annonçant la venue du Christ. Soixante six ans après Maria Valtorta, le pape Benoît XVI apporte en quelque sorte sa caution à ce texte. (Voir Benoît XVI, L'enfance de Jésus , 2012 page 89). : La situation matérielle des esclaves fut variable. En 19 la loi Petronia défend au maître de livrer l'esclave aux bêtes pour les jeux du cirque, sauf s'il a été reconnu coupable.. Mais leur situation juridique est toujours la même : ce sont des choses ( res mancipi ) sur lesquelles le maître a des droits ( dominum potestas ) ! : Dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8, la lune se couche 1h30 avant les premières lueurs de l'aube, justifiant pleinement cette remarque de Maria Valtorta : « ... bien court est le temps qui s'écoule entre le coucher de la lune et l'apparition des premières clartés de l'aube » 427.1 .
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Troisième année de vie publique
En allant vers Nazareth
Le jour venu, ils reprennent la route en marchant aussi vite que possible vers la plaine d'Esdrelon. Mais la perspective de retrouver bientôt Judas pendant qu'ils escortent la petite païenne ne rassure pas les apôtres. « Prions ! Et le Père nous aidera … » 427.6 leur recommande Jésus. En débouchant dans la plaine, la Providence met sur leur route un groupe de disciples conduits par Isaac, avec Benjamin, Daniel, Cléophas et Jean d'Ephèse accompagnant le char des deux femmes disciples Noémie et Myrta. La fillette, épuisée et fiévreuse, leur est immédiatement confiée, avec mission de la conduire discrètement dans la maison de Nazareth. « Que soit remercié le Seigneur ! … » dit Jésus. « Oui, c'est bien pour la fillette et c'est bien à cause de Judas… Il vaut mieux qu'il ne sache rien … » 427.9 répond un apôtre. Ayant parcouru vingt-cinq kilomètres depuis Césarée, dans des conditions assez éprouvantes, ils se reposent autour d'un repas frugal pris en commun. Mais la menace d'un orage les incite à atteindre rapidement les premières fermes dans la plaine. Au pont sur le Kison, ils retrouvent Judas et rapidement ils atteignent tous ensemble une maison hospitalière pour s'abriter. Le lendemain matin, jour de sabbat, ils se rendent sur les terres du synhédriste Yochanan ben Zacchaî , toutes proches. « Prenons ce sentier boisé, nous abrégerons la route » 429.3 propose Jésus, soucieux de respecter le précepte sabbatique. Au chapitre suivant, Maria Valtorta note que Jésus « chemine par un petit chemin boisé » 430.1 . Cette cohérence est tout à fait remarquable lorsqu'on observe que cet épisode a été reçu en juin 1944, deux ans plus tôt que le précèdent daté de mai 1946 ! Jésus est surpris par le maître des lieux au moment où Il remet en place un nid tombé au sol. Le pharisien s'empresse d'accuser Jésus d'avoir violé le sabbat en accomplissant un travail manuel ! La réponse de Jésus est à la fois éducative et prophétique. « Aujourd'hui tu n'as pas pitié d'une fauvette àtête noire, et au nom des pratiques pharisaïques tu la ferais mourir de douleur . (...) Demain, de la même manière, tu n'auras pas pitié d'une mère et tu la feras mourir de douleur en faisant tuer sa descendance ... » 430.4 . Comment, dans ces circonstances, rendre visite à Michée et à ses compagnons paysans sans attirer sur eux la colère du maître ? Le pragmatique Thomas propose : « Restons ici jusqu'au crépuscule pour ne pas violer le sabbat » 431.2 . Mais un apôtre ira discrètement prévenir les paysans d'un nouveau rendez-vous pour la nuit prochaine , sur les premières collines de Séphoris, en bordure de la plaine d'Esdrelon, à six ou sept kilomètres de chez eux. C'est ce qu'ils font. Mais après une assez rapide réunion confraternelle, dont la brièveté est imposée par les circonstances, ils doivent se séparer. Jésus promet cependant à ses amis paysans qu'Il reviendra. Accompagné de Simon, Thomas et ses cousins, Il prend ensuite la route de Nazareth, tandis que les autres apôtres partent en direction de Capharnaüm. FOOTNOTES : Il n'est pas nommé dans les évangiles, mais il est bien connu du Talmud. Jésus lui a déjà parlé brièvement au Temple, dans une invective adressée à plusieurs docteurs de la Loi (MV 373.5). : Dans la nuit du 9 au 10, (milieu du premier quartier), la lune est levée avant le coucher du soleil, et éclaire le ciel nocturne jusqu'au-delà de 2h30.
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Troisième année de vie publique
Dans la paix de la maison de Nazareth
Enfin quelques jours de repos et de calme auprès de Marie, après cette période tourmentée. « Le Mal sent qu'il va être vaincu et il est furieux… et il rend furieux » 433.5 dit simplement Jésus à sa Mère. Myrta voudrait adopter la petite Aurea, mais Jésus indique que la décision ne dépend pas seulement de Lui : « Son âme est mienne, son corps appartient à Valéria » 433.5 . La Vierge Marie se propose pour aller discuter avec la romaine à Tibériade : « Moi, j'irai à ta place, mon Fils. Il n'est pas bien que tu y ailles… Laisse faire à ta Maman. Nous femmes… êtres infimes pour Israël, on ne nous observe pas tant si nous allons parler à des gentils. Et ta Maman est si inconnue du monde ! » 433.5 . Le temps passe vite durant ces journées calmes et paisibles. Thomas s'adonne à quelques ouvrages d'orfèvrerie, tandis que Simon aide de son mieux Jésus, dans les travaux d'entretien de la maisonnette. Tous deux profitent pleinement des enseignements du Maître. C'est maintenant le vendredi 29 juin . L'après midi s'achève lorsqu'arrivent à l'improviste Pierre et ses compagnons, sauf Barthélemy souffrant, et l'Iscariote absent. Après s'être enquis de leur voyage, Jésus observe : « Vous pouviez vous épargner tout cela. Moi, je n'aurais pas tardé de venir … » « Quand ? » « Après que le soleil serait sorti du Lion ». « Et il te semble que l'on pouvait rester si longtemps sans Toi ? » 435.4 . Chacun s'informe de ce qu'ont fait les autres pendant ces quelques jours. Tous ont plus ou moins vaqué à leurs occupations domestiques. Mais la réponse de Matthieu retient notre attention : « Moi, je n'ai personne à qui faire plaisir… et alors, je me suis fait plaisir à moi-même en écrivant les choses dont il me plaît davantage de me souvenir » 435.5 . C'est là un nouvel indice que quelques apôtres et disciples prenaient des notes pour retenir les paroles de Jésus, et que Matthieu n'a surement pas attendu trente ou quarante ans après l'Ascension pour commencer à rédiger son évangile, comme certains tentent pourtant de le faire croire, contre toute logique. C'est un sabbat mémorable. Une paix et une harmonie parfaites règnent dans la maison de Marie. La Vierge raconte à Aurea les histoires anciennes d'Israël, mais bientôt tous l'écoutent avec attention et aussi avec beaucoup d'émotion lorsqu'Elle évoque l'épée qui est dans son cœur depuis trente-deux ans. Puis le lundi suivant comme prévu, Marie et sa belle-sœur se rendent à Tibériade pour y rencontrer Valéria. La romaine, déjà très avancée dans son acceptation de la doctrine de Jésus, adhère spontanément à la requête de Marie en faveur d'Aurea. Elle donne ce message pour Jésus : « Dis à ton Fils ces mots : En souvenir de Faustina dont tu as sauvé la chair, Valéria te laisse Aurea pour que tu sauves son esprit » 438.9 . La mission de Marie est donc une réussite, mais sa joie est de courte durée, gâchée quelques instants plus tard, par la rencontre inopinée avec Judas hirsute et visiblement aviné... Il n'est bien sûr pas question d'évoquer cette malheureuse rencontre, lorsque Marie rentre le jeudi soir, bien fatiguée, à Nazareth. « Pauvre Maman, comme tu es fatiguée à cause de Moi ! » « Oh ! non, Jésus ! Il n'y a pas de fatigue quand tu es heureux » 439.2 . Pour pouvoir passer un nouveau sabbat , en compagnie de Jésus et Marie, les disciples de Bethléem et les apôtres de Capharnaüm se présentent en fin de journée, le vendredi. Seul manque encore Judas, qu'Isaac a rencontré à Tibériade, mais qui a refusé l'invitation. Le cousin Joseph, en chef de famille autoritaire, vient féliciter Jésus pour la vie qu'Il mène depuis un mois, et pour Lui conseiller de continuer ainsi. Mais Jésus, coupant court toute discussion avec son cousin obstiné, lui répond : « Il ne faut pas que tu plaides en ma faveur car une heure après le coucher du soleil, je partirai pour retourner évangéliser comme c'est mon devoir d'obéissance envers le Très-Haut » 440.8 . Et de fait, le soir venu, accompagnant Myrta et Noémie à Bethléem de Galilée, Jésus, ses apôtres et quelques disciples reprennent la route. Chemin faisant, Margziam qui s'est joint au groupe, console Aurea, triste d'être séparée de Marie. « Crois-le, les disciples sont toutes bonnes et Jésus sait à qui donner les malheureux que nous sommes » 441.6. Alors qu'ils avancent à « la lumière blanche de la lune à l'orient » 441.7 , la lueur d'un incendie les surprend tous. Le feu de broussailles, de plus en plus violent, menace un village. « Pauvres gens ! Ils vont tout perdre ! disent plusieurs » 441.8 . Jésus étend les bras et crie : « Arrête-toi ! Meurs ! Je le veux » 441.8 et aussitôt le feu baisse d'intensité, puis s'éteint. Certes ce miracle n'est pas relaté dans les évangiles, mais le récit du miracle de la tempête apaisée suffit à nous rendre crédible ce témoignage inédit. A peine Jésus a-t-Il quitté Nazareth que Judas, très tourmenté, y arrive pour vérifier si Marie a évoqué avec son Fils leur rencontre à Tibériade. En vain la Vierge tente de convaincre l'apôtre pervers d'aller faire avec humilité des aveux à Jésus. Judas se borne à dire : « Ma vie est répréhensible pour toi … » « Ton refus de guérir m'est douloureux ! Cela seulement … » 442.8 lui répond Marie. Jésus a prévu d'évangéliser la région de Bethléem de Galilée, mais tout d'abord Il veut satisfaire le souhait de Margziam de rendre visite à son grand-père, sur les terre de Giocana. Hélas, lorsqu'ils arrivent, le vieillard est mourant. Maria Valtorta décrit de façon émouvante l'agonie du parent de Margziam qui meurt en paix dans les bras de Jésus, après qu'Il l'ait absout de tous ses péchés : « Moi, par mon pouvoir de Juge et de Sauveur, je t'absous de ce que, dans ta vie, tu peux avoir commis de fautes ou d'omissions, et des sentiments de l'âme contre la charité etenvers qui t'a haï. Je te pardonne tout, ô fils, va en paix ! » 443.3 . Ensuite Jésus déclare : « Il y en a peu en Israël qui aient eu la faveur qu'a eue ce juste de mourir sur la poitrine du Sauveur » 443.5 . FOOTNOTES : Au moins deux indices précisent la date : « Cela fait deux semaines et demie » 435.4 dit Pierre, qui ajoute parlant de Judas : « aux deux sabbats, il n'est pas venu… et le troisième, c'est nous qui venons » 435.4 . Depuis le dimanche 10/6, 2 semaines et 4 jours plus tard, c'est le vendredi 29/06/29. Et après les sabbats du 16 et du 23, le 30, c'est effectivement le 3 e sabbat. : Jésus a déjà utilisé ce repère "astronomique" en août 27 (MV 102.1) qui indique une date vers le 18/20 août, et supposerait une séparation de 2 mois ½, d'où la réaction de Pierre ! : C'est le quatrième sabbat depuis l'arrivée de Jésus à Nazareth, comme le précise Pierre. : Ce détail anodin confirme la date du samedi 14 juillet au dimanche 15, puisque c'est le seul samedi du mois où la lune se lève après l'arrivée de la nuit, deux jours après la pleine lune. : On apprend même que Judas a sciemment attendu le départ de Jésus pour venir frapper à la porte de Marie. : A rapprocher de la formule de l'Onction des malades , telle que l'a instaurée le Concile Vatican II : « Que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'il vous sauve et vous relève ». (Constitution apostolique Sacram unctionem infirmorum du 30/11/1972).
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Troisième année de vie publique
Le retour à Tibériade et à Capharnaüm
Ayant dû s'isoler durant les sept jours de purification, puis attendre le sabbat, c'est donc le lundi 23 juillet que le groupe apostolique repart en direction du Thabor et du lac, en se dirigeant vers Tarichée où devraient se trouver les barques . Jésus envoie Mathieu, Philippe, André et Jacques vers Nazareth. Margziam se joint à eux, car il aspire à être réconforté par Marie. « Vous direz aux femmes le motif du retard, et de fermer la maison et de venir. Nous resterons ensemble pendant toute une lune » 444.1 demande Jésus à ceux qui partent. Chacun fait l'éloge de Margziam, et d'une pratique qu'il semble avoir imaginé spontanément. « Je pense, en offrant des suffrages, aux âmes pour lesquelles personne ne prie et je dis : s'il n'en est plus besoin pour mon père, que ces sacrifices aillent à ceux à qui personne ne pense » 444.2 . Ils entrent à Tibériade à l'aurore, mais un violent orage éclate, retardant un peu l'arrivée de Marie et des apôtres envoyés à Nazareth. Judas rejoint Jésus. Il finit par demander son pardon du bout des lèvres, mais n'en avoue pas pour autant ses fautes à Jésus. Lorsque Marie se présente à Tibériade, sa première démarche est d'intercéder auprès de son Fils en faveur de Samuel, un habitant de Nazareth dont la mauvaise conduite a fini par causer la mort de sa pauvre mère. Jésus objecte : « Mère, j'ai cherché à convertir Samuel pendant mes séjours à Nazareth. Mais inutilement, car en lui était éteint l'amour » 445.14 . Mais on ne saurait mésestimer la force de l'intercession de Marie auprès du Christ. En peu de mots, Marie est exaucée. « C'est bien. Tu as gagné, Mère… » 445.14 . lui dit Jésus, qui envoie Judas et Joseph à Nazareth y chercher Samuel. Rendez-vous est pris à Capharnaüm, où tous les autres vont se rendre dès le lendemain. Durant le sabbat, dans la synagogue de Capharnaüm, Judas, revenu de sa mission à Nazareth, critique Jésus en public, pour sa trop grande douceur. Il se fait reprendre vertement : « Toi, mon apôtre, ne scandalise pas en donnant l'exemple de la colère et de la critique » 447.1 , puis Il poursuit : « Moi, je tolère et je pardonne. Moi, je suis doux, humble et pacifique . Les fils de la colère ne peuvent rester avec Moi car ils sont fils du siècle et de leurs passions » 447.1 . Le thème de l'enseignement du jour sera justement la miséricorde divine. Hélas, l'intervention de Judas ne sera pas la seule interruption... Quelques instants plus tard, c'est le pharisien Elie qui perturbe le discours du Christ. Comme Jésus l'avait dit en commençant, « dans des cœurs troublés, la parole de Dieu ne peut pénétrer avec fruit » 447.1 . Désormais il est clair que les enseignements publics programmés à l'avance seront systématiquement perturbés par des provocateurs. Jésus doit donc changer de méthode pour transmettre sa doctrine aux foules. « Et maintenant écoutez. Ici, dans la synagogue et dans la ville il est inutile de parler. Je parlerai des barques sur le lac tantôt ici, tantôt là. Vous préparerez les barques, autant qu'il en faut, et nous irons dans les soirées tranquilles ou dans les aubes fraîches … » 447.8 . FOOTNOTES : Pierre, avant le départ, a demandé aux aides de venir tous les trois jours à Tarichée. Soit lundi 16 ; jeudi 19 ; dimanche 22 et donc ils les retrouveront le mercredi 25. : Ils vont rester ensemble tout le mois d'août... Ce qui est confirmé en MV 445.3. (La nouvelle lune a lieu dans 4 jours). : La Bible témoigne de cette dévotion envers les âmes du purgatoire (2 Maccabées 12,42-45), tant recommandée par saint François de Sales ou par saint Robert Bellarmin par exemple. : Matthieu rapporte par ailleurs : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29).
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L'évangélisation autour du lac
Dans la soirée du samedi 4 août , c'est une petite flottille qui appareille pour Magdala, où Jésus veut accomplir la promesse faite à Marie-Madeleine lors de leur dernière conversation il y a déjà trois mois (MV 415.4). Quand les barques s'approchent de Magdala, beaucoup d'autres viennent se regrouper spontanément autour d'elles, et Jésus décide donc de parler là où ils sont, sans accoster. Ainsi aucun trublion ne viendra les perturber. Jésus soumet au jugement de la foule, sous forme d'une parabole, une pensée et une action dont Pierre fut l'auteur peu de temps avant. « Hélas ! Pauvre Pierre ! Si Dieu l'avait jugé d'après l'avis de ceux qui étaient là, Il l'aurait condamné » 448.8 constate Maria Valtorta. Jésus montre à chacun leur erreur de jugement, en montrant que la faute, ici, n'est qu'apparente. « La faute, quand est-ce qu'elle se produit ? Quand il y a la volonté de pécher, la conscience que l'on pécherait, et que l'on persiste à vouloir pécher même après que l'on a pris conscience que telle action est un péché » 448.8 . Et pour bien faire comprendre à son auditoire cette pensée, Jésus l'illustre de plusieurs exemples concrets. Et Il affirme : « C'est toujours la volonté qui donne à l'acte sa valeur » C'est l'après-midi de dimanche . Jésus décide : « Prenez des provisions et des vêtements pour plusieurs jours. Nous allons à Ippo et de là à Gamala et à Aféca pour descendre à Gerghesa et revenir ici avant le sabbat » 449.1 . L'idée de devoir reprendre leur déplacements par ces fortes chaleurs n'enthousiasme guère les apôtres, mais ce seront d'assez brèves étapes autour du lac, en attendant de plus longs déplacements vers le nord, dès que le temps le permettra. Leur première halte est pour le petit port qui précède Hippos . L'annonce de la venue du Sauveur se propage, suscitant l'espoir pour la plupart des miséreux du village. Puis les cris de joie se mêlent aux hosannas : « Miracle ! Miracle ! Le fils d'Élise, abandonné par les médecins, le voilà, il est guéri ! » 450.4 . Puis c'est un aveugle qui s'exclame : « Ah ! Je vois ! Je vois ! De nouveau je vois ! Laissez-moi passer que je dépose un baiser sur les pieds de mon Seigneur ! » 450.6 . Tous se pressent autour du Christ qui a bien du mal à se frayer un passage pour s'approcher d'une grotte dans laquelle survit un lépreux depuis quinze ans. Malgré ses immenses épreuves, l'homme n'a jamais cessé de croire, d'aimer, et d'espérer dans le Seigneur. En le guérissant, Jésus déclare : « En vérité, en vérité je vous dis que la vrai charité, la vraie foi et la véritable espérance s'éprouvent dans la douleur plus que dans la joie, car l'excès de joie est parfois une ruine pour un esprit encore informe » 450.10 . Jésus reste une journée entière dans le petit port où Il est si bien accueilli, « pour bénir vos maisons, vos jardins, vos barques, pour que chaque famille soit sanctifiée et que le travail aussi soit sanctifié » 451.3 précise-t-Il aux habitants. Il retourne avec eux près du lépreux guéri, « car Moi, je ne reviendrai plus et il est juste qu'il m'entende au moins une fois » 451.9 . Et Il lui confie la mission d'évangéliser cette région : « Aëra et Arbela ont leur fils comme disciple pour l'évangélisation . Toi, sois-le pour Ippo, Gamala, Aféca et les villes voisines » 452.1 . Pour tous les habitants du village, Jésus base son enseignement sur la nécessité de respecter le Décalogue pour conquérir le Royaume. A Hippos, qu'Il aborde le lendemain, Jésus prêche sur l'amour dû au prochain. « Les sacrifices sont vains et aussi les prières, s'ils n'ont pas comme base et comme autel l'amour du prochain » 453.4 . Observant que plusieurs « occupent des gens qui ne sont pas d'ici », Jésus les interroge : « Pourquoi ne pas secourir d'abord les gens de la ville ? » 453.3 . Pour ceux nombreux qui voudraient devenir ses disciples, le Seigneur résume ainsi toute sa doctrine d'amour : « Moi, je suis en fait dans le mendiant que l'on rassasie, dont on calme la soif, que l'on habille, que l'on loge. Je suis dans l'orphelin recueilli par amour, dans le vieillard que l'on secourt, dans la veuve que l'on aide, dans le pèlerin que l'on loge, dans le malade que l'on soigne. Et je suis dans l'affligé que l'on réconforte, dans celui qui doute que l'on rassure, dans l'ignorant que l'on instruit. Je suis où on reçoit l'amour. Et toute chose qui est faite à un frère dépourvu de moyens matériels ou spirituels, c'est à Moi qu'elle est faite » 453.4 . Il rappelle que sa doctrine est facile et que son joug est léger (Mt 11,30 et MV 268.8). La population étant bienveillante et accueillante, là Jésus accomplit un miracle collectif au profit d'une centaine de pauvres. Le soir tombe lorsque le groupe apostolique quitte Hippos. Maria Valtorta observe le chemin « certainement construit par les romains pour avoir ainsi des pavés réguliers » 454.2 . C'est maintenant Gamala qui va recevoir la visite du Sauveur. Mais Jésus veut y entrer à l'aube, et après une brève marche sous le clair de lune, il ordonne la halte devant une grotte où les femmes s'abriterons pour la nuit, tandis que les hommes dormiront au clair de lune . Quand ils arrivent à Gamala, de tôt matin, de nombreux esclaves sont déjà au travail. Le cité est un immense chantier de fortifications. Plutôt que d'entrer dans la ville, Jésus demande aux habitants de s'approcher du chantier, et d'interrompre les travaux, afin que tous puissent profiter de sa parole. En ce lieu où tous renforcent les défenses naturelles de la cité, Jésus enseigne que « la véritable défense contre les malheurs de l'homme » ce ne sont pas ces fortifications, aussi impressionnantes soient-elles, mais « les vertus conquises dans la solitude, c'est-à-dire à l'intérieur de l'individu seul avec lui-même, qui travaille pour se sanctifier en élevant des montagnes de charité, en abaissant des cimes d'orgueil, en redressant les chemins tortueux de la concupiscence (...) et l'homme sera défendu par Dieu contre les embûches des ennemis spirituels et matériels » 455.11 . Et comme Il l'avait fait la veille à Hippos, Jésus exhorte les habitants de Gamala : « élever la défense la plus valable pour votre ville : celle de l'amour entre vous » 455.16 . A Aféca, où Il se rend le jeudi, une riche veuve, Sara, fait visiter son domaine à Jésus, fière de Lui montrer l'opulence des lieux, et elle s'inquiète de ce que deviendront ces richesses, n'ayant aucun héritier. « Tu es plus sage pour les choses de la Terre que pour celles du Ciel, femme » lui dit Jésus. « Redresse ta pensée, femme . (...) dans le Royaume de Dieu, que veux-tu que soit désormais, pour quelqu'un qui contemple Dieu, cette prison misérable, cet exil qui a pour nom : Terre ? Que peuvent être pour lui les choses qu'il y a laissées ? Le jour pourrait-il regretter une lampe fumeuse quand le soleil l'éclaire ? » 456.5 . Sara se montre prompte a comprendre, attentive aussi au témoignage de Pierre, ce qui lui vaudra bientôt ce compliment du Christ : « Tu as beaucoup progressé en peu d'heures » 457.5 . Lorsque Jésus s'apprête à parler, en fin de journée, sur la place du village, la foule hétéroclite qui L'entoure est très partagée entre sympathisants et opposants. Aussi Il débute son discours en se présentant comme un signe de contradiction . « Si j'ai été placé comme un signe de contradiction, je suis placé aussi comme un signe pour toutes les nations, et qui m'aimera sera sauvé » 457.3 . Un chef de synagogue intervient, reprochant à Jésus de ne pas prêcher d'abord en Judée. Jésus lui répond qu'Il s'y rendra longuement, mais que cela ne changera pas les cœurs de beaucoup, même quand le Sang descendra sur la pierre. « Le sang ne doit pas tomber sur la pierre. C'est péché » réplique le chef de synagogue. « Le Sang, vous le verserez avec joie sur la pierre, pour qu'il y reste » lui répond le Christ. La dernière journée de cette semaine bien chargée aurait dû être pour Gerghésa, que le groupe apostolique atteint le jeudi en soirée. Mais un messager, venu de Capharnaüm annonce que Jésus y est attendu au plus vite. Ils vont se faire prêter des barques pour rentrer immédiatement. Lors du premier passage de Jésus à Gerghésa, en janvier 28, Il y avait guéri Siméon en lui recommandant « Ne pèche plus », mais l'homme a péché d'avantage encore. Jésus cite alors fort à propos un proverbe de Salomon : « C'est une ruine pour l'homme de dévorer les saints, et après avoir fait un vœu, de s'en repentir » 458.2 . Puis Il recommande à se auditeurs d'être miséricordieux envers les pécheurs repentis. « Entourez même de votre amour les frères qui sont revenus à la grâce pour qu'un bon entourage empêche de nouvelles chutes » 458.5 . C'est par une nuit d'orage qu'ils débarquent à Capharnaüm. Judas informe Jésus que des malades attendent. « Demain, nous irons trouver les malades » dit Jésus... « Tu ne peux pas, c'est le sabbat » 459.1 . Pourtant c'est encore le jeudi soir pour notre façon occidentale, et demain pour nous signifie vendredi . Mais la nuit étant venue, pour Jésus et les siens puisque c'est déjà le vendredi, parler de demain équivaut à évoquer le sabbat ! Judas s'éclipse discrètement lorsque Jésus va à la rencontre de Samuel, le mauvais fils de Nazareth, venu supplier Jésus de lui rendre la paix intérieure. Judas s'était particulièrement mal acquitté de sa mission à Nazareth : « Oh ! Tu es bon ! Pas comme celui des tiens qui est sorti tout de suite après être rentré, et qui est venu à Nazareth seulement pour me terroriser ! Eux peuvent le dire … » 459.3 , explique Samuel. FOOTNOTES : La date se déduit, comme si souvent, de plusieurs descriptions lunaires. : Dans le village où ils débarquent, Jésus le confirme indirectement : « Je reste demain et ensuite je serai dans la région pendant cinq jours » 450.7 . : Hippos est située à 2 km à l'intérieur des terres, au sommet d'une colline. Les traces d'un port et d'une voie romaine allant à Hippos ont été découvertes à Ein Gev. : Philippe à Arbela et Timon à Aëra. Jean, l'ancien lépreux, sera le troisième disciple d'au-delà du Jourdain. : Ce n'est pas la première fois que Jésus aborde sur ce thème (Voir MV 371.8). Il y reviendra encore en MV 596 (Episode rapporté par Matthieu 25,31-46) puis encore en MV 632.18. : Remarque en apparence futile et sans grand intérêt, jusqu'à ce que les fouilles archéologiques d'Hippos-Sussita, débutées en 1952 , mettent à jour les premiers tronçons d'une voie romaine présentant justement un dallage très régulier ! : Juste avant l'aube, Maria Valtorta remarque « la lune, tout près de disparaître derrière la crête des monts » 455.1 . En ce matin du mercredi 8 août, la lune se couche effectivement 30 mn avant l'aube, à l'azimut 241°, en direction de Tarichée et des monts de Samarie. Surprenant de précision ! : Ce fut aussi la même recommandation à Massada. Hippos-Sussita fut épargnée, tandis que Gamala et Massada connurent une destruction totale. : Jésus évoque Nombres 20,1-13 et les eaux de Mériba qu'Il nomme ici « eaux de Contradiction ». : « Le sang crie vengeance tant qu'il n'est pas couvert ». (Voir Genèse 4,10 ; Genèse 37,26 ; Isaïe 26,21 ; Job 16,18 ; et surtout Ezéchiel 24,7-9). L'obligation de recouvrir le sang versé est même l'un des 613 préceptes (selon Lévitique 17, 13). : Selon Proverbes 20,25 conformément au texte de la Vulgate et à l'interprétation de la Bible de Sacy en 1759: « C'est une ruine à l'homme de dévorer les saints, et de penser ensuite à faire des vœux ». Curieusement les traductions bibliques modernes semblent donner un sens différent à ce proverbe ?
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Troisième année de vie publique
De Capharnaüm à Tibériade
De très tôt matin Jésus, accompagné de Barthélemy, vient à la rencontre des malades et les guérit tous, en leur recommandant : « Ne dites pas à ceux qui vous interrogent que je vous ai guéris ». Et Barthélemy insiste : « Oui. Ne parlez pas. Vous Lui feriez du mal. Rappelez-vous que c'est le sabbat et que beaucoup le haïssent » 460.3 . Jésus semble nostalgique... La pensée de quitter bientôt et pour toujours Capharnaüm en est-elle la cause ? Les cousins Joseph et Simon rejoignent Jésus, accompagnés de quelques pharisiens envoyés par le sanhédrin pour Lui conseiller de ne plus s'adresser aux foules. Une fois de plus Jésus rappelle l'aspect purement spirituel de sa mission : « Ne craignez personne. Le Fils de l'homme ne dresse pas des embûches aux puissances humaines, mais il vient inculquer la puissance aux esprits » 460.6 . De toutes façons, qui pourrait légalement lui interdire de parler ? « Et vous ne réfléchissez pas que vous ne pouvez pas m'interdire d'entrer comme tout israélite là où on lit et explique les Écritures et où tout circoncis a le droit de parler » 460.6 . Le frère-cousin Joseph, en chef de famille défend Jésus, tout en lui recommandant d'aller prêcher en Judée, comme le Lui demandent les synhédristes. C'est très exactement les circonstances rapportées par Jean(selon Jn 7,1-10) qui a parfaitement résumé en quelques lignes les événements survenus pendant ces journées. Le soir venu, Pierre, André et les fils de Zébédée conduisent Matthieu, Simon, Jésus, sa Mère et sa tante à Tibériade. En cette période estivale, de nombreux notables y sont présents, et pour des motifs divers, complotent pour établir le royaume d'Israël autour de Jésus. Jésus n'est pas dupe de ces manœuvres et Il se confie à Jeanne de Chouza : « En vérité, je dois me garder davantage de ce complot qui se développe dans l'ombre, encouragé par mes vrais ennemis qui ne sont pas au palais proconsulaire de Césarée, ni à celui du Légat à Antioche , ni non plus à l'Antonia, mais qui sont sous les tefilim, les franges et les zizits des vêtements hébraïques » 461.7 . Zénon , un habitant d'Antioche, approche guidé par Pierre et remet à Jésus une lettre de Synthyché. La conversation qui s'en suit, ainsi que le contenu de la lettre comportent de nombreux détails pertinents qu'il n'est malheureusement pas possible de développer ici. L'étude détaillée de ce texte permet de mieux comprendre comment et pourquoi l'église d'Antioche put connaitre un essor si fulgurant. FOOTNOTES : Quelques exemples des Écritures montrent que les visiteurs dans la synagogue pouvaient être invités à lire un passage ou à en donner un commentaire (Ac 13,14-15.42 ; 17,1-4). : L'existence du palais proconsulaire de Césarée, et celle du palais du légat à Antioche, aujourd'hui attestées par l'archéologie et l'histoire, étaient loin d'être une évidence en 1946 ! La présence de Pilate à Césarée n'est attestée historiquement que depuis 1961. : La tradition orthodoxe mentionne un Zénon, (ou Zenas), comme l'un des "70 disciples", évêque de Diospolis (Lydda) fêté le 27 sept. (voir aussi Tite 3,13). Signalons au passage que dans sa conversation avec Jésus, il mentionne Séjan comme vivant, ce qui est compatible avec la chronologie de Maria Valtorta qui place la Passion en l'an 30, mais ne le serait pas pour les tenants de la Passion en l'an 33, puisque Séjan est mort en octobre 31.
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Troisième année de vie publique
La néoménie de Tamouz
Pourtant, dans cette lettre, je crois nécessaire de souligner une donnée essentielle pour la chronologie dans l'œuvre. Synthyché écrit : « Jean est mort le sixième jour avant les nones de juin selon les romains , quasi à la néoménie de Tamuz pour les hébreux ... » 461.16 . Traduite en langage moderne, cette phrase signifie que le 31 mai coïncida cette année là avec la nouvelle lune. L'astronomie montre qu'un tel événement ne se reproduit qu'une seule fois tous les 19 ans(selon le cycle de Méton de 6940 jours). Au premier siècle, cela se produisit en l'an 10, puis en l'an 29, puis en l'an 48, etc. Comme il semble totalement improbable que Maria Valtorta ait pu avoir à sa disposition les éphémérides lunaires du premier siècle, ce détail est vraiment remarquable . Il est par ailleurs complètement cohérent avec la date de la Pâque 29 , déterminée comme nous l'avons vu précédemment au samedi 19 mars. Comme l'a si bien observé Jean Aulagnier, « ce détail, combiné avec ce que l'on sait des années du calendrier juif de l'époque, permet de caler toute la période de la vie publique de Jésus ». FOOTNOTES : Les puristes affirmeront qu'un bon latiniste aurait plutôt écrit « la veille des calendes » ( pridie calendas ). Mais Synthyché, jeune esclave grecque ayant vécu en Palestine, ne maîtrisait peut-être pas toutes les subtilités du latin ? : Les mathématiques prouvent qu'il y avait moins d'une chance sur 2000 que cela puisse tomber pendant une des 3 années de la vie publique, et seulement une sur 6000 que ce soit justement en l'an 29 ! : En effet, dans le calendrier lunaire juif, le 15 Nisan, jour de la Pâque, tombe toujours 75 jours avant le 1er Tamouz. : Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour éd. 1985 p. 299.
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Troisième année de vie publique
Le complot pour élire Jésus roi
Tandis que la Vierge Marie et Marie d'Alphée quittent à l'aube Tibériade en direction de Nazareth, Jésus et les apôtres présents longent la côte vers Tarichée. Jésus veut passer par les thermes de Tibériade, où Il sait retrouver Zénon. Il commence à parler : « Hier, on m'a dit : C'estdifficile de suivre ce que tu fais » 462.6 , faisant allusion aux paroles de Zénon la veille(En MV 461.9). « Non, ce n'est pas difficile. Ma doctrine se base sur l'amour, et il n'est jamais difficile de suivre l'amour. Que prêche ma doctrine ? Le culte d'un Dieu vrai, l'amour pour notre prochain » 462.6 . Et devant cette foule hétéroclite, prouvant ainsi que son message est universel, Jésus déclare : « Moi, pour louer le Dieu vrai, et pour faire qu'Il soit connu et loué par vous, je dis à tous ceux qui sont rassemblés ici, quelles que soient leur race et leur religion, qu'ils auront la santé qu'ils demandent aux eaux et qu'ils l'auront par Moi » 462.6 . Après ce miracle collectif, c'est une foule enthousiaste qui Le suit sur la route de Tarichée. A Tarichée Jésus débute son discours par une citation d'Habaquq : « Tu es sorti pour sauver ton peuple, pour le sauver grâce à ton Christ » 463.2 . Cette formulation originale est très éclairante. Elle diffère sensiblement des traductions bibliques habituelles et mériterait certes un examen attentif de la part des spécialistes. Dans ce discours Jésus se présente une nouvelle fois clairement comme le Messie, et réaffirme que son Royaume est universel et spirituel. « Je suis la Miséricorde. Je viens vous appeler, vous réunir tous. Je suis le Christ Sauveur. Mon Royaume n'est pas de ce monde. Et pourtant, pour celui qui croit en Moi et en ma parole, un royaume naît dans son cœur, dès les jours de ce monde, et c'est le Royaume de Dieu, le Royaume de Dieu en vous » 463.5 . A l'issue de cet important discours, Chouza vient supplier Jésus de l'accompagner dans a maison de campagne, où de nombreux notables l'attendent. « C'est inutile, Chouza. Je sais ce que tu veux me dire » 463.7 . Chouza insiste, et Jésus accepte de le suivre seul, malgré les protestations véhémentes de Pierre, qui ne veut pas laisser son Jésus sans ses apôtres. Jésus n'ignore rien du but de cette réunion secrète , qui rassemble une partie de l'élite d'Israël. « Plus que la guerre ouverte des ennemis, je dois craindre la guerre sournoise des faux amis, ou le zèle injuste des vrais amis, mais qui ne m'ont pas encore compris » 464.1 . Mais s'Il a accepté d'y participer, c'est pour corriger l'erreur dans laquelle certains de ses amis, de bonne foi, sont tombés. « Je vous dis à vous et à ceux qui n'ont pas vos sentiments, et qui avec des buts qui descendent de plus en plus bas jusqu'à la trahison et au crime voudraient que j'accepte d'être roi, je dis : Non. Mon Royaume n'est pas de ce monde. Venez à Moi, pour que j'établisse mon Royaume en vous, rien d'autre » 464.8 . Et juste avant de les quitter rapidement, Jésus les supplie tous : « Ouvrez vos yeux et vos esprits pour lire les Écritures et les Prophètes et pour accueillir ma Vérité, et vous aurez le Royaume de Dieu en vous » 464.10 . Quelle douleur pour le Christ de constater à quel point son message reste incompris des doctes et des savants d'Israël. Il s'enfuit vers la côte, à l'est de Tarichée, et monte sur une haute falaise. Jean, craignant pour son Maître, L'a suivi de loin et maintenant il Le rejoint. « Que t'ont-ils fait, mon Seigneur ? T'ont-ils insulté ? Frappé ? » « Non. Ils voulaient me faire roi. Un pauvre roi, Jean ! Et plusieurs voulaient le faire de bonne foi, par un amour vrai, dans une bonne intention… Le plus grand nombre… pour pouvoir me dénoncer et se débarrasser de Moi… » 464.15 . Jean, seul témoin, est donc le seul évangéliste à évoquer cet épisode douloureux 732. Il le situe entre la première multiplication des pains, et le récit de Jésus marchant sur les eaux, mais Jésus indique que Jean écrivit son évangile tardivement, et ne se préoccupait plus de la chronologie (voir MV 468.1). FOOTNOTES : Habaquq 3,13. La Vulgate : « Egressus es in salutem populi tui in salutem cum christo tuo » est généralement traduite ainsi : « Tu es sorti pour sauver ton peuple, pour sauver ton Christ » : La longue description que nous en donne Maria Valtorta retint l'attention du Bienheureux Gabrielle Allegra (1907-1976), ardent promoteur de l'œuvre : « Le complot ourdi par quelques uns de bonne foi, et beaucoup de mauvaise foi pour Le proclamer Roi, et ainsi Le détruire plus facilement par les mains romaines ; un plan auquel Jean (6, 14-15) fait très sobrement allusion » (Discours de Macao en 1970). Et Jésus, commentant plus loin cette page nous dit : « C'est pour ceux qui ont le cœur droit qu'a été donnée cette page évangélique inconnue et tellement, tellement explicative » 464.17 .
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La Passion et la mort de Jésus
La comparution chez Anna et chez Caïphe
La comparution chez Anna n'est relatée que par saint Jean (Jn 18,13-24), qui résume l'essentiel de cet interrogatoire en quelques mots. Le compte-rendu de Maria Valtorta nous éclaire parfaitement sur la personnalité d'Anna qui, s'il n'était plus le Grand-Prêtre en titre, en avait gardé le prestige, au point que saint Jean lui-même semble faire la confusion (Jn 18,19). Frappé par le sbire, Jésus répond : « C'est à Anna que je parle. Le Pontife c'est Caïphe. Et je parle avec le respect dû au vieillard. Mais s'il te semble que j'ai mal parlé, montre-le-moi. Autrement pourquoi me frappes-tu ? » 604.8 . Il semble que ce soit cette dernière réplique de Jésus qui ait décidé Anna d'en référer à Caïphe, pour donner un semblant de légitimité à l'interrogatoire. Ils conduisent Jésus à Caïphe, et, en traversant une cour, Il aperçoit Jean et Pierre, mêlés à la foule. « Et ils doivent avoir un beau courage pour rester là » 604.9 , constate la voyante. Finalement la décision est prise d'une convocation d'urgence du Sanhédrin . Dès que la plupart des membres sont arrivés, le simulacre de procès commence(Mt 26,57-67 ; Mc 14,53-64 ; Lc 22,54 ; Jn 18,24). Ismaël ben Phiabi attaque le premier : « Dans ma maison, Lui a violé le sabbat. Dieu m'est témoin que je ne mens pas » 604.11 . Un autre accuse : « il avait fait de son repaire un lupanar, et pour comble avec des femmes païennes. Avec moi il y avait Sadoc, Collascebona et Nahum » 604.11 . Et les accusateurs défilent, tandis que Jésus garde le silence. Alors Gamaliel, usant de son autorité proteste : « Illégale est cette séance que nous tenons . Lève-toi, Siméon, et partons (...) Je respecte les règles. Il n'est pas permis de procéder comme nous procédons, et j'en ferai une accusation publique » 604.11 . Il quitte la séance, bientôt suivi de Joseph d'Arimathie qui menace d'en référer à Pilate : « Et de ce pas je vais dire au Préteur qu'ici on tue sans respect pour Rome » 604.12 . Puis son ami Nicodème sort également. Viennent les deux témoins qu'exigeait la loi : « Il évoquait les morts. Il enseignait la rébellion pour le sabbat et la profanation pour l'autel. Nous le jurons. Il disait qu'il voulait détruire le Temple pour le reconstruire en trois jours » 604.13 . Jésus ne répond à aucune de ces accusations, et Caïphe s'emporte : « Réponds à moi, alors. Je suis ton Pontife. Au nom du Dieu vivant, je t'en conjure. Dis-moi : es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? ». « Tu l'as dit. Je le suis. Et vous verrez le Fils de l'homme, assis à la droite de la puissance du Père, venir sur les nuées du ciel. Du reste, pourquoi m'interroges-tu ? J'ai parlé en public pendant trois ans. Je n'ai rien dit de caché. Interroge ceux qui m'ont entendu. Ils te diront ce que j'ai dit et ce que j'ai fait » 604.14 . Un garde le frappe. Le geste est identique, et les circonstances sont pratiquement les mêmes que chez Anna. Saint Jean (Jn 18,22-23) a témoigné de ce qu'il a vu chez Anna, et les synoptiques (Mt 26,67-68; Mc 14,65; Lc 22,63-65) de ce qui s'est passé chez Caïphe. Caïphe abandonne Jésus aux mains des sbires qui l'insultent, le frappent et le couvrent de crachats. « Les heures passent ainsi, et les bourreaux fatigués songent à prendre un peu de repos. Ils mènent Jésus dans un débarras en Lui faisant traverser de nombreuses cours » 604.15 . Lorsque quelques heures plus tard, peu avant l'aube, « un ordre est donné : ramener le Prisonnier dans la salle du Conseil pour un procès plus légal » 604.15 . C'est exactement au moment où Jésus traverse la cour que Pierre nie pour la troisième fois (Mt 26,69-75 ; Mc 14,66-72 ; Lc 22,55-62; Jn 18,25-27). Un coq chante ; au même instant Pierre croise le regard de Jésus. Alors l'apôtre « fait entendre un sanglot et il sort en titubant comme s'il était ivre » 604.15 . Au point du jour, ce deuxième passage dans la salle du conseil est donc une pure formalité pharisaïque. Ayant confirmé officiellement leur sentence, il leur faut alors en référer à l'autorité romaine (Mt 27,1-2 ; Mc 15,1-2 ; Lc 22,66-65, 23-1 ; Jn 18,28). Mais sans doute est-il encore trop tôt pour présenter le Prisonnier devant Pilate. Maria Valtorta observe le long détours à travers la cité : « je comprends que le tour inutile qu'on a fait faire au Condamné pour en faire un objet de moquerie pour toute la ville et permettre à tout le monde de l'insulter, en augmentant à chaque pas ceux qui l'insultent, va se fermer en revenant au point de départ » 604.17 . A l'approche de l'Antonia, les soldats romains interviennent. « Cet homme ? Cette sédition ? Vous en répondrez à Rome » dit avec hauteur un centurion. « Il est passible de mort selon notre loi ». « Et depuis quand vous a-t-on rendu le jus gladii et sanguinis ? » 604.20 . Plus loin dans son récit, Maria Valtorta nous apprend que c'est pendant ce parcours de Jésus dans la ville que Judas qui a erré toute la nuit revient au Temple, « ensanglanté, dépeigné, enflammé par le délire » 605.8 . Il jette l'argent de sa trahison aux pieds des synhédristes qui n'ont pas encore quitté les lieux. « Votre argent, maudits, je n'en veux pas, crie-t-il debout au milieu de la salle, à l'endroit où était avant Jésus » 605.8 (Mt 27, 35). Plus tard, par deux fois encore, ses divagations vont lui faire croiser la route du Sauveur sur le chemin menant chez Hérode. Il s'enfuit, courre ça et là comme un fou dans la campagne et de désespoir il va se pendre, à l'heure où sur le Golgotha se dresse la Croix du Christ. Et pour ceux qui tendraient à minimiser la faute de Judas, Jésus affirme : « de tous les pécheurs et de tous les damnés il est le plus damné et le plus pécheur » 605.14 . FOOTNOTES : Bien que totalement illégale, cette réunion extraordinaire fut rendue possible grâce à la présence dans Jérusalem, pour la Pâque, de tous les synhédristes. : C'était en janvier 29, lors de la guérison de l'hydropique. (MV 335.6/17). : Ce ne peut être que Samuel, faisant allusion au séjour d'Aglaé et à la Belle-Eau. (MV 123.6). : Il était illégal de siéger de nuit : « Ils ne siègeront que depuis le sacrifice du matin jusqu'au sacrifice du soir ». Talmud de Jérusalem, traité Sanhédrin , ch. 1, fol.19. : Mais la loi exigeait qu'ils témoignent séparément : « Séparez-les l'un de l'autre, et je les examinerai » (Daniel 13, 51). : Soeur Josépha Ménendez, Un appel à l'amour , eut le 17/03/1923 une vision de Jésus dans ce cachot lugubre et glacial où Il passa plusieurs heures. C. Emmerich, La Passion de Jésus , Chap. XII évoque également ce cachot, tout comme Marie d'Agreda qui décrit « une espèce de cave souterraine ». : Selon la loi, une condamnation ne pouvait être prononcée que de jour, dans la salle du sanhédrin. : Selon Flavius Josèphe Guerres juives II,117.167, c'est lors de la destitution d'Archélaüs que les romains ôtèrent aux juifs le droit de prononcer une peine de mort.
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La Passion et la mort de Jésus
La mort du Christ en la Pâque de l'an 30
La chronologie, telle qu'elle ressort des écrits de Maria Valtorta ne laisse aucun doute sur cette date du vendredi 5 avril de l'an 30(7 avril julien). Pourtant ceci était loin d'être admis dans les années 1944/1947 : beaucoup hésitaient encore alors entre l'an 30 et l'an 33. Maria Valtorta, dans le livre d'Azarias , reçoit cette précision : « Sois toujours reconnaissante à ton Seigneur de t'avoir fait connaître quelques-unes des mille sept cent trente-sept semaines qu'il vécut dans le monde » . Cette indication extrêmement précise est parfaitement compatible avec la chronologie tirée de son œuvre : entre le mercredi 10 décembre -5, jour de la naissance du Sauveur, et le vendredi 5 avril 30, jour de sa Passion, il s'écoula effectivement mille sept-cent trente sept semaines ! De façon indirecte, des indications du Talmud se rapportent aussi à l'an 30 . Telle celle-ci, du Talmud de Babylone : « Quarante ans avant la destruction du Temple, les portes du Lieu Saint s'ouvriront d'elles-mêmes » . Plusieurs chercheurs considèrent que cette mention est en rapport avec les évènements qui accompagnèrent la mort de Jésus. Des textes anciens évoquant les saints du premier siècle fixent assez fréquemment leur mort par rapport à la Passion ou à l'Ascension du Christ, et conduisent là encore à l'an 30. Ainsi il est écrit de Jacques le mineur « qu'il gouverna l'Église de Jérusalem pendant trente ans ». Puisqu'on sait précisément qu'il mourut à la Pâque 62, cela induit que la Passion de Jésus eut lieu en l'an 30. De même en est-il pour saint Martial de Limoges, « mort en l'an 3 du règne de Vespasien, en la 40e année de l'Ascension de Notre Seigneur, en la 28e année de son épiscopat » . De même également pour saint Mathias (indication transmise par les saints Sophrone, Nicéphore et Dorothée), dont la chronique indique qu'il séjourna en Égypte et en Ethiopie près de trente trois ans. De retour à Jérusalem, il subit la lapidation puis fut décapité devant le Temple en l'an 63. Il quitta donc la Palestine en 30 ou en 31, peu de temps après l'Ascension et après sa nomination. On pourrait ajouter bien d'autres témoignages . FOOTNOTES : Maria Valtorta, Le livre d'Azarias , dimanche des rameaux, page 61. : Notons que ceci est proche de ce témoignage de sainte C. Emmerich : « Jésus-Christ arriva à l'âge de trente-trois ans et trois fois six semaines. Je dis trois fois six, parce que le chiffre six m'est montré en cet instant même trois fois répété ». : Le Talmud rapporte que 40 ans avant l'incendie du Temple, le synhédriste Sadok ne cessa de jeûner pour obtenir de Dieu que le Temple ne fût point livré aux flammes. De même pour Yochanan ben Zachaï « 40 ans avant la destruction du Temple (...) les portes du sanctuaire s'ouvraient d'elles mêmes, jusqu'à ce que Yohanan ben Zakkay leur fit ce reproche: Sanctuaire, sanctuaire, pourquoi t'épouvantes-tu, toi-même ? Je sais que tu seras détruit et déjà à ton sujet Zacharie, fils d'Addo avait prédit » (Yoma 39b et Avoda Zara ch. 1) : Mishna, Sabbat, 24, 5 ; Idioth 7, 1 ; Aboth 4, 5. : Le règne de Vespasien commençant en 69, sa 3e année est en 71, qui est bien la 40e année après l'Ascension en l'an 30. : Signalons encore que deux auteurs des premiers siècle situent clairement la Passion en l'an 30 : Jules l'africain ( Chroniques ) qui la place en « la 2e année de la 202e olympiade » ; et Lactance ( De la mort des persécuteur , chap. 2) qui affirme que les apôtres « jetèrent les fondements de l'Eglise durant l'espace de vingt-cinq années, jusqu'au commencement du règne de Néron ».
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La Passion et la mort de Jésus
L'arrestation au Gethsémani
Sur le trajet qui les mène vers le jardin du Gethsémani, les apôtres discutent de façon désordonnée de ce qu'il leur faudrait faire pour protéger le Maître. « Mais toutes les propositions tombent car réellement va commencer "l'heure des ténèbres" et les jugements humains restent obscurs et confus » 602.2 . Même Jean, pris d'angoisse, supplie Jésus de se sauver. Chacun réagit selon son tempérament, ses craintes et ses illusions. De ces dialogues, (presque des monologues) retransmis par Maria Valtorta se dégage une authenticité indéniable. Est-il concevable qu'un lecteur attentif ose encore, en toute honnêteté, ne voir dans ces lignes que le fruit de l'imagination débordante d'une romancière ? Les événements des derniers jours ont ranimé les instincts combatifs de Simon, l'ancien zélote. Il confie à Jésus qu'avec Pierre ils se sont assurés secrètement du soutien des cousins de Jésus, de quelques galiléens, des bergers, et même de Manaën, Chouza et Nicodème. Lazare, ne pouvant intervenir par obéissance à Jésus, a fourni deux épées : « une pour moi, une pour Pierre » précise-t-il. Tous sont prêts à se regrouper dès l'aube autour de Jésus pour Le protéger. Mais ces dispositions sont vaines : Jésus l'informe de l'imminence de sa capture, « avant que la lune ne soit au sommet de son arc » 602.4 . « Si on pouvait arriver à demain… Mais tu dis que non. Oh ! qu'allons-nous faire, nous ?! » « Tu iras chez Lazare et tu chercheras à y amener autant que tu peux. Non seulement des apôtres, mais aussi des disciples que tu trouveras errants sur les chemins (...) Simon, promets-moi cela. Tu es paisible, fidèle, tu sais parler et en imposer, même à Pierre » 602.8 . Jean, seul témoin de cette dernière volonté du Seigneur, par pudeur envers ses compagnons, n'a rien révélé de ce dialogue, ni de la somnolence à laquelle ils succombèrent quelques minutes plus tard(Mt 26,36-46 ; Mc 14,32-42, Lc 22,40-46). Tandis qu'eux sont assoupis, Maria Valtorta assiste à l'agonie spirituelle de Jésus, et parvient à nous la décrire de façon bouleversante... « Et apparaît la terrible agonie dans le sang qui transsude des pores » 602.18 (Lc 22,43-44). Les circonstances de l'arrestation du Seigneur sont rapportées par les quatre évangélistes(Mt 26,47-56 ; Mc 14,43-50 ; Lc 22,47-52 ; Jn 18,2-11). Naturellement leurs témoignages comportent quelques variantes. La narration des faits par Maria Valtorta, tout en ajoutant des détails inédits, prouve la parfaite compatibilité de ces récits évangéliques. Avec Judas s'approche « une horde de bandits déguisés en soldats » 602.20 . Alors que Jésus vient de se faire reconnaître, le Zélote, profitant de l'instant de stupeur des gardes (Jn 18,6) tente d'atteindre Judas qui s'enfuit sur le champ. Pierre, pour sa part, donne un coup d'épée maladroit au serviteur du grand Prêtre, « il ne fait que lui décoller l'oreille qui reste pendante et laisse couler beaucoup de sang » 602.22 . « Déposez ces armes. Je vous le commande. Si je voulais, j'aurais les anges du Père pour me défendre. Et toi, sois guéri. Dans ton âme, si tu peux, pour commencer » 602.22 déclare Jésus. Les apôtres désemparés s'enfuient en désordre tandis que les sbires entrainent le Seigneur entravé sur le chemin qui mène au quartier d'Ophel. « Commence la douloureuse marche par le petit chemin pierreux qui mène de la petite place où Jésus a été capturé au Cédron et de là, par un autre chemin, vers la ville » 604.1 . Les cris éveillent les dormeurs, et les curieux et les excités amplifient la cohue. Pourtant les soldats romains se contentent d'observer, et laissent passer le cortège bruyant. Le centurion de garde , se contente de fulminer : « Par Jupiter ! (...) Je ne veux pas d'ennuis » 604.3 . Des proches de Jésus, seuls Pierre et Jean restent à proximité. La meute traverse le quartier de Tophet et atteint la maison d'Anna, située à mi-pente du quartier résidentiel de Sion. Les indications de Maria Valtorta sont si précises que Hans Hopfen (© CEV) a pu situer tous les lieux qu'elle décrit sur une carte de Jérusalem. FOOTNOTES : Maria Valtorta évoque ici un fait évoqué seulement par Luc, et que certains manuscrits anciens mettaient en doute. Elle observe que Jésus, voyant son manteau tâché de son sang, le plie sur un rocher. Judas le retrouvera, au petit matin, juste avant de se pendre de désespoir (MV 605.5). : Est-ce la vue de ces costumes plus ou moins « militaires » qui fit dire à Jean (Jn 18,3) dans son évangile qu'il y avait « la cohorte » . Quelques exégètes en ont déduit à tort que les romains avaient participé à l'arrestation de Jésus. : Cette description est plus précise que le terme « couper » ou « trancher » utilisé par les quatre évangélistes. Dom Calmet fait remarquer : « il paraît plus vraisemblable qu'elle ne fut pas entièrement coupée, puisque Jésus ne fit que la toucher, pour la guérir ». C'est exactement ce que décrit Maria Valtorta ! : Maria Valtorta ne confirme pas les « douze légions d'anges » de Matthieu (Mt 26,53). : La suite montre que ce centurion d'humeur grincheuse, compagnon de Longin, et ayant sa famille près de Pompéi a de grandes chances d'être Cecilius Maximus (voir MV 329.6 et L'Enigme Valtorta tome 1 pages 172-173). : Hans J. Hopfen, Indice e carta delle Palestina , 1995 CEV
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La Passion et la mort de Jésus
La comparution devant Pilate et Hérode
Maria Valtorta montre clairement que la comparution devant Pilate se déroula en deux temps. Après un interrogatoire des plus sommaires, Pilate, conscient que Rome n'avait rien à craindre du rabbi galiléen et rien à lui reprocher, l'adresse à Hérode. Il espère surement que celui-ci règle seul la question : « qu'on le conduise à Hérode. Qu'il le juge, c'est son sujet . Je reconnais le droit du Tétrarque et je souscris à l'avance à son verdict » 604.24 , dit-il en tentant de se dérober à sa responsabilité. Matthieu, Marc et Jean n'ont pas jugé nécessaire d'évoquer la brève comparution devant Hérode, que Luc est donc le seul à rapporter . Cette rencontre paraît logique et s'inscrit naturellement dans la chronologie. Le fils d'Hérode le Grand mérite aussi bien son surnom d'Antipas (qui signifie comme le père ) que son qualificatif de renard (Lc 13,32). D'abord flatté que Rome s'adresse à lui pour juger, il se montre à la fois curieux, cauteleux, railleur, faux et tentateur... Toutefois le silence de Jésus lasse vite le Tétrarque, tandis que ses angoisses superstitieuses endiguent en lui toute velléité de requérir une peine capitale. Sa fourberie lui permet d'esquiver le traquenard conçu par Pilate. Il s'en sort habilement : « Tu es fou. Un vêtement blanc . Revêtez-le de celui-ci pour que Ponce Pilate sache que le Tétrarque a jugé fou son sujet » 604.26 . Pilate se retrouve seul face à son dilemme : soit libérer Jésus et faire face à des troubles probables, soit Le condamner et rétablir ainsi l'ordre dans Jérusalem. Il commence par Le proclamer innocent (Lc 23,13-16), et propose de livrer Barabbas en échange. Quant à Jésus il déclare : « je le ferai frapper par quarante coups de fustigation . Cela suffit » 604.28 . Cette proposition n'étant pas du goût des plus enragés, face aux vociférations, Pilate cède peu à peu. « Je vais le faire flageller alors ! C'est atroce, savez-vous ? On peut en mourir » 604.28 . (Mt 27,15-26 ; Mc 15,6-15 ; Lc 23,18-25 ; Jn 18,38-40). Maria Valtorta décrit Jésus suspendu par les bras , les pieds ne reposant qu'à peine au sol. Les deux bourreaux utilisent « un fouet fait de sept lanières de cuir, attachées à un manche et qui se terminent par un martelet de plomb » 604.9 . Puis les quelques soldats romains en charge du Prisonnier lui font subir d'autres sévices atroces, jusqu'à ce que Pilate Le présente à nouveau à la foule : « Écoutez, hébreux. L'homme est ici, je l'ai puni. Mais maintenant laissez-le aller . (...) Voilà l'homme. Votre roi. Cela ne suffit pas encore ? » 604.32 .(Jn 19, 1-16). Maria Valtorta observe alors « le soleil d'une journée accablante, qui maintenant descend presque à pic car on est au milieu entre tierce et sexte » 604.32 . Pilate cède alors aux cris de la foule et surtout aux menaces d'en référer à Tibère : « Vous voulez sa mort, en somme ? Soit ! Mais que le sang de ce juste ne soit pas sur mes mains » 604.34 . S'étant lavé publiquement les mains, Pilate fait inscrire selon l'usage le motif de la condamnation sur un écriteau, le montre au peuple et ordonne : « Qu'il aille à la croix. Soldat, va, prépare la croix » 604.35 . FOOTNOTES : Quelques exégètes ont supposé que Luc avait reçu ce témoignage de Manaën. Il semblerait plutôt que ce soit de Chouza, puisque Maria Valtorta remarque sa présence dans le palais d'Hérode. : La plupart des traductions indiquent « habit éclatant », influencés par Mt 27,31 et Mc 15,20 qui parlent du vêtement pourpre porté par Jésus. Sainte Marie Madeleine de Pazzi (1566 - 1607) vit en extase ( Les quarante jours , 20) Jésus devant Hérode : « Ils t'ont considéré comme fou, ils t'ont mis un vêtement blanc pour t'humilier et te déshonorer ». C'est exactement ce que décrit la vision de Maria Valtorta. : La fustigation, apparentée à une bastonnade, était une peine applicable aux hommes libres. : Horace évoque l'horrible flagellation (Satires 1, 3, 119) « Qui mérite la férule ne doit pas être horriblement déchiré par le fouet » et il confirme qu'elle est parfois fatale : « celui-là a été fouetté jusqu'à la mort » (Satires 1, 2,41). Elle était normalement réservée aux esclaves. : Les traces de fouets, sur le Linceul de Turin, sont visibles sur tout le corps sauf les avant-bras. C'est un indice fort que, pendant la flagellation, Jésus avait effectivement les bras attachés au-dessus de la tête, pour L'immobiliser et L'empêcher de tomber. : Cette description correspond au flagrum , « le plus terrible des fouets, qui frappait lourdement, écrasait les chairs, rompait les os et couvrait le corps de plaies contuses » (Selon Daremberg Dictionnaire des antiquités grecques et romaines , article Flagellum ). : Cette observation est parfaitement cohérente avec la chronologie, et avec les indications de Jean (Jn 19,14), celles de Clément de Rome (Const. Apost. l V, c 14 et l VIII c 34) et encore celles de saint Ignace aux Tralliens, ep. 5: « La veille de la fête, à la 3e heure, il entendit prononcer son jugement par Pilate... A la 6e heure il fut mis en croix, à la 9e il rendit l'esprit ». : On trouve plusieurs exemples dans Suétone, Tacite et Sénèque de cet usage qui se pratiquait dans tout l'empire. Jamais un coupable n'allait au supplice, sans l'écriteau ou sans le crieur, qui annonçait la cause de sa condamnation.
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Troisième année de vie publique
La prédication et adieux aux régions du nord
La première visite de Jésus est pour Jude et Anne de Méron dont la maison va maintenant servir régulièrement de refuge pour les disciples. Jésus confie aussi le petit Joseph de Corozaïn à la charité du vieux couple. Le soir venu le Seigneur adresse sa parole aux paysans rassemblés pour l'entendre. Il les exhorte à pratiquer les œuvres de miséricorde envers les plus malheureux ; ainsi ils seront ses continuateurs. « Souvenez-vous ! La charité, la miséricorde est l'absolution des fautes. Dieu pardonne beaucoup à celui qui aime » 467.6 . A en lire sa première lettre, Pierre semble avoir bien mémorisé cet enseignement . Jésus met en garde les siens lorsqu'Il se retrouve seul avec eux, juste avant de se rendre à Giscala où ils avaient été si mal accueillis la dernière fois. « Ceux qui sont mes ennemis ont changé de manière pour me nuire, mais ils n'ont pas changé de pensée à mon égard , (...) maintenant ils se servent des honneurs . (...) Ne vous laissez pas tromper par des paroles mensongères, par des cadeaux, par des séductions » 467.9 . D'ailleurs Jésus veut éviter de traverser cette cité, préférant évangéliser les alentours où nous les retrouvons en fin de semaine. C'est l'occasion de convaincre une belle-mère qu'elle est injuste vis à vis de sa bru. Alors qu'ils sont à proximité du village de Biram, ils sont rejoints par deux disciples des rabbis de Giscala qui veulent l'avis de Jésus sur un cas délicat qu'ils ont eu à trancher, et pour lequel Gamaliel avait déclaré : « Seul Jésus de Nazareth jugerait avec justice ici » 471.3 . Malgré l'insistance des envoyés, Jésus refuse de retourner à Giscala, qu'Il ne pourrait atteindre avant la nuit. « J'observe la Loi, toujours, quand son observation ne lèse pas un commandement plus grand que celui du sabbat : celui de l'amour » 471.4 . Tandis qu'un des envoyés rebrousse chemin, le second demande de rester avec Jésus jusqu'à la fin du sabbat. Il se présente : c'est Joseph, élève de Gamaliel, « né dans la Diaspora », « consacré à Dieu dès sa naissance », surnommé Barnabé , car, explique-t-il « ma mère disait toujours "ma consolation" pendant qu'elle me nourrissait » 471.5 . Barnabé hésite à devenir disciple de Jésus. « Maître juste, je voudrais rester avec Toi. Mais Gamaliel a déjà perdu à cause de Toi, ses meilleurs disciples… Moi … » « Ce n'est pas encore l'heure de venir à Moi. Quand elle arrivera, ton maître lui-même te le dira car c'est un juste » 471.8 lui répond Jésus. Les apôtres apprécient peu la présence d'inconnus auprès de Jésus. Ils Le pressent de quitter Biram dès la fin du sabbat, pour s'éloigner aussi de Barnabé dont ils se méfient. Jésus tente de les rassurer : Barnabé est disciple de Gamaliel, qui n'est pas hostile. « Qui n'est pas contre Moi, est avec Moi, même s'il ne semble pas » 472.2 . Pendant deux semaines, Jésus va évangéliser à la frontière syro-phénicienne, ne s'arrêtant que pour le sabbat aux environs d'Achzib. Là Il redonne des pupilles et la vue à un jeune aveugle de naissance dont le père, Daniel, était prêt à répudier son épouse au motif qu'elle ne lui avait pas donné un héritier capable de lui succéder dans son commerce. Le jeune enfant aura le privilège d'une visite du Ressuscité(MV 632.36), et son père rencontrera Jésus à Jérusalem, lors de la Pâque supplémentaire (MV 636.1/11). A l'occasion de ce miracle spectaculaire, Jésus souligne : « Pour Celui qui est le Seigneur et le Créateur, faire deux pupilles est une chose très simple comme de rendre à un cadavre le souffle de la vie . (...) Car cela dépend de sa seule volonté. Mais quand il s'agit de concorde entre les hommes, il faut la "volonté" des hommes unie au désir de Dieu. Dieu ne fait que rarement violence à la liberté humaine » 473.7 . A plusieurs reprises dans l'œuvre, Jésus affirme ainsi que le plus grand miracle consiste à sauver une âme . FOOTNOTES : Voir 1 Pierre 4,8 : « Avant tout, ayez les uns pour les autres une ardente charité, car la charité couvre une multitude de péchés ». : Toutes ces informations sont confirmées par les Écritures : Chypriote selon Actes 4,36 (en MV 634.1/18 Jésus le nomme « Joseph de Kition ») ; Actes 4,36 laisse effectivement entendre qu'il fut consacré à sa naissance ; disciple de Gamaliel comme saint Paul ; son « surnom » est souvent traduit par bar navi , « fils du prophète », mais l'interprétation donnée ici est conforme à celle de Actes 4,36, qu'elle justifie même par une anecdote crédible. : Barnabé rejoint Jésus le lundi avant la Passion (voir MV 592.20). : C'est exactement l'antithèse de la sentence évangélique transmise un an auparavant (MV 269.7), puis redite à Gérasa (MV 288.5), et sous la forme actuelle en MV 352.17. Voir aussi MV 548.24. : Déjà, commentant la conversion de Marie Madeleine, Jésus affirmait : « Ce n'est pas le plus grand miracle que de ressusciter une chair, c'est un miracle toujours relatif parce qu'il est destiné à être un jour annulé par la mort. Je ne donne pas l'immortalité à celui que je ressuscite dans sa chair, mais je donne l'immortalité à celui qui est ressuscité dans son esprit » 250.5 . C'est aussi ce que disait saint Jean-François Régis (1597-1640) à une mère dont il avait guéri l'enfant : « Chaque fois que Dieu ramène à lui un pécheur, il fait un bien plus grand miracle ».
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Troisième année de vie publique
Le pèlerinage des Tabernacles
A une semaine de la fête des Tabernacles, Jésus a encore plusieurs visites à effectuer. « Levez-vous et partons (...) Nous avons à peine le temps » 475.1 demande-t-Il aux apôtres en les réveillant d'une nuit passée à la belle étoile. En chemin vers la plaine d'Esdrelon, leur route croise celle d'Abel, le jeune homme sauvé par Jésus à Bethléem de Galilée. Il supplie Jésus d'accorder le pardon et la guérison à ses tortionnaires devenus lépreux. Tandis que les apôtres iront jusqu'à Engannim où ils L'attendront, Jésus accompagné d'Abel et de Jean, part à la rencontre des lépreux réfugiés vers Jiphtaël. Jésus encourage Abel dans sa charité envers les lépreux auxquels il apporte de la nourriture. « Les œuvres de miséricorde corporelle aplanissent le chemin pour celles spirituelles » 476.2 . Désormais Jésus nomme le jeune homme non plus Abel mais Ananias. « Pour Moi, tu es Ananias, car vraiment tu sembles né de la bonté du Seigneur » 476.9 . Les lépreux obtiennent le pardon, mais leur guérison ne viendra qu'après la fête des Tabernacles. Avec l'aide de Jean, qui lui sert de messager, Jésus rencontre en secret Marie à proximité de Nazareth. Les échos du complot contre Jésus sont parvenus jusqu'à Nazareth. Le cousin Alphée est venu demander à Marie de lui expliquer les Écritures « comme toi et ton Fils vous les comprenez » 477.5 . Il commence à mieux percevoir le vrai sens des Écritures concernant le Messie. De son côté Jésus explique pourquoi Il a fait venir sa Mère : c'est pour lui confier un secret. « Aucun des disciples ne sait que nous ne reviendrons plus de ce côté, jusqu'à ce que tout soit accompli . (...) C'est pour cela que je te dis : "Viens en Judée". De t'avoir près de Moi, me dédommagera de la fatigue de la plus difficile évangélisation à ces cœurs durs qui font obstacle à la Parole de Dieu. Viens avec les disciples galiléennes. Vous me serez si utiles ! » 477.9 . Le soir tombe ; ils doivent déjà se quitter. Jean raccompagne Marie à Nazareth, tandis que Jésus reste seul à prier... Le lendemain à l'aube, s'avançant vers le lieu de rendez-vous convenu avec Jean, Jésus s'aperçoit que ses cousins Joseph et Simon l'attendent en compagnie de l'apôtre. Joseph a bien changé depuis sa dernière discussion avec Jésus à Capharnaüm(voir MV 460.6). « Il est dur de dire : "Je me suis trompé ! Nous nous sommes trompés et nous nous trompons ! Depuis des siècles". Mais ta Mère m'a expliqué les paroles des prophètes » 478.3 . Et Joseph rapporte qu'il a rencontré des pharisiens venus faire pression sur lui, et des disciples attristés, venus lui rapporter ses paroles chez Chouza. « Maintenant je sais que tu régneras sur les esprits, c'est-à-dire que tu seras Celui en qui toute la sagesse d'Israël se centralise pour donner des lois nouvelles et universelles » 478.4 . Mais Joseph et son frère Simon ont bien du mal à imaginer un Royaume purement spirituel. Ils ne peuvent s'empêcher de renouveler leurs conseils à Jésus qui leur répond : « Frère, plus j'agirai et plus je serai haï. Mais je te contenterai. Je leur donnerai les preuves les plus grandes qui puissent exister… et je leur dirai des paroles capables de changer des loups en agneaux, des pierres dures en cire molle. Mais cela ne servira à rien … » 478.11 . Les deux cousins sont maintenant engagés sur leur chemin de conversion, qui ne sera totale qu'au temps de la Passion. Jésus et Jean continuent leur marche vers le sud. Il leur faut atteindre Jezraël avant la soirée, car si les apôtres se sont bien acquittés de leur mission, les paysans de Giocana viendront y saluer Jésus durant la nuit. Mais après une semaine de déplacements incessants et de nuits à la belle étoile, la fatigue se fait sentir, et la marche devient éprouvante. Jean ne peut veiller une nuit de plus, et ne s'aperçoit même pas de la venue de Michée et de ses compagnons. Au terme d'une nouvelle journée éreintante de marche sous la pluie, ils arrivent enfin à Enganim, lieu du rendez-vous avec les apôtres, juste un peu avant le début du sabbat. Jésus va pouvoir disposer d'un lit et d'une journée de repos. Mais plus encore que la fatigue physique, c'est la tristesse de voir tant de haine ou d'indifférence à son égard qui L'accable. Ils reprennent la route dès le dimanche 9 septembre. Judas, toujours bien informé des traquenards en cours, a réussi à convaincre Jésus de ne pas prendre la route directe : depuis Engannim ils longeront la frontière de la Samarie vers Sichem et Ephraïm, pour rejoindre ensuite directement Béthanie. FOOTNOTES : Le sens du mot Hananiyah est justement « Dieu est Grâce » !
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Troisième année de vie publique
La guérison de dix lépreux
En fin de journée, le mardi 11, ils approchent d'un village au nord d'Ephraïm quand un cri retentit :« Jésus ! Rabbi Jésus ! Fils de David et notre Seigneur, aie pitié de nous » 483.7 . Ce sont les dix lépreux dont saint Luc rapporte la guérison(Lc 17,11-19). L'évangéliste ne nous dit pas pourquoi Jésus envoie directement les lépreux au prêtre avant même qu'ils ne soient guéris. Dans le récit de Maria Valtorta, compte tenu des menaces que font peser les pharisiens, Jésus s'efforce de rendre son pèlerinage le plus discret possible, pour arriver au Temple sans encombre et à l'improviste. Car son heure n'est pas encore venue, comme Il le redit fréquemment, et sa mission ne doit pas être interrompue prématurément. Il accomplit donc ses miracles comme en catimini, pour ne pas attirer l'attention des foules. C'est au point qu'un des apôtres observe : « Tu as bien fait de ne pas les guérir. Ceux du village ne nous auraient plus laissé aller » 483.7 . Mais bien vite un des lépreux revient sur ses pas et accourt pour remercier le Seigneur. Il demande un nom nouveau, pour marquer sa renaissance. « Désormais tu t'appelleras Ephrem, parce que c'est deux fois que la Vie t'a donné la vie » 483.9 . Le lendemain au lever du jour, toujours guidé par la prudence, Jésus tente de contourner Ephraïm pour la dépasser sans se faire remarquer. Il reste vingt-cinq à vingt-sept kilomètres pour atteindre Béthanie. Toutefois la discrétion avec laquelle Jésus a accompli ses derniers miracles n'a pas empêché la nouvelle de sa présence en Samarie de se propager. Les notables d'Ephraïm rassurent Jésus de l'absence des pharisiens : « Oh ! Nous savons qu'ils te cherchent. Mais pas de ce côté. Cette ville est à la limite du désert et des Montagnes du sang . Ils ne passent pas ici volontiers. Et puis cette fois, après les premiers, nous n'en avons plus vu un seul » 484.2 . Le chef des notables invite chaleureusement Jésus à séjourner à Ephraïm, où Il serait en sécurité. « Il vaudrait mieux pour Toi rester parmi nous. Le Temple te hait et il te cherche pour te faire souffrir » 484.2 . Ce à quoi Jésus lui répond : « Je ne puis rester, mais je me rappellerai vos paroles » 484.3 . C'est là en effet qu'Il viendra bientôt passer les dernières semaines de sa vie publique. « Long encore est le chemin que je dois parcourir avant la nuit. » « Tu vas à Jérusalem ? » « A Ensémès ». « Alors nous allons t'indiquer un chemin que nous sommes seuls à connaître (...) À none, tu y seras » 484.4 . Devant tant de sollicitude , Jésus accepte de rester une heure, pendant laquelle Il donne une parabole ignorée des évangiles : la parabole de la grenade . De nos jours, (s'inspirant peut-être du texte de Maria Valtorta ?) la paroisse d'Ephraïm cite cette parabole comme faisant partie de la tradition , en étayant cette affirmation par présence d'un vitrail de la Vierge à la grenade dans l'église locale. Quoi qu'il en soit, cette parabole reste d'une actualité remarquable. FOOTNOTES : Ephraïm, en hébreux, signifie en effet « double récompense ». : Saint Jérôme (Lettre CVIII. Ad Eustochium Virginem § 12) parle de l'endroit, sur la route de Jérusalem à Jéricho, se nommant Adomim, ( lieu du sang ) qui devait ce nom au sang qui y était fréquemment versé par les brigands qui l'infestaient. Les montagnes du sang dont il est question ici sont effectivement celles qui entourent le mont Adomim. : Tout, dans ce dialogue, sonne vrai : la longue étape ; la prudence qui fait mentionner comme destination la source d'Ein Shemesh plutôt que Béthanie ; le raccourci qui ramène la distance à 22/24 km, rendant compatible le fait d'atteindre leur but vers 15h, puisqu'ils ont encore devant eux 7 ou 8 h.
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Troisième année de vie publique
Durant la fête des tabernacles
La surprise est grande parmi la foule présente au Temple, lorsque Jésus y apparaît enfin, plusieurs jours après le début de la fête. Très nombreux sont ceux, amicaux ou hostiles, qui se pressent autour du Maître pour écouter ses paroles. Les quatre évangélistes, à des degrés divers ont évoqué quelques passages de cet important discours , que Maria Valtorta nous rapporte sur plus de six pages. « Jésus se met à prêcher pour la centième fois la venue du Royaume de Dieu et la préparation de ce Royaume. Et je pourrais dire qu'il répète avec plus de puissance les mêmes idées exposées, presque à la même place, vingt ans auparavant » 486.3 écrit la mystique italienne, évoquant la première intervention de Jésus au Temple, lors de son examen de majorité, à la Pâque de l'an 9. Bien entendu les habituels interrupteurs interviennent, posant toutes sortes de questions qui se veulent déstabilisantes, ou qui apparaissent faussement condescendantes. Alors Jésus, qui était très calme, les accuse d'une voix de tonnerre : « Dieu pardonne tant de choses et sa Lumière resplendit avec amour pour éclairer les ignorances et dissiper les doutes. Mais Il ne pardonne pas à l'orgueil qui se moque de Lui, en se disant plus grand que Lui ». (...) « Vous prétendez dire à Dieu : "Il n'est pas possible que le Christ soit un galiléen, un homme du peuple. Il n'est pas possible que ce soit lui". Qu'est-ce qui est impossible à Dieu ? » 486.4 . Un calme relatif étant revenu, Jésus peut répondre à une nouvelle question sur le temps où viendra son règne. Ses réponses inspirées surprennent la plupart des auditeurs, et l'un d'eux interroge : « Dis-nous donc. Où tu as trouvé cette doctrine que tu enseignes ? » 486.6 . Jésus répond sublimement à cette question fondamentale dont saint Jean a résumé l'essentiel (Jn 7,16-18). Puis, en quittant l'esplanade du Temple, Il réconforte ses disciples selon les paroles rapportées par les synoptiques (Mt 24,26-27 ; Lc 17,22-25 ; Mc 13,21) tout en allant vers une des nombreuses maisons mises à sa disposition par Lazare. Lorsque qu'Il revient au Temple le lendemain, la foule est encore plus nombreuse. Un gentil Lui pose une question : « Maître, parle nous un peu, aujourd'hui. On a dit que tu affirmes que tous les hommes sont venus d'un seul Dieu, le tien . (...) Des poètes stoïques de chez nous ont eu aussi cette même idée. Ils ont dit : Nous sommes de la race de Dieu. Tes compatriotes nous disent plus impurs que des bêtes. Comment concilies-tu les deux tendances ? » 487.2 . Mais avant même qu'Il ne puisse répondre, un pharisien intervient : « Lui est un homme ordinaire. Le Christ ne sera pas comme cela. Tout sera exceptionnel en Lui : forme, nature, origine… » 487.2 . La réponse de Jésus, telle qu'évoquée par Jean (Jn 7,25-30) provoque une grand tumulte. Les plus acharnés sont prêts à molester Jésus, et il faut que Gamaliel use de toute son autorité pour les calmer : « Laissez-le tranquille. Je veux entendre ce qu'il dit » 487.4 . Cette intervention permet d'ailleurs de comprendre comment Jésus a pu prononcer son discours sans être poursuivi pour blasphème. Jamais encore en effet Il ne s'était présenté en public aussi clairement comme étant le « Fils de Dieu » et le Messie attendu. Gamaliel saisit immédiatement la portée de ce discours, et pour la première fois publiquement, il prend des notes. Toute l'argumentation de Jésus, basée essentiellement sur les Psaumes (Ps 2,7 ; 97,7 ; 110,1-4, etc.) se retrouve manifestement dans l'Epître aux Hébreux (He 1,6-14). L'auteur de l'épitre aurait-il utilisé les notes de Gamaliel ? Jésus rappelle aussi la parole divine prononcée « à la fin de la troisième année depuis celle-ci » 487.6 au gué de Béthabara , « et plusieurs d'entre vous qui me combattez, étiez présent » 487.6 . Seul un nouveau docteur angélique pourrait nous aider à saisir la profondeur de cet extraordinaire discours du Christ. Et qui pourrait encore affirmer, après l'avoir lu, qu'il puisse être l'œuvre d'une romancière, aussi géniale soit-elle ? Gamaliel, en tout cas, ne s'y est pas trompé, lui qui exige de rester seul un moment avec Jésus, pour obtenir quelques éclaircissements. « J'ai voulu t'écouter parler… Eux n'ont pas compris. Moi, j'espère pouvoir comprendre. J'ai écrit tes paroles pendant que tu les disais. Pour les méditer, non pas pour te nuire ». Pour la troisième fois, le jour suivant, Jésus revient au Temple. Comme Il y arrive un peu plus tard, certains s'apprêtaient à le chercher à travers la ville. Jésus leur déclare : « Mes instructions resteront en vous et vous les comprendrez encore davantage quand je m'en serai allé … ». Mais ses interlocuteurs se méprennent sur ces paroles. « Oh ! Maître ! Mais tu veux vraiment t'en aller ? Dis où tu vas et nous te suivrons. Nous avons tant besoin de Toi ! » 488.2 . Jean, comme il l'a fait pour les deux premières journées de la fête, résume aussi la réponse que fit le Christ ce jour là(Jn 7,33-36). « Et où je suis, vous, vous ne pourrez pas venir » 488.2 . Et cette affirmation suscite bien des interrogations parmi les témoins. Mais Jésus est déjà sorti du Temple, et se dirige vers Nobé, par des sentiers peu fréquentés que Lui indiquent les bergers Benjamin et Isaac. Chaque disciple propose un lieu possible de refuge, et finalement ils s'avèrent nombreux les endroits autour de Jérusalem, où Jésus pourra se retirer discrètement, en cas de besoin. A Nobé Jésus rencontre Jean, le patriarche du village, qui fut témoin, trente deux ans plus tôt, des paroles de Siméon, restées gravées dans sa mémoire, et qui proclame : « Laisse, ô Seigneur, ton serviteur s'en aller en paix, puisque mes yeux ont connu ton Christ ! » 489.2 . Devant les habitants rassemblés, Jésus donne une parabole tandis que Manaën et Timon, que Mathias est allé chercher, se présentent devant Jésus, encore inquiets par suite des reproches encourus pour leur participation au banquet chez Chouza. Jésus les accueille à bras ouverts. « Tu nous aimes ? Maître ? Comme avant ? » demandent-ils. « Plus qu'avant, car maintenant vous êtes guéris de toute humanité dans votre amour pour Moi » 489.5 . leur répond Jésus. Une mini tornade abrège ces retrouvailles, et tous doivent se mettre rapidement à l'abri. Plusieurs s'inquiètent pour les pèlerins qui, à Jérusalem, n'ont que leurs huttes de branchages pour s'abriter. « Seigneur ! Jésus ! Pitié ! » supplient d'autres. Jésus sort dans la tempête, lève les bras et commande : « Suffit ! Je le veux ! » 489.7 . Et le vent cesse tout d'un coup . Un peu plus tard dans la journée, Jésus accompagné de ses cousins, se rend au camp des galiléens pour y rencontrer ses compatriotes. FOOTNOTES : Voir en particulier Jn 7,15-24 ; Lc 13,15 ; 14,5 ; 17,20-21. : Cette pensée, que l'on retrouve dans Actes 17,28, était effectivement déjà exprimé au 3e siècle av J.-C. par Aratos (poète et astronome) dans Phaenomena 8. et par Cléanthe (philosophe stoïcien) dans Hymne à Zeus . : Est-ce Paul ou Apollos, celui qui utilisa ces notes ? Osty écrit dans l'introduction à l'épitre : « Nous attribuerions volontiers cette épître à Apollos, qui l'aurait écrite vers l'an 65 ». Et il signale que déjà Eusèbe ( Hist. Eccl . livre VI, XXV, 13-14) se posait la question. Dans cette hypothèse, Apollos était-il un disciple de Gamaliel, aux côtés de Paul ? : De multiples témoignages dans l'œuvre permettent de dater le baptême de Jésus au changement de lune entre Tévet et Shevat, fin 26, début 27, comme nous l'avons déjà vu. : Matthieu, Luc et Marc (Mt 3,17 ; Lc 3,22 ; Mc 1,11) évoquent la Voix de Dieu, au baptême de Jésus : « C'est toi, mon Fils, le Bien-aimé... » (voir aussi MV 215.4). : Selon Actes 18,24-25, Apollos ayant connu « le baptême de Jean » et étant versé dans les Écritures, aurait pu être un de ces témoins qu'évoque Jésus ! : L'emplacement exact de Nobé est encore inconnu. Maria Valtorta semble la situer sur les pentes du mont Scopus. : A noter que c'est la première fois dans l'œuvre que sont données les paroles du Cantique de Siméon selon Lc 2,29-30. : Après l'eau (la tempête sur le lac et le Jourdain en crue) et le feu (la vallée embrasée), voici l'air, troisième élément dominé par le Verbe. En attendant la terre (tremblement de terre de la Passion), signe promis à Gamaliel depuis 20 ans !
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Troisième année de vie publique
Le discours sur l'Eau Vive
Au dernier jour de la fête, c'est entouré de nombreux sympathisants galiléens et de tous ses disciples que Jésus revient au Temple. Ici la mystique italienne nous transmet une magnifique illustration du discours sur l'Eau Vive transmis assez brièvement par Jean(Jn 7,37-52). Les biblistes hésitent sur le texte auquel il est fait référence lorsque Jésus mentionne « les fleuves d'eau vive » . Dans le récit de Maria Valtorta, c'est clairement à Ezéchiel qu'il est fait allusion, puisque Jésus le cite à plusieurs reprises . De même les Pères ont abondamment disserté sur la phrase de Jean : « Des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur » (Jn 7,38). Est-ce du cœur de celui qui croit, ou du cœur du Christ que jaillissent ces fleuves ? Ici encore il n'y a aucune ambiguïté : « Du sein de ceux qui croient en Moi jailliront des fleuves d'eau vive » 491.2 , répète à deux reprises Jésus , validant en quelque sorte l'interprétation de saint Jérôme et de saint Augustin. Quittant le Temple aussitôt après son discours, Jésus passe à Béthanie y saluer Lazare et ses sœurs, puis Il se rend au bassin de la fontaine de En Rogel avec les apôtres. Il y évoque le passage en ce lieu des trois Sages venus de l'Orient, mais aussi des figures bibliques comme Jonathas, Achimaas, ou Adonias . Ils vont tous passer la soirée dans les Jardins du Roi , que Manaën a mis à leur disposition. FOOTNOTES : Ezéchiel 47, 1-19, mais aussi Ezéchiel 5, 5-11 ou Ezéchiel 8, 13-17 ; Ezéchiel 9, 4-6 et Ezéchiel 37, 1-14 avec un long développement qui mériterait l'attention des exégètes. : Voir Benoît XVI, Jésus de Nazareth tome 1, 2007, p. 272. : Jésus avait déjà prononcé une phrase identique en MV 452.6 ! : Episode relaté en 2 Samuel 17,15-17.
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Troisième année de vie publique
La femme adultère
Cet épisode de l'évangile de saint Jean(Jn 8,2-11) fait partie d'une des premières visions reçues par Maria Valtorta, le 20 mars 1944. Elle est remise ici dans son contexte chronologique, au lendemain de la dernière journée de la fête des Tabernacles de l'an 29 . La version donnée par Maria Valtorta est totalement conforme à la version évangélique. Elle éclaire de façon très crédible quelques points restés obscurs dans le texte johannique. Après avoir écrit au sol les péchés individuels des accusateurs, et les avoir fait fuir un à un, Jésus écrit leurs caractéristiques communes : « Pharisiens, Vipères, Tombeaux de pourriture, Menteurs, Traîtres, Ennemis de Dieu, Insulteurs de son Verbe » 494.3 . La femme adultère a-t-elle été sauvée ? Dans un commentaire, Jésus dit à Maria Valtorta qui se posait la question : « Ce n'est pas pour tous que j'ai été Sauveur. Pour tous, j'ai voulu l'être, mais je ne l'ai pas été car pas tous ont eu la volonté d'être sauvés. Et cela a été une des flèches les plus pénétrantes de mon agonie du Gethsémani » 494.7 . Comme j'ai déjà évoqué cet épisode , je n'en dirai pas plus. FOOTNOTES : Certains manuscrits bibliques placent cet épisode durant la dernière journée de la fête, d'autres l'attribuent à l'évangile de saint Luc... Le texte de Maria Valtorta reste conforme à la tradition biblique retenue par l'Eglise. : Voir l'Enigme Valtorta , tome 1, pages 270-271.
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Troisième année de vie publique
Jésus parcourt la Pérée
Après avoir fait ses recommandations à ses disciples, Jésus les envoie en mission pour plusieurs mois. Ils ne se regrouperont tous ensemble qu'à l'occasion de la prochaine Pâque. Puis le groupe apostolique part en direction du Jourdain, où leur première étape sera pour rendre visite à Ananias, dans la maisonnette de Salomon à Béthabara. Le vieillard est tout ému par cette visite inattendue mais longtemps espérée . « Comme il était long le temps... J'espérais te voir avant les Tabernacles » 496.1 . La halte chez Ananias sera juste pour le sabbat, puisque trois jours plus tard ils cheminent vers Livias. Les réactions imprévisibles et violentes de Judas rendent bien difficile la vie de ses compagnons, et le moral de Pierre est au plus bas. Jésus le réconforte : « Simon, tu es soumis à une de ces heures de tristesse et de dégoût que notre nature humaine rencontre sur son chemin. Personne n'en est exempt, car ces heures sont suscitées par celui qui hait l'homme. Et plus l'homme sert Dieu, et plus Satan cherche à l'effrayer et à le lasser pour le détacher de son ministère » 497.2 . Puis Il ajoute : « Prions ensemble. Il n'y a rien d'autre à faire pour reconquérir la paix, force spirituelle, amour, compassion… même envers nous-mêmes. La prière met en fuite les fantômes de Satan, nous fait sentir près de Dieu » 497.5 . Pendant une dizaine de jours Jésus va évangéliser le long de la voie romaine qui relie Livias à Hesbon, et le long de la fameuse route des caravanes de Damas à Pétra et Aquaba. « Je voudrais aller jusqu'à Pétra, et au-delà… Mais je n'arriverai qu'à moitié route et moins encore » 498.1 . L'accueil des habitants de la région est pour le moins réservé, et même le plus souvent franchement hostile, si l'on excepte la rencontre avec l'homme de Pétra, un riche marchand dont les deux enfants sont atteints de cécité. Le témoignage d'Alexandre Misace a suffit pour le convaincre que Jésus peut rendre la vue à ses enfants. Mais pour cela, il doit retourner à Petra aussi vite que possible, pour y chercher ses enfants et les ramener. « J'y serai d'ici dix jours au plus » 499.4 , promet-il. En l'attendant, Jésus décide de parcourir les pentes des monts Abarim. « Nous nous arrêterons quelques jours comme nous l'avons fait sur les monts d'Arbela et près du Carit » 499.5 décide-t-Il. Ce sera donc la troisième retraite apostolique, après celle de l'élection des douze (MV 164.1 et MV 162.1) et la retraite au Carith(MV 379.2). C'est le lundi suivant, premier octobre, exactement comme il l'avait prévu , que le marchand rejoint Jésus et obtient grâce à sa foi le miracle qu'il espérait. FOOTNOTES : La dernière visite de Jésus remonte à la mi-mai (Voir MV 418.). : C'est une réflexion de Pierre qui fournit cette précision : « un de ceux dont tu parlais aussi, il y a trois soirs chez Ananias » 497.3 . C'est donc le lundi 24 septembre jour de la nouvelle lune. Et justement conversant avec Pierre, Jésus évoque cette « nuit sans lumière » 497.5 . : Il a plus de 180 km à parcourir à l'aller et au retour ! En imaginant 3 journées de 60 km/j à l'aller, puis 5 journées à 40 km/j pour le retour avec les enfants, et un ou deux jours de repos ou d'aléas, c'est réaliste. : En effet, en arrivant il demande : « Seigneur, je me suis trop fait attendre ? », et Jésus le rassure : « Non, homme, viens vers Moi » 501.5 . Il a fait au plus vite...
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Troisième année de vie publique
Le retour dans la plaine de Jéricho
Mise à part la rencontre avec l'homme de Pétra, ce périple à travers la Pérée s'avère décevant, et le moral des apôtres est à nouveau en berne. D'autant que Jésus ne leur cache ni la future trahison de l'un d'entre eux, ni les évènements tragiques qui en résulteront. Répondant à Thomas qui s'interroge : « Comment un homme pourra-t-il te trahir Toi, Fils de Dieu ? » 503.2 , Jésus lui dit : « Le traître ne sera pas un homme. Ce sera un démon dans un corps d'homme, le plus possédé, le plus obsédé des hommes » 503.2 . Parole terrible que Jésus confirmera en aparté à Lazare, juste avant la Passion : « Satan a pris chair en lui : Judas de Kériot » 587.3 . Les évangélistes Luc et Jean indiquent eux aussi cette possession de Judas par Satan (Lc 22,3 et Jn 6,70-71 ; Jn 13,2 et Jn 13,27) . En approchant de Jéricho Jésus est abordé par une femme venue le supplier de délivrer son mari qui s'adonne à la nécromancie. « Lui est souillé par la nécromancie .(...) Il sait que ce qu'il fait est défendu » 503.6 . Mais Dieu ne force pas la liberté donnée à l'homme. « Moi, je ne puis le guérir ... Parce que lui ne le veut pas » 503.6 lui répond Jésus. Puis Il se retourne vers les sadducéens présents : « Si vous raisonnez pour nier l'immortalité de l'âme, pourquoi évoquez-vous les morts ? » 503.7 . Et c'est l'occasion d'un violent réquisitoire contre toute forme de divination pendant lequel Jésus, terrible, cite abondamment les Écritures. Les sadducéens laissent alors entendre que Jésus a appris la magie en Égypte, et qu'Il utilise le Schem Hamephoras pour accomplir ses miracles. Jésus semble un peu désemparé par ces attaques maintenant incessantes. Il ordonne de retraverser le fleuve, pour remonter vers la Décapole, tenté un moment de rentrer à Nazareth, puis Il se ravise et décide de retourner vers Jérusalem. En passant par Béthabara, ils apprennent la mort subite d'Ananias. En se recueillant devant son tombeau, Jésus prie : « Mon Père ! La solitude enveloppe ton Fils, le vide se fait de plus en plus vaste et plus ténébreux. Ceux qui m'aiment s'en vont et il reste ceux qui me haïssent… Mon Père ! Que ta Volonté soit toujours faite et bénie ! » 504.8 . Elle a déjà été évoquée en MV 188.6 FOOTNOTES : Cette discussion fournit une nouvelle occasion de constater l'extrême cohérence du texte de Maria Valtorta : dans cette vision du 3 octobre 1944, Jésus explique que « le possédé des jours derniers était dominé par Belzébuth » 503.2 . Il évoque alors un possédé de Calliroé, rencontré quelques jours plus tôt... mais dans une vision reçue par Maria Valtorta le 25/09/1946, 2 ans plus tard ! : Cette interdiction est indiquée dans Lévitique 19, 26-31; 20, 6-27; Deutéronome 18, 9-14. : Selon le témoignage de Flavius Josèphe, Guerre des Juifs : 2, 165‐166 : « Les Sadducéens nient la persistance de l'âme après la mort ». : Maria Valtorta écrit plus ou moins phonétiquement sciemanflorasc ce terme hébreu qui signifie « le nom ineffable de Dieu » (Voir L'Enigme Valtorta , tome 1 page 257 et 258).
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La parabole du juge inique
De retour au Temple, en une froide matinée d'octobre (probablement le mercredi 10), le Seigneur y rencontre un couple venu en pèlerinage prier Dieu durant « toute une lune » pour éviter le divorce de leur fille. Ils sont découragés, car leurs prières semblent vaines, le mari étant parti à Césarée avec le libelle de divorce. Jésus les encourage : « De la coupe aux lèvres, il y a encore du temps » 505.4 . Jésus les encourage à persévérer encore trois jours dans leur prière confiante, et leur promet le miracle. Et c'est ensuite qu'Il annonce tout naturellement aux personnes présentes : « Écoutez cette parabole qui vous dira la valeur de la prière constante » 505.5 , parabole que Luc nous a rapportée brièvement (Lc 18, 1-8). Et Jésus conclut : « Sachez prier avec foi dans la prière et avec foi en Dieu votre Père. Et Lui vous rendra justice contre ceux qui vous oppriment, que ce soit des hommes ou des démons, des maladies ou d'autres malheurs. La prière persévérante ouvre le Ciel et la foi sauve l'âme, quelle que soit la façon dont la prière est écoutée et exaucée » 505.6 . FOOTNOTES : Ce proverbe latin multa cadunt inter calicem supremaque labra est tiré lui-même de la mythologie grecque : l'argonaute Ancée aurait été menacé par un de ses vignerons qui lui aurait dit qu'il ne boirait plus de son vin. Ancée se serait moqué de lui en se servant une coupe de vin. Le vigneron aurait répondu qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. En effet, avant qu'il pût boire, on le prévint de l'attaque d'une bête sauvage qu'il partit affronter et par laquelle il fut tué. (Selon Marie Nicolas Bouillet Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et profane 1841, Volume 1 p.63) Jésus cite à nouveau ce proverbe en MV 519.2, puis complète : « Entre la fin de l'agonie et la mort, il y a toujours le temps d'obtenir le pardon, pour soi-même ou pour ceux pour qui nous voulons le pardon ».
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La guérison de l'aveugle-né
Judas semble depuis quelques jours s'être assagi, mais il n'en est rien ! Plus pervers que jamais, il s'est arrangé la veille pour qu'un aveugle se trouve sur le chemin de Jésus, le lendemain, jour de sabbat. Il attire l'attention de Jésus sur ce malheureux, et c'est même lui qui suggère : « Peut-être ses parents ont péché et Dieu les a punis en le faisant naître ainsi ? » 510.2 . Jean, qui décrit en détail cette guérison , reste silencieux sur la machination organisée par Judas pour nuire à Jésus. De même il ne mentionne pas le témoignage courageux de Joseph d'Arimathie, dont l'autorité permet de mettre un terme aux poursuites engagées par les pharisiens contre le miraculé et ses parents. Grâce au récit de Maria Valtorta, on comprend pourquoi Jésus, au lieu de rendre directement la vue au malheureux, comme Il le fait d'ordinaire, l'envoie se laver à la piscine de Siloé. Ainsi l'aveugle « Sidonia surnommé Bartolmaï » 510.5 peut sans mentir déclarer aux pharisiens venus l'interroger qu'il ignore où se trouve maintenant Jésus. FOOTNOTES : Voir Jn 9,1-37. C'est la seule guérison d'un aveugle de naissance mentionnée dans le Nouveau Testament. Maria Valtorta nous indique qu'il ne fut pourtant pas le seul (voir par exemple l'enfant aveugle-né de Sidon en MV 473.7). : Attestée depuis le Moyen Âge, une tradition provençale nomme Sidoine (ou parfois Célidoine) l'aveugle-né guéri à Siloé. Mais comment Maria Valtorta aurait-elle pu le savoir ? Sidoine est le même que saint Restitut, auquel ce nom fut attribué ensuite, parce que le Christ lui avait restitué la vue.
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Le séjour à Nobé
Dès le soir du sabbat, Jésus décide de retourner pour quelques jours à Nobé. Tandis qu'Il donne ses consignes aux uns et aux autres, l'évocation d'une tâche confiée à Nike attise la curiosité de Judas, mais le Seigneur lui répond métaphoriquement : « Une mission très féminine : élever un enfant. Seulement c'est un enfant qui n'a pas besoin de lait, mais de foi, car son esprit est infantile » 511.2 . C'est bien entendu une allusion voilée à Elie, l'essénien réfugié au Carit, auquel Nike doit apporter quelques vivres à chaque nouvelle lune . Elle le fera la semaine prochaine, puisque dans dix jours, c'est justement la nouvelle lune ! Surviennent alors Joseph d'Arimatie et Nicodème, venus informer Jésus des derniers événements, et Lui recommander de ne pas venir à Jérusalem pendant plusieurs jours, car la guérison de Barthimée a mis le sanhédrin en émoi. « Les vautours se rendent où est la proie et les loups près du troupeau » 511.5 , déclare Joseph . Les deux disciples ne restent guère, car ils veulent « être à Rama avant la fin de la seconde veille » 511.8 , profitant de la lune qui « blanchit les chemins comme un pâle soleil » 511.8 . Durant toute la semaine, Jésus va évangéliser des villages situés au nord de Jérusalem : Rama, Emmaüs, Beth Horon, Gabaon... C'est une nouvelle occasion de mettre en exergue de nouvelles connaissances rares dans le texte de Maria Valtorta. Entre Emmaüs et Rama, Jésus passe par « un endroit abandonné après avoir été détruit ... par des opérations de guerre... les ruines des maisons montrent même des traces de flammes » 512.1 . Or Flavius Joseph indique que vers l'an 4, Varus mata avec une grande cruauté la révolte fomentée par Atronge et ses frères. Varus prit possession de la ville d'Emmaüs que ses habitants avaient abandonnée. Il la fit brûler pour venger tous les romains qu'on y avait tués. En ce lieu sinistre, Jésus médite sur la destinée d'Israël, évoquant Isaïe (Is 28,11-19). Le lendemain, à Beth Horon, Maria Valtorta observe la route empruntée par Jésus « qui est certainement une voie romaine d'après son pavage » 514.1 . C'est exact, puisque quelques tronçons de cette voie romaine, remise en état sous Hadrien, subsistent encore aujourd'hui . Ici, rappelant l'histoire tourmentée de la cité, Jésus met en garde ses habitants : « Beteron, que tes habitants ne fassent pas ce que Abdias dit d'Édom (...) N'agis pas ainsi, ville sacerdotale » 514.12 . Beth Horon fut en effet accordée aux lévites du clan de Caath par les Ephraïmites (selon Josué 21, 22). Et Jésus conclut : « Tu ne seras pas sauvée alors par ta situation sur ce sommet. (...) bien triste est l'avenir de ce lieu » 514.12 . Cette mise en garde prendra tout son sens en 66. C'est en effet peu après la destruction de la légion de Graccus à Beth Horon, que les troupes de Titus et Vespasien mirent à feu et à sang Israël toute entière . Ensuite Jésus se rend à Gabaon, située à une dizaine de kilomètres de Beth Horon où Il va passer le sabbat. Là Maria Valtorta remarque « une vaste citerne ou puits qui me rappelle celui de la Samaritaine ou encore En Rogel ou plus encore les réservoirs près d'Hébron » 516.1 . Et ceci est vraiment remarquable, puisqu'une imposante citerne fut découverte durant les fouilles du site de Gabaon, entre 1957 et 1962, plus de dix ans après son évocation par Maria Valtorta ! Jésus, bien accueilli dans cette ville, est invité à parler dans la synagogue. Il y évoque la venue de Salomon (selon 2 Ch 1, 3-13), et « comment Salomon obtint la Sagesse, et la prière qu'il fit pour l'obtenir » 516.5 . Quittant Gabaon le dimanche dans la matinée, pour retourner à Nobé, Jésus déclare : « Dans une si grande angoisse, mon cœur cherche des endroits où il trouve amour et repos. Où, au lieu de parler à des pierres arides et à des serpents sournois ou à des papillons distraits, il peut écouter les paroles d'autres cœurs et se consoler, parce qu'il les sent sincères, affectueux, justes. Gabaon est l'un de ces endroits » 517.5 . FOOTNOTES : Selon MV 382.6, voir le paragraphe « La parabole du juge inique" : Jésus Lui-même ne dira-t-Il pas: « Où sera le corps, là aussi les vautours se rassembleront » (Mt 24, 28 ; Lc 17, 37) ? : C'est le dernier quartier. La lune, levée à 20h, est maintenant assez haute dans le ciel. Ils ont 7/8 km à parcourir, et peuvent arriver à Rama avant minuit. : Flavius Josèphe, Guerres juives 17, 6, 50. : Cette voie est antérieure à l'époque romaine, puisqu'il en est fait mention en Josué 11,11. : Après des rappels de Josué 10,8-11 et de 1 Maccabées 3,13-24, Jésus fait maintenant allusion à Abdias 3-10. : Saint Jérôme, dans son Epitaphe de sainte Paule indique que les deux Beth Horon furent détruites par suite des calamités et des vicissitudes de la guerre. : Conformément aux récits bibliques en Sagesse 9,1-18 et 1 Rois 3,11-12.
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Troisième année de vie publique
L'allégorie du bon pasteur
De retour de Gabaon, et séjournant de nouveau à Nobé, Jésus surprend ses ennemis en se rendant à l'improviste au Temple. Son chemin croise ensuite celui de Sidoine, l'aveugle de naissance miraculé depuis peu, et Jésus l'interpelle. « Je suis venu dans le monde pour apporter la lumière et la connaissance de Dieu et pour éprouver les hommes et les juger. Ce temps qui est le mien est un temps de choix, d'élection, et de sélection » 518.3 , ainsi que Jean le rapporte (Jn 9,35-41). C'est la désormais inévitable intervention hostile des pharisiens qui conduit Jésus à prendre la parole pour s'expliquer. « Je suis Moi-même la Porte par laquelle on accède à la maison paternelle, au Royaume de Dieu, à la Lumière, au Chemin, à la Vérité, à la Vie » 518.5 leur dit-Il, avant que de donner la parabole du bon berger (Jn 10,1-21) que Maria Valtorta nous transmet en plusieurs pages magnifiques et denses. Cette relation plus exhaustive répond naturellement aux quelques interrogations que suscite le texte évangélique. Ainsi par exemple lorsque Jean rapporte « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands » (Jn 10,8), certains commentateurs imaginent qu'il est fait allusion ici à de faux prophètes juifs ou païens. Le texte de Maria Valtorta est plus précis : « Certes, il y a eu d'autres faux Messies et il y en aura encore. Mais l'unique et véritable Messie, c'est Moi. Combien sont venus jusqu'ici se disant tels, qui ne l'étaient pas, mais étaient seulement des voleurs et des brigands » 518.7 . Judas a profité du discours de Jésus pour s'échapper. Ses compagnons, qui ne le supportent plus qu'au prix de gros efforts, sont ouvertement satisfaits de son absence. Mais Jésus les reprend : « la prévision, plus ou moins exacte, de l'avenir d'un cœur, ne dégage personne de persévérer jusqu'à la fin pour arracher un cœur à la ruine » 519.2 . Et Il ajoute immédiatement : « Il n'est jamais trop tard pour essayer et espérer de sauver une âme. Et je vous en donnerai des preuves » 519.2 , prophétisant le pardon qui sera accordé au larron Dismas sur la Croix.
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La prédication à Téqoa et à Jéricho
L'absence de Judas alimente encore leurs discussions lorsqu'en cette fin d'octobre, les apôtres quittent Béthanie pour se rendre à Téqoa. Jésus leur affirme qu'ils rencontreront bien d'autres Judas durant leur ministère. « Lui, avec ses défauts, vous montre l'homme tel qu'il est ; Moi, je vous montre l'homme tel qu'il devrait être. Deux exemples également nécessaires » 520.4 , et Il leur demande un amour patient pour leur frère dont l'âme est malade. Aux habitants de Téquoa, le Seigneur recommande de repousser les ténèbres et tout ce qui trouble le cœur : « La sagesse, la justice, la charité ne sont jamais aigres, ne troublent pas et n'aiment pas agir dans l'ombre » 521.3 . Puis à Jéricho, où les habitants, prévenus de sa venue, Lui réservent quelques jours plus tard un accueil triomphal, Jésus recommande tout d'abord : « Ce n'est pas dans les acclamations que consiste un véritable amour pour Moi, mais dans l'accomplissement de ce que je fais et enseigne dans la pratique de l'amour réciproque, de l'humilité et de la miséricorde » 522.6 . Ceci n'est pas sans rappeler le conseil évangélique « Il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur … ! ». Durant son séjour à Jéricho, Jésus peut apprécier les œuvres accomplies par Zachée, le publicain converti, et par la généreuse disciple Nike. Jésus les associe dans une même louange, comme ils sont associés (avec Martial) par la Tradition dans l'évangélisation de l'Aquitaine. Grâce à eux, mais aussi à la prédication du Baptiste, beaucoup croient que Jésus est le Messie, et de nombreux malades obtiennent le miracle. C'est alors, en présence de Zachée et de quelques uns de ses anciens compagnons que Jésus donne durant le sabbat, la parabole du publicain et du pharisien (selon Lc 18, 9-14). A comparer le récit transmis par Maria Valtorta avec celui de l'évangéliste, on pourrait légitimement en déduire que l'évangéliste nous a transmis un excellent résumé du texte de la mystique italienne ! Et Jésus conclut ainsi la parabole : « Celui qui s'exalte sera toujours, tôt ou tard, humilié. Si ce n'est pas ici, ce sera dans l'autre vie. Celui qui s'humilie sera exalté particulièrement là-haut au Ciel où on voit les actions des hommes dans leur véritable vérité » 523.9 . Un peu plus tard, discutant avec les compagnons de Zachée, Il réfute très clairement la théorie pythagoricienne qui affirmait qu'au grès de réincarnations successives, l'âme migrait d'êtres en êtres . « C'est une erreur et une offense ! Une erreur et une offense envers Dieu puisque c'est admettre que Lui n'a pu créer qu'un nombre limité d'âmes. Erreur et offense envers l'homme en le jugeant si corrompu qu'il mérite difficilement une récompense. Il ne sera pas tout de suite récompensé, il devra subir une purification après la vie quatre-vingt dix-neuf fois sur cent, mais la purification prépare à la joie. Aussi celui qui se purifie est déjà quelqu'un de sauvé. Et une fois sauvé, il jouira avec son corps après le dernier Jour. Il ne pourra avoir qu'un corps seul pour son âme, qu'une seule vie ici-bas, et c'est avec le corps que lui ont fait ceux qui l'ont procréé, et avec l'âme que le Créateur lui a créée pour vivifier sa chair, qu'il jouira de la récompense » 524.9 . A la tombée de la nuit de ce samedi 11 novembre , un groupe de synhédristes menés par le pharisien Sadoc tendent un nouveau piège à Jésus. Ils lui demandent de statuer sur le cas de la prophétesse Sabéa, une possédée selon eux. Mais les arguments de Jésus les confondent et les divisent. Jésus rappelle à Sadoc la promesse faite à Cédes : « Quand la lune sera revenue à la phase où maintenant elle brille dans le ciel, je te donnerai la preuve, la première. L'autre tu l'auras quand le grain, qui maintenant dort en terre, agitera ses épis encore verts au vent de Nisan ». Tandis que les plus hostiles s'éloignent rageusement, quatre synhédristes restent un moment : « Maître. Nous allons partir parce qu'il fait nuit, mais nous voulons te dire que nous croyons à ton jugement. Dieu peut tout, c'est vrai, et pour nous qui tombons dans des fautes nombreuses, Il peut susciter des esprits qui nous rappellent à la justice » 525.17 . La célébration de la Dédicace du Temple approche. Jésus retourne à Nobé avec tous les siens. Passant par Béthanie, Il y salue brièvement les sœurs et Lazare, dont l'état empire de jour en jour. Il les exhorte : « L'amour du Seigneur pour vous se manifestera en proportion de votre amour. Et souvenez-vous que l'amour a deux ailes pour être parfait, deux ailes d'autant plus démesurées qu'il est plus parfait : la foi et l'espérance » 527.2 . Chemin faisant, Il éclaire Jean à propos d'une question qui préoccupe tous les apôtres : « Connais-tu tout l'avenir, ou bien t'est-il caché en partie ? » 527.5 . Et la réponse du Seigneur nous éclaire sur le mystère de sa double nature, « vrai Dieu et vrai homme » . Arrivés à Nobé ils retrouvent enfin Judas, absent depuis leur départ de Jérusalem. Plus impudent et démoniaque que jamais, sa présence effrontée jette le trouble parmi les apôtres, et accroît encore la lassitude et les souffrances de Jésus. Qu'a-t-il manigancé avec ses amis du sanhédrin ? Maria Valtorta ne le dit pas, mais le fait est que les jours suivants les apôtres constatent que les pharisiens se font plus discrets, et cela suffit à les rasséréner. Ils en viennent à louer les talents de diplomate de leur compagnon. « Il faut convenir que Judas de Kériot a vraiment bien travaillé alors qu'en notre cœur nous le critiquions. Une fois revenus ici, plus d'ennuis ! Les faits ont confirmé ses paroles. Il semble que l'on soit revenu aux beaux temps de "La Belle Eau" » 529.3 , observe même Jacques de Zébédée. Elise, plus attentive aux signes, et plus circonspecte, calme leur bel enthousiasme : « Je dis que parfois une grande paix, dans un lieu exposé aux bourrasques, est le prélude d'une tempête plus dangereuse que jamais » 529.3 . Elle n'a pas tort. Judas en effet s'enfonce chaque jour d'avantage dans la luxure et le mensonge et demeure insensible à l'amour miséricordieux du Christ. FOOTNOTES : Conseil rapporté par Mt 7,21 et Lc 6,46, et que l'on retrouve sous différentes formes dans l'œuvre, en MV 176.4, MV 298.5, ou MV 411.1 par exemple. : Pythagore croyait en la « transmigration des âmes », ou « métempsycose », et disait se souvenir de certaines de ses existences antérieures, affirmant qu'il était la réincarnation d'Euphorbe. : Seul samedi du mois (le 16 Cisleu) où la lune se lève peu après le coucher du soleil, comme le note Maria Valtorta. (« il se met en chemin à la première clarté de la lune » 525.19 ). : Annonce que la résurrection de Lazare aura lieu dans un mois, vers la pleine lune de tebeth, et la Résurrection du Christ, à la Pâque. En MV 547.7, Jésus remémore cette promesse. : L'un d'eux, Jacob, était présent lors de l'examen de majorité de Margziam (MV 201.3-5). : Ainsi que le réaffirma, en 451, le concile de Chalcédoine : « Jésus est vraiment homme et vraiment Dieu... Un seul et même en deux natures... sans confusion sans changement, sans division et sans séparation ».
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Troisième année de vie publique
La venue de Valéria à Nobé
La fête de la Dédicace est maintenant toute proche. Valéria, la disciple romaine, vient rencontrer Jésus. Elle est accompagnée de sa fillette Faustina « une enfant encore car elle peut avoir au maximum trois ans » 531.8 . Avant même qu'elle ne Lui expose le délicat motif de sa visite, Jésus par des paroles de réconfort lui prouve qu'Il sait déjà tout, « sans avoir besoin des rapports des centurions » 531.10 . Abandonnée par son mari libertin et volage, Valéria vient trouver conseils et réconfort auprès du Maître. « Lui a donné le mauvais exemple. C'est vrai. Mais cela ne te dispense pas de donner, toi, un exemple de vertu. Lui s'en est allé, c'est vrai. Toi, prends sa place auprès de ta fille et des serviteurs » 531.11 . Et Jésus ajoute : « Et même si tu n'étais plus l'épouse, mais la divorcée, rappelle-toi (Jésus se lève) que la séparation légale ne supprime pas le devoir de la femme d'être fidèle à son serment d'épouse » 531.12 . Et Jésus enseigne longuement la romaine sur l'aspect sacré et indissoluble du mariage. « Dans ma religion le divorce n'existera pas. Et adultère et pécheur sera celui qui contractera le divorce civil pour contracter une nouvelle union » 531.14 . Ce sont des paroles très fortes, dont on trouve l'écho dans l'évangile et dans l'enseignement permanent du Magistère . Et Jésus ajoute même : « Seule la mort de l'un des conjoints et le veuvage qui en résulte pour l'autre, peut justifier les secondes noces, bien que je juge qu'il serait meilleur de s'incliner devant le verdict toujours juste de Celui qui règle les destinées des hommes » (...) « Le "où tu es Caius, je serai moi Caia" de votre rite se perpétue dans l'au-delà, dans notre rite, dans mon rite, car la mort n'est pas la fin, mais la séparation temporaire de l'époux et de l'épouse, et le devoir d'aimer dure aussi au-delà de la mort. C'est pour cela que je dis que je voudrais la chasteté chez les veufs » 531.14 . Cet enseignement du Christ n'apparaît pas dans les évangiles. Mais il se retrouve exprimé dès les tous premiers temps de l'Église, à la fin du 1er siècle : « Après la mort de l'un des deux époux, si le survivant se remarie, il ne pèche point ; mais s'il demeure seul, il acquiert un grand honneur devant Dieu » FOOTNOTES : Faustina est née en 27. Elle a donc effectivement entre 2 ans 1/2 et 3 ans. : Voir en particulier : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l'égard de la première ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle (suite page suivante...) : « Ubi tu Gaius, ibi ego Gaia » ( où tu seras Gaïus, je serai Gaïa) était la formule de fidélité dite par les époux romains lors du mariage. : Au paragraphe 4 des Préceptes du Pasteur d'Hermas (voir Genoude, Les Pères de l'Eglise tome 1 p 164).
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Troisième année de vie publique
A Jérusalem, durant la fête de la Dédicace
C'est maintenant la veille des Encénies (le lundi 19 novembre 29). La maisonnette de Nobé a été décorée et l'ambiance est festive. Mais la joie des apôtres est éphémère : « dans le noir absolu d'une nuit encore sans lune » 532.5 , une voix féminine se fait suppliante. Jésus informe les douze : « La femme n'a ni faim, ni froid et elle sait très bien où aller. Elle n'a pas peur de la nuit. Mais c'est une malheureuse, bien qu'elle ne soit ni malade ni lépreuse. C'est une prostituée, et elle vient pour me tenter. Je vous en dis tant pour que vous sachiez que je sais » 532.4 . Judas, qui n'est surement pas étranger à cette provocation, tente de s'esquiver. Jésus ordonne à l'apôtre dévoyé de l'accompagner. « Mais où ? Il fait nuit », objecte Judas. « Prier. Cela ne te fera pas de mal, à moins que tu craignes l'air de la nuit si tu le respires avec Moi » 532.13 lui répond Jésus. Mais c'est seul que Jésus passera la nuit en prière, sachant que désormais rien n'arrêtera plus la chute de l'Iscariote. commet un adultère » (Mc 10,11-12), et le Catéchisme de l'Eglise Catholique § 1650 et § 2382 à § 2386 Après un bref passage matinal au Temple, le Sauveur se rend à la synagogue des affranchis romains, où Il accomplit de nombreuses guérisons. Il y réconforte une veuve venue d'Alexandroscène, en lui rappelant la parabole de l'ouvrier de la dernière heure , dont son mari, Zéno, avait été l'un des auditeurs, peu avant de mourir . Aux nombreux gentils venus pour L'écouter, le Sauveur indique que « l'homme, qui par sa vertu arrive à sentir le Dieu inconnu et à vivre vertueux pour rendre hommage à ce Dieu inconnu, peut bien se dire qu'il a connu Dieu parce que Dieu s'est révélé à lui pour récompenser sa vie vertueuse » 534.6 . Mais plusieurs s'inquiètent : « nous sommes des gentils et nous ne connaissons pas ta loi. Nous n'avons pas le temps de rester ici et de te suivre. Comment ferons-nous pour avoir cette vertu qui nous fait mériter de connaître Dieu ? » 534.6 . Jésus explique que ses apôtres viendront « pour porter ma Loi dans le monde », et Il la résume ainsi : « Aimez Dieu de tout votre cœur. Aimez les autorités, les parents, les amis, les serviteurs, le peuple, et même les ennemis, comme vous aimez vous-mêmes. Et pour être sûrs de ne pas pécher, avant de faire n'importe quelle action, soit qu'elle soit commandée, soit qu'elle soit spontanée, demandez-vous : "Aimerais-je que me soit fait ce que je vais faire à celui-ci ?" Et si vous voyez que vous ne l'aimeriez pas, ne le faites pas » 534.7 . Un grec victime d'une rixe voudrait se venger. Il demande conseil au Seigneur... « C'est toi, un grec qui me le demandes ? Vos grands hommes n'ont-ils peut-être pas dit que les mortels deviennent semblables à Dieu quand ils correspondent à deux dons que Dieu leur accorde pour les rendre semblables à Lui et qui sont: pouvoir être dans la vérité et faire du bien au prochain ? » « Ah! Oui ! Pythagore ! » 534.9 . Cette pensée est effectivement attribuée à Pythagore : « c'est aux humains, dont la race est divine, à discerner l'Erreur, à voir la Vérité ». Il semble improbable que Maria Valtorta ait pu l'apprendre autrement que par une authentique vision. Pendant ce temps Judas, interpellé par un pharisien, quitte à nouveau ses compagnons pour quelque prétexte fallacieux. En réalité il part en courant à un rendez-vous secret dans la maison de campagne de Caïphe, où l'attendent une quinzaine de synhédristes parmi les plus hostiles au Christ. Ainsi apprend-on que c'est Judas l'organisateur du piège tendu à Jésus il y a peu. En dépit de toute sa perversité, Judas reste encore tiraillé entre ses pulsions mauvaises qui le poussent à la trahison, et la fascination d'être un apôtre du Christ. L'annonce du meurtre d'Eli-Anna, le père du synhédriste Simon l'horrifie : « Je pars Je pars ! Laissez-moi aller !… Vous êtes… pires que des chacals… Je pars ! Je pars ! » 535.11 . Peu après il rejoint le groupe des apôtres et Jésus sur le chemin qui mène à Béthanie. Jésus vient exhorter une fois encore les deux sœurs effondrées par l'approche inexorable de la mort de leur frère Lazare : « Moi je vous dis de savoir espérer et croire en dépit de toute réalité contraire. Vous me comprenez ? Je dis : sachez espérer et croire en dépit de toute réalité contraire . (...) Le Très-Haut sait combien, comme Homme, je voudrais m'arrêter, ici avec vous, pour l'assister et le consoler, vous assister et vous réconforter. Mais comme Fils de Dieu, je sais qu'il est nécessaire que je m'en aille, que je m'éloigne… Que je ne sois pas ici quand… vous me désirerez plus que l'air que vous respirez. Un jour, bientôt, vous comprendrez les raisons qui maintenant pourront vous paraître cruelles. Ce sont des raisons divines » 536.11 . Le jour suivant, vendredi, Jésus retourne au Temple ou Il opère plusieurs guérisons miraculeuses. Il exorcise une fillette dont le démon chassé proclame : « Va-t'en ! Va-t'en ! Cause de notre ruine. Je sais qui tu es. Tu es… Tu es le Christ » 537.3 . Les pharisiens présents saisissent ce nouveau prétexte pour interroger Jésus : « On sait que Belzébuth est un esprit de mensonge. Nous ne voudrions pas nous tromper, ni être trompés Dis-nous donc qui tu es, de ta bouche de vérité et de justice » 537.5 . C'est alors que se situe la déclaration solennelle rapportée avec précision par saint Jean(Jn 10,22-37). Maria Valtorta consacre une dizaine de pages à cet épisode. Qui pourrait, en étudiant attentivement ce texte intense à la lumière du récit évangélique, ne pas en être fasciné ? Le contenu de ces pages sublimes devrait à lui seul suffire à prouver leur inspiration divine. Saint Jean ne nous dit pas comment Jésus échappa, ce jour-là, à la lapidation. Les légionnaires romains, entendant le tumulte, surgirent de la forteresse Antonia pour rétablir l'ordre et permettre la fuite de Jésus et des siens... Après un tel déferlement de haine contre Lui, Jésus se sépare pour quelques jours des apôtres et des disciples, et part s'isoler dans la grotte de Bethléem. Il les rejoindra bientôt à Béthabara, dans la maisonnette de Salomon. Mais Jean, poussé par son amour pour Jésus, et encouragé par Pierre, suit Jésus de loin, comme il l'avait déjà fait lors de la réunion secrète chez Chouza. C'est donc accompagné du disciple bien aimé que Jésus quitte Bethléem le lundi 26 novembre, pour aller retrouver les autres au bord du Jourdain. * Ainsi s'achève la troisième année de la Vie publique . Et comme Il l'avait déjà fait à l'issue des deux premières années, Jésus marque cette étape par quelques lignes dictées à Maria Valtorta : « Et même la troisième année de vie publique prend fin. Maintenant arrive la période préparatoire à la Passion. Celle dans laquelle en apparence tout semble se borner à un petit nombre d'actions et à un petit nombre de personnes. C'est comme si ma figure et ma mission s'estompaient. En réalité Celui qui paraissait vaincu et écrasé, était le héros qui se préparait à l'apothéose et autour de Lui ce n'étaient pas les personnes mais les passions des personnes qui se concentraient et se portaient à leurs limites extrêmes. Tout ce qui a précédé, et qui peut-être pour certains épisodes a paru sans but pour des lecteurs mal disposés ou superficiels, s'éclaire ici d'une lumière sombre ou resplendissante » 540.11 . (...) « Comprendra-t-elle tout cela, la société de maintenant à laquelle je donne cette connaissance de Moi-même pour la rendre forte contre les assauts de plus en plus violents de Satan et du monde ? Aujourd'hui aussi, comme il y a maintenant vingt siècles, il y aura la contradiction parmi ceux pour qui je me révèle. Je suis encore une fois un signe de contradiction. Mais non pas Moi, par Moi-même, mais par rapport à ce que je suscite en eux. Les bons, ceux de bonne volonté, auront les réactions bonnes des bergers et des humbles. Les autres auront des réactions mauvaises comme les scribes, les pharisiens, les sadducéens et les prêtres de ce temps. Chacun donne ce qu'il a » 540.12 . FOOTNOTES : Détail exact, puisque le 19/11, la lune, entre le dernier quartier et la nouvelle lune, apparaît dans le ciel seulement deux heures avant l'aube ! : C'est là que Jésus prononça, en janvier 29, le discours de l'ouvrier de la dernière heure selon Mt 20,1-16 (voir MV 329.11). : Tiré des Vers dorés des pythagoriciens n°34. Helvétius dans De l'Esprit , 1759, page 478 précise : « Si deux choses, comme le dit Pythagore, rendent un homme semblable aux dieux, l'une de faire le bien public, l'autre de dire la vérité, celui qui se modèlerait sur les dieux serait, à coup sûr, maltraité par les hommes ». : Lors du récit de la résurrection de Lazare, saint Jean évoque cette recommandation faite aux sœurs (Jn 11, 40).
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Préparation à la Passion de Jésus
La mort de Lazare
Quelques jours ont passé, et la nouvelle de l'agonie de Lazare s'est maintenant propagée dans Jérusalem. De nombreux notables se rendent à Béthanie, sans doute plus motivés par l'espoir d'y surprendre Jésus que par compassion envers le mourant. Pour d'autres c'est aussi pour s'assurer que Lazare est vraiment mourant, et que le Christ ne peut rien pour le sauver. Rassurés, ils en viennent même à tenter Marthe en lui suggérant hypocritement de rechercher l'aide du Maître : « Pourquoi ne veux-tu pas essayer? Lui a ressuscité les morts… Du moins c'est ce que l'on dit … » 542.5 . Convaincus que Lazare est perdu, ils triomphent devant Marie Madeleine : « Tu sais que devant une mort véritable son pouvoir est nul, et dans ton sot amour pour Lui, tu ne veux pas que cela paraisse » 542.6 . Suppléant sa craintive sœur, Marie les chasse tous sans ménagement : « Dehors ! À vos tanières ténébreuses ! Dehors tous. Ou je vous ferai chasser par les serviteurs comme un troupeau de gueux immondes » 542.6 . Pendant deux jours elle résiste encore à Marthe, de plus en plus tentée d'appeler Jésus au secours à mesure que l'heure de la mort de Lazare se fait proche et inéluctable. « Oh ! comme, en vérité, il faut être absolues, comme je l'ai été, dans le mal, pour pouvoir être aussi, et savoir, et vouloir être absolues dans le bien, dans l'obéissance, dans l'espérance, dans la foi, dans l'amour ! » 543.3 . Mais cette soumission absolue à la volonté divine est encore au dessus des forces de Marthe. En secret de sa sœur, elle envoie un serviteur prévenir le Maître. « Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début » 543.5 . Elle s'accroche durant quelques heures à ce fol espoir, mais « à la fin du second temps de la nuit » 544.11 , après une longue et douloureuse agonie, Lazare rend son dernier souffle. A l'aube le serviteur, de retour de Béthabara, rapporte les paroles de Jésus : « Dis-leur de rester tranquilles. Ce n'est pas une maladie mortelle, mais c'est la gloire de Dieu, pour que sa puissance soit glorifiée en son Fils » (...) « Je viendrai. Dis- leur que je viendrai, et qu'elles aient foi » 544.12 . Mais naturellement, dans son légitime désarroi, ces paroles ne réconfortent pas Marthe : « Oh ! en plus de la mort, c'est la désillusion ! Marie ! Marie ! Tu ne réfléchis pas que cette fois le Maître s'est trompé ? Regarde Lazare. Il est bien mort ! Nous avons espéré au-delà de ce qui est croyable, et cela n'a pas servi » 544.12 . Les obsèques ont lieu le jour même, le 21 décembre, juste avant le sabbat. Tous les notables de Jérusalem se pressent à Béthanie car les nombreux serviteurs de Lazare ont porté la nouvelle un peu partout dès le lever du jour. Bien entendu, les discussions tournent autour de l'absence remarquée de Jésus. Pour les uns, c'est l'hostilité et les menaces du Sanhédrin qui L'ont tenu éloigné ; mais pour ses ennemis, c'est la preuve que ses prétendus miracles sont frauduleux, et qu'Il ne pouvait rien pour guérir son ami Lazare. A Nicodème qui s'étonne que tant de synhédristes se rendent à Béthanie, Joseph d'Arimathie répond : « Uziel s'est souvenu, et avec lui Sadoc, d'un défi exprimé il y a plusieurs lunes. Le Christ a dit qu'il prouvera qu'il sait recomposer un corps en décomposition. Et Lazare est tel. Et Sadoc le scribe dit encore que, près du Jourdain, le Rabbi lui a dit, de Lui-même, qu'à la nouvelle lune il verrait s'accomplir la moitié du défi. Celui-ci : d'un corps décomposé qui revit et sans plus de tares ni de maladie » 546.5 . Marie retarde autant qu'elle le peut la mise au tombeau, espérant encore que Jésus va arriver... Lorsqu'enfin le corps de Lazare repose dans son tombeau, les ennemis de Jésus, rassurés, peuvent jubiler : « Son défi ! Et nous l'avons craint ! ». Et tous s'éloignent en promettant « qu'ils reviendront chaque jour pour le deuil » 546.11 . FOOTNOTES : Voir Jn 11,1-4. Notons au passage que l'onction à laquelle Jean fait allusion au verset 2 est bien évidemment celle qui eut lieu à Capharnaüm chez le pharisien Simon (Lc 7,36-50) et non (suite page suivante...) : C'est effectivement maintenant la nouvelle lune. Le défi avait été lancé à Cédès, en février (MV 342.6) et renouvelé il y a juste un mois, à Jéricho (MV 525.16). La présence de tant de synhédriste à Jérusalem à cette époque est justifiée un peu plus loin (voir MV 546.8) car tous étaient convoqués pour une séance extraordinaire du Sanhédrin.
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Préparation à la Passion de Jésus
La résurrection de Lazare
Dans la maisonnette de Salomon, le dimanche soir, alors que son ami Lazare est au tombeau depuis deux jours, Jésus annonce son pas celle de Béthanie, qui aura lieu juste avant la Pâque (Jn 12,1-18), dans plus de trois mois. Si, comme le supposent certains exégètes Jean faisait ici allusion à l'onction de Béthanie, sa précision serait superflue et inutile. intention de retourner en Judée : « Lazare est mort. J'ai attendu qu'il soit mort pour aller là-bas, pas à cause de ses sœurs ni de lui, mais à cause de vous pour que vous croyez, pour que votre foi grandisse. Allons chez Lazare » 547.6 . Le témoignage de Maria Valtorta est tout à fait conforme à celui de saint Jean(Jn 11,6-16). Le départ est décidé pour le lundi à midi. Ils passeront la nuit chez Nike. Repartant le mardi à l'aube Jésus prévoit d'atteindre Béthanie le mardi vers la mi-journée. Aux apôtres craintifs de retourner vers Jérusalem avant la Pâque, Jésus rappelle qu'Il doit accomplir sa promesse faite à Cédès. « Dieu seul peut tirer un homme de la fange et de la pourriture refaire un corps intact et vivant . Eh bien, je vais le faire » 547.7 . Tous sont stupéfiés par cette annonce, qui provoque cette réflexion de Pierre : « Si Israël ne se convertit pas, Yahvé Lui-même, au milieu des foudres, ne peut le convertir » 547.8 . Comme prévu, ils atteignent Béthanie le mardi 25 décembre à sexte, le quatrième jour après les funérailles. Saint Jean précise que ce jour là encore, « beaucoup de juifs étaient venus » (Jn 11,19). Plus encore que la notoriété de Lazare, c'est certainement le signe annoncé par Jésus qui justifie une telle présence. « Il est certain désormais qu'il ne peut pas faire le miracle » 548.2 , font même observer certains. La suite, nous la connaissons déjà dans ses grandes lignes grâce au récit de saint Jean (Jn 11, 20-46). Maria Valtorta y joint de nombreux détails crédibles comme seul, semble-t-il, un témoin oculaire peut le faire. Elle nous aide à imaginer la stupeur et le comportement des personnes présentes devant un tel prodige. Jésus interpelle Sadoc et ses compagnons du Sanhédrin, alors qu'ils s'éloignent plus haineux que jamais. « Est-ce que cela te suffit, Sadoc, ce que tu as vu ? (...) Nul prophète n'a jamais pu rassembler ce qui était décomposé, en plus que mort. Dieu l'a fait. Voilà le témoignage vivant de ce que je suis » 548.14 . Leur refus démoniaque de la Vérité leur vaudra une terrible condamnation durant le mercredi Saint . Déjà au bord du Jourdain, six mois plus tôt, expliquant pourquoi le péché contre l'Esprit ne sera pas pardonné, Jésus avait dit : « La vérité est manifeste. Mais ils la nient parce qu'ils veulent la nier (...) Et de me dire "satan" ne leur sera pas pardonné car l'Esprit fait, par Moi, des œuvres divines et non sataniques » 421.8 . Comme on l'imagine facilement, la nouvelle de la résurrection de Lazare se propage à travers la ville à une vitesse prodigieuse et entraine la convocation du Sanhédrin en séance extraordinaire dès la fin de journée . Le prestige et l'autorité de Gamaliel dans cette assemblée ne sont pas de trop pour contenir les plus excités. Témoin lui aussi du prodige intervenu à Béthanie, il n'hésite pas, s'appuyant en particulier sur la Genèse, l'Exode, les Proverbes et la Sagesse de Sira , à finalement proclamer : « Il est Celui qui est. Dieu sait ce qu'il est. Nous voyons ses œuvres, Dieu voit aussi ses pensées. Mais il n'est pas le Messie car, pour nous, Messie veut dire Roi. Lui n'est pas, ne sera pas roi. Mais il est saint, et ses œuvres sont celles d'un saint. Et nous, nous ne pouvons pas lever la main sur l'Innocent, sans commettre un péché. Moi, je ne souscrirai pas au péché » 549.9 . Cette proclamation ne calme pas les plus enragés. Tard dans la nuit, après une tentative infructueuse auprès de Pilate, ils retournent au Temple. C'est là que Caïphe décide (Jn 11,45-53) : « Après ce qui est arrivé, Jésus doit mourir. Vous ne réfléchissez pas vous tous qu'il vaut mieux qu'il meure un homme plutôt qu'un grand nombre ? Par conséquent que Lui meure pour sauver son peuple pour que ne périsse pas toute la nation. Du reste… Lui dit qu'il est le Sauveur. Qu'il se sacrifie donc pour sauver tout le monde » (...) « C'est assez attendu ! C'est assez discuté ! J'ordonne et décrète que quiconque sait où se trouve le Nazaréen vienne dénoncer l'endroit, et anathème sur qui n'obéira pas à ma parole » 549.15 . Et levant la séance, Caïphe ordonne : « Vendredi, entre tierce et sexte, tous ici pour délibérer » 549.15 . FOOTNOTES : Il y a mention de cette demande dans L'évangile des douze apôtres (un apocryphe déjà en usage au 2e siècle): « Nous savons, Seigneur, que tu as ressuscité le fils de la veuve de Naïn. Mais autre chose est le miracle de ce moment-là, car tu les as trouvés marchant avec lui (le mort) dans le chemin. Nous voulons voir des ossements qui se sont disjoints dans le tombeau, comment ils s'y réuniront l'un à l'autre, en sorte que les (morts) puissent parler » (2 e fragment). : Voir Mt 23,1-39, et MV 596. : Maria Valtorta reçut cette vision le 27 décembre 1946, presque trois ans après celle de la résurrection de Lazare (reçue le 23 mars 1944). Pourtant la cohérence entre les deux épisodes est parfaite. : Ces paroles extraites de l'Ecclésiastique (Sir 24, 8,18-26) prennent une importance particulière, puisque ce livre n'est pas admis dans le « canon » juif, et qu'il est rangé comme apocryphe par les Eglises protestantes.
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Préparation à la Passion de Jésus
Le séjour à Ephraïm
Les Écritures ne nous disent rien du lieu de refuge de Jésus avant la Pâque, si ce n'est par un simple verset dans saint Jean(Jn 11,54). Pourtant ce séjour a laissé sur place une trace durable , puisque deux mille ans après, Taybeh reste le seul village entièrement chrétien de tous ceux visités par le Christ durant sa vie publique. Maria Valtorta consacre presque deux cent pages de son œuvre à ces trois mois de retraite pendant lesquels les apôtres et les disciples vont tisser des liens étroits avec les samaritains. Ainsi pourront-ils facilement s'y réfugier à nouveau, lors de la première persécution de l'Église naissante (Ac 8 1-17). C'est également une période que le Christ met à profit pour parachever l'enseignement de sa doctrine auprès des siens. Après une brève escale nocturne chez Nike, près de Jéricho, le groupe apostolique bravant l'interdit sabbatique, reprend la voie romaine du nord dans la vallée du Jourdain. C'est seulement lorsqu'ils se dirigent visiblement vers la Samarie que Jésus les informe : « À cette heure, on va lire dans les cinq cents et plus synagogues de Jérusalem et dans celles des villes qui ont pu recevoir le décret émis hier à sexte, que je suis le grand pécheur et que quiconque sait où je suis a le devoir de me dénoncer au Sanhédrin pour que je sois arrêté … » 551.5 . Et lorsqu'ils trouvent refuge à Ephraïm, le Seigneur leur précise : « Nous ne partirons d'ici que pour revenir à Jérusalem pour la Pâque » 552.1 . Quand à nouveau, le sabbat suivant Jésus se trouve contraint de marcher après le coucher du soleil, Judas feint de s'en offusquer. Jésus réplique : « J'ai marché après le coucher du soleil, mais mon Père m'en absoudra car j'ai accompli un acte de miséricorde » 553.4 et Il ajoute « devant une nécessité sainte on doit savoir appliquer la loi avec souplesse d'esprit » 553.5 . Chaque sabbat est une occasion pour faire méditer les apôtres sur les textes sacrés, et pour leur en expliquer le sens véritable. Ainsi par exemple, commentant l'épisode biblique du bouillon imbuvable (2 Rois 4,38-41), Jésus soumet aux siens ce beau sujet d'exégèse : « que signifie pour vous la farine qui enlève l'amertume à la soupe des fils des prophètes ? » 554.8 . Pourrait-on honnêtement envisager que Maria Valtorta ait « imaginé » la réponse donnée par Jean ? Tout au long du séjour à Ephraïm, de tels exemples se répètent régulièrement, et sont souvent, pour les uns et les autres l'occasion d'approfondissement de la doctrine du Christ et la préparation à leur future mission. Une fois Jésus annonce à Pierre : « Un jour, et il ne se passera pas des années, toi, ainsi que tes compagnons, vous devrez écouter les confidences des cœurs, non pas comme vous les écoutez maintenant en tant qu'hommes, mais comme Prêtres, c'est-à-dire Médecins, Maîtres et Pasteurs des âmes, comme Moi, je suis Médecin, Maître et Pasteur. Vous devrez écouter, décider et conseiller. Votre jugement vaudra comme si Dieu même l'avait prononcé … » 555.2 . La réaction de Pierre est immédiate : « Cela n'est pas possible, Seigneur. Ne nous l'impose jamais. Comment veux-tu que nous jugions comme Dieu si nous ne savons même pas juger comme hommes ? » 555.2 . Et Jésus lui indique comment juger les fautes avec justice et comment pardonner inlassablement celui qui se repend... Puis Il ouvre l'esprit de l'apôtre au sens de la souffrance et du sacrifice. Durant cette période Jésus garde à ses côtés Judas, dans une ultime tentative de conversion. « Si cela ne sert pas à son esprit cela servira au mien, car je ne pourrai pas me reprocher d'avoir omis quelque chose pour le sanctifier » 555.5 . Mais Judas, « vendu au Sanhédrin et traître du Christ » 561.13 refuse toute miséricorde. Il est pris en flagrant de vol par Jean et Jésus. « Aujourd'hui voleur, demain assassin. Comme Barabbas. Pire que lui » 567.12 . Dans un face-à-face pathétique, Jésus tente encore vainement de racheter le coupable impénitent. Puis Il supplie le préféré : « Jean, par amour pour Moi, oublie tout cela. Je le veux. » « Oui, mon Seigneur. J'essaierai de le faire » 567.27 . Plus tard Il déclare à Judas : « celui qui sans en avoir l'ordre et sans y être contraint tue un innocent, ou coopère à son meurtre, va devant Dieu avec le visage horrible de Caïn » 571.3 . FOOTNOTES : Cette indication est attestée par le Talmud de Jérusalem (PT Megillah 3,1; BT Megillah 3b) mentionne 480 synagogues à Jérusalem au temps de Vespasien au 1er siècle. : Sans pour autant révéler cet épisode douloureux, Jean note dans son évangile (Jn 12,6) que Judas « était voleur et que, chargé de la bourse, il dérobait ce qu'on y déposait »
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Préparation à la Passion de Jésus
Le voyage en Samarie avant la Pâque
Les semaines passent, et la Pâque approche. Avant de quitter définitivement la Samarie, Jésus y organise un périple d'évangélisation. C'est ainsi que les apôtres, accompagnés des femmes disciples qui les ont rejoint depuis un mois, vont passer tour à tour par Silô, Lébona, Sichem puis Enon , d'où ils repartent en longeant le Jourdain vers le sud. Mais la nouvelle que Jésus quitte la Samarie pour aller célébrer la Pâque à Jérusalem s'est vite répandue, attisée par quelques provocateurs. Et les foules, si facilement versatiles, se retournent contre les apôtres et les menacent. C'est donc à la fin de ce voyage, qu'intervient l'épisode mentionné par saint Luc (Lc 9,51-56). « Maître, si Toi, à cause de la perfection de ton amour, tu ne veux pas recourir au châtiment, veux-tu que nous le fassions ? Veux-tu que nous disions au feu du ciel de descendre et de consumer ces pécheurs ? Tu nous as dit que nous pouvions tout ce que nous demandions avec foi et… » 575.7 proposent les fils de Zébédée. La réponse de Jésus : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. Le Fils de l'homme n'est pas venu pour perdre les âmes mais pour les sauver » 575.7 , figurait dans d'anciennes versions de la bible (Segond, Saucy, Tours...). Considérée comme d'origine suspecte par certains, elle est maintenant parfois mentionnée seulement en note (voir bibles d'Osty, TOB et de Jérusalem). FOOTNOTES : « Je vais à Enon. Je veux saluer l'endroit du Baptiste, puis je descendrai à la route de la vallée » 573.3 dit Jésus à cette occasion. : Saint Luc mentionne donc lui aussi le séjour en Samarie évoqué par saint Jean (Jn 11,54).
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Préparation à la Passion de Jésus
La rencontre avec le jeune homme riche
Tandis qu'ils sont à proximité de Doco, le lundi 25 mars, un disciple de Gamaliel, Philippe de Kanatha , croise leur route et s'approche de Jésus. Matthieu, Marc et Luc(Mt 19,16-30 ; Mc 10,17-31 et Lc 18,18-30) ont rapporté la conversation de cet homme riche avec Jésus. Le long compte-rendu que Maria Valtorta nous transmet de ce dialogue, tout en restant bien entendu conforme au récit évangélique, apporte comme d'habitude quelques variantes très éclairantes. Ainsi lorsque Jésus conclut : « Et je vous dis encore que ce ne sont pas tous ceux qui semblent les premiers, et devraient l'être ayant reçu plus que tous, qui seront tels. Et ce ne sont pas tous ceux qui semblent les derniers, et moins que les derniers, n'étant pas en apparence mes disciples et n'appartenant même pas au Peuple élu, qui seront les derniers. En vérité beaucoup des premiers deviendront derniers et beaucoup de derniers, de tout à fait derniers, deviendront premiers » 576.8 . Voici qui clarifie le verset final et quelque peu énigmatique de Matthieu et Marc, et que Luc a rapporté ailleurs dans son évangile (Lc 13,30) : « Beaucoup de premiers seront derniers, et beaucoup de derniers premiers ». Le pape Jean-Paul II a consacré une importante lettre apostolique au sujet du jeune homme riche. « Il n'avait pas trouvé le courage de se détacher des biens matériels pour trouver le bien plus grand proposé par Jésus », nous dit le saint père. C'est aussi ce que confia Jésus à Maria Valtorta quarante ans plus tôt dans la dictée du 18/07/1944. Commentant la conversion de Zachée, Jésus donna cette indication : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et suis-moi, ai-je dit au jeune homme riche, et lui n'a pas su le faire » 417.10 . FOOTNOTES : Kanatha, que Maria Valtorta orthographie phonétiquement « Canata », est une petite ville de la Décapole (actuelle Qanawat) qui figure sur la carte de Madaba. : Lettre apostolique à tous les jeunes du monde à l'occasion de l'année internationale de la jeunesse (31 mars 1985). Benoît XVI y consacra aussi son Message aux jeunes du monde à l'occasion de la XXVe Journée Mondiale de la Jeunesse , le 22 février 2010.
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Préparation à la Passion de Jésus
La troisième annonce de la Passion
Le lendemain (mardi 26 mars), venant de Doco, le groupe s'approche de Jéricho. Judas, totalement satanisé, provoque sans cesse ses compagnons en critiquant ouvertement les décisions du Maître. Il insinue que Jésus n'osera pas aller au Temple pour la Pâque : « Tout est tellement irréel de ce que nous faisons depuis quelques mois, tout tellement contraire à ce que l'on peut prévoir, au bon sens, à la justice même » 577.1 . Il s'insurge même de ce que Jésus ait recommandé à Margziam et à certaines femmes disciples de ne pas venir à Jérusalem durant ces jours là. Selon le témoignage de Maria Valtorta, c'est en réponse à ces reproches que Jésus annonce aux apôtres pour la troisième fois l'imminence de sa Passion(Selon Mt 20,17-19 ; Mc 10,32-34 ; Lc 18,31-34). « Il y a des choses que tous ne peuvent pas supporter. Moi, le Maître, je sais ce qui est bien pour mes disciples et ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas supporter. Même vous, vous n'avez pas la force de supporter l'épreuve et ce serait une grâce pour vous d'en être exclus » 577.3 . Comme le rapportent les évangélistes, Jésus ne leur cache rien de l'épreuve désormais imminente. Il ajoute même à leur intention : « Voilà l'épreuve qui vous attend, celle qui montrera votre formation . (...) En vérité je vous dis que vous, la partie élue de mon troupeau, une fois le Pasteur pris, serez saisis par la peur et vous vous débanderez en fuyant comme si les loups qui me saisiront de toutes parts se tournaient contre vous. Mais, je vous le dis : ne craignez pas. On ne touchera pas un cheveu de vos têtes » 577.4 . Alors que les apôtres sont abasourdis par cette révélation, les femmes disciples, qui les suivaient un peu en arrière les rattrapent. Marie Salomé s'approche de Jésus : « Accorde-moi une grâce, avant que tu t'en ailles, comme tu le dis ». « Et laquelle ? » « Celle d'ordonner que mes deux fils, qui pour Toi ont tout quitté, siègent l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, quand tu siégeras dans ta gloire dans ton Royaume » 577.9 . Ce dialogue est conforme au texte de Matthieu (Mt 20,20-28), tandis que Marc (Mc 10,35-45) laisse supposer que ce sont Jacques et Jean qui questionnent Jésus. La réponse du Seigneur, telle que la transcrit Maria Valtorta, concilie parfaitement les deux versions évangéliques : « Jésus regarde la femme et puis il regarde les deux apôtres et leur dit : c'est vous qui avez suggéré cette pensée à votre mère en interprétant très mal mes promesses d'hier ... » 577.9 . Puis Jésus les interroge : « Pouvez-vous peut-être boire au calice que Moi je boirai ? » 577.9 . Presque toutes les bibles françaises (Osty, TOB, Segond, Martin, etc.) traduisent ce verset (Mt 20,22 ; Mc10,38) « boire la coupe ». Pourtant quelques auteurs le commentent effectivement en écrivant « à la coupe » . C'est exactement ce que souligne le texte de Maria Valtorta : « Dans les traductions on lit : "mon calice". J'ai dit : "à mon calice" et non pas "mon calice". Aucun homme n'aurait pu boire mon calice » 577.11 . FOOTNOTES : Notons que dans Le petit journal de sainte Faustine (au 1er mars 1938, §1625), le Seigneur utilise exactement la même formulation : « Il t'est permis de boire au calice que je bois ; je te donne aujourd'hui cet honneur exclusif ».
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L'onction de Béthanie
Le groupe imposant des disciples et apôtres accompagnant Jésus arrive à Béthanie en milieu de journée, le jeudi 28 mars . A peine arrivé, Jésus annonce : « au coucher du soleil de demain commence le sabbat et je veux le faire avec les amis de Béthanie » 581.3 . Puis Il envoie prévenir les disciples présents à Jérusalem de se rassembler pour le dimanche matin. « Le lendemain du sabbat j'entrerai dans la ville » 581.3 . A Barnabé, qui vient de rejoindre le groupe des disciples, Il confie ce message pour Gamaliel : « Dis-lui qu'il ouvre son cœur, son intelligence, sa vue, son ouïe ; et que la question qu'il a posée il y a plus de deux fois dix ans aura une réponse » 581.4 . Jésus fait part à son ami Lazare de son souhait : « J'ai un vif désir de passer ces heures dans l'amitié prudente et paisible de vous seuls » 581.6 . C'est en effet son dernier sabbat avant la Passion. Le vendredi, le Christ autorise ses apôtres à vaquer à leur guise, ne gardant à ses côtés que Judas . « Faites en sorte, pourtant, d'être tous ici avant le coucher du soleil » 582.1 leur recommande Jésus. Dans la journée les femmes disciples se rassemblent autour du Christ. C'est l'occasion pour Marie-Madeleine de proclamer sa foi désormais indéfectible . Mais c'est aussi l'occasion pour Jésus de les affermir pour l'heure de l'épreuve, de leur prodiguer ses ultimes conseils, collectivement et individuellement. « Aimez-vous et aimez-moi en Marie. Vous ne défaillirez jamais, car elle est l'Arbre de la Vie, la vivante Arche de Dieu, la forme de Dieu en laquelle la Sagesse s'est faite un Siège et en laquelle la Grâce s'est faite Chair » 583.8 . Durant le sabbat de nombreux pèlerins ayant appris la résurrection de Lazare viennent en curieux à Béthanie pour le voir et l'interroger (Selon Jn 12,9-11). Le soir venu a lieu la cène dans la maison de Lazare, six jours avant la Pâque. Les récits que Matthieu, Marc et Jean nous ont laissé (Mt 26, 6-13 ; Mc 14, 3-9 et Jn 12, 1-8) comportent quelques divergences qui ont parfois troublé les commentateurs. La description de Maria Valtorta, conforme à celle de Jean quant au lieu et aux dialogues, confirme aussi que Jésus séjournait alors dans la maison de Simon le zélote, et que Marie brisa le flacon, ainsi que le rapportent Matthieu et Marc. Mais surtout elle ne laisse aucun doute sur le fait que Marie Madeleine soit l'auteur des deux onctions évangéliques : « Marie répète le geste d'amour d'un soir lointain » 586.6 , précise-t-elle. En outre son récit fait la lumière sur l'évènement qui incita Marie Madeleine à répéter ce geste d'amour, à l'endroit même où deux ans plus tôt, le 27 mars 28, Aglaé avait versé son parfum aux pieds du Sauveur. A l'époque Jésus avait déclaré : « La femme a répandu à mes pieds le parfum de sa joie d'être sauvée... En vérité je te dis que même l'encens des Mages, si pur et si précieux, n'était pas plus suave, plus précieux que ceci » 200.7 . Lazare, témoin très impressionné par les paroles de Jésus, raconta l'onction à Marthe, et Marthe en parla à sa sœur Marie-Madeleine (Cf. MV 243.5) lui inspirant certainement de renouveler à Béthanie l'onction de Capharnaüm ! Et de la part de Judas ce fut deux fois la même réaction hypocrite : « Elle pouvait faire l'économie de cet inutile étalage de rédemption et donner pour les pauvres ce qu'elle a dépensé. .. » 200.7 . Puis tandis que Judas, furieux, s'éloigne de Béthanie pour accomplir son ultime trahison, Jésus appelle son ami Lazare : « Lazare, viens dehors. J'ai besoin de te parler ! » 586.16 . FOOTNOTES : « Au coucher du soleil de demain commence le sabbat » 581.3 précise alors Jésus. A partir de la fin du séjour à Ephraïm le dimanche 17 mars, jusqu'à la Résurrection du dimanche 7 avril, les faits et gestes de Jésus sont décrit jour par jour, et souvent heure par heure dans une cohérence absolue ! : En précisant que « cet avis est pour les seuls disciples » 581.3 , Jésus s'assure qu'un groupe de trois ou quatre cent « sympathisants » L'entourera pour son entrée triomphale dans Jérusalem. : Dans une ultime tentative pour sauver l'âme de Judas, Jésus le supplie de s'éloigner loin de Jérusalem durant la Pâque. « C'est le dernier moment de grâce qui nous est encore accordé pour empêcher ta ruine » 582.12 . Mais Judas refuse tout pardon. : Cette profession de foi parfaite justifie sans doute la grâce qui fera de Marie Madeleine la première à voir le Ressuscité. : La première onction, à Capharnaüm dans la maison du pharisien Simon, est décrite par Maria Valtorta (MV 236.2/3) et par Luc (Lc 7,36-50).
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L'adieu à Lazare
Aucun apôtre ne fut témoin de cet entretien pathétique entre Jésus et Lazare. Il ne figure donc pas dans les évangiles, mais le récit que nous en donne Maria Valtorta nous éclaire sur l'absence assez surprenante de l'ami ressuscité, durant tout le temps de la Passion. Jésus lui dit : « je veux te confier une vérité. Personne ne la sait, sauf ma Mère et l'un des miens. Ma Mère parce qu'elle n'ignore rien. Un autre parce qu'il participe à cette chose. Aux autres je l'ai dite, pendant ces trois années qu'ils sont avec Moi, maintes et maintes fois. Mais leur amour leur a fait l'effet du népenthès et fait obstacle à la vérité annoncée. Ils n'ont pas pu tout comprendre … » 587.2 . Puis Il lui confie sans détour : « en ce moment où tu es près de Moi , (...) un homme, avec d'autres hommes, est en train de débattre le prix de l'Agneau. Tu sais quel nom a cet Agneau? Il s'appelle : Jésus de Nazareth » 587.3 . L'instant de stupeur passé, Lazare nomme le traître : « Ce ne peut être que lui : l'homme qui a toujours été une tache dans ton groupe, l'homme qu'il n'y a pas longtemps a offensé ma sœur. C'est Judas de Kériot ! » « Non. C'est Satan. (...) Satan a pris chair en lui : Judas de Kériot » 587.3 . A l'approche du supplice et de l'agonie, le Christ, vrai Dieu mais aussi vrai homme, éprouve tristesse et angoisse. Il sollicite Lazare : « Ami, j'ai besoin de force et d'aide. Et je te le demande. Je n'ai que toi qui puisses me le donner. Les autres, il est bon qu'ils ne sachent pas, car s'ils savaient… Il coulerait du sang. Et je ne veux pas que les agneaux deviennent des loups, même par amour pour l'Innocent » 587.7 . Quand Jésus lui demande de rester à Béthanie pendant les heures sombres, Lazare refuse d'abord : « Non. Cela, non. Pourquoi Marie et Marthe, et pas moi ? » 587.9 . Mais Jésus lui confie la charge de recueillir ses apôtres et ses disciples : « Jérusalem, dans les jours qui viennent, sera corrompue comme l'est l'air autour d'une charogne en décomposition. (...) Ses miasmes rendront fous même les moins cruels, et jusqu'à mes disciples. Ils s'enfuiront. Et où iront-ils dans leur désarroi ? Chez Lazare . (...) Comme des brebis débandées par le loup qui s'est emparé du berger, ils courront à un bercail. Rassemble-les. Rends-leur courage. Dis-leur que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux » 587.9 . En le quittant, Jésus lui recommande encore : « Adieu, ami. (...) Et ne doute pas. Ils te diront : "C'était un fou ! C'était un démon ! Un menteur ! (...)". À eux, et spécialement à toi-même, réponds : Il était et il est la Vérité et la Vie. Il est le Vainqueur de la mort. Je le sais. Il ne peut être mort pour toujours. Je l'attends » 587.12 . Au même instant, dans la maison de campagne de Caïphe, Judas négociait sa trahison. (Mt 26,14-16 ; Mc 14,10-11 et Lc 22,3-6). FOOTNOTES : Dans l'Odyssée, Homère utilise ce terme à propos d'un breuvage magique à base de vin et de plantes, préparé par Hélène pour apaiser la tristesse de Télémaque.
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L'entrée triomphale à Jérusalem
Quittant Béthanie de bon matin, en direction de Bethphagé, Jésus rassemble ses apôtres et leur déclare : « Maintenant je veux, pour que rien ne reste obscur pour vous, vous ouvrir le sens des prophéties » 589.3 . Il apparaît clairement dans leurs évangiles que Matthieu et Jean ont été particulièrement sensibles à ces ultimes enseignements du Maître pour leur faire comprendre les prophéties messianiques. Comme on peut s'y attendre, le récit de Maria Valtorta est ici encore parfaitement cohérent avec les faits décrits par les quatre témoignages évangéliques (Mt 21,1-11 ; Mc 11,1-11 ; Lc 19,29-46 et Jn 12,12-19). En outre la chronologie, parfois négligée par les évangélistes, est ici minutieusement restituée. « Thomas et André ont couru vers Bethphagé pour chercher l'ânesse et l'ânon et les amener à Jésus » 590.1 . Jésus recommande à sa Mère et aux femmes disciples de Le précéder dans Jérusalem. « Plus que ta présence, ta prière m'est nécessaire, Maman aimée ! » « Si c'est ainsi, mon Fils, nous prierons, toutes, pour Toi » 590.1 . Et toutes, malgré leur désir de participer à la liesse populaire, obéissent spontanément. C'est alors, juste avant de traverser Bethphagé, que se situe la lamentation sur Jérusalem (Lc 19,41-44). Commentant le destin tragique de Jérusalem, Jésus rappelle qu'en tous temps, lorsque l'homme refuse Dieu et sa Loi, « Dieu se retire et le Mal s'avance. Voilà le fruit d'une vie nationale indigne du nom de chrétienne » 590.9 . Maintenant le cortège triomphant dépasse Bethphagé, entre dans Jérusalem par la porte de Siloam, et remonte vers le Temple en traversant le faubourg d'Ophel au milieu des hosannas de la foule dans laquelle, ça et là, Maria Valtorta reconnaît plusieurs visages de disciples. Traversant Jérusalem, le cortège pénètre au Temple par la porte située près de la forteresse Antonia, là où sont rassemblés les marchands et les changeurs. C'est alors que Jésus les chasse pour la seconde fois, ainsi que le rapportent les synoptiques (Mt 21,12-13 ; Mc 11,15-19 et Lc 19,45-48). « Il tonne d'une voix puissante : Hors de la maison de mon Père ! Ce n'est pas un lieu d'usure et de marché » 590.19 , déclare Jésus qui ajoute : « Dehors ! Dehors ! Ou bien le Dieu Très-Haut balayera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple » 590.19 . Une fois le calme revenu, le Seigneur « va vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres affligés » (...) « Ce n'est pas un par un qu'il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et santé en descendent sur les malheureux » 590.20 . Les cris de louanges des miraculés suscitent la réprobation des pharisiens (Cf. Mt 21,14-16). Jésus quitte rapidement le Temple par la porte du troupeau et se rend au Camp des galiléens , sur le mont des Oliviers parmi les siens. Le soir venu, Il rassemble les apôtres, tempère leur enthousiasme revenu, et leur rappelle ce qu'Il n'a cessé de leur dire durant ces trois années : « Je suis Roi de l'esprit. J'offre privations, sacrifices, douleurs. Je n'ai pas autre chose. Ici, sur la Terre, je n'ai pas autre chose. Mais après ma mort, et votre mort dans ma foi, je vous donnerai un Royaume éternel : celui des Cieux » 591.3 . FOOTNOTES : Ici Maria Valtorta rapporte phonétiquement des paroles qu'elle entend sans les comprendre : « Scialem, Scialem melchil ! » 590.12 . L'expression semble signifier: « Paix, Paix, notre roi ». Elle est justement reprise un peu plus loin, en MV 590.15, sans même que Maria Valtorta en prenne conscience ! : La première fois eut lieu au tout début de son ministère, telle que rapportée par Jn 2,13-16. (Voir dans cet ouvrage le paragraphe La première Pâque et MV 53.3).
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La description du cénacle
Evoquant le lieu de la Cène, les versets de Luc (Lc 22,12) et de Marc (Mc 14,15) sont souvent traduits ainsi : « celui-ci vous montrera, à l'étage, une grande pièce aménagée ». On a ainsi le sentiment que la pièce où eut lieu la dernière Pâque était située en hauteur. Mais en décrivant le cénacle, Maria Valtorta indique « une salle située en contre bas de la rue », et cela peut surprendre. En latin l'expression cenaculummagnum stratum employée dans la Vulgate désigne une grande salle à manger pavée . En Palestine la salle à manger était généralement la pièce du haut (donc la chambre haute ), car c'était souvent la plus grande pièce de la maison. Tout naturellement l'habitude fut prise de traduire cenaculum par chambre haute partout où ce terme apparaît dans la Vulgate. Mais les fouilles archéologiques ont démontré qu'il existait aussi à Jérusalem de vastes salles à manger en rez-de-chaussée, dans les maisons riches construites sur le mode du triclinium romain. Dès le premier siècle , les chrétiens montraient à Jérusalem une grande salle, qui fut ensuite convertie en église par l'impératrice Hélène, où l'on affirmait que notre Sauveur avait fait son dernier souper, et avait institué l'Eucharistie. Ils y bâtirent une petite église qui aurait échappé aux destructions de 70 et de 135 et qui représente peut-être la première de toutes les églises. Agrandie vers 390, elle devint un des plus grands édifices de Palestine sous le nom de Sainte Sion . Cette église fut détruite en 614, reconstruite au 12e siècle et à nouveau détruite en 1219. Par la suite, en 1333, les franciscains ne restaurèrent que la seule salle actuelle, de forme rectangulaire, à plafond haut et voûté, soutenu par des colonnes à chapiteaux gothiques. Il semble tout à fait improbable que Maria Valtorta ait pu avoir sous les yeux, en 1944, une photo du cénacle ainsi restauré. Alors on ne peut que s'étonner de l'extraordinaire concordance entre ce lieu saint tel qu'il apparaît aujourd'hui, et la description qu'elle nous en donne : « Je le vois distinctement : je pourrais énumérer toutes les rugosités du mur et les fissures du pavé. C'est une pièce qui n'est pas parfaitement carrée mais aussi peu rectangulaire. Il peut y avoir un mètre ou un peu plus de différence, au maximum, entre le côté le plus long et le plus court . (...) deux larges fenêtres, larges et basses, qui regardent sur le dehors (...) Le pavé est fait de larges briques de terre cuite carrées que le temps a décolorées (...) il y a dans un coin une petite porte à laquelle on accède par un escalier sans rampe de six marches, qui se termine par un palier d'un mètre carré. Sur celui-ci il y a, contre le mur, une autre marche et la porte s'ouvre à son niveau. (...) il est comme un sous-sol, une demie cave nettoyée et arrangée » 599.1-2 . Tandis que les apôtres descendent dans la salle du cénacle, Jésus rejoint sa Mère pour un adieu déchirant. « Soutiens-moi par ton amour et ta prière. Il n'y a que toi qui à cette heure sache prier parmi ceux qui m'aiment plus ou moins. Prier et comprendre. (...) Et pardonne à tous. Pardonnons ensemble, dès à présent pardonnons à ceux qui nous torturent » 599.4 . En sortant Jésus lui dit encore : « Maman, je viendrai encore avant de consommer ma Pâque. Prie en m'attendant » 599.5 . FOOTNOTES : Le cénacle est « la pièce où l'on mange », et lors de la Pâque supplémentaire, Marie Madeleine déclare : « Le Cénacle sera le Gethsémani même » 636.4 . : Voir par exemple la maison princière (Palacial Mansion) qui se visite au Wohl Museum of Jerusalem. : D'après le Dictionnaire de la bible de Dom Calmet, article Cénacle. : Plusieurs pères du désert ont ainsi évoqué les touchants adieux que Jésus fit à sa Mère avant la Passion. Saint Bonaventure, Meditatio in vita Christi , imagine même leur dernier dialogue.
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La Passion et la mort de Jésus
Du prétoire au Calvaire
Jean qui s'était lui aussi enfui, affolé, lorsque Jésus fut transféré chez Caïphe, s'est ensuite ressaisi et se rendit au Prétoire, parmi la foule. Dès l'annonce de la condamnation il se précipite au Cénacle pour prévenir Marie . Il est alors 10h30 selon Maria Valtorta. Arrivé sur les lieux, son courage faiblit, et il se prosterne en prière dans la salle de la Cène : « Oh ! Dieu Très-Haut, aide-moi ! Aide-moi à le dire à la Mère ! Je n'en ai pas le courage !… Et pourtant je dois le dire. C'est moi qui dois le dire puisque je suis resté seul ! » 607.1 . Marie, qui est restée toute la nuit en union spirituelle avec son Fils, redonne courage à Jean. « Oh ! Dieu, donne-moi la force ! Lui doit me voir. Je ne dois pas sentir ma douleur tant que Lui sent la sienne . (...) Avertis ta mère, Jean, et les autres femmes. Et allons » 607.4 . Pendant ce temps les dispositions ont été prises au Prétoire, et les condamnés sont chargés de leur croix. « Je vois une vraie croix bien formée, solide,avec les bras parfaitement encastrés dans la pièce principale et bien renforcée par des clous et des boulons » insiste Maria Valtorta, tout en se remémorant avoir lu jadis « que la croix fut formée en haut du Golgotha » 608.2 . De la description qu'elle donne de la Croix (4 à 5 m de long) on peut en déduire que Pilate avait opté pour la crux sublimis , plus infamante encore que la crux humilis moins haute , réservée aux prisonniers de droit commun. Un simple calcul de physique montre qu'une croix en conifère d'environ 4m50 par 2m20 et d'une section de 15 par 18 cm , représente sur l'épaule une charge comprise entre 60 et 72 kg. « Jésus avance haletant. Chaque trou de la route est un piège pour son pied qui vacille et une torture pour ses épaules écorchées, pour sa tête couronnée d'épines sur laquelle descend à pic un soleil exagérément chaud qui de temps à autre se cache derrière un rideau de nuages de plomb » 608.4 , observe la mystique. Le centurion Longin dirige ses troupes. Craignant que la faiblesse évidente de Condamné ne Lui permette pas d'atteindre le Golgotha, il abrège le parcours à travers la ville, au grand dam de la foule. Jésus bute une première fois à l'approche de la porte Judiciaire . « Jésus éprouve donc une douleur aiguë dans la montée et avec le poids de la croix qui, longue comme elle est, doit être très lourde » 608.5 . Jésus bute et tombe sur le genou droit, puis à nouveau sur les deux genoux. Ses dernières forces L'abandonnent, et sa marche est chancelante. Longin ordonne une brève halte. Mais à peine a-t-il donné l'ordre de reprendre la marche que Jésus, victime d'une syncope, chute brutalement pour la troisième fois. La rencontre avec les femmes disciples, à mi-hauteur du Golgotha, est rendue possible par la présence de Plautina, « cette grande matrone certainement influente puisque l'officier de Longin lui obéit » . Dans ce groupe d'une douzaine de femmes(Lc 23, 27-31) où se trouvent Jeanne de Chouza et les romaines, Nike s'approche de Jésus : « la femme pleine de pitié l'aide. (...) Jésus presse le linge frais sur son pauvre visage » 608.9 . (Voir plus loin le paragraphe consacré au voile de Véronique). La marche reprend, et Jésus titube d'avantage à chaque pas. La foule veut en finir et s'agite : « Vite ! Demain c'est Pâque. Il faut tout finir avant le soir ! » 608.12 (Jn 19, 31). L'autre groupe des saintes femmes, venu du Cénacle avec Jean et Marie, attend le passage du Sauveur. A proximité se trouve la charrette de Simon de Cyrène et de ses deux fils (Mc 15, 20-21). Pendant que Longin réquisitionne le cyrénéen pour porter la Croix, Jésus, épuisé, aperçoit sa Mère. « Maman ! ». (...) « Marie porte la main à son cœur comme si elle avait reçu un coup de poignard et vacille légèrement » 608.13 . Cette rencontre poignante ne figure pas dans les évangiles, mais ce fait est transmis par la tradition, sur l'autorité de saint Anselme et de saint Boniface. Le premier assure que le Christ salua sa Mère par ces mots : « Salve, Mater ! » Car, dit-il « dans cette parole, il y a la confession de tout et de toute sa terrible douleur de l'esprit, du moral et de la chair ». Le second affirme que la Vierge tomba comme demi-morte et qu'elle ne put prononcer un seul mot (« Nec verbum dicere potuit »). Exactement comme le décrit Maria Valtorta. « Maintenant, derrière Jésus, marche le Cyrénéen avec la croix » 608.14 . Ils atteignent enfin le sommet. Jeanne de Chouza s'approche de Longin, et lui remet une amphore et une bourse. Les romaines ne sont plus là. Ensuite(en MV 612.19)on apprend qu'elles ont accompagné Nike qui voulut mettre à l'abri son précieux voile, craignant que la foule déchainée ne le lui arrache. FOOTNOTES : Maria Valtorta ne confirme donc pas Marie d'Agreda pour qui la Vierge Marie et les saintes femmes étaient présentes au Prétoire. : Il n'y a pas lieu de voir dans cette affirmation un anachronisme : expliquant les techniques d'assemblage, Michel Barquins affirme (CNRS Thema n°54, 4e trimestre 2004) : « le système vis-écrou, dont l'ébauche remonte à l'Antiquité romaine ». : Pour ces dimensions (10 coudées et 5 coudées par 2 palmes carrées), qui sont retenues pour les plus probables, voir Fleury, Mémoire sur les Instruments de la Passion 1870 tome 1 chap. 6. : Maria Valtorta ne la nomme pas alors, mais elle est évoquée par Nike en MV 612.19. Et c'est seulement deux mois plus tard, dans une vision de mai 1945, (en MV 167.3), qu'elle la « reconnaît » et « entend » prononcer son nom. : Aucun récit évangélique n'évoque Véronique ou le miracle de la Sainte Face , dont le récit le plus ancien historiquement connu remonte au 7e siècle (dans l'apocryphe La mort de Pilate ). Toutefois son nom en grec, Bere Nike ,(ou Bérénice , « qui porte la victoire ») figure dans L'Evangile de Nicodème (daté du 2e siècle). : C'est aussi ce que mentionne Marie d'Agreda, La Cité mystique de Dieu , livre 5, § 1371.
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La Crucifixion
Maintenant « Le centurion offre à Jésus l'amphore pour qu'il boive la mixture anesthésique du vin myrrhé » 609.1 . Mais Jésus la refuse (Mc 15, 23). Plusieurs parmi ses pires ennemis, membres du sanhédrin, savourent leur triomphe (Lc 23,35). Les bourreaux tendent aux condamnés des chiffons crasseux pour qu'ils s'en couvrent l'aine. Mais Jean présente à Longin le long voile que la Vierge lui a donné. Le centurion accepte, et Jésus l'enroule autour de sa taille « en lui faisant faire plusieurs fois le tour du bassin en le fixant bien pour qu'il ne tombe pas… Et sur le lin baigné seulement jusqu'alors de pleurs, tombent les premières gouttes de sang » 609.2 . Ces informations inédites nous interpellent : en effet les Archives de l'Oise possèdent un document de 1666 évoquant le voile de Marie vénéré dans l'église Saint-Jacques de Compiègne . La description de Maria Valtorta comporte au moins quatre indices concordants avec cette précieuse relique : la matière, la couleur, la longueur et les tâches de larmes et de sang ! Il est pourtant fort improbable que Maria Valtorta ait pu avoir connaissance de cette tradition locale. Jésus est maintenant allongé sur la Croix. La douleur aigüe du premier clou, planté dans son poignet droit lui arrache un cri. « Marie répond au cri de son Fils torturé par un gémissement (...) , et elle se courbe, comme brisée, en tenant sa tête dans ses mains » 609.5 . Le trou prévu pour le bras gauche ne correspond pas au carpe. Les bourreaux « prennent une corde, lient le poignet gauche et tirent jusqu'à déboîter la jointure et arracher les tendons et les muscles » 609.5 . Le crucifiement au sol, l'écartèlement du bras et l'utilisation de trois clous sont des descriptions communes avec celles de Catherine Emmerich, Marie d'Agreda ou Angèle de Foligno . C'est aussi ce qu'ont décrit saint Bonaventure et Nicolas de Lyre (1270-1349). Saint Bonaventure et saint Jérôme indiquent que lorsque la croix fut levée, le corps fut « branlant et ça et là », exactement comme l'écrit Maria Valtorta. Le temps se fait encore plus orageux : « un nuage noir comme de la poix qui surgit » 608.9 . C'est là une explication « naturelle » des versets évangéliques : « A partir de midi, il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu'à trois heures » (Mt 27,45 ; Mc 15,33 ; Lc 23,44). Longin aperçoit la douleur atroce de Marie, et il interpelle un de ses hommes : « Si la Mère veut monter avec le fils qui l'accompagne, qu'elle vienne. Accompagne-la et aide-la » 609.8 . Les synhédristes présents poursuivent leurs blasphèmes (Mt 27,42 ; Mc 15,31-32; Lc 23, 35), tandis que « le larron de gauche continue ses insultes du haut de sa croix » 609.11 (Lc 23,39-41). Le ciel s'assombrit toujours d'avantage, signe d'un passage orageux très dense . « C'est dans cette lumière crépusculaire et effrayante que Jésus donne Jean à Marie et Marie à Jean » 609.15 (Jn 19,26-27). Joseph d'Arimathie et Nicodème, porteurs d'un laissez-passer remis par Pilate, obtiennent de s'approcher, provoquant la colère et l'indignation des autres synhédristes présents. « Qui pactise avec le rebelle est un rebelle » 609.16 , leur lance Eléazar, le fils d'Anna. Peu après Jésus « s'affaisse tout entier vers l'avant et le bas, comme s'il était déjà mort, il n'halète plus, la tête pend inerte en avant » 609.18 . Marie pousse un cri d'angoisse, tandis que Jeanne de Chouza et Elise s'évanouissent et doivent être raccompagnées chez elles . Dans un suprême effort Jésus s'exclame : « Éloi, Éloi, lamma scébacténi ! » 609.19 (Mt 27,48; Mc 15,36; Jn 19,28-30). Quelques minutes passent. Un soldat présente l'éponge au Mourant qui murmure « J'ai soif ! » 609.20 (Mt 27,48 ; Mc 15,36 ; Jn 19,28-30). « Un silence. Puis nette dans l'obscurité totale la parole : "Tout est accompli ! " » 609.22 (Jn 19,30). Encore un silence, et c'est la dernière prière : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ! » 609.22 (Lc 23,46) puis survient « le "grand cri" dont parlent les Évangiles et qui est la première partie du mot "Maman"… Et plus rien… La tête retombe sur la poitrine, le corps en avant, le frémissement cesse et cesse aussi la respiration. Il a expiré » 609.22 (Mt 27,50 ; Mc 15,37). Au même instant l'orage qui menaçait éclate brusquement. La foudre tombe à proximité et de nombreux éclairs sillonnent le ciel tandis que la terre tremble(Mt 27,51). La foule, épouvantée, se disperse alors (Lc 23,48). Tandis que les saintes femmes réconfortent Marie qui s'est presque évanouie de douleur, Longin , d'un coup de lance (Jn 19, 34), s'assure de la mort du Condamné. Son geste accompli, il soupire : « C'est mieux ainsi. Comme à un cavalier, et sans briser les os… c'était vraiment un Juste ! » 609.27 . Tandis que Joseph et Nicodème courent au Prétoire pour obtenir l'autorisation d'ensevelir Jésus, ils croisent Gamaliel, hagard. Ils l'interrogent : « Mais pourquoi es-tu ici ? Et ainsi ?… » « Chose terrible ! J'étais dans le Temple ! Le signe ! Le Temple tout ouvert ! Le rideau pourpre et jacinthe pend déchiré ! Le Saint des Saints est découvert ! Anathème sur nous ! » 609.28 . Les deux réalisent alors que le signe tant attendu par Gamaliel vient de se produire : « "Ces pierres frémiront à mes dernières paroles ! " Il le lui avait promis ! » 609.28 . La ville semble maintenant en proie à la terreur. La secousse tellurique ayant renversé quelques pierres fermant des tombeaux, des rumeurs circulent : « il y avait des gens qui juraient en avoir vu sortir les squelettes qui, pendant un instant, reprenaient une apparence humaine » 609.29 . Gamaliel, épuisé et terrorisé, se couche au sol devant la Croix, sans s'apercevoir que Jésus est déjà mort. « Le signe ! Le signe ! Dis-moi que tu me pardonnes ! Un gémissement, même un seul gémissement, pour me dire que tu m'entends et me pardonnes » 609.30 . Mais le décurion le détrompe (Mt 27,54) : « Lève-toi et tais-toi. Inutile ! Il fallait y penser avant. Il est mort. Et moi, païen, je te le dis : Celui que vous avez crucifié était réellement le Fils de Dieu ! » 609.30 . FOOTNOTES : C'est effectivement avec un voile autour des reins que depuis des siècles fut généralement représenté le Christ en Croix. (Saint Ambroise fut seul, semble-t-il, à affirmer que Jésus fut nu sur la croix). : Voir en Annexe 4 quelques données historiques sur ce sujet. : Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) ajoute : « Il semblait que toutes les articulations de ce corps béni étaient si disjointes, disloquées et désunies, à cause de la cruelle tension et de l'horrible traction infligées à ses membres virginaux sur le gibet de la Croix, par les mains homicides de ces perfides. Les tendons et les jointures des os de ce corps très sacré semblaient avoir totalement quitté leur harmonie normale ». : Selon R.P.O Maillard Histoire de la Passion de Jésus . : L'idée d'une éclipse de soleil, soutenue par Thallus (vers 50-70), Tertullien ( Apologétique ) ou Phlegon de Tralles (au 2e siècle) est depuis longtemps abandonnée, une telle éclipse ne pouvant pas avoir lieu en période de pleine lune ! Déjà vers 220 Jules l'Africain refusait cette hypothèse : « Thallus, dans son 3e livre des Histoires explique cette obscurité par une éclipse, ce qui me parait inacceptable » écrivait-il (dans Syncellus ). : Ceci explique l'absence de plusieurs proches et des bergers au moment de la mise au tombeau. (voir aussi MV 609.24). L'explication en est donnée en MV 612.24. : Maria Valtorta confirme la présence de la Vierge, de Marie d'Alphée et Marie de Zébédée, de Marie-Madeleine et de Marthe, mais aussi de Suzanne, que les évangélistes n'ont pas citée. : Au cours des siècles certains ont parfois contesté que ce soit Longin qui ait donné ce coup de grâce. En tant que centurion, ce geste lui revenait certainement. Quant au coté droit, c'était la tradition communément admise par les anciens, d'après des traductions arabes et (suite page suivante...) : Flavius Josèphe, Guerres des juifs 5, 4, 407, décrit ainsi le voile du Temple : « un peplos babylonien, brodé de laine violette , de lin, d'écarlate et de pourpre ». : La tradition place ces paroles dans la bouche de Caïus Oppius Cornelius (Voir apocryphe de Fl. Dexter). Ici, (et d'après MV 515.4/6) c'est le décurion qui parle. Ceci n'est pas incompatible, puisque Cornélius était centurion à Césarée en 42/43, et pouvait fort bien n'être encore que décurion en l'an 30. Voir aussi F.-M. Debroise, R. Laurentin et J.-F. Lavère, Dictionnaire des personnages de l'Evangile , 2012 Salvator, page 111-112.
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De la Résurrection à la Pentecôte
Les saintes femmes se rendent au Sépulcre
Les quatre évangélistes rapportent ce départ matinal (Mt 28,1 ; Mc 16, 1-2 ; Lc 24, 1-2 ; Jn 20, 1). Mais ensuite leurs récits comportent des détails qui peuvent sembler contradictoires. Ces divergences supposées (nombre de femmes, leur présence au tombeau, l'absence des gardes, l'arrivée de Jean et de Pierre etc.) ont abondamment alimenté la critique. Des siècles d'exégèse théologiques ont tenté d'expliquer ces apparentes contradictions évangéliques relatives aux récits du matin de Pâque. Aucune explication n'ayant paru vraiment décisive, les Lumières , au 18e siècle, puis la critique historique au 19e siècle, mirent à profit ces prétendues discordances pour affirmer que ces écrits n'avaient aucunement la valeur d'un témoignage oculaire, et pour mettre en question la réalité de la Résurrection . Ce n'est certes pas le moindre mérite de l'œuvre de Maria Valtorta que de nous donner ici une description précise et claire, parfaitement compatible avec les quatre témoignages évangéliques. Elle nous prouve ainsi qu'ils sont tous les quatre parfaitement dignes de foi. « Les femmes sortent en portant une lanterne . (...) Il y a à peine une trace de lumière là-bas, au fond, vers l'orient » 616.9 . Elles sont cinq : Marie d'Alphée, Marie Salomé, Marie-Madeleine, Marthe et Suzanne. Cheminant d'abord « en rasant les murs » 619.1 , elles se rassurent peu à peu, compte tenu du « calme absolu de la ville » 619.1 . Pourtant Suzanne s'inquiète de la garde romaine à la porte Judiciaire. Elle préférerait passer par une autre porte, quitte à rallonger la route. Salomé acquiesce, tandis que Marie-Madeleine raille leur pusillanimité : « Oh ! Salomé ! Si j'étais à ta place, je choisirais la Porte Orientale ! » 619.1 . Mais toutes insistent. Quitte à faire un détour, Marie-Madeleine leur propose d'aller chercher Jeanne, qui avait souhaité, la veille, les accompagner. « Faisons ainsi. Moi, je vais en avant et je regarde. Vous, vous venez derrière avec Jeanne. Je me mettrai au milieu du chemin s'il y a du danger, et vous me verrez, et nous reviendrons en arrière » 619.2 . Marthe hésite encore à laisser partir seule sa sœur, mais Marie-Madeleine insiste : « Non, tu vas avec Marie d'Alphée chez Jeanne. Salomé et Suzanne t'attendront près de la porte, à l'extérieur des murs. Et puis vous viendrez par la route principale toutes ensemble » 619.2 . A peine quelques minutes se passent encore avant que ne se produise la Résurrection du Christ... FOOTNOTES : Voir par exemple D. F. Strauss, dans sa Vie de Jésus Examen critique de son Histoire. (Das Leben Jesu kritish bearbeitet 2 vol 1835-1836).
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De la Résurrection à la Pentecôte
Les instants de la Résurrection
La Résurrection de Jésus a lieu au point du jour, au moment exact où la dernière étoile cède à l'aurore. Les disciples étant alors séparés en plusieurs groupes, on comprend la difficulté de rendre compte de leurs déplacements respectifs dans quelques brefs versets évangéliques. Examinons les faits tels que nous les expose Maria Valtorta. Devant le tombeau : « Les gardes ennuyés, transis de froid, pris par le sommeil, dans des poses variées veillent sur le Tombeau » 617.2 . Soudain un météore resplendissant surgit du ciel, et « s'abat contre l'inutile fermeture du Tombeau, l'arrache, la jette par terre , foudroie de terreur et de bruit les gardes mis comme geôliers du Maître de l'Univers en produisant, avec son retour sur la Terre, un nouveau tremblement de terre comme Il l'avait produit en fuyant la Terre, l'Esprit du Seigneur » 617.3 . « Les gardes sont là, évanouis » 617.6 (Mt 28,2-3). Dans le tombeau : Jésus ressuscité fait son premier pas : « sans blessures ni sang, mais seulement éblouissant de la lumière qui jaillit à flots des cinq plaies et sort par tous les pores de son épiderme » 617.5 . Maria Valtorta décrit ainsi le Christ ressuscité : « les rayons qui jaillissent des mains et des pieds l'auréolent de lames de lumière... jusqu'au bord du vêtement quand, en ouvrant les bras qu'il a croisés sur sa poitrine, il découvre la zone de luminosité très vive qui filtre de son habit en lui donnant l'éclat d'un soleil à la hauteur du cœur » 617.5 . Exactement la description de la vision de sainte Faustine ! Au Cénacle : « La secousse d'un bref mais violent tremblement de terre » 616.17 fait fuir le maître et la maîtresse de la maison pendant que Pierre et Jean se traînent jusqu'au seuil de la pièce où la Vierge Marie reste absorbée dans sa prière. Mais au bruit, elle relève la tête et « voit son Fils rayonnant : beau, infiniment plus beau qu'il ne l'était avant d'avoir souffert, souriant, vivant, plus lumineux que le soleil, vêtu d'un blanc qui parait de la lumière tissée, et qui s'avance vers elle » 618.1 . Et Jésus se penche sur sa Mère, Il la serre sur son cœur et l'embrasse. En quittant sa Mère, Jésus lui confie : « Maintenant je m'en vais, Maman. Je vais rendre heureuse l'autre Marie » 618.6 . Les évangiles ne mentionnent pas cette rencontre, mais beaucoup parmi les Pères l'ont considérée comme hautement probable . Et Jean Paul II a en quelque sorte validé ce passage de Maria Valtorta. Citant Sedulius , le pape estima « légitime de penser que Marie a été vraisemblablement la première personne à laquelle Jésus ressuscité est apparu »(audience du 21 mai 1997). Chez Jeanne de Chouza : Marthe, Marie d'Alphée et Jeanne sortent du palais pour rejoindre leurs compagnes. « C'est à ce moment qu'arrive le bref et fort tremblement de terre qui jette de nouveau dans la panique les habitants de Jérusalem » 619.3 . Les trois femmes rentrent précipitamment se mettre à l'abri. Près du Jardin de Joseph d'Arimathie : Marie-Madeleine « est presque effleurée et renversée sur le sol » 619.4 par le signe céleste qui accompagne le tremblement de terre. Elle court vers le tombeau (Jn 20,1). « Mais, voyant ce spectacle, elle croit que c'est le châtiment de Dieu sur les profanateurs du Tombeau de Jésus et elle tombe à genoux en disant : Hélas ! Ils l'ont enlevé ! » 619.4 . Oubliant ses compagnes, elle se précipite au cénacle par le plus court chemin, pour prévenir Jean et Pierre(Jn 20,2-4). Haletante, elle leur annonce : « Ils ont enlevé le Seigneur du Tombeau ! Qui sait où ils l'ont mis ! Je suis allée en avant… pour acheter les gardes… afin qu'ils nous laissent faire. Eux sont là comme morts… Le Tombeau estouvert, la pierre par terre… Qui ? Qui a pu faire cela ? Oh ! venez ! Courons …» 619.5 . Les deux apôtres partent en courant (Lc 24,12), tandis que Marie ordonne à sa servante que personne ne dérange la Vierge, puis repart à son tour. Suzanne et Salomé viennent au tombeau : Au moment du tremblement de terre Marie Salomé et Suzanne s'abritent sous un arbre. Elles restent là quelques minutes, hésitantes. Puis elles surmontent leur crainte, et marchent vers le jardin. A leur arrivée, les gardes sont encore évanouis, et « elles voient une grande lumière qui sort du Tombeau ouvert » 619.6 . L'ange les rassure (Mc 16,5-7), mais « Elles sont terrorisées et murmurent : Nous allons mourir ! Nous avons vu l'ange du Seigneur ! » 619.6 . Elles s'éloignent en courant vers la campagne. Puis se calmant à peine, elles retournent à la maison par une autre porte, bien décidées à taire ce qu'elles viennent de voir, sûres que personne ne voudra les croire. (Mc 16,8). Marthe, Marie d'Alphée et Jeanne au tombeau : Il s'en faut de peu que le troisième groupe, qui arrive à son tour, ne croisent Marie Salomé et Suzanne. Maria Valtorta n'assiste pas à leur venue, que l'on peut reconstituer grâce à leur témoignage ultérieur. Elles disent « qu'elles y sont allées elles aussi et qu'elles ont vu deux anges qui se disaient le gardien de l'Homme-Dieu et l'ange de sa Douleur et qu'ils ont donné l'ordre de dire aux disciples qu'il était ressuscité » 619.11 .(Mt 28, 5-8 ; Lc 24,2-12). Jean et Pierre arrivent à leur tour : Lorsque Jean, le premier, atteint enfin le tombeau, les femmes disciples, les gardes et les anges n'y sont plus. « Il n'y est vraiment pas, Simon ! Marie a bien vu. Viens, entre, regarde » 619.8 . (Jn 20,5-8). Pierre est anéanti : « Ils l'ont vraiment enlevé. Les gardes, ce n'était pas pour nous, mais pour faire cela… Et nous l'avons laissé faire. En nous éloignant, nous l'avons permis … » 619.8 . Ils rebroussent chemin, mais Marie-Madeleine qui les suivait de près reste encore, leur affirmant sa foi : « Moi, je ne m'éloigne pas. Je reste ici… Quelqu'un viendra… Oh ! moi, je ne viens pas … » 619.8 (Jn 20,10-11), ce à quoi le pauvre Pierre lui répond, désabusé : « Maintenant tu vois toi aussi que c'était une folie d'espérer … » 619.8 . FOOTNOTES : Un apocryphe (daté vers 140), l'évangile de Pierre dit au verset 37: « La pierre qui avait été placée à la porte roula d'elle-même et se rangea de coté, et le tombeau s'ouvrit... ». : Le 22/2/1931, sainte Faustine reçut la vision du Christ de la Miséricorde : « je vis Jésus-Christ, vêtu d'une robe blanche, il levait la main droite pour bénir pendant que son autre main reposait sur son Cœur. De son vêtement, légèrement entrouvert sur la poitrine, s'échappaient deux faisceaux de rayons lumineux ». Il est totalement improbable que Maria Valtorta ait pu avoir connaissance de ces écrits en 1945, puisqu'en 1955 la congrégation des Sœurs de Jésus Christ Rédempteur Miséricordieux n'en avait elle-même pas encore connaissance ! : St Ambroise ( Libr. Ultim. De Virginibus cap. III, vers 397) : « Marie vit la résurrection du Seigneur; elle la vit la première... ». Voir aussi St Anselme, St Bonaventure Méditations sur la vie de Jésus ch. 86 (« Pendant qu'elle priait ainsi et versait des larmes de tendresse, voilà que tout-à-coup le Seigneur Jésus apparaît, revêtu d'habits d'une blancheur éclatante »). Francisco Suarez (1548-1617) et Baronius évoquent eux aussi cette « vieille tradition » dont on trouve trace également dans l'évangile apocryphe (et gnostique) de Barthélemy , au 5e siècle, chap. IX, 1-3 à XI, 3. : Sedulius, poète du 5e siècle qui se faisait l'écho d'une tradition orale transmise par saint Jean Carmen Pascale, 5, 357-364. : Dans une vision donnée un an plus tôt, en 1944 Jésus précise : « L'ange de ma vie d'homme et l'ange de ma douleur » 620.3 . Ici l'ange qui parle se présente : « Je suis l'ange de la divine Douleur ».
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De la Résurrection à la Pentecôte
« Noli me tangere »
Maria Valtorta rapporte alors la scène de la rencontre avec Jésus telle que saint Jean nous l'a transmise(Jn 20, 11-18). Lorsque Marie Madeleine reconnaît Jésus, elle se précipite vers Lui et se penche pour Lui baiser les pieds. « Ne me touche pas ! Je ne suis pas encore monté vers mon Père avec ce vêtement » 619.11 . C'est le célèbre Noli me tangere qui inspira tant de peintres, et donna lieu à tant d'interprétations dès les premiers siècles. Le texte de Maria Valtorta semble ici donner du crédit aux hypothèses d'Origène et de saint Ambroise . Plus loin dans l'œuvre Jésus revient sur ce passage, mais aussi sur la rencontre avec sa Mère : « Elle peut me toucher, elle peut me baiser car elle est la Pure » 620.5 , tandis que pour Marie-Madeleine : « Je ne me fais pas toucher par elle. Elle n'est pas la Pure qui peut toucher sans le contaminer le Fils qui revient au Père. Elle a encore beaucoup à purifier par la pénitence, mais son amour mérite cette récompense » 620.6 . Marie-Madeleine est pardonnée, mais elle doit encore se purifier, car, comme l'avait enseigné Jésus : « Le Paradis est le Royaume de la Pureté. Rien d'impur ne peut entrer au Ciel où est Dieu » 170.10 . Dans une dictée du 8 décembre 1943, avant même les premières visions, la Sainte Vierge avait confié à Maria Valtorta : « Il n'y eut pas pour sa Mère la même interdiction que pour Marie de Magdala. Je pouvais le toucher. Je n'aurais pas contaminé de mon humanité sa perfection qui montait aux Cieux, parce que ce minimum d'humanité que j'avais, dans ma condition d'Immaculée Conception, s'était consumé, comme une fleur jetée dans un incendie, sur le bûcher expiatoire du Golgotha. Marie la femme était morte avec son Fils. Il restait maintenant Marie l'âme, brûlant de monter au Ciel avec son Fils. Et mon étreinte révérencielle ne pouvait troubler la Divinité triomphante ». A nouveau Marie-Madeleine court vers la maison : « Il est ressuscité ! Il est ressuscité ! » 619.11 . Ses compagnes témoignent elles aussi, et leurs récits contradictoires ne font qu'ajouter à l'hésitation de Jean et au scepticisme de Pierre : « Trop de choses ces jours-ci ! Vous en êtes restées troublées » 619.11 . Marie d'Alphée et Marie Salomé décident de retourner au tombeau pour en avoir le cœur net. Elle sont vite de retour : « C'est vrai ! C'est vrai ! Nous l'avons vu. Il nous a dit près du jardin de Barnabé : "Paix à vous. Ne craignez pas. Allez dire à mes frères que je suis ressuscité et qu'ils aillent d'ici quelques jours en Galilée. Là nous serons encore ensemble" » 619.12 (Mt 28,9-15). Pourtant Pierre n'en démord pas : « je ne puis croire qu'à ce que j'ai vu : le Tombeau ouvert et vide et les gardes partis avec le Cadavre volatilisé » 619.13 . C'est seulement à ce moment que la Vierge confirme les paroles des unes et des autres : « Il est réellement ressuscité. Je l'ai eu dans mes bras et j'ai baisé ses plaies » 619.13 . A cette parole de Marie, Pierre retrouve toute son énergie habituelle : « Mais alors, s'il en est ainsi, il faut le faire savoir aux autres, à ceux qui sont dispersés dans les campagnes… chercher… agir… Allons, remuez-vous. S'il devait vraiment venir… qu'il nous trouve au moins » 619.13 . FOOTNOTES : Origène pensait à une rencontre imminente du Christ avec son Père qui lui permettrait de reprendre son esprit, laissé en dépôt, et ainsi de recouvrer son intégrité ( Entretien avec Héraclide ¸ 6). De même selon saint Ambroise le Christ ne voulut pas être touché, parce qu'il n'avait pas encore reçu l'image qu'il avait remise au Père. ( Exp. evang. sec. Lucam , 10, 166). : Curieusement l'apocryphe copte de l'évangile des apôtres évoque un dialogue de Jésus avec sa mère : « Il n'est pas possible que rien de charnel ne me touche jusqu'à ce que j'aille au ciel »
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De la Résurrection à la Pentecôte
Les multiples apparitions de Jésus
A Béthanie les disciples et la plupart des apôtres sont maintenant rassemblés, comme l'avait prédit Jésus à son ami Lazare. Celui-ci, fidèle à sa promesse, réconforte les uns et les autres par de sublimes paroles de pardon et d'encouragement. « Moi, je crois, Christ ! Mais pour que ceux-ci croient en Toi, en toutes tes promesses, en ton pardon, en tout ce qui est Toi, voilà : je t'offre ma vie. Consume-la, mais fais que ta Doctrine ne meure pas ! » 621.6 . La foi sans faille de Lazare se voit récompensée : Jésus ressuscité lui apparaît, peu après être apparu à sa sœur Marie-Madeleine (« C'était environ l'heure de tierce » 622.3 apprend-on plus loin). Cette apparition à Lazare n'est pas mentionnée dans les Écritures, ni même évoquée par la tradition. Elle apparaît pourtant ici dans un contexte logique qui la rend vraiment crédible. Lazare rejoint les disciples et témoigne : « Il est ressuscité, frères ! Il m'a appelé. Je suis allé. Je l'ai vu. Il m'a parlé. Il m'a dit de vous dire d'aller tout de suite à la maison de la Cène. Allez ! Allez ! Moi je reste parce que Lui le veut. Mais ma joie est complète… » 621.9 . L'apparition à Lazare n'est pas la seule manifestation du Christ ressuscité restée méconnue jusqu'à nos jours. La raison de ces silences en est donnée par Jésus Lui-même. Apparaissant à Jeanne de Chouza, Il lui recommande : « Sauf à ma Mère, ne parle pas aux autres de ma venue » 622.3 , puis donne ce conseil qui garde toute sa valeur au long des siècles : « Les révélations aussi, il ne faut en parler qu'à ceux et quand il est juste de le faire » 622.3 . Ceci pour éviter d'en tirer orgueil et de rendre les autres jaloux. « Les secrets du Roi sont sacrés… Mais le Roi peut les dévoiler quand Il veut » 348.12 est-il rappelé ailleurs dans l'œuvre de Maria Valtorta. La nouvelle de la Résurrection se propage en un instant dans toute la ville. Quand en milieu de matinée Manaën vient pour l'annoncer à Nicodème et à Joseph, ils sont déjà au courant. Les trois souhaitent se rendre au cénacle, dans l'espoir d'y voir Jésus. Mais déjà le sanhédrin prend des dispositions pour emprisonner ceux qui colporterait la nouvelle, et ils hésitent sur la conduite à tenir. Finalement Manaën, le plus intrépide, décide d'y aller quel qu'en soit le risque. Son élan est stoppé net par l'apparition de Jésus : « Paix à vous ! Mais restez où vous êtes (...) et je dis la parole que vous demandiez : "Je veux que vous soyez purifiés de ce qu'il reste d'impur dans votre croyance". Demain vous descendrez en ville. Vous irez trouver les frères. Ce soir, je dois parler aux apôtres seuls » 623.4 . Cette présence du Seigneur enflamme le cœur de Manaën qui proclame : « En vérité si maintenant Hérode m'offrait son royaume, je lui dirais : "C'est pour moi poussière et ordure que ton trône et ta couronne. Ce que je possède, rien ne le dépasse. J'ai la connaissance bienheureuse du Visage de Dieu" » 623.4 . Les bergers qui pendant plus de trente ans n'ont jamais douté, ne doutent pas non plus de la Résurrection, mais leur humilité ne leur laisse espérer rien de plus que la contemplation du Suaire que détient Marie. Soudain Jésus apparaît au milieu d'eux « Serviteurs fidèles, me voici. Allez. Je vous attends ces jours-ci en Galilée. Je veux encore vous dire que je vous aime. Jonas est bienheureux, avec les autres, au Ciel » 624.2 .
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La Passion et la mort de Jésus
La mise au tombeau
Joseph et Nicodème ne permettent pas que les bourreaux détachent Jésus de la Croix. Ils s'en chargent, aidés par Jean, tandis que les soldats romains regagnent leur casernement. Marie s'angoisse en recevant le corps de son Fils : « Où, où te mettrai-je ? Dans quel lieu qui soit sûr et digne de Toi ? » 609.34 . C'est qu'en effet, comme l'indique saint Bonaventure , les bourreaux n'allaient pas tarder à « les ensevelir, pour que leurs corps ne demeurassent point en croix pendant le grand jour du Sabbat ». Joseph d'Arimathie la rassure aussitôt : « Réconforte-toi, ô Femme ! Mon tombeau est neuf et digne d'un grand. Je le Lui donne. Et Nicodème, mon ami, a déjà porté au tombeau les aromates que lui veut offrir personnellement, Mais, je t'en prie, puisque le soir approche, laisse-nous faire … » 609.34 . Joseph, Nicodème et Jean portent le Christ au tombeau, tandis que les saintes femmes, soutenant Marie, emportent toutes les reliques qu'elles ont ramassé. éthiopiennes. C'est seulement à partir du 17 e siècle que Lucas Brugensis (1552-1619) et d'autres après lui optèrent pour le coté gauche. Mise au tombeau, (miniature du manuscrit Pray en 1192) Arrivé près du tombeau dans lequel va être enfermé son Fils, Marie est prise d'une terrible angoisse spirituelle. Elle ne veut pas être séparée de son Jésus : « Partez. Moi je reste. Vous reviendrez dans trois jours et nous sortirons ensemble » 610.9 . Déjà au 15e siècle le père Maillard n'écrivait-il pas : « Sa tres douloureuse Mere ne se hastoit pas... Voyant sainct Jehan que lheure tardoit, pria a la tres digne Mere de Dieu quelle condescendist ». Dans un commentaire à Maria Valtorta, Jésus indique que Satan s'est acharné sur Marie « avec des assauts périodiques jusqu'à l'aube du Dimanche », et la Mère dut lutter « pendant trois jours contre Satan qui voulait l'amener à nier ma Parole et à ne pas croire en ma Résurrection » 610.16 . FOOTNOTES : Saint Bonaventure, Méditations sur la Vie de Jésus-Christ , Chap.80. Notons d'ailleurs que les descriptions de Maria Valtorta sont conformes à celles de ce saint Docteur. : Olivier Maillard, l'Histoire de la passion de Jésus , 1490.
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La Passion et la mort de Jésus
Dans l'attente de la Résurrection
Marie Valtorta nous décrit cette extrême tentation, et les tortures qui l'accompagnèrent. Tous les Pères de l'Église s'accordent à dire que la Vierge Marie a souffert plus que tous les martyrs ensemble, et que sans un miracle elle n'eut jamais pu survivre à la Passion de son Fils. Ils lui donnèrent d'ailleurs le titre de Regina Martyrum . « Quelle qu'ait été la cruauté exercée sur les corps des martyrs, elle était légère, ou plutôt elle n'était rien, comparée à la cruauté de la passion de Marie » déclare Saint Anselme . Et saint Bernardin de Sienne ajoute : « La douleur de la sainte Vierge a été si grande que, si elle était divisée et partagée entre toutes les créatures capables de souffrir, celles-ci périraient à l'instant ». A l'opinion des Pères se joint le témoignage de nombreux mystiques . Et c'est ce que Jésus confia encore à Maria Valtorta : « Non, il n'y a pas eu d'agonie plus longue, et qui ait pris fin en une douleur plus grande, que celle de ma Mère » 603.2 . A peine ont-ils roulé la pierre qui ferme le tombeau qu'arrivent les gardes du Temple. La Vierge ne voudrait pas s'éloigner du tombeau, mais Marie-Madeleine trouve les paroles qui finissent par la convaincre de rentrer au Cénacle. « Si nous arrivons à nous unir dans la foi en sa Résurrection, c'est plus vite qu'il ressuscitera. Nous l'appellerons par notre amour… » 611.6 . Elles regagnent la ville juste avant que les romains, qui ont renforcé les patrouilles pour parer aux troubles, ne referment les portes. Joseph, croise Helchias, toujours menaçant : « On sait que tu es entré dans la maison de Pilate, profanateur de la Loi. Tu en rendras compte. La Pâque t'est interdite ! Tu es contaminé » (...) « Et maintenant que tu te mets bien avec Pilate, ne pense pas pouvoir soustraire le Cadavre. Nous avons pris des mesures pour que le jeu cesse » 611.9 . Ce bref échange est très éclairant : il confirme d'une part que les pharisiens n'avaient pas encore consommé la Pâque, et d'autre part que la garde du tombeau a été organisée par le sanhédrin, et non par les romains . Mais Joseph ne s'en laisse pas conter : « Nous avons vu . (...) Lâches ! Vous avez peur même d'un mort ! Mais de mon jardin et de mon tombeau, je fais ce qui me semble bon (...) J'en appellerai à Pilate » 611.9 . Et son ami Nicodème renchérit : « Ni gardiens ni sceaux n'empêcheront le Vengeur de se lever et de frapper » 611.9 . En quittant Marie, les deux amis promettent de revenir dans la journée : « Le sabbat est mort. Nous viendrons » 611.14 . Nicodème et Joseph ont déjà compris que plus rien ne sera comme avant. L'histoire montre que la célébration du dimanche est une des premières décisions prises par les disciples juste après l'Ascension du Seigneur(Voir 1 Cor 16,2 ; Ap 1,10 ; Barnabé 15 ; Ac 20,7 ; Justin, Apologie ; et aussi MV 612.22). « Marie et ses compagnes demeurent avec Jean en la maison, les portes fermées. Elles sont affligées et tristes comme des orphelines que la mort d'un père a abreuvées de douleur » nous dit encore saint Bonaventure (au chapitre 84 de ses Méditations sur la vie de Jésus). C'est bien ce que nous décrit aussi Maria Valtorta, dans des pages poignantes où s'entremêlent espoirs et angoisses. Les rumeurs les plus folles circulent déjà dans la ville, rapportées par le gardien du Cénacle. « Les femmes gémissent non pas tant de peur pour elles-mêmes que pour leurs fils et leurs maris » 612.5 . Puis le temps passe, et la lamentation douloureuse de Marie se prolonge... Plus de quarante ans après Maria Valtorta, Jean-Paul II confirme en quelque sorte son récit : « La Vierge Marie qui, dans le pèlerinage de la foi , est allée jusque dans la nuit de la foi en communiant à la souffrance de son Fils et à la nuit de son tombeau ». Totalement épuisée par tant de souffrances, la Vierge se sentant comme abandonnée, soupire : « Jésus, pitié ! Un signe de Toi ! Une caresse, une parole pour ta pauvre Maman au cœur déchiré ! Un signe, un signe, Jésus, si tu veux me trouver vivante à ton retour » 612.18 . FOOTNOTES : Saint Anselme, De Excell. Virg . cap. V. : Saint Bernardin de Sienne, Ad Novatum I, 359. : Voir par exemple Sainte Brigitte « Si Notre-Seigneur n'avait pas soutenu sa Mère, elle n'aurait pu conserver la vie pendant son martyre ». (Revelat. Sermone angelico t XVII). Voir aussi le Père Faber ( Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie ). : Maria Valtorta est conforme à Matthieu (Mt 27,62-65) et n'apporte donc pas crédit à l'apocryphe qui affirme que Longin assurait la garde. : On apprend effectivement plus loin que le sceau du Temple fut apposé sur la pierre du tombeau (MV 617.1). Le scellement du golal est évoqué par Mt 27,66, mais aussi par l'évangile de Pierre , apocryphe daté vers 140, dont un passage dit au verset 33: « ils y apposèrent sept sceaux ». L'opinion des Pères confirme que le sceau du Sanhédrin fut apposé sur la pierre. : Jean Paul II Redemptoris Mater § 18 et CEC § 165.
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La Passion et la mort de Jésus
Le voile de Véronique
« Un coup résolu à la porte fait sursauter tout le monde » 612.19 . Marie Madeleine, une nouvelle fois, montre son courage et va à la porte. « Qui frappe ? » (...) « C'est Nike. J'ai quelque chose à donner à la Mère. Ouvrez ! Vite. La ronde fait son tour » 612.19 . Et Nike raconte : « J'avais préparé le voile des reins pour qu'il ne se serve pas des chiffons des bourreaux » 612.19 . Sur le chemin du Calvaire, elle l'a tendu à Jésus pour qu'Il s'essuie le visage, puis elle est entrée chez elle en pleurs, pour mettre à l'abri cette précieuse relique. Maintenant elle a découvert le miracle : « Oh !… Il y a dessus le visage du Rédempteur ! » 612.19 . Tous ensemble, ils vont présenter l'image miraculeuse à Marie qui s'exclame : « Oh ! Père ! Dieu Très-Haut ! Fils Saint ! Éternel Amour ! Soyez bénis ! Le signe ! Le signe que je vous ai demandé ! » 612.20 . Plus tard, lorsque Jésus ressuscité apparaît dans sa gloire à sa Mère, Il confirme : « Maman. Tu vois ce voile ? Dans mon anéantissement, j'ai dégagé encore une puissance de miracle pour Toi, pour te donner ce réconfort » 618.5 . Ce récit justifie que l'on s'attarde un instant sur l'histoire de cette relique que d'aucuns, aujourd'hui, ont remisée arbitrairement au rang des pieuses légendes . L'histoire certaine du voile de Véronique commence lors du pontificat de Jean VII en 705. Le 23 novembre 1011, le pape Sergius lui consacra un autel et un reliquaire au Vatican. En 1298, Boniface VIII enleva la relique du Latran, où elle se trouvait alors, et la rapporta à la basilique saint Pierre. Depuis Nicolas IV au 13e siècle jusqu'à Benoit XIV au 18e siècle, les fêtes, processions et ostensions du suaire furent continues. En 1606, Paul V plaça la relique dans la nouvelle basilique de Saint-Pierre. Plus tard, Benoît XIV (vers 1745)déclara :« Que Véronique soit le nom d'une femme ou celui de la relique elle-même, il est certain que cette relique est honorée depuis beaucoup de siècles dans la basilique du Vatican » (...) « Le suaire qui a parfaitement gardé et garde encore les traits du visage de N. S. Jésus-Christ, arrosé de sueur et de sang »( De Canonix . SS). De nombreux artistes en firent des représentations au 17e siècle. Les œuvres de Claude Mellan, Philippe de Champaigne, Domenico Fetti(ci contre) ou Daniel Halle (toutes réalisées entre 1620 et 1645) possèdent des similitudes frappantes entre elles, mais également avec l'image du saint Suaire de Turin ! La dernière ostension publique du voile de Véronique eut lieu en 1854 Depuis, l'image figurant sur la sainte relique est tellement estompée presque imperceptible. Le chef d'œuvre de Domenico Fetti (peint vers 1615) constitue donc certainement l'une des plus fidèles reproductions du voile de Véronique , tel qu'il pouvait être encore visible, il y a quatre siècles . Or quelle ne fut pas ma surprise lorsque, superposant le visage de ce tableau avec celui du Saint Suaire de Turin, j'ai constaté que les images se correspondaient parfaitement, et que leur fusion par simple transparence, produisait ce portrait du Christ souffrant si profondément émouvant, surnaturel et ineffable. « Comme il est beau même dans sa douleur ! » 612.25 nous dit Marie. FOOTNOTES : Pourtant Simon Claude Mimouni, Dormition et Assomption de Marie , 1995 p314 rapporte que dans un Transitus des premiers siècles,« tout au long du récit est évoqué un suaire avec l'image de Jésus auprès duquel Marie se réconforte ». Exactement ce que décrit Maria Valtorta ! : Auparavant l'ostension du samedi 6 janvier 1849 donna lieu à un prodige : alors qu'une foule de fidèles était à genoux en présence des Reliques Majeures exposées, tous observèrent que sur « la Véronique », l'image estompée devenait de plus en plus nette et reformait le visage vivant de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est à la suite de ce prodige que fut fondée, sous l'impulsion du « saint homme de Tours » la confrérie de la Sainte Face . Le pape Léon XIII encouragea cette dévotion par ses brefs du 9 décembre 1884 et du 30 mars 1885. : Assistant en 1580-1581 à une ostension, Michel de Montaigne en témoigne dans son Journal de voyage : « Ces jours-ci, on montre la Véronique qui est un visage ouvragé et de couleur sombre et obscure... ». « Un visage douloureux, mais encore vivant » selon la dictée du 19 février 1944.
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La Passion et la mort de Jésus
Le sabbat avant la Résurrection
Le temps passe encore, et Marthe, avec son esprit pragmatique, s'interroge : « Comment ferons-nous pour les onguents ? » 612.21 . « Il faudrait que tout soit prêt pour l'aurore du premier jour après le sabbat » 612.21 , renchérit Marie d'Alphée. Heureusement, Marie-Madeleine sait que dans le palais de Lazare, elle trouvera les aromates nécessaires. Elle décide d'y aller seule, malgré les désapprobations de ses compagnes, qui jugent trop dangereux de sortir maintenant. Sa détermination galvanise Jean, qui lui aussi décide de partir à la recherche des apôtres. Sa mère tente en vain de le retenir : « C'est le sabbat… tu ne peux pas … » Mais Jean lui rétorque : « Le sabbat est mort. Je le dis, moi aussi, avec Joseph. L'ère nouvelle est commencée avec, en elle, d'autres lois, d'autres sacrifices et d'autres cérémonies » 612.23 . Quand Marie-Madeleine revient, elle est triomphante : « Voici des huiles de toutes espèces, et du nard, et de l'oliban, et du benjoin ». (...) « en attendant nous mélangerons celles-ci et demain nous prendrons… oh ! en payant, Isaac les donnera même le jour du sabbat… Nous prendrons de la myrrhe et de l'aloès » 612.24 . Jeanne de Chouza, un peu remise de son malaise, a elle aussi donné des aromates, et elle reviendra dans la matinée. Vient ensuite Valéria, qui apporte au nom des romaines de l'encens et des résines précieuses : « Nous connaissons vos usages et nous voulons que les baumes de Rome aussi soient répandus sur le Triomphateur » 612.27 dit-elle simplement avant de repartir dans l'aube naissante. Les portes de Jérusalem vont être ouvertes, et Jean sort donc sans tarder « sourd aux supplications maternelles » 614.1 . A peine est-il sorti que voici Manaën. Il vient saluer Marie et proposer son aide. Blessé lors de sa charge héroïque près du Xyste, il a du aller soigner son bras chez Nicodème. Après avoir adoré le visage du Rédempteur imprimé sur le voile de Nike, il part prendre des nouvelles des uns et des autres chez Lazare. A lui aussi peu importe de déroger désormais au précepte sabbatique. Peu après son départ, c'est le berger Isaac qui vient saluer Marie, au nom de tous ses compagnons. Présents au Calvaire, ils ont du s'éloigner pour raccompagner Nike, Jeanne et les autres femmes disciples. Maintenant presque tous les disciples se sont regroupés à Béthanie. « Et Simon Pierre ? Et Judas de Kériot ? Et Thomas et Philippe ? » « Je ne sais pas Mère… Lazare m'a envoyé voir car on lui avait dit qu'ils… vous avaient tués ». « Va tout de suite alors le tranquilliser. J'ai déjà envoyé Manaën » 614.6 . Une certaine confusion règne encore, et personne ne sait ce que sont devenus les galiléens qui accompagnaient les cousins Joseph et Simon. Marie d'Alphée, Suzanne et Marie Salomé restent inquiètes. Nouvelle visite : c'est Longin. Il apporte le fer de la lance, ayant appris par Joseph d'Arimathie le désir de Marie. C'est seulement vers midi que Jean revient. Il annonce la pendaison de Judas, puis repart aussitôt à la recherche de Pierre. La journée s'écoule lentement, entrecoupée de visites nombreuses. Ce sont d'abord Chouza et Jeanne, puis Joseph et Nicodème, suivis plus tard par Zébédée, Simon et le mari de Suzanne. Puis survient le cousin Joseph, rongé par le remord et la crainte de ne pouvoir être pardonné de sa trop longue incrédulité. La Vierge Marie, malgré sa fatigue et son immense chagrin les réconforte tous, elle qui aurait tant besoin de réconfort en ces heures terribles. Une nouvelle nuit commence, lorsque Jean revient enfin avec Pierre complètement anéanti, et pleurant sans retenue. Les évangélistes ont gardé le silence sur le retour de Pierre après son reniement. Ils ont d'ailleurs jeté un voile pudique sur le comportement des uns et des autres durant ces trois jours terribles. Tout ce que nous en dit Maria Valtorta est cohérent avec la psychologie de chacun, et rien ne semble devoir nous faire douter de son témoignage. D'ailleurs j'ai déjà souligné que son récit présente quelques analogies avec les Méditations sur la Vie de Jésus-Christ de Saint Bonaventure. Ce saint docteur de l'Église écrit : « Pierre entra donc couvert de confusion, sanglotant amèrement et versant des larmes. Alors tous recommencèrent à pleurer ». Puis il nous montre la Vierge Marie réconfortant les uns et les autres : « Le bon Maître, le Pasteur fidèle s'est séparé de nous, et nous sommes demeurés comme des orphelins. Mais j'ai l'espérance assurée que nous le reverrons bientôt. Vous savez que mon Fils est bon et qu'il vous aimait tendrement. N'ayez donc aucun doute qu'il ne vous réconcilie avec lui, et qu'il ne vous pardonne volontiers tout ce que vous pouvez avoir commis d'offenses ou de fautes envers lui. Par la permission de son Père, la fureur déchaînée contre lui a été si terrible et l'audace des méchants a tellement prévalu que vous n'eussiez pu lui être d'aucun secours, même en demeurant avec lui. Ainsi ne vous troublez donc pas ». « Et la nuit du Samedi Saint passe ainsi, jusqu'au moment où le chant du coq, à la première clarté de l'aube, fait lever Pierre avec un cri et son cri apeuré et douloureux réveille les autres dormeurs » 615.12 . FOOTNOTES : Saint Bonaventure, Méditations sur la Vie de Jésus-Christ , chap. 84.
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De la Résurrection à la Pentecôte
Au Cénacle, le soir de la Résurrection
La maison du cénacle grouille de monde en ce dimanche soir. De nombreux disciples, hommes ou femmes s'y sont rassemblés, dans « une animation visible et joyeuse » 626.1 . L'arrivée des romaines, avec à leur tête Plautina escortée par le centurion Longin et le décurion Cornélius provoque des réactions mitigées. Plautina la patricienne s'adresse à Marie au nom de toutes : « Si avant nous admirions la Sagesse, maintenant nous voulons être les filles du Christ. Et c'est à toi que nous le disons. Toi seule peux vaincre la défiance hébraïque envers nous ... » 626.2 .« Je demande au Seigneur de purifier mes lèvres comme celles du Prophète pour que je puisse parler dignement de mon Seigneur. Soyez bénies, prémices de Rome ! » 262.2 lui répond Marie en souriant. Longin et Cornélius voudraient eux aussi en savoir un peu plus sur la doctrine du Christ. Mais la défiance des apôtres envers les païens est encore trop vive, et Marie voit bien qu'elle doit intervenir personnellement. Elle présente aux deux romains chaque apôtre individuellement, sans oublier Thomas « encore au loin, mais je le nomme comme s'il était présent » 626.3 . Puis elle ajoute, spécialement à l'attention du collège apostolique : « L'amour dans le Christ nous rend tous égaux et frères, et mon amour vous appelle fils bien que vous soyez d'une autre nation. Et même je vous dis que je vous retrouve après vous avoir perdus car, au moment de la douleur, vous étiez auprès du Mourant. Et je n'oublie pas ta pitié, Longin. Ni tes paroles, soldat » 626.3 . Marie inaugure ainsi, en quelque sorte, la première réunion fraternelle de l'Église naissante. Romains et romaines témoignent alors des grâces diverses (locutions intérieures, visions divines) dont chacun vient d'être bénéficiaire , et qui ont motivé leur venue. Il est aisé d'imaginer la mortification des dix apôtres présents, d'autant que toutes les femmes disciples osent maintenant, elles aussi, témoigner des grâces reçues par chacune. FOOTNOTES : Parmi ces nombreux témoignages, celui de Longin trouve un écho dans la tradition. « Longin dit qu'il s'est demandé : "Dois-je Lui demander de guérir ou de croire"? Mais son cœur a dit : "De (suite page suivante...)
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De la Résurrection à la Pentecôte
Jésus apparaît aux apôtres
Plus tard dans la soirée, les dix se sont isolés dans la salle de la Cène.(Mc 16, 14 ; Lc 24,36-43 ; Jn 20,19-23). Tous méditent les événements de la journée. La présence de Jésus en divers lieux simultanément déconcerte Jacques de Zébédée. Pierre, lui, pense qu'il devra encore attendre trois jours pour revoir Jésus à cause de ses trois reniements. « Il ne viendra pas. Je n'ai pas suffisamment pleuré pour le mériter … » 627.2 . On comprend à leurs réflexions que Cléophas et Simon d'Emmaüs sont déjà venus témoigner eux aussi . Au moment où ils s'y attendent le moins, Jésus surgit au milieu des dix. « C'est Moi. Pourquoi êtes-vous ainsi troublés ? Ne me désiriez-vous pas ? Ne vous avais-je pas fait dire que je serais venu ? Ne vous l'avais-je pas dit dès le soir de Pâque ? » 627.5 . Après un temps de stupeur, les apôtres s'enhardissent peu à peu, s'interrogeant sur les raisons de leur faiblesse et redisant leur amour pour Jésus, ils en arrivent à s'étonner qu'eux, les élus, n'aient pas été les premiers témoins de la Résurrection. Pierre ose même demander : « Pourquoi aux femmes, et en particulier à Marie ? (...) Et à nous, tes apôtres, rien… » 627.11 . La sévère réponse de Jésus constitue sans aucun doute une leçon que les apôtres n'oublieront pas. A la lire telle que transmise par Maria Valtorta, il est facile de comprendre pourquoi les apôtres n'en ont jamais parlé ! croire" et alors la Voix a dit : "Viens à Moi" et il a senti la volonté de croire et en même temps la guérison » 627.3 . On ne peut s'empêcher de rapprocher ce témoigne d'une tradition rapportée par le martyrologe lyonnais d'Adon (en 850) : il relate la guérison miraculeuse de Longin, qui recouvrit sa vue obscurcie par maladie, à l'instant où il crut. (D'après Adon, cette tradition provenait d'une poésie du 4e siècle attribuée à Apollinaire de Laodicée). Saint Jean, qui publia son évangile plus tardivement que les synoptiques, n'hésite par contre pas à signaler l'absence de Thomas le jour de la Résurrection, puis son retour, ses doutes et sa présence la semaine suivante (Jn 20,24-29). Où était-il pendant son absence ? Jean n'en dit rien, mais Maria Valtorta fournit quelques détails susceptibles de satisfaire notre curiosité. C'est le berger Elie qui a fini par le retrouver, hagard, dans la grotte de Bethléem et a réussi à le convaincre de rejoindre les autres. Mais le désespoir de Thomas est trop intense pour lui permettre de donner foi aux témoignages de ses compagnons. Non pas qu'il doute de la divinité du Christ, mais il se sent totalement indigne de tout l'amour qu'il a reçu de Jésus. Ce témoignage semble vraiment inédit : « Je crois qu'il est Dieu. Mais précisément parce que je le crois je dis que, si bon qu'il puisse être, il ne peut l'être au point de venir parmi ceux qui l'ont si peu aimé. Et je dis que si humble qu'il soit, il doit en avoir assez de s'humilier dans notre chair. Non. Il doit être, il l'est certainement, triomphant au Ciel, et peut-être il apparaîtra comme esprit. Je dis : peut-être. Nous ne méritons même pas cela ! Mais ressuscité en chair et en os, non. Non, je ne le crois pas » 628.6 . Apparaissant au milieu d'eux quelques jours plus tard, le dimanche 14 avril, Jésus interpelle Thomas, avec un sourire de pardon dans la voix : « Viens ici, Thomas . (...) Voici celui qui ne croit pas s'il ne voit pas ! » 629.4 . Il l'oblige à toucher ses plaies. Et Thomas avec des larmes abondantes de repentir s'exclame simplement : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » 629.4 . Maintenant que tous sont pardonnés, Jésus les enseigne sur l'une des missions qu'Il leur confie : pardonner aux hommes leurs fautes, au nom du Seigneur : « Il est grand votre ministère de juger et d'absoudre en mon nom ! » 629.7 . Ce soir là, Jésus passe un long moment avec ses apôtres. Ensemble ils vont au Jardin des oliviers, et là ils récitent le Notre Père, que Jésus leur commente à nouveau. Il leur donne rendez-vous : « demain, avant sexte, vous monterez au Golgotha. Je vous rejoindrai … » 630.14 . Il fait déjà très chaud lorsque le lundi 15 avril vers midi, comme convenu, les apôtres entreprennent la montée vers le Golgotha. « Mais on ne peut avancer ici ! On ne peut ! disent-ils après quelques mètres ». « Et pourtant le Seigneur est monté jusqu'à l'endroit où se trouvent ces ronces, et il était déjà blessé et avait la croix sur Lui, fait observer Jean qui pleure depuis qu'il est sur le Calvaire » 631.2 . Le témoignage de Jean, leur fait mieux ressentir la tragédie de Vendredi Saint, et apaise peu à peu leur grogne. « Ce rappel est un avertissement fraternel, une exhortation à ne pas se plaindre » 631.3 note Maria Valtorta. Et ce sont des apôtres profondément bouleversés par les souffrances endurées par le Christ qui atteignent le sommet du Golgotha. « Qu'ici meure l'homme que nous sommes, et que ressuscite le vrai disciple. Levez-vous! Jurons sur le Nom Saint de Jésus Christ que nous voulons embrasser sa doctrine jusqu'à savoir mourir pour la rédemption du monde » 631.7 s'exclame Jean, véritablement inspiré. Et pendant que les onze en font le serment, Jésus apparaît au milieu d'eux. Il ordonne à Jean et au zélote d'accompagner Marie et les femmes dans leur voyage de retour en Galilée. « Nous nous retrouverons tous unis en Galilée sur le Thabor » 631.8 , leur promet-Il. Mais le chemin du retour est plein d'embuches pour les apôtres. En arrivant près de la porte Judiciaire, ils sont reconnus par plusieurs et sont bientôt la cible des quolibets de la foule. L'ambiance dégénère rapidement et les premiers projectiles atteignent leur but. Les onze doivent fuir et revenir sur leurs pas. Ils trouvent refuge dans le jardin de Joseph d'Arimathie, où le jardinier se montre compatissant et plein de charité envers eux. Il les accompagne le long des remparts, jusqu'à la porte de Sion, située à moins de 200 m du Cénacle. Il les laisse avec un mot d'encouragement : « Vous êtes des hommes et je suis un homme. Lui seul est plus qu'un Homme et peut ne pas trembler. Je sais comprendre et compatir et je dis que vous, faibles aujourd'hui, vous serez forts demain. La paix à vous » 631.13 . Quand ils arrivent enfin au Cénacle, penauds et contrits, Jésus est là pour les accueillir : « maintenant vous vous connaissez humblement pour ce que vous êtes, car maintenant vous êtes sages d'une grande sagesse : celle de savoir que tout acte a des répercussions très étendues, parfois ineffaçables, et que celui qui est haut placé (...) a plus que celui qui ne l'est pas le devoir d'être parfait » 631.16 . Et pour ne pas les exposer inutilement à la vindicte populaire, Jésus leur recommande à nouveau de rentrer sans tarder en Galilée. FOOTNOTES : La remarque de Simon Pierre est à rapprocher de Lc 24, 34. Contrairement à certaines traductions, ce ne sont pas les apôtres qui dirent « il a été vu de Simon » mais Cléophas lui-même, parlant de son compagnon Simon. Maria Valtorta confirme en quelque sorte que le nominatif (λέγοντες legontes = disant) du manuscrit du Codex Bezae n'est pas dû à une erreur de scribe, comme de nombreux biblistes (dont Osty) l'ont imaginé. En le remplaçant par l'accusatif legontas, ils ont transformé le sens de cette phrase ! : Selon l'évangile de Barthélemy (8, 1-2) apocryphe copte du 5e siècle, ce jardinier se serait nommé Philogène.
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De la Résurrection à la Pentecôte
Jésus et cinq cents disciples sur le mont Thabor
Il y a maintenant plus d'une semaine que les disciples attendent le Seigneur, lorsqu'en ce samedi 27 avril , Jésus leur apparaît. Matthieu, qui évoque brièvement cette apparition(Mt 28,16-20) n'a pas précisé qu'elle eut lieu sur le mont Thabor. Jésus passe et salue les uns et les autres : « La paix à vous tous. Me voici parmi vous. Paix à vous. Paix à vous » 634.1 . Il observe : « Beaucoup et peu. Où sont les autres ? Je sais que nombreux sont mes disciples fidèles. Pourquoi alors n'y a-t-il ici qu'à peine cinq cents personnes ? » 634.1 . C'est Pierre qui répond, au nom de tous : « Seigneur, entre le treizième et le vingtième jour de ta mort un grand nombre sont venus ici des nombreuses villes de Palestine, disant que tu étais parmi eux. Ainsi beaucoup de nous, pour te voir avant, sont allés avec tel ou tel. Quelques-uns viennent de partir. Ils disaient, ceux qui sont venus, t'avoir vu et parlé en différents endroits et, ce qui était merveilleux, tous disaient t'avoir vu le douzième jour après ta mort » 634.2 . Ainsi donc à peine un tiers des disciples ont suivi les recommandations des apôtres. Les autres se sont éparpillés, espérant voir le Seigneur ça ou là. Jésus alors leur donne un enseignement sur la vertu d'obéissance, indispensable pour la constitution, la croissance et le maintien de son Église. « Vous avez eu raison d'insister pour les retenir. Non pas que je n'ai pas été réellement là où ceux qui sont venus vous le dire ont dit que j'étais. Mais parce que j'avais dit de rester ici, unis dans la prière en m'attendant. Et parce que je veux qu'on obéisse à mes paroles, spécialement ceux qui sont mes serviteurs. Si les serviteurs commencent à désobéir, que feront les fidèles ? » 634.2 . Que de précieux conseils donne alors Jésus sur ce mont Thabor ! Conseils permanents, qui s'adressent à quiconque recherche avec sincérité le Royaume, « car le Royaume des Cieux est ouvert à tous ceux qui ont bonne volonté » 634.14 . Avant de les quitter, Jésus donne à tous, y compris aux absents, un rendez-vous ultime « à Béthanie vingt jours avant la Pentecôte , car ensuite ils me chercheraient en vain » 634.14 . Il convoque aussi Margziam et tous ceux et celles qu'Il avait éloigné pour la Pâque, pour « la Pâque supplémentaire » 634.15 . « Je veux que vous soyez tous autour de Moi et pas vous seulement, mais aussi les femmes disciples. Lazare nous donnera encore une fois l'hospitalité. Je n'ai pas voulu tes filles, Philippe, ni vos épouses (...) Jérusalem n'était pas un lieu pour tous, ces jours-là ! » 634.16 . FOOTNOTES : La date est parfaitement définie, par cette affirmation : « Plusieurs de vous vous avez fui, il y a aujourd'hui vingt-deux jours » 634.6 . : Ce nombre de cinq-cents disciples est aussi celui du témoignage de saint Paul 1 Co 15, 6. : C'est-à-dire pour le 15 ziv, jour de la Pâque supplémentaire . Le "jour" commençant à la tombée de la nuit, les disciples devront donc tous être à Béthanie dans l'après midi du 14 ziv, et c'est exactement ce qui se passera (Voir MV 636.1).
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De la Résurrection à la Pentecôte
L'élection de Matthias
Quelques jours avant l'Ascension du Seigneur, les apôtres avaient évoqué la nécessité de remplacer Judas, se remémorant une recommandation ancienne de Jésus : « Et le Seigneur dit à Josué : Prends douze hommes, un par tribu » « Douze. Rappelez-le-vous. Ce doit être le nombre » 387.8 . Ils avaient même sollicité Jésus : « hier, et pas seulement hier, nous pensions que tu as dit : Vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus » 635.21 ; proposant Lazare ou Margziam pour prendre la place laissée par le traitre. Mais Jésus leur avait seulement répondu : « ne vous hâtez pas. L'heure viendra et vous serez étonnés alors d'avoir tous la même pensée. Priez en attendant » 635.21 . Maintenant les apôtres sont rassemblés au Cénacle dans la prière, avec une centaine de disciples. Pierre, inspiré par l'Esprit, prend la parole comme en témoigne saint Luc(Ac 1,15-26). Pierre pressent que le choix du douzième apôtre doit se faire sans tarder : « pour qu'il soit présent avec nous au Baptême de feu dont le Seigneur nous a parlé, afin que lui aussi, qui n'a pas reçu l'Esprit Saint du Maître très Saint, le reçoive directement de Dieu et en soit sanctifié et illuminé et ait les vertus que nous aurons et puisse juger et remettre, et faire ce que nous ferons et que ses actes soient valides et saints » 639.4 . Très vite le choix des apôtres se porte sur deux disciples de la première heure, Joseph fils de Joseph et Mathias, tous deux fils de bergers et orphelins depuis le massacre des innocents. Maria Valtorta décrit le tirage au sort, à l'aide d'un sac où sont placés autant de cailloux blancs (pour Mathias) que de cailloux noirs (pour Joseph). Pierre trace sur le sac un geste de bénédiction, y plonge la main et priant avec les yeux levés au ciel, il tire un caillou blanc comme la neige. Il s'adresse alors à Mathias : « Viens à la place que Dieu t'a réservée et efface par ta justice le souvenir de Judas, en nous aidant nous, tes frères, à accomplir les œuvres que Jésus très Saint nous a dit d'accomplir. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit toujours avec toi » 639.6 . FOOTNOTES : Selon Josué 4, 1-3 et Josué 4, 19-23. : Son surnom Barsabbas (Ac 1,23), fils de son père , se justifie par le fait qu'il porte le même prénom que son père, berger de la Nativité, tué en protégeant son fils durant le massacre des innocents (voir MV 75.2/6).
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Seconde année de vie publique
La tempête apaisée
Quelques jours plus tard, c'est l'épisode de la tempête apaisée (Miracle rapporté par Mt 8,23-27 ; Mc 4,31-41 et Lc 8,23-25). Il s'agit d'une des toutes premières visions reçues par Maria Valtorta . Elle reconnaît Pierre, Jean et André, mais ni Jacques, ni le cinquième compagnon présent dans la barque. De même que Matthieu et Luc, elle ne mentionne pas la présence d'autres barques, contrairement à Marc. Ce miracle impressionna directement les pêcheurs galiléens. Mais Jésus en montre à Maria Valtorta la portée plus universelle : « Les malheurs servent à vous persuader de votre néant ; de votre déraison cause de tant d'erreurs ; de votre méchanceté cause de tant de deuils et de douleurs ; de vos fautes cause de punitions que vous vous donnez à vous-mêmes ; et de mon existence, de ma puissance, de ma bonté » 185.6 . FOOTNOTES : La sixième vision reçue, semble-t-il, datée du 30 janvier 1944.
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De la Résurrection à la Pentecôte
L'adieu à l'œuvre
La vision de la venue de l'Esprit Saint a été reçue le 27 avril 1947. Jésus dit alors à Maria Valtorta : « Et ici prend fin l'Œuvre que mon amour pour vous a dictée, et que vous avez reçue à cause de l'amour qu'une créature a eu pour Moi et pour vous » 640.6 . Maria Valtorta mettait alors un point final à cette œuvre monumentale, notant sur son manuscrit : « Finita l'Opera oggi, 27 aprile 1947 ». Elle ne cessa d'affirmer que ce n'était pas le fruit d'une création littéraire personnelle, mais la transcription la plus fidèle possible de ce qu'elle avait entendu ou vu, par un don mystérieux venu du Ciel. Et elle déclara qu'elle n'était qu'un instrument docile, une simple plume. Se refusant par avance toute gloire personnelle, elle n'accepta la publication de cette œuvre, qu'à la condition explicite que soit respecté son anonymat jusqu'à sa mort. Le lendemain, 28 avril 1947, Jésus dicta à Maria Valtorta sept raisons principales pour lesquelles Il nous a fait don de cette œuvre. Les voici résumées ci-après : 1 – Fournir à l'Église « des ressources pour combattre ceux qui nient : - le caractère surnaturel des dogmes ; - la divinité du Christ ; la Vérité du Christ, Dieu et Homme, réel et parfait comme elle nous a été transmise aussi bien par la foi que par son histoire (Évangile, Actes des Apôtres, Lettres apostoliques, tradition) ; - la doctrine de Paul et de Jean et des conciles de Nicée, Éphèse et Chalcédoine, comme ma vraie doctrine enseignée verbalement par Moi; ma science illimitée parce que divine et parfaite ; - l'origine divine des dogmes, des Sacrements de l'Église (...) ; - la nature parfaite, dès le début, de ma doctrine qui ne s'est pas formée comme elle est à travers des transformations successives, mais est telle qu'elle a été donnée... » 2 – « Réveiller chez les Prêtres et chez les laïcs un vif amour pour l'Évangile et pour ce qui se rapporte au Christ. Avant tout, une charité renouvelée pour ma Mère, dans les prières de laquelle réside le secret du salut du monde ». 3 – « Donner aux maîtres spirituels et aux directeurs d'âmes une aide pour leur ministère, en étudiant la variété des esprits qui s'agitèrent autour de Moi, et les diverses manières dont Je Me suis servi pour les sauver ...» 4 – « Ramener à leur vérité les figures du Fils de l'Homme et de Marie vrais fils d'Adam pour la chair et le sang, mais d'Adam innocent ». (...) « Cette Œuvre a encore pour but, d'éclairer des points qu'un ensemble complexe de circonstances a couvert de ténèbres et forme ainsi des zones obscures dans la clarté du tableau évangélique ... ». 5 –« Connaître exactement la complexité et la durée de ma longue passion, qui culmine dans la Passion sanglante accomplie en quelques heures, qui m'avait consumé en un tourment quotidien qui avait duré des lustres et des lustres, et était allé toujours en grandissant, et avec ma passion celle de ma Mère à laquelle l'épée de douleur avait transpercé le cœur pendant un temps égal. Et vous pousser, par cette connaissance, à nous aimer davantage ». 6 – « Montrer la puissance de ma Parole et ses effets différents selon celui qui la recevait ». (...) « Dieu donne les moyens pour se convertir, mais Il ne violente pas la liberté de l'homme, et si l'homme ne veut pas se convertir, c'est inutilement qu'il a ce qui pour un autre sert à la conversion ». 7 – « Enfin vous faire connaître le mystère de Judas, ce mystère qui est la chute d'un esprit que Dieu avait comblé de bienfaits extraordinaires. Un mystère qui en vérité se répète trop souvent et qui est la blessure qui fait souffrir le Cœur de votre Jésus ». Il apparaît clairement que ce texte répond par avance à toutes les interrogations légitimes que l'œuvre de Maria Valtorta a pu susciter jusqu'à nos jours.
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Epilogue
Dormition et Assomption de Marie
La Dormition et l''Assomption de Marie ont toujours fait partie de la foi constante de l'Église, depuis l'Église primitive. Parmi plusieurs manuscrits très anciens qui évoquent l'Assomption, la tradition qui semble aujourd'hui la plus ancienne se trouve dans un apocryphe, le Passage de la Vierge , ou Transitus Graecus “R” datant peut-être du 2e siècle. Au milieu d'autres détails plus ou moins symboliques, on peut noter que Marie se rend au mont des Oliviers, rentre à la maison, s'adonne à la prière, et communique à l'apôtre Jean sa mort prochaine. Marie rend grâce et rend l'esprit... Après trois jours, les anges emportent son corps au paradis et le déposent sous l'arbre de vie, où il est réuni avec son âme. Le Pape Jean-Paul II a cité cet apocryphe dans une homélie de l'Assomption, lui donnant ainsi un certain crédit. Et tout ceci est globalement compatible avec le récit de Maria Valtorta. Par contre la présence des apôtres et de Paul, le dépôt du corps dans un tombeau, l'intervention des grands prêtres, sont des détails totalement étrangers au récit rapporté par Maria Valtorta. Si l'Assomption est maintenant un dogme en Occident, par contre les avis restent encore très partagés sur l'âge que pouvait alors avoir Marie . Marie de Jésus d'Agréda donne dans La cité mystique de Dieu (part. 3, liv. 8 chap. 19 § 740) l'endormissement de Marie le 13 août à 15h, quelques semaines avant son 70e anniversaire. Elle précise : le 13 août et à la 70e année de son âge, moins les 26 jours qu'il y a du 13 août au 8 septembre, jour anniversaire de sa naissance. Elle avait survécu à son divin Fils 21 ans, 4 mois et 19 jours. Nous avons vu (au paragraphe Jésus et les docteurs du Temple ) que Maria Valtorta fournit une indication très semblable : Marie survécut 21 ans à Jésus (MV 41.12). L'Assomption a dû avoir lieu en l'an 51, Marie étant alors âgée de 70 ans. Jean Aulagnier déduit de ces deux témoignages (celui de Marie d'Agréda et celui de Maria Valtorta) les dates du samedi 12 août 51 pour la Dormition, et du mardi 15 août 51 (grégorien) pour l'Assomption. Quant au lieu où elle se produisit, l'existence du tombeau traditionnel « de Marie » dans la vallée du Cédron a obtenu un regain d'intérêt depuis les fouilles archéologiques de 1972 dues à une inondation. Les archéologues ont la certitude que la tombe dite « de Marie » à Jérusalem remonte au premier siècle. Dans l'œuvre Jésus déclare que la maison du Gethsémani fut rasée lors du siège de Rome. Il est affirmé clairement que « le tombeau de Marie » est une légende sans fondement historique (Voir MV 651.5). C'est donc un démenti formel de Juvénal, évêque de Jérusalem, qui fut à l'origine de cette tradition au concile de Chalcédoine en 451 faisant intervenir saint Thomas. FOOTNOTES : Le Transitus Mariae indique que Marie avait 59 ans. Pour Nicéphore (liv. II, c. 21), ce serait l'an 5 de Claude, soit en 45, à l'âge de 60 ans. Eusèbe (Chronicon) fixe sa dormition en 48, à l'âge de 67/68 ans, et c'est ce que retient Baronius. Ste Brigitte croyait que la Sainte Vierge avait 15 ans lorsqu'elle donna naissance à Jésus, et qu'elle avait vécu encore 15 ans après l'Ascension. Jésus étant mort à 33 ans, cela conduisait à 63 ans pour Marie. (d'où les 63 Ave du chapelet de sainte Brigitte). Ste Anne-Catherine Emmerick avança l'âge de 64 ans mais en précisant n'en être pas vraiment certaine. Soeur Josépha Menendez indique 73 ans. Mary Jane Even en 1993 indique cette parole attribuée à Jésus « Mon temps sur terre a été de 33 ans, alors que celui de Ma Mère fut de 70 ans ».
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Le Protévangile
La naissance du Sauveur
« Ah ! si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! » Isaïe 63,19 . « Certainement il est bien de tenir caché le secret du roi » 201.5 . Ces paroles de Tobie(Tb 12,6-7)sont plusieurs fois évoquées dans l'œuvre, et semblent pouvoir s'appliquer aussi à l'enfantement de la Vierge. Maria Valtorta respecte la pudeur qui doit entourer le mystère de l'Incarnation, tout comme l'avaient fait avant elle plusieurs mystiques qui eurent des visions de la naissance du Sauveur dans la grotte de Bethléem. Elle ne voit pas la naissance, qu'une grande lumière cache à ses yeux : « Et la lumière croît de plus en plus. L'œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge… et en émerge la Mère. Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras » 29.3 . Cette description est en tout point comparable à celle que rapporte le Protévangile de Jacques (chap. 19) : « Tout d'un coup la caverne fut remplie d'une clarté si vive que l'œil ne pouvait la contempler, et quand cette lumière se fut dissipée, l'on vit l'enfant ». Mais Maria Valtorta ne donne aucun crédit à la suite du protévangile, qui rapporte la présence d'une sage femme aux côtés de Marie. Saint Jérôme avait déjà, en son temps, dénoncé cette légende comme infondée : « Personne ne reçut l'Enfant à sa Naissance, aucune femme ne donna à Marie les soins ordinaires. Elle seule enveloppa son enfant de langes, elle fut à la fois la mère et celle qui reçut l'Enfant : et elle l'enveloppa de langes ». C'est exactement ce que nous rapporte aussi Maria Valtorta. « Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile » 29.5 . Et son récit est également conforme à l'opinion des Pères en ce qui concerne l'absence de souffrances de Marie lors de l'enfantement : « Elle n'a point souffert, quoique femme ; elle n'a point éprouvé les douleurs de l'enfantement, quoique vierge ». FOOTNOTES : Saint Jérôme, Contre Helvidius . : Saint Ephrem le syrien, Discours sur l'enfantement de la Vierge .
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Le Protévangile
La conception de Jean-Baptiste
De nombreux détails disséminés ça et là dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé nous ont permis de dater l'Annonciation entre le 15 et le 21 Adar. Or l'archange Gabriel dit à Marie : « ta parente a conçu (...) et elle en est à son sixième mois »(Lc 1,36). La conception de Jean a donc eu lieu durant le mois de Tishri du calendrier juif. L'évangéliste Luc, toujours très précis, indique qu'à ce moment là le prêtre Zacharie officiait, et que « toute la multitude du peuple était en prière dehors » (Lc 1,10). Etant donné que chaque année les foules venaient justement au Temple pour la fête des Tabernacles , du 15 au 23 Tishri, c'est cette période qui s'impose pour dater la conception du Baptiste . Par les livres des Chroniques(1 Ch 24, 8) on sait que la classe d'Abia à laquelle appartenait Zacharie était la 8e des 24 classes de prêtres. Sachant que c'était la première classe, celle de Jojarib, qui officiait lors de la destruction du Temple le 5 août 70, il est assez aisé d'en déduire que la classe d'Abia était en service durant la semaine du samedi 30 septembre -6 au samedi 7 octobre -6, donc effectivement pendant la période de la fête des Tabernacles . Et pouvoir dater avec précision cet événement est opportun, puisqu'il est en relation étroite avec la naissance de Jean-Baptiste, et par voie de conséquence avec celle de Jésus. FOOTNOTES : Soit entre le lundi 25 sept. et le mardi 3 oct. -6 (grégorien). La conception de Jean Baptiste est justement fêtée le 23 septembre par l'Eglise orthodoxe, et l'était au 24 septembre dans les anciens martyrologes (Saint Jérôme, Vandalbert, Raban, Usuard etc.) ! :. La découverte des manuscrits de Qumram confirme le calendrier de service des différentes classes de prêtres.
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Troisième année de vie publique
Le départ pour Antioche
Le samedi 16 décembre, une semaine après la fin de la fête des Encénies , tout est désormais prêt pour le départ. L'heure de la douloureuse séparation a été un peu retardée, en attendant le retour de Pierre qui a eu quelques difficultés pour trouver un char sans attirer l'attention . Jude et son frère Jacques, Matthieu et André, ainsi que Jean et Jacques de Zébédée sont maintenant à Nazareth, heureux de se retrouver ensemble, eux qui « ont été séparés pendant de longs jours » 313.1 écrit Maria Valtorta. Pierre arrive enfin, avec un char tiré par un âne, ce qui intrigue les autres apôtres. Il est temps maintenant de les informer du voyage imminent. « J'ai voulu que vous veniez ici parce que vous devez m'aider à faire partir très loin Jean et Sintica . (...) Cette nuit nous allons quitter Nazareth, même s'il y a de l'eau et du vent, au milieu de la première veille » 313.7 . La proximité de la pleine lune (le lundi 18 décembre) leur permettra en effet de partir peu après la tombée de la nuit, pour s'éloigner discrètement de quelques kilomètres et rendre moins longue la difficile étape du lendemain. Juste avant le départ, Synthyché encourage encore son compagnon d'infortune. Elle lui cite à bon escient quelques pensées de la philosophie grecque : « Je te rappelle Gorgias de Léontine. Lui enseignait qu'on n'expie, en cette vie ou dans l'autre, que par les douleurs et les souffrances » 314.6 . Puis elle ajoute : « Je te rappelle encore notre grand Socrate : désobéir à celui qui nous est supérieur, qu'il soit dieu ou homme, c'est mal et honteux » 314.6 . Il serait surprenant que Maria Valtorta ait pu reformuler aussi brillamment ces pensées antiques, si elle ne les avait reçues par une de ses visions. Après des adieux déchirants, ils montent dans le char rustique, et quittent Nazareth pour toujours. J'ai déjà évoqué, pour en souligner la cohérence, quelques détails de ce périlleux voyage qui mène les huit apôtres et les deux exilés de Nazareth à Antioche . Jésus les accompagne pendant la première étape jusqu'à Jiphtaël. Jean d'Endor a bien compris maintenant que son éloignement est dû essentiellement à la perversité de Judas : « Mais je lui pardonne. Pour une seule raison je lui pardonne de m'envoyer mourir si loin : car c'est justement par lui que je suis venu à Toi. Et que Dieu lui pardonne le reste… tout le reste » 315.5 . C'est toujours par un temps pluvieux qu'ils reprennent la route le lundi 18 décembre. Jésus monte un instant avec les deux sur le char, pour un dernier encouragement, les derniers conseils, une ultime parole d'adieu. « Je vous confie mes intérêts les plus chers, c'est-à-dire la préparation de mon Église en Asie mineure (...) C'est ainsi que je ferais si j'avais d'autres Jean et d'autres Sintica pour d'autres pays. De cette façon mes apôtres trouveraient le terrain labouré pour y répandre la semence à l'heure qui viendra ! » 316.3 . Et puis c'est la séparation, brutale, douloureuse... Pendant tout leur voyage, Jésus va rester seul, dans le jeûne et la prière. Une épreuve « beaucoup plus pénible » 317.3 que celle vécue au désert, selon ses propres dires. FOOTNOTES : En MV 310.5, Jésus avait dit à Pierre : « Deux ou trois jours après les Encénies, nous partirons d'ici ». Et maintenant Jésus explique : « Nous aurions dû déjà être partis, mais je suppose que Simon a eu des difficultés pour trouver le moyen de transport … » « Et comment ! J'allais désespérer de le trouver. Mais grâce à un grec dégoûtant de Tibériade, j'ai pu finalement l'avoir … » 313.7 . : Ils ont quitté Jésus le 20 novembre, il y a maintenant un mois. : On retrouve dans Platon, Gorgias LXXXI : « Ceux qui tirent profit de l'expiation que leur imposent, soit les dieux, soit les hommes, sont ceux qui n'ont commis que des fautes remédiables. Toutefois ce profit ne s'acquiert que par des douleurs et des souffrances et sur cette terre et dans l'Hadès ». : Platon, Apologie de Socrate 29b , rapporte ces propos de Socrate : « Désobéir à ce qui est meilleur que soi, dieu ou homme, est contraire au devoir et à l'honneur ». : Voir L'Enigme Valtorta , RSI 2012, tome 1, pages 132 à 134.
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Troisième année de vie publique
Dans les jardins de Lazare à Antigonéa
Après bien des épreuves, les apôtres atteignent enfin Séleucie, le port d'Antioche, au soir du vendredi. Ils y passent le sabbat, puis décident, dès le dimanche matin, de se rendre à Antioche. L'hôtelier qui leur confie un char leur indique : « Vous aurez vite fait, et sans peine. À none vous serez à Antioche » 322.1 . Ils ont vingt sept ou vingt huit kilomètres à parcourir en longeant l'Oronte. Soit six heures de route environ. En partant vers 8h, et avec une halte le midi, ils arriveront effectivement vers 15h . La description de l'environnement par Maria Valtorta est en tout point remarquable . Ils restent trois jours dans la maison de Lazare à Antioche. Puis le mercredi ils décident de se rendre à Antigonéa , où Euchérie, la mère de Lazare possédait un magnifique jardin. Toute une petite communauté vivait encore sur place , supervisée par Ptolmaï (saint Ptolémée, connu comme disciple de Pierre et martyr vers l'an 50). Ces familles de paysans, serviteurs de Lazare, sont donc à l'origine de la florissante église d'Antioche. Pendant les présentations des uns et des autres, Jean montre combien il est en avance sur ses compagnons dans sa compréhension du Royaume. Il déclare : « Dans le Royaume du Seigneur, il n'y a plus de grecs ou d'israélites, de romains ou de phéniciens, mais seulement des fils de Dieu » 323.8 . Paroles dont on trouve l'écho chez saint Paul(Rm 10,12 ; Ga 3,28). FOOTNOTES : Joseph-François Michaud, Correspondance d'Orient , 1830-1931, éd. Ducollet 1835 page 214, indique avoir mis 7h à pied pour aller de Séleucie à Antioche. En parfaite cohérence avec le récit de Maria Valtorta ! : Voir L'Enigme Valtorta , RSI 2012, tome 1, pages 94 à 99. : Pour cette vision, pas moins de cinq détails chronologiques très précis permettent de dater l'évènement ! Ils prévoient de rester deux jours, puis de rentrer à Antioche juste avant le sabbat. « Aux premiers jours de Scebat nous devons être avec le Maître » 323.3 rappelle Jude. « Si nous partons le lendemain du sabbat, pour la fin de la lune nous serons sûrement à Ptolémaïs » 323.4 précise Jacques de Zébédée. En effet s'ils quittent d'Antioche le dimanche 31/12/28, (soit le 26 Tébeth), il leur restera 4 jours pour rejoindre Jésus juste avant la lune de Shebat. La précision de ces dialogues est absolument remarquable ! : Les archéologues recherchent encore la localisation de cette cité disparue, qu'ils supposent généralement au nord-est d'Antioche. Pour Maria Valtorta, Antigonéa. est située à proximité immédiate de Daphné, entre cette cité et Antioche. C'est exactement ce que supposait E. Isambert en 1861 ( Itinéraire historique, descriptif et archéologique de l'Orient p 619), qui affirme en avoir vu les vestiges à Zeghaïb. (Localisation possible : 36° 9' 15" N / 36° 9' 19" E ?) : La ville fut détruite par Séleucos vers -300, mais continua cependant à subsister. Elle est mentionnée par Dion Cassius (40, 29, 1-2) qui précise qu'elle était encore habitée en -53. (Selon Dictionary of Greek and Roman Geography de William Smith 1857).
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Epilogue
Le Linceul du tombeau confié à Marie
Quelques semaines encore ont passé depuis la Pentecôte. Marie et Jean sont maintenant installés dans la maisonnette du Gethsémani, que Lazare a mis à leur disposition. Un soir Joseph, Nicodème et Lazare viennent discrètement y rendre visite à Marie. Ils expliquent qu'après une période de désaccord entre eux, ils sont maintenant unanimes pour cette démarche. « Joseph lui présente un rouleau volumineux enveloppé dans un drap rouge foncé qu'il avait jusqu'à ce moment tenu caché sous son manteau » (...) « C'est le Linceul propre dans lequel fut enveloppé le très Pur » 644.3 . Le tissu au début « paraissait avoir simplement conservé l'empreinte de ses membres couverts par les huiles auxquelles s'étaient mêlées des traces de sang et de sérosités venant des nombreuses blessures » 644.6 . Mais à mesure que les jours ont passé, « l'empreinte devenait précise et claire » 644.6 . Nicodème indique alors leur intention de confier cette précieuse relique à Marie. Il prévoit de réaliser une statue de Jésus Crucifié dans un cèdre du Liban, pour y cacher le second linceul , celui avec lequel furent nettoyées les plaies du Seigneur, et dont « l'image est si confuse qu'il est difficile de la distinguer » 644.6 . Ils déplient pour une première ostension devant la Vierge Marie le précieux voile . « Oh ! pouvoir le voir ainsi et non avec cette expression torturée qu'il a sur le voile de Nique » 644.6 soupire Marie. L'Évangile selon les Hébreux , apocryphe rédigé en araméen vers la fin du 1er siècle, affirmait qu'il y avait des chrétiens qui s'intéressaient au sort du linceul sépulcral du Sauveur, et croyaient savoir qu'il se conservait dans la communauté de Jérusalem, que Jacques dirigeait. En 1978 Don Vincenzo Cerri (1915-2011) constata que les corrélations entre les textes de Maria Valtorta et les découvertes sur le Suaire de Turin étaient trop nombreuses pour être des coïncidences. Il démontra leur « très haut degré de concordance » dans son ouvrage La Sacra Sindone e le intuizioni mistiche di Maria Valtorta . FOOTNOTES : Ceci fait songer évidemment au Volto Santo, un crucifix sculpté dans un cèdre du Liban, attribué à Nicodème, et dont la présence à Lucques est attestée en 742.. : Ainsi Maria Valtorta nous éclaire sur les deux linceuls dont parle saint Jean (Jn 20,5-7). Le premier soigneusement plié aurait enveloppé le Christ. Il est aujourd'hui à Turin. Le second, simplement roulé, aurait été utilisé pour la toilette du Crucifié, et semble aujourd'hui disparu.
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Le Protévangile
La circoncision de Jean-Baptiste
Huit jours plus tard, conformément à la Loi(Gn 17,12) a lieu la circoncision de Jean. « Marie a pris soin que tout soit beau et en ordre » 24.1 , nous informe Maria Valtorta. Jour de fête, la circoncision était aussi le moment où le nouveau né recevait son nom. Ce qui nous vaut ce dialogue animé, écho fidèle de Luc(Lc 1, 59-63): « Nous l'appellerons Zacharie. Tu te fais vieux et il convient que ton nom soit donné à l'enfant » disent les hommes. « Certainement non ! » s'écrie la mère. « Son nom est Jean. Son nom doit être un témoignage de la puissance de Dieu ». « Mais quand donc y a-t-il eu un Jean dans notre parenté ? » « N'importe. Il doit s'appeler Jean ». « Que dis-tu, Zacharie ? Tu veux qu'il ait ton nom, n'est-ce pas ? » Zacharie fait signe que non. Il prend la tablette et écrit : « Jean est son nom » 24.2 . Zacharie ayant recouvré l'usage de la parole, proclame alors son cantique. Dans le récit que nous en donne Maria Valtorta, voici une phrase qui attire particulièrement notre attention : « Comme tu as promis par la bouche des saints Prophètes, depuis les temps anciens, de nous délivrer de nos ennemis et des mains de ceux qui nous haïssent » 24.2 . Le sens de ce texte (qu'on retrouve en Lc 1, 70), ainsi énoncé, paraît tout à fait clair. Pourtant les interprètes semblent à la peine avec ce verset tel qu'il nous est transmis par la Vulgate . Ils traduisent le plus souvent « ses saints prophètes des temps anciens » ou « ses saints prophètes de jadis... ». Lors d'une conférence donnée à Cambrai en 1986, l'exégète Jean Carmignac montra que le texte latin résultait manifestement d'une altération d'un texte hébreu antérieur, dont le sens exact était : « Comme Dieu l'a dit par la bouche de ses saints prophètes. Depuis les temps anciens Il nous délivre de nos ennemis... ». C'est très exactement ce que Maria Valtorta entendit des lèvres de Zacharie, quarante ans avant cette analyse, signe parmi d'autres qu'elle ne s'inspirait pas de sa bible ! FOOTNOTES : « Sicut locutus est per os sanctorum qui a saeculo sunt prophetarum eius ». : Voir Bulletin de l'Association J. Carmignac n° 12 nov. 2001, page 8.
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Le Protévangile
Le retour à Nazareth
Maria Valtorta revoit Jésus dans sa maison de Nazareth, alors qu'Il est devenu « petit enfant de cinq ans environ » 37.1 . La scène se déroule à la fin de l'an 1, ou au début de l'an 2, soit très peu de temps après le retour d'Égypte , car plus loin dans l'œuvre, Marie fait cette confidence : « alors c'était le printemps sur la terre et dans mon cœur. Le printemps du retour dans la patrie. Et Jésus battait de ses petites mains, heureux de voir des choses nouvelles… Joseph et moi, nous étions heureux aussi, bien que la bonté du Seigneur nous eût rendu moins dur l'exil à Mataréa, de mille manières » 247.8 . Maria Valtorta assiste à la première leçon de travail, donnée par Joseph à son fils, sous le regard ému de Marie. Puis Jésus confie à Maria Valtorta cet éloge de son père nourricier : « J'ai appris de lui - et jamais élève n'eut un meilleur maître - tout ce qui d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain » 37.5 . (...) « Je fais observer aux parents comment sans le secours d'une formation pédagogique, Joseph sut faire de Moi un brave travailleur » 37.8 . Puis Jésus donne pour notre temps une puissante méditation sur le rôle de la famille : « ...un fils, n'est pas seulement un être de chair. C'est une intelligence, un cœur, un esprit. Croyez-le, donc, personne plus qu'un père et une mère n'a le droit et le devoir de former cette intelligence, ce cœur, cet esprit. La famille existe et doit exister. Il n'y a pas de théorie ou de progrès qui puisse s'opposer à cette vérité sans provoquer la ruine. D'une famille qui se désagrège, ne peuvent venir dans l'avenir que des hommes et des femmes toujours plus dépravés et qui causeront de plus grandes ruines » 37.9 . FOOTNOTES : Notons que l' indication de Marie d'Agreda fixant à vingt trois ans la durée de la vie cachée à Nazareth ( La Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. 17), supposerait le retour d'Égypte plutôt en l'an 3, Jésus étant âgé de six ans.
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Le Protévangile
Trois jours sans ses parents
Certains se sont parfois demandés comment Marie et Joseph, si attentifs à la sécurité de leur fils, avaient-ils pu le perdre de vue pendant trois jours, comme le mentionne Luc(Lc 2,46) ? Un bref dialogue, au moment du départ de Nazareth, est très révélateur à ce sujet. De sa naissance jusqu'à l'âge de douze ans, Jésus fut confié essentiellement à la garde de sa sainte mère, comme c'était sans doute le cas d'ailleurs pour tous les enfants en Israël. Marie demande alors à Joseph sa bénédiction de chef de famille : « ... maintenant qu'il va au Temple pour être déclaré majeur, fais-le et bénis-moi avec Lui. Ta bénédiction … ( Marie étouffe un sanglot ) ça Lui donnera la force et à moi le courage de m'en séparer un peu plus … » Mais Joseph rassure sa chère épouse : « Marie, Jésus sera toujours à toi. La formule ne changera pas nos relations. Je ne te le disputerai pas, ce Fils qui nous est si cher. Personne ne mérite comme toi de le guider dans la vie, ô ma Sainte » 39.5 . Et lorsque le cortège des pèlerins quitte Nazareth, Maria Valtorta raconte : « on se met en route... Hors du pays, les femmes se séparent des hommes. Les enfants vont avec qui ils veulent. Jésus reste avec la Maman ». Ainsi donc, à l'heure du retour , les hommes étant partis en avant, Marie a supposé que son Jésus était maintenant avec son père, et tout aussi naturellement, Joseph l'a cru resté en arrière avec sa mère bien aimée. Ce n'est qu'après une longue journée de marche, à la halte du soir, qu'ils découvrirent avec angoisse l'absence de leur fils. Il leur fallut alors refaire le trajet en sens inverse, et c'est seulement le troisième jour qu'eurent lieu les retrouvailles au Temple. FOOTNOTES : On peut raisonnablement dater cet événement au lendemain de la Pâque, le mardi 28 avril 9 au matin, quinze jours après le départ de Nazareth.
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Le Protévangile
La tombe du Juste à Nazareth
Il y a dans l'œuvre de Maria Valtorta quelques indices qui nous renseignent sur le moment de la mort de Joseph, et sur le lieu de sa sépulture. « Marie aimait intensément son Joseph. Elle lui avait consacré six lustres d'une vie fidèle » 42.8 . Sachant que le mariage au Temple eut lieu à la fin de l'an -7, ceci situe donc la mort de Joseph vers 22 / 24, âgé d'un peu plus de 60 ans. En janvier 27, alors qu'il débute son ministère public, Jésus rappelle d'ailleurs que « Joseph (était mort) depuis quelques années » 44.10 . Ces données sont cohérentes avec les indications de Marie d'Agreda, pour qui « saint Joseph mourut à l'âge de soixante ans. Il avait vécu vingt-sept ans avec la sainte Vierge ... ». C'est tout à fait incidemment que l'on apprend que Joseph repose à Nazareth, dans le sépulcre familial. Lorsqu'en septembre 27 le disciple berger Jonas vient de mourir dans la maison de Nazareth, Jésus déclare : « Il est mort. Nous le mettrons dans notre pauvre tombeau. Il mérite d'attendre la résurrection des morts près du juste, mon père » 109.15 . Or, selon l'apocryphe Histoire de Joseph le charpentier , le père nourricier de Jésus est effectivement enterré à Nazareth et c'est de fait la tradition la plus ancienne que nous ayons sur sa sépulture. Lors de fouilles entreprises en 1884, un tombeau du 1 er siècle fut découvert sous la maison des religieuses de Nazareth. Les habitants de Nazareth avaient répété à plusieurs reprises qu'en ce lieu se situait « la tombe du Juste ». FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. XVIII. : J.-B. Livio, Les fouilles chez les Sœurs de Nazareth , Le Monde de la Bible n°16, 1982, p. 28-36.
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Première année de vie publique
Les trente ans de Jésus
« Jésus, quand Il commença (son ministère), avait environ trente ans » nous dit saint Luc dans son évangile (Lc 3,23). Dans leur interprétation de ce verset , certains Pères (Saint Jérôme, saint Irénée, saint Grégoire de Naziance, saint Théophylacte ou saint Euthymius...) considérèrent que Jésus débutait alors sa 30e année, tandis que pour d'autres (Saint Ignace, Eusèbe, saint Jean Chrysostome, Baronius...) c'était plutôt le début de sa 31e année. Maria Valtorta est bien plus précise, puisque pour elle, c'est le soir même de son trentième anniversaire que Jésus quitte sa maison de Nazareth, après d'émouvants adieux à sa sainte Mère. « Maman, cette heure devait venir… Elle a commencé ici quand l'Ange t'apparut ; maintenant, elle sonne et nous devons la vivre, n'est-ce pas, Maman ? » 44.3 . Cornelius a Lapide commente ainsi le passage de saint Luc : « A trente ans, quand, selon la coutume des hébreux, Il commença à accomplir son ministère d'enseignant et de Rédempteur, et prêcher publiquement ... ». Dans le judaïsme en effet, selon les Maximes des Pères « à trente ans, on révèle sa force ». Trente ans, c'était semble-t-il l'âge où un rabbi pouvait commencer à avoir des disciples et à les enseigner . C'était aussi l'âge initialement prévu pour l'entrée en fonction des lévites . C'est un samedi soir, juste à la fin du sabbat, et au lendemain de son anniversaire du 13 tebeth, que « Jésus s'éloigne toujours plus sur la route blanche ». « Il y a seulement un beau clair de lune (…) La route est (...) éclairée par la lune » précise encore Maria Valtorta. Chaque année l'anniversaire de Jésus, le 13 tebeth, a lieu effectivement en période de pleine lune, rendant possible ce départ en soirée. FOOTNOTES : Selon deux manières possibles d'interpréter le mot άρχόμενος, « commençant », employé dans la version grecque de saint Luc. : Cornelius a Lapide, Le grand commentaire biblique St Luc chap. 3. : Mischna, Pirké Avot chap. 5, 25, et Rob Bell, Velvet Elvis 2005. : Nombres 4,3 et 4,23. Saint Irénée ( Hérésies II,22), réfutant l'erreur des gnostiques qui prétendaient que Jésus était mort dans sa trentième année, écrit : « Mais comment pouvait-il prêcher avant d'avoir atteint l'âge légal des maîtres ? »
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Première année de vie publique
Jésus quitte Capharnaüm
Le lendemain, dimanche, avant l'aube, Jésus « en faisant le moins de bruit possible sort de la maison de Pierre à Capharnaüm » 62.1 . Il s'enfonce dans une oliveraie, « et là Il priait » rapporte Marc(Mc 1,35). Au retour de leur pêche nocturne, Pierre et ses compagnons viennent Le rejoindre, un peu inquiets de Le savoir dehors si tôt. Jésus les rassure et les enseigne à la fois : « j'ai l'habitude de sortir souvent de bonne heure pour élever mon esprit et m'unir au Père. La prière est une force, pour soi et pour les autres. On obtient tout par la prière. Le Père n'accorde pas toujours la grâce qu'on Lui demande. Il ne faut pas penser que cela soit de sa part un manque d'amour, il faut croire que ce refus correspond à un plan qui organise au mieux la destinée de chaque personne » 62.2 . La renommée de Jésus commence à se répandre alentour(Mt 4, 23-25). Pierre, croyant bien faire, a refoulé les pèlerins. « Le Maître est fatigué et il dort. Allez-vous-en, venez au prochain sabbat ». « Non, Simon. Il ne faut pas dire cela. Il n'y a pas qu'un seul jour pour la pitié. Je suis l'Amour, la Lumière, le Salut, tous les jours de la semaine » 62.3 . Jésus décide alors d'aller au devant des foules qui Le cherchent ; Il va commencer par évangéliser les villages proches, Corozaïn et Bethsaïda (Mc 1,35-39 et Lc 4, 42-44).
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Première année de vie publique
Les vendanges près du lac de Méron
C'est maintenant le 13 septembre, et la saison des vendanges commence. Bientôt (le 18 septembre) ce sera la fin du mois d'Eloul et la fin des cultures. Grâce à la générosité de Simon de zélote et de Lazare, Jésus va pouvoir libérer le berger Jonas de l'emprise cruelle du pharisien Doras. En attendant, Il décide d'aller rendre visite à Anne et Jude de Méron, un couple âgé qu'Il veut présenter à sa Mère. « Un jour, c'était dans les premiers temps que j'évangélisais, cette mère m'empêcha de te regretter, tant elle fut douce avec ton Fils fatigué » 108.2 . Lorsqu'après leur travail les vignerons sont rassemblés, Jésus les enseigne et leur résume sa doctrine : « Nombreuses, trop nombreuses sont les paroles que l'on vous dit. Moi, je ne vous dis que celles-ci : Aimez Dieu. Aimez le prochain » 108.6 . FOOTNOTES : C'était pendant la semaine du 8 au 15 mai 27. Jésus avait évangélisé seul la Haute Galilée : « J'ai parcouru pendant la semaine tous les environs et je suis arrivé à l'aube, ce matin. Je suis las » 60.4 dit-Il alors à Pierre.
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Première année de vie publique
Chez Doras. La mort de Jonas
C'est la nouvelle lune de Tishri depuis la veille, samedi 18 septembre. Sans plus attendre Jésus se presse vers les terres de Doras, pour délivrer le malheureux Jonas retenu jusqu'à ce jour par l'exigence de son féroce maître. Jésus est accompagné des onze, car « Judas est encore absent et les bergers ne sont plus là » 109.1 . Il est pris de compassion pour les souffrances endurées par les paysans de Giocana et de Doras. « Le Dieu d'Abraham sourit à vos cœurs, alors qu'il tourne un visage sévère vers ceux qui l'insultent au Temple, avec des prières menteuses, alors qu'ils n'aiment pas leurs semblables » 109.5 . Témoin de cette scène émouvante, et des conseils de patience donnés par Jésus aux paysans, Pierre s'en est peut-être souvenu lorsqu'il écrivit : « Serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec respect; non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais même à ceux qui sont méchants, car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement »(1 P 2,18-19). Paroles que l'on retrouve aussi dans la Didaché (IV, 8) : « Quant à vous, serviteurs, vous serez soumis à vos maîtres avec respect et crainte comme à l'image de Dieu ». La rencontre avec Doras, homme cruel, avide et répugnant tourne vite au drame. « Mais cet homme est une bête fauve ! s'exclame Mathieu ». « Non. Il n'a pas d'âme, dit Jésus » 109.6 . C'est un moribond que Doras remet de mauvaise grâce à Jésus, après en avoir réclamé une très forte somme d'argent. Il exige même qu'on lui rachète le miséreux grabat de Jonas. Jésus, scandalisé par la férocité du pharisien jette l'anathème sur ses terres et ses biens avec ce terrible commentaire : « Je te remets au Dieu du Sinaï » 109.12 . Doras n'aura que peu de temps pour jouir de son argent si mal acquis... Maintenant Jésus ne se préoccupe plus que de réconforter Jonas. « Ami fidèle, tu es libre maintenant et tu ne mourras pas ici. Je te conduis à ma maison ». « Libre ? Pourquoi ? À ta maison ? Ah ! Oui ! Tu m'avais promis que je verrais ta Mère » 109.11 . Au prix de gros efforts, les apôtres parviennent à transporter le mourant jusqu'à la maison de Nazareth, où le vieux berger rend son dernier soupir entouré de Jésus et de Marie.
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Seconde année de vie publique
La visite nocturne au Baptiste
La journée du jeudi est déjà bien avancée lorsqu'ils reprennent la route vers le nord et la Galilée. Mais les journées sont brèves en hiver. « Nous ne pouvons arriver où je voulais avant la nuit » 147.3 constate Jésus. C'est qu'une trentaine de kilomètres séparent Sychar de Enon, et compte tenu de leur départ tardif, il doit leur en rester une bonne douzaine à parcourir. Jésus va se reposer deux ou trois heures avec ses apôtres, en attendant que la lune se lève . Puis, dans le silence de la nuit, Il marche seul d'un pas rapide vers le refuge de Jean Baptiste qu'Il atteint en milieu de nuit. « Comment se fait-il que mon Seigneur soit venu jusqu'à moi ? » « Pour réjouir ton cœur et le mien. Tu m'as désiré, Jean. Me voici » 148.1 . Naturellement, cette rencontre nocturne et sans témoin n'est rapportée par aucune tradition. Elle n'en demeure pas moins plausible, et s'intègre ici parfaitement dans le récit. Jean Baptiste n'ignorant pas sa fin prochaine, confie ses disciples les plus chers au Seigneur. « Je recueille ton héritage et je veillerai sur lui comme sur le trésor le plus cher qui me vient de mon parfait ami » 148.2 , lui promet Jésus. De retour au petit matin, les apôtres pressent Jésus de questions sur son absence nocturne, qui n'est pas passée totalement inaperçue. « Je suis allé faire plaisir à une âme droite, et puisqu'il doit mourir, pour recueillir son héritage » 149.4 . répond simplement Jésus. FOOTNOTES : Le jeudi 6 janvier 28, la lune étant à son dernier quartier brille durant toute la seconde partie de la nuit.
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Seconde année de vie publique
A Nazareth avec Marie
C'est donc après presque quatre mois d'absence que Jésus retrouve enfin la Maman. La rumeur du harcèlement et des complots entrepris contre Jésus est parvenue jusqu'à Nazareth. Marie en est affligée pour son fils qu'elle interroge. « Mais qui t'accuse ? Le peuple ? » « Non, Mère. Les pharisiens et les scribes, à l'exception de quelques justes qui se trouvent parmi eux ». « Mais, qu'as-tu fait pour t'attirer leurs accusations ? » « J'ai dit la vérité. Ne sais-tu pas que c'est la plus grande faute auprès des hommes ? » 150.2 . Et Jésus relate à sa mère les évènements qui se sont déroulés ces derniers mois. « Jésus parle aussi de la nécessité d'approcher des femmes pour les racheter et la peine qu'il a de ne pouvoir le faire à cause de la malignité des hommes » 150.3 . Désormais les femmes disciples, à commencer par les deux Marie, la Vierge et sa belle sœur, accompagneront chaque fois que possible les hommes dans leurs déplacements. « C'est cela qu'il faut près du Saint contre le démon et le monde : le cœur des mamans » 150.3 conclut Marie.
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Seconde année de vie publique
La guérison du fils de l'officier royal
Jésus ayant appris par ses cousins que Suzanne, la jeune mariée de Cana, est tombée gravement malade, se rend chez elle pour la guérir . C'est là que vient Le rejoindre et Le supplier l'officier d'Hérode dont le fils est au plus mal, à Capharnaüm. Saint Jean nous a laissé un récit détaillé de cette rencontre(Jn 4,46-54). Pourtant la narration de Maria Valtorta apporte quelques éléments supplémentaires qui ne manquent pas d'intérêt. « Maître, j'ai appris que tu es revenu. (...) J'ai vu Jean ton disciple. Il m'a appris que tu venais ici. Viens, viens tout de suite, avant qu'il ne soit trop tard » 151.1 . C'est donc Jean lui-même, le seul évangéliste à mentionner cette guérison miraculeuse, qui a appris à l'officier où se trouvait Jésus. La réputation du rabbi galiléen est parvenue à la cour d'Hérode par le témoignage de Chouza : « Je connais Chouza et j'ai vu Jeanne. Je l'ai vue avant et après le miracle, et j'ai cru en Toi » (...) « Mais viens avant que mon petit ne meure ! Et il pleure, désolé ». « Je ne viens pas pour l'instant. Mais va à Capharnaüm. Dès ce moment ton fils est guéri et il vit » « Que Dieu te bénisse, mon Seigneur. Je crois » 151.1 . La foi de l'officier est certes bien grande, puisqu'il croit Jésus capable de guérir son enfant à distance. « L'homme sort en hâte et on entend tout de suite après le trot d'un cheval » 151.1 précise Maria Valtorta. Or cette indication d'apparence futile apporte un éclaircissement au témoignage johannique ! L'évangéliste nous apprend en effet que la scène se déroule à 13h (la 7e heure). En poussant sa monture, il fallut environ cinq heures à l'officier pour parcourir les trente deux kilomètres qui le séparaient de Capharnaüm. C'est l'hiver, le soleil se couche tôt, et il arrive donc nécessairement dans la nuit, soit « le lendemain » . La réponse des serviteurs : « C'est hier, à la septième heure, que la fièvre l'a quitté »(Jn 4,52) et donc parfaitement logique, et ne devrait plus troubler aucun commentateur du texte de saint Jean. FOOTNOTES : Luc 8,2-3 évoque effectivement à mi mots cette guérison. : Rappelons qu'à la façon juive, les jours débutent au coucher du soleil.
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Seconde année de vie publique
La seconde arrestation du Baptiste
A peine Jésus a-t-il achevé son commentaire que Jean « se présente, bouleversé, couvert de poussière avec des marques visibles de pleurs sur le visage » 180.7 . Il revient d'Enon où il a appris que le Baptiste, trahi par un de ses disciples et attiré dans un piège, vient d'être repris par les sbires d'Hérode. Cette dramatique nouvelle cause désarroi et inquiétude parmi les apôtres, qui décident, sous l'impulsion de Pierre, d'organiser une garde rapprochée autour de leur Jésus, pendant toute la nuit. Maria Valtorta nous rapporte donc deux arrestations de Jean Baptiste. La première tandis qu'il baptisait au gué de Béthabara, juste après le baptême de Jésus, à la fin de janvier 27, et celle-ci à la fin de février 28, alors qu'il s'était réfugié à Enon. Les quatre évangélistes évoquent l'emprisonnement du Précurseur(Mt 11,2 et 14,3 ; Mc 6,17 ; Lc 3,20 ; Jn 3,24), mais leurs témoignages chronologiquement imprécis, laissent les commentateurs souvent perplexes. Matthieu semble suggérer deux arrestations, Marc et Jean seulement la dernière, et Luc plutôt la première... A nouveau ici, le récit de Maria Valtorta, sans nullement contredire les évangélistes, permet au contraire de parfaitement concilier leurs différents récits.
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Seconde année de vie publique
L'élection des Douze
Voici venu le moment d'officialiser la composition du groupe apostolique. « Je me retire avec eux dans ces gorges que vous voyez là-bas … » 164.2 dit Jésus en quittant pour quelques jours les femmes disciples. Les Douze vont passer toute la semaine du 6 au 12 février en retraite dans les gorges d'Arbel, une vallée sauvage située entre Tibériade et Magdala. Jésus veut marquer par la prière cette étape décisive de leur engagement. « Je ne vous enseigne pas encore ma prière mais je vous fais connaître comment on prie et ce que c'est que la prière » 164.4 . C'est une allusion à la promesse faite en mai 27 et qui se concrétisera bientôt par l'enseignement du Notre Père . Jésus attire leur attention sur le caractère exceptionnel de la semaine à venir : « Jamais plus, peut-être, nous ne serons ainsi tous ensemble et tout à fait seuls. (...) Il y a un an, nous étions sur le point de nous connaître et dans deux années nous serons sur le point de nous quitter » 164.4 . Marc(Mc 3,13-19) et Luc (Lc 6,12-16) évoquent succinctement cet épisode qui marque une étape importante dans la fondation de l'Église du Christ. Au terme de cette retraite spirituelle de huit jours, Jésus les rassemble : « Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous le savez tous. Votre âme l'a dit à votre raison. Mais l'âme, qui ces jours a été reine, a enseigné à la raison deux grandes vertus : l'humilité et le silence fils de l'humilité et de la prudence, qui sont les filles de la charité » 165.6 . (...) « J'ai voulu vous faire méditer sur ce qu'est le monde et sur ce qu'est Dieu pour vous faire désirer ce qui est le meilleur. En ce moment, vous n'aspirez qu'à Dieu. Oh ! si je pouvais vous fixer à cette heure, à cette aspiration ! Mais le monde nous attend. Et nous allons vers le monde qui nous attend » 165.7 . Et Jésus leur fait entrevoir leur futur destin, et celui de tous leurs successeurs dans la lignée apostolique ininterrompue. « A partir d'aujourd'hui, vous n'êtes plus mes disciples préférés mais les apôtres, les chefs de mon Église » 165.8 . FOOTNOTES : Voir MV 62.2. Renouvelée en MV 119.10 et en MV 149.3, cette promesse est réalisée en MV 203.5.
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Seconde année de vie publique
La première prédication de Jean et de Simon
En ce dimanche 13 février, dernier jour de la lune de schébat, Jésus a rendez-vous avec les romaines . Croisant la foule rassemblée à proximité par les disciples, Il accomplit de nombreux miracles , puis confie tous ces gens à ses apôtres, qu'Il quitte pour quelques heures. « Les apôtres regardent Jésus, complètement épouvantés » constate Maria Valtorta. Matthieu a une soudaine inspiration : « Jude, toi qui connais si bien l'Écriture, dis au nom de tous la prière de Salomon pour obtenir la Sagesse ». Les paroles que prononce Jude à ce moment là devraient attirer l'attention des exégètes : « Par la Sagesse ont été sauvés tous ceux qui dès le commencement t'ont plu ». La plupart des biblistes modernes (Osty, TOB, Jérusalem...) attribuent dans ce verset le verbe plaire à la connaissance, et non aux destinataires de cette connaissance, traduisant : « Par la Sagesse, les hommes ont été instruits de ce qui te plait, et ont été sauvés ». En tout cas, la traduction donnée ici par Maria Valtorta est conforme à l'interprétation que saint Augustin en donne dans la Vulgate ! FOOTNOTES : En accomplissement de la promesse faite à Jeanne en MV 158.4 de rencontrer ses amies romaines. : C'est exactement ce que décrit Luc 6,17-19 : « Et, descendant avec eux, il se tint sur un plateau. Il y avait une foule nombreuse de ses disciples ... ». : Ce verset est tiré de Sagesse 9, 18. Il se trouve des centaines d'exemples similaires dans le texte de Maria Valtorta, où les textes bibliques semblent recouvrer leur signification originelle.
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Seconde année de vie publique
L‘explication de la parabole du semeur
Rentrés en fin d'après-midi à Bethsaïda, Jésus et les apôtres sont les hôtes de Pierre et de son épouse Porphyrée. A la fin du repas, la conversation s'anime entre les apôtres. Selon son habitude, Jésus les laisse tous s'exprimer librement, et c'est seulement lorsqu'Il le juge nécessaire qu'Il intervient, pour redresser les idées erronées. Il renouvelle la recommandation déjà formulé durant le sermon sur la montagne , le mardi : « Soyez parfaits comme est parfait le Père qui est aux Cieux » 180.4 . Pierre rappelle alors à Jésus sa promesse de leur expliquer la parabole du semeur , et Jésus acquiesce : « À vous il est donné beaucoup plus parce que vous, mes apôtres, devez connaître le mystère ... » 180.4 . Matthieu, Marc et Luc n'évoquent que très brièvement ce passage(Mt 13, 10-12 ; Mc 4, 10-12 ; Lc 8, 9-10), et les exégètes ont parfois du mal à commenter la parole du Seigneur : « Car à celui qui a, il sera donné, et il sera dans la surabondance… ». Le texte transmis par Maria Valtorta, plus détaillé, donne toutes les clarifications souhaitées. « Vous donnez tout à Dieu : affections, temps, intérêts, liberté, vie. Et Dieu vous donne tout en compensation et pour vous rendre capables de tout donner au nom de Dieu à qui vient après vous. Ainsi à celui qui a donné il sera donné et abondamment » 180.5 . Puis l'explication de la parabole du semeur proprement dite est conforme à celle donnée par Matthieu, Marc et Luc. Signalons au passage que lorsque Jésus explique : « ... en donnant ici le cent pour cent, ailleurs le soixante, ailleurs encore le trente pour cent » 180.6 , ce propos est exactement celui transmis par Matthieu (Mt 13, 23) et Marc (Mc 4, 20). Quant à Luc (Lc 8, 15) et son surprenant « portent du fruit par la patience », Jean Carmignac a montré qu'en hébreu, il y a deux lettres qui, si elles se touchent signifient la patience , et si elles ne se touchent pas tout à fait, veulent dire au centuple . La différence dans Luc ne serait donc due qu'à une légère imprécision d'un scribe sur un manuscrit original écrit en hébreu !
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Seconde année de vie publique
De Nazareth à Césarée
Ces longues marches sont vraiment propices aux rencontres de toutes sortes, ainsi qu'aux discussions pour approfondir tous les points de la doctrine du Maître. Maria Valtorta nous révèle alors de nombreuses phrases qu'elle entend prononcées par le Seigneur, et qui constituent autant d' agrapha nouveaux. Ainsi par exemple lorsqu'Il explique à Judas : « Quand quelqu'un ne sait aimer qu'un objet et ne sait en aimer aucun autre, même s'il est aimé de l'objet de son amour, il manifeste qu'il n'est pas dans le véritable amour. L'amour parfait aime, avec les degrés qui s'imposent, tout le genre humain, et même les animaux et les végétaux, les étoiles et les eaux, parce qu'il voit tout en Dieu » 247.2 . Dans le premier tome de l'Enigme Valtorta , j'ai déjà évoqué la précision des descriptions de ce déplacement de Jésus et des siens, entre Nazareth et Césarée , du dimanche 18 juin au jeudi 22, et je n'y reviendrai donc pas. A Bethléem de Galilée, Jésus sauve d'une mort certaine le jeune Abel, accusé à tort d'un crime, et pour confondre publiquement les coupables, Il applique le jugement de l'eau d'amertume . « Ici, il n'y a pas la poussière du Temple, ni son eau, et il n'y a pas de paroles écrites avec de l'encre pour rendre très amère l'eau qui est le jugement pour la jalousie et l'adultère » 248.9 . Abel devient disciple, et plus tard Jésus lui donnera le nom d'Ananias, sous lequel il est connu des Actes des Apôtres(Actes 9,17-19). Durant la halte à Sycaminon, Maria Valtorta décrit le site, qu'elle situe à « la pointe extrême de la baie qui s'allonge dans la mer comme un bras recourbé ... » 250.3 . Les détails qu'elle donne sont si précis que l'on peut aisément placer Sycaminon sur une carte, justement là où des fouilles menées en 1963-1964, (à 1,3 km au sud ouest du cap du Carmel) en ont prouvé l'existence. A Sycaminon, Jésus ayant retrouvé de nombreux disciples poursuit leur formation. Jean d'Endor, ancien pédagogue, prend des notes qu'il destine à Margziam. Est-ce grâce à ces notes que nous sont parvenus certains de ces enseignements ? Comme par exemple lorsque Jésus leur explique : « Ayez toujours présent à l'esprit que je ne suis pas venu sauver les saints mais les pécheurs. Et vous faites la même chose car le disciple n'est pas au-dessus du Maître » 250.8 . Ils reprennent la route et atteignent Césarée dans la soirée du jeudi 22 juin. C'est là que Jésus aperçoit et recueille Sintica, une esclave grecque en fuite.(Syntyché est évoquée dans Ac 16,27-34). Cette rencontre, fondamentale pour la future communauté chrétienne d'Antioche, comporte quelques éléments à souligner. Synthyché est l'esclave d'un dénommé Valérien, « un noble romain de la suite du Proconsul », connu de Marie-Madeleine qui précise : « C'est un des romains les plus riches et les plus dégoûtants que nous avons ici. Et il est cruel autant que dégoûtant » 245.5 . Plusieurs indices dans l'œuvre permettent de l'identifier historiquement : c'est Decimus Valerius Asiaticus, originaire comme Pilate de la Gaule narbonnaise. Synthyché confie : « Lui m'a achetée, c'est vrai (...) pour que j'égaie ses heures par la lecture » 245.5 . Cette banale indication renferme un indice d'authenticité, puisque toutes les études attestent que durant l'Antiquité la lecture, presqu'exclusivement orale, était confiée aux esclaves ou aux affranchis, chargés de déchiffrer et de lire à haute voix. Et quand, découvrant que Jésus est l'inconnu qu'elle recherche, l'esclave grecque se prosterne en disant « O Dieu inconnu de l'Acropole, salut ! » 254.6 , cela nous évoque bien entendu l'autel d'Athènes au dieu inconnu que mentionne saint Paul (Ac 17, 23). La présence de Synthyché oblige Jésus à abréger le séjour à Césarée, où il était prévu de faire halte durant le sabbat. Le vendredi matin, Marthe et Marie regagnent Béthanie en char, accompagnée de Synthyché, tandis que Jésus et les siens vont retourner en Galilée en traversant la luxuriante plaine de Saron. Mais les apôtres sont à nouveau de fort méchante humeur, fatigués par un si long voyage qu'ils estiment peu utile. Judas, une fois de plus, est à l'origine de ces disputes, et le sage Simon le zélote lui reproche de ne pas comprendre le Maître : « Comprendre c'est obéir sans discuter parce que l'on est persuadé de la sainteté de Celui qui guide » 255.3 . Et le bouillant Pierre, qui depuis plusieurs jours s'efforce de rester calme s'emporte lui aussi contre l'Iscariote : « Sais-tu ce que je dois te dire ? C'est toi qui troubles la volonté des autres et les rends indécis. Tu es une cause de séparation et de désordre. Voilà ce que tu es. Et sois-en honteux » 255.4 . Le ton monte, et Jésus entend ses apôtres se quereller. « Encore une fois dois-je vous dire que les femmes vous sont supérieures ? » 255.5 . A Judas qui reproche d'avoir accueilli l'esclave : « c'était l'objet du romain et c'est mal de se l'approprier », Jésus rappelle les paroles du Livre : « Tu ne remettras pas à son maître l'esclave qui s'est réfugié près de toi. Il habitera avec toi dans l'endroit qu'il jugera bon, il restera tranquille dans une de tes cités et tu ne lui feras pas de peine » 255.9 . Accueilli par une famille de vignerons qui Lui offre l'hospitalité, Jésus guérit de sa cécité un vieux patriarche, puis Il parle de l'Espérance qui « est placée au milieu entre l'indispensable Foi et la très parfaite Charité, parce que sans l'Espérance il ne peut y avoir de Foi, et sans l'Espérance la Charité meurt » 256.6 . FOOTNOTES : Ce terme est utilisé pour désigner des paroles de Jésus non écrites , c'est-à-dire consignées ailleurs que dans les quatre évangiles. : L'Enigme Valtorta , tome 1, pages 129-130 : Ainsi que le prescrit la Loi dans Nombres 5,17-28 en matière d'adultère. : Comme par exemple quand elle écrit « Les autres refont le chemin sur la plage caillouteuse » 252.4 . Il est facile aujourd'hui de vérifier l'exactitude de cette description, mais il en allait bien autrement en 1945 ! : On retrouve une trace de ces enseignement en Mt 9,13 ; Mc 2,17 ; Lc 5,32 et Mt 10,24 ; Lc 6,40 ; Jn 13,16 ; 15, 20. : Les autels dédiés à un Dieu inconnu ( ignoto deo en latin ou agnotos theos en grec) ont été découverts en différentes régions de l'Empire romain. Et plusieurs auteurs de l'antiquité évoquent ce dieu, tels Apollodore, Philostrate, Pausanias, Lucien, St. Jean Chrysostome, Théophylacte et plusieurs autres... : Selon Deutéronome 23, 16-17. Chez Lazare, Jésus évoquera encore ce précepte devant Joseph d'Arimathie et Nicodème (Voir MV 282.7).
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Seconde année de vie publique
Le retour à Nazareth. La halte au Carmel
Après quelques jours de repos dans un village de la plaine de Saron, nous retrouvons le groupe à proximité du mont Carmel. Jésus s'y retire avec son cousin Jacques, tandis qu'Il envoie les apôtres évangéliser la plaine d'Esdrelon jusqu'au sabbat suivant. Après toute une nuit et une journée de prière, Jésus confie à l'apôtre quelques lumières et des conseils précieux sur son futur destin. « Je t'ai dit un jour de Nisan : "Tu seras celui qui reste des prophètes du Seigneur" ». (...) « Jacques, tous seront dispersés sauf toi, et cela jusqu'à ce que Dieu t'appelle à son Ciel. Tu resteras au poste auquel t'aura élu Dieu ... » 258.3 . La vraisemblance de cet entretien se trouve fortifiée par la Tradition et particulièrement par saint Jérôme et saint Epiphane qui précisent : «Il(Jacques) fut le premier évêque de Jérusalem, à la demande expresse de Jésus». Le jeudi 29 juin à l'aube Jésus et Jacques regagnent la plaine, après deux jours d'intense préparation à cette future et difficile mission d'évêque de Jérusalem. En chemin, Jacques continue à questionner le Seigneur : « Et que devrons-nous faire ? Toujours et seulement te prêcher ? » « C'est l'essentiel. Puis vous devrez en mon nom absoudre et bénir, ramener à la Grâce, administrer les Sacrements que j'instituerai … » « Que sont ces choses ? » « Ce sont des moyens surnaturels et spirituels, appliqués aussi avec des moyens matériels, employés pour persuader les hommes que le prêtre fait réellement quelque chose ». C'est la première allusion dans l'œuvre à l'institution des sacrements par Jésus . Dans la discussion qui suit, Jésus évoque déjà les sacrements du baptême, de pénitence et d'onction des malades. Ces notions sont si nouvelles que Jacques a bien du mal à les assimiler et il s'embrouille un peu. Jésus lui précise que les sacrements seront au nombre de sept. « Sept comme le candélabre sacré du Temple et les dons de l'Esprit d'Amour » 259.6 . « Il y aura aussi le Sacrement pour les noces de l'homme », poursuit Jésus. « Il donnera aux époux tous les secours pour une sainte vie commune selon les lois et les désirs de Dieu. L'époux et l'épouse deviennent aussi les ministres d'un rite : celui de la procréation. Le mari et la femme deviennent aussi les prêtres d'une petite église : la famille ... » 259.6 . Le Seigneur évoque encore les sacrements de l'ordre et de la confirmation, mais n'explicite pas alors celui de l'eucharistie, car, dit-Il « pour le moment vous ne pouvez comprendre. Il est presque incompréhensible pour les anges tant il est sublime » 259.6 . Et Jésus désigne son cousin Jacques pour être en quelque sorte le garant de la bonne mise en œuvre des Sacrements dans la future Église naissante : « Tâche de te souvenir de ces choses, frère. A toi il appartiendra de les dire à tes compagnons et aux fidèles, de très nombreuses fois » 259.6 . La discussion porte ensuite sur l'attitude à avoir envers les mauvais fidèles. Le premier conseil que donne Jésus, c'est la prudence dans l'accueil : « Il vaut mieux être peu nombreux et bons que nombreux et pas bons. Tu connais l'antique apologue des pommes saines et des pommes gâtées . Fais en sorte qu'il ne s'applique pas dans ton église » 259.7 . Plus loin leur route croise un malheureux bucheron portant son fils infirme. Jésus laisse Jacques, très ému par tant de misère, agir instinctivement pour tenter d'aider ce pauvre homme. Et Jacques devient le second apôtre, après Jean, à obtenir le miracle au Nom de Jésus. C'est seulement le lendemain soir, juste avant le sabbat, que Jésus rejoint ses apôtres sur les terres de Giocana. Chacun, pour des motifs divers, hésite encore à enseigner seul les foules. Ce soir, décide Jésus, ce sera Simon Pierre qui aura cette charge. Puis, prenant à part Judas, qui dédaigne de parler à des paysans incultes, Il le reprend une fois de plus : « Tu n'as encore rien compris, Judas. L'Évangile est justement la Bonne Nouvelle apportée aux pauvres, aux malades, aux esclaves, à ceux qui sont désolés. Ensuite, elle sera aussi pour les autres » 260.2 . C'est bien sûr une allusion directe à Isaïe 61, 1, mais aussi au discours de Jésus à Nazareth, en septembre 27 (Cf. MV 106.2). Pierre, humblement et avec simplicité dit les pensées que la vue d'un agneau en train de rôtir lui a suggéré. Il réussit très bien et Jésus l'en félicite : « En vérité, tu as trouvé les paroles qu'il fallait. L'obéissance et l'amour te les ont fait trouver » 260.9 . Après le repos sabbatique, dès l'aurore du dimanche les disciples reprennent la route en direction du nord. Durant les deux mois d'été, ils vont concentrer leur activité apostolique autour de Capharnaüm. « Au début de la lune de Tisri, nous reprendrons nos voyages » 262.2 leur annonce Jésus. C'est en effet à cette époque que les pèlerins partent pour les Tabernacles . Durant la marche qui les mène vers Nazareth ou Capharnaüm, la conversation porte sur la place des femmes dans l'Église future. Tous en effet ont été troublés dans la matinée par la rancœur de leur hôte envers sa femme qui venait d'accoucher pour la troisième fois d'une fille. Jésus éclaire ses apôtres sur le rôle éminent des femmes, et en fait l'éloge : « Les femmes seront toujours celles qui, par leurs prières, soutiennent les géants et même le monde, car beaucoup de malheurs seront évités grâce à leurs prières et beaucoup de châtiments évités » 262.9 . FOOTNOTES : C'était le 20 mars (MV 192.1) soit effectivement au début du mois de Nisan ! Jésus avait alors cité Elie : Des prophètes du Seigneur, je suis resté, moi seul, et Jacques l'avait redit à sa mère en MV 253.2. Voir aussi MV 221.2 où Jacques s'interrogeait « Je voudrais savoir quel sera celui qui restera en Palestine? ». : Jacques évoque « la lune si lumineuse de cette nuit » 259.2 , ce qui situe la scène dans les jours qui suivent la pleine lune du 25 juin, et avant le sabbat à venir, où Jésus rejoint les siens (MV 260.4) : Jésus en reparlera longuement en instituant les sept sacrements, quelques jours avant l'Ascension. (MV 635.10). Voir plus loin le paragraphe L'institution des sept sacrements . : Ce proverbe antique dit à peu près ceci : « Une pomme pourrie suffit à gâter cent pommes saines, tandis que jamais cent pommes saines n'ont assaini une seule pomme gâtée ». Comme on disait jadis en Corrèze : « Uno poumo pouirido n'en gostirio milo » (Une pomme pourrie en gâte mille). : La confirmation en est donnée par un marchand d'Aféca, en MV 456.7. La nouvelle lune de Tishri aura lieu le 7 septembre 28.
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. Le mercredi
En cette troisième journée, les thèmes retenus par Jésus pour son enseignement sont l'honnêteté, le jeûne et la prière. Il démontre tout d'abord que l'habitude du serment est une conséquence de la malhonnêteté de l'homme. A l'usage ancien du serment, conçu « pour mettre un frein au mensonge et à la facilité de manquer à la parole donnée », le Seigneur substitue un commandement nouveau : « Ne faites jamais de serments » 172.4 . Cet ordre, rapporté par Matthieu(Mt 5,33-36) en trois phrases, est ici développé et argumenté sur plusieurs pages admirables ! La conclusion s'impose : « Que votre parler soit : oui si c'est oui, non si c'est non. Rien de plus » 172.4 . Jacques d'Alphée évoque aussi cet enseignement dans sa lettre (Jc 5,12), de même peut être que saint Paul, (2 Co 1,17b) ? Jésus enseigne à cette occasion la façon dont il convient de prier. « Ne faites pas comme les hypocrites. Quand ils prient, ils aiment à rester debout dans les synagogues ou aux coins des places pour que les hommes les voient et les louent... » 172.4 . Jésus justifie ce propos comme une prolongation du parjure : « Ne voyez-vous pas, à la réflexion, que c'est une sorte de parjure ? » 172.4 . Il y a donc ici une continuité dans le discours, qui n'apparaît plus chez Matthieu : lui associe ce propos avec l'enseignement du Notre Père.
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. Le jeudi
Après avoir parlé la veille du serment, de la prière et du jeûne, Jésus aborde maintenant la question du bon usage des richesses. Les grandes lignes de ce discours se retrouvent en Matthieu(Mt 6,19-21 ; Mt 6,2-4 ; puis Mt 6,25-34). Soudain un scribe vient inopportunément interrompre le Christ au cours de son exposé. Les réactions de la foule sont vives à l'encontre du perturbateur. Mais le Seigneur impose à tous le silence : « Priez pour ce malheureux. Pardonnez comme je pardonne, car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père des Cieux vous pardonnera aussi vos péchés » 173.5 . Matthieu, qui n'avait pas lieu de relater cet incident dans son évangile, a donc fort logiquement joint cette parole à l'enseignement de la veille sur la prière ( Mt 6,14-15). Le récit au jour le jour de Maria Valtorta est à ce titre également riche d'enseignement, puisqu'il permet au lecteur attentif de découvrir comment les évangélistes, regroupant des notes, des souvenirs et des témoignage par thèmes, ont peu à peu constitué leur évangile, la chronologie n'étant jamais leur préoccupation majeure. Après cette interruption, Jésus reprend l'exposé de sa doctrine. Celui qui fait bon usage des richesses et pratique l'aumône sans ostentation, doit également apprendre à s'abandonner à la Providence. « Mais vous, ne faites pas le bien pour avoir une récompense, pour avoir une garantie pour le lendemain. Ne faites pas le bien en le mesurant, retenus par la crainte : et puis, pour moi, en aurai-je encore ? Et si je n'ai plus rien, qui viendra à mon aide ? Trouverai-je quelqu'un pour faire pour moi ce que j'ai fait ? Et quand je ne pourrai plus rien donner, est-ce qu'on m'aimera encore ? » 173.6 .
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Seconde année de vie publique
Le sabbat après le sermon sur la montagne
Jean, un scribe de Génésareth converti par les paroles du Christ, a promis le pain à tous ceux qui ont accompagné Jésus jusqu'au lieu du repos sabbatique. « Priez pour lui car demain nous mangerons tous grâce à sa bonté » 175.5 annonce Jésus juste avant le début du sabbat. Le lendemain (samedi 19 février 28), à l'aube, Il donne ce conseil à ses disciples : « Aimez surtout la volonté de Dieu » 176.1 . Thomas objecte : « Hé ! mais si tout vient d'elle, même nos erreurs en viendront ! » 176.1 . Cette interprétation courante, qui poussait les esséniens à la négation du libre arbitre, va servir de thème au Seigneur pour son enseignement quotidien, et pour « sanctifier le jour saint par la parole de Dieu » 176.2 . « Que ce lieu soit notre synagogue » 176.3 , dit-Il avant de commencer. « Au commencement de cette journée, on m'a fait observer que si tout vient d'une volonté divine, les erreurs des hommes sont voulues par elle. C'est une erreur et une erreur très répandue » 176.4 . Dieu, père de tous les êtres humains, ne peut vouloir que ses fils choisissent ce qui est mauvais pour eux. Il conseille, mais Il ne force pas. « Aimez la volonté de Dieu. Aimez-la bien plus que la vôtre et suivez-la contre les séductions et la puissance des forces du monde, de la chair et du démon » 176.4 . Jésus leur dit ensuite : « Vous m'appelez : Messie et Seigneur . (...) Ce ne sont pas ceux qui me disent : "Seigneur ! Seigneur !" qui entreront dans le Royaume des Cieux... » 176.4 . Luc évoque ce discours en un bref verset (Lc 6,46) ; Matthieu en quelques lignes seulement (Mt 7,21-23) et la sévérité inattendue de son dernier verset peut surprendre. Mais il suffit de lire ce discours tel que le rapporte Maria Valtorta, pour constater que tout y est harmonieusement présenté et justifié.
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Seconde année de vie publique
Seconde étape de la conversion de Marie Madeleine
Après un moment de repos au bord d'un ruisseau , le groupe reprend sa route vers Magdala. Le récit de Maria Valtorta correspond alors à une vision reçue le 12 août 1944, soit un an avant celle que nous venons d'évoquer, datée du 9 juin 1945. Pourtant la concordance est parfaite entre ces deux textes. Maria Valtorta décrit « un carrefour parce que quatre routes poussiéreuses aboutissent à ce point. Jésus prend (...) en direction nord-est » 183.1 . La description est si précise qu'on peut suivre le trajet sur une carte : après avoir traversé le wadi Amud, ils se trouvent au croisement de la route Tibériade / Magdala / Méron et de la route venant de Jotapata et allant vers la plaine de Genezareth / Ginossar. Ce qui nous vaut cette remarque pertinente de Pierre : « Mais cette route va à la mer de Galilée … » 183.1 . L'apôtre est troublé lorsqu'il apprend que leur destination est Magdala, ville de perdition pour les juifs, mais Jésus rappelle : « Le Christ n'est pas venu pour sauver ceux qui sont sauvés, mais pour sauver ceux qui sont perdus » 183.1 . Jésus arrive juste à temps pour sauver la victime d'un crime passionnel qui vient d'être commis chez Marie Madeleine. Il n'adresse aucune parole à la pécheresse, mais reprend sévèrement Pierre qui n'a pu se retenir d'une réflexion désobligeante. « Pierre, Moi, je n'insulte pas. N'insulte pas. Prie pour les pécheurs. Rien d'autre » 183.5 . FOOTNOTES : Plusieurs indices fournis par Maria Valtorta permettent même d'affirmer qu'il s'agit du wadi Amud, qui se jette dans le lac quelques kilomètres au nord de Magdala. : Voir par exemple la carte en question sur le site : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2003/03-043.htm . : On peut rapprocher cette parole de celle dite en Mt 9,13, mais aussi de plusieurs autres dans l'œuvre : en MV 116.9 ; MV 335.5 ; MV 575.7; MV 598.19 et MV 606.5.
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Seconde année de vie publique
L'entretien avec les romaines à Béthanie
Durant toute la semaine Judas, révolté par l'accueil de Jean d'Endor parmi les disciples, s'absente pour retrouver ses amis du sanhédrin et comploter. Jésus, « son heure n'étant pas venue », s'abstient de toute intervention publique sur le parvis du Temple pour éviter toute confrontation inutile. « Mais malheur à ceux par qui Dieu est réduit au silence ! » 206.16 dira-t-Il quelques jours plus tard. Lors du sabbat du 1er avril, désireuses d'entendre le maître galiléen qu'elles ont attendu en vain près de l'Antonia, les romaines se rendent chez Lazare, à Béthanie. A leur demande, Jésus les enseignent sur la foi en le « Dieu Unique et Vrai » qui « se suffit à Lui-même parce qu'Il est infini et très puissant. Il est la Perfection » 204.5 . Flavia Domitille note cette magistrale leçon du Maître sur des tablettes, mais Jésus conseille : « C'est de la cire, cela s'efface. Écrivez-les dans vos cœurs. Ces paroles ne s'effaceront plus » 204.9 . FOOTNOTES : Serait-ce inspiré de ce conseil divin que le disciple de Jean, Polycarpe, dira quelques décennies plus tard : « J'écoutais toutes ces choses, je les gravais, non sur des tablettes, mais dans le plus profond de mon cœur » (cité dans la lettre de saint Irénée à Florin).
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Seconde année de vie publique
La parabole du fils prodigue
Le mercredi suivant, ce sont les préparatifs du retour à Esdrelon des paysans de Giocana. Jésus prend à part Jean d'Endor, pour lui confier une tâche nécessitant du tact et de la discrétion. Il s'agit de distribuer aux paysans une somme importante résultant de la vente des derniers bijoux d'Aglaé la pècheresse convertie, venue saluer en catimini le Maître, avant de s'isoler dans la pénitence et la prière. Devant quitter pour quelque temps Jésus, l'ancien forçat soupire : « Oh ! alors, dis-moi tout de suite quelque chose qui me persuade que je suis pardonné... que je puis servir Dieu ... » 205.2 . Jésus accepte bien volontiers, précisant même : « ... chaque fois que nous nous retrouverons, je parlerai spécialement pour toi. Souviens-toi de cela ... » 205.2 . Il rassemble toute la maisonnée de Béthanie pour raconter « une belle parabole qui vous guidera par sa lumière dans tant de cas » 205.3 . C'est la parabole du fils prodigue de Luc (Lc 15, 1-32). La trame du récit transmis par Maria Valtorta est bien évidemment conforme au texte de l'évangile. Mais comme c'est si souvent le cas avec la mystique italienne, elle nous offre une narration plus vivante et riche de détails éclairants. Jésus conclut ainsi pour tous la parabole : « Et qui se reconnaît dans la situation du cadet de la parabole, qu'il pense aussi que s'il l'imite dans son retour au Père, le Père lui dit : "Non pas à mes pieds, mais sur mon cœur qui a souffert de ton absence et qui maintenant est heureux de ton retour". Que celui qui se trouve dans la situation de l'aîné et sans faute à l'égard du Père, ne soit pas jaloux de la joie paternelle, mais qu'il y prenne part en donnant son amour à son frère racheté » 205.7 . Puis prenant à l'écart Jean d'Endor et Lazare, il ajoute à leur intention : « Ainsi en sera-t-il de l'âme chère que tu attends, Lazare, et ainsi en est-il de la tienne, Jean. La bonté de Dieu dépasse toute mesure » 205.7 .
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Seconde année de vie publique
Le pèlerinage en Judée
Dans le premier tome de l'Énigme Valtorta j'ai évoqué la qualité remarquable des descriptions des sites historiques entourant Beth Jimmal, et je n'y reviens donc pas . Mais les apôtres, en ce mercredi, plutôt que d'admirer le paysage, s'inquiètent de la façon dont il va leur falloir porter la Bonne Nouvelle , puisque maintenant Jésus leur confie cette tâche. Il leur donne ce conseil précieux, qui vaut pour tous les évangélisateurs : « Dites simplement ce que vous pensez, ce dont vous êtes convaincus. Croyez que quand quelqu'un est convaincu il persuade toujours » 215.1 . La mission incombe ce jour-là à André et à Philippe, qui supplient le Seigneur de les accompagner. « Allez, je l'ai dit. L'obéissance vous apportera plus de secours que ma présence muette » 215.2 . Ils se trouvent vite à discuter avec des badauds présents dans la cour de l'auberge, et l'un d'eux s'informe du Messie auprès d'André : « Est-il vrai qu'il est luxurieux et débauché ? Qu'il aime les courtisanes et les publicains ? Qu'il pratique la nécromancie et que la nuit il évoque les esprits pour savoir les secrets des cœurs ? » 215.4 . Ce sont les ragots que les scribes et les pharisiens colportent désormais partout en Palestine. L'histoire en a conservé le témoignage . Ainsi dans les Actes de Pionius , il est écrit « les juifs disent que Jésus a exercé la nécromancie » . Nulle part dans les évangiles il n'est mentionné comment André et Philippe s'y sont pris pour leur première annonce de la Bonne Nouvelle. Quiconque serait curieux de le savoir lira donc avec intérêt le compte rendu si vivant et si crédible que nous en donne Maria Valtorta ! FOOTNOTES : Voir l'Énigme Valtorta tome 1 éd. RSI 2012 pages 100 à 106. : Voir par exemple Bullet Histoire de l'établissement du Christianisme réédition de 1825 p 140 et suivantes. Il sera plusieurs fois question de ces accusations dans l'œuvre, comme par exemple en MV 387.7. : Rapporté par les Bollandistes au 1er février.
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Seconde année de vie publique
L'épisode des épis volés
Nous retrouvons le groupe apostolique dans la plaine d'Ascalon, au matin du sabbat du 6 mai 28 . L'humeur du groupe est plutôt morose, car ils ont été chassés d'un village, il fait très chaud, leurs gourdes sont à peu près vides, et ils n'ont presque plus rien à manger. Jésus tente de les réconforter : « Nous allons être bientôt au bord de la mer. Là l'air est tempéré par le vent du large » 216.2 . Simon le zélote semble le seul à ne pas se plaindre. Pendant que tous somnolent, Jésus lui confie : « Ce qui crie à l'intérieur de vous, s'apaisera un jour, et alors vous comprendrez qu'il aura été beau de venir à travers les brouillards et dans la boue, la poussière et la canicule, persécutés, assoiffés, fatigués, sans nourriture, à la suite d'un Maître persécuté, qu'on n'aime pas, calomnié ... » 216.3 . En fin de journée les apôtres, toujours à la recherche d'un peu de pain et de vivres, essuient un nouveau refus. Par dépit plus que vraiment tenaillés par la faim, ils commencent à cueillir des épis, lorsqu'ils sont surpris par un groupe de pharisiens. Le récit que nous donne Maria Valtorta de cette fâcheuse rencontre est tout à fait conforme à ceux rapportés par Matthieu, Marc et Luc, dont il efface même les menues divergences ! (Mt 12, 1-8 ; Mc 2, 23-28 et Lc 6, 1-5). FOOTNOTES : Ils sont en vue d'Ascalon, au terme de deux étapes, ayant quitté Beth Gimal le jeudi matin.
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Préparation à la Passion de Jésus
La guérison de l'aveugle de Jéricho
Matthieu, Marc et Luc relatent une guérison miraculeuse réalisée par Jésus aux abords de Jéricho. Mais leurs exposés comportent des variantes qui, de tout temps, ont interpellé les chercheurs. Matthieu (Mt 10,29) et Marc (Mc 10,46) situent ce miracle lorsque Jésus quitte Jéricho pour se rendre à Jérusalem juste avant la semaine Sainte. Matthieu parle de deux aveugles, tandis que Marc en évoque un seul, qu'il nomme Bartimée. Luc (Lc 18,35) quant à lui parle d'un seul aveugle, guéri dans des circonstances semblables, mais alors que Jésus entre dans Jéricho, juste avant la conversion de Zachée. Au fil des siècles les commentateurs fournirent toutes sortes d'explications plus ou moins convaincantes pour tenter de concilier ces trois versions. Le récit transmis par Maria Valtorta apporte quelques éléments de discernement. Effectivement, c'est en quittant Jéricho le jeudi matin, pour rejoindre Béthanie, qu'a lieu cette rencontre. Maria Valtorta confirme la présence des deux aveugles de Matthieu, et les nomme : Uriel et Bartimée. Mais seul Bartimée poursuit la route avec Jésus : « Uriel dit : "Je vais me montrer à mes parents et puis je reviens te suivre, ô Seigneur." Mais Bartimée dit de son côté : "Je ne te quitte pas. Je vais envoyer quelqu'un pour les prévenir. Ce sera toujours de la joie. Mais me séparer de Toi, non" » 580.10 . Ceci explique peut-être le fait que Marc ne mentionne que Bartimée... De son côté, Luc étant le seul à évoquer la conversion de Zachée, il est probable que ce soit Zachée lui-même qui lui en ait fait le récit. Or ce jour là, Jésus abordait Jéricho venant de Béthanie (Voir MV 417.3). En « reconstituant » sur le terrain les circonstances de sa conversion, Zachée a pu incidemment montrer à l'évangéliste l'endroit où eut lieu la guérison de Bartimée. Et Luc, liant les deux évènements, en a-t-il conclu que Jésus entrait alors dans Jéricho ? FOOTNOTES : Voir par exemple Simon, Le grand dictionnaire de la Bible Tome 1, 1727 pages 236-237, qui mentionne les opinions de saint Augustin, saint Ambroise, Denis le Chartreux et Maldonat.
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Seconde année de vie publique
La controverse sur la tradition
Accomplissant alors une promesse faite en mars , Jésus se rend à Naïm durant la seconde semaine de novembre. Comme presque chaque jour maintenant, quelques scribes se mêlent plus ou moins discrètement à la foule pour surveiller les gestes et les paroles du Christ et de ses disciples, toujours plus nombreux. Ils s'informent des moindres détails sur la maladie et la mort de Daniel, le jeune homme que Jésus avait ressuscité. Jésus Lui-même n'est pas épargné par leur questions, car ils imaginent que sa venue à Naïm n'était pas fortuite, et ils cherchent à démontrer que cette résurrection n'est rien d'autre qu'une mise en scène. D'arguties en finasseries, ils en arrivent à demander « Pourquoi tes disciples transgressent-ils les prescriptions des anciens ? » 300.6 . Matthieu et Marc(Mt 15,1-10 ; Mc,1-13) nous ont transmis l'essentiel de ce dialogue. Le texte transmis par Maria Valtorta, plus complet, mériterait comme tant d'autres une étude exégétique approfondie. Ainsi quand Jésus reproche aux pharisiens de transgresser le commandement de Dieu, Il souligne : « Vous ne viendrez tout de même pas dire qu'une tradition est plus qu'un commandement ? » 300.8 . Et pour mettre en lumière l'iniquité du droit de l'offrande sacrée ( qorban ) institué par les pharisiens, Jésus donne ce commentaire : « Vous justifiez l'ingratitude et l'avarice d'un fils en lui offrant l'échappatoire de l'offrande du sacrifice pour ne pas donner un pain à celui qui l'a engendré » 300.8 . FOOTNOTES : N'ayant pu y rester, après la résurrection du fils de la veuve, Jésus avait promis de revenir et d'y rester plusieurs jours (voir MV 189.5).
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Seconde année de vie publique
La guérison du serviteur du centurion
Après une marche d'une dizaine de kilomètres, Jésus et ses apôtres regagnent Capharnaüm après le sabbat, dans la matinée du dimanche 20 février. Jean n'est plus avec eux. Ce n'est que quelques jours plus tard, chez Pierre à Bethsaïda (voir MV 180.7), que l'on apprend que Jésus l'a envoyé « en avant » avec Isaac pour mener Marie chez le Baptiste, avant qu'il ne soit à nouveau arrêté. Le centurion se précipite vers Jésus : « Cela fait plusieurs jours que je t'attends. Tu ne me reconnais pas parmi ceux qui t'écoutaient sur la montagne. J'étais habillé en civil » 177.1 . Effectivement, le mardi précédent, Maria Valtorta avait remarqué la présence d'un romain dans la foule . Matthieu (Mt 8,5-13)nous relate cette rencontre à laquelle il a assisté. Le récit de Luc (Lc 7,1-10) comporte quelques menues variantes, comme il s'en produit souvent lorsqu'on interroge des témoins, longtemps après un évènement. Mais il nous indique que le centurion a fait construire la synagogue de Capharnaüm, détail qu'omet Matthieu. Le récit de Maria Valtorta, très complet, est compatible avec les deux versions évangéliques. FOOTNOTES : En MV 171.1.
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Seconde année de vie publique
Trois hommes veulent suivre Jésus
Quelques jours plus tard, la foule restant nombreuse à Capharnaüm, Jésus décide de se rendre avec les apôtres à Bethsaïda. En chemin Il est abordé par trois personnes désireuses de le suivre. C'est tout d'abord un scribe, auquel Jésus expose sans détour les difficultés de sa mission, et auquel Il demande : « Peux-tu tout cela ? » « Laisse-moi essayer au moins ». « Essaie. Je prierai pour que tu en sois capable » 178.2 . Et Jésus poursuit son chemin. Plus loin, c'est Lui qui interpelle un jeune homme : « Suis-moi » 178.3 . Celui-ci accepte, mais souhaite d'abord pouvoir ensevelir son père. Un troisième enfin s'approche. Lui aussi souhaite suivre Jésus, mais il a encore trop d'attaches humaines. C'est exactement ce que nous a transmis saint Luc, et en partie saint Matthieu . Mais les évangélistes ne précisent pas que le jeune homme en deuil, Elie de Corozaïn, se décida immédiatement à suivre Jésus, et devint l'un des soixante douze disciples. Ils omettent aussi de nous transmettre la triple invocation proclamée par le Seigneur à cette occasion : « Je te bénis, ô Père, et j'invoque ta lumière pour ceux qui pleurent dans les nuées de la vie. Je te bénis, ô Père, et j'invoque ta force pour celui qui est comme un petit qui a besoin que quelqu'un le soutienne. Je te bénis, ô Père, et j'invoque ton amour pour que Tu fasses oublier tout ce qui n'est pas Toi à tous ceux qui trouveraient en Toi, et ne savent le croire, tout leur bien, ici et au Ciel » 178.3 . FOOTNOTES : Voir Lc 9,57-62. Matthieu (Mt 18-22) relate aussi l'événement, mais n'évoque que les deux premières rencontres.
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Seconde année de vie publique
Le long chemin de conversion de Marie Madeleine
Lorsque Jésus vient rendre visite à son ami Lazare, celui-ci est tout en émoi. Sa sœur Marthe, appelée en urgence par Marie à Magdala, vient de lui envoyer des nouvelles rassurantes. Elle écrit : « Moi, qui vois le visage de Marie, et qui entends ses paroles, je dis qu'en mon cœur est née l'espérance » 226.2 et elle conclut sa missive par un souhait : « Il nous faudrait Jésus » 226.2 . La réponse du Seigneur est immédiate : « J'y irai. Peux-tu prévenir Marthe qu'elle vienne à ma rencontre à Capharnaüm d'ici quinze jours, au plus ? » 226.2 . En fait, la rapide guérison de Judas va permettre au groupe apostolique de reprendre la route plus tôt que prévu, dès le milieu de la semaine, et d'être en Galilée pour le prochain sabbat, le 27 mai, qu'ils passeront à Nazareth. Après une brève halte à Cana, le lundi 29 mai ils se rendent tous directement de Tibériade à Bethsaïda pour confier Margziam à Porphyrée, dont la joie est immense : « Oh ! mon Seigneur, tu m'as pris mon époux en me rendant, pour ainsi dire, veuve. Mais maintenant tu me donnes un fils… Tu rends donc toutes les roses à ma vie, non seulement celles que tu m'as prises, mais celles que je n'ai jamais eues. Que tu sois béni ! Plus que s'il était né de mes entrailles ce petit me sera cher, car c'est de Toi qu'il me vient » 228.5 . Bientôt un messager arrive de Capharnaüm, où Jésus est attendu par Jaïre, le chef de la synagogue, dont la fille et mourante, et par Marthe qu'Il a fait prévenir de sa venue prochaine. « Jésus promet de venir le matin suivant » 229.2 , au regret des habitants de Bethsaïda, qui espéraient un plus long séjour parmi eux.
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Seconde année de vie publique
La guérison des deux aveugles
Ayant quitté Marthe, Jésus part flâner dans les rues de Capharnaüm, en compagnie de Jean. Quand Maria Valtorta évoque « le Benjamin de Capharnaüm, celui d'une lointaine vision » 232.3 , nous pouvons être surpris, puisqu'elle fait allusion à une vision reçue le 7 mars 1944, mais qui dans la chronologie correspond à une scène de l'an 29, et se trouve en MV 352. Sur la place du village, Jésus croise le pharisien Simon, le seul parmi les cinq de Capharnaüm, à ne pas Lui être franchement hostile. Pour preuve, il invite Jésus à venir manger chez lui, ce qui aura lieu le surlendemain. Les apôtres étant de retour, ils rentrent tous à la maison pour le souper. Surviennent alors deux aveugles qui implorent « Jésus, Fils de David, aie pitié de nous ! » 232.5 . Ils obtiennent le miracle, comme en témoigne Matthieu(Mt 9,27-31). Mais cette journée particulièrement chargée n'est pas encore terminée qu'on apporte à Jésus un possédé muet. Pierre s'emporte : « Le jour ne vous suffit pas, long comme il est ? Est-ce une heure pour déranger de pauvres voyageurs ? Revenez demain » 232.8 . Mais les parents du possédé supplient, car disent-ils, « dans un moment, quand la lune sera haute, il hurlera fort » 232.8 . Ce détail est pertinent, puisque dans cette soirée du 29 mai, la lune se lève au crépuscule, et monte dans le ciel au cours de la nuit. Les pharisiens, attirés par le bruit, sont venus observer, et quand Jésus accorde ce nouveau miracle ., ils commentent : « S'il n'avait pas eu l'aide de Belzébuth, il ne l'aurait pas fait » 232.9 . C'était justement pour limiter ces blasphèmes contre l'Esprit que Jésus avait demandé aux miraculés de rester discrets dans leurs témoignages de louanges. FOOTNOTES : C'est le miracle rapporté en Mt 9,32-34, mais ce n'est pas celui de Lc 11,14-15 qui sera décrit en MV 269. La hargne des pharisiens justifie la prophétie faite par Jésus un an avant, en MV 96.1 : « pour me nuire, pour me faire souffrir, pour triompher de Moi en m'isolant, eux, les puissants de Capharnaüm, mettront en œuvre tous les moyens… Insinuations, aussi bien que menaces, moqueries et calomnies ».
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Seconde année de vie publique
Jésus prêche la charité en actes
Comme Il l'a promis à la veuve, Jésus vient à Corozaïn pour achever les travaux de menuiserie, sous l'œil admiratif de Manaën qui souhaite acquérir un objet fabriqué par le Christ. « Ne confonds jamais l'objet et l'action. De mon travail fais-en une relique pour ton esprit ». « Qu'est-ce à dire ? » « C'est-à-dire : donne à ton esprit l'enseignement déduit de ce que je fais ». « Ta charité, ton humilité, ton activité, alors… Ces vertus, n'est-ce pas ? » « Oui, et toi fais la même chose à l'avenir » 267.2 . Mais tous ne comprennent pas comme Manaën la leçon. Les habitants de Corozaïn d'abord, qui prennent le silence de Jésus pour du dédain à leur égard. Les apôtres ensuite, qui commencent par critiquer le maître de se livrer à ce travail manuel. Et Jésus leur explique patiemment la raison de son acte : « la parole n'est que du vent si l'action ne vient pas lui donner sa force » 268.6 . « Le travail, quel qu'il soit, n'est jamais humiliant » 268.6 , dit-Il encore aux apôtres. A Corozaïn, Jésus a évangélisé par le moyen des œuvres. Et s'il ne se trouve pas d'écho direct de cet épisode dans les évangiles, du moins Jacques et Jean témoignent dans leurs épîtres que les apôtres ont retenu la leçon.(Voir Jc 2,14-17 et 1 Jn 3,17).
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Seconde année de vie publique
La parabole du serviteur impitoyable
Dans la soirée Jésus réunit encore ses disciples et leur adresse de nouveaux conseils que Matthieu est le seul évangéliste à exposer . « Ce que J'ai d'abord dit au peuple doit être perfectionné pour vous qui êtes choisis parmi eux » 278.4 . Il développe maintenant pour tous la réponse qu'Il vient de faire à la question de Pierre : « Combien de fois je dois pardonner ? A qui ? Pourquoi ? » 278.4 . Et pour illustrer son propos, comme Il en a si souvent l'habitude, Il répond sous forme de parabole. C'est ici la parabole du serviteur impitoyable (Mt 18,23-35). C'est à l'issue de cette parabole qu'a lieu l'envoi officiel en mission des premiers disciples, deux mois donc après l'envoi des apôtres. « Ceux auxquels j'ai parlé en particulier ce matin, à partir de demain iront en me précédant et en m'annonçant aux populations » 278.6 . D'autres vont rester encore quelque temps auprès du Christ. « Bientôt je les enverrai comme j'envoie les soixante-douze premiers . La moisson est abondante, et les ouvriers sont toujours peu nombreux pour le travail à faire. Il y aura donc du travail pour tous. Et ils n'y suffiront pas encore » 278.6 , conclut Jésus. La fête des Tabernacles (le 15 Tishri) est proche, il leur reste une dizaine de jours pour se rendre tous en pèlerinage à Jérusalem. FOOTNOTES : Cf. Mt 18,18-35. Les biblistes rapprochent naturellement Mt 18,22 et Lc 17,4. Luc témoigne en fait d'un enseignement semblable, reçu en mai 29 : « Je l'ai déjà dit, mais je le répète encore » 423.7 , dira alors Jésus, en renouvelant son conseil sur le pardon. : A ce stade de l'œuvre, Maria Valtorta nous a révélé le nom d'une quarantaine de disciples, et a mentionné quelques autres, miraculés anonymes...
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Seconde année de vie publique
La parabole du bon samaritain
Cette dernière affirmation fait rebondir la discussion vers l'amour du prochain, et nous vaut la parabole du bon samaritain . La transition entre une parabole écoutée par Matthieu, et une autre citée par Luc, apparaît, grâce au contexte indiqué par Maria Valtorta, tout à fait naturelle et logique. « Le monde est plein de gens qui sont bons et mauvais, connus ou inconnus, amis et ennemis d'Israël. Qui est mon prochain ? » 281.10 , demande un docteur de la loi. La réponse du Christ est conforme au récit de la parabole de Luc, à quelques nuances près (Le prêtre est pressé ; le lévite a peur de se contaminer ; le mérite du samaritain est souligné, lui qui, en secourant le blessé, a pris le risque d'être accusé de l'avoir blessé). Sortant du Temple, ils se rendent tous dans le Palais de Lazare, de Marthe et de Marie, situé au point culminant de la colline de Sion, dans le quartier résidentiel de Jérusalem. Là Jésus converse avec un vieux prêtre du Temple qui a bien connu Zacharie. Comme beaucoup de vieillards, il se morfond sur « les temps atroces que nous vivons ! » 281.14 , évoque les derniers méfaits de l'occupant romain et s'interroge sur la culpabilité des galiléens victimes de la cruauté de Pilate . « En vérité je vous dis qu'ils ont payé et que beaucoup d'autres paieront si vous ne vous convertissez pas au Seigneur » 281.15 lui répond Jésus. FOOTNOTES : Selon le dialogue transmis par Lc 13, 1-5.
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Epilogue
Premières réunions de la communauté
Maria Valtorta « assiste » à ce qui fut peut-être la première célébration de la nouvelle Église, dans la salle du Cénacle, et que saint Luc a résumé en un unique verset (Ac 2,42). Sous la présidence de Pierre, et en présence de nombreux disciples, hommes et femmes, la célébration débute par l'évocation de la Cène pascale. Pierre souligne qu'il agit ainsi par obéissance à la parole du Seigneur « Faites ceci en mémoire de Moi » 641.4 . Puis il professe, au nom de tous les apôtres, sa foi sur les Saintes Espèces, vrai Corps et vrai Sang du Christ. Ensuite a lieu l'ostension des saintes reliques, conservées par Marie dans un coffre : en particulier le calice de la Cène, le voile de Nique, et celui de Marie, qui couvrit la nudité du Sauveur sur la Croix. La célébration se poursuit par le chant de psaumes, la consécration du pain et du vin, et la communion sous les deux espèces. Elle s'achève par la bénédiction de l'assistance par Pierre. La description de cette cérémonie paraît crédible : les témoignages de saint Paul, de la Didaché ou de saint Justin (Première Apologie) confirment en effet l'origine apostolique de la liturgie catholique en ce qui concerne le déroulement du Sacrifice Eucharistique et du Baptême.
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Epilogue
Qu'est devenue Marie après la Passion ?
L'histoire des premières communautés chrétiennes reste assez silencieuse sur Marie après la Passion. Aucune tradition n'affirme qu'elle ait parcouru le monde méditerranéen à la manière de Pierre ou de Paul pour édifier des communautés chrétiennes . Seule une tradition (datant du concile d'Ephèse en 431) suggère que Marie aurait vécu les dernières années de sa vie à Ephèse près de Jean l'Apôtre à qui Jésus mourant l'avait confiée . Mais cette tradition repose sur un seul indice fragile. Le texte de référence dit simplement « Nestorius avait été condamné à Ephèse où Jean le théologien et la sainte Vierge Marie Mère de Dieu... ». Le reste de la phrase étant perdu, il fut donc possible de lui faire dire ce que l'on souhaite ! Il n'est pas sûr que Jean de Zébédée soit venu à Ephèse avant la mort de Pierre et de Paul. Quand il s'y rendit, il y trouva peut-être déjà un « oratoire dédié à Marie », sans qu'il ait eu à le construire lui-même. Les actes du concile d'Ephèse laissent effectivement entendre que la « cathédrale » d'Ephèse fut la première dans le monde dédiée à Marie . Ce lieu de prières pourrait fort bien être l'œuvre de Jean d'Ephèse, puisque d'après Maria Valtorta il devait sa vie à la Vierge qui fut pendant un mois, à Bethléem, sa mère nourricière (voir MV 365.7-9). Notons simplement que le texte de Maria Valtorta ne dit rien d'un éventuel séjour de la Vierge à Ephèse... La voyante nous montre la Vierge Marie dans la prière et l'effacement à Jérusalem. Marie y assiste alors les apôtres et l'Église naissante, comme l'évoquent divers manuscrits du Transitus Mariae . FOOTNOTES : Au 4e siècle Épiphane de Salamine ( Panarion , 78.10-11, 23) affirme même que nul ne sait ce qu'il est advenu de Marie avant la fin de sa vie. : Sainte C. Emmerich reprend cette tradition, et indique que Marie avait alors 64 ans moins 23 jours (donc vers 43/44) et qu'elle resta trois ans à Sion, trois ans à Béthanie, et neuf ans à Ephèse. Elle serait donc arrivée à Ephèse en 36. Or les quelques hypothèses envisageant un premier séjour de Jean à Ephèse situent ce voyage entre 37 et 48, mais jamais plus tôt ! Et encore s'agit-il d'hypothèses basées simplement sur le premier départ des apôtres hors de Jérusalem, sans qu'il y ait la moindre preuve que Jean se soit alors rendu à Ephèse. : Voir Tillemont Mémoires pour servir a l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles . 1701 t 1 p 468.
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Epilogue
Le martyre d'Etienne
Ce dramatique épisode des premier temps de l'Église nous est bien connu, puisqu'il fait l'objet de deux chapitres des Actes des Apôtres (Ac 6 et 7). La vision valtortienne est conforme au récit de saint Luc. Cependant l'évangéliste passe sous silence l'attitude de Gamaliel, et semble minimiser le rôle de Saul : « Saul, lui, était de ceux qui approuvait ce meurtre » écrit-il simplement (Ac 8,1). Maria Valtorta met clairement en évidence la hargne de Saul et la vive désapprobation de Gamaliel. Quand Saul l'interroge : « Mais serais-tu peut-être, toi aussi, un partisan de ce malfaiteur appelé Jésus ? », Gamaliel lui répond : « Je ne le suis pas encore. Mais si Lui était ce qu'il disait, et en vérité beaucoup de choses tendent à prouver qu'il l'était, je prie Dieu de le devenir ». Puis il ajoute : « Je n'approuve pas la violence. Pour aucun motif. Tu n'auras jamais de moi une approbation pour un dessein violent. Je l'ai même dit publiquement, à tout le Sanhédrin, quand on a pris pour la seconde fois Pierre et les autres apôtres et qu'ils ont été amenés devant le Sanhédrin pour être jugés ». Il fait bien entendu allusion à son intervention rapportée par saint Luc (Ac 5,34-39). Mais pour Saul, la lapidation d'Etienne ne fait qu'exacerber sa haine contre les disciples du Nazaréen. Il obtient même du Grand-Prêtre un parchemin avec le sceau du Temple qui l'autorise à les persécuter. Dans la nuit, Pierre, Jacques d'Alphée, Jean, Nicodème, Simon le Zélote, Lazare et Marie vont là où vient d'être lapidé Etienne, juste à l'extérieur de la porte des brebis, à l'angle nord-est du Temple. Après une succincte toilette du défunt, ils emportent le corps du martyr vers Béthanie. Nicodème informe les apôtres présents de la menace de persécutions, et leur conseille de s'éloigner de Jérusalem pendant quelque temps, à l'exemple du Maître. Marie approuve : « Le conseil est juste. Écoutez-le. Ce n'est pas de la lâcheté, mais de la prudence. Lui vous l'a enseigné : "Soyez simples comme les colombes et prudents comme les serpents. Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Gardez-vous des hommes" » 646.4 . Les apôtres encore perplexes sur la conduite à tenir accompagnent Marie au Gethsémani, tandis que Nicodème et Lazare portent le corps d'Etienne vers une destination inconnue de Maria Valtorta.
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De la Résurrection à la Pentecôte
Apparition de Jésus en divers endroits
Le mardi 16 avril Jésus apparaît simultanément à de nombreux disciples, en divers lieu de Palestine. Il précise même, en parlant des apôtres : « cela les confirmera dans leur foi en ma Nature Divine de me savoir en tout lieu le même jour » 632.8 . Aucune écriture ne mentionne ces apparitions qui demeurent tout à fait crédibles, car les fidèles de l'Église naissante eurent sans doute besoins de recouper ces témoignages nombreux pour affermir leur foi. Ces visites célestes sont réservées aux amis, durement éprouvés : « En vérité je vous dis que beaucoup auraient désiré me voir maintenant, et ne me verront pas. Beaucoup de grands. Je me montre à ceux que j'aime et qui m'aiment » 632.38 . A tous le Seigneur recommande de se rassembler sur le Thabor, où Il se manifestera dans une dizaine de jours. FOOTNOTES : Apparaissant dans la maison d'Anne, à Kériot, Jésus confirme à propos de sa fille Joanne : « Depuis quinze jours, elle jouit dans le Ciel » 632.7 . Puis : « tu leur diras que le douzième jour après sa mort tu as vu le Seigneur à Kériot » 632.8 . Puis à un autre disciple : « Rappelle-toi qu'il y a douze jours je suis mort » 632.17 .
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De la Résurrection à la Pentecôte
Le matin de la Résurrection
En attendant l'ouverture des portes pour pouvoir aller au tombeau, Marie-Madeleine rudoie l'inconsolable Pierre, lui reprochant ses « cris inutiles et désordonnés (...) Ce qui est fait est fait, et ce ne sont pas les cris désordonnés qui le réparent et l'annulent » 616.2 lui dit-elle, et elle l'exhorte à être plus viril dans son repentir. Cette correction fraternelle et la confiance de Marie-Madeleine en la Résurrection s'avèrent bénéfiques. Pierre se rassérène un peu : « Mais crois-tu vraiment qu'il ressuscite ? » « J'ai cru et je crois. J'ai cru et je Lui ai depuis longtemps préparé son vêtement. Et pour demain, car demain c'est le troisième jour, je l'apporterai ici, prêt… » 616.4 . Jésus ayant été mis au tombeau juste au début du sabbat, Marie Madeleine n'imagine pas que la résurrection puisse advenir avant le lundi matin. Maintenant les femmes sont prêtes, et la Vierge, malgré sa faiblesse, désire les accompagner. Mais Marie-Madeleine trouve à nouveau les mots pour la convaincre de ne pas sortir, et la confie à la garde de Jean et de Pierre.
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De la Résurrection à la Pentecôte
Les disciples d'Emmaüs
A part une brève allusion dans Marc (Mc 16,12-13), seul l'évangéliste Luc (Lc 24, 13-35) fait mention de l'apparition du Ressuscité aux deux disciples retournant dépités dans leur village d'Emmaüs. Maria Valtorta nous transmet sa vision de cet évènement en neuf pages particulièrement riches d'informations. Lorsque Jésus, sous l'aspect d'un simple pèlerin, rejoint Cléophas et Simon, ils sont perplexes et désemparés. Chemin faisant, avec sa pédagogie toute divine, Jésus les amènent à se remémorer tout son enseignement, à le confronter aux Écritures, et à comprendre ainsi que la parole des prophètes vient de s'accomplir. Comme beaucoup en Israël, ils ont mal interprété la royauté du Christ. « Dans la pensée de Dieu la reconstruction du Royaume d'Israël n'était pas limitée, comme elle l'a été en vous, dans le temps, dans l'espace et dans les moyens » 625.6 leur explique patiemment Jésus. Et lorsqu'après la fraction du pain, Il disparaît à leurs yeux, leur esprit s'ouvre à la Lumière : « C'était Lui ! Et nous ne le reconnaissions pas, et pourtant ne sentais-tu pas que ton cœur brûlait dans ta poitrine pendant qu'il nous parlait et nous expliquait les Écritures ? » 625.11 . Malgré l'heure tardive et la fatigue , ils n'hésitent pas un instant à retourner à Jérusalem. « Nous arriverons en pleine nuit, mais si Lui le veut il nous donnera manière de passer. S'il a ouvert les portes de la mort, il pourra bien ouvrir les portes des murs! Allons ! » 625.12 . FOOTNOTES : Partis peu après 15h de Jérusalem (« l'heure de none est déjà passée » 625.5 ), il est maintenant environ 17 h. Ils ont cheminé près de deux heures. Ceci correspond bien avec les soixante stades de Lc 24,13, et les 11 km entre Jérusalem et le village de El Qubeibeh, site le plus probable, et correspondant parfaitement avec les nombreuses descriptions de Maria Valtorta.
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Troisième année de vie publique
La parabole du figuier stérile
Quittant Corozaïn au coucher du soleil, Jésus en compagnie de ses cousins, de Pierre et de Thomas, se rend sur la route de Séphet, pour y retrouver les autres apôtres comme convenu . Les retrouvailles sont chaleureuses, et chacun fait le récit de la semaine passée. Comme Jésus doit reconnaître que l'accueil de Corozaïn fut mitigé, les apôtres s'insurgent : « C'est vraiment un mauvais endroit. Il ne faut plus y aller » 338.5 . Mais le Christ leur répond : « Un jour naîtra ce que j'ai semé. Il ne faut pas se lasser aux premières défaites » 338.5 . Pour illustrer ce conseil, Il donne ensuite une parabole qu'Il intitule « La parabole du bon cultivateur » que l'on trouve dans Luc (Lc 13, 6-9). Et Jésus de conclure : « Corozaïn c'est le figuier qui ne donne pas de fruit. Je suis le bon Cultivateur, et le riche impatient c'est vous. Laissez faire le bon Cultivateur » 338.6 . Voici une réponse convaincante et affirmative pour les biblistes qui, tels Osty, se demandent si la durée de trois ans indiquée dans cette parabole est une allusion à la durée du ministère du Christ ! FOOTNOTES : Conformément au rendez-vous pris en MV 336.2. Une précision sur la fin du sabbat est donnée plus loin : « Le soleil se couche. Mes premiers pas, après le sabbat, sont pour Toi, mon Seigneur » 376.6 , ce qui est en parfaite cohérence avec la situation présente.
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Troisième année de vie publique
Le levain des pharisiens
A la nouvelle de cet exorcisme, à peine Jésus a-t-il quitté le village que des pharisiens sont venus troubler de leurs insinuations l'homme que Jésus a délivré. Ils en sont arrivé à le persuader que Jésus, prince des démons, possède maintenant son esprit plus que ne le faisait le précédent démon. Les villageois, partis à la recherche de Jésus, Le rejoignent pendant une pause, Le suppliant de rassurer le miraculé. « Il y a une manière sûre pour savoir si un prodige vient de Dieu ou du démon. Et c'est ce que l'âme éprouve. Si le fait extraordinaire vient de Dieu, il verse dans l'âme la paix, la paix et une joie pleine de majesté. S'il vient d'un démon, c'est le trouble et la souffrance qui viennent avec ce prodige » 421.4 . Une fois la paix revenue dans le cœur de l'homme, beaucoup s'insurgent contre la fourberie des pharisiens. Jésus intervient : « N'accueillez pas dans votre cœur ce qui vient d'eux, ni leurs insinuations, ni leurs explications » 421.6 . Et Jésus reprend un enseignement qu'Il a déjà donné à ses apôtres, et que nous retrouvons en Luc (Lc 12,1-12) : « Le levain des pharisiens, c'est l'hypocrisie... Gardez-vous du levain des pharisiens » 421.6 . Eux, les pharisiens, pèchent contre l'Esprit, car « la vérité est manifeste. Mais ils la nient parce qu'ils veulent la nier » 421.9 , et c'est pourquoi leur péché ne sera pas pardonné. FOOTNOTES : Le discours rapporté par Maria Valtorta suit celui de Luc, si ce n'est que pour la mystique, la foule semble moins nombreuse que ne le dit l'évangéliste. Mais le texte de Maria Valtorta, une fois de plus, apporte des éclaircissements précieux et qui méritent toute notre attention.
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Troisième année de vie publique
La profession de foi de Pierre
« Ce signe que les pharisiens demandaient hier, c'était du "levain", Maître ? » demande Thomas. « C'était du levain et du poison » 343.3 . Pourtant la curiosité est forte, et ils voudraient tous en savoir plus sur ce signe. « Vous, vous ne devriez pas avoir besoin d'un signe ». Jacques se justifie : ce n'est pas pour croire en Jésus : « Nous ne sommes pas des gens à avoir de nombreuses pensées, nous » 343.3 . C'est ainsi que tout naturellement, chemin faisant et au fil de cette conversation, Jésus en vient à leur demander ; « Mais les gens, vous qui les approchez si familièrement plus que Moi, et sans la crainte que je peux leur inspirer, que disent-ils que je suis ? Et comment définissent-ils le Fils de l'homme ? » 343.4 . Matthieu, Marc et Luc ont rapporté ce dialogue, et la profession de foi de Pierre qui s'en suit (Mt 16,13-20 ; Mc 8,27-30 et Lc 9,18-21). Le compte rendu beaucoup plus exhaustif de Maria Valtorta met en relief la spécificité de la foi du chef des apôtres : « Dès la première heure que tu m'as vu, tu as cru et jamais ta foi n'a été ébranlée » 343.5 . Pierre, seul parmi les apôtres a cru spontanément, avant d'avoir pu bénéficier de manifestations surnaturelles ou d'être témoin de miracles.
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De la Résurrection à la Pentecôte
L'instruction sur les sacrements
Le lendemain (dimanche 28 avril) Jésus est à nouveau avec les apôtres et les soixante douze disciples. Il attire leur attention : « Donnez-moi toute votre attention car je vais vous dire des choses de la plus grande importance » 635.1 . C'est qu'en effet Il désire maintenant les instruire sur « les moyens pour vous garder dans les fruits de mon Sacrifice » 635.2 . Le premier « moyen » dont Il leur parle, est celui qui rendra la Grâce aux hommes présents et à venir. « Un moyen qui ne sera pas seulement une figure rituelle mais qui imprimera vraiment pour celui qui le reçoit le caractère réel de fils de Dieu » 635.2 . Et Jésus accomplit maintenant une promesse lointaine qu'Il avait faite à son cousin Jacques : « Vous devrez en mon nom absoudre et bénir, ramener à la Grâce, administrer les Sacrements que j'instituerai… » « Que sont ces choses ? » « Ce sont des moyens surnaturels et spirituels, appliqués aussi avec des moyens matériels, employés pour persuader les hommes que le prêtre fait réellement quelque chose » 259.3 . Il en avait même alors annoncé le nombre : « Sept comme le candélabre sacré du Temple et les dons de l'Esprit d'Amour. Et en vérité les Sacrements sont des dons et sont des flammes, donnés pour que l'homme brûle devant le Seigneur dans les siècles des siècles » 259.6 . Maintenant Il expose à ses futurs prêtres le sens profond de ces divers sacrements. Bien entendu ce texte (comme tant d'autres) mériterait un examen attentif de la part des théologiens, et spécialement de ceux qui s'interrogent sur la façon dont furent institués les sacrements. Par exemple Jésus y montre que l'onction de Béthanie est la préfiguration de l'onction des malades , et Il insiste tout spécialement sur l'indissolubilité du sacrement du mariage ... Globalement, les Pères de l'Église ont peu parlé de l'institution des sacrements. Mais le texte de Maria Valtorta confirme s'il en était besoin l'opinion de saint Thomas d'Aquin, selon qui « les sept sacrements sont choses trop importantes pour ne pas avoir été institués par le Christ en personne ». Il aura fallut plus d'un millénaire pour que l'Église, sous l'impulsion en particulier de Pierre Lombard en 1150 fixe le « septénaire sacramentel » (la liste définie de sept sacrements ). Mais cela ne signifie aucunement que ces sept sacrements étaient ignorés auparavant par la tradition de l'Église. C'est au contraire pour mettre de l'ordre dans les nombreuses réalités sacramentelles alors en usage , que les théologiens du 12e siècle ont voulu distinguer les « sacrements majeurs » (les sacrements proprement dits) et les « sacrements mineurs » (appelés maintenant les sacramentaux). Un autre grand docteur de l'Église, saint Bonaventure a lui aussi affirmé que les sacrements furent institués par le Christ Lui-même : « Le Christ a institué les sacrements de la loi de grâce comme médiateur du Nouveau Testament et principal auteur de la loi par laquelle il a appelé aux promesses éternelles, donné des préceptes directeurs et institué les sacrements qui sanctifient… Il les institua de diverses manières : certains par confirmation, approbation et achèvement, comme le mariage et la pénitence ; d'autres par insinuation et en présidant à leur début, comme la confirmation et l'extrême-onction ; d'autres enfin en présidant à leur début, en les achevant et en les recevant Lui-même, comme le baptême , l'eucharistie et l'ordre . Ces trois derniers, Il les a institués pleinement, et même, Il a été le premier à les recevoir ». Juste avant de quitter les apôtres, Jésus leur fait cette dernière recommandation : « Tout cela vous le ferez en mémoire de Moi qui vous l'ai enseigné » 635.15 . FOOTNOTES : Cette allusion à l'onction faite par Marie Madeleine, en rapport avec le sacrement d'extrême onction semble assez inédite, l'Eglise évoquant plus volontiers saint Marc (Mc 6,13) ou saint Jacques (Jc 5, 14-15) pour l' institution de ce sacrement. : Voir saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique 3e Partie Question 64. : Ce nombre sept fut refusé par Luther et Calvin au nom de l'Écriture, et par certains Orthodoxes au nom de la Tradition. Le septénaire fut officialisé par le concile de Trente dans sa septième session, en mars 1547 (session 7 c. 1 in DS 1601). : Par exemple le docteur de l'Eglise Pierre Damien en comptait jusqu'à douze (Sermon 69, In dedicatione Ecclesiae ). : Saint Bonaventure, Breviloquium , L. 6.
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De la Résurrection à la Pentecôte
La Pâque supplémentaire
Comme convenu, un grand nombre de disciples viennent en ce dimanche 5 mai au rendez-vous fixé par Jésus pour la Pâque supplémentaire . Le soleil est à son couchant, et Pierre conseille à ceux qui logent à Jérusalem de rentrer maintenant, pensant que la Seigneur ne viendra pas ce soir. Le bruit court dans Jérusalem que le Seigneur « n'a jamais été mort et qu'il est sorti de là comme quelqu'un qui s'éveille par lui-même ou avec la complicité d'un grand nombre » 636.2 . Pierre craint de ce fait quelque mauvais coup de la part du Sanhédrin, non contre les apôtres mais contre la foule. L'absence du Seigneur ne trouble pas les disciples, car beaucoup, semble-t-il, ont déjà bénéficié de sa venue. « Certains se couvrent le plus possible le visage, pour tenir caché le flot de joie spirituelle qui ré-affleure quand ils pensent aux secrètes rencontres divines » 636.5 , observe Maria Valtorta. Seul Jacques d'Alphée l'avoue laconiquement : « C'est vrai. J'ai vu le Seigneur » 636.5 . A peine sont-ils tous arrivés au Gethsémani que Jésus apparaît. Bien vite le Seigneur se rend auprès de Margziam qui « attend sa récompense » 636.8 . Le plus jeune des disciples, écarté par obéissance de Jérusalem durant la Passion, a donc bel et bien participé à la dernière Pâque avec le Seigneur ! D'après le récit de Maria Valtorta, ce serait ce jour là que Pierre et Jacques, pour la première fois et en présence du Seigneur qui le leur avait ordonné, prononcèrent les paroles de la Consécration : « Ceci est mon Corps et ceci est mon Sang du nouveau Testament éternel, qui pour vous et pour beaucoup sera répandu en rémission des péchés » 636.9 . FOOTNOTES : Cette Pâque supplémentaire était prévue pour ceux que la maladie ou un voyage avaient éloigné de Jérusalem le 14 Nisan. Voir Nombres 9,11 et 1 Rois 6,1. : C'est effectivement une théorie qui circula dès les premiers siècles, spécialement dans les milieux gnostiques. : Cet aveu est tout à fait compatible avec l'indication de saint Paul (1 Co 15,7), mais aussi avec l'affirmation de saint Jérôme qui dans De Scrip. Ecclesiast . évoque l'évangile des Hébreux (apocryphe aujourd'hui disparu). La Légende dorée reprend intégralement cette tradition. Plus loin, la Vierge Marie évoque encore cette apparition : « Jacques surtout. Même l'apparition spéciale de mon Fils à lui, son élection voulue par Jésus, ne le consolent pas et ne lui donnent pas courage » 642.7 . : La tradition (rapportée par Adémar de Chabannes vers 1029 dans Vita Prolixior ), qui évoque la présence de Martial auprès de Jésus à la dernière Pâque pourrait donc trouver ici sa justification.
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Troisième année de vie publique
Le paiement du tribut dû au Temple
Quand l'imposant groupe des disciples débarque à Capharnaüm, en cette fin de matinée du mardi 20 février 29, deux hommes abordent Pierre et lui demandent : « Ton Maître, seulement parce qu'il est tel, paie-t-il ou ne paie-t-il pas les deux drachmes dues au Temple ? » 351.2 . Il n'est pas surprenant que seul Matthieu , l'ancien publicain, ait rapporté cet évènement qui pourrait paraître anecdotique. Mais le témoignage de Maria Valtorta lui donne une valeur historique inattendue. En effet cette didrachme était perçue en Palestine à partir du 15 du mois d'Adar , et ce 20 février, c'est justement quelques jours après la pleine lune du 15 Adar... Mais ce n'est pas tout ! La veille, Jésus a confié tout l'argent disponible à Isaac, pour les paysans d'Esdrelon et pour secourir les pauvres rencontrés en chemin . Comme l'avoue Pierre aux représentants du Temple : « pour le moment, il ne possède pas la moindre piécette » 351.3 . Le miracle du statère dans la bouche du poisson est aussi un témoignage pour Judas, qui quelques instants plus tôt, s'inquiétait de la perspective de devoir voyager sans le moindre argent : « Nous allons vers la Décapole où nous sommes inconnus ; et là les habitants sont à demi païens. Et ce n'est pas seulement le pain, mais les sandales qui s'en vont en morceaux, et les pauvres qui nous ennuient, et on pourrait se trouver mal et … » 351.1 . Le poisson pêché par Pierre, « gros comme un turbot et qui pèse au moins trois kilos » 351.5 permettra de les restaurer tous. Et quand Pierre découvre le statère, Maria Valtorta observe « une grosse pièce d'argent » 351.5 . Ceci est exact, et c'est un signe fort qu'elle décrit ce qu'elle voit, sans chercher l'inspiration dans des encyclopédies car celles-ci présentent plus souvent la pièce étalon en or, équivalent de l'aureus romain, plutôt que le statère d'argent, moins connu. FOOTNOTES : Voir Mt 17,24-27. : Comme l'indiquent le Docteur Sepp Jésus-Christ Etudes sur sa vie et sa doctrine 1866 p 317 et E. Stapfer, Palestine au temps de Jésus 1892. : Voir MV 350.4.
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Troisième année de vie publique
Marie a choisi la meilleure part
Ils passent donc la semaine à Béthanie où nous les retrouvons le dimanche 25 mars. La semaine pascale est terminée, et Jésus va reprendre la route en fin de journée. Pour l'heure, Il profite encore de la quiétude du jardin de Lazare, et Il instruit Marie Madeleine des merveilles célestes. Marthe s'énerve de l'oisiveté de sa sœur, tandis qu'il faut préparer le repas. « Tu es encore ici, Marie ? Et moi, je me fais tant de soucis !… L'heure avance. Les invités seront bientôt là, et il y a tant à faire » 377.5 . Saint Luc a rédigé quelques versets pour nous transmettre cet événement . La brièveté de son récit ne permet pas à l'évangéliste d'expliciter les nuances de l'intervention du Christ, comme peut le faire Maria Valtorta. « Ce n'est pas de l'oisiveté, Marthe. C'est de l'amour. L'oisiveté, c'était ″avant″ » 377.5 . Le Royaume ne se conquiert pas seulement par le travail, mais aussi par l'adoration. « Marie a choisi la meilleure part. Celle qui ne lui sera jamais ôtée. Quand toutes les vertus seront dépassées, parce qu'elles ne seront plus nécessaires aux citoyens du Royaume, la seule qui restera sera la Charité. Elle restera toujours. Elle seule, souveraine » 377.5 . Saint Paul exprimera lui-aussi cette vérité(1 Co 13,8-10). Commentant cet épisode, Jésus affirme à propos de Marie-Madeleine : « C'est la plus grande ressuscitée de mon Évangile. Elle est ressuscitée de sept morts » 377.7 . FOOTNOTES : Voir Lc 10,38-42. Notons ici que la phrase de Luc « Une seule chose est nécessaire » absente de certains manuscrits, apparaît sous diverses variante dans d'autres. Maria Valtorta confirme : « Tu te préoccupes de trop de choses, Marthe. Pour elle, il n'y en a qu'une seule ».
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Troisième année de vie publique
Jésus quitte Béthanie
Marie et les disciples de Galilée prennent le chemin du retour tandis que Jésus va donner un dernier enseignement aux habitants de Béthanie juste avant son départ. Quelques synhédristes hostiles interrompent une fois de plus Jésus pendant son exposé. Les miracles dont ils sont témoins ne font que décupler leur rage et leur désir de réduire Jésus au silence. Il leur prédit que leurs persécutions ne pourront anéantir sa doctrine, et qu'au contraire elles la rendront prospère. Pour consoler le Messie plusieurs mères lui demandent de bénir leurs enfants avant son départ. Et bientôt, Il se trouve entouré d'une foule de bambins. Les apôtres interviennent, mais Jésus les en dissuade : « N'empêchez jamais les enfants de venir à Moi, ni leurs parents de me les apporter. C'est justement à ces innocents qu'appartient le Royaume » 378.8 . La nuit descend lorsque le groupe apostolique quitte Béthanie, en direction du mont Adomin et de Jéricho. Pour préparer le groupe aux nouvelles épreuves qui l'attendent, le Seigneur propose quelques jours de retraite dans la sauvage vallée du Carith , celle-là même où se refugia le prophète Elie (1 R 17,2-10), comme le précise ensuite Jésus : « Ici Élie fut nourri par des corbeaux. Nous pouvons dire que les vautours féroces nous nourrirent » 380.3 . Cette remarque un peu énigmatique trouve son explication dans les Cahiers du 23 février 1946 : c'est une allusion à la troupe du bon larron Dismas, déjà croisée à Modin . Et c'est une occasion pour Jésus de leur rappeler qu'ils ne doivent pas craindre de prendre des risques « même s'il faut perdre la vie en essayant de sauver une âme » 380.4 . Il ajoute : « Le temps nouveau arrive : celui de l'amour. Je suis venu pour jeter ce feu dans les cœurs » 380.5 . Ce que l'on retrouve en Luc : « Je suis venu allumer un feu sur la terre » (Lc 12,49). FOOTNOTES : Matthieu, Marc et Luc évoquent ce fait : Mt 19,13-15 ; Mc 10,13-16 et Lc 18,15-17. : Beaucoup plus loin dans l'œuvre Jésus décide, près du mont Nébo : « Nous nous arrêterons quelques jours comme nous l'avons fait sur les monts d'Arbela et près du Carit » 499.5 . : Et bien plus loin dans l'œuvre, en MV 524.6, un compagnon de Dismas évoque l'offrande d'un agneau. : Sauver une âme n'a pas de prix : voir MV 300.3 ; MV 437.4, ou encore MV 615.8.
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Troisième année de vie publique
L'adieu à Jutta
Le groupe apostolique passe la journée du dimanche 22 avril à Jutta. La première partie de cet épisode n'a pas été traduite dans la version française de 1984, mais figurera dans la prochaine édition. Elle comporte quelques détails troublants à première vue, mais qui après analyse, s'avèrent être des arguments probants en faveur de l'authenticité des visions. Jésus est déjà passé deux fois à Jutta. D'abord à la mi-juin 27, quand Il guérit Isaac et propose le prénom de Jésaï pour le fils de Sara, qui « cherche quel nom donner au quatrième, né depuis six jours » 76.7/9 (vision de mi-janvier 1945). Ensuite en avril 28, quand Maria Valtorta admire « ce splendide petit amour de dix mois qu'est maintenant Jésaï » 89.7 (vision de juillet 1945). Notre surprise est donc totale dans ce nouvel épisode, car Maria Valtorta écrit : « je vois un lieu montagneux. Je ne sais pas où ... » 396.1 , et elle ne reconnaît pas le bambin : « le petit (...) doit avoir deux ans au maximum » 396.3 . Mais l'incohérence n'est qu'apparente, puisque cette vision fut reçue le 7 février 1944, un an avant les deux autres. A cette date, c'est la première fois que Maria Valtorta voit Jutta ! Jésus reste trois jours à Jutta. Pour son discours d'adieu à la population de Jutta, Jésus évoque le chapitre 66 d'Isaïe. A quoi bon élever des monuments à Dieu, si la vie n'est pas orientée vers la sainteté ? « On ne possède pas Dieu par des choses extérieures qui cachent des plaies et le vide, comme un manteau d'or jeté sur un lépreux ou sur une statue d'argile dont l'intérieur est creux » 397.2 , leur dit Jésus. Puis Il leur fait une dernière recommandation : « Rappelez-vous que je suis encore plus innocent que ce tout petit » 397.5 . Cet avertissement trouve son écho après la Résurrection, où Jésus apparaît aux enfants de Jutta, mais pas à leurs parents dont la foi n'était peut-être pas encore assez affermie ? FOOTNOTES : Il est fort probable que tous les auditeurs du Christ aient saisi l'allusion à la célèbre statue chryséléphantine dédiée à Zeus Olympien, œuvre de Phidias, et qui était couverte d'un manteau d'or. Elle était considérée dans l'Antiquité comme la 3eme merveille du monde ! (Valère Maxime, livre 1 chapitre 1).
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Troisième année de vie publique
Il n'y a pas de limite pour l'amour et le pardon
Dimanche 27 mai 29. C'est le soir, et l'on peut présumer qu'ils se sont reposés dans les environs de Bethseam durant le sabbat, car ils sont maintenant au niveau du mont Thabor. « En marchant de ce train, nous serons à Mageddo avant le chant du coq » 423.1 estime le Zélote, « Et, à l'aube, au-delà des collines, en vue de la plaine de Saron » 423.1 ajoute Jean. Ils sont donc partis pour une longue étape nocturne de plus de trente kilomètres. Au bout d'un moment « Il fait si noir qu'ils ont du mal à avancer sur la route et (...) Pierre et Thomas se décident à cueillir dans les haies et à allumer des branches » 423.3 écrit Maria Valtorta. Judas, qui se rend toujours plus insupportable auprès de ses compagnons, prétexte une subite fatigue pour s'arrêter à Mageddo. Personne n'est dupe de l'excuse, et quelques commentaires peu amènes fusent parmi les apôtres. Jésus les reprend avec fermeté : « Ce n'est pas par la violence que l'on gagne les cœurs » 423.4 . Pierre qui depuis plusieurs semaines fait de gros efforts pour se maitriser est vraiment à bout et considère qu'il a atteint la limite de sa patience vis à vis de Judas. Jésus réagit : « Il n'y a pas de limite pour l'amour et le pardon. Il n'y en a pas. Ni en Dieu, ni dans les vrais fils de Dieu. Tant qu'il y a de la vie, il n'y a pas de limite. L'unique barrière à la descente du pardon et de l'amour, c'est la résistance impénitente du pécheur » 423.7 . Il enseigne à nouveau ses apôtres sur la nécessité du pardon . « Je l'ai déjà dit, mais je le répète encore : soyez miséricordieux pour obtenir miséricorde » 423.7 . FOOTNOTES : Gallicinium : le chant du coq était la période nocturne de 3h à 6h. Ils ont environ 30 km à parcourir. En marchant 8 heures, l'estimation du zélote est donc crédible. : La lune à son 5e jour du dernier quartier se lèvera à 3h cette nuit là. : Jésus l'avait déjà fait à Magdala, en sept 28, dans un épisode (MV 278.3) rapporté par Matthieu (Mt 18,21-22). Ici Luc (Lc 17,3-4) fait mémoire de cet enseignement renouvelé sous une forme légèrement différente, ce qui justifie les nuances entre Matthieu et Luc.
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Le Protévangile
La circoncision de Jésus
Maria Valtorta décrit plusieurs cérémonies de circoncision dans son œuvre, dont celle de Jean Baptiste, mais ne semble pas avoir assisté à la circoncision de Jésus. Du moins elle ne décrit pas cette cérémonie (la brith mila ) qui est seulement mentionnée brièvement à deux occasions. Jésus, au soir des Rameaux, évoque « la blessure de la circoncision » 591.5 . Et Marie, juste après la Passion, se lamente en se remémorant les épisodes de la vie de son Jésus : « moi, qui m'étais sentie mourir en voyant des gouttes de ton sang à la Circoncision - en effet Joseph dut me soutenir car je tremblais comme quelqu'un qui meurt - il me semblait que cette blessure minuscule devait te tuer, et c'est plus avec mes larmes qu'avec l'eau et l'huile que je l'ai soignée et je ne me suis rassurée, que quand elle n'a plus donné de sang » 612.14 . Luc est le seul des quatre évangélistes à parler la circoncision de Jésus : « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception »(Lc 2,21).
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Troisième année de vie publique
La visite secrète à Bethsaïda
Au moyen d'une barque prêtée par un riverain du lac, dans l'aube du lundi 13 août, Jésus demande à Jean de le conduire à Bethsaïda. « Je veux aller chez Porphyrée sans être vu par d'autres » 465.1 . A la « prudente et vertueuse » épouse de Pierre, Jésus veut confier « une chose que personne ne connaît, pas même les apôtres, pas même Simon » 465.3 . Jésus lui confie qu'Il ne reviendra plus à Bethsaïda, et Il veut éloigner Margziam de Jérusalem, à l'heure du Sacrifice. « Porphyrée, il n'est pas bien que Margziam soit présent à mon heure. Tu ne le laisseras donc pas partir pour la Pâque … » 465.4 . Et le Seigneur ajoute : « Même les plus forts ploieront sous la marée de Satan, du moins pour un court laps de temps… Mais je ne veux pas que Margziam ploie et boive cette eau désolante » 465.4 . Jésus console Porphyrée et Lui fait ses adieux : « Le souvenir de ton Maître sera toujours ta douceur et tu y trouveras ton refuge. Ta douceur et ta paix, même à l'heure de la mort. Pense à ce moment-là que ton Maître est mort pour t'ouvrir le Paradis et qu'il t'y attend » 465.5 . De retour à Capharnaüm en compagnie de Margziam et de Jean, Jésus ordonne immédiatement le départ au groupe apostolique à nouveau rassemblé et ils partent en direction du nord. FOOTNOTES : La Tradition (Eusèbe de Césarée (citant les Stromates 7, 63-64 de saint Clément d'Alexandrie, Père de l'Eglise du 2ème siècle) rapporte que Pierre lui fit le même conseil, alors qu'elle était menée au supplice : « Oh ma femme, souviens-toi du Seigneur ... »
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Le Protévangile
La prédestination de Marie
« Dieu me posséda au commencement de ses œuvres ». Pr 8,22. Le premier chapitre de l'œuvre de Maria Valtorta est une dictée dans laquelle Jésus réaffirme la prédestination de Marie dans la pensée divine. « L'empreinte de Dieu était imprimée en Marie avec une telle netteté que seul le Premier-Né du Père lui était supérieur. On peut appeler Marie la puînée du Père, par la perfection qu'Elle reçut et sut conserver, par sa dignité d'Épouse et de Mère de Dieu et de Reine du Ciel, Elle vient en second lieu, après le Fils du Père, et en second lieu dans son éternelle Pensée parce qu'éternellement Il se complaît en Elle » 1.2 . Le mariologue G. Roschini a consacré tout un chapitre de son livre La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta pour nous donner un commentaire magistral de cette introduction, dont à la fois « l'orthodoxie » et la « modernité » purent surprendre les premiers lecteurs du Poema dell'Uomo-Dio , titre sous lequel parut la première édition des visions de Maria Valtorta, dans les années cinquante. Il faut évoquer aussi saint Jean Eudes, qui consacre plusieurs pages à ce mystère de la prédestination de Marie : « Ab aeterno ordinata sum . Aussi est-il vrai de dire que cette aimable enfant, qui s'appelle Marie, fille de Joachim et d'Anne, est prédestinée et choisie par Dieu de toute éternité, pour faire en elle et par elle les plus grandes merveilles qu'il a dessein de faire en la terre et au ciel ». Déjà, plusieurs siècles avant sa naissance, les Patriarches évoquèrent la femme prédestinée à devenir la mère du Messie. Saint Jérôme nous dit que « les prophètes la désignaient dans le lointain des âges », et saint Cyrille d'Alexandrie confirme que « Marie est comme le résumé de tous les divins oracles ». De même saint Albert le Grand qui affirme : « Dieu a mis un soin extrême à garder de toute souillure la femme qu'il avait prédestinée de toute éternité à être sa mère dans le temps ». Et saint Bernard appelle la Vierge Marie « La grande affaire de tous les siècles ». Le concile Vatican II confirma que pour être la Mère du Sauveur, Marie « fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d'une si grande tâche ». Et le Catéchisme de l'Église Catholique lui attribue les paroles que Saint Paul adressa aux éphésiens (Ep 1,4) : Dieu l'a « élue en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et immaculée en sa présence, dans l'amour ». FOOTNOTES : Saint Jean Eudes, L'enfance admirable de la Très Sainte Mère de Dieu, 1676 chap. 5 p 24 à 35. : Saint Jérôme, Micheae §6. : Saint Cyrille d'Alexandrie, Homélie VI, contre Nestor . : Saint Albert le Grand, SermonDe Sanctis 38. : Saint Bernard, Sermon II de Pentecôte : « Negotium omnium seculorum ». : Lumen Gentium § 56. : CEC § 492, ainsi que l'écrivait Corneille a Lapide, Commentaires sur l'Écriture Sainte : « O Vierge sans tache et très sainte, vous avez donc été choisie et prédestinée même avant la création de l'univers »
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Le Protévangile
Le vœu des parents de Marie
Les quatre évangélistes ont laissé l'histoire de la Vierge Marie enveloppée des beaucoup d'obscurités, ne nous faisant connaître que quelques traits de sa vie, en rapport avec les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption. S'ils sont conduits ça et là, à l'occasion des événements qu'ils racontent, à nommer plusieurs membres de la parenté de Marie, leur narration ne les force à aucun moment à rompre le silence dont ils entourent son père et sa mère. Notons simplement que de nombreux Pères ont regardé la généalogie du Sauveur transmise par Luc (Lc 3,23-38) comme étant la généalogie naturelle , celle de sa très sainte mère Marie. Dans la généalogie de Luc le premier ancêtre de Jésus est Eli. Or Eli (ou Eliachim dans la langue hébraïque) a la même signification que Yoachim, (Joachim). Quant à la mère de Marie, les évangiles gardent sur elle un silence absolu, jusqu'à taire son nom. Mais dès les premiers siècles, plusieurs Pères la nomment Anne. C'est naturellement au tout début de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé que Maria Valtorta découvre pour la première fois Joachim et Anne, les grands-parents de Jésus. Ils vaquent à leurs occupations dans leur maison de Nazareth et semblent déjà bien âgés. Maria Valtorta, en se basant sur sa propre mère, estime que Anne « peut avoir de cinquante à cinquante cinq ans, pas plus », et elle qualifie Joachim de « vieillard ». Quelques indices ténus permettent de situer cette séquence par une belle soirée de septembre. De nombreux autres indices ultérieurs permettront d'affirmer que c'est alors la fin de l'été de l'an -22. Seule la stérilité d'Anne semble pouvoir ternir la quiétude de ce vieux couple saint et amoureux. Ils décident qu'à l'occasion de leur prochain pèlerinage à Jérusalem, pour la fête des Tabernacles, ils prieront longuement et feront un vœu : « Oui, faisons un vœu au Seigneur ; il sera à Lui, notre enfant. Pourvu qu'Il nous le donne … » 2.4 . Ceci est en tout point conforme à la tradition transmise par saint Grégoire de Nysse : « Le père de cette sainte Vierge était un Israélite d'une piété insigne, qui avait une femme stérile, laquelle, à cause de sa stérilité, ne pouvant avoir part aux prérogatives des femmes qui avaient eu des enfants, demanda à Dieu qu'il lui plût de bénir son mariage, et en même temps lui voua le fruit qu'elle mettrait au monde ». Bien plus tard, en l'an 29, c'est Marie elle-même qui évoque le vœu d'Anne : « Ma mère me consacra spontanément au Seigneur dès la première palpitation qu'elle perçut dans son sein, de moi, qu'elle avait conçue tardivement. Et elle ne me garda que pendant trois ans. Et moi, je ne l'ai possédée que dans mon cœur. Cependant ce fut sa paix à sa mort de m'avoir donnée à Dieu » 368.4 . Et dans la même année 29, Jacques d'Alphée loue la générosité de Joachim : « Nous en sommes arrivés à parler de l'ancien domaine de Joachim à Nazareth et de son habitude, tant que cela lui fut possible, de garder pour lui la moitié des récoltes et de donner le reste aux pauvres , chose dont les anciens de Nazareth se souviennent si bien. Que de privations pour les deux justes Anne et Joachim ! Forcément, ils ont obtenu le miracle de la Fille » 410.6 . * D'emblée nous sommes plongés au cœur d'un récit sobre et précis. Les informations transmises par Maria Valtorta sont conformes aux traditions les plus anciennes, mais dépouillées du superflu et du merveilleux qui altère parfois leur pureté originelle. J'y reviendrai par la suite. Mais remarquons dès maintenant qu'à aucun moment Maria Valtorta (et c'est une constante dans les dix volumes de son œuvre), ne fait appel à l'histoire ou à la tradition pour justifier une seule de ses visions, pas plus qu'elle ne mentionne la moindre date pour conforter la chronologie pourtant exceptionnelle de son récit . FOOTNOTES : Ce fut le cas de Jules Africain, Eusèbe, St Jérôme, St Augustin par exemple. (Migne, Dictionnaire de Patrologie , 1854.tome 3 p 934). : Les noms de Joachim et d'Anne se retrouvent depuis la plus haute antiquité chez les chrétiens orthodoxes et l'église d'Orient : dans les canons de St Pierre d'Alexandrie (311), dans Origène et dans Tertullien dès le 3eme siècle. St Eustathius d'Antioche (vers 280-337) indique dans son Hexaméron que Joachim était originaire de Sephoris. St Epiphane (315-403) et St Grégoire de Nysse ( Hom. in diem nat. Christi ) donnent Anne et Joachim comme les parents de Marie. Plus tard St. Jean Damascene déclarait : « O couple heureux d'Anne et de Joachim, toute la création vous est redevable » ( Hom. I in Nativ. B. V. M .). St Germain de Constantinople ; le pseudo-Epiphanius ; le pseudo-Hilarius ; et St Fulbert de Chartres évoquent aussi Anne et Joachim. Georges de Nicomédie écrit : « le Créateur de toutes choses a décrété la restauration de l'univers, et il a choisi pour instruments de cette œuvre Anne et Joachim, les nobles parents de Celle qui devait nous mériter enfin l'accomplissement de la promesse ». (cité par Charland Sainte Anne 1898 p 143). Au temps de St Jérôme ( liber de Ortu Mariae ), il est clairement affirmé: « Son père se nommait Joachim, sa mère Anne ». Et St Hippolyte de Thèbes (selon Nicéphore livre II, chap. III ) précisait même que Anne avait deux sœurs, l'aînée marié et vivant à Bethléem, et la seconde étant Elisabeth, mariée à Zacharie. : Dom A. Calmet, Dictionnaire de la Bible , 1849, article Joachim . : Le protévangile de Jacques rapporte (chap. 1-v 1) que Joachim apportait (au Temple) des offrandes doubles, disant : « L'excédent de mon offrande sera pour tout le peuple ». : Avec plus de cinq mille détails temporels , l'œuvre de Maria Valtorta devrait logiquement présenter de nombreuses incohérences. Pourtant il n'en est rien. Bien au contraire, la cohérence de la chronologie reste un des nombreux mystères de cette œuvre.
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Le Protévangile
Le cantique d'Anne
C'est maintenant le printemps suivant. Anne a décoré sa maison de Nazareth d'une nuée de bouquets « qui proviennent certainement de la taille des arbres du jardin, tout en fleurs ». Toute à sa joie, elle chante un doux cantique d'actions de grâces. « Pour la fête des lumières l'espérance a jeté sa semence ; l'air embaumé du mois de Nisam la voit germer ... » 4.1 . La fête des Lumières , aussi appelée fête de la Dédicace , ou Hanoukkah , débute le 25 Kislev et dure huit jours. En l'an -22, c'était du 2/12 au 10/12/-22 (julien). Si l'on recoupe avec le témoignage de Marie d'Agreda , qui indique que la Conception de Marie eut lieu un dimanche, alors ce serait le dimanche 9 décembre -22. Datation pleinement compatible avec la tradition de l'Église qui fête la Conception de Marie le 8 décembre . Signalons aussi que l'Église byzantine, dès le 8 e siècle (et peut-être avant), célébrait la Conception de la Très Sainte Mère de Dieu par Joachim et Anne le 9 décembre. Marie d'Agreda témoigne aussi du cantique d'Anne, mais contrairement à Maria Valtorta, elle n'en donne pas la teneur : « elle fut ravie en extase très sublime, où elle puisa de très hautes notions sur les mystères les plus cachés, et célébra le Seigneur par de nouveaux cantiques d'allégresse ». Joachim presse Anne de questions, et celle-ci se remémore : « le dernier jour , pendant que je priais au Temple, le plus près possible de la maison de Dieu qu'il soit permis à une femme (...) Il me semblait qu'une des étoiles précieuses du Voile, les étoiles qui sont sous les pieds des Chérubins, se détachait et prenait la splendeur d'une lumière surnaturelle … » 4.3 . Au Temple, en effet, les femmes ne pouvaient dépasser la première cour intérieure. Saint Grégoire de Nysse et André de Crête eux, vont pourtant jusqu'à déclarer que Anne alla prier « dans le saint des saints », ce qui aurait été contraire à la Loi ! Il faut ici souligner une des connaissances rares , si fréquentes dans le texte de Maria Valtorta. L'évocation d'étoiles brodées sur le Voile du Temple peut en effet surprendre, car elle n'est pas indiquée dans la bible. Pourtant elle est attestée par un témoin oculaire ! Flavius Josèphe ( Guerres juives Livre 5 chap. 214) précise en parlant du Voile : « il reproduisait tout le spectacle du ciel, sans toutefois les signes du Zodiaque ». Quant aux chérubins mentionnés ici, il ne s'agit pas des deux chérubins d'or placés sur le Propitiatoire mais bien sûr des chérubins brodés sur le Voile (Ex 26,1; 36,8 et 36,35). FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La Cité Mystique de Dieu , part 1, Livre 1 chap. 15, n° 218. : Par décision de Sixte IV en 1477, date à nouveau confirmée par Clément XI en 1708. Par ce récit de Maria Valtorta il est possible d'en déduire que Marie, Mère du « Verbe, la vraie lumière » (Jn 1,9) a été conçue en la fête juive des Lumières ! : Marie d'Agreda, La Cité Mystique de Dieu , part 1, Livre 1 chap. 15, n° 223. : Soit le 8 décembre grégorien ! : Rapporté par A. Pelletier, Le grand rideau au décor sidéral du Temple de Jérusalem , Journal des savants, vol 1, n°1, 1979, pages 53-60.
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Le Protévangile
L'Immaculée Conception
Le Catéchisme de l'Église Catholique § 491 nous rappelle : « Au long des siècles l'Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception ». Quand l'Église a proclamé le dogme de l'Immaculé Conception , elle n'a fait qu'entériner une croyance qui était ancrée depuis bien des siècles dans le cœur des croyants. Il suffit pour s'en convaincre de relire le sermon de Bossuet sur la Conception de la Sainte Vierge, les actes du concile de Trente, ou ce sermon de saint Albert le Grand : « Dieu a mis un soin extrême à garder de toute souillure la femme qu'il avait prédestinée de toute éternité à être sa mère dans le temps » ( Serm. De Sanctis 38) puis de remonter ainsi jusqu'aux pères de l'Église. Au 5e siècle, le rouleau de Ravenne affirme : « la Vierge immaculée a accueilli ton Verbe ineffable apporté par l'ange ». Sur la foi des apôtres, les Pères du second siècle nommaient déjà la Vierge Marie la Panagia (la toute sainte) et la Theotokos (la mère de Dieu). Cette foi en l'Immaculée était déjà vive aux premiers siècles, puisque par exemple Origène ( Adv. Celsus 1, 32.69 etc.) la défend contre les premières hérésies. Les lecteurs de Maria Valtorta ne seront donc pas surpris de lire, dès le début de l'œuvre : « Marie, la Sans-Tache, ne fut jamais privée du souvenir de Dieu, de son voisinage, de son amour, de sa lumière, de sa sagesse. Elle put donc comprendre et aimer quand elle n'était encore qu'une chair qui se formait autour d'une âme immaculée qui continuait d'aimer » 4.6 . A en croire le récit transmis par Maria Valtorta, cette croyance de l'Église primitive en la Conception Immaculée de Marie remonterait directement aux enseignements de Jésus à ses apôtres. En effet une première fois, pendant la fête des Lumières , dans la maison de Lazare à Béthanie, Jésus leur explique : « Le temps de la Grâce étant venu, Dieu prépara pour Lui sa Vierge. Vous pouvez bien comprendre comment Dieu ne pouvait résider là où Satan avait posé son signe ineffaçable. La Puissance travailla donc pour faire son futur tabernacle immaculé. Et par deux justes, d'âge avancé et contre les règles habituelles de la procréation, fut conçue Celle sur laquelle il n'y a aucune tache » 136.5 . Puis Il revient plusieurs fois sur ce mystère, comme par exemple à Gérasa où Il déclare : « Le " que l'âme de Marie soit faite sans faute " c'est un prodige du Créateur » 288.7 . Quand Il apparaît aux apôtres après la Résurrection, Jésus leur donne encore une fois Marie Immaculée comme modèle : « Vous devrez être purs de membres, car dans votre sein descendra le Verbe comme il est descendu dans le sein de Marie grâce à l'Amour. Vous avez l'exemple vivant de ce que doit être un sein qui accueille le Verbe qui se fait Chair. Cet exemple est celui de la Femme sans faute d'origine et sans faute individuelle, qui m'a porté » 629.7 / 8 . Et Jésus de conclure : « C'est cette Pureté inviolée que je vous donne en exemple » 629.8 . Ailleurs Il rappelle aussi : « Eve aussi avait été créée sans tache ... » 1.3 comme nous l'enseigne l'Église : « nos premiers parents Adam et Eve ont été constitués dans un état de sainteté et de justice originelle » (CEC § 375). Maria Valtorta clôt son premier chapitre sur cette affirmation de Jésus : « Marie vécut dans un monde corrompu sans consentir à blesser sa pureté par la plus petite pensée dirigée vers le péché » 1.3 . Affirmation reprise sous une forme équivalente dans cet enseignement du Magistère quelques années plus tard : « Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie »(CEC § 493). C'était déjà l'enseignement du Concile de Trente, (Session VI, canon XXIII) : « Marie n'a jamais commis la moindre faute, le plus léger péché véniel. C'est la ferme croyance et l'enseignement formel de l'Église ». FOOTNOTES : Dogme défini par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, dans la bulle Ineffabilis Deus . : « ... ineffabile Verbum angelo deferente virginitas immacolata suscepit ».
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Le Protévangile
La naissance de Marie
Comme bien souvent, Maria Valtorta commence son récit par une description minutieuse des lieux. Dans le jardin de Nazareth « depuis longtemps ce doit être la sécheresse (…) une haie d'aubépine sauvage déjà toute constellée des rubis de ses petits fruits (…) des pieds de vigne et des oliviers lourdement chargés ... » 5.1 . La scène se déroule donc à Nazareth, par une soirée de fin d'été... Dès l'Antiquité quatre villages se disputèrent la gloire de la naissance de Marie : Séphoris, Nazareth, Bethléem et Jérusalem. L'apocryphe Évangile de la Nativité rapporte ceci de la Vierge Marie : In civitate Nazareth nata (« Elle naquit dans la cité de Nazareth »). Saint Fulbert de Chartres cite cette opinion et l'accepte. C'est aujourd'hui l'opinion la plus commune de l'Église romaine, tandis que la tradition orientale, suivant saint Jean Damascène, penche plutôt pour Jérusalem. Maria Valtorta ajoute que la naissance eut lieu pendant une soirée de septembre, ce qui ne saurait surprendre, puisque la tradition unanime de l'Église fixe la nativité de Marie au 8 septembre , « Au moment où le soleil sort du Lion et entre dans la Vierge » précisaient jadis les Pères. La date exacte la plus communément retenue est le samedi 8 septembre -21 (julien). Jean-Chrysostome Trombelli (Mariae sanctissimae vita ac gesta, 1759)établit par une savante étude que la naissance de Marie eut lieu un jour de sabbat. (On peut souligner qu'entre l'an -22 et l'an -17, c'est seulement en l'année -21 que le 8 septembre tombe un samedi). Tout ceci va s'avérer déterminant, comme nous allons le voir bientôt. Poursuivons le récit de Maria Valtorta. La naissance de la Vierge Marie est troublée par une « tempête qui est d'une extraordinaire violence » 5.3 . Puis tour à tour trois évènements surprennent les témoins présents ce soir là. D'abord « un gigantesque arc-en-ciel déploie son demi-cercle sur toute l'étendue du ciel. Il sort, ou du moins paraît sortir, de la cime de l'Hermon (...) survole les collines de la Galilée et de la plaine qui apparaît au sud (...) et semble poser son extrémité au bout de l'horizon, là où une chaîne de montagnes abruptes arrête totalement la vue » 5.4 . Ensuite un garçon s'étonne : « regardez, voilà une étoile alors que le soleil n'est pas encore disparu. Quelle étoile ! Elle brille comme un énorme diamant !… Et la lune, voilà. C'est la pleine lune alors qu'il manque encore trois jours pour y arriver ... » 5.4 . Plus loin dans l'œuvre, Jésus fait cette confidence à propos de ses grands-parents : « À cause de leur sainteté Anne n'éprouva pas les souffrances de l'enfantement » 9.5 . Un peu de temps passe. Marie est née ! Voici donc quelques détails merveilleux qui semblent sortis tout droit d'une belle légende médiévale. Même sans faire preuve de scepticisme, il pourrait paraître légitime de ne leur accorder qu'une valeur poétique ou symbolique. Et pourtant, à l'analyse ils se révèlent vraiment remarquables... Prenons en effet pour acquise la date du 8 septembre -21, et examinons si les trois faits décrits ici sont compatibles avec cette date : Force est de constater que ce soir là, au moment du coucher du soleil, la planète Jupiter brillait sur l'horizon sud. Dans cette configuration, Jupiter est la première étoile visible en soirée, comme il est encore aisé de le vérifier de nos jours. (Comme j'ai pu le constater de visu à la mi-décembre 2011) De Nazareth si l'on tourne le dos au soleil couchant(azimut 278° ce soir là)pour pouvoir observer un arc-en-ciel, le mont Hermon est sur la gauche, le lac de Tibériade, la plaine et les collines de Galilée en face, et les monts Thabor et Gilboa à droite. Or les lois de l'optique nous enseignent que plus le soleil est proche de l'horizon, plus l'arc en ciel semble grand, phénomène encore amplifié par l'altitude de Nazareth (450 m) par rapport à la plaine environnante. Un arc double couvre alors un champ de 102° d'ouverture. Un simple rapporteur placé sur une carte de Palestine, (point zéro sur Nazareth et perpendiculairement à l'azimut 278°) permet de vérifier la plausibilité extraordinaire de cette description, qui serait fausse à toute autre heure du jour, et à toute autre époque de l'année ! D'après les témoins, il manquait trois jours pour la pleine lune. Or en septembre -21, astronomiquement la pleine lune eut lieu le mardi 11. Donc trois jours avant, ce fut le samedi 8 septembre, en parfaite compatibilité avec la date officielle établie depuis au moins quatorze siècles ! Comment Maria Valtorta aurait-elle pu imaginer de sa propre initiative un tel récit qui, sans mentionner la moindre date, confirme pourtant sans qu'il y paraisse la datation établie par la tradition depuis si longtemps ? Quant à l'accouchement sans douleur d'Anne, c'était l'opinion de saint Jean Damascène, de saint André de Crète, et d'autres Pères , de plusieurs grands théologiens, et de saint Ildefonse . Au 17e siècle, Jean Thomas de Saint-Cyrille écrivait : « Anne, l'heureuse épouse de Joachim, donnait le jour, sans douleur et sans confusion, à Celle qui devait être le Temple vivant du Dieu d'Israël ». Il semble pourtant improbable que Maria Valtorta ait pu avoir connaissance de ces informations quand elle reçut cette vision. FOOTNOTES : Evangelium de Nativitate sanctae Mariae, ouvrage qui aurait pu être composé par Séleucus au 2e siècle, et dont on possède un manuscrit daté du 5e siècle. (voir aussi plus loin notes du paragraphe « Présentation de Marie au Temple ». : Voir Benoît XIV de Festis lII c. IX n° 16. La date du 8 septembre fut officialisée au 7e siècle à Rome par Serge 1er, conformément à la tradition orientale attestée par un décret de l'empereur Maurice (582 - 602). : Par Baronius, le docteur Sepp et plusieurs autres éminents chercheurs (8 sept 733 de Rome). : Il faut attendre quelques chapitres pour apprendre (en MV 12.6) qu'il s'agit de Joseph, âgé alors de 18 ans (voir aussi MV 577.7). : Ce soir là : altitude 34° 12' et magnitude -2,28 selon les logiciels d'astronomie. : Rapporté par Charland, Madame Saincte Anne , p 136. : Saint Jean Eudes, L'enfance admirable de la Très Sainte Mère de Dieu , 1676 chap. 15 p 217-218. : Jean Thomas de Saint-Cyrille, Mater Honorificata Sancta Anna 1657, p 330.
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Le Protévangile
Marie, Trône de la Sagesse
Le 26 août 1944, Jésus rappelle à Maria ces paroles de Salomon (Pr 8,22-31) : « Dieu m'a possédée dès le commencement de ses œuvres, dès le commencement, avant la création. Il m'a établie à l'origine des êtres, avant que fut créée la terre. Lorsque les abîmes n'existaient pas encore, il m'avait déjà conçue. Les sources d'eau vive ne coulaient pas encore et les montagnes ne s'étaient pas dressées avec leurs masses imposantes et les collines n'étaient pas exposées au soleil, que j'étais engendrée. Dieu n'avait pas encore fait la terre, les fleuves et l'axe du monde, et moi j'étais. Quand Il préparait le ciel, j'étais présente; quand, par l'effet d'une loi immuable, Il enferma l'abîme sous la voûte des cieux; quand dans les hauteurs Il assura la stabilité de la voûte céleste et Il fit les sources d'eau vive; quand Il fixait à la mer ses limites et imposait des lois à ses masses d'eau ; quand Il ordonnait aux eaux de ne pas franchir leurs limites ; quand Il jetait les fondements de la terre, j'étais avec Lui pour organiser toutes les choses. Dans une joie sans fin, je jouais au milieu de l'univers… » 5.8 . Et Jésus commente : « Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d'Elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que Je suis personnellement, Moi, qui te parle » 5.8 . Nombre de théologiens pensent en effet que ces paroles des Proverbes évoquent à la fois Jésus et Marie. Et c'est aussi ce qu'enseigne, cinquante ans après cette vision, le Catéchisme de l'Église : « Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef-d'œuvre de la mission du Fils et de l'Esprit dans la plénitude du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que son Esprit l'a préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. C'est en ce sens que la Tradition de l'Église a souvent lu en relation à Marie les plus beaux textes sur la Sagesse(cf. Pr 8, 1-9, 6 ; Si 24): Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le "Trône de la Sagesse" » (CEC § 721). Auparavant Corneille a Lapide avait affirmé : « Celle qui devait être la mère de la Sagesse incarnée, ne pouvait être que Sagesse ». C'est encore sous ce titre, « Mère de la Sagesse », que Jésus donne sa mère en modèle aux femmes disciples, dans l'œuvre de Maria Valtorta : « Vous, chères femmes disciples, suivez l'exemple de celle qui fut ma Maîtresse, celle aussi de Jacques et de Jude et de tous ceux qui veulent se former dans la Grâce et dans la Sagesse. Suivez sa parole. C'est la mienne qui s'est faite plus douce. Il n'y a rien à y ajouter, car c'est la parole de la Mère de la Sagesse » 157.8 . Il le redit aussi au soir du mercredi Saint, remémorant le Magnificat : « La Sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de Celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse » 596.19 .
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Le Protévangile
Marie nouvelle Eve
En bien des endroits de son œuvre, Maria Valtorta rappelle la prophétie annoncée au début de la Genèse, immédiatement après la chute de nos premiers parents : « Je mettrai de l'inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t'écrasera la tête et toi, tu l'atteindras au talon » (Gn 3,15) . Ce verset, appelé protévangile par la tradition, est commenté par Jésus à Bethléem, dés la première année de sa vie publique, quand Il raconte le massacre des innocents : « Quelle inimitié plus grande que celle qui s'en prend aux enfants, le cœur du cœur de la femme ? Et quel pied est plus puissant que celui de la Mère du Sauveur ? Voilà pourquoi fut bien naturelle la vengeance de Satan vaincu, ce n'est pas vers le talon de la Mère mais vers le cœur des mères qu'il dirigea son attaque » 74.7 . Cette femme annoncée par la première prophétie biblique, c'est donc la Vierge Marie, dont Jésus fait l'éloge un peu plus loin dans l'œuvre : « Elle renversera Eve dans son triple péché . Obéissance absolue. Pureté absolue. Humilité absolue. C'est sur cela qu'elle se dressera, reine et victorieuse » 420.12 . La Mère du Sauveur mérite désormais le titre de nouvelle Eve : « La nouvelle Eve a été conçue par la Pensée au pied du pommier du Paradis, pour que son sourire et ses larmes mettent en fuite le serpent et désintoxiquent le fruit empoisonné. Elle est devenue l'arbre du fruit rédempteur » 207.11 . Et c'est sous ce vocable de « nouvelle Eve » que Marie est plusieurs fois désignée dans l'œuvre de Maria Valtorta , en parfaite conformité avec l'enseignement du Magistère qui confirme : « de nombreux Pères et docteurs de l'Église voient dans la femme annoncée dans le protévangile la mère du Christ, Marie, comme "nouvelle Eve"... » (CEC § 411). A nouveau, dans l'audience du 24/1/1996, le pape Jean-Paul II fit ce rappel : « A la lumière du Nouveau Testament et de la tradition de l'Église, nous savons que la femme nouvelle annoncée par le Protévangile est Marie, et nous reconnaissons dans son lignage (Gn 3, 15), son fils Jésus, qui triomphe dans le mystère de Pâques sur le pouvoir de Satan ». Jésus dit encore à Maria Valtorta : « Mais Marie n'était pas seulement la Pure, la nouvelle Eve récréée pour la joie de Dieu : c'était la Super Eve, le chef d'œuvre du Très-Haut, c'était la Pleine de Grâce, c'était la Mère du Verbe dans la pensée de Dieu » 7.9 . FOOTNOTES : Dans l'Evangile tel qu'il m'a été révélé , ce verset biblique est évoqué en particulier aux chapitres 5.14 ; 207.11 ; 262.9 ; 657.11 ; 420.11 ; 482.4 ; 528.8 et 620.6 , mais aussi dans Le livre d'Azarias , et dans les Leçons de l'Epitre de saint Paul aux romains . : Le triple péché d'Eve, c'est-à-dire : Désobéissance, Luxure, Orgueil. : Comme par exemple aux chapitres 7.9 ; 13.9 ; 207.11 ; 615.2 ; 620.6 et surtout 606.
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Le Protévangile
La présentation de Marie au Temple
Il semble que le plus ancien document connu mentionnant la présentation de Marie au Temple, à l'âge de trois ans, soit le protévangile de Jacques , un apocryphe de la fin du 1er siècle ou du tout début du 2e siècle. Il existe de multiples manuscrits anciens de cet ouvrage, dans des versions en grec, syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux-slave, arabe, copte, sans compter les versions latines. De nombreux Pères de l'Église l'ont signalé comme digne d'intérêt , du moins dans ses premiers chapitres. Deux autres ouvrages anciens évoquent aussi l'enfance et la jeunesse de Marie : l'évangile apocryphe du pseudo-Matthieu , et l'Evangelium de Nativitate sanctae Mariae . Les Pères de l'Église n'ont pas dédaigné ces livres, tout en sachant bien avant nous qu'ils ne sont pas canoniques. Ils ont simplement su admirablement ne pas prêter attention aux éventuels détails puérils, risibles ou même choquants qu'ils contiennent parfois. C'est sur la foi de ces écrits mais aussi des transmissions ou traditions orales que la plupart des Pères de l'Église et des écrivains, entre les 4e et 9e siècles, ont considéré cette présence de Marie au Temple comme un fait bien établi. Par exemple saint Grégoire de Nysse résume ainsi le protévangile : « le père de cette sainte Vierge était un Israélite d'une piété insigne, qui avait une femme stérile, laquelle, à cause de sa stérilité, ne pouvant avoir part aux prérogatives des femmes qui avaient eu des enfants, demanda à Dieu qu'il lui plût de bénir son mariage, et en même temps lui voua le fruit qu'elle mettrait au monde. Dieu lui accorda la Vierge Marie, qui fut élevée au Temple, jusqu'au temps qu'on la donna à Joseph pour être le gardien de sa virginité ». Plus tard, saint Jean Damascène se réfère sans doute lui aussi au protévangile de Jacques quand il écrit : « Quand elle eut été amenée devant le Temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d'étonnement toute l'assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l'admiration ». Personne, jusqu'à la fin du 16e siècle ne semble avoir nié ni même mis en doute cet épisode de la vie de la Vierge Marie, qui fut parfois contesté ensuite, et ceci jusqu'à nos jours. On ne s'étonnera donc pas de trouver à plusieurs reprises dans l'œuvre de Maria Valtorta l'évocation du séjour de Marie au Temple . Cependant, tout en restant globalement compatible avec le récit du protévangile, son texte présente de nombreux détails originaux qui permettent de supposer que les apocryphes n'ont pas été sa source d'inspiration. Conformément à leur vœu, Anne et de Joachim confient la petite Marie au Temple à l'occasion de son troisième anniversaire , donc durant l'automne -18 . L'heure de la douloureuse séparation venue, Joachim peut murmurer dans un soupir : « nous ne trouverons pas une autre offrande pour racheter celle-là » 8.2 car la possibilité du rachat des vœux était effectivement une disposition prévue par la Loi . Elisabeth et Zacharie accompagnent les vieux parents, et tentent de les réconforter : « La prophétesse Anne aura grand soin de cette fleur de David et d'Aaron » 8.3 déclareZacharie . Puis il constate : « En ce moment, c'est l'unique lys de sa descendance sainte que David ait au Temple . C'est d'une vierge de la race de David que sortira le Messie » 8.3 . Sans doute fait-il alors allusion à Isaïe (Is 7,13-14), qui, prophétisant qu'une vierge enfantera un fils, commence en effet par ces mots : « Ecoutez donc, Maison de David ! » Zacharie continue à rassurer ses cousins : « Je suis prêtre et j'ai mes entrées. J'en profiterai pour cet ange. Et Elisabeth viendra souvent la voir » 8.3 . Demeurant à Hébron, ils pourront en effet venir plus facilement que Joachim et Anne qui vivent à Nazareth. « Nous somme exactement entre la troisième et la sixième heure... Ce serait le moment d'y aller » 8.4 ajoute-t-il. Cette remarque aussi est pertinente, puisque la bible confirme que c'est au milieu de la matinée qu'avait lieu l'offrande matinale (Selon Ex 29, 38-39 ; Ex 30, 7 ou Nb 28, 3-4). Tandis que le groupe s'avance, Maria Valtorta observe les alentours : « Les voilà au pied d'un vaste cube de marbre couronné d'or (...) l'escalier monumental qui conduit au Temple (...) la gigantesque porte de bronze et d'or » 8.5 . Ceci est conforme aux descriptions transmises par l'historien Flavius Josèphe : le Temple avait la forme d'un vaste cube, auquel on accédait par un escalier monumental de quinze marches circulaires. Il était entouré à son sommet de pointes d'or pour éloigner les colombes ou les pigeons. Pourtant dans cette description un détail nous surprend : « Chaque coupole convexe qui ressemble à une moitié d'une énorme orange resplendit au soleil » 8.5 . En effet aucune des plus récentes maquettes du Temple ne laisse apparaître de coupoles d'or. Maria Valtorta aurait-elle rêvé ? Il ne semble pas, à lire ce témoignage de Maïmonide : « A droite du Temple, un grand pavillon, la Maison du Feu est reconnaissable au dôme qui le coiffe ». L'arrivée du Grand-Prêtre, venu en personne accueillir Marie sur le parvis du Temple, est une nouvelle occasion d'apprécier le soin extrême avec lequel Maria Valtorta décrit ce qu'elle observe. Elle en détaille minutieusement les vêtements, en conformité avec les différentes sources historiques. Mais l'absence de tout terme spécifique (tels que tiare, rational, pectoral ou éphod) semble un indice qu'elle n'a pas puisé ses informations dans la bible (Par exemple dans Ex 28). Marie « se sépare de son père et de sa mère et elle monte, comme fascinée elle gravit les marches » 8.6 . L'évangile apocryphe du pseudo-Matthieu indique même que Marie « gravit en courant les quinze marches du Temple ». Malgré son très jeune âge, le pontife l'interroge : « Marie de David, est-ce ton vœu ? Un "oui" argentin lui répond, il s'écrie : Entre, alors, marche en ma présence et sois parfaite » 8.6 , et Maria Valtorta observe : « Quelle hostie plus pure avait jamais vu le Temple ? » 8.6 . Ainsi commence le séjour de Marie au Temple . FOOTNOTES : On peut citer, entre autres, saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon ; Tertullien qui en cite un passage ; Origène qui s'y réfère explicitement dans le Commentaire de S. Matthieu ; Clément d'Alexandrie qui évoque « les traditions répandues sur le merveilleux enfantement de la Vierge » ; saint Eusthate d'Antioche (mort en 338) qui écrit « Elle est vraiment digne d'être parcourue, l'histoire qu'un certain Jacques raconte de la vierge Marie » ; puis encore saint Grégoire de Nysse ; saint Epiphane ; saint Sabas ; Romanus et de très nombreux autres saints au cours des siècles. : Egalement nommé Liber de ortu beatae Mariae et infantia Salvatoris et dont la date n'est pas exactement connue. Saint Epiphane (4e siècle) en parle sans le condamner ( Heresia 59 ), de même que Saint Grégoire de Nysse, ce qui fait dire à Baronius qu'il n'est pas à dédaigner ( Apparatus ad Annales 46 ). : Cet ouvrage est daté de la fin du 5e siècle, mais selon Dom Calmet il aurait pu être composé par Séleucus, auteur du second siècle. Il traite à peu près du même sujet que les précédents, mais de façon plus brève (il s'achève à Noël). Jacques de Voragine l'incorpora presque intégralement dans sa Légende dorée (vers 1265). : Saint Grégoire de Nysse (né vers 335, mort après 394) cité par Dom Calmet. : Saint Jean Damascène (676-749), Première homélie pour la nativité de la Vierge Marie . : Comme par exemple quand Jésus, évoquant la prime enfance de Marie, déclare : « Elle n'avait pas encore trois ans car elle n'était pas encore au Temple » 196.3 . : On peut noter que c'est justement à partir de l'âge de trois ans que, selon la loi rabbinique, une fillette devenait « ketannah », c'est-à-dire « petite » ou « mineure ». (selon Judaïc Encyclopedia 1901-1906). Sainte C. Emmerich précise quant à elle que Marie avait tout juste trois ans et trois mois lorsqu'elle fut conduite au Temple. : Marie étant née le 8 sept. -21, soit le 10 tishri 3741 d'Israël, son 3ème anniversaire, le 10 tishri 3744 correspond théoriquement au lundi 5 octobre -18 julien. La tradition orientale fixe au 21 novembre la présentation au Temple depuis (au moins) le 6e siècle. Le récit de Maria Valtorta est compatible avec cette date, qui fut retenue aussi par Grégoire XI en 1372, puis rendue obligatoire dans toute l'Eglise par Sixte V en 1585. : En application de Lévitique 27,1-8, Joachim aurait pu racheter l'offrande de Marie en versant trente sicles au Temple. : La présence, ce jour là, de Zacharie, prêtre du Temple en exercice, est mentionnée par saint Germain de Constantinople et par saint Georges de Nicomédie, et leur témoignage est confirmé par plusieurs autres écrivains ecclésiastiques. : C'est aussi ce qu'affirme Marie d'Agréda : Anne de Phanuél fut une des maitresses de Marie au Temple. ( Vie divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. 8 par V. Viala 1916 éd. Téqui p 53). : Maïmonide, Lois de la maison d'élection , Chap. 5, 10. Moïse Maïmonide (1138-1204) fut un célèbre philosophe juif, commentateur de la Mishna. : Ces termes apparaissent ultérieurement à plusieurs reprises dans l'œuvre, mais alors, ils sont « prononcés » par Jésus. : Notons que dans le Coran, Surate 3 Al' Imram , v 37, le séjour de Marie au Temple est également évoqué.
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Le Protévangile
Joachim et Anne viennent prier au Temple
Nous retrouvons Joachim et Anne venus prier au Temple, comme ils l'avaient prévu, à l'occasion de la fête des Tabernacles . Maria Valtorta nous décrit en détail les « tentes de laine brute, certainement imperméable, étendues sur des pieux fixés au sol et, attachés aux pieux, des branches vertes qui y font une fraîche décoration » 3.2 . Mais lorsqu'elle reçoit cette vision, en août 1944, elle semble découvrir ce lieu « hors des murs de Jérusalem, sur les collines et au milieu des oliviers » 3.2 , et ignorer la raison de « ce campement étrange ». La nuit tombe, sereine. Maria observe « la grande Ourse et la petite avec leur forme de char, dont le timon reste attaché au sol » 3.2 . Un homme dit « Un bel octobre, comme on en voit rarement ! » 3.2 . Anne toujours nostalgique à la vue des bambins qui l'entourent, dit son espoir à Joachim : « Cette nuit, j'ai rêvé que l'an prochain je viendrai à la cité sainte pour deux fêtes au lieu d'une seule. Et l'une sera la présentation au Temple de ma créature… Oh ! Joachim ! » 3.4 . Et Joachim l'encourage : « Demain, c'est le dernier jour de supplication. Déjà toutes les offrandes ont été faites, mais nous les renouvellerons encore demain, solennellement » 3.4 . Il pourrait sembler licite de ne voir dans cette évocation qu'une charmante fiction poétique, si elle ne comportait les détails significatifs que je viens de souligner. Mais qui pourrait imaginer, de prime abord, qu'ils permettent de dater cette scène au jour près ? Ceci mérite de plus amples explications : Soukkot , appelée également fête des Tentes ou fête des Tabernacles est une des trois plus anciennes fêtes liées au cycle saisonnier en terre d'Israël. Chaque famille venait en pèlerinage au Temple, et construisait une cabane (ou sukkha ) faite de quatre sortes de branches liées entre elles. La fête se déroulait (et se déroule encore) en fin d'été, du 15 au 21 Tishri, c'est-à-dire juste après la pleine lune. Le septième jour de Soukkot s'appelle Hochaana Rabba . Il est marqué par des prières de supplications particulières dans lesquelles on implore Dieu de nous juger favorablement. En l'an -22, l'astronomie nous enseigne que la pleine lune eut lieu le 24/25 septembre (julien). L'avant dernier jour de la fête s'en déduit : c'est le 5 des nones d'octobre du calendrier romain . « La nuit fourmille de plus en plus d'étoiles » 3.4 peut remarquer Maria Valtorta, car la soirée est effectivement sans lune, celle-ci ne se levant cette nuit là qu'après minuit. Notons aussi que la position de la Grande Ourse, avec son timon près de l'horizon, est caractéristique des débuts de soirées uniquement entre mi-septembre et mi-octobre ! Quant au lieu où se déroule cette séquence, c'est le camp des galiléens , situé au Nord Est du Temple, sur le mont des Oliviers . C'était le lieu de rassemblement des galiléens lors des pèlerinages à Jérusalem, comme Maria Valtorta en aura la confirmation plus tard, dans la vision du 18 septembre 1944 (voir MV 279.1). * Dans une dictée , Jésus fait ensuite l'éloge de ses grands parents et, à la lumière des Écritures, en brosse leur portrait. « Anne d'Aaron était la femme courageuse dont parle notre aïeul. Et Joachim, descendant du roi David, n'avait pas tant recherché la grâce et la richesse que la vertu » 3.5 . Ainsi est affirmée la descendance davidique de Marie. Ce fait est parfois contesté de nos jours, et nous le réexaminerons bientôt. Le lecteur attentif et curieux ne découvrira pas moins de huit allusions au Livre de la Sagesse et aux Proverbes dans cette brève dictée , où il est dit aussi : « Anne, désormais une vieille femme, épouse de Joachim depuis tant de lustres » 3.7 . Or la tradition quasi unanime rapporte qu'en effet Anne était mariée depuis plus de vingt ans, (soit quatre lustres) et qu'elle eut Marie dans sa vieillesse . FOOTNOTES : Soit le lundi 1er octobre -22 (en grégorien). Par la suite , sauf mention contraire, toutes les dates sont indiquées selon le calendrier grégorien . : A savoir : Sagesse 8,2.9.10.13 ; Proverbes 5,18-19 ; 31, 10.27-28. : Voir aussi http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2001/01-004.htm P. V. Charland, Les trois légendes de Madame Saincte Anne vol 1, 1898, p 11.
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Le Protévangile
Marie, de la race de David
Pour Maria Valtorta, il ne fait aucun doute que Marie descendait de David par son père Joachim. Il y en a de multiples allusions disséminées ça et là dans son texte. A commencer par cette affirmation solennelle de Jésus : « Pourquoi murmurez-vous entre vous ? Oui, je suis le Fils de Marie de Nazareth, fille de Joachim de la race de David, vierge consacrée au Temple, et puis épousée par Joseph de Jacob, de la race de David. Vous avez connu, beaucoup d'entre vous, les justes qui donnèrent la vie à Joseph, menuisier de race royale, et à Marie, vierge héritière de souche royale » 354.12 . Ailleurs Jésus commente Isaïe 11,1 : « Un germe sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui se reposera l'Esprit du Seigneur. Cette Femme. Ma Mère. Scribe, pour l'honneur de ta science, rappelle-toi et comprends les paroles du Livre » 525.8 . Et lorsqu'à Sychar, on L'interroge sur son lieu de naissance, Il déclare : « A Bethléem Ephrata, de Marie de la race de David, par l'opération d'une conception spirituelle. Veuillez le croire » 144.3 . Il serait aisé de multiplier ce genre d'exemples tirés de l'œuvre, mais comme l'appartenance de Marie à la race de David a parfois été mise en doute durant les deux ou trois derniers siècles, il n'est peut-être pas inutile de rappeler quelques données justifiant cette croyance antique, à commencer par les Saintes Écritures. J'ai déjà mentionné la prophétie d'Isaïe(Is 7,13-14)annonçant la conception virginale du Messie. Cette prophétie, le prêtre Zacharie, père de Jean Baptiste, ne pouvait l'ignorer. Dès lors qu'il reconnait que Marie porte le Messie, il reconnaît ipso facto que Marie est la Vierge prédite. Or il s'écrie : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple, et nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur »(Lc 1,67-69). C'est donc qu'il savait parfaitement que Marie descendait de David ! Notons aussi que l'affirmation de Gabriel : « le Seigneur lui donnera le trône de David son père » (Lc 1,32)n'ayant son accomplissement qu'en Marie et par Marie, ceci implique qu'elle soit de la lignée de David . C'est d'ailleurs ce qu'affirme saint Paul parlant de Jésus « issu de la lignée de David selon la chair » (Ro 1, 3). Avant même la fin du premier siècle, saint Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Ephésiens leur rappelle que Jésus « a été conçu de Marie, du sang de David, par l'opération du Saint Esprit... ». Ailleurs il confirme encore : « Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race de David selon la chair »(CEC § 496). Quelques années plus tard, saint Justin écrit pour sa part : « il était né d'une vierge qui descendait de David » . Et selon l'Évangile apocryphe de l'Annuaire de Marie 1882, p 358-359). De même saint Jérôme qui commente Isaïe 11 : « Il sortira un rejeton du tronc de Jessé (...) pour dénoter que l'auguste Marie devait naître de la race de David ... » la Nativité de Sainte Marie (au chap. 1): « La bienheureuse et glorieuse Marie toujours vierge, de la race royale et de la famille de David, naquit dans la ville de Nazareth, et fut élevée à Jérusalem, dans le Temple du Seigneur ». Saint Augustin s'opposa vigoureusement au manichéen Fauste, qui prétendait que Marie n'était pas de la maison de David. « On ne peut point douter que la Vierge ne fut véritablement de la race de David, puisqu'elle seule a eu part à la génération de Jésus Christ qui en était certainement selon l'Écriture » . Et il s'appuie sur l'épitre aux hébreux (He 7, 13-14)pour nier que Joachim ait pu être descendant d'Aaron. Ailleurs il affirme encore : « Puisque le même évangéliste nous dit que l'époux de Marie était Joseph, que la mère du Christ était vierge, et que le Christ est de la descendance de David, que reste-t-il à croire, sinon que Marie n'était pas étrangère à la parenté de David ». Et l'on pourrait ajouter bien d'autres témoignages, comme ceux de saint Epiphane, de saint Jérôme , de saint André de Crète ou de Bède le Vénérable et de tant d'autres, qui ont permis au pape Jean-Paul II de clore espérons-le définitivement ce débat, en affirmant solennellement : « L'Église professe donc et proclame que Jésus-Christ a été conçu et mis au monde, par une fille d'Adam, de la descendance d'Abraham et de David : la Vierge Marie ». Une dernière remarque sur ce sujet : si la descendance davidique de Jésus, telle que l'exposent Matthieu et Luc, était sans fondement, peut-on imaginer que les premiers chrétiens d'origine juive l'auraient prise ainsi au sérieux ? Et encore plus, peut-on imaginer que les membres du Sanhédrin, qui eurent un accès direct aux archives du Temple jusqu'en 70, n'eussent point réfuté cette filiation si elle leur était apparue contestable ? FOOTNOTES : Cette interprétation du texte d'Isaïe est « conforme à l'opinion commune des Pères », selon le père Carlo Passaglia, qui au 19e siècle cita une cinquantaine de témoignages des Pères. (cité par G. Roschini La Vierge Marie dans l'œuvre de M Valtorta , p 103). Saint Pierre Damien, docteur de l'Eglise, affirmait déjà : « La sainte Vierge, signifiée par la verge d'Isaïe, met véritablement en fuite tous les ennemis qui voudraient rendre nuls les fruits de la Rédemption » (cité par M Menghi-D'Arville, (suite page suivante...) : Joseph ne confère en effet à son fils que le titre « légal » de fils de David. : Dialogue avec Tryphon 99 C 2. : St Augustin. In Fauste L 23 c. 4. : St Jérôme, cité par St Thomas d'Aquin ( Somme Théologique III,28, art. 1, sol. 2) déclara « Marie et Joseph étaient de la même tribu ». : Jean-Paul II, Audience générale , mercredi 28 janvier 1987, § 1.
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Le Protévangile
La cérémonie de la purification d'Anne
« Et quand les jours furent accomplis, Anne fut purifiée » dit le protévangile de Jacques . Selon la Loi, inscrite au chapitre 12 du Lévitique , une femme qui avait donné naissance à un enfant était considérée comme impure. Après 40 jours pour un garçon et 80 jours pour une fille, la mère devait apporter deux offrandes au Temple : un agneau comme sacrifice de remerciement, et une jeune colombe ou tourterelle comme sacrifice expiatoire. C'est donc un peu avant la fin novembre -21 que Joachim et Anne se rendirent au Temple, accompagnés de Zacharie et d'Elisabeth, pour y accomplir le rite prescrit. Maria Valtorta décrit « une belle mais froide journée de plein hiver » 6.1 . Cette imprécision résulte d'une impression personnelle de l'auteure, et montre qu'elle ne s'inspirait surement pas des données bibliques pour renforcer la crédibilité de son récit, comme serait tenté de le faire un romancier. C'est la première fois qu'il est question dans l'œuvre de Zacharie et d'Elisabeth, les futurs parents de Jean Baptiste. Aussi la remarque de Maria Valtorta : « Zacharie beaucoup plus jeune (…) qu'à la naissance du Baptiste, et en pleine force » 6.1 pourrait nous surprendre. C'est l'occasion de rappeler ici que Maria Valtorta ne reçut pas toutes ses visions selon un ordre chronologique. Par exemple cette vision, du 28 août 1944, est de cinq mois postérieure à celle de la visite de la Vierge Marie chez Elisabeth à Hébron, reçue le 1er avril 1944. Pourtant, remises dans l'ordre, toutes les visions s'avèrent parfaitement cohérentes entre elles. Dans le compte-rendu que Maria Valtorta nous fournit de cette cérémonie, plusieurs détails méritent d'être soulignés. Tout d'abord la description du Temple, conforme à ce qu'on en connaît par l'histoire, avec ses cours, ses portiques et ses « entrées magnifiquement travaillées, de marbre, bronze et or » 6.3. Maria Valtorta admire particulièrement « la belle porte de Nicanore, tout un travail de broderie en bronze massif laminé d'argent » 6.3 . En effet, ces portes en bronze, rapportées d'Alexandrie par Nicanor, furent laissée en l'état (« leur bronze brillait comme l'or ! ») lorsque « plus tard » toutes les autres portes du Temple furent garnies d'or et d'argent . L'histoire ne nous révèle pas quand furent précisément installées ces portes. Selon Maria Valtorta, elles étaient donc déjà en place en -21, juste à l'époque où Hérode le Grand allait décider « d'agrandir l'enceinte et augmenter la hauteur de l'édifice pour le rendre plus imposant » . Maria Valtorta voit aussi parfaitement « les choses apportées : ...deux colombes dans une cage d'osier et deux grosses pièces d'argent... Joachim entre derrière sa femme, tirant à reculons un malheureux agneau qui bêle » 6.3 . ce qui est conforme à l'offrande légale. La voyante s'étonne de la grosseur des pièces de monnaie et émet ce commentaire typiquement féminin : « deux grosses pièces d'argent : certaines pièces de monnaies tellement lourdes qu'heureusement qu'à cette époque il n'y avait pas de poches, elles les auraient défoncées ». Mais il suffit de se souvenir que la monnaie d'argent utilisée dans l'enceinte du Temple, à cette époque, était le sicle de Tyr, pesant environ 14 g, pour apprécier la pertinence de cette remarque. La présence au Temple, en -21, de la prophétesse Anne ne saurait surprendre, puisque selon Luc, elle participait au culte du Temple « nuit et jour » (Lc 2,36-38). L'explication de cette présence, telle que nous la donne Maria Valtorta, pourrait rassurer certains exégètes qui mettent en doute le récit de Luc, estimant que les femmes ne pouvaient rester au Temple la nuit... « Voici (une autre) Anne qui arrive. Ce sera une de ses maîtresses : Anne de Phanuel de la tribu d'Azer. Viens, femme, cet enfant on l'offre au Temple, tu seras sa maîtresse et sous ta garde elle croîtra en sainteté ». Si Anne était la maîtresse des jeunes vierges du Temple, comme l'indiquent Maria Valtorta et avant elle Marie d'Agreda, tout devient limpide ! Maria Valtorta précise encore: « Anne de Phanuel, déjà toute blanche », ce qui reste logique pour une femme déjà âgée de 68 ans, puisque l'évangéliste Luc indique qu'elle avait 84 ans à la naissance de Jésus. « Dans trois ans, tu seras là aussi, mon Lys » promet la maman Anne à son bébé Marie, à la fin de la cérémonie de purification 6.5 . Elle renouvelle ainsi le vœu fait quelques mois plus tôt à Nazareth : « lorsqu'elle aura fait notre joie pendant trois années, nous donnerons notre créature au Seigneur » 4.4 . FOOTNOTES : D'après le Talmud Yoma, 38, 1 et Flavius Joseph Guerres juives Livre V, 5, 3. : Les historiens place cette décision vers l'automne -20, en confrontant Flavius Josèphe Antiquités judaïques , XV, 11, 1 avec Dion Cassius Histoire romaine LIV,7,4-6 ; Suétone, Auguste , III, 9 ; et Tacite, Annales , II, 13.
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Le Protévangile
La mort de Joachim et d'Anne
Le silence des évangiles sur les parents de la Vierge peut être comparé à celui qui concerne Joseph dès que commence la vie publique de Jésus. En effet le silence sur Joseph ne se conçoit qu'en admettant sa mort juste avant le début de la vie publique de Jésus. De même l'absence de la moindre allusion à Joachim ou à Anne lors du mariage de Marie, de l'Annonciation ou de la naissance de Jésus ne se conçoit que s'ils étaient déjà disparus. Peut-on imaginer que Marie, après la visite de l'ange, ait pu ne pas laisser aussitôt apparaître son émotion à sa mère, si celle-ci avait été encore en vie, tandis que son souci immédiat fut de courir au loin chez sa cousine Elisabeth ? Ainsi s'impose logiquement que Marie devait déjà être orpheline au temps de son mariage. Et c'est en effet ce que confirment Jésus, Marie et même Joseph à diverses reprises dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé . Ayant tout au plus douze ans, Marie confie à Anne de Phanuel : « Je n'ai plus de père, ni de mère… et il n'y a que l'Éternel qui sache en quelle douleur s'est consumé ce que j'avais d'humain. ( … ) Mes parents étaient deux justes (...) je les vois dans le repos, auprès des Patriarches ... » 10.4 . Puis lorsque le Grand-Prêtre l'interroge en vue de préparer son mariage, elle lui répond : « Prêtre. Mais dis-moi comment je dois agir… Je n'ai plus ni père, ni mère. Toi, sois mon guide » 11.5 . De même en décembre -7, alors qu'il vient d'être choisi comme époux de Marie, Joseph se remémore avec elle le souvenir de ses parents disparus : « Heureux et vieux père qui mourut en parlant de sa Marie (...) La mort des tiens (...) J'ai enseveli ton père (...) La maladie de ton père... » 12.6 . Et il ajoute : « Il y a plus de trois printemps que les arbres et les vignes n'ont pas vu le sécateur du jardinier ... » 12.6 indiquant ainsi que Joachim est sans doute décédé durant l'hiver -11/-10. Et quelques trente ans plus tard, Jésus confirme à nouveau ces faits, lorsqu'Il se présente pour la première fois au magistrat du Temple qui lui demande son nom. « Jésus de Joseph de Nazareth de Jacob de la race de David, et de Marie de Joachim de la race de David et de Anne d'Aaron, Marie, la Vierge dont le mariage a été célébré au Temple, parce qu'elle était orpheline, par le Grand Prêtre, selon la Loi d'Israël » 68.2 . Cette affirmation de la mort des grands parents de Jésus avant le mariage de sa Sainte Mère trouve plusieurs échos dans la tradition. Déjà au début du 6e siècle, Epiphane de Constantinople le confirme comme un fait bien établi, en ces termes : « Alors qu'elle était au Temple, elle fut orpheline de ses parents ». Puis Georges Cedremus, au 11e siècle donne cette précision : « Joachim et Anne étaient morts lorsque Marie eut onze ans ». Ceci est également indiqué par Marie d'Agreda, qui situe la mort de Joachim six mois après l'admission de Marie au Temple, et celle d'Anne douze ans après la naissance de Marie. Le père Croiset affirme pour sa part qu'« il y avait huit ou neuf ans que la Sainte Vierge était dans sa retraite (...) lorsqu'elle perdit son père saint Joachim, et peu après sainte Anne sa mère ». C'est précisément ce qui ressort également du récit de Maria Valtorta. Or établir que Marie fut orpheline tandis qu'elle vivait encore au Temple ne relève pas simplement de l'anecdote, mais apporte un argument supplémentaire pour justifier les traditions relatives au mariage de Marie et Joseph au Temple, comme nous allons le voir maintenant... FOOTNOTES : Dans Vita B. Virg . vers 520, il écrivait : « Dum in templo esset, orbata parentibus est » . : Il précise même que « Joachim mourut octogénaire » ( Joachim octogenarius decessit ) dans Compendium Historiarum t. 1, p. 327, dans le Corpus script. Hist. Byzant . éd. Niebuhr, 1828, t. xxiv-xxv. : Jean Croiset, La vie de la Très-Sainte Vierge Marie , 1783 chap.13 page 48. (inclus dans Exercices de piété tome 18). Il n'indique pas ses sources.
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Le Protévangile
Le choix d'un époux pour Marie, l'orpheline héritière
Ses parents décédèrent donc pendant que Marie était encore au Temple. A la fin de l'automne de l'an -7, Marie vient d'avoir quatorze ans . Le Grand-Prêtre la convoque. « … n'es-tu pas la petite qui, il y a maintenant douze hivers, est venue me demander d'entrer ? » lui demande-t-il. En effet, à cette date, Siméon Boéthos est encore en poste, mais pour fort peu de temps . Et il ajoute « Tu n'es plus une fillette désormais, mais une femme . Et chaque femme en Israël doit être épouse pour porter son fils au Seigneur.Tu suivras le commandement de la Loi. Ne crains pas, ne rougis pas. J'ai présent à l'esprit ta descendance royale. Déjà te protège la Loi qui ordonne qu'à chaque homme soit donné une femme de sa race » 11.3 . En fait, les mariages hors de la tribu quoique rares, restaient licites, du moins s'agissant de la tribu sacerdotale de Lévi. La bible donne l'exemple d'Aaron, le frère de Moïse, qui était marié à une fille de la maison de Juda(Ex 6,23). Rien ne s'oppose donc par exemple à ce que Joachim de David par Nathan, ait épousé Anne de Lévi par Aaron. C'est d'ailleurs en se référant à la légalité des mariages hors de la tribu que plusieurs biblistes ont cru pouvoir affirmer que seul Joseph était de la maison de David, et non Marie. Mais nous allons voir bientôt qu'en ce qui concerne Marie, l'affirmation du Grand-Prêtre se trouve pleinement justifiée... Maria Valtorta remarque : « Marie lève un visage tout rouge de pudeur » ce qui est tout à fait conforme au témoignage de saint Ambroise selon lequel la Vierge Marie était timide et rougissait aisément . Répondant aux interrogations du Grand-Prêtre, Marie lui expose avec sincérité son désir de virginité perpétuelle, puis elle conclut : « Maintenant j'obéis, Prêtre. Mais dis-moi comment je dois agir… Je n'ai plus ni père, ni mère. Toi, sois mon guide » 11.5 . Cette humble requête apporte une justification, semble-t-il inédite, aux traditions qui font du Grand-Prêtre l'organisateur du mariage de la Sainte Vierge. En effet un commentaire assez peu évoqué de la Loi précise : « Celui qui garde un orphelin dans sa maison est considéré comme le père de l'orphelin » (Talmud, Sanhedrin 19b). C'est dont légalement et tout naturellement le Grand-Prêtre qui doit prendre en charge les préparatifs. Il convoque tous les prétendants possibles de la tribu de David pour la fête de la Dédicace , qui aura lieu dans un mois environ. Nous retrouvons dans le récit de Maria Valtorta la trame générale transmise par la tradition. Mais les détails originaux que comporte son texte empruntent d'avantage au récit historique qu'à la pieuse légende. Renouvelant donc l'antique épreuve du bâton d'Aaron (Nb 17, 16-20),le Grand-Prêtre demande à chaque prétendant d'apporter une branche d'amandier . Entouré de nombreux témoins, le pontife leur annonce le miracle : « Il a fleuri miraculeusement, alors qu'aucun rameau sur la terre n'est fleuri en ce moment, dernier jour de l'Encénie, bien que la neige tombée ne soit pas encore disparue sur les hauteurs de Juda » 12.4 . Ceci permet de dater avec précision cette cérémonie au 24 décembre -7 (julien) . Quand ensuite « Joseph de Jacob , de Bethléem de la tribu de David, charpentier à Nazareth de Galilée » 12.4 , l'heureux élu, dit à Marie : « En ce moment les jours allongent » 12.6 , c'est absolument exact puisque la veille, 23 décembre -7, c'était le solstice d'hiver ! Comment Maria Valtorta aurait-elle pu inventer cela ? Le Grand-Prêtre bénit les futurs époux : « que le Seigneur vous garde et vous bénisse, qu'Il vous montre sa face et ait pitié de vous, toujours. Qu'Il tourne vers vous son visage et vous donne la paix » 12.5 . Incidemment Maria Valtorta nous apprend que Joseph « est sur les trente ans » 12.2 . Laissés seuls, les promis font rapidement connaissance. Joseph explique à Marie qu'il était l'ami de Joachim et Anne et qu'il les assista dans leurs derniers jours. Il lui donne aussi quelques nouvelles de la parenté. Puis il lui confie « je suis naziréen et j'ai obéi à la convocation parce qu'elle émanait du Prêtre, non par désir du mariage » 12.6 . Il s'ensuit un très émouvant dialogue qui nous éclaire sur la chasteté des parents du Sauveur. Marie avoue à Joseph : « je me suis consacrée au Seigneur. Je sais que cela ne se fait pas en Israël ... » 12.7 . Joseph décide spontanément : « Moi aussi, j'unirai mon sacrifice au tien et par notre chasteté nous témoignerons tant d'amour à l'Éternel, tant d'amour que Lui donnera plus tôt le Sauveur à toute la terre » 12.7 . Enfin il promet de remettre la maison de Nazareth en état, avant que Marie ne vienne y vivre, quand viendra le printemps. Avant de clore ce chapitre, il nous reste encore à déterminer pourquoi le Grand Prêtre devait impérativement chercher pour Marie un époux dans la lignée de David ? Comme c'est si souvent le cas avec le texte de Maria Valtorta, l'explication décisive nous est fournie incidemment, beaucoup plus loin dans l'œuvre. Il faut se reporter au cours de la première année de la vie publique, en l'an 27. Alphée, l'oncle de Jésus est gravement malade. Aîné et chef de la famille, il n'a jamais vraiment admis le mariage de son cadet Joseph, et il ronchonne : « Ah ! malheur sur nous à partir du jour où mon faible frère s'est laissé unir à cette femme insipide et pourtant autoritaire, et qui a eu tout pouvoir sur lui. Je l'avais dit alors : Joseph n'est pas pour les noces. (...) Malédiction à la loi de l'orpheline héritière !. .. » 100.5 . La voici, la raison tant recherchée : en effet la loi établie par Moïse était formelle. « Si un homme meurt sans fils, c'est sa fille qui devient l'héritière »(Nombres 27, 8). Mais alors, et alors seulement, un autre article de la Loi spécifie que la fille doit impérativement se marier dans son propre clan, pour y maintenir le patrimoine(Nombres 36, 6-8). Le Grand-Prêtre ne pouvait l'ignorer. Marie, la vierge davidique, orpheline héritière, ne pouvait donc épouser qu'un descendant de David ! Maria Valtorta fournit ainsi un argument convaincant mais peut-être un peu oublié de nos jours, de cette filiation davidique de Marie, en mentionnant la loi de l'orpheline héritière. FOOTNOTES : Marie d'Agreda indique ce même âge pour « les fiançailles » avec Joseph, comme aussi l'apocryphe Evangile de la Nativité de Marie (chapitre VII). Evode ( apud Nicephor II,3) et saint Hippolyte ( Chronicon. I,47) estiment eux, que Marie avait alors 12 ans. Les rabbis reconnaissaient l'âge de la majorité pour les filles aux premiers signes de puberté (Mid 52a), et considéraient que ces signes apparaissaient, pour les filles, au début de leur 13e année. A cette date, elles devenaient « bogeret », et pouvait éventuellement se marier. : Il fut Grand-Prêtre entre -23 et -6. Puis Mattatiah ben Théophile lui succéda (Flavius Josèphe Antiquités juives XV et XVII). : Rapporté par J.-J. Bourassé Histoire de la Vierge Marie, Mère de Dieu, 1863 p 134. : St Jérôme en donne ce témoigne : « ils déposèrent dans le Temple 24 baguettes d'amandier et le lendemain celle du charpentier Joseph se trouva couverte de feuilles et de fleurs ... » : Miracle « confirmé » par Jésus lui-même, beaucoup plus loin dans l'œuvre : « un rameau coupé dans ce jardin en plein hiver et qui avait fleuri comme pour le printemps » 348.11 . : En décembre -7, la pleine lune eut lieu le 7 décembre (julien). Hannoukha , ou fête de la Dédicace ( Encénie en grec) commençant toujours le 25 Kisleu, ce fut donc cette année là le 17 décembre. La fête dure 8 jours. Le dernier jour était donc le 24 décembre -7 (soit le 2 Tébeth 3755 du calendrier juif). : Cette filiation de Joseph à Jacob est identique à celle de Mathieu 1,16. : Les familiers de la bible noteront que c''est justement la formule de la bénédiction sacerdotale dictée par Moïse (Nombres 6,24-26) ! : Il convient de remarquer ici que Maria Valtorta n'apporte aucun crédit à la « fable » colportée par Origène et reprise par saint Epiphane selon laquelle Joseph, déjà très âgé et veuf, aurait eu 4 fils et 2 filles d'un précédent mariage (Beaucoup pensent aujourd'hui que cette « fable » avait pour but de rendre plus facilement crédible pour leurs contemporains la chasteté des deux époux). D'ailleurs les noms des « fils » et « filles » mentionnés sont à l'évidence ceux des neveux, belle-sœur et belle-nièce de Joseph, donc de sa parenté (Jacques, Joseph, Simon, Jude, Salomé et Marie). Selon les visions de Marie d'Agreda ( la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie chap. 6) saint Joseph avait 33 ans lorsqu'il prit pour épouse la Vierge Marie. De nombreux archéologues (Allegranza, Bottari, De Rossi...) ont observé que dans les monuments des quatre premiers siècles, saint Joseph est représenté jeune encore, et presque sans barbe. Dans une dictée du 11 janvier 1944, Marie déclare ; « son âge qui était deux fois le mien », confirmant ainsi les trente ans de Joseph. : Terme appliqué aux hommes qui faisaient des vœux d'ascétisme selon Nombres 6, 1-27. Il en est plusieurs fois question dans l'œuvre. : La bible nous montre que pour la femme juive, la stérilité était considérée comme un malheur. Toutefois « Heureuse la femme stérile mais sans tâche ! Sa fécondité apparaîtra lors de la visite des âmes » prédit le Livre de la Sagesse 3, 13. : Voici enfin l'explication tant recherchée par les exégètes à l'interrogation de Marie durant l'Annonciation : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connaît pas d'homme ? » (Benoît XVI l'Enfance de Jésus , 2012 , p55-57 s'interroge longuement sans conclure).
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Le Protévangile
Le mariage de Marie au Temple
Nous retrouvons Marie au Temple, tandis qu'elle porte « ses vêtements d'épouse, parmi ses amies et ses maîtresses qui lui font fête » 13.1 . La cousine Elisabeth évoque le trousseau préparé par Anne, maintenant disparue. Les compagnes de Marie admirent particulièrement les colliers et les bracelets hérités de la par ton père, pour ton amour, pour te faire belle, comme il convient à une princesse de David » 13.3 . Marie confie : « En moins de deux mois… il En attendant l'arrivée de Joseph, grand-mère paternelle de Marie, et portant le sceau de Salomon , marque spécifique de la maison de David. « Aux heures mêmes de l'épreuve , ils furent sauvés est venu deux fois, et aujourd'hui, c'est pour la troisième fois…défiant pluies et vent… » 13.3 . Voici Joseph, en compagnie de Zacharie. « Dans ses mains, des bouquets de myrte en fleurs ». Elisabeth et les maitresses en font une guirlande, en alternance avec « de petites roses blanches » 13.3 . Ces détails et quelques autres permettent de situer la cérémonie vers la mi mars -6, la floraison du myrte commençant au printemps, tout comme celle des roses. « Joseph dit en s'écartant un peu avec Marie : j'ai pensé, ces temps-ci à ton vœu. Je t'ai dit que je le partage, mais plus j'y pense et plus je comprends que le naziréat temporaire, même renouvelé plusieurs fois , ne suffit pas. Je t'ai comprise, Marie. (...) Je ne connais pas les lettres et ne possède pas de trésor. Mais je mets à tes pieds, mon trésor. Pour toujours. Ma chasteté absolue pour être digne d'être près de toi, Vierge de Dieu » 13.5 . Ces paroles de Joseph font de leur désir individuel de chasteté un vœu de virginité en commun. C'est exactement conforme à ce que pressentit saint Thomas d'Aquin quand il affirma : « après ses fiançailles, en même temps que son époux et d'un commun accord, elle fit vœu de virginité ». Marie et Joseph se rendent ensuite dans une première salle où ils reçoivent, devant témoins, la bénédiction solennelle de leur union. Puis « ils vont dans une salle où est rédigéle contrat de mariage où il est dit que Marie, héritière de Joachim de David et d'Anne d'Aaron apporte en dot à son époux, sa maison avec les biens annexes, son trousseau personnel et d'autres biens qu'elle a hérité de son père » 13.6 . Et Maria Valtorta conclut : « Tout est fini. Les époux sortent dans la cour puis se dirigent vers la sortie près du quartier des femmes employées au Temple » 13.7 . Il aura fallu attendre plus de soixante ans après ce récit pour pouvoir lui trouver un fondement historique autre que celui des apocryphes, et ceci grâce à une étude du professeur Joseph Mélèze . Le papyrus d'Hérakléopolis, « la plainte de Philotas » (datant de -134 et publié en 2001) confirme en effet l'existence de deux cérémonies pour le mariage juif d'alors. Le qiddoushin (cérémonie de sanctification de la mariée, qui, par un contrat, la lie à son époux et la sépare de sa famille) et le nissou'in ( l'élévation , cérémonie d'admission dans la maison du mari, impliquant seulement à partir de ce moment la consommation du mariage). Un certain temps devait séparer ces deux cérémonies. C'est en effet ce que suggéraient les textes évangéliques de Luc(Lc 1,27)et de Matthieu(Mt 1,18)qui se trouvent ainsi eux aussi validés par cette nouvelle donnée historique. Mais que dire du récit de Maria Valtorta, qui décrit si précisément en 1944 une cérémonie (le qiddoushin ) dont le déroulement était peu connu , et dont l'existence n'était même pas formellement prouvée ! FOOTNOTES : Connu aussi comme étoile de David , hexagramme ou bouclier de David ( magen David ), l'usage de ce symbole est attesté par l'archéologie bien des siècles avant l'ère chrétienne. : L'épreuve quand furent dispersés les biens des héritiers de David sous Hérode le Grand, (vers -15/-10), mais peut-être aussi la maladie de Joachim, qui les obligea à vendre leurs biens. Ces deux épreuves sont évoquées plusieurs fois dans l'œuvre. : L'usage de couronnes de myrte et de rose pour les mariées est une antique coutume grecque. Elle fut adoptée par Israël. Ces couronnes étaient portées par les mariées peu fortunées, n'ayant pas de couronne en or. (Mischna Sotah chap. 9 sect 4, selon Orsini, La Vierge , Histoire de la mère de Dieu , 1837 page 575). : Le vœu de naziréat était en principe pris pour un an, mais pouvait être renouvelé. : J.-J. Bourassé, Histoire de la Vierge Marie 1862, p128, indique lui-aussi que « Joseph tira Marie à l'écart et lui dit secrètement une parole qui la fit tressaillir ». Mais il est tout à fait improbable que Maria Valtorta ait pu avoir eu connaissance de cet article qui confirme en quelque sorte sa vision ! : Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique , Partie III, Question 28, article 4. Déjà saint Augustin, De Incarnat . avait écrit : « Saint Joseph connaissait le vœu que Marie avait fait avant de l'épouser ; et il consentit à ce qu'elle l'observât ». : Joseph Mélèze-Modrzejewski, le Monde de la Bible, janv./fév. 2005, p 55. : Orsini, La Vierge , Histoire de la mère de Dieu 1838, évoque ces deux cérémonies de mariage de façon assez détaillée, mais n'indique pas ses sources.
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Le Protévangile
L'Annonciation
Un an exactement a passé depuis l'installation de Marie à Nazareth, et non pas deux mois, comme ont pu l'imaginer certains exégètes . Marie, « une très jeune adolescente - quinze ans au plus à la voir » 16.1 observe Maria Valtorta. Nous apprendrons des milliers de pages plus loin dans l'œuvre : « C'était un serein après-midi d'Adar 348.11 , ce qui permet de situer l'Annonciation entre le 7/2/-5, et le 6/3/-5 (par conversion du calendrier hébraïque pour le mois d'Adar). Or chaque année durant la vie publique de Jésus, Marie, pour l'anniversaire de l'Annonciation, décore sa maison avec des branches fleuries d'arbres fruitiers . Plusieurs détails chronologiques dans l'œuvre permettent de dater l'événement entre le 15 et le 21 Adar, c'est-à-dire, pour l'an -5, entre le 21 et le 25 février. Dans une dictée à Maria Valtorta, le 31 Janvier 1947, Jésus donne cette autre précision décisive : « Marie partit chez sa cousine pendant l'octave pascale (...) soit environ un mois après l'Annonciation ». La Pâque ayant eut lieu cette année là le 21 mars, ceci confirme parfaitement cette période du 21 au 25 février pour l'Annonciation . Cette date diffère légèrement de la date traditionnelle de l'Annonciation fixée par l'Église au 25 mars . Curieusement, deux documents très anciens sont considérés comme indiquant la naissance de Jésus au printemps. Le premier, écrit en 202 ou 204, mentionne un mercredi 2 avril . Le second, daté de 243, suggère également un mercredi, le V des calendes d'avril (soit le 28 mars) , et précise : « au jour où fut créé le soleil, en ce jour est né le Christ ». Ces deux textes pourraient-ils se référer non pas à la Nativité, mais bien plutôt au jour de l'Incarnation du Sauveur ? Ils ne pouvaient en effet être ignorés du pape Libère lorsqu'il fixa justement, à peine un siècle plus tard, la Nativité au 25 décembre, soit neuf mois après l'Annonciation ! Suivant en cela le texte de Luc (Lc 1,28), la plupart des commentateurs situent l'Annonciation dans la maison paternelle de Marie, à Nazareth, tout comme l'indique aussi le texte de Maria Valtorta. Marie travaille dans sa très modeste chambre. « Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, un peu moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau » 16.1 . On reverra souvent Marie au tissage et à ses travaux de couture, qu'elle a appris au Temple. Saint Epiphane nous apprend qu'elle excellait dans la broderie et dans l'art de travailler la laine et le lin : « son adresse sans égale à filer le lin de Péluse est encore traditionnelle dans l'Orient, et les chrétiens occidentaux, pour en perpétuer la mémoire, ont donné le nom de fil de la Vierge à ces réseaux éclatants de blancheur et d'une contexture presque vaporeuse qui planent sur le creux des vallons pendant les humides matinées d'automne ». Maria Valtorta poursuit le récit de cette céleste vision : « Marie se met à chanter à voix basse et puis elle élève un peu la voix. (...) Le chant se change en une prière : Seigneur, Dieu Très-Haut, ne tarde pas d'envoyer ton Serviteur pour apporter la paix sur la terre... » 16.2 . Voici bien un remarquable écho à un témoignage de saint Alphonse de Liguori : « Aussi, pendant que l'humble Vierge, retirée dans sa pauvre cellule, soupirait avec ardeur et original fut altéré pour indiquer le 25 décembre, et elle en déduisit que Jésus était « né » au printemps. Pourtant Hippolyte, au 3e siècle, aurait-il pu ignorer que le recensement ne pouvait pas, en Palestine, avoir lieu au moment de la Pâque ? suppliait Dieu d'envoyer le Messie, comme sainte Elisabeth , de l'ordre de saint Benoît, l'apprit par révélation ... » Dans un souffle d'air apparaît l'Archange Gabriel. A sa douce salutation, « Marie tressaille et baisse les yeux. Et elle tressaille davantage quand elle voit cette créature de lumière agenouillée à un mètre environ de distance d'elle . (... ) Elle devient pâle, puis rouge. Son visage exprime étonnement, effarement » 16.4 . C'est l'attitude que décrivait saint Bernard : « La Vierge est troublée mais elle n'est pas confondue. Elle garde le silence et se demande ce que veut dire cette salutation mystérieuse. Or se troubler est le propre de la pudeur, ne pas être confondue est le propre de la force, et se taire est le propre de la prudence ». La suite du dialogue transmis par Maria Valtorta est bien entendu conforme à ce que nous en connaissons par le témoignage de l'évangéliste Luc. Toutefois il comporte quelques éléments originaux qui le rendent à la fois vivant et hautement crédible, et mériterait d'être étudié par les exégètes . Le soir venu, Marie vaque à ses occupations domestiques. Son fiancé Joseph, comme chaque soir, vient lui rendre visite à la fin de sa longue journée de travail, pour s'assurer qu'elle ne manque de rien. Il lui rapporte de Cana « une grappe de raisin, un peu avancé mais bien conservé… il est bon, doux comme du miel » 18.3 . Marie l'informe de son intention : « Il est venu un messager, quelqu'un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller chez Elisabeth pour lui rendre service et lui dire que je me réjouis avec elle. Si tu le permets … » 18.5 . Joseph lui propose alors : « Je dois aller avant la Pâque à Jérusalem... Si tu attends quelques jours, je t'accompagnerai jusque là ... » 18.5 . Ceci est parfaitement compatible avec la chronologie indiquée ici, mais serait inconciliable avec l'Annonciation le 25 mars, puisqu'en -5 la Pâque fut célébrée à l'occasion de la pleine lune du jeudi 21 mars. Les mystiques C. Emmerich et M. d'Agreda ont vu elles aussi Joseph accompagner Marie dans son voyage . FOOTNOTES : Elisabeth, qui est restée quelque temps avec Marie, est maintenant enceinte depuis sept./oct. -6. Puisque Marie l'ignore encore, c'est à l'évidence qu'elle n'a pas vu sa cousine depuis plusieurs mois. : Luc (1, 26) écrit « le sixième mois » (après la conception de Jean-Baptiste lors de la fête des Tabernacles , le 15 Tishri), ce qui indique également Adar. : Voir par exemple MV 346.1. : Est-ce une coïncidence si, le 23 février -5, eut lieu dans le ciel nocturne un rapprochement remarquable (à 2,3°) entre la lune et Spica (étoile alpha de la constellation de la Vierge, et symbole pour les juifs du Messie attendu) ? Ce fut le seul rapprochement de ce type visible en l'an -5. : Marie d'Agreda donne aussi le 25 mars, en -5, mais elle dit que c'était un jeudi, ce qui est inexact. (Ses informations semblent ici doublement incompatibles, puisqu'elle donne la naissance de Marie en l'an -21 tout en indiquant qu'elle a 14 ans en -5 (elle a plus de 15 ans alors !). Catherine Emmerich fixe la date de l'Incarnation au 25 février, en pleine compatibilité avec ce que l'on peut déduire du texte de Maria Valtorta. : Hippolyte de Rome, Commentaire sur Daniel IV,23. (Il y eut un mercredi 2 avril, en l'an -2). Annie Jaubert, La Date de la cène, calendrier biblique et liturgie chrétienne , 1957, jugea que le texte (suite page suivante...) : Selon un passage du De Pascha Computus . (Il y eut un mercredi 28 mars en l'an -4). : F. E. Chassay Histoire de la Rédemption 1850, p 80. En MV 348.11, Jésus affirme, parlant de Marie : « elle filait un fil plus fin que l'un des cheveux de sa jeune chevelure ». : Sainte Élisabeth de Schönau, (1129-1164) visionnaire bénédictine allemande. : Saint Alphonse de Liguori Les gloires de Marie , Discours IV de l'Annonciation de Marie , 1ère partie. De même St Ambroise ( de Virg . lib. 2) écrivait : « L'Ange la trouva retirée dans sa chambre, occupée de Dieu ... » : Saint Bernard de Clairvaux, Homélie III Super Missus est . : Ainsi Gabriel dit : « ...Tu es bénie entre toutes les femmes » 16.4 . Ceci est conforme au texte original de la Vulgate (Lc 1,28), et au commentaire de l'Ave Maria par saint Thomas d'Aquin, ainsi qu'au texte des bibles anciennes (La bible d'Ostervald (1663-1747), celle de Tours (1866), etc.) Mais les bibles modernes n'attribuent plus cette parole qu'à Elisabeth (Lc 1,42). Maria Valtorta réconcilie les deux versions, car pour elle, L'Archange et la cousine ont tous deux prononcé cette expression biblique « bénie entre les femmes » (voir MV 21.5), que l'on retrouve dans Juges 5,24. : Ce détail et l'évocation de la pomme consommée quelques instants plus tôt par Marie lors de son frugal repas, sont plus compatibles avec la date du 25 février qu'avec celle du 25 mars. : Pour C. Emmerich, c'était juste avant la Pâque ( Vie de la sainte Vierge chap. XLI), et pour M. d'Agreda 4 jours après l'Annonciation ( Cité mystique de Dieu , Chap. III, La Visitation de Marie ).
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Seconde année de vie publique
La parabole du semeur
Avec les barques, ils ont vite atteint Bethsaïda, mais beaucoup les ont suivi, ce qui rend Pierre d'assez méchante humeur. Il avoue que lors des enseignements publics de Jésus, il est facilement distrait, et il espérait, chez lui, dans le calme, pouvoir mieux profiter des paroles de « son Jésus ». Ses compagnons confirment qu'il en est de même pour eux, et Jésus les rassure : « Quand j'ai parlé et que vous n'avez pu tout comprendre et retenir, demandez-moi sans craindre de paraître ennuyeux ou de me décourager. Nous avons toujours des heures d'intimité. Ouvrez-moi alors votre cœur. Je donne tant à tant de gens. Et que ne vous donnerais-je pas à vous... » 179.3 . Sortant de la maison de Pierre, et voyant la foule qui se presse alentour, Jésus décide de donner un nouvel enseignement. Ils redescendent vers la berge. « Pierre a soin d'éloigner la barque de quelques mètres de la rive de façon que tous puissent entendre la voix de Jésus, mais qu'il y ait un peu d'espace entre Lui et les auditeurs » 179.3 . Ce détail pratique, relevé par Maria Valtorta, est aussi évoqué par Matthieu et Marc. Les trois rencontres faites dans la matinée inspirent le thème de la parabole du semeur , que les évangélistes Matthieu, Marc et Luc rapportent (Mt 13, 3-9 ; Mc 4, 3-9 ; Lc 8, 5-8). Sitôt la parabole dite, Jésus accompagne le nouveau disciple à Corozaïn, pour prier avec lui devant le tombeau de son père. « J'ai connu Moi aussi cette douleur et j'ai vu pleurer ma Mère. Je te comprends donc bien » 179.7 . Cette démarche miséricordieuse, qui n'apparaît pas dans l'Évangile, attenue l'apparente rudesse de l'appel « laisse les morts ensevelir les morts ». Aux proches du nouveau disciple, Jésus déclare : « Que l'opinion du monde ne trouble pas la grâce de la vocation. Si le monde a pu s'étonner de ne pas le voir près du cercueil de son père, les anges ont exulté de le voir à côté du Messie. Soyez justes » 179.9 .
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Le Protévangile
La tradition du 25 décembre
Nous venons de voir, au début du précédent paragraphe, que Jésus Lui-même indique dans l'œuvre que sa naissance eut lieu le 25 du mois de Kislev. Il le réaffirme plus tard à Pierre : « Je suis l'Encénie Éternelle, Pierre. Sais-tu que je suis né justement le 25 du mois de Casleu ? » 132.7 . Or, durant la nuit de Noël, Maria Valtorta décrit une nuit de pleine lune : « La lune est au zénith (…) la lune rit au milieu avec sa figure toute blanche (…) Tu n'as jamais vu un clair de lune ? » 30.1 . Dans le calendrier luni-solaire hébraïque, les mois commencent à la nouvelle lune, et la pleine lune tombe donc proche du 15 de chaque mois et jamais, bien entendu, le 25 ! Y aurait-il une contradiction dans le texte de Maria Valtorta ? Voici qui motive un examen attentif... Durant les trois années de la Vie publique de Jésus, il est fait plusieurs fois allusion à l'anniversaire de sa naissance, et de nombreux détails chronologiques permettent de dater sans ambiguïté cet anniversaire au 12/13 Thevet, ce qui correspondait, en l'an -5, à la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre, qui fut effectivement une nuit de pleine lune . Or Jean Aulagnier , s'appuyant sur l'étude d'Annie Jaubert sur les manuscrits de Qumran et le calendrier des Jubilés (ou calendrier de Moïse), a pu montrer que cette date du 11 décembre -5 correspondait au mercredi 25 Cisleu (9e mois) du calendrier des Jubilés. Si l'interprétation messianique de la prophétie d'Aggée(Ag 2,18-19)est justifiée, la naissance du Christ « le vingt-cinq du neuvième mois, Kislev » l'est tout autant. Et il y aurait donc un symbolisme fort entre : la Dédicace du Temple par Judas Maccabée (1 M 4,52-59)en -148 ; Hanoukha, le 25 Kislev du calendrier des Jubilés ; et la naissance de Jésus, le vrai Temple ce même 25 Kislev . Non seulement les indications fournies par Maria Valtorta ne se contredisent pas, mais en plus elles pourraient apporter un argument inédit pour légitimer a posteriori le choix de la date traditionnelle du 25 décembre ! Ce serait le pape Jules 1er qui, à la demande de Cyrille de Jérusalem, aurait confirmé en 336, à partir de documents romains, la naissance de Jésus un 25 décembre . Puis le pape Libère, en 354, parait avoir institué officiellement la fête de la Nativité le 25 décembre . Trois décennies plus tard, en 385, saint Jean-Chrysostome, à la suite d'une brillante démonstration basée sur la conception du Baptiste, concluait lui aussi que Jésus était né durant le mois de décembre . « Pour nous », écrivit saint Augustin, « ce jour est sacré, non à cause du soleil visible, mais par la naissance de l'invisible Créateur du soleil ». Finalement, que Jésus soit né un 25 décembre (ou plus rigoureusement le 25 Kislev) n'a pas une importance fondamentale. Il convient simplement de noter que la tradition fixant la naissance de Jésus en hiver est très ancienne, puisque déjà au 3e siècle, en orient et en occident, elle se célébrait le 6 janvier, comme le fait encore aujourd'hui l'Église apostolique arménienne. Benoît XVI rappelle, dans le troisième tome de sa trilogie sur le Christ, consacré à L'Enfance de Jésus , que Dionysius Exiguus « s'est à l'évidence trompé de quelques années dans ses calculs (...) La date historique de la naissance de Jésus est donc à fixer quelques années auparavant ». Le Pape indique que l'erreur porte sur « quatre à six ou sept années ». C'est exactement dans cette fourchette que se place la chronologie tirée de Maria Valtorta, comme l'avait déjà publiée Jean Aulagnier trente ans auparavant. FOOTNOTES : Et cette nuit là, très précisément à minuit, « apparaissait » sur l'horizon Est l'étoile Spica (alpha de la constellation de la Vierge), nommée Tsemesh en hébreu, et symbole du Messie pour le judaïsme ! : Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour , éd. JA 1985, page 286-291. : Le pape Benoît XVI y fit explicitement référence dans son homélie du mercredi 23 décembre 2009. Notons qu'en l'an juif 5777 (soit notre année 2016), décembre et Kislev coïncideront parfaitement. Hanoukah commencera le dimanche 25 décembre, et s'achèvera le dimanche 1er janvier. : La plus ancienne référence faisant allusion au 25 décembre date de l'an 204. Saint Hippolyte de Rome ( Commentaire du livre du prophète Daniel ) y indique « le mercredi 25 décembre de la 42e année d'Auguste » comme date de naissance du Sauveur. (C'est en -3 (41e année d'Auguste) et non en -2 que le 25 décembre tombe un mercredi !). J'ai déjà souligné, (voir le paragraphe sur l'Annonciation) que Annie Jaubert avait jugé que le manuscrit d'Hippolyte avait été falsifié. : Certains affirment que ce fut pour supplanter la fête romaine du Sol Invictus instituée par Aurélien vers 270 ; d'autres pour distinguer nativité et épiphanie, célébrées alors toutes deux le 6 janvier ; d'autres enfin pour situer Noël exactement neuf mois après l'Annonciation. : Saint-Jean-Chrysostome (340-407) Homélie sur la fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ , § 4 et § 5. : Au 2e siècle Saint-Clément d'Alexandrie ( Stromates, Livre 1 chap. 21), indique 194 ans, 1 mois et 13 jours entre la naissance du Christ et la mort de l'empereur Commode. Il calcule la date en considérant le calendrier égyptien de 365 jours, et aboutit au 18 novembre -3, mais un décompte exact conduit au 6 janvier -2. Il évoque aussi les dates du 25 pachon (20 mai) et du 24/25 pharmuthi (20 avril) : ces doubles références au « 25e jour du mois » restant d'ailleurs assez troublantes. : Benoît XVI, L'enfance de Jésus Flammarion 2012, p 91.
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Le Protévangile
Marie toujours Vierge
La virginité perpétuelle de la Sainte Vierge a été enseignée avec force dès les premiers siècles par de nombreux Pères . A la fin du premier siècle saint Ignace d'Antioche( Lettre aux Ephésiens , 19,1)écrit : « Et demeura caché au prince de ce monde la virginité de Marie et son enfantement, comme aussi la mort du Seigneur : trois mystères éclatants, qui se réalisèrent dans le silence deDieu ». Puis au 2e siècle, Justin( Dialogue contre Tryphon chap. 84)affirmait très clairement que Jésus « prit chair et naquit véritablement d'un sein resté vierge », et à la même époque, l'apocryphe le Protévangile de Jacques qui contribua à propager le culte marial chez les premiers chrétiens, fait mention de la virginité perpétuelle de Marie. Les pères grecs(Origène, Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nysse, Epiphane, Jean Chrysostome, etc.) et latins (Ambroise de Milan, Hilaire de Poitiers, Jérôme , etc.)des 3e et 4e siècles défendirent eux aussi la virginité perpétuelle de Marie. Saint Épiphane écrivait en 374 que le Fils de Dieu « s'est incarné c'est-à-dire a été engendré parfaitement de sainte Marie, la toujours vierge, par le Saint-Esprit » et saint Léon le Grand dans sa lettre dogmatique à Flavien réaffirma en 453 que Jésus « a donc été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge sa mère, qui l'a enfanté comme elle l'avait conçu, sans préjudice de sa virginité ». En 649, au concile du Latran, Marie a été déclarée « toujours vierge » par le Pape Martin 1er, ce qui fut réaffirmé au 3e concile de Constantinople en 681, ainsi qu'au 4e concile du Latran en 1215. Autrement dit la tradition a été unanime sur la virginité perpétuelle de Marie, comme le résuma si bien Corneille a Lapide : « Tous les pères, les docteurs, les théologiens, enseignent que la virginité de Marie ne reçut pas plus d'atteinte dans l'enfantement qu'elle n'en avait reçue dans la conception, son chaste sein demeurant toujours ce jardin fermé dont parle le Cantique des cantiques ». Et même au 15e siècle les réformateurs Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich Zwingli ou John Wesley ne l'ont pas contestée. En de très nombreuses occasions dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , la virginité de Marie est réaffirmée avec fermeté : « Vierge avant sa conception, vierge dans l'obscurité d'un sein, vierge dans ses vagissements, vierge dans ses premiers pas, la Vierge appartint à Dieu, à Dieu seul. Elle proclama son droit supérieur au décret de la Loi d'Israël, en obtenant de l'époux qui lui fut donné par Dieu de rester inviolée après les noces » 136.6 . Comme encore dans cette mise au point dictée par Jésus à Maria Valtorta : « pour les docteurs mécontents et exigeants. Et encore pour les chicaneurs, je dis que j'ai employé les termes "oncle" et "tante", qui n'existent pas dans les langues de Palestine, pour apporter des éclaircissements et mettre un point final à une question irrespectueuse sur ma condition de Fils Unique de Marie, et sur la Virginité de ma Mère, avant et après l'enfantement, sur la nature spirituelle et divine de l'union dont j'ai reçu la vie. Je le redis encore une fois, ma Mère ne connut pas d'autres unions et n'eut pas d'autres enfants. Chair Inviolée, que Moi-même je n'ai pas déchirée, fermée sur le mystère d'un sein-tabernacle, trône de la Trinité et du Verbe Incarné » 100.11 . C'est Marie elle-même, encore fillette, qui dévoile cet appel intérieur à la virginité, dans un émouvant dialogue avec Anne de Phanuel, au Temple : « La Loi séculaire d'Israël veut faire de toute vierge une épouse et de toute épouse une mère. Mais moi qui suis soumise à la Loi, j'obéis à la Voix qui me dit : "Je te veux". Vierge je suis et resterai. Comment le pourrai-je ? Cette voix, Invisible Présence près de moi, m'apportera son aide car c'est Elle qui le veut. Je ne crains pas » 10.3 . Et lorsque le Grand-Prêtre l'interroge : « Depuis combien d'années es-tu vouée à la virginité ? », Marie lui répond : « Depuis toujours, je crois. Je n'étais pas encore venue au Temple et déjà, je m'étais donnée au Seigneur » 11.4 . On retrouve un parfait écho de cette affirmation dans les révélations de Marie à sainte Brigitte : « Dès lors que j'eus connaissance de Dieu, tout au commencement de ma vie, (...) je lui consacrai dès lors tout mon cœur et toutes mes affections. (...) Je fis vœu aussi dans mon cœur de garder une perpétuelle virginité ». FOOTNOTES : Voir par exemple Saint Irénée III, 21; Eusèbe, Hist. Eccl . V, VIII : Origène Adv. Cels , I, 35 ; Tertullien Adv. Marcion III, 13 et Adv Judaeos IX ; Saint Jean Chrysostome Hom. V dans Matthieu , n°3 et Isaïe VII, n°5 ; Saint Épiphane Hær. XXVIII, n°7 ; Eusèbe Demonstrat. Ev . VIII, i ; Rufin Lib. fid . 43 ; les textes attribués à Saint Basile Isaïe VII, 14 ; Hom. S. générat. Christi , n°4 ; Saint Jérôme et Théodoret Isaë VII, 14 ; Saint Isidore Adv. Judaeos I, X, n°3 ; Saint Ildefonse De Perpetua virginit. s. Mariae , 3 ; Saint Jérôme encore, qui consacre tout son traité contre Helvidius à la virginité perpétuelle de Notre-Dame (voir n° 4, 13, 18) etc. : Saint Epiphane, Ancoratus , Chap. 119, 5. : Jean André Barbier, Les Trésors de Cornelius a Lapide , 1876, tome 2, Art. Jésus p 523. : Sainte Brigitte de Suède Révélations célestes Livre 1, chap. 10. Ces révélations sur l'enfance de Marie, tout à fait compatibles avec celles reçues par Maria Valtorta, furent approuvées par trois papes : Urbain VI, Martin V et Boniface IX. (Jean Paul II, rappela toutefois, dans le Motu Proprio du 1/10/1999, qu'en reconnaissant la sainteté de Brigitte, l'Eglise ne se prononçait pas sur ses diverses révélations).
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Le Protévangile
La visite chez la cousine Elisabeth
Saint Luc reste obscur quant à la ville où demeuraient Zacharie et Elisabeth : « Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, vers une ville de Juda » écrit-il simplement. La tradition qui situe leur demeure à Aïn Karim n'est pas antérieure aux croisades . G. Arvanitakis, par une lecture attentive de la carte de Madaba a démontré que « la tradition en faveur d'Aïn Karim n'a aucun fondement sérieux ». Selon Maria Valtorta les cousins de Marie habitaient Hébron, ville sacerdotale située à une trentaine de kilomètres au sud de Jérusalem, et ce fait semble aujourd'hui admis par beaucoup comme le plus plausible . Il n'est toutefois pas exclu qu'après le massacre des innocents , Zacharie et Elisabeth aient pu aller habiter un temps à Aïn Karim. Marie d'Alphée ne dit-elle pas, évoquant le massacre puis la fuite en Égypte : « (Elizabeth et Zacharie) angoissés pour Jean, craignant de nouvelles atrocités, l'avaient caché et tremblaient pour lui » 577.8 . Et Jésus semble également le confirmer, juste avant sa Passion : « Jean (...) ayant passé sa vie dans le désert depuis son enfance ... » 592.19 . L'Évangile ne mentionne pas la présence de Joseph aux côtés de Marie lors de la Visitation, et le protévangile de Jacques n'en parle pas non plus. Pourtant quelques Pères (saint Basile, Origène...) et plusieurs mystiques , ont imaginé Joseph accompagnant Marie jusque chez Zacharie et Elisabeth. Le récit de Maria Valtorta diffère de ce sentiment. Pour la mystique italienne, Joseph accompagne Marie jusqu'à Jérusalem, mais ne va pas plus loin. Il confie ensuite sa jeune fiancée à un « petit vieux », qui l'accompagne de Jérusalem à Hébron : « Cet homme va par le même chemin que toi. Tu auras très peu de chemin à faire seule pour arriver chez la parente. Aie confiance en lui, je le connais » 20.1 . Si Joseph avait été présent lors de l'arrivée à Hébron, il faudrait supposer qu'il n'ait pas entendu la salutation d'Elisabeth « béni le fruit de ton ventre », et qu'Elisabeth n'ait pas immédiatement associé à cette heureuse nouvelle Joseph, elle qui avait été témoin de son mariage avec sa jeune cousine, un an auparavant. L'absence de Joseph à Hébron s'avère donc plausible, sinon même probable. Ayant quitté Joseph en fin de matinée à Jérusalem, « c'est vers le soir » 21.1 que Marie atteint le but de son voyage, après six ou sept heures à dos d'âne, pour parcourir une trentaine de kilomètres. Samuel, le vieux serviteur qui accueille Marie lui confie : « Zacharie est revenu, il y a sept mois, muet, de Jérusalem » 21.4 . Cette information est confirmée par cette autre indication de Jésus, beaucoup plus loin dans l'œuvre : « le Baptiste (...) était au septième mois de sa formation et le germe d'homme, renfermé en son sein maternel, tressaillit de joie en entendant la voix de l'Épouse de Dieu » 127.5 . En se référant au calendrier hébraïque ceci signifie que Marie arriva à Hébron au cours du mois de Nisan, septième mois depuis Tishri. Mais nous savons aussi, par la dictée du 31 janvier 1947 que « Marie partit chez sa cousine pendant l'octave pascale, pour être auprès d'elle lorsque Zacharie s'absentera d'Hébron pour "se présenter devant la face du Seigneur à la fête des Azymes, comme tout mâle y est tenu" (Selon Deutéronome 16, 16)». En -5, la Pâque s'étant déroulée le samedi 23 mars, la Visitation eut donc lieu entre le 24 et le 30 mars -5 . L'accueil et la salutation d'Elisabeth s'accordent bien sûr avec le récit évangélique. Un détail inédit attire notre attention : la confidence faite par Elisabeth à Zacharie. « Marie est mère, elle aussi. Réjouis-toi de son bonheur » 21.6 . Mais Elisabeth ne lui révèle cependant pas qu'il s'agit du Sauveur attendu. Marie va rester auprès de sa cousine pendant plusieurs mois, l'assistant dans les tâches ménagères et méditant avec elle sur l'avenir de leurs futurs bébés, à la lumière des Écritures. Les deux cousines s'interrogent aussi sur la façon de prévenir Joseph. « Comme je l'aimerai mon Enfant ! Mon Fils ! Joseph aussi l'aimera ! ». « Mais tu devras le lui dire à Joseph ! ». Marie s'assombrit et soupire . « Je devrais pourtant le lui dire… J'aurais voulu que le Ciel le lui fasse savoir car c'est très difficile d'en parler ». « Veux-tu que je lui en parle ? Que je le fasse venir pour la circoncision de Jean ? » « Non. J'ai remis à Dieu le soin de l'instruire de son heureux sort de nourricier du Fils de Dieu. Il s'en chargera. L'Esprit m'a dit ce soir : Tais-toi, laisse-Moi le soin, je te justifierai » 22.8 . FOOTNOTES : Voir Isambert, Syrie et Palestine p 345. : M. G. Arvanitakis, Bulletin de l'Institut égyptien , 5e série, tome 1, 1907, pages 1 à 14. Les fouilles de S. Saller (1941) et de B. Bagatti (1937) ont confirmé que les ruines d'Aïn Karim supposées être les restes d'un sanctuaire de la Visitation étaient celles d'une simple maison. : Ce fut aussi l'opinion de savants réputés comme Tillemont, Sepp ou Pezron par exemple. : Voir par exemple Brigitte de Suède, M. d'Agreda, Th. Neumann ou Consuelo. C. Emmerich, dans une vision du 14 janv. 1823 (chap. VI), indique que Joseph n'accompagna pas Marie jusqu'au bout, mais se contredit ensuite au chap. XLII, décrivant sa présence chez Elisabeth. :Le dimanche 24 mars -5 convient très bien et permet à Zacharie d'aller à Jérusalem avant la fin de la fête, qui dure 7 jours, tandis que Joseph et Marie ont pu prier au Temple dès le premier jour de la Pâque. (Marie d'Agreda fixe la rencontre au soir du 2 avril. Catherine Emmerich la situe avant la Pâque).
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Le Protévangile
La naissance du Précurseur
« L'Église considère la naissance de Jean comme particulièrement sacrée : on ne trouve aucun des saints qui nous ont précédés dont nous célébrions solennellement la naissance » affirmait saint Augustin . Et saint Bernard de Clairvaux( Ep. 174) en donnait cette raison : « C'est que le précurseur du Messie fut sanctifié dans le sein de sa mère, par rémission du péché originel ». Cette affirmation que saint Jean fut lavé du péché originel dès avant sa naissance, est plusieurs fois affirmée dans l'œuvre de Maria Valtorta , et en particulier dans ce passage : « ... le jugement sur l'acte d'Adam reste ce qu'il est et il sera toujours appelé "Faute d'origine". Les hommes seront rachetés, lavés par une purification supérieure à toute autre. Mais ils naîtront avec cette marque, car Dieu a jugé que cette marque doit exister sur tout être né de la femme, sauf pour Celui qui a été fait non par œuvre d'homme mais par l'Esprit Saint, et pour la Préservée et le Présanctifié, vierges pour l'éternité. La Première pour pouvoir être la Vierge Mère de Dieu, le second pour pouvoir être le Précurseur de l'Innocent en naissant déjà pur, par l'effet d'une jouissance anticipée des mérites infinis du Sauveur Rédempteur » 414.8 . La Sainte Écriture ne nous apprend pas si Marie était encore auprès d'Elisabeth lors de la naissance du Baptiste. Plusieurs parmi les Pères et les commentateurs, au fil des siècles, ont pensé qu'à cette époque elle était retournée à Nazareth, au prétexte qu'il ne convenait pas à une jeune vierge de se trouver, en une telle circonstance, auprès d'une nouvelle mère, dans la chambre nuptiale. Mais beaucoup de Pères considérèrent au contraire que Marie resta auprès de sa cousine à l'heure des souffrances . Voici venue l'heure de la délivrance. « Une belle soirée d'été encore éclairée par le soleil couchant et où déjà l'arc de la lune semble une virgule d'argent posée sur une immense draperie d'azur » 23.2 . Peut-on s'imaginer, au premier abord, que derrière cette belle description poétique se cache une information permettant de dater la naissance de Jean Baptiste à un ou deux jours près ? En effet, la lune n'a l'aspect d'une virgule, au soleil couchant, que seulement durant les premiers jours qui suivent la nouvelle lune. L'astronomie montrant qu'en juin/juillet -5, la nouvelle lune a eu lieu le mardi 2 juillet, la naissance du Précurseur advint donc, d'après l'observation de Maria Valtorta, entre le mercredi 3 et le vendredi 5 juillet. Plus loin, Maria Valtorta remarque : « Le temps passe (...) Marie (...) descend, rapide, dans le rayon de lune », ce qui n'est compatible que le soir du jeudi 4 juillet , soit neuf mois et quelques jours après la date de la conception de Jean, telle que nous l'avons déterminée auparavant. De tels détails en apparence insignifiants, et aboutissant à un tel degré de précision, ne sauraient être fortuits . La tradition place la nativité de saint Jean le 24 juin, exactement trois mois après la date retenue pour la Visitation, et six mois avant celle de Noël. FOOTNOTES : Saint Augustin, Sermons 287 et 290, Homélie pour la nativité de Jean-Baptiste . : Voir par exemple MV 9.5 ; MV 21.5 ; MV 398.1 et MV 567.1. : Voir J.-J. Bourassé, Histoire de la Sainte Vierge Marie ,1863 p 169. : La lune se couche, ce soir là, 1h50 après le coucher du soleil. : Nous verrons plus loin, lors des retrouvailles de Marie et de Joseph, que ces détails sont utiles pour démontrer la crédibilité du récit !
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Le Protévangile
La purification d'Elisabeth
Bien que les Écritures et la tradition n'en parlent pas, il ne fait aucun doute que Zacharie et Elisabeth se rendirent au Temple, quarante jours après la naissance de leur fils, comme la Loi le prescrivait. C'était donc le mardi 13 août -5. Partis à l'aube, Zacharie, Elisabeth et Marie arrivent donc au Temple en fin de matinée, pour la présentation de Jean et la purification de sa mère. Ils apportent les offrandes requises(Lv 12,5-6): « un agneau et, dans une cage, une colombe » 25.1 . Marie, qui avait fait prévenir Joseph comme convenu , ne le voyant pas, s'enquiert de sa venue. Elisabeth la rassure : « Il aura été retenu par quelque chose, mais il viendra certainement aujourd'hui ». La cérémonie s'achève, et Joseph n'est toujours pas arrivé. « Nous pouvons rester jusqu'à la sixième heure, mais ensuite, nous devons partir pour être à la maison avant la première veille. Il est encore trop petit pour rester à la nuit tombée », annonce Elisabeth préoccupée. C'est qu'il faut cinq à six heures pour retourner à Hébron. Il est donc nécessaire de repartir en tout début d'après midi... Ils ne peuvent donc rester que deux ou trois heures à Jérusalem. Marie hésite sur ce qu'elle doit faire, et Zacharie propose : « Allons chez les parents de Zébédée, c'est sûrement là que Joseph va te chercher et s'il ne venait pas, il te sera facile de trouver quelqu'un pour t'accompagner vers la Galilée » 25.3 . Beaucoup plus loin dans l'œuvre, nous apprenons que Zébédée fournit régulièrement des poissons aux notables du Temple, ce qui d'ailleurs expliquera plus tard que ses petits-fils Jean et Jacques aient leurs entrées chez le Grand-Prêtre Anne. Le temps passe, et c'est au moment où les cousins s'apprêtent à repartir, que Joseph arrive enfin. Il justifie sa venue tardive : « Ton messager est arrivé à Nazareth pendant que j'étais à Cana pour des travaux. J'ai été informé avant-hier au soir et je suis parti tout de suite. Mais ayant marché sans arrêt, je suis en retard parce que l'âne avait perdu un fer » 25.4 . Ce témoignage de Joseph motive quelques commentaires. L'analyse chronologique et astronomique rigoureuse nous a permis de déterminer que cet épisode se déroule un mardi . Dans notre langage courant, l'expression « avant-hier au soir » signifierait naturellement dimanche soir . Mais ce serait oublier que pour les juifs, la journée commence à la tombée de la nuit. Joseph parle donc non pas du dimanche soir , mais bien plutôt de ce que nous appelons nous, le samedi soir . Il est dès lors aisé de reconstituer les faits : Marie a tenté de faire prévenir Joseph durant la semaine précédente, pour qu'il puisse partir avant le sabbat. Mais comme il travaillait à Cana, il n'a reçu le message que le jour du sabbat, et il est parti sans tarder, sitôt la fin du sabbat . Un homme dans la force de l'âge pouvait espérer parcourir les 110 kilomètres en 48 heures , et rejoindre Jérusalem le lundi soir à la tombée de la nuit, ou le mardi dans la matinée. Mais la halte pour ferrer son âne a fait perdre une demie journée à Joseph. Ainsi donc ce récit, dans lequel une critique superficielle aurait pu croire déceler une erreur et un anachronisme, s'avère au contraire parfaitement rigoureux et plausible. Et ce n'est pas tout ! Peu après, Joseph propose à Marie : « S'il ne te déplaisait pas de voyager de nuit, je proposerais de partir au crépuscule. La chaleur est forte dans la journée. La nuit, au contraire, est fraîche et tranquille » 25.6 . Cette proposition prend en effet tout son sens, en plein été, et à deux jours de la pleine lune, si propice aux déplacements nocturnes. Partir dès le mardi soir leur laisse en outre la possibilité d'arriver à Nazareth juste avant le sabbat. FOOTNOTES : Avant de quitter Marie, Joseph lui avait recommandé : « Au retour, tu me le feras savoir, je viendrai à ta rencontre » 18.5 . : La traduction française de F. Sauvage: « hier soir » est imprécise et conduirait à une impossibilité (parcourir 110 km en moins de 24h !). Le texte original indique « ieri l'altro, a sera » c'est-à-dire « avant-hier, au soir » ce qui change tout ! : Le 13 août -5, exactement 40 jours après la naissance de Jean-Baptiste, telle que déterminée précédemment. : Notons aussi que la lune, entre le premier quartier et la pleine lune, rendait possible ce départ en début de nuit ! : Jean renouvelle cette marche forcée en deux jours, en MV 70.2, dans sa hâte de rejoindre Jésus. : Certains ont cru voir dans l'indication du fer à âne un anachronisme. L'archéologie prouve qu'il n'en est rien. Les fers et les hipposandales sont attestées plus de 150 ans avant Jésus-Christ. (Voir Stavros Lazaris CNRS, UMR 7044 Etude des civilisations de l'Antiquité . Considérations sur l'apparition du fer à clous 2009). Voir aussi l'épisode de Titus le maréchal ferrant, en MV327.2.
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Le Protévangile
Le mariage en famille
Joseph prend conscience du rôle sublime qui lui revient désormais. « Maintenant il faut pourvoir, parce que… Joseph n'ajoute rien, mais regarde le corps de Marie, qui s'assied tout de suite, pour ne pas rester ainsi exposée au regard qui se pose sur elle. Il faudra faire vite. Je viendrai ici… Nous accomplirons le mariage… La semaine prochaine, ça va…? » (...) « Ce soir, je préviendrai les parents. Et après… quand je serai ici, nous travaillerons pour préparer tout à sa venue… Oh ! comment pourrai-je recevoir dans ma maison mon Dieu ? Dans mes bras Dieu ? J'en mourrai de joie !… Je ne pourrai jamais oser le toucher !… » 26.5 . Maria Valtorta ne décrit pas ce mariage en famille , qui fut donc célébré précipitamment, sans doute entre le 21 et le 23 août -5. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, au livre 8, Marie d'Alphée se remémore tout à la fois l'indignation de son époux lorsque son frère Joseph « recula les noces le plus possible », puis la surprise de toute la famille « on ne comprit jamais comment à l'improviste il se décida avant le temps fixé » 577.7 . Au terme d'une fête qui durait normalement plusieurs jours, la jeune mariée était conduite en procession dans la maison de son époux, pour commencer la vie à deux. Marie ayant souhaité vivre dans la maison paternelle, le cortège nuptial ne pouvait partir de chez elle, puisqu'elle devait ensuite y vivre avec Joseph, faisant ainsi de cette maison la demeure de l'époux. Joseph, dès les fiançailles avait tout prévu : « Je viendrai dans ta maison. Mais seulement pour observer le rite, tu iras passer une semaine dans la maison d'Alphée, mon frère. Marie t'aime tant déjà. Et de là partira, le soir des noces, le cortège qui t'emmènera à la maison » 13.3 . C'est donc sans doute ce qu'ils firent, et ce que nous suggère Matthieu (Mt 1,24): « Joseph fit comme lui avait prescrit l'Ange du Seigneur, et il prit avec lui son épouse ». Trente trois ans plus tard, en août 28, Joseph d'Alphée, l'aîné des cousins de Jésus, apporte cette autre confirmation, en se remémorant des faits dont il fut témoin dans sa jeunesse. Il avait à l'époque une douzaine d'années : « ... quand Marie revint du Temple comme épouse de Joseph. Et je me souviens de ces jours-là, et de la réprobation stupéfaite de mon père quand il vit que son frère ne faisait pas les noces au plus vite. Sa stupeur, stupeur de Nazareth, et aussi les médisances. Car il n'est pas d'usage de laisser passer tant de mois avant les noces, en se mettant dans les conditions de pécher et de… Jésus, j'estime Marie, et j'honore la mémoire de mon parent. Mais le monde… Pour le monde, cela n'a pas été un bon moment… Toi… Oh ! maintenant je sais. Ta Mère m'a expliqué les prophéties. Voilà pourquoi Dieu a voulu que les noces soient retardées. Pour que ta naissance coïncide avec le grand Édit et que tu naisses à Bethléem de Juda... » 478.3 . FOOTNOTES : Joseph avait initialement annoncé le mariage après la fête des Tabernacles de l'an -5, au moment où Marie aurait eu 16 ans. Il ont donc finalement avancé les noces d'un mois environ. Voir le paragraphe « Marie dans sa maison de Nazareth ».
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Le Protévangile
L'Edit de recensement
Il y a trois grands événements dans l'histoire évangélique - la naissance, le commencement de la vie publique et la mort du Christ - qui sont liés entre eux par les textes sacrés, les apocryphes et la tradition. La datation de l'un interfère sur la datation des deux autres. Il existe un nombre incalculable de doctes dissertations sur ce sujet, depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours. Elles conduiraient, en les considérant toutes, à situer la naissance de Jésus, entre l'an -7 et l'an +9 ! Maria Valtorta, elle, n'avance aucune date. Pourtant son récit comporte une masse d'indices chronologiques. Il y en a plus de cinq mille, indépendants entre eux pour beaucoup. Tous sont parfaitement cohérents et compatibles les uns avec les autres, ce qui du point de vue scientifique est statistiquement inexplicable . Ils permettent de fixer, souvent au jour près, pratiquement tous les événements évangéliques . Voyons ce qu'il en est de l'Edit de recensement . Un indice est donné au livre 4, quelques jours avant les Encénies et le trente deuxième anniversaire de Jésus. Le Christ vient de rentrer à Nazareth, et Marie constate : « tu es arrivé juste pour l'anniversaire de notre départ pour Bethléem » 303.3 . Ailleurs, c'est Marie d'Alphée qui demande à la Vierge : « Mais pourtant... partir ainsi, au dernier moment ! Quelle imprudence ! Pourquoi n'avoir pas attendu ? Le décret prévoyait un délai pour des cas exceptionnels comme naissance ou maladie. Alphée le dit… » 207.8 , puis aussitôt elle se justifie d'un reproche que lui fait son fils Jude, d'avoir laissé partir Marie : « Ton père avait décidé de venir après les Encénies et il le dit à son frère, mais Joseph ne voulut pas attendre » 207.8 . Ces indications permettent de situer le départ de Joseph et Marie vers la mi-novembre -5. C'est donc que l'annonce du recensement arriva en Galilée durant la première quinzaine de novembre -5, au moment où Marie achevait son huitième mois de grossesse. Un soir Joseph rentre préoccupé : « Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C'est l'ordre de recensement de tous les Palestiniens. Il faut aller se faire inscrire au lieu d'origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem » 27.2 . Il apparaît que cette décision était tout à fait inattendue en Galilée. D'ailleurs, Marie elle-même le confirme lorsque, bien des années plus tard, Jésus revient avec les apôtres et les disciples sur le lieu de sa naissance. « Ce soir là, quand Joseph apporta la nouvelle, moi et Toi, Fils, nous avons tressailli de joie. C'était l'appel... parce que c'était ici, ici seulement que tu devais naître comme les Prophètes l'avaient dit. Et ce décret imprévu ce fut comme une pitié du Ciel pour éteindre chez Joseph jusqu'au souvenir de son soupçon » 207.8 . Jésus était déjà passé l'année précédente à Bethléem, et il avait raconté à Jean, Judas et Simon le zélote les circonstances de sa naissance : « la Mère qui était déjà sur le point d'enfanter vint, sur l'ordre de César Auguste, sur l'avis du délégué impérial, Publius Sulpicius Quirinus, alors qu'était gouverneur de la Palestine Sentius Saturninus. L'avis ordonnait le recensement de tous les habitants de l'Empire » 73.11 . Cet énoncé apparait plus précis que celui de Luc (Lc 2,1-2) , mais il ne le contredit en aucune façon. L'ordre de recensement de tout l'Empire, ne pouvait émaner que de l'empereur Auguste . Le consul Publius Sulpicius Quirinius fut effectivement légat général d'Auguste, et à ce titre il dut superviser les opérations de recensement dans la province. Caius Sentius Saturninus était le gouverneur de Syrie, entre -8 et -6, quand fut décidé le recensement, mais aucun témoignage n'indique que ce premier recensement général fut achevé en moins de deux ans ! Quant au fait que les romains aient choisi l'automne et l'hiver pour l'effectuer, le simple bon sens permet de le justifier. Il était impensable d'imposer des déplacements de foules en Palestine, pendant la période des trois grands pèlerinages de Pessah (la Pâque), Chavouoth (fête des Semaines ou Pentecôte), et Soukkoth (fête des Tabernacles), puisqu'entre ces fêtes, la population était majoritairement immobilisée par les travaux des champs, et qu'au moment de ces fêtes, elle se rendait en masse à Jérusalem ! Le pragmatisme des dirigeants romains leur dictait d'éviter autant que possible les mesures coercitives aptes à susciter des révoltes prévisibles. Inutile de mettre de l'huile sur le feu dans une province si prompte aux embrasements. On ne saurait non plus s'étonner de la nécessité pour Marie d'accompagner Joseph car, elle aussi, nous l'avons vu, était de descendance davidienne. D'après Denys d'Halicarnasse les femmes et les enfants n'étaient pas exclus des recensements. Et Lactance , confirme que la présence des femmes et des enfants était exigée dans les provinces. Il précise même : « Ni l'âge ni la maladie ne servaient d'excuse ». Il aurait vraiment fallu être un insensé pour ne pas se soumettre au recensement . FOOTNOTES : Un mathématicien a estimé, d'après les données fournies, que la probabilité était de 1 sur 1084, soit un nombre gigantesque relevant plus du miracle que des statistiques. : Voir par exemple Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour , Résiac ; ou l'Enigme Valtorta , tome 1. RSI 2012 et bien entendu le présent ouvrage. : Luc 2, 1-2 : « Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l'époque où Quirinius était gouverneur de Syrie ». : Voir par exemple Ernest Desjardins, Le recensement de Quirinius , Revue des Questions historiques , Tome II - 1867, pages 5 à 65. : Pline l'Ancien confirme par exemple dans ses écrits que le dernier recensement sous l'empereur Vespasien s'étendit sur une durée de quatre ans. : Denys d'Halicarnasse (-60 / vers +8), Antiquités romaines IV,15. : Lactance (250-325), de Morte persecutorum chap. 23. : On dit que Servius Tullius condamnait l' incensus à l'emprisonnement et à la mort, et durant la période républicaine l' incensus pouvait être vendu par l'état comme esclave.
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Le Protévangile
La grotte de Bethléem, le bœuf et l'âne
« Le précoce crépuscule d'hiver commence à étendre ses voiles... » 28.3 lorsque Joseph trouve enfin un abri précaire pour y passer la nuit. « Parmi les décombres d'un bâtiment en ruines, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu'une grotte… » 28.4 . Beaucoup plus tard, lorsque Jésus revient pour la première fois sur les lieux de sa naissance, Maria Valtorta décrit : « voilà un tas de maisons en ruines, des restes d'habitations… Une antre, entre deux fentes de hautes murailles » 73.10 . Et Jésus demande aux apôtres qui l'accompagnent : « Entrez. C'est la chambre de la nativité du Roi d'Israël ». « Tu te trompes, Maître ! C'est une puante caverne. Ah ! pour moi, je n'y reste pas, sûrement ! Elle me dégoûte: humide, froide, puante, pleine de scorpions, de serpents, peut-être… ». « Et pourtant, amis : ici, la nuit du 25 du mois d'Encénie , naquit de la Vierge, Jésus le Christ, l'Emmanuel, le Verbe de Dieu fait chair pour l'amour de l'homme : Moi, qui vous parle » 73.10 . L'évangéliste Luc(Lc 2,6-7)ne décrit pas clairement une grotte, mais plutôt une étable, puisqu'il nous dit simplement que Jésus fut « déposé dans une mangeoire ». Mais la tradition chrétienne a toujours évoqué une grotte, ce qui est attesté dès la fin du 1er siècle. Justin de Naplouse écrivait en effet : « L'enfant était né à Bethléem. Comme Joseph n'avait pas où loger dans ce village, il s'installa dans une grotte toute voisine de Bethléem, et tandis qu'ils étaient là, Marie enfanta le Christ et le plaça dans une mangeoire ». Origène, au troisième siècle, répète cette tradition qui est rapportée également par l'auteur du Protévangile de Jacques et les autres apocryphes relatant la naissance de Jésus. Après eux, Eusèbe, Théodoret, saint Epiphane, saint Jérôme et bien d'autres encore en ont fait mention. En 326 sainte Hélène fit ériger un temple auprès de cette « caverne », qui ne cessa depuis lors d'être un lieu de pèlerinage : « à Bethléem, la maison du pain , où naquît Jésus, le Pain de la Vie éternelle ». Maria Valtorta signale la présence d'un âne et d'un bœuf. D'abord, elle rapporte cette remarque de Joseph, qui nous éclaire sur la présence d'un seul âne, tandis que l'on pourrait plutôt s'attendre à ce qu'il y en eut deux, l'un pour Marie, l'autre pour Joseph et pour les bagages : « Je pense que si j'avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais je n'en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment » 28.1 . Quant au bœuf, Maria Valtorta observe : « Marie s'approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire » 28.5 . La Vierge rappellera à nouveau cet épisode, en présence des apôtres, lors d'un pèlerinage du groupe apostolique à Bethléem : « Tout, tout comme alors !... Mais alors il faisait nuit... Joseph fit de la lumière à mon entrée. Alors, alors seulement, en descendant de l'âne, je sentis à quel point j'étais fatiguée et gelée... Un bœuf nous salua, j'allai à lui pour sentir un peu de chaleur, pour m'appuyer au foin ... » 207.5 . En notre siècle incrédule, nul n'ose pourtant vraiment contester la coutume qui consiste à placer dans chacune de nos crèches de Noël un âne et un bœuf... d'autant qu'on peut y voir une réminiscence de la prophétie d'Isaïe(Is 1,3): « Le bœuf reconnaît son bouvier et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien ». Mais force est de constater que ces deux animaux ne sont pas mentionnés dans l'évangile de Luc aux côtés des bergers. Pourtant leur présence est considérée comme un fait bien établi par saint Jérôme , et nombre de sarcophages chrétiens antiques en offrent diverses représentations . On les retrouve aussi dans l'évangile apocryphe du Pseudo-Matthieu (6e ou 7e siècle). Et c'est, semble-t-il, à saint François d'Assise que l'on doit la tradition de la mise en scène populaire de la naissance du Seigneur dans une crèche, sur de la paille, entre un âne et un bœuf . FOOTNOTES : Le mois d'Encénie, ou mois des Lumières, c'est-à-dire le mois de Kisleu du calendrier juif. En MV 207.2, Marie confirme aux apôtres : « C'était alors une froide journée de Casleu ». : Justin martyr, Dialogue avec Tryphon § 78. Voir aussi Protévangile de Jacques chap. 48 ; Evangile arabe de l'enfance chap. 2 ; Evangile de la naissance de la Vierge , chap. 13. : Selon Baronius Annales I,5.2. : Voir Arringhi, Roma subterranea t I, p 185 ; 347 ; 349 ; 615) ou Martigny, Dictionnaire des Antiquités chrétiennes 1877, p 102. : Il fut à l'origine de la première crèche vivante connue, à Noël de l'an 1223, dans le petit village de Greccio dans la vallée de Rieti en Italie.
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Le Protévangile
Les trois jours de la Passion de Joseph
Selon le texte de Maria Valtorta, c'est donc à l'heure du retour à Nazareth, plusieurs mois après l'Annonciation, que Joseph découvrit la grossesse de Marie, en observant qu'à l'évidence elle était enceinte. C'est aussi ce que confirme une vision de Marie d'Agreda : « La Princesse du ciel était dans le cinquième mois de sa grossesse, lorsque son très-chaste époux Joseph commença d'en découvrir des marques ». La Vierge elle-même explique : « Mon Joseph aussi a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle a duré des jours comme pour Jésus et pour moi. Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C'est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu'elle s'est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu'elle est passée peu connue à travers les siècles » 25.9 . Et la Vierge confie encore à Maria : « Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? » 25.9 . Cet épisode dramatique et particulièrement douloureux pour Joseph, est à peine suggéré par Matthieu(Mt 1,18). Il a toujours déconcerté les chrétiens, et suscité de nombreuses interrogations au cours des siècles : Joseph a-t-il vraiment douté de Marie ? Combien de temps a-t-il souffert jusqu'à ce qu'il apprenne que l'enfant venait du Saint-Esprit ? Pourquoi Marie ne lui a-t-elle rien dit ? Pour Justin de Naplouse, Joseph douta effectivement de Marie et il « voulait la renvoyer parce qu'il croyait qu'elle avait conçu d'un homme et qu'elle était adultère ». Ce fut aussi l'opinion de bien d'autres Pères, tels saint Jean Chrysostome ou saint Augustin, lequel déclara : « Etranger à cette conception, il en concluait qu'elle était adultère ». Pour Corneille a Lapide ou Dom Calmet, Joseph ne douta pas de Marie, mais supposa qu'un individu aurait pu commettre sur elle des actes de violence. D'autres estimèrent plutôt que Joseph fut effrayé par le mystère qu'il pressentait plus ou moins clairement. Ainsi Saint Jérôme, qui vit dans l'attitude de Joseph « un témoignage en faveur de Marie : il savait qu'elle était chaste et il était surpris de ce qui était arrivé, il cachait par son silence, l'événement dont il ignorait le mystère ». Eusèbe de Césarée, saint Ephrem, saint Rémi, Bède le Vénérable, Raban Maur ou Gerson(Sermon. II de Nativitate )considérèrent que Joseph, par sa connaissance des prophéties, eut l'intuition du mystère, et se sentit indigne d'y participer. Ce fut aussi l'avis de Saint Bernard : « Joseph voulut rendre à la Vierge sa liberté, non pas parce qu'il la soupçonnait d'adultère, mais parce que, respectant sa sainteté, il craignait d'aller habiter avec elle ». C'est aussi ce qui ressort des révélations de sainte Brigitte(Livre VII, chap. 25). Voyons maintenant comment Maria Valtorta nous rapporte cet épisode si controversé. Arrivés à Nazareth dans la journée du vendredi, Joseph dépose Marie chez elle, et la quitte immédiatement. Quel soulagement pour Marie, quand il revient frapper à sa porte, le samedi matin et la supplie humblement : « Pardon, Marie. J'ai manqué de confiance. Maintenant, je sais. Je suis indigne d'avoir un tel trésor. J'ai manqué de charité. Je t'ai accusée en mon cœur. Je t'ai accusée sans justice puisque je ne t'avais pas demandé de me dire la vérité. J'ai failli envers la Loi de Dieu en ne t'aimant pas comme je me serais aimé … » 26.3 (...) « Si j'avais été accusé d'un pareil crime, je me serais défendu. Toi… Je ne t'ai pas permis de te défendre, puisque j'allais prendre une décision sans t'interroger. Je t'ai manqué en t'offensant par un soupçon. Rien qu'un soupçon, c'est une offense, Marie. Qui soupçonne méconnaît. Je ne t'ai pas connue comme je le devais. Mais pour la douleur que j'ai soufferte… trois journées de supplice, pardonne-moi, Marie » 26.3 (...) « Pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de me cacher à moi, ton époux, ta gloire, et permettre que je te soupçonne ? » 26.4 . Plus loin dans l'œuvre, Marie confirme encore : « Même Joseph, qui était juste, m'avait accusée en son cœur » 29.8 . Commentant l'épreuve vécue par Joseph, la Vierge Marie affirme : « S'il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider en une telle épreuve » 25.10 . En triomphant saintement de cette épreuve, Joseph apporte le témoignage qu'il a su élever en lui, à un niveau sublime, les trois conditions pour plaire à Dieu : « Foi. Joseph a cru aveuglément à la parole du messager céleste. Il ne demandait qu'à croire parce qu'il était sincèrement convaincu que Dieu est bon et qu'à lui, qui avait espéré dans le Seigneur, le Seigneur n'aurait pas réservé la douleur d'être trahi, trompé, bafoué par son prochain. Il ne demandait qu'à croire en moi, parce que, honnête comme il l'était, il ne pouvait penser qu'avec douleur que les autres ne le fussent pas. Il vivait la Loi, et la Loi dit : "Aime ton prochain comme toi-même". Nous nous aimons tellement que nous nous croyons parfaits même quand nous ne le sommes pas. Pourquoi alors cesser d'aimer le prochain à la pensée qu'il est imparfait ? Charité absolue. La charité qui sait pardonner, qui veut pardonner. Pardonner d'avance, en excusant dans son cœur les défauts du prochain. Pardonner tout de suite en accordant toutes les circonstances atténuantes au coupable. Humilité absolue comme la charité. Savoir reconnaître qu'on a manqué, même par une simple pensée, et ne pas avoir l'orgueil, plus nuisible encore que la faute qui précède, de se refuser à dire : "Je me suis trompé". Dieu excepté, tout le monde se trompe. Quel est celui ou celle qui peut dire : "Je ne me trompe jamais" ? » 26.8 . De même Jésus, quand Il évoque sa naissance pour la première fois aux apôtres, répond aux interrogations de Pierre : « Mais le mari ? » demanda Pierre étonné . « Le sceau de Dieu ferma les lèvres de Marie et Joseph ne connut le prodige qu'au moment où, de retour de la maison de Zacharie, son parent, Marie apparut mère aux yeux de son époux ». « Et que fit-il, lui ? ». « Il souffrit… et Marie souffrit… ». « Si c'eût été moi… ». « Joseph était un saint, Simon de Jonas, Dieu sait où il met ses dons… Il souffrit profondément et décida de l'abandonner, prenant sur lui la réputation d'injustice. Mais l'Ange descendit lui dire : "Ne crains pas de prendre Marie pour ton épouse. Car ce qui s'est formé en Elle, c'est le Fils de Dieu et c'est par le travail de Dieu qu'Elle est Mère. Et quand le Fils sera né, tu Lui donneras le nom de Jésus, car c'est Lui le Sauveur" » 136.7 . Le pape Jean Paul II, méditant sur ce sublime acte de foi, affirma dans l'Exhortation apostolique Redemptoris Custos 1989, § 5 : « Joseph est le premier à participer à la foi de la Mère de Dieu, et ainsi il soutient son épouse dans la foi à l'Annonciation divine ». Un jour Jésus, recommandant à son cousin Jacques de taire ce qu'il vient d'apprendre, lui fait cette confidence : « Joseph a su se taire sur sa douleur d'époux qui se croyait trahi, et sur le mystère de ma conception virginale et de ma Nature. Imite-le. Cela aussi était un redoutable secret. Et pourtant il devait être gardé, parce que ne pas le garder, par orgueil ou par légèreté, aurait été mettre en danger toute la Rédemption » 259.10 . FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La cité mystique de Dieu Livre 4 chap. 1. : Justin, Dialogue avec Tryphon , 78,2. : Saint Augustin, Sermones ad populum. Classis I. De scripturis . : Saint Jérôme, Commentaires sur l'Évangile de Matthieu , In Matthaeum I,19. : Saint Bernard, Homélie 2 sur leMissus est . Il précise : « Je n'avance pas ceci comme venant de moi, c'est le sentiment des saints Pères ».
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Première année de vie publique
Judas devient disciple
Le récit reprend alors que Jésus se trouve dans le jardin du Gethsémani. C'est un jour de sabbat, une semaine après la Pentecôte. L'analyse rigoureuse des indices laissés plus ou moins à son insu par Maria Valtorta permet même de préciser que Judas vient retrouver Jésus le 5 juin, cinquante quatre jours après leur première rencontre . Judas, qui cherche Jésus depuis plusieurs jours, est plein de ses rêves de gloire humaine. Jésus tente de le dissuader : « Tu me suis pour une idée qui est humaine, Judas. Moi, je dois te dissuader. Je ne suis pas venu pour cela ». (...) « Mon Royaume n'est pas de ce monde, Judas. Renonce à tes idées » 66.1 . Mais Judas n'écoute rien des arguments du Christ qui, à plusieurs reprises, envisage l'avenir. « Je viens appeler au Royaume les justes d'Israël... Mes disciples, les premiers, seront d'Israël. Mes confesseurs, les premiers, d'Israël. Mais aussi mes persécuteurs, d'Israël. Et aussi mes bourreaux, d'Israël. Mais aussi mon traître, d'Israël … » 66.2 . Jésus indique sans détour la mort du Baptiste : « ... comme on le hait pour son austérité, on me haïra pour ma bonté, parce que l'une et l'autre annoncent Dieu, et Dieu est haï par les méchants... Comme il me précède dans la prédication, ainsi il me précèdera dans la mort » 67.6 . FOOTNOTES : Le lendemain soir, par exemple, Jésus dit : « Il fait un si beau clair de lune que nous y verrons sans lumière ... » 70.2 . alors que l'astronomie montre que c'est la période de pleine lune !
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Troisième année de vie publique
L'arrivée à Béthanie
Ils atteignent comme prévu Ein Shemesh dans l'après-midi, et aussitôt après la maison de Lazare, située à un millier de mètres de là. La santé de Lazare s'est encore dégradée, et l'issue fatale ne fait plus de doute. Plusieurs, plus ou moins ouvertement, s'étonnent de ce que Jésus ne guérisse pas son ami. Jésus déclare simplement : « La volonté de Dieu se manifestera sur lui, et avec elle la puissance du Seigneur » 485.1 . Et aux deux sœurs qui espèrent plus que tous autres la guérison de leur frère : « Ayez une foi sans bornes dans le Seigneur. Continuez de l'avoir malgré toute insinuation et tout événement, et vous verrez de grandes choses quand votre cœur n'aura plus de raison d'espérer les voir » 485.3 . Judas, qui depuis quelques jours se fait un malin plaisir à dérouter les pharisiens qui recherchent Jésus, propose que le Seigneur ne quitte pas Béthanie pendant plusieurs jours, tandis que les apôtres iront ostensiblement au Temple. « Nous irons donc demain et après-demain jusqu'au lendemain du sabbat » 485.5 . Tous sont séduits par ce plan qui devrait émousser l'attention du Sanhédrin, et Jésus finit par l'accepter. Jean en fait indirectement l'écho dans son évangile (Jn 7,11-13), en indiquant que Jésus ne se rendit au Temple qu'au milieu de la fête, ce qui causa bien des interrogations parmi les foules. FOOTNOTES : Jeudi, vendredi, et samedi... jusqu'à dimanche 16, au milieu de la fête.
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Le Protévangile
La présentation de Jésus au Temple
Tout comme le fit sa cousine Elisabeth six mois plus tôt, Marie se rend au Temple quarante jours après la naissance de Jésus, pour y accomplir le rite de la purification(Lv 12,3-4)et de l'offrande du fils premier né(Ex 13,2 et 13,13). Selon la chronologie valtortienne, cette cérémonie eut lieu le lundi 20 janvier -4 . Dès son arrivée dans le parvis des gentils, « Joseph achète deux blanches colombes » 32.3 . C'était l'offrande minimale prescrite par la loi(Lv 12,8), la précarité financière de la Sainte famille durant son séjour à Bethléem ne permettant sûrement pas l'achat plus onéreux de l'agneau. Dans un premier temps, Maria Valtorta s'y perd un peu dans les différentes cours du Temple et elle confie : « Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle » 32.4 . Notons qu'elle reçut très tôt cette vision de la présentation de Jésus au Temple , et cette confusion entre la muraille entourant la cour des femmes et le Temple proprement dit, vient donc au crédit de la véridicité de Maria Valtorta. C'est donc aussi la première fois qu'elle voit le vieillard Siméon et Anne de Phanuel. « Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé, qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne. Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant. C'est Siméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement » 32.5 . De très nombreux chercheurs se sont interrogés sur la personnalité de « cet homme juste et pieux » mentionné longuement par Luc(Lc 2,25-35). Des traditions anciennes ont fait de lui le fils d'Hillel et le père de Gamaliel, qui se nommait lui aussi Simon, mais ceci semble irrecevable, compte tenu des âges respectifs de ces personnages en l'an -4. La démonstration scientifique , en 2004, que le monument funéraire dit d'Absalom, dans la Vallée de Josaphat, est bien la sépulture du vieillard Siméon, indique en tout cas qu'il s'agissait donc d'un personnage fort important. L'affirmation par Marie d'Agreda selon laquelle le vieillard Siméon serait l'ex-Grand-Prêtre Siméon ben Boéthos mérite considération. Tuteur de la Vierge Marie au Temple pendant plus de dix ans, il était mieux placé que quiconque pour entrevoir en Elle la mère du Sauveur. L'histoire enseigne qu'il fut nommé Grand-Prêtre en -23 et destitué en -6. Sa présence en vêtements laïcs, aux côtés d'Anne de Phanuel, en ce début d'année -4 n'aurait donc rien de déconcertant. Et sa famille jouissait encore d'un grand prestige, puisque ses deux fils aînés, Joazar et Eléazar furent nommés à leur tour Grand-Prêtre peu de temps après. La narration de Maria Valtorta, si elle ne fait pas allusion à cette hypothèse, fournit pourtant quelques éléments qui pourraient la renforcer. Quand le vieillard Siméon s'approche, Marie n'hésite pas à lui confier Jésus. Et contrairement à Joseph, la Vierge n'est pas étonnée de l'attitude du vieillard, mais plutôt émue. Maria Valtorta note aussi que « Marie le satisfait en souriant » 32.5 . Cette confiance immédiate se justifierait pleinement s'il s'agissait de Siméon ben Boéthos. La présence de « membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Siméon avec une ironique pitié » peut aussi suggérer une certaine compassion envers l'ancien Grand-Prêtre déchu. Enfin les paroles de réconfort d'Anne de Phanuel : « Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs » 32.6 montrent qu'elle voyait clairement en Marie la mère du Messie. Elle aurait très probablement pu évoquer cette conviction avec Siméon ben Boéthos, qu'elle côtoya pendant près de quinze ans au Temple. FOOTNOTES : Benoît XVI dans L'enfance de Jésus, p 42-43 évoque l'hypothèse de René Laurentin selon laquelle 490 jours (70 semaines) se seraient déroulés entre l'annonce de Zacharie et la présentation de Jésus au Temple. D'après la chronologie valtortienne, ce sont entre 474 et 484 jours qui séparent ces deux évènements. : Vision du 1er février 1944. A cette date, c'est seulement sa sixième vision de scènes évangéliques. : Par Émile Puech (École Biblique et Archéologique française) et Joe Zias (Science and Archaeology Group Hebrew University of Jerusalem), confirmant ainsi une très ancienne tradition byzantine locale. Les reliques du saint patriarche auraient été transférées par les croisés à Constantinople, puis, en 1220, une partie fut transférée à Venise. Son chef serait conservé dans le trésor de la Sainte Chapelle à Paris. : Marie d'Agreda, La cité mystique de Dieu , chap. X.
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Le Protévangile
Le séjour en Égypte
L'exil de la Sainte Famille en Égypte est un fait historique assez peu contesté, et les traditions locales de ce séjour sont attestées dès le début de l'ère chrétienne. Il n'est donc pas surprenant d'en trouver aussi le récit dans les visions de Maria Valtorta. La scène qu'elle nous dépeint se déroule au printemps de l'an -2. « Jésus enfant. Il me paraît avoir deux ans, deux ans et demi au maximum … » 36.2 , nous dit-elle. Quant à Joseph, « Il paraît avoir quarante ans au maximum » 36.4 . D'après les précédentes descriptions, Joseph a en fait alors trente cinq ou trente six ans, mais les soucis et les fatigues ont pu marquer son visage. Maria Valtorta se fie manifestement à ses impressions, et non à des notes ou à des souvenirs de visions antérieures. Elle n'évoque qu'une seule fois l'itinéraire choisi par Joseph pour se rendre à Mataréa, à l'occasion d'un dialogue entre l'apôtre Jean et Marie : « Mère, as-tu jamais vu la mer ? » « Oh! Je l'ai vue. Et alors elle était moins agitée, dans sa tempête, que mon cœur, et moins salée que mes larmes pendant que je fuyais le long de la côte de Gaza vers la Mer Rouge, avec mon Bébé dans mes bras et la peur d'Hérode qui me poursuivait. Et je l'ai vue au retour » 247.8 . J'ai consacré deux paragraphes au séjour en Égypte, dans le premier tome de l'Enigme Valtorta , et je n'y reviendrai donc pas ici. Toutefois voici un autre détail qui illustre la cohérence interne du récit. Dans le jardinet de Mataréa, Maria Valtorta observe « une petite chèvre blanche et noire qui broute et rumine les feuilles de quelques branches jetées sur le sol » 36.1 . Or dans une vision reçue trois ans plus tard, Jésus rapporte : « j'avais une chèvre gourmande qu'il fallait garder » 586.5 . Et durant la nuit de la Passion, c'est Marie qui se remémore : « ... dans la fuite en Égypte nous avions tant perdu (...) Je t'ai donné du lait au-delà du temps habituel pour que tu ne sentes pas le manque de nourriture. Jusqu'au moment où nous eûmes la chevrette » 612.16 . Quelle fut la durée de cet exil ? Nombreux sont les témoignages mentionnant un séjour de plusieurs années en Égypte. Un théologien réputé, Giovanni Menochio (1575-1655), écrivait que les avis étaient partagés entre un séjour de trois à sept ans . Un apocryphe arabe indique que Joseph séjourna trois ans en Égypte, et rentra en Galilée « car il venait d'apprendre qu'Hérode était mort et que son fils Archélaüs lui avait succédé ... ». Et c'est aussi ce que rapporte Jésus en évoquant Marie : « Ma Mère a poussé un cri de joiequand, après environ quatre ans, elle est retournée à Nazareth, quand elle est rentrée dans sa maison ... » 35.8 . Cette information permet d'estimer le retour à Nazareth vers la fin de l'an 1 ou au début de l'an 2, et accrédite là encore, sans la mentionner, l'hypothèse de la mort tardive d'Hérode en janvier -1. FOOTNOTES : Maillart, Passion de Jésus , note 2 p 79. Voir aussi Frederick William Faber, Le Pied de la Croix Bray et Retaux 1877 p131. : L'Evangile de l'enfance , chap. 25 et 26. Cet écrit est supposé dater du 6e ou 7e siècle. Origène et Eusèbe estimaient que la Sainte Famille demeura deux ans en Égypte, et retourna en Galilée durant la 1ére année du règne d'Archélaüs. C'est aussi l'avis de St Epiphane ( Haeres . 78) et de Nicéphore (L 1 ch. 14) pour lesquels l'exil dura entre 2 et 3 ans. Barradius opte pour cinq à six ans, tandis que Ammonius d'Alexandrie, Baronius ou Suarez penchent pour sept ans. De ces témoignages on peut au moins conclure qu'aucun de ces auteurs n'imaginaient qu'Hérode soit mort quelques mois seulement après la naissance de Jésus, contrairement à ceux qui placent, depuis Kepler, sa mort en -4. Matthieu (Mt 2,19-23) n'indique pas de durée, mais situe bien entendu le retour à Nazareth au début du règne d'Archélaüs.
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Le Protévangile
Le massacre des innocents
Les chercheurs qui tentent de situer la naissance de Jésus juste quelques mois avant la mort d'Hérode présumée en -4, se trouvent confrontés à des difficultés insurmontables, s'ils veulent tenir compte à la fois des indications de Flavius Josèphe et de celles de saint Matthieu . Maria Valtorta ne mentionne à aucun moment dans son œuvre la date de la mort d'Hérode. (J'ai plusieurs fois souligné que son œuvre ne comporte pas la moindre date). Mais la chronologie précise qui se déduit des nombreux détails cohérents qu'elle nous fournit, impose que la mort d'Hérode soit intervenue après l'éclipse lunaire du 9/10 janvier -1, plutôt qu'après celle du 13/14 mars -4 . Maria Valtorta ne reçut pas de vision du terrifiant massacre des innocents. Pourtant à plusieurs occasions, dans les dialogues des uns et des autres, il en est fait allusion dans l'œuvre, tant cette épouvantable tuerie avait frappé les esprits. « ... tu as entendu parler du massacre d'Hérode… Plus de mille petits dans la ville, un autre millier dans les campagnes. Et tous, aussi, des garçons, à peu près tous, parce que dans leur furie, dans la nuit, dans la mêlée, les tueurs prirent, arrachèrent des berceaux, des lits de leurs mères, des maisons assiégées, même des petites filles » 73.5 . Les chiffres, dans la bouche de ce paysan, trente ans après les faits, sont naturellement largement amplifiés... Maria Valtorta indique, en marge de son manuscrit que « le paysan exagère les chiffres comme c'est souvent le cas ». Et elle inscrit, « de mémoire » précise-t-elle, se référant à une autre vision, le chiffre de trente deux victimes. Mais dans une dictée, le 28/02/1947, Jésus rectifie : « Entre ceux de Bethléem et ceux des campagnes, leur nombre s'élève à trois cent vingt. Et je précise encore que, parmi eux, ceux de Bethléem furent cent quatre vingt-huit, tandis que ceux des campagnes battues dans un vaste rayon par les envoyés d'Hérode pour exterminer les nouveau-nés furent cent trente- deux.Parmi ces tués, il y eut soixante-quatre petites filles, que les sicaires n'ont pas identifiées comme telles, car ils tuèrent dans l'obscurité, la confusion et la frénésie d'agir vite, avant que quoi que ce soit n'intervienne pour mettre fin au massacre ». Si, comme la démographie peut nous permettre de l'estimer, la tranche d'âge de zéro à deux ans représentait en ce temps là environ 6% de la population, cela signifierait 3000 habitants pour Bethléem, et 5000 habitants en englobant la région alentour. Cette estimation reste parfaitement compatible avec les 600 000 habitants de Jérusalem à l'époque, selon les estimations des historiens. « Vous n'êtes pas au courant du massacre d'Hérode ? Tout le monde en a parlé, et César le traita de porc altéré de sang » 74.3 rapporte ensuite l'aubergiste de Bethléem. Cette affirmation trouverait-elle un écho historique chez Macrobe, auteur païen du 4e/5e siècle ? Parlant de l'empereur Auguste, il rapporte : « Ayant entendu que, parmi les enfants qu'Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer, âgés de deux ans et au dessous, son propre fils avait été mis à mort, il dit : il vaut mieux être le pourceau d'Hérode que son fils ». Voici une dernière réflexion sur le massacre des innocents. C'est un enseignement donné par Jésus aux apôtres réunis à Nazareth : « Quand le Temps ne sera plus pour chaque personne ou pour l'humanité toute entière, une première et une seconde fois vous comprendrez que heureux, bénis en Israël, dans l'Israël des temps du Christ, furent ceux qui ayant été exterminés dans leur enfance, ont été préservés du plus grand péché : celui d'être complices de la mort du Sauveur » 436.4 . FOOTNOTES : Kepler ne s'y était pas trompé, lorsqu'il crut pouvoir fixer par ses calculs astronomiques la date de la mort d'Hérode au début de l'an -4. Il en déduisit alors que la naissance de Jésus eut lieu plus d'un an auparavant, en décembre -6. Personne, avant lui, n'avait jamais imaginé qu'Hérode soit mort en -4. : Dans le premier tome de L'Enigme Valtorta (page 300-301), j'ai déjà indiqué ce fait. L'hypothèse formulée par Kepler qu'Hérode soit mort en mars -4 a beau être recopiée un peu partout depuis, contrairement à ce que prétend une boutade d'Aldous Huxley, « soixante-deux mille quatre cents répétitions ne font pas une vérité » ! : Macrobe, Saturnales 1.2, c.4. Auguste sachant que les juifs ne mangeaient pas de porc fit un jeu de mots en grec, intraduisible en latin ou en français entre « le porc » us-uos et « le fils » uios. Doit-on voir dans ce texte l'indication que le massacre des innocents aurait eu lieu à la même époque que le meurtre d'Antipater II, le fils d'Hérode, exécuté justement en -4, aux dires des historiens (voir Benoît XVI, L'enfance de Jésus 2012 p.155) ?
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Le Protévangile
La fuite en Égypte
« Un ange me l'a dit : prends l'Enfant et la Mère et fuis en Égypte » 35.2 . C'est avec les paroles même de Matthieu(Mt 2,13) que Joseph, dans l'œuvre, informe Marie qu'il leur faut quitter sans tarder Bethléem. « J'emporterai le plus de choses possible… À l'aube nous fuyons ». C'est aussi un départ précipité que nous décrit ce texte ancien : « Hérode, voyant que les Mages ne retournaient pas vers lui(...)commença à méditer en son esprit le meurtre du Seigneur Jésus. Alors un ange apparut à Joseph dans son sommeil, et il lui dit : "Lève-toi, prends l'enfant et Sa mère, et réfugie-toi en Égypte". Et, au chant du coq, Joseph se leva et partit ». Maria Valtorta observe : « Jésus qui a l'âge où je l'ai vu dans la vision des Mages. Un enfant d'un an environ » 35.2 . Cette remarque n'est pas aussi futile qu'il paraît... Quand Il repasse pour la première fois à Bethléem, dans les débuts de sa vie publique, en juin 27, un habitant dialogue avec Jésus : « Quel âge as-tu ? ». « Trente ans ». « Alors tu es né justement quand… ». « Nous laissâmes la ville quand j'avais quelques mois... ». « Avant ce malheur, alors... » 73.2 . Puis quelques mois plus tard, en fin de l'année 27, tandis qu'Il va fêter son trente et unième anniversaire, Jésus reçoit une lettre émouvante de sa mère : « Ce sera la première fois que je me dis : Mon Enfant aujourd'hui a une année de plus, et je n'ai pas mon Enfant. Et ce sera plus triste que ton premier anniversaire à Matarea. Mais Tu accomplis ta mission et moi la mienne. Et tous les deux, nous faisons la volonté du Père et travaillons pour la gloire de Dieu. Ceci essuie toute larme » 133.4 . Tous ces indices concordants nous informent que la fuite en Égypte, vers Matarea eut lieu quelques jours à peine après l'adoration des mages, à la fin d'octobre ou au début de novembre -4. Et ceci paraît assez logique, Hérode ayant dû prendre immédiatement la décision du massacre des innocents, dans un accès de fureur et de peur dont il était si coutumier, en constatant que les mages ne revenaient pas vers lui. C'est en tout cas ce que Joseph confie à Marie au moment de fuir : « Hérode veut sa mort… parce qu'il en a peur… pour son pouvoir royal, il a peur de cet Innocent, ce fauve immonde » 35.5 . Et il ajoute : « prends tout ce que tu peux. Ce sera utile parce que… parce que nous devons rester loin longtemps, Marie ! » 35.3 . Cette ultime précision montre qu'à cette date, la santé d'Hérode ne laissait donc pas encore présager sa mort prochaine. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, cette réflexion du chef de la synagogue d'Engaddi, après avoir appris le massacre, ne mérite-t-elle pas d'être méditée ? « Si à trois qui n'étaient même pas d'Israël Dieu a envoyé l'étoile pour les inviter à adorer le Messie enfant ; s'Il les a guidés par elle vers la pauvre maison qu'ignoraient les rabbins d'Israël, les princes des prêtres et les scribes ; si par un songe Il les a avertis de ne pas repasser chez Hérode, pour sauver l'Enfant ; n'aura-t-Il pas, en usant d'une puissance encore plus grande, averti le père et la Mère de s'enfuir, en emportant en lieu sûr l'espérance de Dieu et de l'homme ? » 391.2 . FOOTNOTES : Apocryphe Évangile de l'Enfance , chapitre 9. Ce document, écrit initialement en syriaque ou en grec, est très ancien et remonterait au moins au 2e siècle (selon Brunet, Evangiles apocryphes p. 54).
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L'adoration des Mages
Un jour de septembre 29, tandis qu'Il se trouve au sud de Jérusalem, Jésus dit à ses apôtres : « C'est à ce puits de la fontaine de Rogel que séjournèrent, incertains et déçus, les trois Sages d'Orient, car avait disparu ici l'Étoile qui les avait amenés de si loin... » 493.3 . Matthieu est formel : les mages viennent s'informer auprès d'Hérode, à Jérusalem, avant de se rendre à Bethléem. Et en effet, le puits de En Rogel apparaît comme une halte toute désignée pour une caravane venant de l'Orient et se rendant à Jérusalem. Cette rencontre avec Hérode ne se déroula surement pas en hiver, puisque Flavius Josèphe indique que durant la période hivernale, Hérode se trouvait plus volontiers dans son palais de Jéricho. Et il n'était certes pas non plus mourant, contrairement à ce qui devrait pourtant découler logiquement de la chronologie situant sa mort le 2 ou 3 avril -4. Après la visite des mages, Hérode, furieux, décide du massacre de « tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, d'après le temps qu'il connaissait exactement par les mages »(Mt 2,16). C'est donc que les mages avaient à ce moment là une relative incertitude sur l'âge du Messie, et que les phénomènes astronomiques leur étaient apparus depuis plusieurs mois déjà ! La crédibilité de Maria Valtorta s'en trouve ainsi renforcée. Car selon sa chronologie, la visite des mages intervint entre mi-septembre et mi-octobre -4. Jésus « paraît avoir de neuf mois à un an » 34.6 remarque-t-elle, puis elle ajoute « Jésus a le pas encore incertain de l'enfant » 34.9 . L'Écriture Sainte ne détermine pas plus le nombre des mages, qu'elle ne nomme le (ou les pays) dont ils étaient originaires. Saint Augustin et saint Jean Chrysostome supposaient qu'ils étaient au nombre de dix. Mais saint Léon, saint Césaire, Bède, Rupert et après eux une foule d'autres commentateurs furent d'avis qu'ils étaient trois, comme représenté dès le 2e siècle. D'où venaient ces trois mages ? Ici Maria Valtorta s'écarte un peu de la tradition la plus commune des Pères, qui les donnaient généralement originaires d'Arabie, en extrapolant le témoignage de Matthieu les disant simplement « venus du Levant ». Jésus dicte à Maria Valtorta : « L'étoile les amène du nord, de l'orient et du midi », des Adoration des Mages. Fresque de la catacombe de Priscille, vers 180. « Indes lointaines », des « chaînes mongoliques » et des « terres où naît le Nil », et plus loin cette autre indication : « Et puis il vint des Mages d'au-delà de l'Euphrate et du Nil » 119.1 . « Et chacun, des trois points différents de la terre, s'en allait vers cette direction, et ils s'étaient trouvés ensuite ensemble au-delà de la Mer Morte » 34.11 . Les mages auraient donc parcouru chacun un trajet de plusieurs milliers de kilomètres, nécessitant de quatre à cinq mois, voire plus, pour se rendre à Jérusalem. Jésus attire aussi notre attention sur trois miracles de Dieu, à l'occasion de ce voyage des mages venus de si loin pour l'adorer : le fait d'avoir été tous les trois guidés par l'étoile vers le même lieu, le fait de s'être rencontrés tous les trois au même moment au bord de la mer morte, et enfin « le don de comprendre et de se faire comprendre, comme au Paradis où l'on parle une seule langue : celle de Dieu » 34.11 . C'était l'opinion de saint Augustin, de saint Léon, de saint Thomas d'Aquin ou de Corneille a Lapide que ce fut l'Esprit Saint qui inspira les mages dans leur quête . Beaucoup plus loin dans l'œuvre Jésus, évoquant les trois sages, confirme : « La recherche de Dieu, parce qu'elle est bonne, donne toujours tous les secours et toutes les hardiesses (...) Elle ne manque jamais l'étoile de Dieu à qui cherche Dieu avec justice et amour (...) l'Étoile les appela par sa clarté, et ils vinrent à la Lumière. Bienheureux ! Bienheureux eux et ceux qui savent les imiter ! » 493.3 . Une précision sur l'origine d'un des mages retient notre attention. Maria Valtorta rapporte ce dialogue entre deux pèlerins parlant des mages d'Orient : « L'un d'eux était parent de Salomon... Salomon s'éprit de la reine de Saba parce qu'elle était belle et à cause des présents qu'elle lui avait apportés. Elle en eut un fils qui est de Judée, tout en étant d'au-delà du Nil ... » 119.1 . Ceci concernerait donc le mage que la tradition nomme Melchior. Cette information inattendue semble pourtant avoir un fondement dans les traditions historiques d'Abyssinie, qui racontent le voyage de leur reine Makéda auprès de Salomon . Au 19e siècle encore, le négus d'Ethiopie, en même temps qu'il portait le nom traditionnel de Ménélik, se faisait gloire de porter dans ses veines le sang de Salomon et de la Reine de Saba, de même qu'il n'hésitait pas à se déclarer de la lignée du roi mage Melchior . Il paraît pourtant improbable que Maria Valtorta ait pu connaître cette tradition locale. Matthieu (Mt 2,12) termine ainsi son récit sur l'adoration des mages :« C'est par un autre chemin qu'ils se retirèrent dans leur pays ». Or c'est exactement ce que suggère un passage de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé . Abraham, le vieux chef de la synagogue d'Engaddi, se remémore : « Mon garçon me dit : Père, regarde ! Une grande caravane, et des chevaux, et des chameaux, et des serviteurs et des seigneurs, en direction d'Engaddi. Ils viennent peut-être aux sources avant la tombée de la nuit (...) et je vis … Les hommes venaient bien aux sources. Ils descendirent et me virent et ils me demandèrent s'ils pouvaient camper en cet endroit pour une nuit. (...) Nous veillons pour être prêts à fuir, car Hérode nous recherche. D'ici, les sentinelles verront toute la route et il sera facile d'échapper à ceux qui nous recherchent (...) Nous avons adoré le Messie qui est né à Bethléem de Juda et vers lequel nous a guidé l'étoile du Seigneur. Hérode le cherche et donc il nous cherche pour que nous lui indiquions l'endroit où Il se trouve. Et il le cherche pour le tuer » 390.5 . En consultant une carte, ce trajet paraît vraiment plausible : quittant Bethléem vers le sud, pour s'éloigner au plus vite de Jérusalem, les mages passèrent par Técoa et poursuivirent leur route pour atteindre directement Engaddi, terme d'une étape longue de 35 km environ. Le vieil Abraham se souvient que le passage des Sages à Engaddi eut lieu « après la vendange abondante » 390.3 , ce qui est pleinement cohérent avec la période de mi-septembre/mi-octobre déterminée précédemment. FOOTNOTES : St Jean Chrysostome, Homélie VI sur le chapitre II de St. Matthieu . : Jésus demande à Maria Valtorta d'écrire, en marge de son manuscrit, que par ce terme, il faut comprendre l'Asie méridionale : Turkestan, Afghanistan et Perse. : Voir par exemple St Léon Sermon XXI in Epiphania ; St Thomas Somme Théologique III, 36,8 (cité par Beaurredon Revue du monde catholique p 174) : L'explorateur James Bruce (1730-1794) rapporte cette tradition dans Voyage à la recherche des sources de Nil 1790, tome II p 369. (De nos jours encore l'Église orthodoxe éthiopienne considère que les trois mages venaient d'Éthiopie, et qu'ils appartenaient à la famille royale). Dans l'œuvre, un autre indice de cette origine éthiopienne de la reine de Saba est donné par l'apôtre Thomas. Il est question d'une esclave née en Arabie et vendue comme descendante de la reine de Saba. L'apôtre s'exclame : « Une belle surprise pour l'acheteur, quand il aura vu s'éclaircir le teint de la… fausse éthiopienne ! » 435.3 . : Hugues Le Roux Ménélik et nous 1902 page 411, écrit à propos du négus : « il incarnait la figure et la légende du roi à figure basanée, le Mage Melchior qui, on ne sait d'où, vint pour prier au berceau de l'Enfant Nazaréen ... ».
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L'étoile de Bethléem
« Ne vous rappelez-vous pas Balaam ? Une Étoile naîtra de Jacob » 41.4 déclare Jésus enfant aux docteurs du Temple, citant les Nombres(Nb 24,17). Depuis l'origine du christianisme d'innombrables chercheurs ont tenté de résoudre l'énigme posée par le texte de saint Matthieu (Mt 2,2). En effet la détermination de ce phénomène astronomique est étroitement liée à la recherche de la datation précise de la naissance du Christ. De nombreuses théories ont été avancées (apparition d'une super nova, passage d'une comète, conjonctions de planètes, etc.), mais aucune à ce jour ne semble absolument déterminante. Le texte de Maria Valtorta fournit ça et là toutes sortes de détails sur ce(s) phénomène(s) céleste(s), permettant de s'en faire une idée assez précise. Le plus âgé des trois mages résume ainsi leur découverte : « Ils ont vu, une nuit du mois de décembre précédent, une nouvelle étoile qui s'est allumée dans le ciel avec une inhabituelle splendeur... Jamais les cartes célestes n'avaient porté cet astre ou ne l'avaient signalé. Son nom était inconnu. Elle n'avait pas de nom. ( … ) Eux l'avaient vue et s'étaient efforcés de comprendre sa voix ( … ) , ils s'étaient plongés dans l'étude du Zodiaque. Et les conjonctions des astres, le temps, la saison, les calculs des anciens temps et des combinaisons astronomiques leur avaient dit le nom et le secret de l'étoile. Son nom : Messie. Son secret : Être le Messie venu au monde ( … ) Une étoile de grandeur inhabituelle, comme une petite lune ( … ) Du globe qui semble un énorme et clair saphir éclairé de l'intérieur par un soleil, part un sillage lumineux ( … ) sa queue vibre et se balance ( … ) ils étaient venus vers la Palestine car l'étoile allait dans cette direction ( … ) Ils étaient allés à Jérusalem ( … ) Mais l'étoile s'était cachée sur le ciel de cette ville ( … ) vers Bethléem et l'étoile était réapparue à leurs yeux » 34.3/7 . Pour ce qui concerne les conjonctions des astres mentionnées ici, il faut noter qu'un rapprochement planétaire assez rare eut lieu à trois reprises entre mai et décembre -7, entre Jupiter et Saturne. Le pape Benoît XVI rapporte d'ailleurs ce phénomène dans son livre L'enfance de Jésus . Or Virgile, dans la IVe Eglogue des Bucoliques , prédit le renouvellement du monde et le retour de la Vierge, le règne de Saturne accompagnant alors la venue du nouvel enfant des dieux. « Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna, Jam nova progenies caelo demittitur alto ». Le rapprochement entre Saturne et Jupiter fut donc certainement considéré comme un signe très important pour les astronomes/astrologues de ce temps qui n'ignoraient pas certains oracles, ni la prophétie de Daniel . Ailleurs dans l'œuvre, c'est en tout cas ce que suggère la disciple romaine Lidia, parlant d'un astrologue grec nommé Diomède : « Lui soutenait que cela arrivait parce que les temps étaient plus proches et que les astres parlaient par leurs conjonctions » 426.6 Et dans le dialogue qui s'en suit, Jésus fait justement l'éloge de Virgile : « Son esprit enflammé de pureté et de génie s'est élevé jusqu'à la connaissance d'une page qui me concerne » 426.6 . « Une étoile de grandeur inhabituelle » pourrait évoquer une supernova, caractérisée par une très grande brillance et une durée de vie assez courte. L'hypothèse de la survenue de ce phénomène rare fut d'ailleurs plusieurs fois envisagée par les chercheurs depuis Kepler. Mais la suite du texte de Maria Valtorta mentionne un « sillage lumineux », ce qui correspondrait mieux à une comète. Or le professeur Ho Peng-Yoke publia en 1962 un catalogue montrant que les astronomes chinois, entre le 9 mars et le 6 avril -5 (julien), ont observé l'apparition d'une comète à queue, qui resta visible pendant 70 jours dans la constellation du Capricorne, c'est-à-dire visible le matin vers l'Est dans le ciel de Mésopotamie. C'est exactement à cette période que la chronologie, dans l'œuvre de Maria Valtorta, situe l'Annonciation et la Visitation ! « Nous avons vu son étoile au Levant » (Mt 2,2) dirent justement les mages à Hérode... Une autre comète (sans queue cette fois) fut à nouveau observée en mars -4. Ces deux phénomènes nous interpellent. D'autant que dans les premiers siècles déjà, Origène écrivait : « Je crois que l'étoile qui parut en Orient était d'une nouvelle espèce (...) qu'elle était à peu près de même nature que les comètes ». Il se réfère même au Traité des comètes , composé par le stoïcien Chérémon pour étayer son opinion. Ailleurs, Jésus rappelle à un bethléémite les prophéties annonçant l'étoile : « Sur quoi les mages basaient-ils leur affirmation ? ...Sur leurs calculs au sujet d'une nouvelle étoile. (…) Et n'est-il pas dit : Une étoile naîtra de Jacob et un sceptre s'élèvera d'Israël ? (…) Et l'étoile, vue par les mages ne pourrait-elle pas être l'étoile de Jacob, la grande lumière des deux prophéties de Balaam et d'Isaïe ? » 73.6 . C'est exactement l'opinion exprimée par saint Jérôme quand il affirme que les mages apprirent de la prophétie de Balaam que le fils de Dieu était né . Et Jésus salue leur foi : « Ces Sages d'orient n'avaient rien qui les assurât de la vérité. Rien de surnaturel. Seulement leurs calculs astronomiques et leur travail de réflexion qu'une vie intègre rendait parfaite. Et pourtant, ils ont eu la foi. Foi en tout : foi dans la science, foi dans leur conscience, foi dans la bonté divine. Par la science ils ont cru au signe de l'étoile nouvelle qui ne pouvait être que "celle" attendue depuis des siècles par l'humanité : le Messie… » 34.11 . Une conjonction de planètes, deux comètes, et peut-être même l'apparition d'une nova : pourquoi plusieurs phénomènes astronomiques distincts n'auraient-ils pas pu, finalement, saluer la venue sur terre du Messie ? Il apparaît que cette période fut assez riche en signes dans le ciel . Mais pour ne pas alourdir plus qu'il ne convient ce chapitre, les phénomènes astronomiques répertoriés durant cette période sont regroupés dans l' Annexe 2 , en fin de cet ouvrage, pour les lecteurs que ce sujet intéresserait plus spécialement. FOOTNOTES : De nombreuses traductions furent proposées. Voici celle de Paul Valéry : « La Vierge nous revient, et les lois de Saturne. Et le ciel nous envoie une race nouvelle. Bénis, chaste Lucine, un enfant près de naître Qui doit l'âge de fer changer en âge d'or ». :. Voir les notes du paragraphe La prophétie des soixante dix semaines . : N° 63 du catalogue Ho Peng Yoke, Ancient and mediaeval observations of comets and novae in Chinese sources Vistas in Astronomy, Volume 5, 1962. (« Second year of the Chien-p'ing reign period, second month (5 BC, March 9-April 6), a suibsing appeared at Ch'ien-niu for over 70 days »). : Origène Contre Celsus Livre 1. : Saint Jérôme, Commentaire sur Isaïe chap. 19 : « Magi de Oriente docti a demonibus, vel juxta prophetiam Balaam intelligentes natum filium Dei, qui omnem artis eorum destrueret potestatem, venerunt Bethlehem... » .
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Le Protévangile
Les bergers dans les champs en plein hiver
Maria Valtorta poursuit son récit. « La lune est au zénith et elle cingle tranquille dans un ciel tout constellé (...) Sur ma droite, je vois un endroit enclos sur deux côtés par une haie de ronces et sur les deux autres par un mur bas et grossier. Ce mur soutient le toit d'une sorte de hangar qui, à l'intérieur de l'enceinte est construit partie en maçonnerie, partie en bois en sorte qu'en été on doit enlever la partie faite en bois et le hangar se change en portique » 30.1 . Sous cet abri précaire, des bergers montent la garde et veillent sur leur troupeau, A sainte Mechtilde la Vierge Marie confia également : « Rien ne m'était nécessaire, puisque j'ai mis au monde sans douleur... » ( Le livre de la grâce spéciale , chap. 5 § 10). quand un pastoureau s'inquiète. Ses compagnons donnent l'alerte : « Appelez aussi les autres qui dorment et prenez des bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des malandrins… » 30.3 . Si la présence de l'âne et du bœuf lors de la Nativité semble unanimement admise (ou tolérée ?), il en va bien autrement de la présence des bergers cette nuit là. Depuis un ou deux siècles, nombre de critiques ont contesté que la naissance ait pu se dérouler en hiver, du fait que les bergers étaient la nuit dans les champs à garder les troupeaux(Lc 2,8-11). Certains en font même un argument pour réfuter la possibilité que Jésus soit né un 25 décembre . Cette affirmation fut reprise comme une évidence jusqu'à nos jours par tous ceux qui cherchent à nier l'historicité du récit de saint Luc. Même Henri Daniel-Rops affirmait avec un certain aplomb : « Les troupeaux (...) passaient l'hiver dans des bergeries, et ce détail suffit à prouver que la date traditionnelle de Noël en hiver a peu de chance d'être exacte, puisque l'Évangile nous dit que les bergers étaient aux champs ». Cet argument injustifié et même fallacieux ne peut être reçu que par des personnes ayant une méconnaissance des us rurales au cours de l'histoire . Dans l'antiquité les éleveurs de moutons pratiquaient la transhumance durant toute l'année. « Les Arabes, les Phrygiens, les Ciliciens, peuples pasteurs qui, hiver comme été, errent avec leurs troupeaux dans les plaines et dans les montagnes... » nous dit Cicéron . Il ne pouvait en être autrement en Palestine, du fait des précoces étés secs et torrides en plaine, obligeant les bergers de se réfugier sur les hauteurs, dans les monts de Judée ou de Haute Galilée. Et comme il n'était pas possible de stocker suffisamment de foin en plaine durant l'été trop sec, le moutons vivaient donc nécessairement en pâture pendant les mois d'hiver . Maria Valtorta décrit donc le parcage des brebis pour la nuit, dans une bergerie rudimentaire, sous la surveillance des bergers. L'explication décisive de cette surveillance nocturne se trouve dans Pline : « L'accouplement a lieu entre le 13 mai et le 23 juillet car les agneaux qui naissent en hiver sont préférés : plus vigoureux, ils résistent ensuite mieux aux grandes chaleurs de l'été ». Et Pline ajoute même : « Le mouton est le seul des animaux à qui il soit avantageux de naître l'hiver ». Autour de Jérusalem, ce choix s'imposait aussi pour une autre raison : la Pâque. La célébration pascale pouvait remplir la ville de cinq à six cent mille pèlerins . Il fallait donc disposer, rien que pour les sacrifices, d'au moins cinquante à cent mille agneaux , tous mis bas au cours de l'hiver. Et le souci de tout bon berger, en période d'agnelages intensifs impose, encore de nos jours, de surveiller son troupeau nuit et jour ! Les douze bergers de Bethléem sont maintenant tous hors de leur abri. « Au-dessus de l'arbre regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu'elle s'avance sur un rayon de lune. La voilà qui approche. Comme elle est belle ! (...) C'est un… c'est un ange ! » 30.3 . La suite du récit de Maria Valtorta est conforme à la narration transmise par Luc (Lc 2,9-20). Elle précise que les bergers « s'en vont éclairés par la lune et des torches après avoir fermé le hangar et l'enceinte » 30.6 . moutons bio en Auvergne : « Sélectionné depuis le début sur la rusticité, le troupeau a passé deux ans en plein air intégral, agnelant en plein hiver sans aucun problème pour les agneaux », témoigne-t-il sur son site Internet. Et c'est à nouveau l'occasion de souligner combien le texte de Maria Valtorta regorge de ces détails en apparence futiles, voire superflus, mais qui renforcent tant la crédibilité de l'ensemble. Ainsi par exemple, lorsque le berger Elie demande à Marie : « Tu n'as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ? » « Oui, j'en aurais. Mais ils ne sont pas près d'ici. Ils sont à Hébron … » « J'y vais moi » dit Élie . « Qui sont-ils ? » « Zacharie, le prêtre, et Elisabeth ma cousine » 30.8 . Quelques jours après la naissance, Zacharie vient donc rendre visite à Marie et Joseph, leur apportant quelques présents utiles, et il les dissuade de retourner à Nazareth : « Nazareth ? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit grandir à Bethléem. C'est la Cité de David. Le Très-Haut l'a amené par l'intermédiaire de la volonté de César à naître dans la terre de David, la terre sainte de la Judée. Pourquoi le porter à Nazareth ? Vous savez comment chez les Juifs on juge les Nazaréens. Demain, cet Enfant devra être le Sauveur de son peuple. Il ne faut pas que la capitale méprise son Roi parce qu'il vient d'une région qu'elle méprise » 31.4 . Marie se plie aux arguments de son cousin: « Tu le dis prêtre, et nous… et nous… avec douleur nous t'écoutons… et te donnons raison. Mais quelle douleur ! Quand verrai-je cette maison où je suis devenue Mère ? » 31.5 . Pourquoi Joseph ne retourna-t-il pas à Nazareth ni avant, ni après la présentation au Temple, et demeura à Bethléem jusqu'à la fuite en Égypte ? Cette question partagea les exégètes au cours des siècles, et aucun ne semble y avoir jamais apporté une réponse aussi convaincante. Maria Valtorta fournit ici une explication logique et tout à fait originale au séjour prolongé de la sainte famille à Bethléem. A la fin de sa première année de vie publique, Jésus confirme cet épisode, en évoquant le souvenir de son cousin Zacharie : « il devint un esprit juste, lorsque sur l'orgueil de l'homme tomba le démenti de Dieu. Il avait dit : « Moi, prêtre de Dieu, je dis que c'est à Bethléem que doit vivre le Sauveur », et Dieu lui avait montré comment un jugement, même celui d'un prêtre, s'il n'est pas éclairé par Dieu, est un pauvre jugement. En pensant avec horreur : « Je pouvais faire tuer Jésus, avec mes paroles », Zacharie devint le juste qui maintenant repose en attendant le Paradis. Et la justice lui enseigna la prudence et la charité. Charité envers les bergers, prudence à l'égard du monde pour lequel le Christ devait être inconnu » 136.9 . FOOTNOTES : Un des premiers contestataires fut probablement La Nauze, Mémoires de l'Institut Impérial de France 1815-1831, tome IX p 91. : Henri Daniel-Rops, La vie quotidienne en Palestine au temps de Jésus 1961, p. 280. : Il est vraiment surprenant que de nos jours encore, certains auteurs se satisfassent de ce piètre argument pour affirmer que Jésus n'a pas pu naître en hiver ! : Cicéron, de Divitatione XLII. : De nos jours encore, malgré le grand froid, les moutons de pré-salé restent en pâture en hiver, sur les hauteurs du Cap Hornu. en Baie de Somme ! Voir aussi le site de cet éleveur de (suite page suivante...) : Pline l'ancien, Histoire Naturelle , Livre VIII. : Tacite, Histoire , Livre V chap. 13. : Flavius Josèphe donne le chiffre de 255 600 bêtes sacrifiées, rien que pour la Pâque, mais cela paraît tout de même un peu excessif.
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Le Protévangile
Le séjour de Marie et des autres vierges au Temple
Ailleurs dans l'œuvre, Jésus précise la durée du séjour de sa Mère au Temple : « Ma Mère fut l'Enfant du Temple depuis l'âge de trois ans à quinze ans et hâta la venue du Christ par la force de son amour... » 136.6 . Maria Valtorta fournit quelques détails sur les activités quotidiennes de Marie au Temple. Quand dans une vision, elle observe Marie, fillette « de douze ans au plus », déjà orpheline, « elle coud et chante à mi-voix » 10.1 nous dit-elle. Sa vie est une prière constante, un dialogue permanent avec Dieu. Elle confie à Anne de Phanuel : « je parle avec Dieu. Anne, tu ne peux savoir comme je le sens près de moi. Plus que proche : en mon cœur. Que Dieu me pardonne pareil orgueil, mais je ne me sens jamais seule... » 10.3 . Avec ses « compagnes bien chères » elle participe aux « chants des vierges et des lévites » devant le « double Voile brodé » qui cache à la vue « le Propitiatoire sur lequel repose la gloire du Seigneur » 10.3 . Le séjour de Marie au Temple, tel que le dépeint Maria Valtorta, est en parfaite harmonie avec ce que nous en rapporte L'Évangile de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie. Ce très ancien document, quifut un temps attribué à Saint Jérôme , décrit ainsi la journée de Marie au Temple : « Elle tachait d'être toujours la première aux veilles de la nuit, la mieux instruite en la loi de Dieu, la plus fervente en la charité, la plus pure en la pureté et, en toutes sortes de vertus, la plus parfaite ». Dans un autre texte , saint Jérôme précise l'emploi du temps : « Depuis grand matin jusqu'à tierce, elle s'entretenait avec Dieu dans l'oraison ; de tierce à none, elle s'appliquait à quelque ouvrage des mains ; depuis none jusqu'au soir, elle retournait à ses prières... ». Saint Ambroise(Lib. 2 de Virginibus )et saint Germain de Constantinople disent en outre que Marie s'appliquait souvent à lire et à méditer les prophètes et les divines Écritures, dont elle savait les secrets, ajoute saint Augustin(Serm. 9 de Temp .). Pour ceux qui, de nos jours, douteraient encore de la présence de vierges au Temple, voici quelques autres témoignages. Par exemple cet écho des travaux de tissage et de couture attribués aux vierges du Temple que l'on trouve dans le Protévangile de Jacques , au chap. 10 : « Faisons un voile pour le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Appelez-moi les vierges sans tache de la tribu de David. (...) Et ils les firent entrer dans le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Tirez au sort laquelle filera l'or, l'amiante, le lin, la soie, le bleu, l'écarlate et la pourpre véritable. Et à Marie échurent la pourpre véritable et l'écarlate ». La tradition juive(Mishna Sheqalim 8,5)confirme elle aussi que le voile du Temple fut tissé par des jeunes filles. Elle nous indique même qu'au moment de la destruction du Temple « quand les vierges qui tissaient le rideau du Temple virent que le Temple était en feu, elles se jetèrent dans le feu, afin que l'ennemi ne puisse pas les violer »(Pesiqta Gabbati ; Piska 26, 6). Aux dires de Nicéphore Calliste, Evodius , disciple des apôtres et successeur de saint Pierre à Antioche tenait pour acquis qu'il y ait eu des vierges vouées au Temple et élevées dans son enceinte. L'archiviste du Vatican, le cardinal Baronius( Annales eccl. in apparatus n° 49)jugeait authentique ce document que certains ont contesté depuis. Saint Grégoire de Nysse, saint Jean Damascène, saint Ambroise , saint Jérôme et d'autres écrivains ont témoigné de cette présence de femmes, de vierges consacrées pour le service du Temple ( templo deputatas ), et du séjour qu'y fit Marie. Plus tard le célèbre bibliste Dom Calmet affirme lui aussi que « les vierges, ou almas , figuraient dans les cérémonies du culte judaïque avant que ce culte eût un Temple. Nous les voyons sous la conduite de Marie, sœur de Moise, célébrer par des danses et des cantiques de triomphe le passage de la mer Rouge. Les vierges de Silo, qui semblent avoir été, du temps des Juges, plus particulièrement consacrées au culte d'Adonaï que les autres filles d'Israël, dansaient au chant des cantiques et au son des trompes, à peu de distance du lieu saint. Il y avait donc, quoi qu'on eût pu dire, des vierges attachées au service du second Temple, lors de la présentation de Marie ». Cette tradition antique du séjour de Marie au Temple était si générale en Orient que Mahomet lui-même en parle dans le Coran . Dans une étude minutieuse, Xavier Pailloux localise l'habitation des femmes, près du parvis des femmes, sur trois étages comportant chacun vingt-deux chambres. Il est assez remarquable de constater que la localisation qu'il indique est parfaitement compatible avec la vision de Maria Valtorta. « De la fenêtre ouverte on découvre l'édifice imposant et central du Temple et puis toute la descente des escaliers des petites cours, des portiques et, au-delà de la muraille d'enceinte, la cité avec ses rues, ses maisons, ses jardins et au fond le sommet bosselé du Mont des Oliviers » 10.1 . Cette description, qui suppose un bâtiment élevé, situé du coté sud-ouest du Temple, concorde également avec les visions de sainte C. Emmerich. Au 16e siècle le rabbin Azarias (Imreh Binah, chap. 60) mentionne des femmes employées au service du Temple, qui restaient vierges ( les almahs ) et vivaient en communauté. On peut donc citer également une autorité juive pour justifier l'existence des vierges du Temple. Et le pape Pie XII dans son Encyclique Sacra Virginitas , donne en quelque sorte une caution papale à cette croyance : « comme l'écrit saint Ambroise nous lisons qu'il y avait aussi des vierges au Temple de Jérusalem ». FOOTNOTES : Ce récit est généralement regardé comme apocryphe. Il a cependant accompagné les œuvres de saint Jérôme, et mérite au moins considération par son ancienneté. : Rapporté par Alexis de Salo, Méthode admirable pour aymer, servir et honorer la Vierge Marie nostre advocate, 1664, p 222. : Saint Jérôme Lettre à Héliodore . Propos confirmés aussi par saint Bonaventure ( Méditations sur la Vie du Christ chap. 3). : Dans une lettre citée, il est vrai, pour la première fois par Nicéphore ( Histoire Ecclésiastique, livre Il, c.), et où il est parlé de la sainte Vierge. : Saint Ambroise écrivit (dans De Virginit. Lib . 1) : « ... considérons comme l'on ferait d'un modèle la vie de Marie dans le Temple ... ». : Dans son Dictionnaire de la Bible , à l'article « Vierge ». Dom Calmet cite Flavius Josèphe et précise que l'habitation réservée aux vierges était divisée en 90 cellules. : Surate 3 Al' Imram, v 37 : « Son Seigneur l'agréa alors du bon agrément, la fit croître en belle croissance. Et Il en confia la garde à Zacharie. Chaque fois que celui-ci entrait auprès d'elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d'elle de la nourriture. Il dit : ô Marie, d'où te vient cette nourriture ? - Elle dit : Cela me vient d'Allah. Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter.. . ». : Xavier Pailloux Monographie du Temple de Salomon 1885 (p 90, 126 et suivantes). : St. Ambroise. De virginibus , L 1er, c III, n 12 ; P.L. XVI, 192. : Découverte à Arles, et maintenant conservée dans la crypte de Saint-Maximin.
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Seconde année de vie publique
Le retour à Capharnaüm
Revenus du périple en Haute Galilée , où ils ont croisé la route de Gamaliel et se sont recueillis sur la tombe d'Hillel, sur les pentes du mont Méron, ils passent une semaine à Capharnaüm et dans ses environs. Le mardi 1er février, Jésus sauve le petit-fils du pharisien Eli, mordu par un serpent. Invité chez Eli le lendemain, en présence des autres pharisiens de Capharnaüm, Il réaffirme que son royaume sera spirituel : « Mais vous, maîtres d'Israël, ne déformez pas mes paroles ni celles des Prophètes qui m'annoncent. Nul royaume humain, pour puissant qu'il soit, n'est universel et éternel. Les Prophètes disent que tel sera le mien. Que cela vous éclaire sur la réalité et le caractère spirituel de ma Royauté » 163.5 . Mais cette affirmation, pas plus que le miracle accompli la veille, ne suffiront à convertir Eli et ses confrères, dont la haine envers le Messie ira toujours grandissante. FOOTNOTES : C'est ce que décrit Matthieu 4,23-25.
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Troisième année de vie publique
La véritable postérité d'Abraham
Pour la troisième fois en trois jours, le vendredi 12 octobre, Jésus vient à nouveau au Temple pour y prêcher. Avant qu'Il n'y accède, un légionnaire, Quintus Félix, lui parle discrètement : « Prends garde à Toi. Quelqu'un qui est au courant nous a avertis, et quelqu'une qui t'admire a commandé de veiller. Nous serons près du souterrain du côté de l'orient » 507.2 . De fait, juste après la prière, un groupe composé de scribes et de gardes du Temple vient menacer Jésus. « Tu es encore ici ? Tu ne comprends pas que nous ne voulons pas de Toi ? Ne crains-tu même pas le danger qui ici te menace ? Va-t-en » 507.3 . C'est dans ce contexte précis que Jean commence le récit de cette longue conversation souvent houleuse (Jn 8,21-59). Une première fois le Seigneur fait mine de s'en aller, mais Il est retenu par ceux qui croient en Lui et qui L'interrogent encore : « Maître, écoute-nous. Nous ne sommes pas tous comme eux (...) tes paroles nous entraînent à croire. Mais comment faire pour croire complètement et avoir la vie ? » 507.7 . Mais Jésus ne peut pas leur répondre directement, car à nouveau les opposants, avec à leur tête le scribe Sadoc, l'assaillent d'abord verbalement, puis physiquement lorsqu'Il leur annonce : « En vérité, en vérité je vous le dis : avant qu'Abraham naisse, Moi, je suis ». « "Je suis" ? Seul Dieu peut le dire car Il est éternel. Pas Toi ! Blasphémateur ! "Je suis" ! Anathème ! Tu es peut-être Dieu, Toi, pour le dire ? » 507.12 . Et ils commencent à prendre des projectiles pour les Lui lancer. Mais protégé par quelques apôtres et disciples, Zacharie pousse Jésus par la porte dérobée qu'il referme derrière eux. Ils trouvent refuge chez Joseph de Séphoris, un galiléen qui tient une sorte d'auberge pour accueillir ses compatriotes, dans le quartier de Bézéta, où Jésus va rester durant le sabbat. FOOTNOTES : Il s'agit probablement du légionnaire Quintus qui accompagnait Publius Quinctilianus deux ans plus tôt (MV 109.13). L'informateur est probablement le lévite Zacharie, disciple en secret et bien placé pour connaître les intentions pharisiennes. L'admiratrice ne peut être que Claudia. Quant à l'existence de tels passages secrets, elle a été de nouveau attestée par des découvertes archéologiques (tunnel des asmonéens en 2004).
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Le Protévangile
Marie éducatrice de Jésus, Jacques et Jude
A plusieurs reprises dans son œuvre, Maria Valtorta présente le rôle d'éducatrice que tint la Vierge Marie auprès de son divin fils Jésus, durant toute son enfance . A l'automne de l'an 3, tandis que Jésus va sur ses six ans, son oncle Alphée s'étonne déjà de la maturité de son neveu : « Mais qui met de telles paroles sur les lèvres de l'Enfant ? » 38.6 . Des années plus tard, lorsque Jude rejoint le groupe des premiers apôtres, Jésus lui rappelle : « Allons nous deux... comme quand nous étions des enfants, lorsque Alphée me regardait comme le plus sensé des garçons de Nazareth » 93.8 . Marie avait décidé d'assurer seule l'éducation de son Fils, et Joseph approuva ce choix, malgré les réserves formulées par son frère Alphée : « Jésus n'a pas besoin d'aller à l'école. Marie a été élevée au Temple et c'est un vrai docteur pour la connaissance de la Loi. Elle sera sa Maîtresse » 38.7 . Après une discussion animée, à court d'arguments, l'oncle Alphée finit même par accepter que ses deux plus jeunes fils puissent bénéficier de cet enseignement. « Ils viendront chaque jour, de la sixième heure jusqu'au soir » 38.8 . Ainsi Marie fut également l'éducatrice des jeunes cousins de Jésus, à peine plus âgés que Lui. « Marie fut ma maîtresse, celle de Jacques et de Jude » 38.9 confirme d'ailleurs Jésus. Il apparait conforme à la Sagesse éternelle de Dieu, que Marie, destinée à être la mère de Son Fils, ait reçu au Temple la formation qui devait l'imprégner de toutes les prophéties messianiques de la Bible, et lui permettre de remplir, le moment venu, le rôle spirituel d'une mère juive soucieuse de développer harmonieusement l'épanouissement de son enfant. Et nous ne pouvons douter que l'enseignement prodigué par Celle que la liturgie nomme le « Trône de la Sagesse » fut excellent. C'était en tout cas l'opinion du pape Jean-Paul II. Il déclara en effet, parlant de la Vierge Marie : « Il est certes établi que c'est Elle, avec Joseph, qui initia Jésus aux rites et aux prescriptions de Moïse ; à la prière au Dieu de l'Alliance par le moyen des Psaumes ; à l'histoire du peuple d'Israël centré sur l'Exode d'Égypte. (...) Observant les résultats, nous pouvons d'évidence en déduire que l'œuvre éducative de Marie s'est avérée très incisive et profonde ». Par cette affirmation le pape renforce, s'il en était besoin, notre opinion sur la véracité de cet épisode inédit de la vie de Jésus. Il est même permis de supposer qu'il ait pu s'en inspirer, lorsqu'il mentionna ce rôle éminent de Marie, « Maîtresse de son Fils avant d'en devenir l'humble disciple », puisque son entourage allègue que le saint Père fut lecteur de « l'Évangile tel qu'il m'a été révélé ». FOOTNOTES : Pour ces allusions au rôle d'éducatrice de Marie, voir par exemple les paragraphes 56.3, 57.6, 130.3, 157.5 ou encore 478.3. : La traduction française de Félix Sauvage, « le soir à la sixième heure » pour « dall'ora di sesta a sera » est erronée. : Voir en particulier le discours de l'audience générale du 4 décembre 1996 § 3 et § 4.
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Le Protévangile
Jésus devient fils de la Loi (bar mitsva)
Le temps passe, et Jésus est maintenant « un bel enfant de douze ans » 39.4 . C'est le printemps de l'an 9, et la Pâque est proche. Jésus ayant atteint l'âge de sa majorité légale depuis le 7 janvier, vient en compagnie de ses parents accomplir au Temple le rite requis pour l'examen, face aux docteurs de la loi. « C'est mon Fils. Depuis trois lunes et douze jours il est arrivé à l'âge que la Loi indique pour la majorité. Mais je veux qu'il soit majeur selon les préceptes d'Israël » déclare Joseph devant « une dizaine de docteurs qui ont dignement pris place sur des tabourets de bois peu élevés » 40.2 . Dix personnes, c'est justement le nombre minimum requis (le miniane ) pour toute cérémonie du judaïsme. Voici une nouvelle occasion de constater l'extrême précision de ce récit, qui permet ici de déterminer à la journée près la date de cette cérémonie, le jeudi 16 avril 9 . Cette date tardive impose que l'an 9 ait été une année embolismique . Or c'est exactement ce qu'on apprend, un millier de pages plus loin dans l'œuvre, lorsque le rabbi Gamaliel rencontre pour la première fois Jésus adulte, chez Joseph d'Arimathie, durant l'automne de l'an 27. Il se remémore alors une discussion qu'il eut au Temple, avec « quelqu'un qui sortait de l'enfance » et « qui disait des paroles de sagesse ». « Dieu resplendissait sur son visage innocent et charmant… Il y a dix neuf ans que j'y pense et que je garde ce souvenir … ». Puis il ajoute : « Vous pouvez tous vous rappeler quelle récolte il y eut en cette année de treize mois comme celle-ci » 114.8 . Quel auteur serait capable d'imaginer de sa propre initiative de tels dialogues ? Ce n'est pourtant pas la seule surprise que nous réserve cet épisode. Joseph poursuit la présentation de son fils devant les scribes et les docteurs : « Il connaît les préceptes, les traditions, les décisions, les coutumes des parchemins et des phylactères. Il sait réciter les prières et les bénédictions quotidiennes. Il peut donc, connaissant la Loi elle-même et ses trois branches de l'Halascia, Midrasc et Agada, se conduire en homme » 40.2 . D'évidence, Maria Valtorta rapporte phonétiquement des termes dont elle ignore certainement la signification, mais qu'on retrouvera plusieurs fois cités dans l'œuvre : Halakha , Midrash et Haggadah . L'examen commence par la lecture d'un des rouleaux de la Torah. « On donne à Jésus trois rouleaux différents en disant : lis celui qui a un ruban doré » 40.4 . Et un peu plus tard : « Ouvre le rouleau au ruban vert ». L'obligation de tenir les rouleaux de la Torah fermés se trouve effectivement prescrite dans le Talmud de Jérusalem . L'usage de rubans ( mappoth ) à cet effet a pu évoluer au cours des siècles. Il était en tout cas encore courant au 18e siècle . Puis l'un des juges commence à interroger Jésus, et l'auditoire s'étonne de la sagesse de ses réponses. Les questions se font de plus en plus ardues, comme par exemple lorsqu'on Lui demande : « si une poule pond un œuf ou si une brebis a son agneau lejour du sabbat, sera-t-il permis d'utiliser le fruit de ses entrailles ou bien faudra-t-il le considérer comme une chose abominable ? » 40.5 . Pour étonnante qu'elle puisse nous paraître aujourd'hui, cette question ne doit rien à la fiction, puisqu'elle est attestée au 12e siècle par le célèbre rabbi Maïmonide. C'est qu'en effet le précepte était formel : « tout travail accompli durant le sabbat est un péché ». La réponse de Jésus est sans appel : « la conception et la génération correspondent à la volonté de Dieu et sont réglées par des lois qu'Il a données à toute créature ». La poule ou la brebis obéissent à ces lois divines, et leur fruit peut être regardé « comme sacré, même pour l'autel parce qu'il est le fruit de l'obéissance au Créateur ». Plein d'admiration, l'examinateur s'exclame : « Pour moi, j'arrête l'examen. Sa sagesse étonnante surpasse celle des adultes » 40.5 . Quelle leçon aussi pour notre monde qui en est arrivé à nier même l'existence de Dieu ! FOOTNOTES : Les sages du judaïsme fixèrent l'âge de maturité (daat), d'après Genèse 34,25. Lévi, le fils de Jacob, alors âgé de treize ans, y est nommé « homme » (ich). Dans l'œuvre de Maria Valtorta, l'examen se déroule avant la Pâque, dans la douzième année, ce qui est conforme au précepte. : Jésus, nous l'avons vu, est né un 12/13 Tébeth. La circoncision ayant eut lieu le 20 Tébeth, Il atteint donc sa majorité légale le 20 Tébeth 9. Trois lunes (Shébat, Adar I, Adar II) et 12 jours plus tard mènent donc au 4 Nisan, c'est-à-dire onze jours avant la Pâque du 15 Nisan (le lundi 27 avril 9). : L'usage d'un calendrier lunaire entraine chaque année un retard de dix à douze jours sur le cours du soleil. Ce retard est compensé, tous les deux ou trois ans, par l'ajout d'un mois supplémentaire. Ces années de treize mois sont dites embolismiques . : En calculant mathématiquement il n'y a que 18 ans 1/2 entre la Pâque +9 (an 3769 du calendrier juif) et automne +27 (an 3788 du calendrier juif). Mais à la façon juive de compter les années, après le 1er Tishri, c'est bien la 19e année depuis l'admission de Jésus au Temple (27 - 9 = 18, mais 3788 - 3769 = 19) ! : Cette dernière remarque est stupéfiante, si on la confronte aux plus récentes recherches sur les calendriers. Chris Bennett a établi le calendrier babylonien (hébraïque) pour la période allant de -330 à -29. Extrapolé sur les 50 années suivantes, il donne justement comme années : Halakha : commentaire rabbinique des parties légales de la Bible pour en donner le sens profond et fournir une règle de vie. : Midrash : Interprétation rabbinique d'un verset ou passage de la bible, et par extension, le livre de compilation des enseignements midrashiques. : Haggadah : interprétation des parties non-légales de la Bible, dans un sens moralisateur ou édifiant. : Megilah 1,71a et Eroubin 10,26b. : Robert et Martine Weyl, Mappoth d'Alsace , Saisons d'Alsace n° 55-56, 1975 p. 119 à 130. Cette étude savante mentionne une préférence pour les rubans jaunes, ocres, bleus et verts !
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Le Protévangile
Jésus et les docteurs du Temple
Il faut d'abord souligner que cette vision fut reçue par Maria Valtorta le 28 janvier 1944. C'était seulement sa cinquième vision, et la première se situant dans Jérusalem. Elle découvre l'environnement du Temple et ignore encore qui est ce « Gamaliel » dont elle entend citer le nom. Hillel et Shammaï, ces deux grands rabbis contemporains de Jésus, sont aussi pour elle de parfaits inconnus. Il lui paraît simplement qu'Hillel soit « le maître ou le parent de Gamaliel parce que ce dernier le traite avec confiance et respect en même temps » 41.3 . Cette vision, une fois replacée dans la chronologie, s'y intègre tout à fait harmonieusement, comme ce sera le cas pour de nombreuses autres visions reçues elles aussi en désordre . D'après le contexte, c'est donc probablement le jeudi 30 avril 9 qu'eut lieu la discussion du jeune Jésus avec les docteurs du Temple. Saint Luc (Lc 2,41-50), qui est le seul à relater cet événement, ne nous dit rien du contenu de ces entretiens. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, cette vision débute par une intervention de Gamaliel s'interrogeant sur la venue du Messie promis par la prophétie de Daniel . (Cette célèbre prophétie étant plusieurs fois évoquée dans l'œuvre, j'y consacrerai le prochain chapitre). Gamaliel et son aïeul Hillel pensent que les temps sont accomplis, tandis que Sciammaï est d'avis contraire. Jésus intervient, donne raison à Gamaliel et, citant Isaïe, Jérémie, Daniel, Jonas, Michée, Aggée, Zacharie et Malachie, Il affirme aux docteurs que le Messie promis et son Précurseur sont déjà là. Sans se révéler à leur yeux, car « mon heure n'est pas venue » 41.9 leur dit-Il. Jésus prophétise que le Royaume du Messie sera « un Royaume spirituel, et ses sujets seront uniquement ceux qui par leur amour sauront renaître en leur esprit et comme Jonas, après une première naissance, renaître sur d'autres rivages : "ceux de Dieu" à travers la régénération spirituelle qui viendra par le Christ qui donnera la vraie vie à l'humanité » 41.8 . Puis vient cette promesse que Gamaliel n'oubliera plus pendant vingt années : « Attendez-Moi à mon heure. Ces pierres entendront de nouveau ma voix et frémiront à ma dernière parole » 41.9 . Prophétie dont il verra l'accomplissement sur le Calvaire, et qui décidera de sa tardive conversion. C'est justement au moment précis où Jésus prononce ces paroles que Marie, qui le recherche anxieusement depuis trois jours, le retrouve enfin. « Elle s'écrie : "Oh ! pourquoi nous as-tu fait cela ? Depuis trois jours nous marchons à ta recherche. Ta Maman se meurt de chagrin, Fils. Ton père est épuisé de fatigue. Pourquoi, Jésus ? » 41.12 . Commentant ces retrouvailles avec ses parents, et la souffrance de Marie, Jésus ajoute : « Beaucoup de jours ensoleillés ou nuageux passeront sous le ciel, pendant ces vingt et une années où je serai encore sur la terre . Beaucoup de joies et beaucoup de peines et de pleurs passeront, les uns après les autres, en son cœur pendant les vingt et une autres années qui suivront, mais elle ne demandera plus : " Pourquoi, mon Fils, nous as-tu fait cela ? " » 41.12 . Voici une nouvelle occasion de commenter la chronologie. En cette fin d'avril 9, Marie a vingt huit ans et six mois. La première période de vingt et un ans conduit à l'an 30, année de la Passion et de l'Ascension. La seconde période situe l'Assomption en l'an 51, Marie étant alors âgée de soixante dix ans . Cet épisode, tout comme celui de l'examen de majorité, nécessite bien entendu d'être lu et médité dans son intégralité pour pouvoir en apprécier toute la richesse. Mais seuls, peut-être, des spécialistes du judaïsme seront à même de nous en révéler la quintessence. FOOTNOTES : Hillel, très âgé alors, était en effet le grand-père de Gamaliel. Il mourut à Jérusalem, entre l'an 10 et l'an 20, suivant les sources. Il était donc, avec Shammaï et Gamaliel, l'un des docteurs évoqués par Luc 2,46-47. : Cette indication est pleinement conforme avec ce que nous en dit Marie d'Agreda, La Cité mystique de Dieu chap. 19 : « Cette glorieuse fin arriva un vendredi, à trois heures du soir, le treize août et à la soixante-dixième année de son âge, moins les vingt-six jours qu'il y a du treize août au huit septembre, jour anniversaire de sa naissance. Elle avait survécu à son divin Fils vingt et un an, quatre mois et dix-neuf jours ». Il est à noter que le 13 août 51 (julien) fut effectivement un vendredi.
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Le Protévangile
La prophétie des soixante dix semaines
Voici peut-être l'un des mystères des Écritures qui a donné lieu aux plus nombreuses études et spéculations. Les lecteurs de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé ne seront donc certainement pas surpris de trouver dans cette œuvre de nombreuses allusions à cette célèbre prophétie donnée par Daniel(Dn 9,24-27) . Plusieurs auteurs du premier siècle l'évoquent d'ailleurs comme un événement en train de s'accomplir, confirmant ainsi l'historicité de l'attente du Messie par Israël, à cette époque . Puisque les recherches pour décrypter ce texte n'ont guère cessé depuis plus de vingt siècles, cela semble signifier qu'aucune interprétation, jusqu'à nos jours, n'a vraiment paru pleinement convaincante. Les exégètes s'accordent pour considérer que dans cette prophétie, « un jour est comme un an » : soixante-dix semaines représenteraient donc quatre cent quatre vingt dix ans. Et beaucoup de chercheurs admettent aujourd'hui que le point de départ de la prophétie est la permission donnée à Néhémie par le roi de Perse Artaxerxés de rebâtir la cité de Jérusalem, en l'an 445 av J.-C.(La chronologie grecque, au temps de Jésus, indiquait l'an -455). Si, selon l'exégèse de Robert Newman ces semaines de sept années s'entendent comme les « semaines » du cycle sabbatique biblique(1 M 6,49 et 6,53-54), alors la première semaine couvrirait la période -449/-442. Et la soixante-neuvième semaine, celle pendant laquelle Daniel nous dit « un messie sera retranché » correspondrait donc aux années 27 à 34, soit exactement l'époque universellement admise pour y situer la Passion du Christ. Ce sont là je crois des éléments d'interprétation assez communément acceptés par la chrétienté. Il me paraît présomptueux d'en imaginer d'autres, et je préfère m'en tenir au conseil de Corneille a Lapide, pour qui il était bon de ne pas trop examiner « cette énigme insoluble », « pour ne point y perdre la tête ». Mais cela ne doit pas nous empêcher d'examiner ce que nous rapporte à ce sujet Maria Valtorta. En voici donc les principaux éléments, sous forme de synthèse : La première allusion en est donnée dans ce dialogue entre Marie à peine âgée de trois ans, et sa mère : « Combien de temps faut-il encore pour avoir l'Emmanuel ? » « Trente années environ, chérie ». « Que de temps encore ! Et je serai au Temple… Dis-moi : si je priais tant, tant, tant, jour et nuit, nuit et jour et que dans ce but je ne voudrais être que de Dieu, toute la vie, l'Éternel me ferait-Il la grâce de donner avant le Messie à son peuple ? » « Le Prophète a dit : septante semaines. Je crois que la prophétie ne ment pas, mais le Seigneur est si bon ... Je crois que si tu priais, tant, tant, tant, Il t'exaucera » 7.3 . Plus tard, durant son séjour au Temple, Marie converse avec Anne de Phanuel, et nous donne cette information essentielle : « mon esprit a compris le sens de ses secrètes paroles. Elles seront abrégées, les septante dix semaines à cause des prières des justes. Il sera changé le nombre des années ? Non. La Prophétie ne ment pas. Mais non pas le cours du soleil, mais celui de la lune est la mesure du temps prophétique » 10.5 . Est-ce la clé tant recherchée de cette énigme ? Prise à la lettre, cette indication conduirait à prendre en compte pour les 70 semaines non plus 490 ans, comme tous l'ont fait jusqu'à présent, mais plutôt 475 ans . N'est-il pas troublant de remarquer qu'en comptant 475 ans à dater de l'édit d'Artaxerxés en -445, on aboutit à l'an 30, année de la Passion du Christ ? D'autres éléments sont apportés par la discussion des docteurs du Temple avec le jeune Jésus, en l'an 9 de notre ère : « depuis une dizaine d'années environ, les septante semaines indiquées par la prophétie sont accomplies, à dater du décret de reconstruction du Temple » (...) « Mais le monde était tellement paisible et la Palestine si calme quand expirèrent les septante semaines qu'il fut possible à César d'ordonner un recensement dans ses domaines (...) Comme ce temps était accompli, ainsi va se terminer l'autre intervalle de temps de soixante deux semaines plus une depuis l'achèvement du Temple, pour que le Messie soit consacré .. . » 41.3 . Beaucoup plus loin dans l'œuvre, dans un épisode se situant en l'an 29, Maria Valtorta écrit, parlant de Jésus : « il répète avec plus de puissance les mêmes idées exposées, presque à la même place, vingt ans auparavant. Il parle de la prophétie de Daniel … » 486.7 . Il y a bien d'autres références à cette mystérieuse prophétie. Jésus y fait à nouveau allusion juste après le Discours des Béatitudes : « Et n'était-il pas tellement sacré au Seigneur le lieu corrompu où vivait esclave le prophète Daniel, sacré par la sainteté de son serviteur qui sanctifiait le lieu au point de mériter les prophéties élevées du Christ et de l'Antéchrist, clefs des temps actuels et des temps derniers ? » 173.3 . Plus tard, Il rappelle que les temps furent avancés : « Même quand je suis né, j'ai anticipé l'heure par amour pour vous, pour vous donner la paix avant le temps » 561.12 . Et le soir du mercredi Saint, Il enseigne ses apôtres, à la demande de Pierre : « Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s'il en était comme lui le dit et comme tu le dis, le Temple n'aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons pas d'armée ni de préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? » (...) « Un signe pour la fin du Temple et pour la fin du Monde. Quand vous verrez l'abomination de la désolation, prédite par Daniel - que celui qui m'écoute comprenne bien et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes » 596.43 . Le lendemain, le Christ donne cette autre explication : « Septante semaines ont été fixées pour ton peuple, pour ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin des siècles » 598.7 . Puis à nouveau aux disciples, sur le chemin d'Emmaüs : « Venu à son temps, je vous rappelle Daniel, il a été immolé à son temps. Et, écoutez et rappelez-vous, au temps prédit après sa mort la ville déicide sera détruite. (...) Rappelez-vous Daniel, ramenez à votre mémoire, mais en l'élevant de la fange à l'azur céleste, toutes les paroles sur la royauté du Saint de Dieu, et comprenez qu'il ne pouvait vous être donné d'autre signe plus juste, plus fort de cette victoire sur la Mort, de cette Résurrection accomplie par Lui-même » 325.7 . Et jusqu'à cette ultime réflexion de Gamaliel, au moment du martyre d'Etienne : « Les paroles qu'il a dites alors ont pu être confirmées par des faits arrivés plusieurs années après, à l'époque dite par Daniel (…) Malheureux que je suis de n'avoir pas compris avant ! D'avoir attendu le dernier terrible signe pour croire, pour comprendre ! Malheureux peuple d'Israël qui n'a pas compris alors et ne comprend pas, même maintenant ! La prophétie de Daniel et celle d'autres prophètes et de la Parole de Dieu continuent, et elles s'accompliront pour Israël entêté, aveugle, sourd, injuste, qui continue de persécuter le Messie dans ses serviteurs ! » 645.5 . Ces textes apportent des indications complètement nouvelles, et mériteront certainement d'être analysés minutieusement par les spécialistes de cette question... Signalons enfin qu'au temps du Christ, le synhédriste Yonathan ben Uziel commenta la Torah et les Prophètes en araméen, mais il omit de le faire pour le texte de Daniel car, selon le Talmud, s'il l'avait interprété, chacun connaîtrait le moment exact de la Rédemption . Les frères Lehmann affirment même « qu'un ange vint l'avertir que la manière dont ce prophète parle de la mort du Messie se rapporte trop clairement à Jésus de Nazareth ». FOOTNOTES : En Annexe 3 figure ce texte de Daniel, dans la traduction d'Osty. : Voir en particulier Suétone , Vies des César , Vespasien , 4.5 ; Tacite Histoires Livre 5, chap. 13 souligne également : « C'était l'opinion générale que les anciens livres de prêtres annonçaient qu'à cette époque l'Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde »; Flavius Josèphe Guerres juives , 6.5.4. obtint d'ailleurs les faveurs de l'empereur, en lui attribuant le rôle du sauveur annoncé par la prophétie ! Selon le Talmud de Babylone, Sanhedrin 97b, au milieu du troisième siècle le rabbi Abba Arika admettait que « toutes les dates prédites étaient passées ». : Robert C. Newman, The time of the Messiah , 1981, Interdisciplinary Biblical Research Institute. : Voir Cornelius a Lapide Commenteria in quatuor prophetas maiores 1622. Déjà avant lui, St Jérôme ( Comment in Danielem , cap. 9), ou St Augustin ( de Civit. Dei , lib.18, cap.54 , n.1), tout en affirmant que cette prophétie concernait à l'évidence le Christ, s'étaient refusés d'en déduire un système chronologique précis. : Selon l'astronomie, l'année solaire comporte 365,25 jours, et l'année lunaire 354,37 jours. Autrement dit, toutes les 33,5 années lunaires, il ne s'est écoulé que 32,5 années solaires. Et au bout de 490 années lunaires, il y a eu 490x(32,5/33,5) = 475 années solaires. : Geulah, Megila 3a. : A. Lehmann, Valeur de l'Assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ , chap. 3.
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Le Protévangile
La mort de Joseph
Les Écritures ne parlent pas de la mort de saint Joseph. Il disparaît simplement des récits évangéliques après l'examen de majorité de Jésus. Beaucoup de théologiens et d'exégètes en ont conclu qu'il était probablement décédé lorsque Jésus commença sa vie publique. Ubertino de Casale résuma bien cette opinion : « Il est même très probable que Joseph était mort avant le Baptême de Jésus : nulle mention n'est faite de lui, si ce n'est pour dire que Notre-Seigneur passait pour être le fils du charpentier ». Maria Valtorta nous a laissé un récit extrêmement émouvant et édifiant, de l'agonie de saint Joseph. « La scène est si vraie que la peine de Marie m'arrache des larmes. Puis Jésus, se penchant sur la tête du mourant, lui murmure un psaume ; mais à présent, je ne peux dire lequel. Il commence ainsi : " Protège-moi, Seigneur, parce que en Toi j'ai mis mon espoir... " ». Jésus va alors apaiser le trépas de son cher père putatif en lui murmurant à l'oreille un certain nombre de psaumes . « Joseph, avec un sanglot, regarde Jésus et remue les lèvres comme pour le bénir. Mais il ne peut. On se rend compte qu'il comprend mais qu'il ne peut parler. Il est pourtant heureux : dans un regard plein de vieet de confiance en son Jésus ». Jésus prolonge la prière, entrecoupée de paroles de réconfort et de paix pour le mourant : « Merci, mon père, en mon nom et au nom de ma Mère. Tu as été pour Moi un père juste et l'Éternel t'a confié la garde de son Christ et de son Arche Sainte. Tu as été le flambeau allumé pour Lui, et pour le Fruit d'un sein sanctifié, tu as eu des entrailles de charité. Va en paix, père. Ta Veuve ne sera pas sans secours. Le Seigneur a tout disposé pour qu'elle ne reste pas seule. Va, je te le dis, en paix au lieu de ton repos » 42.3-8 . C'était aussi l'opinion de Dom Guéranger, que l'agonie de saint Joseph ait eu lieu en présence de Marie et de Jésus, comme l'indique la vision de Maria Valtorta. Il déclara : « Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de père. Son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges qu'il avait eu le droit d'appeler son épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s'endormit d'un sommeil de paix ». Et saint François de Sales nous dit que la mort de saint Joseph fut une mort « d'amour ». Un grand mystique, le père Faber, méditant sur la mort, nous donne en exemple celle de Joseph, « s'endormant sur le sein de Jésus »( Conférences spirituelles , 1862 p.58). C'est donc à juste titre que saint Joseph est invoqué comme patron de la bonne mort . Le souvenir de son saint père adoptif ne quittera pas Jésus au cours de ses trois années d'évangélisation. Et Il ne manquera pas une occasion de le citer en exemple à ses apôtres. « S'il était ici parmi nous, oh ! comme il vous enseignerait à savoir servir Dieu parfaitement, à être justes, justes, justes. Mais il est bien qu'il soit déjà dans le sein d'Abraham !… Pour ne pas voir l'injustice d'Israël. Saint serviteur de Dieu ! … » 560.11 . Dans la première vision que Maria Valtorta reçut de Joseph, le 10 janvier 1944, Jésus le présente ainsi : « Voici le patron de tous les justes ». Est-ce parce qu'il entendit son Maître en parler si souvent ainsi que Matthieu, dans son évangile, définit Joseph comme « un homme juste »(Mt 1, 19) ? FOOTNOTES : Ubertino de Casale (1259-1329), Arbor vitae crucifixae Jesu, Livre II, chap. VI. : Maria Valtorta identifiera ensuite ces psaumes, par une note en marge du manuscrit : Psaumes 16, 84, 85, 91, 112 et 132. : Dom Guéranger, L'année Liturgique , Le carême. : Saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu , livre. VII, chap. XIII.
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Première année de vie publique
L'an quinze de Tibère
J'ai déjà évoqué cette question de la datation de l'an 15 du gouvernement de Tibère , qui trouble les chercheurs depuis tant de siècles, car elle paraît à première vue difficilement compatible avec la naissance de Jésus vers -6/-4, et sa Passion en avril 30. La chronologie, telle qu'elle résulte du récit de Maria Valtorta, fixe sans la moindre ambiguïté le début du ministère public de Jésus juste après son trentième anniversaire, au tout début de l'an 27. Qui doit-on croire : saint Luc(Lc 3,1), ou Maria Valtorta ? Mais n'est-il pas possible, finalement, qu'ils aient raison tous les deux, malgré des apparences trompeuses ? C'est semble-t-il le chronologiste Joannes Georgius Hervatius qui le premier, vers 1530, émit l'hypothèse que Luc aurait fort bien pu compter les années de Tibère à partir du jour où Auguste l'associa à l'empire, soit en l'an 11/12 de notre ère . L'an 15 de Tibère correspondrait dans ce cas à notre an 26/27. Tibère ne fut pas le seul, à cette époque, à avoir pris effectivement le pouvoir quelque temps avant son investiture officielle. L'histoire montre que ce fut aussi le cas d'Auguste, d'Hérode, (et peut-être même des fils de ce dernier). Il est donc possible que lorsque Luc écrivit son évangile, il se référa à la quinzième année de pouvoir effectif de Tibère, correspondant à l'an 26 . Et Jean Baptiste aurait débuté son ministère lui aussi à l'occasion de ses trente ans, tout comme son cousin Jésus, mais en le devançant de six mois. FOOTNOTES : L'Enigme Valtorta tome 1, 2012, pages 302/303. Mathématiquement sa quinzième année va du 15 septembre 28 au 15 septembre 29, et s'accorde mal avec la Passion en avril 30. : Cette hypothèse fut reprise par plusieurs savants (Herwaert, Nova et vera Chronologia , 1612 c. 248 ; P. Pagi, Critic. in Baron . 1697 ; N. Lardner, Credibility of the Gospel History , 1727 p. 372 et suiv. ; Pezron ; P. Patrizzi ( De Evang . III, Diss. 89, n. 4); Sepp, La vie de N. S. J. C ., 1ère partie, c. 14 ; etc.) sans toutefois réussir à faire l'unanimité. : Plusieurs manuscrits des Actes de Pilate (apocryphe déjà connu au 2e siècle) indiquent très clairement la correspondance entre l'an 18 de Tibère et l'année du consulat des deux Geminus, donc l'an 29. Pour ces manuscrits du moins, l'an 15 de Tibère était donc bel et bien l'an 26 (à moins d'invoquer une erreur de copiste).
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Le Protévangile
Marie dans sa maison de Nazareth
Sitôt la cérémonie terminée, Marie, Joseph, Elisabeth et Zacharie quittent le Temple pour se rendre à Nazareth, au moyen d'un char tiré par un cheval de trait. Trois ou quatre jours plus tard, Alphée, sa femme Marie et leurs enfants, ainsi que la voisine Sara et son jeune fils Alphée, l'ami de la prime enfance de Marie sont rassemblés pour accueillir les nouveaux époux. Marie décide de vivre dans la maison de ses parents, et Joseph montre à Marie les travaux qu'il y a entrepris, et ceux qu'il compte encore y effectuer. « Je travaillerai pendant les longues soirées d'été quand je viendrai te voir … » 14.5 . La réaction de son frère aîné est immédiate : « Mais, comment ? (...) Vous ne faites pas les noces cet été ? » « Non . (...) Elle est si jeune, Marie, qu'il n'y a pas d'importance qu'elle attende un an ou plus » 14.6 . Impossible pour Alphée de comprendre le peu d'empressement apparent de Joseph. « Ah ! tu as toujours été un peu différent des autres et tu l'es encore maintenant. Je me demande qui n'aurait pas hâte d'avoir pour femme une fleur comme Marie et toi, tu attends des mois ! (…) Et alors quand penses-tu aux noces ? ». « Quand Marie prendra ses seize ans. Après la fête des Tabernacles » lui répond Joseph . Le récit de Maria Valtorta rend compte de l'enchainement des faits tels qu'ils sont décrits succinctement dans Matthieu(Mt 1,18-19 et 24-25): Joseph, seulement fiancé lors de l'Annonciation, épouse Marie dès qu'il apprend qu'elle est enceinte, et ils vivent dès lors sous le même toit. * C'est ici l'occasion de noter que Maria Valtorta donne, au fil des pages, de très nombreuses descriptions de la maison et du jardin de Nazareth. L'extrême cohérence de tous les détails concernant l'agencement des lieux, permet au lecteur attentif de s'en faire rapidement une image mentale précise. Le récit de l'Évangile fait une distinction marquée entre la maison de Marie, lieu de l'Annonciation et de l'Incarnation, et la maison de Joseph où certains (interprétant Matthieu ) supposent qu'elle habita dans la suite, ce que Maria Valtorta n'expose absolument pas. L'emplacement de la maison de Marie à Nazareth est attesté dès le 4e siècle. Vers la fin du 7e siècle, Arculfe (évêque franc et l'un des premiers voyageurs en Terre Sainte) visita à Nazareth « deux grandes églises » localisant la maison de l'Annonciation et la maison de Joseph. La maison de Marie est alors décrite comme comportant une grotte dans la colline, en arrière d'une partie maçonnée, selon une coutume attestée par l'archéologie en d'autres lieux de Nazareth. Le dernier témoignage de pèlerins à Nazareth faisant mention d'une petite chambre ( cella ) est celui de Ricoldo di Montecroce en 1289. Ensuite, à partir de 1291, les pèlerins ne font plus mention de la maison de Nazareth , mais seulement de la grotte . En 1294, la partie maçonnée de la maison de Marie, (c'est-à-dire seulement trois murs) serait arrivée discrètement à Lorette. Et en 1310 une bulle de Clément V atteste que La santa casa di Loreto est un lieu de pèlerinage pour toute l'Europe. De plus en plus d'experts considèrent aujourd'hui que cette maison proviendrait effectivement de Palestine. Elle aurait été rapportée par des marins mandatés par la riche famille italienne des De Angeli , désireuse de mettre à l'abri une si précieuse relique, juste avant la chute de Saint Jean d'Acre en 1291. Il est incontestable que les descriptions de la maison de Nazareth dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé sont pleinement compatibles avec le récit d'Arclufe et avec les dimensions de la maison de la Vierge à Lorette (9,52m x 4,17m intérieur), mais aussi avec cette autre description due à un grand mystique : « L'édifice consistait en une pièce assez spacieuse sur le devant ; et dans le fond était un réduit plus obscur, à moitié creusé dans le roc. C'est là ce que le malheur des temps avait laissé aux héritiers de Salomon... ». Dans les Cahiers du 22 juillet 1943, voici ce que notait Maria Valtorta : « Jésus dit : Pouvez-vous dire que je n'ai pas aimé cette terre (l'Italie) où j'ai apporté les reliques de ma vie et de ma mort : la maison de Nazareth où je fus conçu dans une étreinte de lumineuse ardeur entre le divin Esprit et la Vierge, et le Suaire sur lequel la sueur de ma mort a imprimé la marque de ma douleur, subie pour l'humanité ? » Thèdenat), figure la mention : « Sanctas petras ex Domo Dominae Nostrae Deiparae Virginis ablatas ». (« Les saintes pierres enlevées de la Maison de Notre Dame Vierge Mère de Dieu ») dans la liste des biens que Nicephore Angeli léguait à sa fille. Ce qui explique aussi l'origine de la légende faisant intervenir « des anges » dans ce transport, le rendant « miraculeux » ! FOOTNOTES : Marie étant née un 10 tishri (8 sept -21), son anniversaire coïncidait donc chaque année avec la fête des Tabernacles , qui débute le 15 tishri. Joseph prévoit donc de fêter les noces familiales en septembre -5. : En Matthieu 1,24 il est dit que Joseph prit Marie « avec lui ». Cela ne prouve absolument pas que Marie quitta la maison de ses parents, puisque par le contrat de fiançailles, cette maison appartenait désormais en toute rigueur, légalement, à Joseph ! Maria Valtorta ne contredit donc aucunement l'évangéliste Matthieu. : Dans le Chartularium culisanense (feuillet 181) daté d'octobre 1294 (et découvert en 1900 dans les archives vaticanes par le médecin de Léon XIII, Giuseppe Lapponi, et par Henri (suite page suivante...) : Voir G. Santarelli, La Santa Casa di Loreto , 3e éd. 2003. Cet ouvrage de 507 pages recense méticuleusement toutes les connaissances relatives à cette maison de la Vierge de Lorette. : Frederick William Faber, Conférences Spirituelles 1861. Le père Faber (1814-1863) était considéré comme le plus grand mystique du 19e siècle par Dom Guéranger.
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Première année de vie publique
Les trois années de vie publique
Les Évangiles synoptiques ne fournissent pas d'indication sur la durée du ministère de Jésus. Saint Jean, lui, mentionne explicitement trois fêtes de Pâque, ce qui laisse supposer une durée d'au moins deux ans. Cependant un examen un peu plus attentif du récit de Jean, confronté à certaines données des synoptiques, montre assez clairement que la vie publique de Jésus dura trois ans et quelques mois : En 27, première année : Après son baptême par Jean Baptiste en janvier, puis le miracle à Cana et un bref séjour à Capharnaüm(Jn 2,12), Jésus se rend pour la Pâque à Jérusalem, où Il chasse les vendeurs (Jn 2,13). Quelques mois plus tard (le temps indispensable pour que sa renommée grandisse) a lieu l'entretien secret avec Nicodème (Jn 3,17). En 28, deuxième année : La rencontre avec la samaritaine a lieu « quatre mois avant les moissons »(Jn 4,35), donc au début de l'année. Jean mentionne ensuite « une fête des juifs »,(Jn 5,1)ayant lieu, nous précise-t-il, « un jour de sabbat » (Jn 5,9). Il est curieux que cette précision n'ait pas attiré l'attention des commentateurs ! En effet, l'étude des calendriers montre qu'en l'an 28, la Pentecôte eut justement lieu un samedi - le 20 mai 28 (grégorien) - et trouve donc très naturellement place ici. Jésus y accomplit la guérison du paralytique de la piscine de Béthesda. En 29, troisième année : Mathieu évoque la mort du Baptiste(Mt 14,3)puis la multiplication des pains(Mt 14,13)dont Jean nous dit qu'elle eut lieu avant la Pâque (Jn 6,4). Ce ne peut donc être que la Pâque de l'an 29, suivie de la fête des Tabernacles (Jn 7,2)puis en l'hiver 29 de la fête de la Dédicace(Jn 10,22)et de la résurrection de Lazare(Jn 11,11). Enfin, au début de l'année 30 : Séjour à Ephraïm (Jn 11,54) puis au printemps la dernière Pâque, celle de la Passion. Maria Valtorta ne laisse pas le moindre doute sur cette durée de la Vie publique. Plus d'une trentaine de fois il est précisé qu'elle se déroula sur une période de trois années. Dès les premiers livres Jésus l'affirme : « au cours des trois années de mon ministère » 44.10 . Il explique : « Jean fut présent à tous les prodiges, quelle qu'en fût la nature, que j'ai accomplis en trois ans » 20 août 1944 . Ou encore : « J'ai prêché pendant trois ans » 353.4 . Plus tard, Jésus annonce à Simon le zélote sa mort prochaine, juste un an à l'avance. Et le zélote réagit : « Trois ans… Mais alors… Oh ! mon Seigneur !… C'est donc au printemps prochain que nous allons te perdre ? » 366.3 . Puis à l'occasion de la troisième annonce prophétique de sa Passion au groupe apostolique (Mc 10, 32-34) : « ... cette épreuve redoutable qui vous donnera la mesure de ce que vous êtes, de ce que vous êtes restés après trois ans passés avec Moi, et de ce que vous êtes devenus après trois ans passés avec Moi » 577.3 . Inutile de multiplier les exemples , car bien plus encore que ces affirmations maintes fois répétées, la meilleure preuve de la durée du ministère de Jésus, dans l'œuvre de Maria Valtorta, est certainement la possibilité de pouvoir reconstituer un véritable calendrier de la Vie Publique. Tous les faits et gestes de Jésus, tels que transmis par les Écritures, y sont exposés pratiquement au jour le jour, dans un ordre chronologique cohérent. Personne, avant Maria Valtorta, n'a été en mesure de nous transmettre une telle reconstitution, si précise qu'elle permet d'évaluer la durée du ministère du Christ, non pas en années, mais pratiquement au jour près ! De nos jours cette durée de trois ans et quelques mois pour le ministère de Jésus paraît à peu près unanimement admise. FOOTNOTES : Il fallut nécessairement quelque temps pour que le rabbi galiléen , d'abord inconnu, acquiert une notoriété suffisante pour susciter l'intérêt de Nicodème, le prince des Juifs, maître en Israël . : Notons qu'au 7e siècle, le vénérable Bède écrivait : « c'est la foi de l'Eglise que le Seigneur. s'incarna trente-trois ans jusqu'à ce qu'Il vive sa Passion » (... Ecclesia fides, Dominum in carne paulo plus minus quam triginta tres annis usque ad sua tempora Passionis vivisse).
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Première année de vie publique
Le Baptême au Jourdain
Presque tous les commentateurs admettent également que le baptême au Jourdain fut le premier geste public de Jésus, au début de son ministère, et s'accordent sur l'époque où il eut lieu. En effet, à l'exception de saint Epiphane, la tradition générale de l'Église place le baptême du Sauveur à la date du 6 janvier . Cette tradition remonte à la plus haute antiquité, puisqu'elle est déjà suggérée par Clément d'Alexandrie ( Stromates , I, 21), et rapportée explicitement par Origène ( Ezech. Hom . I). Quiconque lit attentivement la description du baptême de Jésus donnée par Maria Valtorta pourrait être déçu de n'y trouver aucune information décisive de date ou de lieu. Elle ne rapporte également que peu de dialogues, précisant même : « je ne rapporte pas ses paroles, parce que ce sont celles des Évangélistes » 45.3 . Mais ce serait faire bien peu de cas des visions de Maria Valtorta, que de penser qu'elle ne nous apprend rien, ici, que nous ne sachions déjà par les évangélistes. En effet, comme c'est presque toujours le cas dans cette œuvre monumentale, c'est seulement en regroupant des informations fournies au hasard des enseignements, des rencontres, des souvenirs, que peu à peu se dévoilent des détails que Maria Valtorta a pu négliger, ou simplement qu'elle ignorait lors de la vision initiale. A l'occasion d'un dialogue avec des passants, en mai 28, l'apôtre André témoigne : « Vous avez nommé le Baptiste. Eh bien, j'étais avec lui et lui nous montra Jésus qui passait, en disant : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde". Quand Jésus descendit au Jourdain pour s'y faire baptiser, les Cieux s'ouvrirent et une Voix cria : "Voici mon Fils bien-aimé, en qui Je me suis complu" et l'Amour de Dieu descendit comme une colombe pour resplendir sur sa tête » 215.4 , en parfaite conformité avec le récit de saint Jean. De même beaucoup plus loin, Jésus rappelle que son baptême eut lieu « là-bas, au gué de Béthabara » 487.6 . Plus tard encore, Marthe envoie un serviteur prévenir le Maître que son frère Lazare est mourant. Elle lui ordonne : « Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début » 543.5 . Comme Jésus passe par ce gué à plusieurs reprises, il devient possible, en recoupant les détails fournis, de positionner le lieu du baptême sur une carte. Pourtant, en 1944 cet emplacement n'était pas encore rigoureusement établi. Il fallut attendre plus de cinquante ans pour qu'il soit enfin pleinement authentifié . Il n'est pas moins remarquable que l'on puisse situer aussi le baptême dans le temps, à l'aide de deux informations séparées par des centaines de pages. La première lorsque Jésus informe ses apôtres sur le lieu de son jeûne : « Moi j'y vins à la fin de la lune de tebet, et glacial était le vent » 80.5 . La seconde lorsque l'apôtre André témoigne de sa première rencontre avec Jésus : « C'était un jour de cette lune » 324.4 . Jésus ayant quitté Nazareth le 13 tebet 3787, c'est dans la dernière semaine de tebet qu'Il fut baptisé, en plein hiver donc, comme l'a toujours affirmé la tradition. En baptisant Jésus, Jean-Baptiste témoigne par deux fois : « moi je ne le connaissait pas »(Jn 1, 31-33). Cette double affirmation a surpris les commentateurs qui s'interrogent : signifie-t-elle que le Baptiste avait déjà rencontré son cousin Jésus, mais sans savoir qu'il était le Messie ; ou signifie-t-elle qu'il ne l'avait vraiment jamais rencontré ? Dans l'œuvre de Maria Valtorta, Jésus répond à cette interrogation, car ses apôtres s'étonnent, eux aussi, qu'Il n'ait jamais revu ses cousins d'Hébron : « Quand, de retour dans la patrie, nous nous dirigeâmes vers Nazareth, avec la même prudence qui désormais guidait Zacharie, nous évitâmes Hébron et Bethléem (...) . Même le jour de ma majorité, il ne fut pas possible de voir Zacharie venu pour la même cérémonie et parti la veille avec son fils . (...) Même ce qui était permis, on l'évita pour que le mystère couvrît d'ombre le Messie Enfant » 136.9 . Comme les apôtres insistent : « Et tu n'as jamais plus vu Jean ? » Jésus confirme : « Au Jourdain seulement, quand je voulus le Baptême » 136.10 . FOOTNOTES : Remarquons que si Jésus commença sa vie publique juste après son 30e anniversaire, par son baptême au Jourdain, alors la tradition orientale qui fêtait ensemble la Nativité et le Baptême se trouve parfaitement justifiée. : Campagne de fouilles menées par l'archéologue jordanien Mohammed Waheeb en 2000. Ce gué où Jean baptisait, à sept kilomètres à l'est de Jéricho, est un lieu symbolique pour Israël. C'est là qu'un dix de Nisan les hébreux traversèrent le Jourdain, avant la prise de Jéricho (Josué 4,19). : L'étude chronologique montre que cette évocation par André se déroule le 27 tebet 3789, (soit le samedi 30 décembre 28). : Voir par exemple saint Jean Chrysostome In Ioannem hom ., 17, 2, PG 59, col. 110 ; saint Jérôme, ou encore saint Augustin Tract. in Ioannem , 5, 8, BA 71.
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Le jeûne et la tentation au désert
Luc nous dit que l'Esprit Saint étant descendu sur Jésus, à l'issue du baptême, « Jésus, rempli d'Esprit Saint (...) fut mené par l'Esprit à travers le désert »(Lc 3,22 et 4,1). Contrairement à Jean qui n'en parle pas, Mathieu et Marc témoignent tout comme Luc que le jeûne puis la tentation au désert, suivirent immédiatement l'épisode du baptême. Maria Valtorta confirme naturellement leurs témoignages. Quand elle revoit Jésus, Il est dans le désert de Judée : « Ici, rien que la solitude, des pierres, une terre brûlée, réduite à l'état de poussière jaunâtre qu'à chaque instant le vent soulève en petits tourbillons » 46.1 . C'est à la fin de son jeûne, car « Jésus est très maigre et pâle » 46.2 , et Maria Valtorta remarque que la besace qu'Il avait à son départ de Nazareth « est flasque, je comprends qu'elle est vide du peu de nourriture qu'y avait mise Marie » 46.2 . Satan s'approche et commence insidieusement ses tentations. Jésus garde le silence et prie. « Ah ! C'est donc bien toi ? Depuis le temps que je te cherche ! Et maintenant, cela fait si longtemps que je t'observe. Depuis le moment où tu as été baptisé » 46.4 . Ainsi pendant trente ans la divinité de Jésus fut cachée non seulement au monde, mais aussi à son prince. Saint Ignace d'Antioche affirmait déjà : « Le prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort du Seigneur : trois mystères retentissants qui furent accomplis dans le silence de Dieu ». Dans l'œuvre, Jésus confirme que c'est toute sa jeunesse à Nazareth qui resta ignorée de Lucifer : « le "sceau" fut maintenu sur le secret de Dieu contre la curiosité de Satan, maintenu sous l'apparence d'une vie commune » 38.9 . Et Benoît XVI apporte cette analyse : « Quelle est la racine des trois tentations que Jésus a subi ? C'est la proposition d'instrumentaliser Dieu, de l'utiliser pour ses propres intérêts, pour sa propre gloire et pour sa réussite. Donc, en substance, de se mettre à la place de Dieu, de le retirer de son existence et le faisant paraître superflu ». Contre Satan, Jésus nous donne ce conseil précieux : « Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n'y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous (...). Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu'il est comme Dieu, en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas » 46.14 . FOOTNOTES : Ignace d'Antioche Lettre aux Ephésiens 19, 1. Voir aussi Catéchisme de l'Eglise Catholique § 498. : Benoît XVI Audience du mercredi des cendres , 13/02/2013.
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La rencontre avec Jean, Jacques et André
Evoquant sa première rencontre avec Jésus, saint Jean utilise l'expression « le lendemain » (Jn 1,29). Quelques auteurs en ont fait un argument pour dénoncer « une contradiction » entre le récit de saint Jean et celui des autres évangélistes. Ces esprits sceptiques prouvent surtout leur mauvaise fois ou leur inculture. Car à l'évidence, comme le notent la plupart des exégètes, cette expression plusieurs fois utilisée par saint Jean n'a pas pour lui une signification chronologique stricte, mais lui sert simplement à rythmer son récit . C'est ce que Jésus confirme, par la plume de Maria Valtorta : « Je réponds à l'avance à une observation. Jean dit dans son Évangile en parlant de la rencontre avec Moi : "Et le jour suivant". Il semble ainsi que le Baptiste m'ait désigné le jour qui suivait le Baptême et que tout de suite Jean et Jacques m'aient suivi. Cela contredit ce qu'ont dit les autres Évangélistes au sujet des quarante jours passés au désert. Mais prenez cette lecture : "(Après l'arrestation de Jean) un jour, ensuite, les deux disciples de Jean Baptiste auxquels il m'avait indiqué en disant : 'Voici l'Agneau de Dieu', en me revoyant, m'appelèrent et me suivirent". Après mon retour du désert » 47.10 . Une autre précision nous est donnée par le récit de Maria Valtorta au sujet des témoins de cette première rencontre. Sur la base de l'évangile de Jean (Jn 1,40), la tradition grecque appelle André le Protoclet , c'est-à-dire le premier appelé des douze apôtres . Maria Valtorta conforte cet appel d'André au Jourdain, plutôt qu'à Capharnaüm comme pourrait le laisser entendre Marc (Mc 1, 16). Mais André cède la première place à Jean de Zébédée. « Jean, le premier, voit Jésus, le montre à son frère et à ses compagnons. Ils parlent un peu entre eux et puis Jean se met à marcher rapidement pour rejoindre Jésus. Jacques le suit plus lentement » 42.7 . Dans son évangile, saint Jean s'efface comme à son habitude et mentionne uniquement la présence de deux disciples(Jn 1,35.40), nommant le seul André. Maria Valtorta nous dévoile donc qu'André accompagnait en fait les fils de Zébédée, Jean et son frère Jacques. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, Jésus, à l'occasion d'un fait dont Jean fut le seul témoin , nous donne un commentaire très éclairant. « Jean, mon confident pour les faits les plus graves de ma vie, ne s'est jamais pompeusement prévalu de ces faveurs que je lui faisais. Mais, au contraire, lisez attentivement, il semble souffrir de les révéler et dire : "Je dois dire cela parce que c'est une vérité qui exalte mon Seigneur, mais je vous demande pardon de devoir montrer que je suis seul à la connaître" et c'est par des paroles concises qu'il fait allusion au détail connu de lui seul. Lisez le premier chapitre de son Évangile où il raconte sa rencontre avec Moi : "Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples… Les deux disciples, ayant entendu ces paroles… André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus. Le premier qu'André rencontra… " Lui ne se nomme pas, au contraire il se cache derrière André qu'il met en lumière... » 464.17-18 . Si donc Jean fut le tout premier à croire, André témoigne qu'il crut lui aussi immédiatement : « J'étais disciple du Baptiste, et dans les pauses de la pêche, j'allais le trouver avec d'autres compagnons. (…) J'avais remarqué un jeune homme beau et calme qui, en suivant un sentier, venait vers nous. (...) J'ai senti que c'était Celui auquel le Saint d'Israël, le dernier Prophète, le Précurseur, n'était pas même digne de dénouer les sandales. (...) Quand Jean après le super-extasiant tonnerre de Dieu, après l'inconcevable splendeur de la Lumière en forme de colombe de paix, eut dit : "Voici l'Agneau de Dieu", moi (...) j'ai crié avec la voix de l'esprit : Je crois ! » 324.4 . Matthieu (Mt 4,12) et Marc (Mc 1,14) justifient le départ de Jésus vers Capharnaüm par l'annonce de l'arrestation du Baptiste : « Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée ». C'est aussi ce que décrit Maria Valtorta. Lorsque Jésus lui demande des nouvelles du Baptiste, Jean répond : « Hérode l'a fait arrêter. Il est en prison à Machéronte. Ses plus fidèles parmi nous ont essayé de le délivrer, mais impossible. Nous revenons de là » 47.2 . En analysant tous les détails fournis, il est possible de reconstituer une chronologie très précise. Le Baptême eut lieu le dimanche 29 Tébeth et Jésus resta au désert pendant 40 jours, du lundi 1 Shebat, jusqu'au vendredi 10 Adar. Après s'être accordé une brève journée de réconfort dans la vallée du Jourdain, durant le sabbat du 11, Jésus rencontra Jean, Jacques et André au gué du Jourdain, le dimanche 12 en fin de matinée. « C'était une fraîche matinée d'Adar… Moi, j'étais un voyageur inconnu sur le chemin près du fleuve… Las, couvert de poussière, pâli par le jeûne, la barbe inculte, les sandales percées, je ressemblais à un mendiant sur les chemins du monde… » 597.3 , raconte Jésus à ses apôtres trois ans plus tard, durant le mercredi Saint, en se remémorant la rencontre avec Jean. On comprend ainsi pourquoi Jacques de Zébédée raconte qu'il eut quelque peine à le reconnaître : « j'étais avec André au Jourdain, mais je ne l'ai pas remarqué avant l'indication du Baptiste. Moi aussi, j'ai tout de suite cru (...) après des dizaines de jours d'inutile attente, de recherches angoissées, qui par leur inutilité rendaient plus douloureuse la perte de notre Jean arrêté une première fois, quand Il apparut, venant du désert, moi, je ne Le reconnus pas tout de suite » 324.6 . C'est encore Jean qui prit l'initiative : « Laisse-nous venir avec Toi, Maître. Montre-nous où tu habites » 47.2 demande-t-il. « Venez donc et marchons. Le long du chemin je vous instruirai » lui répond Jésus. Et ensemble, ils prirent le chemin du retour vers la Galilée. FOOTNOTES :Voir Jean 1,29.35.43 ; 6,22 ; 12,12. : Benoît XVI a rappelé cette tradition dans son homélie du mercredi 14 juin 2006, consacrée justement à André. : Il s'agit ici d'une réunion secrète où une quarantaine de notables juifs complotent pour nommer Jésus roi selon Jean 6,15. : Le Baptiste fut arrêté deux fois, comme on peut le déduire de Jn 3,24. Mais jusqu'au 17e siècle et l'analyse de Lamy, Preuve des deux prisons de saint Jean-Baptiste , 1693, ce fait était plutôt considéré comme une contradiction entre Matthieu, Marc et Jean.
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Première année de vie publique
L'appel des premiers apôtres
Il convient de remarquer ici qu'à partir de la rencontre de Jésus avec les trois premiers disciples, et jusqu'aux noces de Cana, les descriptions de Maria Valtorta permettent de reconstituer, non seulement jour par jour, et même presque heure par heure, la suite des événements qui aboutirent à la constitution du noyau apostolique. Ce récit circonstancié éclaire d'un jour nouveau, en les conciliant, les versions succinctes transmises par Matthieu, Marc et Jean. Compte tenu de la brièveté des journées hivernales, et de l'état des routes, ils atteignirent Capharnaüm le mercredi 15 Adar, au terme de trois jours et demi de marche. Jacques et Jean restèrent toute la journée du jeudi, et jusque tard dans la nuit, avec Jésus : « Ils avaient fait toute la route avec Moi et étaient restés une journée entière au foyer hospitalier d'un ami de ma maison, de la parenté » 47.10 . André, lui, était rentré directement à Bethsaïda, pour rejoindre son frère. Le vendredi matin, les quatre pêcheurs se retrouvent au bord du lac. Pierre et André débarquent après leur pêche nocturne en cette nuit de pleine lune « où la pêche est si bonne ». Jean et Jacques se montrent très persuasifs, et finissent par convaincre Pierre de venir faire connaissance avec Jésus. La rencontre a lieu le lendemain après midi, jour de sabbat, à la sortie de la synagogue de Capharnaüm, où Jésus viens de lire et de commenter le chapitre 7 de Jérémie. « O vous d'Israël ! Le temps de la Rédemption est arrivé mais préparez-en les voies en vous, par la bonne volonté ... » 49.6 . La rencontre de Pierre avec le Seigneur nous vaut cette explication, relative au texte de Jean(Jn 1,40-42) : « Je veux que (...) tous vous remarquiez l'attitude de Jean. (...) Vous l'admirez parce que pur, aimant, fidèle, mais vous ne remarquez pas qu'il fut grand en humilité. Lui, à qui l'on doit la venue de Pierre vers Moi, il tait modestement ce point particulier . (...) voyez ce qu'il dit : "André, frère de Simon, était un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon à qui il dit : 'Nous avons trouvé le Messie' et il le mena à Jésus". Avec sa justice, en plus de sa bonté, il sait que André est embarrassé de n'avoir qu'un caractère renfermé et timide (...) Il veut qu'André semble le premier apôtre du Christ auprès de Simon bien que sa timidité et son effacement auprès de son frère lui aient apporté un échec dans son apostolat » 49.9 . Le dimanche matin, de bonne heure, Jean vient chercher Jésus car Pierre l'invite chez lui, à Bethsaïda, pour le présenter à son entourage. Lorsque Jésus y arrive un peu plus tard , tout le village est là pour l'accueillir. « Merci, Maître, pour nous et pour ceux qui attendent. Ce n'est pas le sabbat, mais n'adresseras-tu pas la parole à ceux qui t'attendent ? » « Oui, Pierre, je parlerai dans ta maison » 50.2 . Dans l'après midi a lieu la rencontre avec Philippe, qui accepte immédiatement de suivre Jésus. « André m'a parlé de Toi. Il m'a dit : "Celui après qui tu soupirais est venu". Car il savait que je soupirais après le Messie ». « Ton attente n'est pas trompée. Il est devant toi. » « Mon Maître et mon Dieu ! » 50.5 . Puis, quelques instants plus tard, Philippe revient avec son ami Barthélemy. « Voici un vrai Israélite en qui il n'y a pas de fraude. La paix à toi, Nathanaël ». « Comment me connais-tu ? » « Avant que Philippe vint t'appeler, je t'ai vu sous le figuier ». « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d'Israël ! » 50.6 . Alors que la journée s'achève, Jude Thaddée, le cousin de Jésus fait brusquement irruption dans la maison de Simon-Pierre. « Je viens de Capharnaüm. J'ai pris une barque et je suis venu aussi jusqu'ici avec, pour faire plus vite. Ta Mère m'envoie Te dire : "Suzanne se marie demain. Je te prie, Fils, d'assister à cette noce". Marie y prend part, et avec Elle ma mère et les frères » 51.1 . Nous apprenons ainsi que la tante de Jésus, Marie d'Alphée, sera présente, de même que ses fils Jacques, Jude, Simon, Joseph, les cousins de Jésus... C'est aussi un indice que Suzanne épouse probablement un parent de Marie et de Joseph. Cette nouvelle imprévue oblige à bouleverser quelque peu les projets. « Voici ce que nous ferons, alors. Maintenant, avec la barque de Jude, j'irai à Tibériade et de là à Cana et avec la même, je reviendrai à Capharnaüm avec ma Mère et avec toi. Le jour qui suivra le prochain sabbat, tu viendras, Simon, si tu es toujours décidé et nous irons à Jérusalem pour la Pâque ». « Bien sûr que je viendrai. Et je viendrai aussi le sabbat pour t'entendre à la synagogue » 51.2 . La conversation se prolonge entre Jésus et son cousin, jusqu'à ce que, pragmatique, Pierre intervienne : « Si vous voulez être à l'aube sur la route de Cana il vous faut partir tout de suite. La lune se lève et la traversée sera bonne » 51.5 . En cette soirée du dimanche 14 mars 27, l'astronomie montre que la lune se lève justement à 22 heures. Atteindre Dalmanoutha, située à vingt kilomètres, par faible brise, va leur prendre quatre à cinq heures de navigation. Ils pourront débarquer entre trois et quatre heures du matin, pour parcourir ensuite à pied les vingt derniers kilomètres et espérer atteindre Cana en milieu de matinée. C'est exactement le genre de dialogue anodin et pourtant criant de vérité que l'on trouve omniprésent dans l'œuvre de Maria Valtorta. Mais qui pourrait oser prétendre que ce soit le simple fruit de son imagination ? FOOTNOTES : Maria Valtorta, qui note avoir été interrompue pendant cette vision du 15 octobre 1944, pense alors que Jésus arrive à Bethsaïda le lendemain. Mais rien ne justifierait un tel délai.
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Première année de vie publique
« Et le troisième jour », les noces de Cana
Jean (Jn 2,1) commence son récit des noces par Et le troisième jour, expression un peu énigmatique qui a toujours troublé les exégètes. Selon le récit qui nous est donné ici, il semble que l'apôtre Jean aurait fait référence au temps écoulé depuis la première rencontre avec Pierre (Jn 1,40-42). La vision des noces de Cana, le 16 janvier 1944 est une des toutes premières visions reçues par Maria Valtorta. Elle hésite naturellement à identifier les différents protagonistes. Mais il est tout à fait remarquable que ses descriptions de la flore s'intègrent parfaitement dans la chronologie en ce lundi 15 mars 27. « La saison me parait printanière car l'herbe des prés n'est pas brûlée (...) les blés sont en herbe, sans épis, tout verts. Les feuilles du figuier et du pommier sont vertes et encore tendres mais je ne vois pas de fleurs sur le pommier et je ne vois pas de fruits, ni sur le pommier ni sur le figuier ni sur la vigne ... » 52.2 . Lorsque Jésus approche de Cana, Il est seulement accompagné de « ses deux compagnons » : Jean et le cousin Jude. Le frère de ce dernier, Jacques d'Alphée, est sans doute présent à Cana, ainsi que les autres cousins, mais à cette date, Maria Valtorta ne les a encore jamais vu, et ne les reconnaît pas. La plupart des commentateurs, interprétant Jean « Jésus fut invité à la noce, ainsi que ses disciples » (Jn 2,2) en déduisent que les cinq précédemment nommés dans l'évangile de Jean étaient sans doute présents eux aussi. Pour Maria Valtorta, ce n'est pas le cas, mais sa version ne contredit pas pour autant l'évangile. D'ailleurs la suite de son évocation, fidèle à l'évangile, reste sobre et contraste sensiblement avec les récits enluminés transmis par Marie d'Agreda ou Catherine Emmerich. Dans une dictée du 17 janvier 1947, Jésus commente longuement son premier miracle. « Les noces de Cana. Depuis vingt siècles elles servent de point de départ aux maîtres spirituels pour prêcher sur la sainteté du mariage vécu avec la grâce de Dieu, mais aussi sur la puissance des prières de Marie, sur son enseignement, sur l'obéissance ("Faites tout ce qu'il vous dira"), ou encore sur ma puissance qui change l'eau en vin, et ainsi de suite. Aucun de ces fruits tirés de ce passage évangélique n'est erroné. Mais ce ne sont pas les seuls que cet épisode comporte et que vous pouvez en retirer ». L'exégèse divine se prolonge sur plusieurs pages qui méritent bien entendu d'être lues in-extenso. Il n'est possible ici d'en donner qu'un bref aperçu. Jésus revient sur « les trois jours » de saint Jean, qu'Il place dans un contexte eschatologique : « Trois jours plus tard, il y eut un banquet." Trois jours : trois époques avant le festin de joie. La première va de la création du monde à la punition du déluge ; la seconde, du déluge à la mort de Moïse. La troisième de Josué - l'une de mes figures - à ma venue. Et encore trois époques, ou trois jours : les trois années de ma prédication avant le banquet pascal ». La présence de Marie à ces noces, parfaitement naturelle en raison de ses liens de parenté avec la famille de l'époux, a également une signification surnaturelle qui s'impose dans le plan divin du Salut. « "La Mère de Jésus était là." La Mère ! Pouvait-elle être absente là où l'homme nouveau devait être enfanté ? Eve pouvait-elle ne pas être là si dorénavant la "Vie" devait prendre la place de la Mort ? La Femme peut-elle faire défaut quand s'approche l'heure où le Serpent aura la tête écrasée et où des limites seront posées à sa liberté d'action ? Impossible ! La Mère des vivants, l'Eve sans tache, la Femme du "Je vous salue Marie" et du "Qu'il me soit fait selon ta parole", la Femme au talon puissant, la Co-rédemptrice est donc présente au banquet où l'union de l'humanité et de la grâce est inaugurée ». « Les noces de Cana voient la transformation de l'eau en vin. La Cène de Pâques, la transsubstantiation du pain et du vin en mon Corps et mon Sang. La première marque le début de ma mission de transformation des juifs de l'Antiquité en disciples du Christ. La seconde marque le début de la transsubstantiation des hommes en enfants de Dieu par la grâce qui revit en eux. C'est le dernier miracle de l'Homme-Dieu, le premier et perpétuel miracle de l'Amour humanisé. Voilà, (...) l'une des applications - et c'est la plus élevée - du miracle des noces de Cana ». A la suite de la vision des noces, Jésus dicte un commentaire sur la traduction commune de Jean : « Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? » (Jn 2,4). Pour le Christ, cette traduction ne permet plus d'interpréter le sens exact des paroles qu'Il prononça alors. «" Qu'y a-t-il désormais entre Moi et Toi ?". J'étais d'abord tien, uniquement tien. Tu me commandais, Je t'obéissais. Je t'étais "soumis". Maintenant, j'appartiens à ma mission. (...) Ce "désormais", oublié par plusieurs, voulait dire ceci : "Tu m'as été tout, ô Mère tant que je fus le Jésus de Marie de Nazareth et tu m'es tout en mon esprit mais, depuis que je suis le Messie attendu, j'appartiens à mon Père. Attends encore un peu et ma mission terminée, je serai de nouveau tout à toi . (...) Mais maintenant, j'appartiens à tous ces hommes et j'appartiens au Père qui m'a envoyé vers eux". Voilà ce que veut dire ce petit "désormais", si chargé de signification » 52.7 . Quelques jours plus tard, André interroge le maître : « Jean m'a raconté le miracle que tu as fait à Cana… Nous espérions tant que tu en fasses un à Capharnaüm (...). Pourquoi alors, à Cana ? Pourquoi là et pas dans ta patrie ? ». « Cana c'était la joie qu'il fallait donner à ma Mère. Cana c'est un acompte de ce qui est dû à ma Mère. C'est Elle qui la première a apporté la Grâce . (...) A Cana, je devais l'honneur à la Sainte de Dieu, à la Toute Sainte. C'est par Elle que le monde m'a eu. Il est juste que ce soit à Elle qu'aille mon premier prodige en ce monde » 54.7 . Bien d'autres commentaires de l'évangile de Jean sont donnés par le Seigneur à Maria Valtorta, à propos de cette première manifestation publique de sa divinité. Tous soutiennent aisément la comparaison avec ceux des Pères , et s'ils étaient les simples fruits de l'inspiration de la mystique italienne, elle aurait dès lors certainement sa place parmi les grands théologiens. FOOTNOTES : Voir par exemple St Thomas d'Aquin, Commentaire de l'Evangile de saint Jean , Le Cerf 2006.
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Première année de vie publique
La première Pâque
Nous retrouvons Jésus à Jérusalem, juste avant la Pâque du 10/11 avril 27. « Je vois Jésus qui entre avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélémy dans l'enceinte du Temple » 53.1 observe la mystique. Ils sont partis comme prévu avant la fin mars, pour atteindre Jérusalem quelques jours à l'avance. Ils sont maintenant au nord du Parvis, au milieu des pèlerins qui se pressent aux comptoirs de change et aux enclos des marchands, choisissant les agneaux pour la Pâque maintenant toute proche. La vue d'un marchand honorant le puissant Joseph d'Arimathie et spoliant un couple de petits vieux pauvres et presque aveugles, provoque l'indignation et l'intervention vigoureuse de Jésus, telle que Jean(Jn 2,13-17) la rapporte. Deux ans plus tard, le 31 mars 29, le Christ rappelle cette injustice qui provoqua sa sainte colère : « Pourquoi est-on honnête quand on vend à celui qui est fort et puissant par peur de ses représailles, alors que l'on abuse du frère sans défense, inconnu ? Cela est un crime plutôt contre l'amour que contre l'honnêteté elle-même » 383.6 . Cette première manifestation du nouveau rabbi ne passe pas inaperçue. « Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés, bouche bée à l'écouter » 53.7 , et parmi les témoins de cette scène imprévue se trouvent deux futurs apôtres : Judas et Thomas. Quand Jésus revient au Temple, deux mois plus tard, dans un tout autre contexte, Il s'explique sur ce geste spectaculaire. « Appelle-moi le magistrat responsable. Je dois me faire reconnaître pour qu'on ne dise pas que je manque aux coutumes et au respect... Je ne suis pas venu pour scandaliser ni pour enseigner à violer non seulement la Loi, mais aussi les coutumes » dit-Il à Judas qui s'en étonne : « L'autre fois, tu ne l'as pas fait ». « L'autre fois j'étais brûlé par le zèle de la Maison de Dieu profanée par trop de choses. L'autre fois, j'étais le Fils du Père, l'Héritier qui, au Nom du Père et par amour de ma Maison, agissait avec sa majesté à laquelle sont inférieurs les magistrats et les prêtres. Maintenant, je suis le Maître d'Israël et à Israël, j'enseigne aussi cette chose » 68.1 . Quelques prêtres, rabbins et pharisiens accourent et questionnent Jésus : « Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela, en troublant les cérémonies prescrites ? De quelle école proviens-tu ? Pour nous, nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es ». « Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez même ce Temple vrai, et Je le relèverai pour donner louange à Dieu » 53.5 . Maria Valtorta ne rapporte pas la réplique des notables juifs : « Voici quarante-six ans qu'on travaille à bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » (Jn 2,20). Cette parole dite par les scribes au Sauveur, au début de sa prédication, mérite attention car elle indique qu'il s'était alors écoulé un intervalle de quarante six ans depuis que le roi Hérode avait décidé de la rénovation du Temple de Jérusalem, à l'automne -20 (soit à la fin de l'année 3741 du calendrier juif). La Pâque 27 correspond à l'année juive 3787. Que ce soit pour les juifs ou pour les romains, l'écart donne bien quarante-six ans. A l'approche de sa Passion, Jésus revient sur cette prophétie annonçant sa Résurrection : « il pourra être détruit le Temple vivant et être reconstruit en trois jours et pour l'éternité. Mais le Temple mort, qui sera seulement secoué et croira avoir vaincu, périra pour ne plus se relever » 579.9 . Et à nouveau au soir du mercredi Saint : « Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours je le ferai surgir à nouveau » 596.38 . FOOTNOTES : A la date de cette vision, le 24 octobre 1944, Maria Valtorta le reconnaît car elle l'a déjà vu dans des visions de la Passion reçues antérieurement. : La tradition se transmettant alors verbalement, de maître à disciple, nul ne pouvait enseigner sans faire référence à un maître. D'où cette question posée à Jésus : « De quelle autorité dis-tu cela ? » (Mt 21,3 ; Mc 11,28 ; Lc 20,8). Et ce reproche aussi : « Tu es plus qu'Hillel, Toi qui sans maître dis connaître toute doctrine ? Comment quelqu'un peut-il se former s'il n'y a personne qui le forme ? » 68.2 . : Voir Flavius Josèphe Antiquités judaïques , XV, 11, 1; Dion Cassius Histoire romaine LIV,7,4-6; Suétone, Auguste , III, 9; et Tacite, Annales , II, 13. (Flavius Josèphe indique pour cette décision d'Hérode dans Antiquités 15, 11, 1 : la 18e année de son règne (depuis sa prise de pouvoir ?) ; et dans Guerres des juifs 1, 21, 1 : la 15e année (depuis sa nomination ?).
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Première année de vie publique
Judas, Thomas et Simon rencontrent Jésus
Les Écritures, de même que la tradition, ne nous disent rien de l'admission de certains disciples dans le groupe apostolique, si ce n'est la brève et vague allusion de Jean(Jn 1,23) : « Comme il était à Jérusalem, durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son Nom... ». Le témoignage de Maria Valtorta insère logiquement la rencontre avec de nouveaux apôtres durant la première manifestation publique à Jérusalem . Jésus se trouve dans le jardin du Gethsémani, avec ses six premiers disciples galiléens, lorsque viennent vers Lui Thomas, Judas et Simon le zélote, chacun avec des motifs bien personnels. Simon, lépreux recherche d'abord la guérison : « On m'a dit que tu as certifié qu'en élevant ton Signe, tu guéris tout mal. Lève-le sur moi. Je viens des tombeaux … » 54.2 . Thomas et Judas témoins de la manifestation au Temple, en ont été impressionnés. Judas est le plus audacieux : « J'attends le Roi des juifs, c'est mon rêve. Roi, j'ai reconnu à ta parole que tu l'étais. Roi, je t'ai reconnu à ton geste. Prends-moi avec Toi » 54.3 . Jésus calme ses ardeurs, et lui demande de réfléchir quelque temps : « je reviendrai pour la Pentecôte. Si tu es au Temple, tu me verras » 54.3 . Cette réponse fait hésiter Thomas : « Maître, tu es tellement saint ! J'ai peur de n'être pas digne. Rien d'autre. Parce que, pour ce qui est de mon amour, je n'ai pas de crainte … » 54.4 . Thomas s'éloigne pensif, mais après une brève absence, il revient vers Jésus : « Maître… je ne peux attendre ton retour. Laisse-moi avec Toi. Je suis plein de défauts, mais j'ai cet amour, seul, grand, vrai, mon trésor. Il est à Toi. Il est pour Toi. Et garde-moi, Maître… ». Jésus lui met la main sur la tête. « Reste, Didyme. Suis-moi. Bienheureux ceux qui sont sincères et ont une volonté tenace » 54.8 . Cette différence de traitement entre Judas et Thomas surprend les disciples, et peut-être nous aide-t-elle à comprendre cette réflexion de Jean, dans son évangile, à propos de Judas : « Jésus savait en effet dès le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait » (Jn 6,64). Cette affection cutanée, (psoriasis) fut effectivement confondue avec la lèpre jusqu'en 1850. L'absence du cousin Jude, croisé au Temple, intrigue également Pierre. « Maître… pourquoi ton cousin qui savait où tu habites n'est-il pas venu ? » 54.6 . Jésus, comme Il le fera si souvent au cours de ces trois années, répond sous forme de parabole : « Tu as vu les marbres du palais du prétoire ? Arrachés péniblement aux flancs de la montagne, ils font maintenant partie du Prétoire. (...) Mon cousin est comme les pierres dont je parle… Le flanc de la montagne, la famille, me le dispute » 54.6 . FOOTNOTES : Un détail anodin, « ces cailloux qui brillent là aux rayons de la lune » indiquant que la lune est présente dans le ciel peu après le coucher du soleil, permet même de dater l'événement juste après la Pâque, le 11 ou le 12 avril, car ensuite la lune se lève trop tard ! : On apprendra ensuite (MV 56.6) qu'il s'agissait plus précisément d'un serpigo héréditaire .
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Première année de vie publique
L'admission de Jude et de Simon
A peine admis comme disciple, Thomas se voit confier une mission : retrouver Simon le zélote, et l'accompagner durant les huit jours de sa purification rituelle . De la part de Jésus, Thomas devra lui dire : « Quand tu seras totalement purifié (...) nous irons ensemble sur la route du fleuve au-delà de Doco et Ephraïm. Là, le Maître Jésus t'attend et m'attend » 55.3 . Cette mission confiée au dernier venu provoque une petite crise de jalousie de la part du bouillant Pierre. Un an plus tard, il s'en souviendra encore. « J'étais jaloux, moi aussi l'an dernier... Je n'aurais pas voulu quelqu'un en plus de nous six, les six premiers ... » 203.4 , dira-t-il en apprenant que Judas jalouse deux nouveaux disciples : Jean d'Endor et le jeune Jabè (le futur Martial). Le mercredi suivant, nous retrouvons Thomas et Simon au lieu de rendez-vous convenu. Jude s'est joint à eux, et il renseigne ses nouveaux compagnons sur les liens qui l'unissent à Jésus. « Depuis son retour à Nazareth, il a toujours été pour moi un bon compagnon. Toujours ensemble. Nous sommes du même âge, moi, un peu plus vieux. Et puis, j'étais le préféré de son père, frère de mon père. Et puis aussi sa Mère m'aimait bien. J'ai grandi plus avec Elle qu'avec ma mère » (...) « Nous sommes un peu divisés du moment où Lui s'est fait prophète. Cela n'a pas fait plaisir à mes parents... Mon père et les deux aînés. L'autre est hésitant… Mon père est très vieux, et je n'ai pas eu le cœur de le mécontenter » 56.3 . Simon, qui, on l'apprend bientôt, a eu lui aussi des relations difficiles avec son père, soupire « Pourquoi les pères sont-ils alors pour nous des ennemis ? ». Dès leur rencontre, Jésus unit le cousin Jude à Simon le Zélote : « Simon, qui n'as pas eu de fils… Jude, qui perds ton père pour mon amour. Je vous unis dans un même sort ». Un accord parfait unira désormais les deux apôtres. Après la mort d'Alphée, Jude évoquera même cette affection pour le zélote, qu'il partage avec son frère Jacques : « dans une soirée bien triste pour nous, il nous a donné une affection de père et nous l'a gardée. Nous ne pouvons l'oublier. Pour nous il est "le père". Nous sommes pour lui des "fils" » 304.4 . Pourrait-on trouver une meilleure justification à la tradition qui unit Simon et Jude et que perpétue l'Église catholique en les fêtant ensemble le 28 octobre ? Ce chapitre nous éclaire également sur les différents surnoms de Simon, cet apôtre si méconnu. Il raconte sa maladie de peau transmise par son père, et qui lui valut son surnom de « lépreux » : « Mon père… Oh ! je dois parler contre lui qui m'a coûté des larmes qui ne venaient pas du ciel ! Tu le vois, tu as vu quel cadeau il m'a fait ! » 56.6 . Puis il raconte : « On m'appelait "Zélote" à cause de la caste à laquelle j'appartenais et "Cananéen" à cause de ma mère. (...) J'ai du sang d'esclave. Mon père n'avait pas de fils de sa femme légitime, et il m'eut d'une esclave » 56.6 . Quant au jovial Thomas, il ignore ce genre de soucis familiaux, et cela peut même justifier la bonne humeur qu'il affiche si souvent dans l'œuvre : « Mon Père m'a écouté et m'a compris. Il m'a béni en disant : si c'est bien "Lui", et tu t'en apercevras en le suivant, viens vers ton vieux père pour lui dire : "Viens ! Israël possède l'Attendu" » 56.4 . FOOTNOTES : Le rite de purification pour la lèpre (Lévitique 14) durait 8 jours, et aura donc lieu du 13 avril 27 au 20 inclus. Jésus leur donne donc rendez-vous pour le mercredi 21 avril. La route du fleuve , c'est la voie que les romains avaient aménagée le long du Jourdain, entre Tibériade et Jérusalem... Le croisement avec la route d'Ephraïm à Doco constitue un point de rendez-vous encore repérable sur les cartes anciennes. : Nous avons vu (au § Marie éducatrice de Jésus, Jacques et Jude ) que la Vierge Marie enseigna Jude et son frère Jacques, chaque après midi durant toute leur enfance. : « L'autre », c'est bien sûr Jacques d'Alphée, surnommé Jacques le mineur , justement parce qu'il tarda un peu à rejoindre les premiers disciples. : Plusieurs fois Simon reviendra sur cette erreur de jeunesse . Il connaît bien le synhédriste Samuel Ha Katon qu'il aurait pu fréquenter parmi les zélotes, au temps de Judas le gaulonite. Deux autres membres du sanhédrin, Sadok et Simon d'Eli Anna, (alias Simon isc Hammispa), sont certainement d'anciens zélotes.
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Première année de vie publique
Le retour en Galilée après la Pâque
Jésus et ses « désormais » sept disciples galiléens arrivent à Nazareth probablement le vendredi 23 avril, au terme de trois jours de marche. Le Fils présente ses disciples à sa Mère . « Pour Jean, Marie le connaît déjà. Il l'a saluée tout de suite après Jude » 57.3 . Marie d'Alphée, qui est présente, accourt toute heureuse qu'un de ses fils suive maintenant Jésus . « Comme je suis contente ! Pour Jude, et pour Toi, ma belle-sœur. Je sais que les autres me gronderont. Mais n'importe. Je serai heureuse le jour où ils seront tous à Jésus. Nous, mamans, nous savons… nous sentons ce qui est bien pour nos créatures. Et moi, je sens que le bien de mes créatures, c'est Toi, Jésus » 57.3 . Pendant une semaine, Jésus reste seul avec Marie et débute l'évangélisation autour de Nazareth . Puis vers le lundi 3 mai, en soirée , nous le retrouvons à Capharnaüm où Il se prépare pour sa première sortie en barque, avec Pierre et ses compagnons pêcheurs. « Je n'ai jamais pêché et j'attends que tu m'apprennes » 58.3 dit-Il à Pierre, tout heureux et un peu fier de pouvoir expliquer à cette occasion au Maître l'art et la manière de manœuvrer la voile et le filet. Mais voici qu'un imprévu se présente, en la personne d'un aveugle qui cherche le rabbi galiléen ! Comme ils nous apparaissent humains et vrais dans leurs réactions, les apôtres de Jésus, à cette occasion : Jean et Jacques qui conseillent à l'aveugle de revenir le lendemain, et Pierre qui craint que ce contretemps ne compromette sa pêche qu'il espérait abondante... Jésus les reprend avec douceur, les rassure, puis opère la guérison de l'aveugle : « Père ! Ta lumière pour celui-ci qui est ton fils ! » 58.8 . FOOTNOTES : Il a laissé en Judée Simon et Thomas, avec la promesse de son retour prochain, pour la Pentecôte, le 31 mai suivant. : C'est pour nous une confirmation que Pierre, André et leurs compagnons ne sont pas venus aux noces de Cana. : C'est sans doute ce qui lui vaudra ce titre de la part du Seigneur : « la première des femmes disciples dans l'ordre du temps » 307.2. : Il guérit un lépreux au pied du Thabor, apprend-on par la suite. : Maria Valtorta observe « le soleil couchant et le premier quartier de la lune » 58.8 , tandis que Pierre affirme : « Le temps est favorable. .... Il va y avoir le clair de lune. Les poissons remonteront du fond » 58.3 . Le premier quartier de lune a lieu du 28/4 au 4/5/27.
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Première année de vie publique
Jésus se manifeste à Capharnaüm
Le samedi suivant, le 8 mai 27, la renommée de Jésus s'étant déjà répandue(Lc 3, 14-15), il y a foule autour de la synagogue de Capharnaüm, dont le chef Jaïre montre de la bienveillance. Marc(Mc 1,21-22) témoigne : « un jour de sabbat, entrant dans la synagogue, Jésus enseignait. Et ils étaient frappés de son enseignement... » Mais l'évangéliste, pas plus d'ailleurs que Luc (Lc 4,31-32) ne dévoile la nature de cet enseignement. Ici nous est offert par Maria Valtorta une des innombrables occasions de combler ces lacunes , certes non indispensables pour la foi, mais si précieuses pour une compréhension accrue du message évangélique. Bien que doutant encore un peu de la capacité de Jésus à improviser , Jaïre accepte néanmoins de choisir un rouleau au hasard . « Prends au hasard. Je répète : l'Esprit du Seigneur guidera le choix pour le bien de ce peuple ». C'est sur un passage de Josué que tombe le sort(Jos 7,13). « Lève-toi et sanctifie le peuple... » dit le texte, et Jésus se présente d'emblée comme étant « le Roi d'Israël, le Promis, qui rassemble son peuple ! (...) Celui qui est venu vous sanctifier s'est levé » 59.4 . Il appelle au repentir, et annonce l'imminence du Royaume des Cieux. Ce discours n'est pas du goût des pharisiens présents qui contestent à la fois le contenu du commentaire, et la personnalité de son auteur. « Ne trouves-tu pas que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu ? Aucun des prophètes n'a eu cette audace, et Toi… qui es-tu, Toi qui parles, et sur l'ordre de qui parles-tu ? (...) Tes paroles sont saintes, mais Satan aussi a des paroles trompeuses teintes de sainteté, pour entraîner dans l'erreur. Nous, nous ne te connaissons pas » 59.5 . Jésus l'affirme à nouveau sans détour : « Je suis Jésus de Joseph, de la race de David (...). Cela, du point de vue du monde. Selon Dieu, je suis son Messie... Un autre parlera, qui ne m'aime pas et dira qui je suis ... » 59.6 . Jésus exorcise Aggée de Malachie, un possédé. Tous à Capharnaüm sont garants que Jésus ne l'a jamais rencontré. Le cri du démon terrassé, comme en témoignent Marc et Luc, est donc la réponse aux incrédules présents alors : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » (Mc 2,23-28 et Lc 4,33-37). Mais c'est aussi une indication que Jésus n'a jamais cherché à cacher qu'Il était le Messie attendu. Bien au contraire : Il ordonne le silence au démon seulement après qu'il Lui eut rendu témoignage ! Jésus opère encore quelques miracles : « De la part de la foule, c'est un délire de bénédictions » 58.9 . Quant à Aggée, sa guérison ne suffira pas à en faire un disciple, comme pour tant d'autres habitants de Capharnaüm. Deux ans plus tard, en août 29, Jésus constatera amèrement : « Vous, présents ici, vous êtes fidèles. Mais où est Capharnaüm ? (...) Où sont ceux que les autres fois je voyais se presser autour de Moi ? (...) Aggée de Malachie ? (...) Ont-ils oublié les bienfaits visiblement reçus parce que des paroles mensongères les ont trompés ? Mais les paroles peuvent-elles détruire les faits ? » 447.3 . FOOTNOTES : Sœur Marie-Aimée de Jésus, ( Jésus Christ est le fils de Dieu Téqui 1974 Vol II page 336), écrit, à l'occasion de circonstances similaires, mais dans la synagogue de Nazareth (Mc 6,1 ; Lc 4,16) : « non par hasard, mais par une admirable disposition de sa Sagesse ».
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Première année de vie publique
La guérison de la belle-mère de Pierre
Durant le sabbat suivant , le 15 mai 27, Jésus retrouve Pierre et ses compagnons à Capharnaüm. « J'ai parcouru pendant la semaine tous les environs et je suis arrivé à l'aube, ce matin » 60.5 explique-t-il. « Maître, je voudrais te prier de venir dans ma maison. Je n'ai pas osé te le dire au dernier sabbat, mais… je voudrais que Tu viennes ». « A Bethsaïda ? » « Non, ici… dans la maison de ma femme, sa maison natale, je veux dire » 60.1 . Ainsi apprend-on que la maison de Pierre que l'on peut visiter de nos jours à Capharnaüm était en toute rigueur la maison de la belle-mère de Pierre. « Une maison basse, plus basse encore que celle de Pierre à Bethsaïda, et encore plus proche du lac. Elle en est séparée par une bande de grève » 60.2 nous précise Maria Valtorta. Et cela ne nous surprend guère aujourd'hui. Pourtant la mystique n'avait pas d'autre moyen que ses visions pour situer si parfaitement cette maison en 1944, puisque la découverte de ces vestiges eut lieu seulement sept ans après sa mort, lors de fouilles en 1968 ! La belle mère de Pierre n'est pas d'un caractère aisé . Ses brus ne savent plus que faire pour la soulager « elle est agitée. Elle se lamente, elle crie, elle pleure, maugrée » 60.2 . Un médecin l'a examiné et ne laisse guère d'espoir : « elle est vieille pour guérir et quand ce mal passe des os au cœur et donne de la fièvre, surtout à cet âge, on meurt » 60.2 . Jésus l'approche avec bonté et patience... Le dialogue qui s'en suit est criant de vérité, et très révélateur du caractère acariâtre de cette pauvre femme. « Peux-tu croire que je puisse te guérir ? » « Et pourquoi le ferais-tu ? Tu ne me connais pas ». « A cause de Simon qui m'en a prié… et aussi à cause de toi pour donner à ton âme le temps de voir et d'aimer la Lumière ». « Simon ? Il ferait mieux de… Comment donc Simon a-t-il pensé à moi ? » « C'est qu'il est meilleur que tu ne crois. Je le connais, et je sais. Je le connais et je suis heureux de l'exaucer ». « Tu me guéris, alors ? Je ne mourrai plus ? » « Non, femme, pour l'instant tu ne mourras pas. Peux-tu croire en Moi ? » « Je crois, je crois. Il me suffit de ne pas mourir ! » 60.3 . C'est à peine si elle remercie du bout des lèvres le Maître pour cette guérison instantanée. Les synoptiques disent simplement qu'une fois guérie par Jésus, « elle les servait »(Mt 8,14-15 ; Mc 1,29-31 ; Lc 4,38-39). Pierre en est mortifié, mais Jésus le réconforte : « Ce n'est pas la première, et ce ne sera pas la dernière fois qu'on ne me remercie pas de suite. Mais je ne cherche pas la reconnaissance. Il me suffit de donner aux âmes la manière de se sauver. Je fais mon devoir. À elles de faire le leur » 60.5 . Peu de temps passe, et la belle mère de Pierre, ayant repris en main la gouvernance de sa maisonnée, rabroue à nouveau son pauvre gendre : « Ils n'en font que trop, tes beaux-frères, seuls comme ils sont restés, depuis que tu es allé à Bethsaïda ! Si au moins cela avait servi à enrichir ma fille… Mais je me rends compte que bien souvent tu es absent et que tu ne pêches pas ». « Je suis le Maître. J'ai été avec Lui à Jérusalem et le sabbat, je reste avec Lui. Je ne perds pas le temps à faire la fête ». « Mais, avec ça, tu ne gagnes rien. Tu ferais mieux, puisque tu veux faire le domestique du Prophète, de t'établir ici de nouveau. Au moins cette pauvre créature, ma fille, pendant que tu fais le saint, aurait des parents pour la nourrir » 60.6 . A la surprise de Pierre, Jésus approuve cette suggestion. L'installation à Capharnaüm de Pierre, André, Jacques et Jean leur permettra désormais d'être plus souvent avec le Maître, tout en continuant la pêche. Comme prévu, le soir venu, la foule se rassemble sur la grève, devant la maison. Les synoptiques en témoignent : « Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des gens atteints de maladies diverses les lui amenèrent »(Lc 4,40-41 ; Mc 1,32-34 et Mt 8,16). Jésus les enseigne en parabole, et poursuit par une série de questions et de réponses. Puis Il conclut par une exhortation qu'Il répétera en maintes occasions : « Le Fils de l'homme est parmi les hommes pour les ramener à Dieu. Suivez-Moi. Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » 61.2 . Parmi les miséreux et malades qui se pressent pour obtenir, qui une obole, et qui la guérison, il y a un pauvre bossu hésitant. « Je n'osais espérer que tu aies pitié d'un mendiant ». « Je suis la Pitié qui se penche sur toute misère qui m'appelle. Je ne refuse à personne. Je ne demande que l'amour et la foi pour répondre : je t'écoute ». « Oh ! mon Seigneur ! Je crois et je t'aime ! Alors sauve-moi ! Guéris ton serviteur ! » 61.3 . C'est une constante pour presque tous les miracles : Jésus attend une démarche d'amour et de foi avant d'accorder le miracle. Il ne s'impose pas. Ainsi, après la guérison de Samuel, Il s'approche de deux aveugles, leur donne l'obole et attend un instant … puis Il les laisse aller. Un vieillard est venu de Corozaïn pour obtenir la santé pour sa fille mourante. Il ne doute pas que Jésus puisse la guérir à distance et obtient le miracle. « Rentre à la maison, père. Ta fille sera sur le pas de ta porte pour te saluer » 61.4 . FOOTNOTES : Luc, toujours extrêmement précis, indique « Parti de la synagogue, il entra dans la maison de Pierre » (Lc 4,38). : Voir par exemple Guy Couturier, La Maison de Pierre 2009 sur le site : http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2009/arc_091016.html .
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Préparation à la Passion de Jésus
La fuite en Samarie
Tandis qu'on complote au Temple, à Béthanie les apôtres sont euphoriques. Il leur paraît évident que plus rien désormais ne pourra s'opposer au triomphe du Christ. Pourtant leur joie sera de bien courte durée. Le vendredi en fin de matinée, Joseph d'Arimathie rencontre Jésus en secret, pour l'informer de toute urgence : « Maître, tu dois t'en aller tout de suite d'ici. Le Sanhédrin a décrété ton arrestation et demain, dans les synagogues, on lira le décret. Quiconque sait où tu te trouves, a le devoir de l'indiquer » 550.10 . Jésus hésite un instant sur la conduite à tenir : « Ces jours-ci les femmes disciples arrivent avec ma Mère. J'aurais voulu les attendre … » 550.11 . Mais il faut fuir, et sans tarder ! Lazare ira au devant de la Vierge Marie, et la conduira en secret au lieu de refuge de son Fils. Ce sera en Samarie, à Ephraïm, où Jésus sait qu'Il sera bien accueilli. « Oh ! C'est pour être contre les juifs qu'ils te feront honneur et qu'ils te défendront ! » 550.11 acquiesce Lazare. Immédiatement il fait préparer deux chars pour leur permettre de gagner Jéricho au plus vite. Jésus rassemble les apôtres : « Prenez les vêtements. Faites les sacs. Nous devons partir tout de suite d'ici. Faites vite » 550.12 . FOOTNOTES : Le rendez vous était fixé « ces jours-ci », à la nouvelle lune (MV 505.1, puis MV 528.2), mais il sera retardé de près d'un mois.
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Première année de vie publique
La guérison du lépreux de Corozaïn
A peine guéri de son infirmité, Samuel est allé redonner espoir à son ami Abel, un lépreux réfugié dans une vallée encaissée proche de Corozaïn . « Ce Rabbi, c'est le Messie, comprends-tu ? Le Messie ! C'est le Fils de Dieu. Il guérit tous ceux qui ont foi. Il dit : "Je le veux" et les démons s'enfuient, et les membres se redressent, et les aveugles recouvrent la vue ». (...) « Mais comment puis-je voir le Messie ? » « Voilà… je suis venu pour cela. Lui il est là, dans ce pays. Je sais où il est ce soir. Si tu veux… Moi, je me suis dit : "Je le dis à Abel et si Abel reconnaît avoir la foi, je le conduis au Maître" » 63.3 . Le soir venu, comme convenu, Samuel revient en compagnie de Jésus. Abel obtient le miracle, et voudrait suivre immédiatement son sauveur. C'est à regret qu'il regagne provisoirement sa caverne, « à la lueur d'un quartier de lune » . Marc(Mc 1,40-45)et Luc(Lc 5, 12-16) rapportent cette guérison, mais sans nommer Abel . Désormais les deux resteront inséparables dans l'évangélisation, comme ils l'étaient déjà dans la misère. Un an plus tard, Jésus cite Abel en exemple : « un ancien lépreux. Je l'ai guéri près de Corozaïn un soir déjà lointain et puis je l'ai quitté. Maintenant, je le retrouve. C'est lui qui m'a annoncé sur les monts de Nephtali » 162.2 . Abel et Samuel, seront tous deux incorporés dans le groupe des soixante-douze premiers disciples. Peut-être la tradition conserve-t-elle leur mémoire sous un surnom baptismal ? FOOTNOTES : La minutieuse description de Maria Valtorta permet d'identifier sans aucun doute le wadi Kerazeh, qui en contrebas de Corozaïn, se jette dans le lac. : Il nous faut remarquer la justesse de cette observation banale, au soir du 16 mai 27. Elle serait incorrecte dès les jours suivants, la lune en son dernier quartier se levant alors trop tard dans la nuit. : Matthieu (Mt 8,1-4) rapporte une guérison similaire, au lendemain du discours sur la montagne. Mais selon Maria Valtorta, il s'agit d'un autre miracle. : Ne serait-ce que pour les Gaules, la tradition conserve la mémoire d'une soixantaine d'évangélisateurs disciples contemporains des apôtres.
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Première année de vie publique
La guérison d'un paralytique à Capharnaüm
Voici plusieurs jours que la pêche est médiocre... Pourtant, ce qui préoccupe Pierre et ses compagnons, c'est l'affluence des pèlerins. Ils sont désemparés. « ... comment ferons-nous pour donner de la nourriture à ces pauvres gens ? Il ne nous arrive que de rares offrandes et, ces dix deniers et sept drachmes que nous avons reçus pendant ces quatre jours , je n'y touche pas. Seul le Maître doit nous indiquer à qui doit aller cet argent. Et Lui, ne revient pas avant le sabbat ! » 64.1 . A la surprise générale, Jésus surgit soudain, et le moment de stupeur passé, ils laissent libre cours à la joie et au soulagement. Les malades ont été regroupés dans un abri de fortune. Mais c'est dans la maison de Pierre, « dans la pièce qui est derrière, réservée aux filets, cordages, paniers, rames, voiles et provisions » 64.3 , que Jésus commence à parler à la foule venue l'écouter. Au premier rang se sont installés cinq notables du village. « On entend marcher sur le toit de la pièce qui ne faisant pas vraiment partie de la maison n'a pas de terrasse de ciment, mais une sorte de couverture de fascines sur lesquelles il y a quelque chose qui ressemble à des ardoises. Je ne sais quelle pierre ce peut être » 64.5 . Selon Maria Valtorta, c'est Jésus qui ordonne cette manœuvre, « descendez-le par le toit ». Le miracle n'en sera que plus spectaculaire, et s'imprimera plus durablement dans toutes les mémoires. Au récit détaillé de Matthieu, Marc et Luc (Mt 9,1-8 ; Mc 2,1-12 et Lc 5,17-26), Maria Valtorta ajoute tout de même un complément très éclairant . Il s'agit de la réponse donnée par Jésus à sa propre question : « Vous pensez que Dieu seul peut remettre les péchés, mais vous ne savez pas répondre à ce qu'il y a de plus grand, car cet homme, qui a perdu l'usage de ses facultés corporelles, a dépensé toutes ses ressources sans qu'on puisse le guérir. Il n'y a que Dieu qui ait ce pouvoir. Or, pour que vous sachiez que je peux tout, pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a pouvoir sur la chair et sur l'âme, sur la terre et au Ciel, je dis à cet homme : Lève-toi, prends ton lit et marche. Va à ta maison et sois saint » 64.5 . FOOTNOTES : L'épisode se passe donc le mercredi 19 mai 27, quatre jours après le départ du Maître. : Luc 5,19, relatant cette guérison miraculeuse écrit « à travers les tuiles ». Les couvertures romaines étaient couramment faites d'un assemblage de tuiles plates ( tegulae ) ou demi-cylindriques ( imbrices ). Des dalles de pierre ( lauzes ) en schiste ou en ardoise étaient également employées. L'usage des ardoises, apporté par les romains, est également attesté en Palestine.
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Première année de vie publique
La pêche miraculeuse
La vision reprend tandis que Jésus poursuit son enseignement pour les personnes qui, restées au dehors, n'avaient pu l'entendre, et L'avaient supplié de leur parler. Jésus prend place dans la barque de Pierre, près de la rive . Dès qu'Il a terminé, ses auditeurs s'éloignent. « Jésus dit à Simon : « Appelle les deux autres. Nous allons sur le lac jeter le filet ». « Maître, j'ai les bras rompus d'avoir jeté et relevé le filet toute la nuit, et pour rien. Le poisson est au fond et qui sait où ». « Fais ce que je te dis, Pierre. Écoute toujours Celui qui t'aime » 65.2 . Pierre obéit, mais il ne peut s'empêcher de remarquer, en bon professionnel qu'il est : « Pourtant, Maître, je t'assure que ce n'est pas une heure favorable ». En effet Maria Valtorta observe « le soleil est déjà haut », et ce serait donc pour eux plutôt l'heure d'aller prendre du repos avant leur prochaine sortie de pêche nocturne. La suite, nous la connaissons par Luc : c'est la pêche miraculeuse(Lc 5,6-11, mais aussi Mt 4,19-22 et Mc 1, 17-20), l'effroi de Pierre et de ses compagnons, et l'appel solennel des quatre premiers apôtres : « Désormais tu seras pêcheur d'hommes et avec toi, tes compagnons que voici. Ne craignez plus rien, je vous appelle. Venez ! » 65.3 . Voici une nouvelle occasion d'apprécier la cohérence des données chronologiques dans L'Évangile tel qu'il m'a été révélé . La date exacte est connue, puisque c'est le jour du miracle du paralytique, le mercredi 19 mai 27, soit le 26 de Ziv du calendrier juif. Dans trois jours, ce sera une nouvelle lune, celle de Sivan. Or quatre mois plus tard, n'ayant pas oublié cette journée mémorable, Pierre se présente fièrement : « Je suis Simon de Jonas, pêcheur de Galilée jusqu'à la lune de Ziv. Maintenant, Pierre de Jésus de Nazareth, le Messie de la Bonne Nouvelle » 109.2 , confirmant ainsi que l'appel eut lieu à la fin de la lune de Ziv ! Jésus a promis à ses disciples de Judée de revenir pour la Pentecôte à Jérusalem. Il ne reste plus que neuf jours avant la fête, qui aura lieu le 6 Sivan. Jésus va donc quitter Capharnaüm juste après le prochain sabbat. Il sera loin de la Galilée pendant deux longs mois, et c'est peut-être pour cette raison qu'Il a donné ce signe fort à ses quatre apôtres, juste avant son départ ? FOOTNOTES : En parfaite conformité avec Lc 5,1-5.
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La Passion et la mort de Jésus
L'écriteau sur la Croix
Cette vénérable relique, le titulus crocis , est conservée à Rome depuis de nombreux siècles. Elle est mentionnée par les quatre évangélistes (Mt 27, 37 ; Mc 15, 26 ; Lc 23, 38 ; Jn 19, 19-22), et le témoignage de Jean, témoin oculaire, apparaît logiquement le plus rigoureux. En 1492, les lettres rouge, quoique ternies, étaient encore bien visibles. La relique s'abîma beaucoup au cours des siècles, mais heureusement les anciens en avaient fait un relevé fidèle. Au 19e siècle P. L. B. Drach ( L'Inscription Hébraïque du titre de la Sainte Croix 1831 p 10 et suivantes) put étudier minutieusement la partie hébraïque du texte, qu'il jugea authentique sans le moindre doute. L'étude décisive fut menée en 1997 par sept experts en paléographie hébraïque, grecque et latine. Tous l'ont daté entre le 1er et le 3e siècle , ce qui exclut un faux datant du 4e siècle, époque de sa découverte par sainte Hélène. Jean-Paul II déclara alors : « Vraiment ce témoin silencieux de la Passion de Notre Sauveur est un symbole pour le jubilé des 2000 ans de la naissance de Jésus Christ ». D'autres ont fait observer que les initiales latines INRI ( Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum ) se traduisent en hébreu « Yeshoua‛ Hanazir Wemelekh Hayehoudim », soit les initiales du Tétragramme sacré YHWH ! Note : Les clichés qui suivent ont été inversés, pour une meilleure lisibilité, l'original étant écrit de droite à gauche dans les trois langues. Aujourd'hui ne subsiste de la relique que la partie centrale, le reste étant tombé en poussière au cours des siècles. FOOTNOTES : Dr Hesemann, Die Entdeckung der Kreuz-Inschrift , Herder 1999.
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Première année de vie publique
Deux mois en Judée
Pendant deux mois, Jésus va rester en Judée. Le récit par Maria Valtorta de cette période qui est ignorée par les évangélistes et par la tradition, pourrait être considéré comme globalement anecdotique. Le seul évangéliste qui aurait pu témoigner de ce périple autour de Jérusalem, c'est Jean, car, ne pouvant supporter d'être éloigné si longtemps de son maître, il ne va pas tarder à le rejoindre Mais Jean, comme il l'a écrit à la fin de son évangile, n'a pas pu tout rapporter des faits et gestes du Seigneur. Maria Valtorta nous dévoile donc ici quelques paroles et faits inédits mais non essentiels, qui n'en demeurent pas moins forts riches d'enseignement. On y trouve quelques précieuses indications sur la Nativité, sur Jean Baptiste, sur le jeûne au désert, etc. Cependant, comme cet épisode reste hors du propos que je me suis fixé pour cet ouvrage, je ne puis m'y attarder et je me bornerai à en tracer seulement les grandes lignes. Jésus passe les trois premiers jour en tête à tête avec Judas, et ne lui cache rien de sa mission, ni de son destin, étroitement associé à celui du traître qui Le livrera. Bien vite rejoints par Jean et Simon, ils vont ensemble à Bethléem où Jésus espère retrouver quelques bergers témoins de la Nativité. Dans ce village le souvenir des événements tragiques qui suivirent la naissance du Messie est resté très vif. Trente ans après, quelques traces du massacre sont encore visibles, et les blessures des cœurs ne sont pas cicatrisées. Les quatre trouvent refuge dans l'abri de la Nativité, où Jésus leur conte sa naissance. Un humble geste de tendresse filial mérite ici d'être souligné : « Jésus... cueille des fleurettes... et les met dans une petite boîte de bois où se trouvent déjà d'autres choses que je ne distingue pas bien. Il explique : Je les porterai à la Mère » 74.1 . Et de fait, de retour à Nazareth, Il les offrira à la Maman. Lors de son Agonie au Gethsémani, Jésus fait mémoire de ces fleurettes : « ces fleurettes semblables à de petits lys ... A Bethléem aussi… et je te les ai apportées, Maman » 602.14 . Poursuivant son périple vers Hébron, Jésus y retrouve Elie et Lévi, deux des bergers qu'Il recherchait. Malgré bien des misères endurées, ils ont gardé intacte leur foi en le Messie. Les précieux renseignements qu'ils fournissent vont permettre à Jésus de retrouver tous les autres progressivement. A Jutta, ils rejoignent Isaac qui, guéri de son infirmité par Jésus, va s'avérer un disciple des plus zélés. Les bergers vont peu à peu constituer le noyau initial, fidèles entre les fidèles, du futur groupe des soixante douze disciples mentionnés par Luc(Lc 10,1). Passant par Hébron pour se recueillir devant le tombeau de ses cousins Zacharie et Elisabeth, Jésus croise Aglaé, une malheureuse prostituée romaine dont Il a pitié. Cette brève rencontre suffira pourtant pour la conduire vers une conversion totale. Au soir du jeudi Saint, Jésus se remémore Aglaé. « Acellequi ne savait même pas qu'elle avait un esprit, j'ai dit : Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a bonne volonté de se sauver. Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus pour leur donner la Vie, la Vérité et la Pureté. Qui me cherche me trouve » 600.25 . Mais cette fréquentation n'est pas appréciée par le chef de la synagogue d'Hébron, qui chasse Jésus de sa ville. A Kérioth, où ils se rendent ensuite, Judas, se voyant déjà premier ministre, organise un accueil digne du futur roi d'Israël. « Judas... M'as-tu si peu compris jusqu'à présent ? Pourquoi m'abaisser au point de faire de Moi un puissant de la terre ... ? (...) Pourquoi vouloir me suivre si tu ne veux pas être tel que je veux ? Va-t-en, Judas ! Ne te nuis pas et ne me nuis pas… Va. Cela vaut mieux pour toi. Tu n'es pas un ouvrier fait pour ce travail … » 78.3 . Pendant quatre jours, du lundi 21 juin au jeudi 24 juin , Jésus va à nouveau jeûner au désert. « j'ai besoin d'arracher deux âmes à Satan. Il n'y a que la pénitence qui puisse en venir à bout » 80.5 , dit-il à Jean, Judas et Simon qui décident de l'accompagner. Un écho de cette parole semble se retrouver dans Marc(Mc 9, 29) . Poursuivant vers le Jourdain, ils y retrouvent les bergers qui leur apportent des nouvelles du Baptiste, toujours enfermé dans la forteresse de Machéronte. Aglaé, sur son chemin de conversion, a fait parvenir ses bijoux à Jésus. Judas en négocie à sa façon une vente avantageuse, et la somme qu'il en tire va permettre aux disciples du Précurseur d'organiser son évasion. La première rencontre avec Lazare a lieu le samedi 3 juillet 27. « Tu vois, Maître, que la distance ne dépassait pas les prescriptions de la Loi ... » 84.1 précise d'ailleurs Simon le zélote en arrivant à Béthanie, venant de Bethphagé. Lazare est un des plus riches propriétaires de Judée. Mais l'opprobre dû à l'inconduite notoire de sa jeune sœur Marie l'a contraint à s'éloigner de Jérusalem et il ne siège plus au Sanhédrin. Il y garde cependant une poignée d'amis fidèles comme Joseph d'Arimathie, Nicodème, Eléazar ou Jean de Gahas. Avant même que Lazare ne fasse allusion à la souffrance que lui cause l'inconduite de sa sœur, Jésus lui donne des paroles d'espoir : « Je mets en œuvre l'amour et la miséricorde. Crois bien Lazare que, sur celui qui est tombé, un regard d'amour a plus de puissance qu'une malédiction... Une parole… un pardon… une plus grande indulgence pour la faute… seulement pour arrêter la descente et attendre le secours de Dieu… Lazare sais-tu la puissance du pardon ? » 84.5 . C'est bientôt l'heure du retour en Galilée. « Le soleil, pendant le jour est brûlant. Il empêche de voyager et il empêche d'enseigner sur les places et dans les rues » 85.1 . Jésus va regrouper ses disciples, et les instruire au bord du lac, pendant les fortes chaleurs. Après quelques jours passés dans la vallée du Jourdain avec Isaac, Jésus lui confie la tâche d'annoncer la bonne nouvelle du Salut dans toute la Judée. Puis Il remonte vers Nazareth, en compagnie de Jean, Simon, Judas et des bergers Joseph et Lévi. Dans la plaine d'Esdrelon, ils retrouvent un autre berger, le malheureux Jonas, devenu intendant du cruel pharisien Doras. Ils restent avec lui trois jours, jusqu'au sabbat. Puis le dimanche 18 juillet, Jésus retrouve enfin sa Mère dans la maison de Nazareth, après trois longs mois d'absence. Il l'informe des rencontres faites pendant son voyage, et lui offre son affectueux présent : « Tu as été à Bethléem ? » « Oui, Maman... Et je t'ai apporté ces fleurettes qui ont poussé parmi les pierres du seuil » 89.7 . FOOTNOTES : C'est aussi une occasion de souligner l'extrême cohérence du récit de Maria Valtorta, dans les moindres détails, et tout au long de son œuvre. : Cette datation découle de deux indications très précises. A l'aube du lundi : « Dans le ciel les dernières étoiles visibles et un étroit croissant de la lune en décours qui reste, virgule d'argent » 80.1 , et au matin du jeudi :.« Il n'y a pas de lune, mais le ciel pleut de la lumière » 80.6 . Ce sont les seules dates possibles en cette période de nouvelle lune ! : On pourrait aussi mentionner Mt 17,21 : « cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne », mais les bibles modernes semblent tenir ce verset comme inauthentique ?
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Première année de vie publique
Instructions aux disciples, à Nazareth
Trois jours après le retour de Jésus à Nazareth, le mercredi 21 juillet, les disciples sont tous réunis. Maria Valtorta observe : « Je vois Jésus avec Pierre, André, Jean, Jacques, Philippe, Thomas, Barthélémy, Jude Thaddée, Simon et Judas l'Iscariote et le berger Joseph, qui sortent de sa maison et vont hors de Nazareth, mais dans le voisinage immédiat, sous un bosquet d'oliviers » 91.1 . Jésus va profiter de ce qu'ils soient tous rassemblés pour les enseigner sur sa doctrine : « Ce temps de fureur solaire, qui empêche de longues pérégrinations en Palestine, je veux l'employer à vous instruire et vous former » 91.1 . Mais Jésus désire aussi donner un début de cohésion à ce groupe si disparate où se mêlent des pêcheurs humbles et sans culture, des marchands ou fils de marchands, des officiers ou fils d'officiers, des riches ou fils de riches. « Voici : frères. Je veux que ce soit là le nom que vous vous donniez l'un l'autre et que vous vous considériez comme tels. Vous êtes comme une seule famille » 91.2 . Ces premiers enseignements au groupe apostolique, tels que nous les rapporte Maria Valtorta, nous éclairent de façon tout à fait pertinente sur un aspect jusqu'alors inconnu de la vie publique de Jésus. Ainsi apprend-on que le Christ a évoqué très tôt la trahison d'un des disciples, et même sa Passion. Il attire l'attention du préféré : « Jean : quand le Voile du Temple se déchirera, une grande vérité brillera sur Sion toute entière ». « Quelle vérité, mon Seigneur ? » « Que les fils des ténèbres ont été en vain au contact de la Lumière. Gardes-en le souvenir, Jean ». « Serai-je, moi un fils des ténèbres ? » « Non, pas toi, mais rappelle-t-en pour expliquer le Délit au monde » 92.6 . Il semble en tout cas que Jean, en rédigeant son évangile, se soit souvenu de cette recommandation, quant il écrivit : « La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jn 1,5). Et dès le début de son ministère également, Jésus n'a cessé de rappeler l'aspect purement spirituel de son Royaume : « L'humanité a corrompu l'idée du Sauveur et en a abaissé la surnaturelle royauté à la pauvre idée de souveraineté humaine » 93.6 . Pour le sabbat suivant, le 24 juillet, tous retournent à Capharnaüm où Jésus est invité par Jaïre dans la synagogue : « Maître, puis-je compter sur Toi pour l'instruction au peuple ? » 94.1 . Sur le seuil se trouve Matthieu, et Pierre s'en étonne et raille : « Sais-tu qui est cet homme frisé, parfumé plus qu'une femme ? C'est Mathieu, notre percepteur… Que vient-il faire ici ? C'est la première fois ... » 94.6 . Nous verrons bientôt que le pauvre Pierre n'est pas au bout de ses surprises...
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Première année de vie publique
Jacques d'Alphée devient disciple
Le mardi 27, Jacques d'Alphée, ne supportant plus l'intransigeance de son vieux père et de ses deux frères Joseph et Simon vis à vis de Jésus, vient Le rejoindre à Capharnaüm : « Je suis parti. Mis en demeure de choisir : Jésus ou la famille, c'est Toi que j'ai choisi » 95.1 Il est aussitôt intégré au groupe : « Mon cousin Jacques fait maintenant partie de mes amis et par conséquent il est aussi le vôtre... mon parfait ami d'enfance, celui qui fut mon frère pendant notre jeunesse » 95.2 . Les Écritures ne contiennent rien sur les circonstances de l'admission du cousin Jacques. Maria Valtorta comble ainsi une zone d'ombre, et satisfait notre curiosité. Pierre a fait bonne pêche, mais il doit maintenant payer les taxes, et il maugrée contre Matthieu : « Plus de poisson et plus de gain. Mais si je fais deux fois plus de prises, celui-là ne me fait pas payer le double. Il faut lui donner le quadruple… Chacal ! » 95.2 . Justement Jésus décide de parler près du comptoir de la gabelle, et lorsque Pierre s'approche pour payer, Il l'arrête : « Donne-moi l'argent. C'est Moi qui paie aujourd'hui ». « Combien ? » demande Jésus après un moment . « Il n'y a pas de taxe pour le disciple du Maître » répond Mathieu, et à voix plus basse : « Prie pour mon âme » 95.3 . Ce jour là, Jésus parle du juste usage des richesses, et de la nécessité de savoir s'en détacher, « parce que, tôt ou tard, elles nous quitteront - oh ! il faut y penser ! - tandis que le bien accompli ne nous abandonne jamais » 95.4 . Les exégètes trouveront sans doute dans ce discours les prémices de quelques enseignements sur l'argent et les richesses.(Voir Mt 6,19-21, Lc 12,15-21 ou Mc 10,21).
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Première année de vie publique
L'appel de Matthieu
Le vendredi suivant (le 30 juillet 27) « Jésus, au milieu de son groupe, vient du lac vers la place » 97.1 . Il s'avance droit vers Matthieu, le fixe un moment dans les yeux, d'un regard pénétrant : « Mathieu, fils d'Alphée, l'heure est sonnée. Viens. Suis-Moi... , j'ai lu dans ton cœur » 97.3 . La stupeur des disciples les laissent tous muets, et Matthieu n'est certes pas le moins surpris. Au point que Jésus lui réitère par trois fois sa demande. Est-ce pour mieux rendre compte de la surprise causée par ce véritable coup de théâtre que les synoptiques (Mt 9,9-13 ; Mc 2,13-17 ; Lc 5,27-32) l'ont tous placé immédiatement après la guérison du paralytique ? Ou bien est-ce pour suggérer que ce premier miracle dans la synagogue de Capharnaüm fut l'événement déclencheur de la conversion de Matthieu ? On peut du moins le penser, lorsque Matthieu avoue à Jésus : « Combien j'ai pleuré… Combien ces derniers mois… Cela fait presque trois mois que je pleure … Je ne savais comment faire… je voulais venir… Mais, comment venir vers Toi, Saint, avec mon âme souillée ? » 97.4 . Le récit de Maria Valtorta nous aide à mieux comprendre le long cheminement intérieur et gardé secret, qui précéda l'appel soudain et imprévu de Matthieu. Il nous faut revenir plus de trois mois en arrière. Depuis la première intervention de Jésus à la synagogue de Capharnaüm le 13 mars, régulièrement, chaque semaine, un donateur anonyme a fait porter un don généreux à Jésus, par l'intermédiaire du petit Jacques. La curiosité de Pierre fut mise à rude épreuve. Déjà, lors de la guérison de sa belle mère, il avait cherché par plusieurs moyens à en savoir plus, jusqu'à se résoudre à interroger Jésus. « Toi, Maître, tu sais qui est cette personne ? » (...) « Moi, je sais tout, Simon ». « Et nous, nous ne pouvons pas savoir ? » « Tu ne guériras jamais de ton défaut ? » Jésus lui fait ce reproche tout en souriant. Et il ajoute: « Tu le sauras vite. Le mal voudrait rester caché et ne peut toujours y réussir mais pour le bien qui veut rester secret, pour être méritoire, un jour vient où on le découvre, pour la gloire de Dieu dont la nature resplendit en l'un de ses fils. La nature de Dieu : l'amour. Celui-là l'a compris, car il aime son prochain. Va, Jacques. Porte à cette personne ma bénédiction » 60.7 . Mais pas un instant le pauvre Pierre ne put soupçonner que « ce voleur , ce publicain , ce pécheur , le scandale de Capharnaüm », ait pu être le mystérieux donateur connu seulement de Dieu et du petit Jacques. C'est donc en fait après une longue conversion secrète, que Jésus l'accueille et s'invite chez lui tout à la fois. « Oh !… mais… mais que vont-ils dire ceux qui te haïssent ? » « Moi, j'écoute ce qu'on dit au Ciel, et là, on dit : "Gloire à Dieu pour un pécheur qui se sauve !", et le Père dit : "Éternellement la Miséricorde se lèvera dans les Cieux et se répandra sur la terre et puisque Je t'aime d'un amour éternel, d'un amour parfait, voici qu'aussi, à ton égard J'use de miséricorde" . Viens. Et par ma venue, en plus du cœur, que ta maison soit sanctifiée ». « Je l'ai déjà purifiée par l'espérance que j'avais dans l'âme… mais que mon esprit ne pouvait admettre qu'elle fût vraie… Oh ! moi avec tes saints … » 97.3 . Et quelle leçon pour le groupe apostolique et pour son futur chef ! « Pierre, tu m'as demandé tant de fois qui était l'inconnu de la bourse apportée par Jacques. Le voici : il est là ». « Qui ? Ce vol… Oh ! pardon, Matthieu ! Mais qui pouvait penser que c'était toi, toi, vraiment qui nous désespérais par ton usure, que tu fusses capable de t'arracher chaque semaine un morceau de ton cœur pour donner cette riche obole ? » « Je le sais. Je vous ai injustement taxés. Mais, voici que je m'agenouille devant vous tous et que je vous dis : ne me chassez pas ! Lui m'a accueilli. Ne soyez pas plus sévères que Lui ». « Pierre, qui a Mathieu à ses pieds, le relève d'un seul coup, rudement, affectueusement : Debout, debout ! Pas à moi, ni aux autres. Ce n'est qu'à Lui qu'il faut demander pardon. Nous… allons, nous sommes tous plus ou moins voleurs comme toi… Oh ! je l'ai dit ! Maudite langue ! Mais moi, je suis fait comme ça : ce que je pense, je le dis, ce que j'ai sur le cœur, je l'ai sur les lèvres. Viens, que nous fassions un pacte d'affectueuse paix » 97.4 . Ce passage, comme tant d'autres de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , illustre bien me semble-t-il, à quel point ce texte inspiré, sans rien ajouter à la Révélation, nous aide (entre autres choses) à mieux comprendre comment le Christ a agi pour convertir les âmes. « Différente est la manière d'attirer à la Perfection un juste qui y tend spontanément, de celle qu'il faut employer pour celui qui est croyant mais pécheur, de celle dont il faut user pour un gentil », nous dit justement Jésus dans l'Adieu à l'œuvre 652.3 . Une dernière remarque sur ce récit vraiment édifiant. Matthieu, Marc et Luc rapportent cette parole finale de Jésus : « Ce ne sont pas les gens valides qui ont besoin de médecin, mais ceux qui vont mal » . Maria Valtorta cite des paroles légèrement différentes. Jésus évoque alors les pécheurs : « Je recherche leur âme, je la leur rends, pour que à leur tour, ils me la rapportent comme elle est : malade, blessée, souillée, pour que je la soigne et la purifie. Je suis venu pour cela. Ce sont les pécheurs qui ont besoin du Sauveur et Moi, je viens les sauver » 97.7 . Mais beaucoup plus tard, durant le séjour à Ephraïm, Il reprendra effectivement cet enseignement, sous une forme plus facilement mémorisable : « Ce sont ceux qui souffrent et sont faibles qui ont besoin d'un médecin et de quelqu'un qui les soutienne » 554.4 . FOOTNOTES : Entre le 19 mai (date de la guérison du paralytique) et le 30 juillet (appel de Matthieu) il s'est écoulé deux mois et trois semaines, ce qui correspond bien à la remarque de Matthieu ! : Est-ce une allusion à Isaïe 54,8 et à Jérémie 31,3 ? : A rapprocher du papyrus Oxyrhynque 1224, fragment 2, verso, col. 2,1-7 : « Lorsque les scribes, les pharisiens et les prêtres l'ont vu, ils étaient en colère car il était couché au milieu des pécheurs. Mais quand Jésus les a entendu, il dit : "Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin d'un médecin" ».
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Première année de vie publique
La première rencontre avec Marie Madeleine
Voici un nouvel épisode passé sous silence par les évangélistes. Sa banalité, une simple promenade d'agrément sur le lac, suffit à justifier cette omission. Pourtant, la moindre allusion dans les Écritures à cette rencontre avec Marie Madeleine aurait évité au fil des siècles bien des cogitations souvent stériles sur l'identité de Marie de Magdala. C'est donc par une belle matinée de la première semaine d'août que pour la première fois le groupe apostolique au complet traverse le lac, à l'aide des barques de Pierre et de Jacques. Alors qu'ils croisent des barques romaines, Judas demande sournoisement à Simon le zélote : « ... cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle-là qui s'est levée tout à l'heure, n'est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ? » 98.4 . Maria Valtorta la reconnaît immédiatement, car elle lui est apparue dans des visions bien antérieures à celle-ci, qui date du 5/02/1945. Simon refuse de répondre à Judas, et il dit simplement : « Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête » 98.4 . Pour couper court à cette discussion, Jésus rassemble ses apôtres et les instruit par un discours qui regroupe et résume les principaux thèmes de sa doctrine. En voici quelques uns, car il n'est pas possible de les citer tous ici. « Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. C'est cela que vous devez devenir : sel de la terre ».(...) « le sel pourrait-il saler s'il n'était pas salé ? » (...)« Vous êtes, et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis : Moi, Lumière de Dieu pour continuer d'éclairer le monde quand je serai retourné au Père » 98.7 . Il semble que Marc et Luc(Mc 9,50 ; Lc14,34) suggèrent partiellement cet enseignement, que Jésus reprend plus tard, lors du Sermon sur la Montagne . Il précise alors : « Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées… Vous, disciples, vous ne les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire… Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde... » 169.6 . C'est à cette occasion qu'à son tour Matthieu(Mt 5,13) s'en fait l'écho. Jésus exhorte encore ses futurs apôtres : « Rappelez-vous que celui à qui on a plus donné, est tenu à donner davantage » 98.8 , paroles qu'Il reprendra plusieurs fois, sous des formes variées, comme par exemple : « Car à celui qui a davantage reçu, il sera demandé davantage » 206.9 , ou encore : « Celui qui reçoit beaucoup doit donner beaucoup » 346.7 . Ces paroles seront encore mises en relief lors de l'élection des Douze , puis dans la parabole des talents . Il semble que Luc les résume toutes en une seule formule (Lc 12,48). Puis Jésus poursuit l'exposé de ses conseils : veiller sur ses regards, être discrets en faisant le bien, ne pas juger, s'aimer les uns les autres, apprendre à pardonner, etc. Ces exemples illustrent bien une spécificité de l'enseignement oral de tout maître, fut-il le Divin Maître : c'est la nécessité de revenir à plusieurs reprises sur une même notion, en la reformulant, ou en l'enrichissant, pour aider les disciples à mieux l'assimiler. Ces répétitions entrainent une difficulté à laquelle sont confrontés les exégètes, lorsqu'ils tentent de replacer dans leur contexte historique toutes les paroles du Christ. Car en rapportant un même enseignement, deux évangélistes peuvent se référer à des circonstances diverses dans lesquelles cet enseignement fut donné. Ceci perturbe naturellement les commentateurs. Chez Maria Valtorta au contraire, l'exposé chronologique permet de retrouver naturellement le contexte auquel chaque auteur sacré a pu se référer. C'est un aspect de l'œuvre qu'on ne peut négliger. La méditation attentive de ce chapitre, à la lumière des évangiles, est à ce propos certes très révélatrice. FOOTNOTES : Maria Valtorta remarque : « Le soleil, tout à fait levé à l'orient, atteint en plein la barque par son rayonnement pas encore brûlant, mais déjà chaud » 98.1 . Un an plus tard, Marie Madeleine confirmera : « sais-tu, Marthe, que c'est ici que j'ai vu le Maître, un matin ? » 241.5
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Première année de vie publique
La guérison de Jeanne de Chouza
La guérison miraculeuse de la princesse Jeanne, jeune épouse de Chouza l'intendant d'Hérode, n'est que très brièvement indiquée par le seul Luc. Et encore l'évangéliste fusionne-t-il cette guérison avec celle de Suzanne, et avec la délivrance de Marie Madeleine de ses démons (Lc 8,2-3). Maria Valtorta répond aux questions légitimes que se sont posés bien des fidèles au cours du temps, à propos de ces trois femmes, grandes disciples des premières heures... C'est pour retrouver un des bergers témoins de la Nativité, Jonathas, que Jésus s'est rendu à Tibériade. Jonathas est en effet devenu l'intendant de Chouza, lequel possède un palais à Tibériade. Mais Jonathas est absent : il a mené sa jeune maîtresse gravement malade dans les monts du Liban où l'air est frais et pur. Jésus promet à la nourrice Esther de guérir Jeanne dès que possible, mais pour l'heure Il doit se rendre pendant plusieurs jours à Nazareth, où son oncle Alphée se meurt. Jésus veut également présenter tous ses apôtres à sa Mère, et lui demander ce qu'elle pense des uns et des autres. Dès cette période, la personnalité de Judas ne laisse pas place au doute : « Personne ne doit penser que la Sagesse de Dieu n'ait pas été capable de comprendre ce cœur. Mais, comme je l'ai dit à ma Mère, il nous le fallait » 106.9 . Les six jours convenus passent sans nouvelle de Jonathas. Au soir du jeudi 12 août, Jésus décide donc comme prévu de reprendre la route en direction du Liban, où Il veut retrouver Benjamin et Daniel, les deux derniers bergers non encore revus. Excepté Judas qui trouve un prétexte pour retourner à ses affaires à Jérusalem, tous les autres accompagnent le Maître avec joie. « Supporter les personnes désagréables c'est une vertu qui n'est pas sans valeur. Mets-la en pratique » conseille Jésus à Pierre qui ne cache pas sa satisfaction, à peine Judas parti. Dans un grand fracas de sabots, Jonathas surgit soudain. Il a devancé au galop le char dans lequel sa maîtresse se meurt . La décision de rebrousser chemin avait été prise par Jeanne au moment même où Jésus promettait sa guérison à la nourrice. Il faut faire vite. « Je viens tout de suite. La foi mérite récompense. Qui me désire me possède. Allons » 102.4 . Des ânes sont rassemblés pour permettre au groupe d'aller plus vite. Ils rejoignent le char de Jeanne bien au-delà de Cana, à une quinzaine de kilomètres de Nazareth. Les voyant arriver, la vieille nourrice se précipite : « Oh ! Sauve-la ! Elle est en train de mourir » 102.7 . Maria Valtorta, forte de ses connaissances d'infirmière remarque même : « Elle n'a même plus ce rouge de mauvais augure des poitrinaires sur ses pommettes décolorées » 102.7 . A peine Jésus a-t-Il donné son ordre : « Je le veux. Sois guérie. Lève-toi » 102.7 , que « Jeanne de Chouza, sans aide d'aucune sorte, s'assied, pousse un cri et se jette aux pieds de Jésus, en criant d'une voix forte, heureuse : "Oh ! t'aimer, ô ma Vie ! Pour toujours ! à Toi ! Pour toujours à Toi ! Nourrice ! Jonathas ! Je suis guérie ! » 102.7 . La guérison miraculeuse de Jeanne de Chouza nous vaut cette magnifique prière : « Seigneur. Je t'abandonne tout : mon passé, mon présent, mon avenir. Je te dois tout et te remets tout. Toi, donne à ta servante ce que tu sais être le meilleur » 102.7 . Un miracle éclatant qui ne tardera pas à être connu et commenté jusqu'à la cour d'Hérode. Témoins privilégiées, les deux âniers de Nazareth, Aser et Ismaël seront désormais des disciples fidèles du Seigneur. FOOTNOTES : L'étude chronologique montre qu'ils y arrivent le jeudi 5 août en soirée, et en repartent le jeudi 12 à la nuit tombante. Il faut souligner ici la parfaite cohérence du texte, bien que la vision du chapitre 101 (13/02/1944) ait été reçue un an avant celle du chapitre 100 (7/02/1945) ! : En MV 174.6, on apprend par un témoignage de Jeanne qu'elle souffrait de phtisie : « Lui a rappelé mon esprit de si loin, et il m'a guérie de ma phtisie par ce rappel ». Maintenant appelée tuberculose, la phtisie était déjà connue et décrite par Hippocrate.
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Première année de vie publique
Des monts du Liban à Ptolémaïs
Guidé jusqu'à eux par Jonathas, Jésus retrouve les deux derniers bergers de la Nativité : Benjamin et Daniel. Il passe quelques jours en leur compagnie, puis comme prévu, durant la dernière semaine d'août, Il longe la frontière syro-phénicienne jusqu'à Ptolémaïs. C'est dans cette importante base navale que le dimanche 5 septembre, le timide André soumet à Jésus un cas délicat. « C'est un homme qui veut répudier son épouse et… et moi j'ai parlé. Je ne sais comment m'y prendre » 104.2 . La femme est stérile, et pour ce seul motif, l'époux veut appliquer la Loi. Mais Jésus lui réplique : « La Loi dit de ne pas commettre l'adultère, et tu vas le commettre » 104.4 . Et Il développe son argumentation : « Si, à cause de la dureté de vos cœurs, Moïse vous a permis le divorce, ce fut pour empêcher les liaisons immorales et les concubinages qui sont odieux à Dieu. Puis de plus en plus votre vice a étendu la clausule de Moïse jusqu'à obtenir les chaînes inhumaines et les pierres homicides qui sont les conditions actuelles de la femme, toujours victime de votre domination, de vos caprices, de votre surdité, de votre aveuglement en fait d'affections. Je te le dis : il ne t'est pas permis de faire ce que tu veux faire » 104.4 . Jésus reviendra souvent sur ce thème. Aussi n'est-il pas surprenant que Matthieu et Marc le rapporte en une autre occasion(Mt 19,3-9 et Mc 10,2-12). Le mari s'étant rangé à ces arguments, Jésus prie son Père : « Fais que pour la fête de louange des moissons fécondes de l'année qui vient, ils t'offrent leur vivante gerbe, leur premier-né » 104.4 . Dans la soirée, le berger Joseph apporte des nouvelles de Nazareth . L'oncle Alphée « est retourné dans le sein d'Abraham à la dernière pleine lune » 104.6 , c'est-à-dire le jeudi 2 septembre. Nazareth est en ébullition. Alphée en était un notable : Jésus son parent n'a rien fait pour lui, et Il est absent, tandis que la nouvelle de la guérison miraculeuse de la princesse Jeanne est connue de tout le village. La Vierge et Marie d'Alphée recommandent à Jésus de rester éloigné de cette « mer agitée par des vents contraires » 104.6 , pendant les sept jours de deuil. Pourtant Jésus s'y rend immédiatement. Après une longue journée de marche (trente kilomètres), ils arrivent à la nuit tombée, alors qu'apparaît dans le ciel « l'arc de lune montante » 105.1 . Jésus va rester à Nazareth durant toute la fin du deuil. FOOTNOTES : A l'autorisation prévue par Deutéronome 24, Jésus oppose l'interdiction de Deutéronome 5,18 ou Exode 20,14. : La fête des moissons , c'est Shoukkot, la Pentecôte, qui en 28 a lieu le 16 juin, donc dans 9 mois ! : Marie a reçu des nouvelles de Béthanie « à la première heure des calendes de la lune d'Ellul » 104.6 , soit exactement le 20 août, juste après que Jésus soit parti pour le Liban. : Il est remarquable que cette description précise de Maria Valtorta ne soit compatible que pour la seule soirée du lundi 6 septembre 27, puisque le lendemain la lune se lèverait trop tard !
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Première année de vie publique
Jésus chassé de Nazareth
Malgré l'ambiance agitée qui règne dans Nazareth, Jésus se rend dans la synagogue durant le sabbat suivant, samedi 11 septembre. Maria Valtorta reçut cette vision le 13 février 1944, exactement un an avant les précédentes, et c'est ce qui explique qu'elle peine à reconnaître l'entourage de Jésus. Elle observe « Jésus avec ses cousins apôtres et d'autres qui sont certainement eux aussi des parents, mais que je ne connais pas ». « Après la lecture, le rabbin tourne son regard sur la foule, comme en une muette invitation. Jésus s'avance et demande de tenir la réunion » 106.2 . Conformément au témoignage de Luc(Lc 4,16-20), Jésus lit le passage d'Isaïe (Is 61,1), et annonce « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles cette Écriture ». Les Nazaréens attendent, pour croire en Lui, que l'enfant du pays fasse des prodiges devant leurs yeux. « Parce que je suis de Nazareth, vous voudriez une faveur privilégiée. Mais cela, c'est par égoïsme de votre part et non par la puissance de votre foi » 106.3 . (...) « les Nazaréens en furie chassent Jésus hors de la ville » 106.4 . Ce rejet du Messie par ses concitoyens marqua les esprits, puisque les trois synoptiques l'évoquent . Et à sa Mère qui Lui recommande de s'éloigner de Nazareth, Jésus répond : « Maman, si le Fils de l'homme devait aller uniquement là où on l'aime, il devrait s'éloigner de cette terre et retourner au Ciel. J'ai partout des ennemis. Car on hait la Vérité et Moi je suis la Vérité » 106.6 . Pourtant, par compassion envers sa Mère et sa tante, Jésus décide de les emmener quelques jours avec Lui à Capharnaüm. De passage par Tibériade, ils sont tous chaleureusement accueillis par Jeanne et son époux Chouza. « La maison est grande, pour accueillir plus d'une personne. Tu m'as donné tant de joie qu'elle t'est ouverte entièrement. Commande, Seigneur, Toi qui as éloigné la mort de cette demeure et lui as rendu ma rose fleurie et épanouie ». Les deux Marie, arrivées en char de Nazareth, font la connaissance de Jeanne. Ainsi va peu à peu se constituer le groupe si actif des femmes disciples. FOOTNOTES : Matthieu 13, 53-58 ; Marc 6,1-6 et surtout Luc 4,16-30. Certains ont vu dans l'allusion aux « 3 ans et 6 mois » de la prière d'Elie (Lc 4,25 et Jc 5,17) une allusion à la durée du ministère du Christ.
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De la Résurrection à la Pentecôte
L'apparition aux apôtres sur le lac
Quelques jours seulement après leur départ de Jérusalem, quelques uns des apôtres s'apprêtent à aller pêcher sur le lac. Ainsi pourront-ils apporter quelques vivres aux disciples qui déjà se rassemblent sur le Thabor. Mais la pêche s'avère totalement infructueuse(Cf. Jn 21,2-3). Ils rentrent bredouilles dans la brume matinale, lorsqu'une voix les interpelle de la rive : « Vous, de la barque ! N'avez-vous rien à manger ? » 633.6 . Cette voix ? Serait-ce le Seigneur ? Ils hésitent : « Il nous semble toujours l'entendre ! » 633.6 . La suite, nous la connaissons déjà par le récit de Jean (Jn 21,4-24). FOOTNOTES : Jacques et Jude, les cousins de Jésus, ainsi que Matthieu et Philippe sont restés sut le Thabor avec les disciples (Voir MV 633.7). Les « deux autres disciples » de Jn 21, 2 sont donc Simon le Zélote et André.
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De la Résurrection à la Pentecôte
L'Ascension du Seigneur
Dix jours ont passé depuis la Pâque supplémentaire. En cette matinée du jeudi 16 mai 30, Jésus réunit pour la dernière fois ses onze apôtres. « Voici venue l'heure où je dois vous quitter pourretourner vers mon Père. Écoutez les dernières paroles de votre Maître » 638.7 . Il recommande aux apôtres de rester quelque temps à Jérusalem, où Lazare met la maison du Cénacle à leur disposition. Ils s'y prépareront par la prière à la venue de l'Esprit Saint. « Restez ici jusqu'au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m'a répudié, et haïra mon Église comme elle m'a haï, en couvant des desseins pour l'exterminer » 638.8 . Sans nommer directement Rome, Jésus leur annonce qu'il leur faudra ensuite porter le siège de l'Église ailleurs. « Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là vous saurez ce que faire. L'Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas » 638.8 . Saint Luc a fidèlement rapporté le dialogue qui s'en suit naturellement(Ac 1,4-8), mais il n'indique pas cette exigence du Seigneur : « qu'à présider l'assemblée de Jérusalem ce soit Jacques, mon frère » 638.12 . Ce fait est pourtant attesté historiquement, puisque saint Jérôme (in Galat .) et saint Epiphane ( Haeres . 78, c. 7) ont tous deux confirmé que saint Jacques fut le premier évêque de Jérusalem, à la demande expresse de Jésus. Il semble vraiment que tous les disciples soient venus des quatre coins de la Palestine pour ces adieux au Seigneur. Maria Valtorta ne peut les reconnaître tous, tant ils sont nombreux. Jésus adresse un mot d'adieu à beaucoup d'entre eux. L'une des dernières paroles avant son Ascension est pour Margziam, dont le nom sera désormais Martial : « sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur » 638.20 . Puis après une bénédiction générale de toute l'assemblée, il donne son dernier ordre aux disciples : « Allez ! Allez en mon Nom pour évangéliser les gens jusqu'aux extrémités de la Terre. Que Dieu soit avec vous. Que son Amour vous réconforte, que sa Lumière vous guide, que sa Paix demeure en vous jusqu'à la vie éternelle » 638.23 . « Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît à la vue des hommes dans un océan de splendeurs … » 638.23 (Ac 1,9-11).
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Première année de vie publique
Le pèlerinage pour la fête des Tabernacles
La mort de Jonas impose sept jours de purification. C'est donc le dimanche suivant, le 26 septembre, que nous retrouvons Jésus et les siens. « La mort de Jonas a imposé un retard et je dois adapter mes plans à l'imprévu » 110.2 leur précise Jésus. Quant au sort de Doras, à propos duquel Pierre interroge Jésus : « Je l'ai livré à la justice de Dieu. Moi, l'Amour, je l'ai abandonné » 110.3 . Le groupe est à nouveau à proximité du lac de Méron. Jésus aborde un paysan : « Je te demande un abri pour la nuit pour Moi et mes compagnons » 110.5 . Et le remerciant pour son hospitalité, il ajoute : « Je te dis que même un seul verre d'eau donné en mon nom est une grande chose aux yeux de Dieu » 110.6 . Ce propos ne saurait nous surprendre, puisque nous le retrouvons chez Matthieu(Mt 10,42) et Marc (Mc.9,41) . Le lendemain c'est le départ vers Jérusalem pour la fête qui approche. Chouza leur a prêté un char pour une partie du parcours, et le mercredi 29 septembre ils sont déjà au gué du Jourdain. Mais depuis sa libération, le Baptiste n'y demeure plus. Il a trouvé refuge plus au nord, à Enon, aux confins de la Samarie et de la Décapole, échappant ainsi à la juridiction d'Hérode. Dans trois jours c'est le 15 Tishri, premier jour de la fête. « Je vais à Jérusalem par Jéricho, aux Tabernacles » dit Jésus au passeur Salomon. « Viens dans trois jours au Bel Midrash » 111.3 . Ils font halte pour la nuit à Jéricho, et le lendemain matin, tout à fait à l'improviste, ils retrouvent Judas, qui les avait quitté à la mi-juillet. Pierre, qui n'a jamais été dupe du faux alibi de Judas, ne peut s'empêcher d'observer : « Ici, il n'y a pas de vignes. Et je ne puis croire que Judas ici, dans cette poussière, fasse la vendange » 112.2 . Ils quittent rapidement Jéricho, car Jésus, qui se rend chez Lazare, à Béthanie, prévoit d'y parler au milieu de l'après midi. C'est lors de cette seconde visite à Lazare que Jésus fait la connaissance de Marthe. Il lui promet la conversion de sa sœur Marie Madeleine : « Je la guérirai. Aie foi. Je te donnerai cette joie » 112.6 . Jésus va rester chez Lazare une quinzaine de jours, et c'est là qu'Il rencontre quelques notables influents, parmi lesquels il y a Joseph d'Arimathie et Nicodème. Cependant ils ne s'affichent pas encore publiquement comme amis de Jésus. « Il n'ose le dire, car il craint le Sanhédrin dont il fait partie, et qui déjà te hait. Mais il espère que ce soit Toi le prédit des Prophètes » 113.3 . confie Lazare, à propos de son ami Joseph. La médisance et la calomnie se répandent déjà au sein du Sanhédrin : « C'est depuis la Galilée que des pharisiens sont venus pour t'accuser de péché » 113.3 . FOOTNOTES : Jésus le réaffirme en de nombreuses occasions (MV 265.13, MV 311.3, MV 466.3, MV 490.2, MV 512.3, etc.)
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Première année de vie publique
Le banquet chez Joseph d'Arimathie
Durant le sabbat du 23 octobre, Jésus est l'hôte de Joseph dans sa propriété d'Arimathie. Il s'y rend en compagnie de Simon et de Thomas, qui étant de Rama, connaît bien la région. Joseph s'étonne de ce que Jésus ait accepté si rapidement son invitation. « Je n'attendais pas de ta part tant de condescendance. » « Pourquoi ? Je vais aussi chez Lazare et … » « Lazare est pour Toi un ami. Moi, je suis un inconnu ». « Tu es une âme qui cherche la vérité. La Vérité ne te repousse donc pas ». « Tu es la Vérité ? » « Je suis le Chemin, la Vie et la Vérité. Celui qui m'aime et me suit trouvera en lui-même le Chemin sûr, la Vie bienheureuse et connaîtra Dieu ; car Dieu qui est Amour et Justice est par surcroît la Vérité » 114.1 . Jésus s'est déjà présenté comme la Voie qui mène à la Vérité et à la Vie . Et Il se définira encore ainsi en de nombreuses occasions , jusqu'avant la Passion , dans un entretien avec les apôtres rapporté par Jean(Jn 14,6). Joseph d'Arimathie a invité plusieurs notables du Sanhédrin, curieux de rencontrer Jésus dont la renommée s'étend de jour en jour. Félix, Jean, Simon et Corneille se présentent, bientôt suivis de Gamaliel et Nicodème. Entre ces éminents docteurs, la conversation ne saurait rester frivole. Bientôt un débat animé s'engage sur les mérites comparés de Jean-Baptiste et de Jésus en matière de sainteté. Puis on en vient à discuter de la fonction du Grand-Prêtre, et des grâces qui l'accompagnent . Le pharisien Gamaliel évite de prendre position, et enjoint Jésus de répondre : « Voici le Maître qui éclipse les plus doctes. Que Lui parle à ce sujet » 114.7 . La réponse du Maître est immédiate et suscite l'admiration. « La mission dépasse l'homme. Mais l'homme, investi d'une mission, devient capable de l'accomplir en surhomme quand, par une vie sainte il a Dieu pour ami. C'est Lui qui a dit : "Tu es prêtre selon l'ordre que J'ai donné". Qu'est-ce qui est écrit sur le Rational ? "Doctrine et Vérité" . Voilà ce que devraient posséder ceux qui sont les Pontifes. À la Doctrine, on y arrive par une constante méditation tendue vers la connaissance de la Sagesse. À la Vérité, par une fidélité absolue au bien. Qui se mêle au mal, entre dans le Mensonge et perd la Vérité » 114.7 . Bien entendu, la question qui s'impose à tous, c'est de savoir si Jésus est, oui ou non, le Messie attendu. Gamaliel, quant à lui, reste perplexe. « Il y a dix neuf ans que j'y pense » avoue-t-il . « Quel est ton vrai Nom ? Jésus se lève, imposant, et dit : Je suis Celui qui suis. La Pensée et la Parole du Père. Je suis le Messie du Seigneur » 114.8 . Cette affirmation solennelle ne convainc pas pleinement Gamaliel, mais il faut remarquer qu'il ne la prend pas cependant pour un blasphème. Il attend toujours le signe annoncé par Jésus enfant . « Tu veux ce signe, et tu l'auras ! Je répète les lointaines paroles : "Les pierres du Temple du Seigneur frémiront à mes dernières paroles". Attends ce signe, docteur d'Israël, homme juste, et puis crois si tu veux obtenir le pardon et le salut » 114.9 . FOOTNOTES : Voir MV 41.7 ; MV 48.3 ; MV 53.5 ; MV 61.2 ; MV 77.6 et MV 96.2. : Comme par exemple en MV 157.3 ; MV 168.6 ; MV 208.10 ; MV 220.5 ; MV 330.1 ; MV 346.9 ; MV 399.3 ; MV 466.3 ; MV 478.8 ; MV 518.5 ; MV 556.8 ; MV 592.12 ; et jusqu'à l'adieu à l'œuvre en MV 652. : Episode rapporté en MV 600.26. : Tout n'était pas parfait au sanhédrin et même le Talmud évoque la corruption des prêtres au temps de Jésus (Talmud de Babylone, Pessahim 57, a Tossefta, Minhot 13, 4). : Il s'agit du pectoral que portait le Grand Prêtre. L'inscription " Doctrine et Vérité " est mentionnée par St Jérôme dans sa Lettre à Fabiola . : Si l'on calcule " mathématiquement " il n'y a que 18 ans 1/2 depuis la Pâque +9, mais après le 1er Tishri, c'est bien la 19e année depuis l'admission de Jésus au Temple, à la façon juive de compter les années (3788 - 3769 = 19) ! : Parole dites au Temple lorsque Jésus avait 12 ans. Il en sera plusieurs fois question (MV 364.8), mais c'est seulement sur le Golgotha que Gamaliel comprendra…
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De la Résurrection à la Pentecôte
La venue du Saint Esprit
En cette matinée du dimanche 26 mai 30, exactement dix jours après l'Ascension, le calme règne dans la maison du cénacle. « Il y a seulement la présence et les voix des douze et de Marie très Sainte, rassemblés dans la salle de la Cène » 640.1 . Saint Luc (Ac 2, 1-4) ne mentionne pas explicitement la Vierge Marie alors, mais sa présence à la Pentecôte est une tradition constante de l'Église et de l'iconographie médiévale. Un bruit puissant mais harmonieux fait sursauter les apôtres. « Seul Jean ne s'effraie pas car il voit la paix lumineuse de joie qui s'accentue sur le visage de Marie qui lève la tête en souriant à une chose connue d'elle seule » 640.3 . Tout le Feu de l'Esprit Saint, l'Amour, un instant rassemblé au dessus de Marie, « se partage en treize flammes mélodieuses et très brillantes » 640.4 . Lorsqu'après quelques instants les apôtres reviennent de leur émoi, voyant Marie en extase, ils décident d'un commun accord de ne pas troubler sa joie, et se sentent attirés par une force irrésistible à sortir évangéliser les foules...
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Première année de vie publique
L'entretien avec Nicodème
Durant la semaine, Jésus, de retour à Jérusalem, y continue son évangélisation, enseignant et guérissant les malades. Nous le retrouvons au Gethsémani, en compagnie de tous ses apôtres, un soir durant la première semaine de novembre. Sa réputation commence à se répandre aussi parmi les romains, et « une dame romaine dans sa litière » 116.1 l'a même observé de loin . Mais cela aussi exacerbe les passions des notables contre Jésus. « Les puissants… ne veulent pas de Moi. Ils craignent et tremblent pour leur puissance. J'irai loin de ce cœur juif, toujours plus hostile au Christ » 116.4 . Lorsque les apôtres, sauf Jean et Simon, se sont retirés à la demande de Jésus, Nicodème arrive pour un entretien en secret. Il confirme que le Sanhédrin accumule les motifs d'accusation contre Jésus. Assez rapidement Jésus rappelle Jean et Simon. Nicodème, dont la foi n'est pas encore totale, interroge Jean : « Apprends-moi ton secret, le secret qui te permet de savoir, voir et reconnaître le Messie en Jésus le Nazaréen ! » 116.7 . Jésus intervient : « Moi, je vais te dire le vrai secret. Ceux-ci ont su renaître, avec un esprit nouveau, libre de toute chaîne, vierge de toute idée. Et c'est ainsi qu'ils ont compris Dieu. Si quelqu'un ne renaît pas, il ne peut voir le royaume de Dieu, ni croire en son Roi » 116.8 . Jean, dans son évangile, rapporte cette partie de l'entretien(Jn 3,1-21), dont il a immédiatement compris l'importance, et qu'il mémorisa comme Jésus le lui avait demandé : « Jean, rappelle-toi ces paroles pour quand ce sera l'heure de les écrire » 116.10 . Maria Valtorta, le replaçant dans son contexte, nous aide à mieux comprendre le message évangélique. Ainsi quand Jésus déclare : « Je parle de l'esprit immortel qui, par l'intermédiaire de deux choses, renaît à la vie : par l'eau et par l'Esprit. Mais la plus grande, c'est l'Esprit sans lequel l'eau n'est qu'un symbole » 116.8 . Cette phrase éclaire parfaitement le verset de Jean, et mieux semble-t-il que ne le firent Justin martyr( Apologie I § 64), ou Clément de Rome. Celui-ci n'évoquait que l'eau : « Si on ne renaît de l'eau, on n'entre pas dans le royaume des cieux » ( Recognitions VI, 9). Quelques jours plus tard, Jésus informe son ami Lazare de son intention de s'éloigner de Jérusalem : « Je vais du côté d'Ephraïm, entre cette localité et le Jourdain. Là, j'évangéliserai et je baptiserai comme le Baptiste » 117.3 .Immédiatement Lazare met à la disposition du groupe apostolique une petite maison qu'il possède dans la région, à une dizaine de kilomètres au nord de Jéricho. « Je compléterai le nombre des lits, oh ! pauvres comme tu veux ; je ferai porter des couvertures, des sièges, des amphores et des coupes. Il vous faudra aussi manger et vous couvrir pendant ces mois d'hiver. Laisse-moi faire » 117.3 . Ainsi, Lazare apporte à la fois une aide matérielle décisive et la sécurité, puisque les membres du sanhédrin hésiteront à s'attaquer ouvertement au puissant fils de Théophile, l'allié des romains. FOOTNOTES : C'est une des futures disciples romaines, Claudia Procula, qui se déplace en litière escortée par un centurion… On en a confirmation par Jean en MV 154.8, mais surtout en MV 563.5 par Claudia elle-même. Cette présence de païens à proximité de Jésus trouble d'ailleurs l'apôtre Philippe ! : Quand, à la Belle Eau, Pierre interroge : « Alors ce n'est pas avec l'eau qu'on purifie ? », Jésus lui répond : « Les larmes aussi, c'est de l'eau » 119.8 .
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Première année de vie publique
Le séjour à la Belle Eau
Les douze et Jésus vont rester un mois entier à la Belle Eau. La nouvelle de leur présence en ce lieu se répand de jour en jour, et les pèlerins vont se faire toujours plus nombreux. D'une vingtaine le premier jour, ils sont le double dès le lendemain . « Maintenant que tu as fait un miracle, qui sait combien viendront ! » 119.9 constate Pierre. Effectivement la foule dépasse les cent personnes dès le surlendemain, et les malades affluent les jours suivants. Jésus doit rapidement confier des tâches aux apôtres. « Si je devais tout faire, je ne le pourrais pas. C'est vous qui baptiserez. D'abord un à la fois, puis vous serez à deux, à trois, à plusieurs. Et Moi je prêcherai et je guérirai les malades et les coupables » 119.9 . Beaucoup de ceux qui étaient attirés par Jean Baptiste viennent maintenant à Jésus. Ainsi en est-il de Manaën, le frère de lait d'Hérode, dont la venue cause beaucoup d'émoi parmi les apôtres. Disciple du Baptiste, c'est lui qui l'a envoyé vers Jésus en disant : « Quelqu'un qui est plus que moi te recueillera et t'élèvera » 121.9 . L'évangile de Jean(Jn 3,22-36) ne mentionne pas explicitement la Belle-Eau. Pourtant, à la lecture de Maria Valtorta, il ne fait aucun doute qu'il s'agit ici du séjour de Jésus près du Jourdain. Quand par exemple il rapporte la parole de Jean Baptiste « Il faut qu'il croisse, et que je diminue » (Jn 3, 30), nous en retrouvons l'écho dans le témoignage d'un pèlerin à la Belle Eau évoquant des propos du Baptiste : « Moi je suis l'astre qui descend. Lui est l'Astre qui monte et se fixe dans son éternelle splendeur » 122.9 . Puis, quelques jours plus tard (le jeudi 25 novembre) ce sont trois disciples de Jean-Baptiste, qui rapportent de façon beaucoup plus détaillée et précise ses paroles : « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue. Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous » 127.4 . Jésus évoquera encore ces paroles ultérieurement , et l'on comprend donc que Jean les ait si scrupuleusement retranscrites dans son évangile. Mais il ne fut pas le seul à retenir et à rapporter les enseignements entendus à la Belle Eau. Matthieu, fort de son excellente mémoire et des dispositions acquises à son comptoir de publicain, fut tout naturellement enclin à prendre des notes. Durant ces journées passées à la Belle Eau, Jésus donna un enseignement simple, basé sur le Décalogue, et selon son habitude, son discours fut parsemé de brèves sentences proverbiales. Ces phrases furent d'autant plus faciles à noter et à mémoriser que le Seigneur les a reformulé pour la plupart à diverses occasions. En voici quelques exemples : « Ce n'est pas en disant : "Dieu, Dieu" que l'on aime le Seigneur » 121.6 . prépare un verset de Matthieu(Mt 7,21). De même lorsque Jésus s'emporte contre le pharisien Doras et ses semblables « ... tombeaux immondes dont l'extérieur est blanchi et recouvert des paroles de la Loi et à l'intérieur desquels Satan est devenu roi ... » 126.9 . cela n'évoque-t-il pas déjà les « sépulcres blanchis »(Mt 23,27). Et quand Jésus commente la mort de Doras : « Je dis : le cœur est là où est le trésor et le trésor est là où est le cœur » 127.7 , on retrouve une pensée équivalente encore en Matthieu(Mt 6, 21). Ensuite Jésus insiste sur la nécessité de parler clairement en toutes circonstances : « Je vous dis : ayez toujours un seul langage. Que le "oui" soit toujours "oui" et le "non" toujours "non", même en face des puissants et des tyrans » 130.6 . Cette instruction du Seigneur est citée par Matthieu(Mt 5, 37) et par Jacques d'Alphée dans son épître (Ja 5, 12). Elle sera même peut-être reprise par Paul (2 Cor 1, 17-19) ? Et quand Jésus rappelle « Moi, je suis toujours une lampe allumée… et je voudrais que vous aussi le soyez » 132.7 , Matthieu (Mt 5,14-16) se souvient sans doute qu'Il leur a déjà dit, lors de la première sortie sur le lac trois mois plus tôt : « Vous êtes, et devez être la lumière du monde » 98.7 . La renommée grandissante de Jésus, tout autant que la mort subite de Doras, inquiète de plus en plus les puissants du Sanhédrin. Un complot se prépare, visant à arrêter Jésus pendant la fête de la Dédicace. Pendant cette fête familiale, en effet, les pèlerins seront fort peu nombreux à la Belle Eau. Nicodème et Joseph d'Arimathie font prévenir en secret Jésus de quitter les lieux au plus vite. La décision est prise immédiatement (le mercredi 8 décembre) de retourner à Béthanie, dans la maison de Simon : « ... faites vite pour que nous soyons à Béthanie avant le sabbat » 133.7 décide Jésus, qui ajoute en soupirant « Vraiment, dans ce monde mauvais, il faut que ceux qui sont innocents prennent l'aspect des plus perfides … » 133.7 . Le lendemain, à Doco, il confie encore : « Le monde ne m'aime pas. Je dois m'éloigner pour quelque temps » 134.4 . Désormais le Seigneur va garder le plus secret possible ses déplacements, devançant le conseil amical et avisé de Lazare : « Je t'en prie. Ne reste plus longtemps dans un endroit. Va, tourne, sans leur fournir le moyen de te rejoindre » 135.5 . FOOTNOTES : Le jeudi 11 novembre 27. : En MV 142.2, puis encore en MV 536.8.
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Première année de vie publique
A Béthanie durant la fête des Lumières
Par prudence envers son ami Lazare, Jésus décide donc de séjourner avec ses apôtres dans la maison de Simon. La venue inopinée de Marie Madeleine à Béthanie cause tristesse et trouble pour sa sœur Marthe. Mais Jésus la rassure : « Elle… laissez-la faire. Même si elle venait se moquer : laissez-la faire, je vous le dis. Ce n'est pas elle. C'est celui qui la tient qui en fait un instrument de trouble. Mais, ici, il y a Quelqu'un qui est plus fort que son maître. Maintenant, la lutte passe entre Moi et lui, directement. Pour vous, priez, pardonnez, patientez et croyez. Et rien de plus » 135.3 . Ainsi débute le processus de la lente mais totale conversion de la pécheresse aux sept démons (Selon Mc 16,9 et Lc 8,2). Lazare, bien informé par ses amis de tout ce qui se trame au Sanhédrin, s'inquiète de ce que les scribes cherchent un motif d'accusation. Mais Jésus lui répond : « Ils l'ont déjà trouvé… J'ai déjà fait plus qu'il ne faut. J'ai parlé aux Romains, j'ai parlé à des pécheresses … » 135.4 . Le premier instant de stupeur passé, Lazare confesse : « Mais… mais moi, je comprends. Eux, ceux du Conseil, non. Et ils disent que c'est péché.C'est donc vrai ! Je croyais… Oh ! qu'as-tu fait ? » « C'est mon devoir, mon droit, mon désir : chercher à racheter un esprit qui est tombé. Tu vois donc que ta sœur ne sera pas la première fange que j'approche et sur laquelle je me penche. Et elle ne sera pas la dernière. C'est sur la boue que je veux semer les fleurs et les faire pousser : les fleurs du bien ». « Oh ! Dieu ! mon Dieu !… Mais… Oh ! mon Maître, tu as raison. C'est ton droit, c'est ton devoir, c'est ton désir. Mais les hyènes ne le comprennent pas ... » 135.4 . Ces conversations sont très révélatrices, et nous aident à comprendre ce qui a motivé, dès les premiers mois de vie publique, cette haine toujours croissante des puissants d'Israël contre le Fils de l'Homme. Jésus va rester quelques jours à Béthanie. Pour la fête des Lumières, la première passée loin de la Maman , Lazare organise une grande réception où sont invités les apôtres et les disciples bergers. Une nouvelle fois Pierre insiste auprès de Jésus pour qu'Il lui fasse le récit de sa naissance, ce qu'Il a déjà en vain demandé à Jean . Il obtient enfin satisfaction, et Jésus fait témoigner aussi les bergers : « Je dirai même ce que les bergers ne savent pas, et eux ce qu'ils ont vu » 136.5 . C'est un récit très émouvant et animé, où se mêlent souvenirs, questions et réponses des uns et des autres. Pierre en est tout bouleversé. « Je veux me rappeler tout cela, mais le pourrai-je ? » 136.11 . Heureusement pour lui, Matthieu, à ses côtés, le rassure : « Sois tranquille, Simon. Demain je me le fais répéter par les bergers... Une, deux, trois fois s'il le faut. J'ai bonne mémoire... Quand tu voudras, je pourrai te répéter tout » 136.11 . Il est même permis d'imaginer que c'est à compter de ce jour que Matthieu commença à envisager sa future vocation d'évangéliste. En tout cas, force est de constater qu'il est le seul à nous avoir rapporté les récits de l'adoration des mages, de la fuite en Égypte, et du massacre des innocents ! FOOTNOTES : Dans une lettre reçue quelques jours plus tôt, Marie écrivait : « Ce sera la première fois que je me dis : 'Mon Enfant aujourd'hui a une année de plus' et je n'ai pas mon Enfant » 133.4 . Et Jésus le rappelle à tous les convives : « C'est mon premier anniversaire en l'absence de la Mère » 136.3 . : Seuls Simon, Judas et Jean étaient présents à Bethléem, et Jésus leur avait commandé le silence : « Toi, Jean... Tais-toi. Plus tard… plus tard tu diras aux autres ce que, maintenant je te prie de taire. Même aux autres… Amis : me promettez-vous tout cela ? » 80.11 .
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Première année de vie publique
Le retour à la Belle Eau
En revenant à la Belle Eau, Jésus apprend que des pharisiens y sont passés juste trois jours après son départ, espérant l'obliger à quitter les lieux. Ils sont restés à l'attendre plusieurs jours, et s'en sont pris à un jeune chef de la synagogue la plus proche. « Il faudra ouvrir les bras et le cœur au chef de la synagogue persécuté » 137.3 conseille Jésus à ses apôtres. Et de fait, Timon devient désormais ouvertement disciple du Christ. Il deviendra même l'un des sept diacres mentionnés dans les Actes des Apôtres (Ac 6, 5). Profitant du retour du groupe apostolique, les pharisiens agressent à nouveau Jésus, Lui intimant l'ordre de quitter immédiatement la Judée. « Tu es un possédé. Tu chasses les démons et tu fais des miracles avec l'aide des démons » 137.5 . Ce sera désormais un reproche fréquent fait à Jésus. Les synoptiques s'en feront l'écho à une autre occasion (Voir Mt 12, 24-28 ; Mc 3, 22-27 ; Lc 11, 15). « Nous irons en Galilée. Demain matin nous partirons » 137.6 décide alors Jésus. Le départ a effectivement lieu le lendemain, mais avant de regagner la Galilée, Jésus veut saluer le vieux chef de la synagogue d'Emmaüs, auquel Il a promis sa visite . En cette saison hivernale, la marche s'avère pénible : « Voyez comme c'est fatigant, même ici. Et, si on ne me l'avait pas imposé, je n'aurais pas entrepris le voyage en ce moment … » 139.1 . Chemin faisant, Jésus rappelle aux douze, et surtout à Pierre qui L'interroge, les qualités nécessaires pour être bon : ordre, patience, constance, humilité, charité… « Je l'ai dit beaucoup de fois ! » 139.4 . Parmi ces vertus, la charité, l'humilité, la persévérance et la patience sont souvent mentionnées par les Pères de l'Église, depuis Tertullien ou Cassien. Il semble que l'ordre (ou la droiture ?) apparaisse beaucoup plus rarement dans leurs commentaires. Arrivé à Emmaüs, où Il reçoit un accueil chaleureux, Jésus est interrogé sur une délicate question d'inceste involontaire. Il tranche le cas et conclut : « Puisqu'il n'y a pas de condamnation pour l'inceste royal qui dure au vu et su de tout le monde, on devrait avoir pitié de ce cas douloureux, dont l'origine remonte à l'autorisation accordée par Moïse de répudier sa femme, pour éviter des maux plus nombreux, sinon plus graves . » 140.4 . Mais le Sanhédrin ignore la miséricorde, et la condamnation de l'homme est totale. Jésus prend en pitié le malheureux : « Je suis le Sauveur. Je suis Jésus. Lève-toi. Moi, je peux ce que je veux. Au nom de Dieu, je t'absous de l'involontaire contamination . » 140.5 . L'homme, nommé Joseph, va désormais grossir le nombre des disciples du Christ. Mais il n'est pas le seul : deux témoins privilégiés de cette scène, Cléophas et Simon, vont eux aussi en être durablement bouleversés, puisque nous les retrouverons, au jour de la Résurrection, aux côtés du Christ, sur le chemin d'Emmaüs. * Ainsi s'achève la première année de vie publique . « Une année finit. La seconde commence. Elle est à cheval entre le début et la fin. Au début, dominait le Maître. Maintenant, voici que se révèle le Sauveur. La fin aura le visage du Rédempteur » 142.4 . FOOTNOTES : C'était un mois auparavant. C'est l'accomplissement de la promesse faite alors à la Belle Eau, en MV 126.10. : Effectivement déjà évoqué en MV 94.8 à propos de Samson ; puis lors de l'appel de Mathieu, en MV 97.2 ; puis à nouveau à Béthanie, chez Simon, en MV 135.6... : Jésus a commencé sa mission (en MV 44.2), le soir du 14/15 Tevet 3787. C'est maintenant le 18 Tevet 3788 ! Donc la fin de la première année ! Et c'est aussi l'annonce prophétique de la durée du ministère.
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Seconde année de vie publique
La rencontre avec la samaritaine
Pendant que le groupe chemine vers Arimathie, Pierre se préoccupe de la présence parmi eux de Joseph, le paria d'Israël recueilli par Jésus à Emmaüs. Patiemment Jésus reprend son apôtre : « Et alors, par peur d'être troublés, on devrait laisser un fils d'Abraham aux prises avec la désolation ? » 141.1 . Puis Il ajoute : « Un jour, il y a plusieurs mois, Moi, je t'ai dit : "Il en viendra beaucoup d'autres" . Le champ est vaste, très vaste. Les travailleurs seront toujours insuffisants pour son étendue ... » 141.1 . Il y aura bien d'autres occasions où Jésus évoquera à nouveau la moisson abondante et les ouvriers trop peu nombreux (Selon Mt 9, 37-38 et Lc 10, 2). Le mardi 4 janvier 28, revenant tous du détour par Arimathie, où Jésus a confié le nouveau disciple Joseph aux bons soins d'Isaac, ils arrivent vers midi à proximité de Sychar. Jésus ordonne une halte. « Je m'arrête ici. Allez en ville.Achetez tout ce qu'il faut pour le repas. Nous mangerons ici » 143.1 . Jean dans son évangile précise : « il lui fallait traverser la Samarie » et « fatigué du voyage » (Jn 4, 3-6). Les commentateurs s'interrogent sur les nécessités de ce détour et sur cette fatigue . Ici tout est lumineusement clair : la fatigue , car ils viennent de parcourir quatre vingt cinq kilomètres en deux jours et demi, depuis leur départ d'Emmaüs ; et le détour , car Jésus veut passer dire adieu à Jean Baptiste à Enon, avant de regagner la Galilée. Venant d'Arimathie et allant à Enon, il leur faut nécessairement traverser la Samarie. Le récit par Maria Valtorta de la rencontre avec la samaritaine est bien entendu en tout point conforme au récit de Jean (Jn 4, 7-26). Mais le dialogue semble nous être restitué ici dans sa pureté originelle. Ainsi par exemple lorsque Jean écrit sobrement : « Donne-moi à boire », le témoignage de Maria Valtorta paraît plus chaleureux, comme pris sur le vif : « La paix soit avec toi, femme. Me donnes-tu à boire ? J'ai beaucoup marché et j'ai soif » 143.2 . On pourrait faire le même constat pour tous les échanges de cette longue conversation. Nul doute qu'une étude exégétique approfondie en serait des plus fructueuses. Maria Valtorta nous confirme aussi que la samaritaine se prénomme Photine, nom sous lequel elle est effectivement vénérée depuis les premiers siècles par la tradition orthodoxe. Il est un autre passage sur lequel nous pouvons nous attarder un peu, car il posa problème à bien des exégètes, comme en témoigne saint Thomas d'Aquin dans son Commentaire de l'évangile de saint Jean . Jean écrit : « Ne dites-vous pas, vous : encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici que je vous dis : levez les yeux et voyez les campagnes ; elles sont blanches pour la moisson » (Jean 4, 35). Certains commentateurs en déduisent que la scène se déroule en mai, d'autres qu'il faut la lire dans un sens uniquement allégorique... Pourtant, en lisant Maria Valtorta, son sens paraît couler de source : « Regardez ces champs sous le gai soleil de la sixième heure. Il y a seulement un mois, et même moins, la terre était nue, sombre parce que les pluies l'avaient battue. Maintenant, regardez. Des tiges innombrables de blé, qui viennent de percer, d'un vert très tendre qui dans cette grande lumière semble encore plus clair, la couvrent, pour ainsi dire, d'un voile léger presque blanc. C'est la moisson future et vous dites en la voyant : "Dans quatre mois, c'est la récolte" ». Comme si souvent (et il y en a plusieurs centaines d'exemples dans l'œuvre !), Jésus décrit la nature qui l'entoure, ou un événement qui vient de se produire et, partant de ces éléments concrets, Il s'en sert pour transmettre son message divin. L'accueil des habitants de Sychar est chaleureux, comme en témoigne Jean (Jn 4,39-42). Jésus et les siens vont passer la nuit là, après cette longue et fatigante marche depuis Arimathie. Ils repartiront le surlendemain, en fin de matinée... Les samaritains sont séparés du Dieu d'Israël, et c'est leur tourment : « Nos pères ont péché. Dès lors les âmes de Samarie sont odieuses à Dieu » 144.4 . Mais Jésus les réconforte, citant le prophète Ezéchiel (Ez 18,23 et 33,11), et en particulier « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et ait la Vie » 144.4 .Cette parole du Seigneur ne figure pas comme telle dans le nouveau Testament. Pourtant saint Clément déclare que Jésus a dit : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais le repentir ». Et se pourrait-il que Pierre se soit remémoré cet enseignement lorsqu'il écrivit : « Le Seigneur... patiente envers vous, voulant non que certains périssent, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3,9) ? FOOTNOTES : C'était effectivement en mai 27, voir MV 58.4/5. : Un célèbre bibliste, le P. Lagrange, remarqua : « Une raison inconnue le poussa à passer par le cœur du pays ». : Saint Clément dans son Epître aux corinthiens §2 cite cet agraphon du Seigneur.
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Seconde année de vie publique
La constitution du groupe des femmes disciples
Nous l'avons vu, la semaine précédente, le Seigneur a décidé que désormais quelques femmes disciples pourront accompagner le groupe dans certaines occasions. « J'ai choisi mes disciples. Mais pour choisir les femmes qui ne sont pas libres, je dois les demander à leurs pères et à leurs maris » 151.3 dit-Il au mari de Suzanne, qui s'en remet à son épouse. « Si Suzanne veut te suivre, je n'y serai pas hostile » 151.3 répond-il à Jésus. Après la Vierge Marie et Marie d'Alphée, Suzanne est donc à son tour intégrée à ce nouveau groupe. Le vendredi 14 janvier, Jésus est l'hôte des parents de Jacques et Jean, à Capharnaüm. Salomé, l'épouse de Zébédée s'approche du Seigneur : « Maître, tu as décidé de faire venir avec Toi ta Mère et la mère de Jacques et Jude et aussi Suzanne, et certainement aussi la grande Jeanne de Chouza viendra. Toutes les femmes qui te vénèrent viendront, s'il en vient une seule. Je voudrais en être moi aussi. Prends-moi, Jésus. Je te servirai avec amour » 152.2 . Ainsi se constitue peu à peu ce nouveau groupe. Mais bien sûr il faut tenir compte des problèmes nouveaux que cette présence féminine va entrainer. « Les femmes fidèles qui ne se sentent pas appelées à quitter leur maison pour me suivre me servent également en restant chez elles. (...) Maintenant que les femmes s'uniront à nous, je dois aussi penser à elles. Il ne serait ni convenable ni prudent que des femmes se trouvent sans demeure allant ici et là. (...) Maintenant je ferai de toute maison amie où habite une de vos femmes, un abri pour les autres. De la tienne Pierre, de la tienne Philippe, de la tienne Barthélémy, et de la tienne Judas. Nous ne pourrons imposer aux femmes les marches continuelles que nous ferons. Mais elles nous attendront au lieu fixé pour le départ chaque matin et le retour chaque soir » 153.3 . Les Écritures n'évoquent qu'à peine le rôle éminent des saintes femmes dans l'entourage du Christ. Par son précieux témoignage Maria Valtorta, tout au long de son œuvre, met en lumière le soutien maternel, discret, efficace et souvent décisif qu'elles apportèrent aux apôtres et aux disciples dans le difficile apprentissage de leur apostolat. Quelques jours plus tard, à Nazareth, Jésus confie d'ailleurs aux femmes disciples : « Comme est nécessaire la femme auprès de l'autel du Christ ! Les misères infinies du monde peuvent être soignées par une femme beaucoup mieux que par un homme (...) Beaucoup de cœurs, et spécialement des cœurs de femmes, s'ouvriront à vous, femmes disciples » 157.5 . Puis Il les donne pour modèles à ses apôtres : « Apprenez d'elles à aimer, à croire et à souffrir pour le Seigneur, parce qu'en vérité je vous dis qu'elles, les faibles, deviendront les plus fortes dans la foi, dans l'amour, dans l'audace, dans le sacrifice pour leur Maître » 157.8 .
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Seconde année de vie publique
Sur le lac, avec Jeanne de Chouza
Le dimanche 23 janvier , alors qu'Il revient de Nazareth, Jésus rencontre Jeanne sur le lac. Cette rencontre ne figure pas dans les Écritures, mais elle mérite cependant d'être soulignée ici, car elle nous permet de comprendre comment Jésus put rencontrer et évangéliser quelques notables romaines dont l'aide sera précieuse aux premiers jours de l'implantation de l'Église à Rome... Jeanne, de par la fonction de son époux, fréquente régulièrement la cour d'Hérode, et par voie de conséquence l'entourage féminin de la maison proconsulaire. Elle s'est liée d'amitié avec quelques patriciennes romaines. « Quand j'ai perdu mon enfant et que je fus malade, elles furent très bonnes pour moi qui ne les avais pas recherchées. Et, depuis, l'amitié est restée. Mais, si tu me dis que c'est mal, j'y renonce » 158.3 dit Jeanne au Seigneur. Quelques jours plus tôt, la guérison miraculeuse de Faustina, la fillette de Valéria, a fait forte impression dans les milieux romains . « Maintenant que tu as guéri la petite de Valéria, et la nouvelle est arrivée rapide comme l'éclair ... » 158.4 confirme Jeanne. Toutes ces dames romaines voudraient bien rencontrer ce mystérieux mage hébreu... « Dis-leur qu'à la fin de la lune de scebat, je serai chez toi » 158.4 . Le rendez-vous est donc pris pour dans trois semaines, le dimanche 13 février, (le 30 shebat). Et de fait, nous verrons bientôt que Jésus viendra à Tibériade juste entre l'élection des douze , et le sermon sur la montagne . FOOTNOTES : Cette date est parfaitement déterminée par tous les évènements qui l'ont précédé depuis le retour de Judée. : Cette guérison a eut lieu lors d'un passage de Jésus à Césarée, le mardi 18 janvier, soit juste cinq jours auparavant (voir MV 155.4).
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Seconde année de vie publique
La rencontre avec les disciples de Jean-Baptiste
« Il me faut réveiller la flamme. En peu de mois d'absence, elle s'est presque éteinte. Et le temps s'envole » 158.5 . Pendant une dizaine de jours, Jésus va donc à nouveau parcourir la basse et la haute Galilée. Il commence ce périple par Gerghesa, sur la rive Est du lac, où Il exhorte les habitants à rester fermes dans leur foi . « Je suis la Pierre Angulaire et Éternelle et je ne puis subir la destruction. Ne mentez pas à cette Pierre Vivante. Ne l'aimez pas seulement parce qu'elle fait des prodiges. Aimez-la parce que par elle vous toucherez le Ciel » 159.3 . Quelques disciples de Jean s'approchent... Ils s'étonnent que Jésus ne dédaigne pas de fréquenter des païens, et le Christ les rassure : « Ce n'est pas mal de les fréquenter pour les amener au Seigneur notre Dieu. C'est ce que je fais » 159.4 . Vient alors la question sur le jeûne, telle que rapportée par les évangélistes (Cf. Mt 9,14-17 ; Mc 2, 18-22 et Lc 5, 33-39).Et c'est pour nous une nouvelle occasion d'admirer combien le texte de Maria Valtorta, sans rien ajouter aux évangiles, nous restitue le message du Christ dans toute son harmonie originelle. Jésus leur explique qu'en mangeant avec les païens, Il obtient régulièrement des conversions. « ... et toute conversion est une fête nuptiale pour mon âme, une grande fête à laquelle prennent part tous les anges du Ciel et que bénit le Dieu éternel, ainsi mes disciples, les amis de Moi l'Époux, jubilent avec l'Époux leur Ami » 159.5 . Il ajoute : « À temps nouveaux, nouvelles méthodes (...) À chaque temps les choses qui lui sont utiles » 159.6 . Puis Il illustre ce propos par les exemples du vieux tissu et de la vieille outre, tels que mentionnés par les évangélistes. Répondant encore à leur interrogation, Il leur conseille de rester auprès du Baptiste : « Tant qu'il y a du vin vieux, il est plus agréable de le boire parce qu'il flatte davantage le palais .(...) Jouissez de votre Jean tant que vous le pouvez et faites-lui plaisir. Après, vous m'aimerez, Moi » 159.7 . Ainsi se trouve également justifiée la parole transmise par le seul saint Luc. « Personne, après avoir goûté le vin vieux ne désire tout de suite le vin nouveau. Il dit : "Le vin vieux était meilleur" » 159.7 . FOOTNOTES : Jésus a quitté la Galilée fin septembre, depuis trois mois et demi… Et déjà exactement un tiers de la vie publique est accompli ! : Un miracle est évoqué ici, mais c'est seulement un an et demi plus tard, en MV 458.2, que l'on apprendra qu'il s'agit de la guérison de Siméon, l'époux violent d'Arria. C'est un nouvel exemple de cohérence dans cette œuvre. : Cette locution, devenue proverbiale, fut source d'inspiration pour le Bienheureux Guillaume-Joseph Chaminade (1761-1850), au lendemain de la Révolution française. Il semble aussi que le pape François veuille la faire sienne.
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Seconde année de vie publique
La parabole du bon grain et de l'ivraie
Dès l'aube suivante, Jésus prévoit de retourner en barque à Capharnaüm. Mais apercevant au loin la barque d'un pharisien, et craignant quelque traquenard, Pierre rebrousse chemin. Il accoste sa barque en face de Bethsaïda, et décide d'aller en avant, à Capharnaüm, pour s'assurer qu'aucun danger n'y menace Jésus. Il part, accompagné de Simon, Barthélémy et Philippe. Ils retrouveront Jésus et les autres disciples à Corozaïn. C'est là que Jésus donne la parabole telle que Matthieu (Mt 13, 24-30) nous l'a transmise. Puis lorsque ses auditeurs se sont dispersés, Il rassemble les disciples : « Venez autour de Moi et écoutez. Je vous explique le sens complet de la parabole qui a encore deux aspects en plus de celui que j'ai dit à la foule » 181.4 . Le premier aspect, c'est celui que nous a transmis Matthieu (Mt 13,36-43), sur le jugement à la fin du monde. Le second aspect, omis par Matthieu, répond à une inquiétude des disciples, exacerbée depuis l'arrestation du Baptiste : « Mais, dans la masse des disciples, il peut donc y avoir des traîtres ? » 181.5 . Les disciples sont comme les champs que le Maître cultive avec amour. Mais sur eux se répandent aussi les semences du monde comme l'or, la puissance, l'orgueil, etc. « Et on devient criminel et on se damne pour ces misérables choses ! » commente Jésus. Mais Il ajoute : « Et alors le saint prie et s'abandonne à Dieu. Que soit fait ce que Tu permets qu'on fasse (...) pourvu que cela serve à ton but. Le saint sait que l'heure viendra où la mauvaise ivraie sera séparée de sa moisson » 181.6 . Le lendemain, vendredi 3 mars , Pierre revient tout rasséréné de Capharnaüm. Surmontant sa répugnance naturelle de s'approcher d'un païen, il est allé rencontrer le centurion, lequel l'a assuré de la bienveillance de Rome envers Jésus : « Là où sera une enseigne romaine, ce sera une sauvegarde pour Lui et il y aura quelqu'un pour rappeler aux israélites que sous les enseignes romaines il n'est pas permis de comploter sans s'exposer à la mort ou à la galère » 182.1 . Puisque tous sont maintenant rassurés, Jésus donne le signal du départ, en direction de Magdala. En chemin, ils croisent des troupeaux nombreux « qui s'en vont vers les pâturages des montagnes » 182.2 , observe Maria Valtorta. La pertinence de cette remarque est à souligner, puisque depuis la nuit des temps, la première pleine lune de printemps marque l'époque de la transhumance. Aux bergers qui se rendent vers les pâturages d'été, sur les monts de haute Galilée et du Liban, Jésus donne quelques paroles d'encouragement. « Ne vous lamentez pas d'être éloignés du monde. Vous êtes ainsi préservés d'une grande corruption. Et Dieu n'est pas loin de vous, mais plus proche dans cette solitude où sa voix parle par les vents qu'il a créés, par les plantes et par les eaux plus qu'au milieu des hommes » 182.4 . S'adaptant merveilleusement à ses auditeurs, Jésus leur enseigne en quelques mots brefs et simples les fondements de sa doctrine, basée sur l'observance du Décalogue et en particulier des deux commandements d'amour de Dieu et d'amour du prochain. FOOTNOTES : C'est-à-dire quatre jours après la pleine lune d'Adar.
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Seconde année de vie publique
La rencontre avec les romaines
La guérison miraculeuse de Faustina, la fillette de Valéria, est à l'origine de la rencontre avec les patriciennes de l'entourage de Pilate. Cette première entrevue a lieu dans la roseraie de Jeanne de Chouza, à Tibériade. Jésus s'approche d'elles : « Vous vous occupez de fleurs ? Continuez, continuez. Nous pourrons parler même pendant que vous cueillez ces œuvres magnifiques du Créateur que sont les fleurs ... » 167.4 . Et Jésus les ouvre peu à peu aux choses divines : « Voici alors que notre esprit doit recueillir l'enseignement et faire, de l'amour un peu sensuel que l'on a pour une fleur, une invitation à une pensée plus haute » 167.4 . Après une douce évocation de l'âme et de la vie éternelle, Jésus prend Faustina dans ses bras : « J'aime les enfants comme j'aime les fleurs, parce qu'ils sont purs et sans malice. Et même, ô femme, donne-moi ta petite. Il m'est si doux de serrer sur mon cœur un petit ange » 167.5 . Valéria, immédiatement sensible à la bonté et aux paroles de Jésus, va s'éloigner dès cet instant toujours d'avantage de la vie corrompue de la société romaine, jusqu'à affranchir son esclave Thusnelda. Sa conversion progressive n'ira pas sans heurt : son mari, mécontent de ce nouveau mode de vie, la délaissera. Beaucoup plus tard, Maria Valtorta nous décrit une scène très émouvante. Une fillette s'approche de Jésus, « elle dépose sur ses genoux toutes ses fleurs en disant : "Les roses de Faustina à son Sauveur" . (...) Pendant ce temps la femme s'est agenouillée derrière la fillette, en rejetant son voile en arrière. C'est Valéria, la mère de la petite, qui salue Jésus de son salut romain : "Salut, ô Maître" » 531.8 . Valéria, abandonnée par son époux, se confie à Jésus qui la réconforte « la souffrance te purifiera ... » et Il lui prédit : « Toi et ta fille deviendrez sages dans la foi qui portera mon nom » 531.16 . Puis juste avant la Passion, apprenant la mort imminente de Jésus, Valéria s'exclame : « Si je perds beaucoup en te perdant, je ne perdrais pas tout, car la foi restera, et moi je veux rester où elle est née » 583.12 . Cette ultime promesse semble en effet trouver un écho dans le Talmud, qui présente assez longuement une riche prosélyte nommée Valéria, possédant des esclaves. En résidence en Palestine, « elle eut des entretiens avec le petit fils de Gamaliel sur certaines contradictions de la Bible ». A quelques mètres de la grotte de l'Annonciation, à Nazareth, des archéologues ont déchiffré, en juillet 2012, une bien surprenante inscription datant des tous premiers siècles, et exprimant une sorte de supplication : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aidez votre servante Valéria ... et faites passer la douleur... ». A coté de cet exvoto antique, on distingue deux silhouettes féminines, une adulte et une fillette devant une splendide rose ! (Il se pourrait même qu'un examen plus approfondi dévoile à leur droite la silhouette d'un homme assis devant elles (Jésus ?), comme le laisserait supposer le cliché ?). Cette découverte suggère incontestablement l'épisode le plus important de la vie de Valéria ! Ce graffiti est-il l'œuvre de Valéria elle-même, ou de Faustina reconnaissante, voire de quelque disciple des premiers siècles ? Est-ce l'indice que la sépulture de Valéria se trouve à proximité immédiate ? Laissons aux archéologues le soin de répondre à ces questions... FOOTNOTES : Talmud de Babylone, Rosh Hashanah, 17b, verso ; Mekhil., 12, 48. p 18 a ; Yevamot, 46 a; Gerim, II. 4.
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. La préparation
Venant de Tibériade, Jésus aurait dû prendre la via Maris qui passe au pied du mont . Mais Il est revenu en barque à Dalmanoutha, en repassant par les gorges d'Arbel, ce qui lui a fait gagner quelques kilomètres de marche. Pourtant lorsqu'Il rejoint les apôtres, les disciples et les nombreux pèlerins qui L'attendent, la soirée est bien avancée et la nuit va bientôt tomber. Les nuits déjà moins fraiches leur permettent de dormir à la belle étoile, tandis que « les gens s'éparpillent dans les bourgades voisines et reviennent le matin » 169.3 . Mais avant d'enseigner les foules pendant les cinq prochains jours, le Seigneur rassemble les apôtres et les nombreux disciples présents, un peu à l'écart. « Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées … Vous, disciples, vous ne les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire … » 169.6 . Pour les préparer tous à la mission à laquelle Il les destine, Jésus leur en expose le but. Matthieu (Mt 5,13-16) place cet enseignement immédiatement après les Béatitudes , tandis que Maria Valtorta, plus logiquement semble-t-il, nous montre que ce message s'adressait prioritairement aux disciples, et non à la foule. « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. Mais si vous manquez à votre mission, vous deviendrez un sel insipide et inutile » 169.7 . Jésus développe longuement ce thème, ne cachant rien des exigences de la mission qu'Il confie désormais à ses disciples. « Malheur ! Trois fois malheur aux pasteurs qui perdent la charité (...) Malheur ! Trois fois malheur aux maîtres qui repoussent la Sagesse ... » 169.9 . Parmi ces mises en garde, il en est une qui peut nous paraître aujourd'hui énigmatique : « Vous qui devez rappeler le Vrai Dieu, faites alors en sorte de ne pas avoir en vous le paganisme septuple » 169.8 . Qu'évoque en effet aujourd'hui cette allusion au paganisme aux sept éléments ? Sans doute fort peu de chose. Mais il en était bien autrement en ce temps là, de nombreuses traditions se référant dans l'Antiquité au nombre sept. Ainsi Hippocrate, peut-être inspiré par les croyances égyptiennes , écrivait : « Le nombre sept par ses vertus cachées maintient dans l'être toutes choses ». Clément d'Alexandrie commenta longuement la symbolique du nombre sept . Et sous Trajan un gnostique, Elchassail professait une doctrine étrange tenant la fois du simonisme et de l'hindouisme. Il reconnaissait sept éléments : le feu, la terre, l'air, l'eau, l'huile, la farine et le sel, chacun d'eux ayant un ange préposé à sa garde . On voit mal comment Maria Valtorta aurait pu imaginer cette phrase sibylline de nos jours et pourtant si pleine de significations pour les contemporains du Christ ! FOOTNOTES : C'est le lieu connu aujourd'hui comme les Cornes d'Hattin . Ce lieu concilie parfaitement la montagne de Matthieu 5,1 et le plateau de Luc 6,17. (Voir L'Enigme Valtorta , RSI 2012 Tome 1 pages 106-109). : C'était sur le lac, en août 27 (MV 98.7). Jésus évoquera encore le sel de la terre et la lumière du monde durant la 3e année, en MV 444.8. Il rappelle à nouveau ce thème en MV 631.16. : Les Egyptiens pensaient que tout individu se composait de sept éléments : le corps, le nom, l'ombre, le cœur, et de trois composantes spirituelles et invisibles : l'akh, le ba et le ka. (Akh : principe lumineux et immortel ; Ba : l'énergie de communication, de transformation et de déplacement ; Ka : double immatériel de l'être, incarnant les forces vitales de chacun). : Voir Diderot, L'Encyclopédie 1777 vol 9 p 925 à 931. : Clément d'Alexandrie Stromates Livre 6 Chap. 14 et 16. Il y mentionne un Traité du septénaire d'Hermippe de Béryte. : Selon A Wautier, Dictionnaire des Gnostiques.
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. Le lundi
La foule arrive dès les premières heures de la matinée. Et Jésus va débuter une série de discours d'une extraordinaire densité, que Matthieu a admirablement résumé en quelques pages. Maria Valtorta nous les restitue, sinon dans leur intégralité, du moins de façon beaucoup plus exhaustive, puisqu'elle nous en donne plus de soixante dix pages. Ainsi la structure rigoureuse de ces discours nous est restituée. En cette première journée, Jésus proclame les commandements de la Nouvelle Alliance. Il est parfaitement conscient de l'audace de ses propos , quand Il s'adresse aux scribes présents : « Ne me jugez pas mal au fond de votre cœur, vous qui êtes savants ! Ne dites pas : "C'est un fou. C'est un menteur ! Il faut qu'il soit fou pour parler de la Grâce en nous, puisque la Faute nous en a privés, il ment en nous disant déjà unis à Dieu" ». La loi de Moïse, donnée sur le Sinaï, était basée sur l'obéissance et la crainte. Tout en réaffirmant qu'il n'y a pas d'autre chemin que de suivre cette Loi pour « conquérir Dieu et son Royaume », Jésus propose de regarder ce chemin d'une façon totalement nouvelle. « Ne le regardons pas sous le jour de la menace, mais sous le jour de l'amour. Ne disons pas : "Malheur si je ne fais pas ceci !" en restant tremblants dans l'attente du péché, de n'être pas capable de ne pas pécher. Mais disons : "Bienheureux serai-je si je fais ceci" et avec un élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces béatitudes, qui naissent de l'observation de la Loi comme les roses naissent dans un buisson épineux » 170.5 .Les Béatitudes font appel à l'Amour et à la Grâce. Dans le texte de Maria Valtorta, elles sont au nombre de neuf, tout comme dans le texte de Matthieu. L'évangéliste nous aurait donc donné une transcription fidèle du discours fondateur, et non comme le résultat d'une compilation ultérieure, ainsi que l'ont envisagé certains exégètes, en comparant son texte et celui de Luc . S'il reste très proche de celui de Matthieu, l'énoncé transmis par Maria Valtorta n'en comporte pas moins quelques variantes éclairantes, et justifierait certainement une analyse exégétique approfondie. Jésus présente ici les Béatitudes comme « le chemin du salut » : « Bienheureux si je suis pauvre en esprit, car alors le Royaume des Cieux est à moi ! Bienheureux si je suis doux, parce que j'aurai la Terre en héritage ! Bienheureux si je suis capable de pleurer sans me révolter, car je serai consolé ! Bienheureux si plus que du pain et du vin qui rassasient la chair, j'ai faim de justice. La Justice me rassasiera ! Bienheureux si je suis miséricordieux, car je profiterai de la divine miséricorde ! Bienheureux si je suis pur de cœur, car Dieu se penchera sur mon cœur pur, et moi je Le verrai ! Bienheureux si j'ai l'esprit de paix, car Dieu m'appellera son fils, car je serai dans la paix et dans l'amour, et Dieu est l'Amour qui aime celui qui est semblable à Lui ! Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté parce que pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu me donnera le Royaume des Cieux ! Bienheureux si on m'outrage et si on m'accuse à tort pour savoir être ton fils, ô Dieu ! Ce n'est pas la désolation mais la joie que cela doit m'apporter, car cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les Prophètes, qui furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois fermement que je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel qui m'appartient ! » 170.5 . Comme on peut s'en douter, le Sauveur commenta longuement ces neuf béatitudes. Ainsi par exemple Il précise qu'un homme peut être riche de biens matériels ou de richesses morales, tout en restant pauvre en esprit , s'il use de ces richesses pour aimer Dieu et son prochain. A l'opposé, « le plus misérable des hommes peut devenir coupable si son esprit n'est pas détaché. Celui qui s'attache immodérément à quelque chose, celui-là pèche » 170.6 . C'est exactement ce que prêchait Clément d'Alexandrie : « Vous ne gagnez rien à vous appauvrir de votre argent, si vous demeurez riches de désirs déréglés ». Quelques semaines plus tard, à Béthanie, Jésus reviendra longuement sur ce thème. Le richissime Lazare, « mon ami et l'ami de Dieu (...) est une exception parmi les riches. Lazare est arrivé à cette vertu qu'il est très difficile de trouver sur la terre et encore plus difficile à pratiquer pour l'enseigner à autrui. La vertu de la liberté à l'égard des richesses » 206.10 . « En vérité, en vérité je vous dis qu'il est beaucoup plus facile à un pauvre qu'à un riche d'être en Dieu. (...) Les pauvres gardent en leurs cœurs les perles de la parole de Dieu. Elles sont leur unique trésor. Celui qui n'a qu'une seule richesse veille sur elle... » 206.10 . Plusieurs parmi les Pères ont considéré que les pauvres en esprit désignaient les humbles. Ici le Seigneur semble plutôt désigner pauvre en esprit ceux qui ne s'attachent pas immodérément à leurs richesses matérielles ou autres. Quant à l'humilité, le Christ semble l'associer ici plutôt avec la douceur. « Si vous êtes doux vous aurez la Terre en héritage. Vous amènerez à Dieu ce domaine qui appartenait à Satan. En effet votre douceur, qui est aussi Amour et Humilité, aura vaincu la Haine et l'Orgueil, (...) le monde vous appartiendra et donc appartiendra à Dieu, car vous serez les justes qui reconnaissent Dieu comme le Maître absolu de la création, à qui on doit donner louange et bénédiction et rendre tout ce qui Lui appartient » 170.7 . Les commentaires des Béatitudes, tels qu'ils nous sont transmis par Maria Valtorta, méritent certes d'être lus in extenso , relus et médités longuement. Il n'est malheureusement pas possible de s'attarder ici d'avantage sur ces lignes admirables. De tels enseignements, si denses de substance et de profondeur, nous permettent de comprendre pourquoi, en d'autres circonstances, les auditeurs s'extasièrent : « Personne n'a parlé comme cet Homme » (Jn 7,46). FOOTNOTES : Paul VI considérait les Béatitudes comme « un des textes les plus surprenants, les plus positivement révolutionnaires » (Homélie du 29 janvier 1978). : Matthieu, dont l'évangile n'est pas strictement chronologique, place son appel par Jésus (Mt 9,9-13) loin après le sermon sur la montagne (Mt 5 et 6). Ceci a pu dérouter bien des exégètes, qui n'ont peut-être pas imaginé que Matthieu fut témoin direct de ce discours qu'il nous transmet si fidèlement. Mais fort logiquement Marc et Luc situent l'appel de Matthieu avant l'élection des Douze ! Les apôtres étaient donc bien tous présents lors du sermon sur la montagne . : Clément d'Alexandrie (150-v.215), Homélie Quel riche peut être sauvé ? : Voir par exemple saint Jean Chrysostome dans son commentaire de l'Evangile selon saint Matthieu : « Qui sont ceux qu'il appelle "pauvres d'esprit" ? Ce sont les humbles et ceux qui ont le cœur contrit ». Ou saint Grégoire de Nysse qui écrivait « la "pauvreté en esprit" me semble désigner (suite page suivante...)
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. Le mardi
Le lendemain, 15 février, les curieux viennent nombreux se joindre aux pèlerins. Le centurion de Capharnaüm, qui a du être informé de ce rassemblement insolite, est venu incognito assurer une discrète surveillance. Jésus prend la parole « Avec ce que je vous ai dit hier, vous ne devez pas penser que je suis venu pour abolir la Loi. Non . (…) je ne change ni ne mutile la Loi (...) Mais je la complète. Elle est ce qu'elle est, et telle elle restera jusqu'au dernier jour, sans qu'on en change un seul mot ou qu'on en supprime un commandement » 171.1 . Seul Matthieu rapporte ce propos. Son excellente mémoire, et le fait qu'il notait les enseignements de Jésus, expliquent certainement qu'il ait rapporté le discours sur la montagne avec tant de détails. Les évangélistes apportent la substance, Maria Valtorta nous permet d'apprécier la quintessence du message du Christ. Il convient l'humilité ». Ou encore saint Augustin : « il faut entendre ici par pauvres d'esprit, les humbles qui craignent Dieu et qui n'ont pas cet esprit qui enfle »... de lire ce discours, dans la version transmise par la mystique italienne, pour en apprécier la cohérence et l'harmonie . Matthieu a nettement séparé, dans son évangile, la nécessité du respect de la loi non en paroles mais en actes(au chap. 5), de la mise en garde contre les faux prophètes (au chap. 7). En rapprochant ces deux enseignements, Maria Valtorta met en évidence que le discours de Jésus constitue en fait une première diatribe contre l'hypocrisie des scribes et des pharisiens. « ... que voulez-vous que soient deux mains jointes pour la prière si ensuite l'homme est voleur et adultère ? (...) Qu'est la langue qui fait de longues oraisons hypocrites et s'en va tuer aussitôt la réputation du prochain ou séduire sa bonne foi ? » 171.3 . Montrant qu'il ne faut pas juger sur l'apparence mais sur les actes - « L'homme qui n'est pas juste pourra inspirer le respect par son aspect, mais par cela uniquement » - Jésus compare les hypocrites aux chardons plumeux qui attirent les brebis et les blessent . Puis Il développe sa nouvelle loi d'amour, comme rapporté par Matthieu et Luc. Reprenant une pensée souvent attribuée à Hillel , Il conseille à ses auditeurs« Faites aux autres ce que vous voudriez qu'on vous fasse et ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'il vous soit fait » 171.4 . Puis Il ajoute cette parole, que seul Luc (Lc 6,38) mentionne : « Plus vous donnerez et plus l'on vous donnera, et Dieu versera dans le sein de l'homme généreux une mesure pleine et bien tassée » 171.4 . Dans l'œuvre (en MV 407.4), Nicodème rappelle cette promesse à ses paysans. Est-ce Etienne qui lui a rapporté ces propos, lui qui assiste à ce discours, et que l'on retrouve justement sur les terres de Nicodème ce jour là ? Plus tard (en MV 581.5), c'est Lazare qui évoquera lui aussi cette parole de Jésus . Le Christ poursuit : « Je veux en vous la perfection de l'amour (...) Soyez parfaits comme est parfait votre Père qui est dans les Cieux » 171.5 . Cet appel à la sainteté, que rapporte Matthieu (Mt 5,48), sera redit plusieurs fois aux apôtres . Et Jésus de conclure : « En toutes choses, élevez votre regard vers Dieu. Demandez-vous : Ai-je le droit de faire aux autres ce que Dieu ne me fait pas ? » 171.5 . FOOTNOTES : La première partie du discours correspond à Mt 5,17-20. Puis viennent des développements repris par Mt 7,15-18 ; Mt 5,43.39 ; Mt 7,12 ; Mt 5,38. 45-48 ; Mt 5,22-35. On retrouve aussi les enseignements rapportés par Lc 6,27-35. : On ne peut manquer le rapprochement avec ce texte du Pasteur d'Hermas, Similitude VI 62.(2) « … et il les poussait dans un lieu escarpé plein de chardons et d'épines, si bien qu'elles ne pouvaient s'en dégager : au contraire, elles s'y empêtraient. Là, embarrassées, elles paissaient les chardons et les épines et elles souffraient beaucoup des écorchures … » : Hillel avait coutume de dire : « Ce qui est mauvais pour toi, ne le fais pas aux autres. Voici toute la Loi ». Jésus revient très souvent sur ce thème, comme en MV 82.1 ; MV 98.12 ; MV 275.10 ; MV 329.10 ; MV 383.6 ; MV 467.7 ou MV 534.7. : Parole que l'on retrouve chez saint Clément d'Alexandrie : « La mesure que vous ferez aux hommes est celle qui vous sera faite. Dieu vous la rendra bonne, pleine et surabondante ». : A Bethsaïda en MV 180.4, puis lors de la multiplication des pains, en MV 353.1 ; à Lazare en MV 550.4 et encore le mercredi avant la Passion, en MV 596.42 ; et enfin une ultime fois sur le Thabor en MV 634.8.
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Seconde année de vie publique
La parabole des pécheurs et celle de la perle
Marthe n'a plus de nouvelles de sa sœur depuis trois jours. Angoissée, elle est revenue vers Jésus qui l'a rassurée : « Là-bas, dans un endroit voisin que tu ne connais pas, Marie sent se dissoudre le dernier doute sur l'infinité du pardon qu'elle a obtenu (...) Ta sœur est chez ma Mère » 237.8 . Et de fait, quatre jours plus tard, le mardi 6 juin, Marie Madeleine réapparait à Capharnaüm, accompagnée par la Vierge. Pierre est stupéfié : « Ta Mère et Marie de Magdala ! Ensemble !… Depuis quand ? » « Depuis qu'elle n'est plus que Marie de Jésus » 238.2 . Dès lors il devient clair pour tous que Marie Madeleine est devenue une disciple à part entière, et que personne ne devra plus faire allusion à son passé de pécheresse . Jésus décide d'ailleurs qu'ils iront ensemble en pèlerinage dans les lieux où Marie Madeleine a vécu. « Si elle n'affronte pas tout de suite le monde, et ne brise pas cet horrible tyran qu'est le respect humain, son héroïque conversion reste paralysée » 239.3 . Pour l'heure, comme ils sont tous retenus enfermés par un violent orage, Jésus leur dit une parabole, qu'Il dédie spécialement au discret et timide André : « Viens ici, mon pêcheur. Je veux te raconter une parabole qui semble faite justement pour toi » 239.5 . Pendant deux mille ans elle ne fut connue que par les quelques lignes transmises par Matthieu (Mt 13, 47-50). Mais la Providence a choisi notre siècle incrédule pour nous la faire connaître dans sa plénitude, offrant ainsi à tout homme de bonne volonté la possibilité de découvrir les trésors cachés dans cet enseignement, destiné initialement aux apôtres. « Ne croyez pas qu'il soit facile de faire le tri des âmes. C'est tout le contraire. Cela exige un œil spirituel tout éclairé par la lumière divine, cela exige une intelligence pénétrée par la divine Sagesse, cela exige la possession de vertus à un degré héroïque et avant toutes choses la charité. Cela exige la capacité de se concentrer dans la méditation car toute âme est un texte obscur qu'il faut lire et méditer. Cela exige une union continuelle avec Dieu en oubliant tous les intérêts égoïstes. Vivre pour les âmes et pour Dieu. Surmonter les préventions, les ressentiments, les antipathies » 239.7 . Dans la discussion qui suit cette parabole, Jésus précise encore : « Le monde meurt asphyxié parce qu'il s'enserre volontairement dans les liens du péché. Il vaut mieux être dépouillé de tout que d'avoir des richesses dérisoires et illusoires » 239.8 , et c'est alors à ce moment qu'Il évoque le marchand qui vend tous ses biens pour acheter la perle rarissime (C'est la parabole de la perle de Mt 13, 45-46). FOOTNOTES : Tous l'ont si bien compris que même les évangélistes ont pudiquement caché sous couvert d'anonymat le passé peu glorieux de Marie Madeleine.
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Seconde année de vie publique
La parabole de la pièce retrouvée
Profitant du beau temps revenu, ils vont tous à Bethsaïda dès le mercredi matin. Marthe et Marie font ainsi connaissance de Porphyrée, l'épouse de Pierre, mais aussi des épouses de Philippe et de Barthélémy. La rencontre de Margziam avec Marie-Madeleine est des plus émouvantes. L'enfant, se montrant un disciple zélé, enseigne le Notre Père à sa nouvelle amie. La petite troupe apostolique ne reste qu'une journée à Bethsaïda, et dès le jeudi tous voguent vers Magdala. Sur sa barque, Jésus informe Philippe que sa fille aînée désire se consacrer à Lui. Barthélémy, le « parfait israélite, sans fraude » exprime sa surprise : « Mais, dans notre Loi, cela n'a jamais existé » 241.3 . Ils vont bientôt aborder : « Maître, crie Jean de l'autre barque, voici la vallée de notre retraite … » 241.5 . Et Marie Madeleine confie à sa sœur : « Sais-tu, Marthe, que c'est ici que j'ai vu le Maître, un matin ? » 241.5 . La traversée de Magdala est une réelle épreuve pour la Madeleine, mais elle la supporte stoïquement. C'est depuis le jardin d'une maison amie que Jésus parle, devant de nombreux habitants de Magdala, étonnés et curieux. Donnée devant les habitants de Magdala, la parabole de la drachme perdue prend tout son sens, et le commentaire qu'en donne Jésus éclaire lumineusement les deux brefs versets de Lc 15,8-10 : « Toute âme est un trésor (...) Le Maître le sait et il cherche inlassablement (...) lorsqu'il a trouvé, il lave par son pardon l'âme retrouvée » 241.6 . Et l'instruction finale couronne cette parabole : « En vérité je vous dis que seuls les démons ne savent pas, ne peuvent pas se réjouir pour cette conversion qui est un triomphe de Dieu. Et je vous dis aussi que la manière dont un homme accueille la conversion d'un pécheur donne la mesure de sa bonté et de son union à Dieu » 241.8 . FOOTNOTES : Effectivement, les vierges consacrées quittaient le Temple à la puberté. Mais la Tradition (Polycrate d'Ephèse au 2 e siècle) confirme que Marianne et sa sœur, filles de Philippe, « ont vieilli dans la virginité ». : C'est effectivement derrière Magdala, dans la vallée d'Arbel, qu'eut lieu la retraite et l'élection des douze (MV 164 et MV 165.3/4) mais c'est seulement ici qu'on en a la confirmation !. : Leur première « rencontre », quand les barques se sont croisées sur le lac, en MV 98.2/3.
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Seconde année de vie publique
En route vers Cana et Nazareth
La traversée de Tibériade suscite encore plus d'émoi que celle de Magdala. Bientôt la surprise fait place aux railleries. Mais Marie Madeleine y fait face avec une assurance retrouvée, tandis qu'un scribe s'en prend violemment à Jésus qui lui dit : « Toi, par ton orgueil, tu doubles tes fautes ». « Je n'ai pas de fautes ». « Tu as la plus grande, Tu es sans amour » 242.4 . A bout d'arguments, le scribe s'exclame : « Raca » et s'éloigne. Ils poursuivent leur route vers Cana, suivis par un vieil épicurien avide d'entendre le Maître. « J'ai cherché la vérité dans la science. J'ai trouvé la corruption. Dans les doctrines, même les meilleures, il y a toujours quelque chose qui n'est pas bon » 242.7 se lamente-t-il. A lui et à ses disciples, Jésus donne une éblouissante instruction destinée en fait à tous ceux qui recherchent la vérité. Il n'est possible ici que d'en donner un très bref aperçu : « Pour trouver la Vérité, il faut unir l'intelligence et l'amour, et regarder les choses non seulement avec des yeux sages, mais avec des yeux bons, car la bonté a plus de valeur que la sagesse. Celui qui aime arrive toujours à avoir un chemin vers la Vérité » 242.8 (...) « Comment l'homme peut-il donner des réponses à ses pourquoi, s'il n'a pas Dieu pour lui répondre ? Qui peut dévoiler les mystères de la création, même seulement et simplement ceux-ci, sinon le Suprême Ouvrier qui a fait toute cette création ? » 242.9 . Remerciant Jésus pour ce magistral enseignement, l'épicurien prend congé : « Prie ton Dieu pour le vieux Crispus, ton unique auditeur de Tibériade. Prie pour qu'avant l'étreinte de Libitina je puisse t'entendre de nouveau » 242.11 . Et les apôtres, suivant l'infatigable Pèlerin, reprennent leur marche vers Cana qu'ils atteignent au crépuscule. Ils vont demeurer à Cana durant toute une semaine, à l'issue de laquelle Suzanne se joint aux femmes disciples, lorsqu'ils repartent tous pour passer le sabbat suivant à Nazareth. Durant la marche Jean prouve à son insu sa grande faculté de mémorisation, qui lui sera si utile pour écrire beaucoup plus tard son évangile. Il répète par cœur le discours sur la Création, que Jésus prononça sur le Thabor trois mois plus tôt. A en croire ce témoignage, c'est dans ce discours marquant que Jean aurait puisé les paroles d'introduction de son évangile : « Pour comprendre le mystère glorieux de Notre être Un et Trin, il faut savoir croire et voir qu'au commencement était le Verbe et qu'il était avec Dieu » 244.7 . FOOTNOTES : Ce terme de reproche juif apparait dans Mt 5, 22 : « Celui qui dira à son frère raca, sera punissable par le conseil » D'après saint Jérôme ( In Matthieu I, 5) ces mots équivalent à l'injure habituelle « sans cervelle ». Tandis que saint Augustin, ( Explication du sermon sur la montagne , IX) dit « ce mot n'a pas de sens propre, mais il sert simplement à exprimer le mouvement de l'âme en colère ». : Libitine était la déesse romaine des funérailles. Chez les poètes, elle est synonyme de la mort ( Horace 3, 30).
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Seconde année de vie publique
De Jéricho à Aëra
Sans attendre, la petite troupe traverse le Jourdain et poursuit sa route vers Gérasa, en empruntant la voie des caravanes qui allait d'Égypte en Mésopotamie, en passant par Jérusalem, Jéricho, Gérasa et Damas. Ayant fait une brève halte à Nimrin , ils repartent en accompagnant la caravane d'un riche marchand, Alexandre Misace. Il a écouté Jésus au Temple, et se montre bienveillant : « C'est bien, je te protégerai et Toi, tu me protégeras. J'ai un chargement de grande valeur » 286.1 . En fin d'après midi, Alexandre observe : « Il faut arriver au pays avant la nuit, mais beaucoup de ceux qui sont avec Toi paraissent fatigués. C'est une dure étape » 286.2 Il y a en effet trente trois kilomètres entre Jéricho et Ramoth, et ils n'attendront leur but qu'à la tombée de la nuit. Le marchand propose que les femmes montent sur les mulets de l'escorte pour terminer l'étape. Chemin faisant, Jésus évangélise Alexandre, et répond aux interrogations de Synthyché qui confronte les croyances de la mythologie grecque avec certains épisodes de la Genèse. « Dans le monde il y a beaucoup de religions. Eh bien, si nous avions ici, en un tableau net, toutes leurs particularités, nous verrions qu'il y a comme un fil d'or perdu dans l'abondante boue, un fil qui a des nœuds où sont renfermées des parcelles de la Vérité vraie » « Mais ne venons-nous pas tous d'un même cep ? Tu le dis... » 286.7 . Le lendemain, c'est une nouvelle étape fatigante de trente trois kilomètres. « La route est fatigante au-delà du pays et il faut faire vite pour arriver à Gerasa avant la nuit » 287.1 . précise Alexandre dès le départ. Et il offre à nouveau des montures pour les femmes, qui ainsi se fatigueront moins. En arrivant à Gérasa le jeudi soir, 5 octobre, Alexandre explique : « Les romains en voient l'importance sur cette route qui va de la Mer Rouge, et par conséquent de l'Égypte, par Damas vers la Mer Pontique » 287.4 . C'est effectivement la fameuse Via Nova qui sera rénovée par Trajan. ( Lamer Pontique est le nom utilisé par le géographe Strabon pour désigner la mer Noire). Alexandre annonce qu'il doit rester trois jours à Gérasa . Jésus lui répond : « J'évangéliserai pendant le sabbat. Je t'aurais quitté si tu ne t'étais pas arrêté car le sabbat est sacré » 287.6 . Dans cette ville en pleine effervescence, Jésus part de l'esprit d'entreprise des habitants, fiers de leur cité prospère et désireux de l'améliorer, pour prêcher sur le Royaume des Cieux. Et Il rappelle, en cette terre païenne, la clef pour entrer dans ce royaume : la Loi mosaïque. « C'est un ensemble de dix préceptes saints et faciles que l'homme moralement bon, vraiment bon, a conscience qu'il faut observer » 288.4 . Et Il en énonce les dix articles, qu'Il commente avec simplicité et profondeur, comme seul le Maître peut le faire. Il faut savoir se protéger de toutes les mauvaises passions comme l'homme fort qui garde l'entrée de sa maison . La foule de Gérasa est pleine d'admiration, et une femme s'écrie : « Bienheureux le sein qui t'a portée et les mamelles que tu as sucées » . « Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » 288.6 répond Jésus, puis Il donne ensuite aux apôtres une lumineuse explication de cette sentence lapidaire qui embarrassa quelques exégètes. « Le "que l'âme de Marie soit faite sans faute" c'est un prodige du Créateur. C'est à Lui donc qu'en va la louange. Mais le "qu'il soit fait de moi selon ta parole" c'est un prodige de ma Mère. C'est donc pour cela qu'est grand son mérite » 288.6 . jusqu'à aujourd'hui, on trouve dans les différents peuples une certaine perception de cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou même d'un Père » (...) « Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine ».(...) « ces règles et ces doctrines qui ... reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ». Durant le sabbat, Alexandre et Synthyché, inquiets, interrogent Jésus sur la possibilité de salut pour les païens. Il leur répond en détails, et résume ensuite sa pensée : « Je dis qu'à l'avenir ceux qui, convaincus d'être dans la Vérité suivront la religion de leurs pères avec justice et sainteté, ne seront pas mal vus par Dieu et punis par Lui » 289.7 . C'est aussi ce que réaffirma vingt ans plus tard l'Église dans Lumen Gentium : « Ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d'un cœur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel ». Le Catéchisme de L'Église Catholique , le rappelle encore, dans son commentaire sur la célèbre formule des Pères « Hors de l'Église point de salut » , formule parfois interprétée de façon vraiment trop littérale par certains . Au moment où la caravane reprend la route en direction de Bozra, le dimanche matin, plusieurs habitants obtiennent le miracle qu'ils implorent. « Mon homme malade d'ulcères aux yeux, le guérirais-tu ? » « Si vous êtes capables de croire, oui » 290.1 . Le marchand Alexandre, rêveur, demande un peu plus tard à Jésus : « Pourquoi exiges-tu tant de foi pour faire un miracle ? » « Parce que la foi témoigne de la présence de l'espérance et de l'amour pour Dieu ». « Et pourquoi as-tu voulu d'abord le repentir ? » « Parce que le repentir rend ami de Dieu » 290.3 . Ce dialogue est très éclairant, car il illustre bien les conditions généralement requises, dans l'œuvre, pour obtenir le miracle. Après une nouvelle longue marche de trente kilomètres, ils font halte pour la nuit à mi-chemin, au lieu dit « la Fontaine des Chameliers », probablement sur le site de l'actuelle ville jordanienne de Mafraq. Les apôtres, fatigués, commencent à s'interroger sur le but de ce long voyage. C'est le cousin Jacques qui se fait le porte-parole de ses compagnons. « Veux-tu nous dire le vrai but de ce voyage, entre nous, avec les femmes et… avec si peu de fruit par rapport à la fatigue ? » 290.7 . « Tu le verras en son temps », répond simplement Jésus . Le lendemain, durant le trajet qui mène à Bozra, Jésus explique l'utilité de la prière dans les heures principales de la journée, d'abord à Margziam seul, puis à ses apôtres. Ils vont demeurer toute la journée de mardi dans Bozra, pour se reposer pendant que le marchand Misace règle ses affaires commerciales. Fara, un hôtelier, indique qu'un disciple, Philippe de Jacob, est venu annoncer le Messie : « Il raconte à tout le monde que tu as changé son cœur à la prière de sa mère » 292.4 . Fara les informe aussi de la présence dans les parages de quatre scribes recherchant Jésus. Souvent désormais Jésus devra modifier ses plans pour dérouter les scribes et pharisiens qui vont le traquer sans relâche. « Demain, nous nous séparerons pour quelque temps. Près d'Arbela » 292.6 , dit-Il à Simon Pierre, qu'Il charge d'accompagner les femmes disciples : « Vous irez vers la Mer de Galilée en continuant ensemble jusqu'à Nazareth » 292.6 . Pour l'heure, en ce mardi 10 octobre, Il va parler aux habitants de Bozra et des alentours qui se pressent dans la cour de l'auberge. Une femme précise : « Moi, je viens le remercier car il m'a fait un grand miracle sans quitter la montagne sur laquelle il parlait » 293.1 . C'était lors du sermon sur la montagne , en février . Mais tous n'ont pas ces intentions : deux pharisiens aussi attendent... Jésus commence à parler : « Des gens m'ont cherché qui d'abord ne s'enquéraient pas de Moi. Des gens m'ont trouvé, qui d'abord ne me cherchaient pas » 293.4 . Devant ces pharisiens agressifs, le discours de Jésus emprunte plusieurs autres citations à Isaïe. Il rappelle « les ténèbres dont parle Isaïe : Ils ont des yeux et ils ne voient pas. Ils ont des oreilles et ils n'entendent pas » 293.5 , et tout naturellement Il poursuit : « et pour cela on peut dire que la Lumière a été repoussée par les ténèbres et que le monde n'a pas voulu la connaître » 293.5 . C'est « au point du jour » 293.8 qu'ils reprennent la route, le mercredi, pour une très longue étape de plus de cinquante kilomètres qui nécessite, même avec l'aide des chameaux d'Alexandre Misace, un départ très matinal pour pouvoir être accomplie en une journée. Ces quelques jours passés en présence de Jésus ont entièrement converti Alexandre. Au moment où leurs routes se séparent, il offre discrètement, par l'entremise de Margziam, un véritable trésor de pierres précieuses dans douze paquets... « Pour ton Rational de vrai Pontife et Roi » 294.3 a-t-il simplement inscrit sur un parchemin. Maria Valtorta décrit ainsi des topazes, des rubis, des émeraudes, de purs saphirs, des douces améthystes, des béryls, des onyx et des chrysolithes . Jésus confie ce trésor à Marie Madeleine, Marthe et Jeanne. « Ici nous avons peu d'argent ». « Vous me le ferez trouver à Magdala pour la nouvelle lune » 294.4 leur répond Jésus en les quittant. Dans un mois effectivement Marie Madeleine lui remettra l'or récolté par la vente . A la tombée de la nuit, Jésus entre dans Arbéla, et se rend chez la mère de Philippe, accomplissant ainsi la promesse faite presqu'un an plus tôt à la Belle Eau : « Un jour je passerai dans la région de ton pays et toi, fière de ton garçon, tu viendras à ma rencontre avec lui » 122.13 . Des pluies abondantes interdisent tout déplacement pendant cinq jours . C'est donc seulement le mercredi 18 octobre que Jésus atteint enfin Aëra, la ville du disciple Timon et but du second grand voyage apostolique, entrepris depuis Béthanie. Comme le pressentait son frère André, Pierre est déjà arrivé et les attend depuis trois jours. : « De Bethsaïda par Méron, il prendra la route de Damas pendant quelque temps, et puis celle d'Aëra » 296.1 avait-il prédit avec justesse à ses compagnons. Le groupe apostolique est à nouveau au complet, mais la présence de Judas n'enchante guère Simon le zélote qui, clairvoyant, a compris le double jeu de leur compagnon et confie son trouble au Seigneur. « Eh bien, que cela reste entre nous deux. N'est-ce pas ? » 296.5 lui ordonne Jésus. Le séjour chez Timon est bref. C'est maintenant l'heure du retour dans les campagnes de la Galilée... FOOTNOTES : Ce village n'est pas nommé par Maria Valtorta, mais il ne peut s'agir que de Nimrin, village situé juste avant les premières pentes conduisant à Ramoth. Situé à mi parcours, c'était l'emplacement normal pour la halte de mi journée. : Exactement 20 ans après cette vision, Vatican II et Paul VI, dans la Déclaration Nostra Aetate du 28/10/1965 abordent cette question des autres religions dans des termes qui sont exactement dans le même esprit que le texte de Maria Valtorta ! « Depuis les temps les plus reculés (suite page suivante...) : Donc vendredi, samedi et dimanche. Repos nécessaire pour les bêtes après trois longues étapes depuis Jérusalem, et avant les suivantes à travers le désert ! Faut-il préciser que Maria Valtorta donne de nombreux détails sur Gérasa, tous confirmés par l'archéologie. (Le mur d'enceinte ; la rivière Chrysorrhas qui traverse la ville du nord au sud ; l'orientation du cardo maximus etc.) : Le passage qui suit permet de replacer magnifiquement dans un contexte parfaitement logique quelques versets des synoptiques (Mt 12, 29-30; Mc 3, 25-28; Lc 11, 21-23 ; Lc 11,27-28) dans un reformulation convaincante. : Maria Valtorta ne valide donc pas ici l'hypothèse de certains Pères qui supposèrent que ces paroles furent de Marcella, la servante de Marthe. : Voir la Constitution dogmatique sur l'Église , Lumen Gentium , § 16, en référence à Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica , 1, 1. : CEC n° 847. L'expression « Salus extra ecclesiam non est » est tirée des écrits de Cyprien de Carthage (vers 200-258), Epistula 4, 4 et Epistula 73, 21,2. Cyprien cherchait à lier l'Eglise au Christ et s'adressait alors seulement aux chrétiens tentés de fonder leur propre Eglise, mais en aucun cas aux non-chrétiens. Il fut plein de miséricorde vis à vis des apostats, et professa que la miséricorde divine est plus grande que le plus grand des péchés. (voir Audience générale de Benoît XVI, 5 juin 2007) : En 1949 le pape Pie XII (1939-1958) condamna explicitement l'interprétation littérale de la formule « hors de l'Église point de salut » faite par le père Leonard Feeney. (Encyclique Mystici Corporis Christi ). : La formation de Synthyché et de Jean d'Endor va permettre l'essor de l'Eglise à Antioche. Celle de Margziam sera bénéfique pour l'Aquitaine. : Jésus a informé ses disciples de ses intentions, avant le départ de Béthanie (MV 284.2) et leur a effectivement demandé de le précéder de quelques jours pour annoncer sa venue. : C'est le futur diacre Philippe des Actes des Apôtres, convertit par l'intercession de sa mère venue implorer Jésus à la Belle Eau. (MV 122.1/13). Il était présent à Béthanie (MV 282.1/7), mais c'est seulement maintenant qu'on apprend son nom ! : Bozra / Arbela est une très longue étape : 50 à 55 km selon l'emplacement des sites archéologiques. Impossible à parcourir à pied en une seule journée, mais Alexandre Misace leur fera parcourir la moitié au trot des chameaux dès le matin ! : Arbéla, Gadara Tibériade et Nazareth... C'est effectivement la route "directe" depuis Bozra. : Son mari l'avait quitté pour une prostituée. Jésus lui avait dit alors : « En retournant dans ta ville, tu sauras que la créature malfaisante a été tuée … » 174.5 . : Jésus reprend ici les paroles d'Isaïe 65,1, pour montrer aux pharisiens combien elles s'appliquent à Lui. : Comme annoncé par Isaïe 6,9-10. : Exactement ce que rapporte Jean dans son prologue en Jn 1,9-11. : Il s'agit de huit des douze pierres précieuses (avec la sardoine, le jaspe; le ligure et l'agate) composant le Rational et symbolisant les douze tribus d'Israël. (Exode 28 ; 36,15-28). : Voir MV 302.3 : « L'eau... a servi aussi à te retenir cinq jours dans ma maison »296.1, confie Philippe à Jésus lorsqu'ils arrivent à Aëra.
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Troisième année de vie publique
L'évangélisation dans la Décapole
En passant à Emmaüs de la Plaine fin avril, Jésus a appris par les disciples que le berger Joseph, agressé dans la vallée du Cédron et gravement blessé, s'est refugié avec Lévi et Salomon chez Ananias. Le groupe apostolique quitte donc Zachée en début de nuit , vers 21h ou 22h, pour parcourir en quatre ou cinq heures de marche nocturne la douzaine de kilomètres entre Jéricho et la maison offerte par Salomon. Arrivé tandis qu'il fait encore nuit, Jésus décide d'attendre l'aube : « Pourquoi réveiller ce vieillard et peut-être Joseph encore malade, quand d'ici peu il va faire jour ? » 418.2 . Et sitôt Ananias levé, Jésus va au chevet de Joseph encore endormi, et le guérit dans son sommeil. La halte à Bétabara sera brève : à peine une demi journée, le temps que les trois disciples prennent un peu d'avance pour annoncer la venue du Seigneur dans les villages de la Décapole. La première étape est pour le village du passeur qui fut témoin du miracle de la crue apaisée . Le jeudi 17 mai Jésus y guérit un enfant mourant et rend l'ouïe et la parole à un sourd-muet de naissance. Un homme L'interroge : « Notre Loi, Maître, indique pratiquement comme frappés par Dieuceux qui naissent malheureux, au point qu'elle leur interdit tout service à l'autel . Mais quelle faute en ont-ils ? » 419.7 . Dans sa réponse, le Seigneur insiste une nouvelle fois sur la nécessité d'aimer le prochain en toutes circonstances : « Ne soyez jamais dépourvus de charité envers votre prochain. Il est né malheureux ? Aimez-le parce qu'il porte sa grande peine. (...) L'amour, c'est ce qui sauvera la Terre » 419.8-9 . Remontant vers le nord, ils parcourent une cinquantaine de kilomètres en trois ou quatre étapes coupées par la halte sabbatique. Le mardi 22 mai, un villageois demande à Jésus de délivrer un possédé qui terrorise quiconque l'approche. L'homme témoigne de sa confiance en Jésus : « Nous savons ce que tu as fait, il y a trois lunes . Qui arrête une crue, s'il n'est pas Fils de Dieu ? » 420.1 . Jésus chasse le démon qui s'échappe en proférant des menaces : « Je me vengerai. Tu me chasses, mais tu as un démon à ton côté et j'entrerai en lui pour le posséder , en l'assaillant de tout mon pouvoir » 420.5 . Et à Pierre qui s'étonne des difficultés rencontrées par le Christ pour libérer ce possédé, Jésus lui explique : « Quand quelqu'un ouvre son esprit aux sept vices, alors il entre en lui un esprit complet » 420.9 . FOOTNOTES : La description de la lune « qui commence seulement à décroître » 418.1 vers 1h ou 2h du matin, puis qui « tourne vers l'occident » alors que « d'ici peu il va faire jour » 418.2 fixe à coup sûr la date entre le 15 et le 17 mai, juste après la pleine lune. : Le miracle eut lieu début mars (Voir MV 361.11). Jésus accomplit sa promesse de revenir, pour guérir les malades (MV 361.12). : En référence à Lévitique 21,16-24 : « Aucun homme qui a une tare ne doit s'approcher... ». Jésus en a déjà parlé en MV 96.6 ; MV 211.7, puis en parlera encore en MV 455.14. : Le miracle de la crue apaisée, (décrit en MV 361.11) a eu lieu le 7 mars 29 au début de la lune de Nisan, (il y a 2 mois ½). C'est maintenant la lune de Sivan : trois lunes se sont donc écoulées ! : Plus loin (voir MV 587.3) Jésus explique que lors de la trahison, Satan s'était « incarné » en Judas. Voir aussi MV 602.19. Et au soir du Mardi Saint, en MV 595.6, Jésus rappelle la violence de ce combat contre Satan.
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Troisième année de vie publique
L'évangélisation dans la plaine de Saron.
Les terres de Nicodème étant proches de Joppé, Jésus y arrive de tôt matin, le vendredi 4 mai, alors que les moissons sont en cours. Nicodème ordonne la pause à ses nombreux paysans, lesquels se rassemblent pour écouter le Maître. Jésus leur donne la parabole des deux fils , que nous connaissons par Matthieu (Mt 21,28-32). La version que nous en donne Maria Valtorta est bien entendu conforme au récit de l'évangéliste. Ce ne sont pas ceux qui crient « Seigneur !, Seigneur ! » mais agissent contre la volonté de Dieu qui obtiendront le Royaume, mais ceux qui obéissent à Dieu. « En vérité je vous le dis : les ignorants, les pauvres, les publicains, les courtisanes passeront avant beaucoup de ceux que l'on appelle "maîtres", "puissants", "saints", et entreront dans le Royaume de Dieu » 407.6 . Dans la soirée, Jésus se rend sur les terres que Joseph d'Arimathie possède à proximité de celles de son ami Nicodème. Ici les moissons viennent juste d'être terminées. Joseph décide de distribuer à chacune des soixante deux familles de paysans sous ses ordres beaucoup plus de blé que ses champs ne peuvent en produire. Son vieil intendant est incrédule. Pourtant le miracle s'accomplit. « C'est le Seigneur qui a agi. Il a lu dans mon cœur et Il y a vu deux désirs : le premier était de vous amener à ma propre foi. Le second était de donner tant, tant, tant à mes frères malheureux. Dieu a consenti à mes désirs … » 408.4 témoigne Joseph. Jésus apparaît à cet instant, louant Joseph pour sa charité et pour sa foi. Et c'est tout naturellement le thème de la foi que Jésus retient pour son enseignement. « En vérité, en vérité je vous dis que si l'homme avait foi dans le Seigneur, et s'il agissait pour un juste motif, les montagnes elles-mêmes, enracinées dans le sol par leurs viscères de roches, ne pourraient résister et, sur l'ordre de celui qui a foi dans le Seigneur, elles se déplaceraient » 408.6 . Puis, un peu plus loin dans son message, le Christ insiste à nouveau sur la puissance de la foi : « Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde (...) vous pourriez tous même dire à ce mûrier puissant qui ombrage le puits de Joseph : "Déracine-toi et transplante-toi dans les flots de la mer" » 408.6 . La première de ces deux affirmations, réunies ici de façon naturelle, crédible et convaincante, sera évoquée à nouveau par Jésus le mardi avant la Passion . Jésus passe le sabbat dans la maison de Joseph. L'arrivée inopinée du synhédriste Jean de Gahas interrompt leur repos. « Mon ami Jean ? ! Comment est-il ici si le sabbat n'est pas fini ? ! » 409.1 s'exclame Joseph. « C'est vrai. J'ai violé la loi du Sabbat. Et j'ai péché, sachant que je péchais. Il est donc grand mon péché… Et grand sera le sacrifice que je consommerai pour être pardonné » 409.1 avoue Jean. Il annonce à Joseph stupéfié que son épouse Anne veut le quitter. Ayant appris par des disciples que le Maître passerait chez Joseph, il s'est décidé à venir Lui demander conseil. Jésus s'approche et Jean supplie : « J'ai péché contre Dieu et contre ma chair jumelle. Et de péché en péché, j'en suis venu à violer la loi du sabbat. Absous-moi, Maître » 409.3 . « La loi du sabbat ! Grande et sainte loi ! » lui répond Jésus, « Mais pourquoi la places-tu avant le premier des commandements ? » 409.3 . Il s'en suit un admirable dialogue sur l'institution du mariage. Jésus entraîne le synhédriste dans un examen de conscience sans concession, à l'issue duquel Il lui déclare : « C'est de cela, pas d'une fin de sabbat violée, que tu dois te tourmenter ! » 409.5 . FOOTNOTES : Selon Lc 17,5-6 et partiellement Mt 17,20. : Voir MV 594.3 ; Mt 21,21 et Mc 11,22-23.
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Troisième année de vie publique
Le retour à Jérusalem pour la Pentecôte
La traversée de la plaine de Saron se fait sous la canicule en ce dimanche matin . Judas, repris par ses démons, est à nouveau odieux avec ses compagnons, mais chacun s'efforce à sa façon de garder son calme. Quel contraste désormais entre les progrès accomplis par les onze vers la sainteté, et l'emprise progressive de Satan sur Judas ! Ils poursuivent leur marche sous une chaleur accablante. Le Seigneur ordonne la pause : « Tu vois cette maisonnette ? Allons-y car le soleil est trop fort. Ce soir nous reprendrons la marche. Il faut se hâter pour le retour à Jérusalem car la Pentecôte est toute proche ». La suite du récit, bien qu'elle s'insère correctement ici, peut à nouveau surprendre par quelques aspects : c'est qu'elle provient d'une vision reçue en 1944, deux ans donc avant celles qui l'encadrent, datées de 1946. Ainsi Maria Valtorta ne semble pas encore connaître Barthélémy, quand elle écrit : « Un des plus âgés, qu'Il appelle Barthélemy » 411.2 . Et quand elle écrit : « Simon aussi est très âgé, et c'est lui qui se plaignait des rhumatismes » 411.3 , elle n'évoque peut-être pas, comme on pourrait le croire, une conversation du chapitre précédent (en MV 410.4 reçu le 5/4/1946), mais bien plutôt une autre occasion où Simon se plaint aussi de ses douleurs, (en MV 361.3, vision du 17/9/1944). Mais revenons au récit proprement dit. Durant la pause, Jésus enseigne les apôtres, selon son habitude. Une fois de plus Il leur rappelle que « ce n'est pas en paroles, mais en actes, que l'on doit montrer sa reconnaissance » 411.1 . Aux paysans en train de moissonner, Il conseille simplement : « Rappelez-vous le précepte du Deutéronome » 411.1 . Cette parole semble sans doute énigmatique de nos jours. Mais alors, chacun comprenait bien que le rabbi Nazaréen leur conseillait de laisser quelques épis pour les glaneurs, selon le précepte du Deutéronome(Dt 24,19). Et Jésus d'ajouter : « Dieu bénit ceux qui sont généreux. Donner vaut mieux que recevoir parce que cela oblige Dieu qui est juste à donner une récompense plus copieuse à celui qui a eu pitié » 411.1 .Cette parole n'apparaît pas dans les évangiles. Mais saint Paul la cite comme venant du Christ : « Se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit Lui-même : "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir " » . Joignant le geste à la parole, Jésus commence à glaner le long des champs, à l'intention d'une misérable petite vieille dont Il a pitié. Pour elle, Il réalise même un miracle discret, qui n'échappe pas à la vigilance de Jean : « Mais, Maître… Tu fais un miracle ? Il n'est pas possible que tu en trouves tant ! » « Chut ! C'est pour la petite mère… en pensant à la mienne et à la tienne » 411.5 . Malgré leur marche forcée, et les raccourcis à travers les monts de Judée, le lundi 7 mai en fin de matinée ils n'ont pas encore atteint Jérusalem. « La marche continue, malgré la chaleur du milieu du jour » 412.4 constate Maria Valtorta. Et c'est seulement le mardi matin que dès leur arrivée dans la ville Sainte, ils se rendent au Temple pour y prier. La venue de Jésus suscite quolibets et persiflages de la part des notables, mais de nombreux pèlerins s'approchent pour apporter leur soutien, et supplient le Maître de leur parler. « Comme l'argile est dans la main du potier, ainsi tu es, ô Israël, dans les mains de Dieu » 413.3 déclare Jésus, commentant le prophète Jérémie . Les gardes du Temple, envoyés par les scribes, tentent d'expulser Jésus. Mais le tumulte attire les soldats romains de l'Antonia. Leur officier s'informe « Par Mars invaincu ! Parlez, vous … » « Ils voulaient imposer silence au Rabbi Galiléen. Ils voulaient le chasser, peut-être le prendre … » « Au Galiléen ? Non licet. C'est dans la langue de Rome que je vous dis la parole du décollé (...) la Louve sait les mettre en pièces (...) Rome seule a le droit de juger » 413.3 . Une fois le calme rétabli, le synhédriste Helchias entame un dialogue mielleux avec Jésus, à l'issue duquel il L'invite avec les apôtres à un banquet dans sa demeure. Une exégèse rigoureuse et impartiale de ce chapitre fournirait certainement plusieurs arguments en faveur de l'origine surnaturelle des visions de Maria Valtorta, tant il surabonde d'éléments que la mystique ne pouvait en aucun cas imaginer de sa propre initiative... C'est donc chez Helchias ben Phiabi que se déroule le repas rapporté par Luc (Lc 11,37-53). L'hôte commence par tendre un piège pour empêcher Jésus et les siens de faire les ablutions rituelles : « Je te prie, Maître, d'entrer dans la salle du banquet pendant que je me retire un moment car je dois parler avec mes amis » 414.2 . Les scribes présents (en particulier Simon Boétos) assaillent Jésus de questions, réclamant hypocritement des signes qui prouveraient qu'Il est le Messie attendu. Jésus leur annonce que le signe suprême sera sa résurrection. « Ne blasphème pas, ô Galiléen, et ne mens pas ! » « Je ne fais que rendre honneur à Dieu et dire la vérité. Et avec Sophonie je te dis : " Attends-moi à ma résurrection " » 414.3 . Les questions pharisaïques se suivent, perfides, insidieuses. Mais Jésus ne se laisse pas impressionner et commence ses invectives, telles que l'évangéliste les a relatées. Sous la plume de Maria Valtorta, elles apparaissent encore plus percutantes. C'est seulement après le départ de Jésus et des apôtres que les pharisiens retrouvent à nouveau leur audace : « Il faut le poursuivre, le prendre en défaut, trouver des objets d'accusation ! Il faut le tuer ! » 414.11 . Après tant de haine et tant de fatigues, Jésus va chercher un peu de réconfort à Béthanie où Il arrive en fin d'après-midi. Lazare et ses sœurs espèrent qu'Il va rester avec eux quelques jours. Mais désormais le Sauveur doit aller de villes en villes pour échapper à ses poursuivants. « La mesure de la haine pharisaïque est comble… et il n'y aura plus de trêve » 415.2 . Et à Marthe qui essaie de Le retenir, Jésus répond : « N'insiste pas, Marthe. L'aube ne sera pas encore arrivée qu'ils me chercheront ici, au Gethsémani, chez Jeanne, dans toute maison hospitalière. Mais, à l'aube, je serai déjà loin » 415.4 . FOOTNOTES : Cinquante quatre kilomètres à vol d'oiseau séparent les terres de Joseph de Jérusalem. Ils n'ont pu marcher que quelques heures en soirée, puisque la lune n'est pas encore à son premier quartier. Il leur faut donc aussi marcher de jour pour atteindre Jérusalem à temps. : A la date de cette vision (27/09/1944), Maria Valtorta ne connaît pas encore Philippe, ni Barthélémy. La vision de leur première rencontre (MV 50.5) a eu lieu le 15/10/1944. : Ce précepte, déjà donné en MV 298.5, sera repris par saint Jacques (Jc 2,14-26). : Voir Actes 20,35. Voir aussi MV 547.2 et MV 596.17 sur le même sujet. : Voir Jérémie 18,4-12. : Mars Invictus : appellation peu répandue, mais attestée par un temple à Rome, et par quelques autres traces historiques (monnaies, stèles...). Encore une connaissance rare de Maria Valtorta ! : Non licet : « Il ne t'est pas permis », c'est la parole du Baptiste à Hérode dont il fut question en MV 348.3. : La Louve , symbole de Rome, qui avait retiré le jus gladii (droit de vie ou de mort) au sanhédrin au moment de la déposition d'Archélaus par Coponius. : Il s'agit du pharisien et synhédriste Helchias ben Phiabi, connu des historiens, gardien du trésor du Temple et déjà entr'aperçu en MV 378.3. : Est-ce cela qu'il faut comprendre de Sophonie 3, 8, généralement traduit : « Attendez-moi au jour où je me lèverai en témoin (pour toujours) ! » ? : C'est aussi ce qui ressort à la fin du paragraphe de Luc (Lc 11,53) : « ...et les pharisiens se mirent à s'acharner contre Lui... »
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Troisième année de vie publique
La conversion de Zachée
Pour se rendre à Jéricho, sa prochaine destination, Jésus fait un large détour par Téqoa, afin de brouiller les pistes . Ils vont se déplacer autant que possible de nuit... Le vendredi 11 mai, un peu avant d'atteindre Jéricho, Jésus guérit de ses infirmités un mendiant samaritain. Ils se rendent ensuite chez Nike, qui va les héberger durant le sabbat. Le mardi matin, la place du marché de Jéricho est animée. Zachée, le gabeleur, y tient son comptoir. Il interroge Zacharie, un lépreux guéri miraculeusement par « l e Nazaréen » à Jérusalem . C'est un aveugle, lui aussi miraculé qui lui avait conseillé de crier « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » si d'aventure le Messie passait un jour près de lui. Alors que Zachée médite, des cris d'enfants retentissent : « Voici, voici le Nazaréen ! » 417.4 . La suite nous est déjà connue grâce à saint Luc (Lc 19,01-10), qui a toutefois placé dans son évangile l'événement juste avant la Passion. Dans une dictée , Jésus commente la conversion de Zachée. « Zachée, dégoûté du monde et de la chair, comme il était dégoûté du caractère mesquin des pratiques pharisaïques si vétilleuses, intransigeantes pour les autres, trop complaisantes pour eux, aima ce petit trésor d'une de mes paroles, arrivé à lui par pur hasard, humainement parlant. Il l'aima comme la chose la plus belle que sa vie de quarante années eût possédé et, de ce moment, il polarisa son cœur et sa pensée sur ce point » 417.8 . FOOTNOTES : Deux visions reçues en mai et en juillet 1944 viennent s'insérer ici, entre celles de 1946. Maria Valtorta écrit : « Ne connaissant pas du tout la Palestine, je ne puis dire quelle région c'est » 416.1 . Cependant les événements qu'elle décrit s'insèrent une fois de plus parfaitement dans la chronologie. : Quand Jésus l'avait guéri, en mars 28 (Voir MV 199.4), on ignorait encore son nom. : Il pourrait s'agir de l'aveugle de Césarée, guéri à Capharnaüm au début du ministère de Jésus, en mai 27 (Voir MV 58.7) ?
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Troisième année de vie publique
A Joppé Jésus exhorte Judas et enseigne des gentils
Dans la soirée du jeudi 3 mai, c'est à Joppé que nous les retrouvons. Jésus y exhorte une nouvelle fois Judas à la conversion, mais toujours en vain. Il évoque alors la mère de Judas : « Ta mère, la dernière fois que nous sommes passés par Kériot n'en finissait pas de me bénir » 406.4 . Cette phrase n'est pas aussi anodine qu'il paraît. Elle a été écrite le 20 septembre 1944, un an et demi avant l'épisode qu'elle évoque, relatant le second passage de Jésus à Kérioth(MV 394), et qui fut rédigé, lui, le 27 février 1946 ! C'est donc un nouvel indice de l'authenticité des visions de Maria Valtorta, car comment aurait-elle pu, de sa propre initiative, mentionner en 1944 le souvenir d'un épisode qu'elle n'écrira qu'en 1946 ? Des gentils venus des colonies romaines de Grèce demandent à rencontrer Jésus. « Les paroles que tu as dites sont arrivées à Éphèse » 406.9 , expliquent-ils à Jésus. Effectivement nous savons déjà par Noémie et par son fils Jean que plusieurs habitants d'Ephèse y ont rapporté les paroles de Jésus . Ici encore, les gentils font référence, dans une vision de 1944, à un fait qui ne sera reçu par la voyante qu'en 1946 ! Mais la discussion avec les gentils réserve bien d'autres surprises à ceux qui en feront une lecture attentive... J'évoquerai simplement la connaissance pertinente de la philosophie platonicienne, à l'aide de trois exemples : « Socrate, contrairement à ce que nous de Rome croyons, et contrairement aussi à ce que croient vos sadducéens, admet et soutient que l'homme a une âme et qu'elle est immortelle » 406.9 . « Ton philosophe dit qu'il est cher aux dieux celui qui est saint » 406.11 . « Socrate dit aussi que celui qui est saint aime à faire des choses agréables aux dieux » 406.11 Jésus rend hommage à Socrate : « En vérité je te dis que le maître grec, tout en étant dans l'erreur d'une religion qui n'est pas vraie, était dans la vérité en disant l'âme immortelle. En quête du Vrai et pratiquant la Vertu, il sentait au fond de son esprit murmurer la Voix du Dieu inconnu, du Vrai Dieu, du Dieu Unique » 406.9 . FOOTNOTES : Plusieurs détails montrent qu'il s'agit des parents du futur disciple Timothée (Actes 16,1). : Voir MV 364.3 et MV 365.8, visions reçues en début janvier 1946. : Affirmations doublement exactes. Platon, dans le dialogue du Phédon rapporte même que ce fut le thème de son dernier dialogue, le jour où il but la ciguë. Et Flavius Josèphe ( Histoires 18,2 ; Guerre des Juifs 2,165‐166 ; Antiquités Juives 18,173) confirme cette croyance des sadducéens. : C'est ce qu'on peut lire dans l' Euthyphron de Platon § 10a où Socrate disserte sur « Le saint est-il aimé des dieux parce qu'il est saint, ou est-il saint parce qu'il est aimé des dieux ? » : Op. cit. § 9d, Socrate déclare: « ce qui est agréable à tous les dieux est saint ».
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Seconde année de vie publique
Le sermon sur la montagne. Le vendredi
Quand Maria Valtorta se fie à ses impressions personnelles, elle est parfois trompée par la précocité du printemps en Galilée. Ainsi, en cette « matinée splendide » du 18 février (le 5 Adar), observant les blés « à peine teintés d'or pâle à la cime des épis », et les arbres fruitiers « tout habillés de pétales », il lui semble que ce soit une période « exactement entre mars et avril » 174.1 . Par contre il faut souligner ici la parfaite similitude de ces descriptions avec celles données lors de l'Annonciation, datée justement durant la même période de l'année : le 21/25 février -5 . Jésus soulage les corps et les cœurs des nombreux nécessiteux présents. Il poursuit ensuite son enseignement des jours précédents. Durant cette dernière journée, Il aborde la question du choix nécessaire entre le Bien et le Mal. « Personne ne peut servir deux maîtres dont la pensée est différente. S'il aime l'un, il haïra l'autre et réciproquement. Vous ne pouvez appartenir également à Dieu et à Mammon » 174.8 . On ne peut plus s'étonner que Matthieu ait rapporté cette parole durant le sermon sur la montagne, tandis que Luc la mentionne à l'occasion de la parabole de l'intendant malhonnête (Mt 6,24 et Lc 16,13), car Maria Valtorta nous montre que Jésus reprit effectivement ce thème plusieurs fois , et spécialement en cette autre occasion. Il dit alors : « Personne ne peut servir deux maîtres. Car il appartiendra à l'un ou à l'autre, ou bien il haïra l'un ou l'autre. Les deux maîtres que l'homme peut choisir sont Dieu ou Mammon. Mais si vous voulez appartenir au premier, vous ne pouvez revêtir les uniformes, écouter la voix, employer les moyens du second » 381.5 . Cet enseignement marqua profondément les apôtres, car lorsque la conduite de Judas devint insupportable, ils s'interrogèrent : « Ne penses-tu pas que lui, dès maintenant, sert déjà deux maîtres ? » 520.3 . Et Judas lui-même, quelques jours avant sa trahison, dit par provocation à ses compagnons : « Maintenant j'ai deux maîtres au lieu d'un. .. » 582.5 . Poursuivant son enseignement, Jésus met en garde contre les tentations : « Surveillez-vous attentivement contre toutes les tentations. Être tenté n'est pas un mal. C'est par la lutte que l'athlète prépare la victoire » 174.10 . Alors qu'Il recommande la miséricorde envers ceux qui ont péché, Jésus est brusquement interrompu par l'arrivée de Marie Madeleine venue par provocation. Le moment de stupeur passé, Jésus poursuit, sans prêter attention à la perturbatrice. A nouveau Il s'emporte contre l'hypocrisie des scribes et des pharisiens « qui sont sévères avec tout le monde, mais pas avec eux-mêmes » 174.13 . C'est à ce moment que sont prononcées les malédictions rapportées par Luc (Lc ,24-26). Placées juste après les béatitudes, et présentes uniquement chez Luc, elles ont toujours intrigué les commentateurs. Ici, elles s'intègrent naturellement dans la logique du discours. Il en est de même les paroles très sévères qui suivent, condamnant l'adultère , et qui trouvent leur motivation alors par la présence arrogante de Marie Madeleine et de ses compagnons de débauche. Cette deuxième interruption, après celle du scribe la veille, décide le Messie à quitter le mont des Béatitudes. « Je ne puis permettre que la parole de Dieu soit exposée au mépris des païens ... » 174.15 confie-t-Il à Pierre. Il ajoute ensuite « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens , ceci pour maintenant et pour plus tard » 174.20 énonçant ainsi un de ses préceptes plusieurs fois répétés, de ne pas donner ses perles aux pourceaux. Avant de redescendre vers le lac et de rentrer à Capharnaüm, Jésus veut poursuivre son enseignement sur l'adultère. Matthieu a rapporté cette partie du discours (Mt 7,1-6 et Mt 24-29), de même que Luc (Lc 6,37.41-42.46-49). C'est ensuite, quand ils regagnent la plaine de Génésareth en passant par les gorges d'Arbel qu'a lieu la guérison du lépreux telle que la relate Matthieu . Une dernière remarque sur ce chapitre : il présente aussi la particularité d'avoir été reçu en deux visions distinctes, à plus de huit mois d'intervalle. L'irruption provocatrice de Marie Madeleine a été rapportée le 12 août 1944, tandis que le discours qui précède et qui suit cette interruption date du 29 mai 1945. Pourtant les deux récits s'enchainent si harmonieusement qu'il serait difficile d'imaginer qu'une année sépare leurs rédactions, si Maria Valtorta n'avait pas donné la description détaillée du site, et montré son hésitation à identifier certains apôtres dans sa vision du 12 août 1944 . FOOTNOTES : Ces observations peuvent être mises au crédit de la véracité de ses visions. En effet à aucun moment Maria Valtorta ne se soucie des dates exactes de ce qu'elle observe, pas plus qu'elle ne cherche à vérifier la cohérence de son récit comme le ferait pourtant tout romancier. La Pâque, (évoquée deux jours avant par Ismaël), aura lieu dans plus d'un mois et demi. Il est donc « impossible » que ce soit maintenant « une période entre mars et avril » ! : Voir précédemment, au chapitre « L'Annonciation ». : La première fois, c'était sur le lac. Jésus avait conseillé aux apôtres : « Soyez des époux fidèles de votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir en même temps deux épouses. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos embrassements » 98.11 . : Paroles que l'on retrouve à l'identique dans Matthieu 5, 27-32. : Ce conseil, rapporté par Matthieu 7,6, est rappelé en MV 376.11 ; MV 515.1 et MV 567.20. Ainsi dès le premier siècle la coutume fut prise d'éloigner de la communion les non baptisés, selon cette formule de la Didache IX 5 : « Que personne ne mange ni ne boive de votre Eucharistie, mais seulement ceux qui sont baptisés au nom du Seigneur. Car de cela le Seigneur a dit : Ne donnez pas le Saint aux chiens ». Ce sont les termes exacts rapportés par Maria Valtorta ! : Selon Matthieu 8,1-4. D'après le récit de Maria Valtorta, cette guérison ne doit donc pas être confondue avec celle d'Abel le lépreux, selon Mc 1,40-45 et Lc 5,12-16. : Un fois ces visions remises dans l'ordre chronologique des événements, la description du paysage apparaît de façon inattendue au cœur du récit. De même il apparaît surprenant qu'alors Maria Valtorta ne reconnaisse pas certains apôtres. « Je vois Pierre et André, Jean et Jacques, et j'entends qu'on appelle les deux autres Nathanaël et Philippe » 174.11 . (La vision de la rencontre avec Nathanaël et Philippe a eut lieu deux mois plus tard le 13/10/1944). De tels détails sont bien sûr à mettre au crédit de l'authenticité des visions de Maria Valtorta.
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Seconde année de vie publique
Deux paraboles sur le Royaume des cieux
Un moment après, à son auditoire qui doute que Marie puisse un jour revenir au Bien, Jésus explique qu'Il jette dans les âmes sa parole, qui telle une semence travaille ensuite en secret. Pour illustrer son propos, Il donne la parabole de la semence qui pousse d'elle-même (Selon Mc 4,26-29). Et Matthieu témoigne qu'il en fut ainsi pour lui : « ... quand au lieu d'une insulte, c'est une caresse qui arrive, on reste stupéfait, puis on pleure... et, quand on pleure, l'armature du péché se déboulonne et tombe. On reste nu devant la Bonté et on la supplie de tout cœur de nous revêtir d'Elle-même » 184.5 . D'autres personnes s'étant approchées pour L'entendre, Jésus poursuit son enseignement sur le même thème. L'amour, c'est la semence qui permet d'obtenir le Royaume de Dieu. « C'est à son ombre que naissent toutes les autres vertus. Je le comparerai à une minuscule graine de sénevé. » 184.8 . Et c'est à ce moment que Jésus raconte la parabole de la graine de sénevé . Puis il conclut : « Le Royaume des Cieux, dont vous serez les possesseurs si vous vivez en justes, se construit avec les petites réalités de chaque jour. Avec la bonté, la modération, la patience ... » 184.8 . FOOTNOTES : Cette parabole est rapportée par Matthieu 13, 31-32 ; Marc 4,30-32 ; et Luc 13,18-18. La version donnée par Maria Valtorta diffère un peu de celles délivrées par les synoptiques. Elle semble plus r éaliste , puisque le sénevé est une plante, et ne dépasse guère, aux dires des botanistes, 1m20 à 1m50. Là où les évangélistes disent : « devient un arbre » et parlent de « branches », Maria Valtorta évoque simplement un « perchoir » et des « rameaux », ce qui correspond mieux à la description de cette plante. En 1986 J. Carmignac a démontré qu'il suffirait d'une écriture serrée sur un manuscrit en hébreu, pour que les traductions grecques aient dévié du sens original « produit des rameaux », en devenant « devient un arbre ». Il valida ainsi sans le savoir le texte de Maria Valtorta !
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Seconde année de vie publique
Les deux démoniaques géraséniens
Le jeudi 16 mars 28 , le groupe apostolique débute le voyage pascal. Ils ont traversé le lac et débarquent près d'Hippos. Mais Jésus qui, semble-t-il, a prévu d'utiliser les barques jusqu'au sud du lac, à (Cf. http://www.maria-valtorta.org/Lavere/Seneve.htm ) Tarichée, demande aux garçons d'attendre sur place. Ils passent par un sentier abrupt pour atteindre le plateau, et doivent s'approcher d'un troupeau de porcs. Les apôtres ont bien du mal à vaincre leur répugnance presque viscérale envers ces animaux impurs et leurs gardiens. C'est l'occasion pour Jésus de leur affirmer : « S'ils sont honnêtes, quelle différence y aura-t-il dans l'autre vie entre eux et le scribe penché sur ses livres et qui malheureusement n'y apprend pas la bonté ? En vérité je vous dis que nous verrons des gardiens de porcs parmi les justes et des scribes parmi les injustes » 186.4 . Soudain deux hommes surgissent et s'approchent d'eux. Le témoignage de Maria Valtorta est très proche de celui de l'évangéliste Marc, au détail près du nombre de possédés. Les apôtres constatant l'effet dévastateur de la fuite des démons dans le troupeau de porcs, Jésus affirme : « Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu'un seul homme » 186.6 . Le premier possédé, Démétrius, est le fils d'un marchand païen de Sidon. Le second, Marc de Josias , est juif. Il demande à suivre Jésus, mais le Seigneur l'envoie d'abord témoigner chez les siens, autour de Gérasa. Les douze et Jésus, remontant dans les barques, mettent cap au sud. Ils accostent à Tarichée, mais au lieu de poursuivre plein sud vers Jérusalem, ils bifurquent en direction du mont Thabor et de la plaine d'Esdrelon. Jésus justifie cet étrange trajet : « Pour Moi, je m'en serais allé et même seul par la route ordinaire et rien ne me serait arrivé, car ce n'est pas l'heure. Mais j'ai pitié de vous, mais j'obéis à ma Mère et, oui, même cela, mais je ne veux pas blesser le pharisien Simon » 187.3 . Ils vont marcher pendant environ vingt-cinq kilomètres, et faire halte sur les pentes du mont Thabor. Reprenant la route le lendemain matin, vendredi 17 mars, ils font un bref détour vers Endor, à la demande de Judas, qui souhaite visiter l'antre de la pythonisse . Cette visite est l'occasion pour Jésus de rappeler l'interdiction de certaines pratiques propres à tuer l'âme : « Celui qui n'obéit pas à la voix du Seigneur perd le Seigneur. Et le Seigneur a défendu l'occultisme, la nécromancie, le satanisme sous toutes ses formes » 188.6 . C'est là aussi qu'a lieu la rencontre avec Félix, « l'homme d'Endor », un ancien pédagogue devenu meurtrier, puis forçat évadé, que Jésus accueille comme nouveau disciple, en le nommant désormais Jean. « Un nom qui m'est cher : Jean. Car tu es la grâce que fait le Seigneur » 188.7 . Sachant que cette présence dans le groupe va troubler quelques apôtres et révolter Judas, Jésus les met en garde d'une façon exceptionnelle : « Je vous ordonne, cela je vous l'ordonne, d'être bons avec lui et de ne pas parler de son passé à qui que ce soit. Qui parlerait ou qui manquerait de charité pour le frère racheté, se verrait à l'instant repoussé par Moi » 188.7 . La présence du rabbi nazaréen ne passe pas inaperçue à Endor, et quelques habitants décident de le suivre sur la route qui mène à Naïm toute proche. FOOTNOTES : Cette date est fixée par tous les événements qui suivent, au jour le jour, jusqu'à la Pâque. : Il s'agit de deux aides anonymes et discrets au service de Zébédée. Ils interviennent régulièrement sur le lac et leur existence est attestée par Marc 1,20. : Matthieu 8, 28-34 lui aussi indique deux hommes, tandis que Marc 5, 1-20 et Luc 8, 26-3 n'en mentionnent qu'un seul (passant peut-être sous silence la présence du païen ?) : Selon Maria Valtorta, Marc de Josias, un temps disciple, fit défection après le discours sur le pain de Vie, puis se convertit à nouveau. On peut retrouver une trace historique de ce disciple, distinct de Marc l'évangéliste, dans un texte du 3e siècle, le traité sur les 70 disciples , attribué à saint Hippolyte. : Ce parcours inattendu, depuis Capharnaüm, permet de rassurer les apôtres (MV 187.2) ; de déjouer la tentative de guet-apens éventuel que le pharisien Simon avait évoquée à Pierre (MV 182.1) ; et de respecter le souhait de Marie (MV 180.7). : Comme évoqué par exemple dans 1 Samuel 28,3-25 ; 1 Chroniques 10,13-14 ; Ecclésiastique 46,20... : Cette interdiction est indiquée dans Lévitique 19,26-31 ; 20,6-27; Deutéronome 18,9-14 ; Jésus y reviendra en MV 503.7. : Jean , du grec Iôannês, et de l'hébreu YoHanan signifie effectivement « l'Éternel a fait grâce ».
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Seconde année de vie publique
La résurrection du fils de la veuve
C'est en arrivant devant la porte de la cité, comme le précise Luc dans son récit (Lc 7,11-16), qui Jésus aperçoit un cortège funèbre. Observant l'abondance de fleurs, mais l'absence de myrtes sur la litière mortuaire, les apôtres en concluent qu'il s'agit sûrement d'un jeune garçon . Tous sont fortement émus par le chagrin de la mère : « C'est mon fils unique ! Pourquoi la mort pour lui, pour lui qui était bon et qui m'était si cher, ma joie de veuve ? Pourquoi ? » 189.2 . En général, avant d'accomplir un miracle, Jésus sollicite de la part du demandeur un acte de foi. Mais ici, pour accomplir son premier rappel d'un mort à la vie, il n'exige rien de tel ! En voyant la mère éplorée, « le Seigneur eut pitié d'elle » nous indique simplement Luc. Maria Valtorta nous éclaire d'avantage, en nous rapportant un bref et émouvant dialogue : « Pourquoi pleures-tu, Seigneur ? (...) Je pense à ma Mère » 189.4 . Au Calvaire, Jésus ne pourra en effet apporter aucun réconfort à Marie, veuve elle aussi, et elle verra mourir son fils unique... Malgré l'insistance du chef de la synagogue, Jésus ne s'attarde pas à Naïm. « Dans quelques heures, ce sera le crépuscule et c'est vendredi ». « Justement je dois, avant le crépuscule, avoir achevé mon étape » 189.5 . C'est qu'en effet Jésus veut passer la pause sabbatique avec les pauvres paysans de Doras, dans la plaine d'Esdrelon. Ils ont encore dix à douze kilomètres à parcourir avant le soir. Mais avant de repartir, Jésus promet : « Je viendrai certainement une autre fois et je resterai avec toi à Naïm plusieurs jours » 189.5 . FOOTNOTES : Le dictionnaire des antiquités grecques de Daremberg et Saglio mentionne la coutume courante en Grèce d'offrir aux morts des roses, des lys et du myrte. Le poète Horace ( Odes livre 2) et l'épicurien Tibulle ( Elégies 1 v66) évoquent l'usage du myrte : cette fleur dédiée à Vénus (d'où certainement son usage réservé pour les filles ?) est aussi la fleur des morts, et permet de faire le lien entre l'amour et la mort. : Promesse qui s'accomplira effectivement neuf mois plus tard (Voir MV 300.1-9).
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Seconde année de vie publique
La parabole du riche et de Lazare
C'est effectivement au crépuscule qu'ils atteignent leur but, au terme de cette nouvelle étape d'environ vingt-cinq kilomètres. La rencontre avec les paysans de Yochanan est des plus chaleureuse. Depuis le précédent passage de Jésus, en septembre, leur sort a été quelque peu amélioré. Leur maître en effet a fortement été impressionné par la dévastation des champs de son voisin Doras, à la suite de la malédiction prononcée par Jésus . Les paysans pourront même fêter la Pâque à Jérusalem. « Il ne nous a donné que six jours (...) mais nous courrons pour faire la route » 190.1 . En l'absence des maîtres, déjà partis à Jérusalem, Jésus pourra donc passer le sabbat avec ses pauvres amis et leur compléter son enseignement. « Nous parlons de Toi, avec ce que nous avons appris par Jonas, par Isaac qui vient souvent nous trouver, et par ton discours de Tisri » 190.3 . Grâce à la générosité du nouveau disciple, tous peuvent être restaurés : « Remerciez cet homme, dit Jésus en leur indiquant l'homme d'Endor. C'est lui qui vous a procuré l'agneau » 191.2 . Parmi eux se trouve Jabé (Yabesh) , un jeune orphelin que tous, et Pierre spécialement, prennent en pitié. Jésus propose : « Enfant, viendrais-tu avec Moi ? » « Oui, mon Seigneur, et je ne te causerai pas de peine ». « C'est dit » 191.3 . La présence de tous ces miséreux, sur les terres de puissants synhédristes inspire à Jésus sa parabole, rapportée par Luc (Lc 16,19-31). En substance, le texte de Maria Valtorta ne diffère pas du message évangélique. Pourtant, en relisant et comparant attentivement ces deux écrits, on pourrait aisément imaginer que Luc se soit inspiré du texte de Maria Valtorta, tant son texte semble résumer celui de la mystique italienne ! FOOTNOTES : Constatant l'état des lieux, Simon le zélote murmure : « Il a la main lourde, le Dieu du Sinaï » 190.2 , faisant ainsi mémoire de la condamnation par Jésus en MV 109.12, et de la mort de Doras en MV 126.10. Jésus lui avait dit alors : « Je te remets au Dieu du Sinaï ». L'expression avait frappé les esprits, puisque le fils de Doras en fera un blasphème pendant la Passion, en MV 609.9 : « "Je te confie au Dieu de Sinaï" disais-tu ? Maintenant le Dieu du Sinaï te prépare au feu éternel ». Cet exemple illustre bien l'extrême cohérence du texte de Maria Valtorta ! (Voir précédemment le paragraphe Chez Doras. La mort de Jonas ). : Partis le mardi à l'aube pour une marche de 105 km, et arrivés à Jérusalem le jeudi soir (MV 198.5), ils repartiront "en char" de Béthanie le mercredi après midi (MV 205.1 et MV 206.1), (suite page suivante...) : Jonas, c'est le berger martyrisé par Doras ; Isaac l'infatigable disciple berger ; et Tishri, effectivement le mois du précédent passage de Jésus, en MV 109.5. : Il faudra attendre la fin de l'œuvre pour découvrir que cet enfant deviendra le futur évangélisateur des Gaules, saint Martial !
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Seconde année de vie publique
En allant d'Esdrelon à Jérusalem
Du lundi 20 mars au vendredi 24 mars, le groupe apostolique, accompagné de Jean d'Endor et du petit Jabé reprend la marche vers Jérusalem. Maria Valtorta nous décrit ce pèlerinage pascal au jour le jour, tandis qu'aucun évangéliste ne semble y faire allusion. La première étape, de vingt-cinq kilomètres environ, les mènent à Engannim en passant par Megiddo. Au terme de cette étape, ils rencontrent l'escorte de Claudia Procula, la femme de Pilate, qui se rend de Césarée à Jérusalem. Le centurion Publius Quintilianus confirme la bienveillance de Rome envers Jésus, bienveillance due peut-être à l'intérêt grandissant de Claudia pour le rabbi de pour espérer être à Esdrelon le vendredi soir, soit effectivement 6 jours à Jérusalem « pour faire la Pâque », et 11 jours en tout. Nazareth : « Viens près du Prétoire. Claudia parle de Toi comme d'un grand philosophe, et c'est bon pour Toi parce que... c'est Claudia le proconsul » 192.6 . Deux jours plus tard, le mercredi soir, ils atteignent Sichem située cinquante kilomètres plus au sud. Durant ce trajet, l'instinct paternel de Pierre le fait s'attacher de plus en plus au chétif Jabé, qu'il porte souvent sur ses épaules robustes. Fatigué et tout en sueur, Pierre soupire : « Mais si Dieu nous aide, après demain soir nous serons à Jérusalem » 193.4 . Le lendemain, pendant qu'ils passent entre Silo et Béthel, au nord du territoire de Benjamin, les apôtres s'efforcent de détourner l'attention de Jabé car , nous dit Maria Valtorta, l'enfant « côtoie les collines natales sous la terre desquelles ont été ensevelis ses parents » 194.1 . Tandis qu'ils sont encore à une trentaine de kilomètres de leur but, ils aperçoivent le Temple : « Tu vois ce point brillant comme l'or ? C'est la Maison du Seigneur. C'est là que tu jureras d'obéir à la Loi » 194.2 explique Jésus à Jabé. Jésus conseille alors de hâter le pas pour dépasser Béthel, « car demain c'est la Parascève et, après le coucher du soleil, on ne peut parcourir que six stades » 194.4 . Au départ de la dernière étape le temps est à la pluie. C'est pour nous une nouvelle occasion d'apprécier l'exactitude du récit de Maria Valtorta... En effet, lorsque Jésus observe « un bel arc-en-ciel qui de Atarot se courbe sur Rama » 195.2 , c'est crédible puisque le soleil est encore à l'est-nord-est en ce vendredi matin, et c'est donc en regardant vers l'ouest-sud-ouest (c'est-à-dire vers Atarot et Rama), que l'on peut apercevoir un arc en ciel ! De même lorsqu'Il explique à Judas : « Quand nous serons à Rama, nous serons à trente-six stades de Jérusalem » 195.2 , c'est exact, puisque Rama est effectivement située à six kilomètres et demi à vol d'oiseau de Jérusalem. Mais plus surprenant encore, cette autre indication : « Nous avons déjà dépassé Atarot. Le triste vallon est franchi . (...) Cette colline qui marque le lieu de l'horrible débauche à laquelle se sont livrés les Gabaonites » 195.2 . Difficile d'imaginer que Maria Valtorta ait pu concevoir, de sa propre initiative, cette allusion à un épisode biblique particulièrement sordide s'étant déroulé en ce lieu . Et quel contraste avec son imprécision lorsque, se fiant à sa propre intuition, elle décrit ensuite « Le soleil très chaud de l'avril de Judée » 195.4 , bien qu'il reste encore plusieurs jours avant la Pâque, fin mars. FOOTNOTES : C'est à peu près dans les mêmes termes que Simon le zélote décrit Claudia en MV 393.4, un an plus tard. : Il leur reste encore une soixantaine de kilomètres à parcourir en deux jours. : Cette phrase mérite d'être soulignée, car elle recèle une connaissance rare. Un poème de Fortunat (évêque de Poitiers en 570), l'ode à saint Martial , dont on possède 3 manuscrit très anciens, outre qu'il confirme Jabé/Martial contemporain de Pierre, précise : Benjamita tribus te gessit sanguine claro . « La tribu de Benjamin te vit naître d'un sang illustre ». Comment Maria Valtorta aurait-elle pu avoir connaissance de cette information fort peu connue même en France ? : L'exactitude de cette information est justifiée dans L'Enigme Valtorta tome 1, page 115. : La parascève ou jour de la préparation , c'est la veille du sabbat puis par extension, cela désigne aussi la veille de la Pâque. Quant aux six stades, soit 1090 m, ils sont en parfaite concordance avec les deux mille amots (entre 900 et 1050 m) des préceptes rabbiniques. : Ataroth, ville du sud d'Ephraïm située à 2,5/3 km au NO de Rama n'est mentionnée qu'une seule fois dans la bible, en Josué 16, 7. : Voir Juges 19, 22-28. La bible mentionne Guibéa (ou Tell el Foul), un lieu-dit proche de Rama dont le nom signifie justement « colline » !
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Seconde année de vie publique
La Pâque de la seconde année
On ne trouve pas trace de la célébration de cette Pâque dans les Écritures, et cette absence servit d'argument à certains pour mettre en doute les trois années du ministère du Christ. Dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , plusieurs faits méritent notre attention durant cette semaine pascale. Tout d'abord il y a un bel hommage à la puissante intercession de Marie. En effet Pierre, qui depuis longtemps désire adopter un enfant , et s'est pris d'affection pour Jabé, profite d'un moment où il est seul avec Marie pour solliciter son aide. Marie s'adresse à son fils : « Tu ne lui fais pas plaisir en lui donnant un fils ? Il m'a dit toutes ses espérances, tous ses désirs... et tous tes refus » 199.8 . Jésus ne peut rien refuser à sa Mère. Il appelle Pierre en le faisant sursauter : « Viens ici, usurpateur et corrupteur ! » 199.9 . Mais bien vite Il rassure l'apôtre par un sourire : « N'abuse pas de ta victoire et ne donne pas le secret à d'autres, homme rempli de fourberie qui triomphes du Maître avec l'arme de la parole maternelle » 199.9 . Vient ensuite l'examen de majorité du jeune Jabé, (devenu Margziam), qui eut lieu le mercredi 29 mars, comme l'avait indiqué Jésus à Joseph d'Arimathie : « Le mercredi avant la Pâque. Je veux qu'il fasse sa Pâque en fils de la Loi » 197.4 . Tous se sont retrouvés comme convenu devant la Porte Dorée , à l'exception de Judas, absent . Comme ce fut le cas pour l'examen de majorité de Jésus, les deux interrogateurs sont entourés de huit témoins. L'un deux, un jeune lévite que Joseph d'Arimathie salue en lui disant « Dieu soit avec toi, Zacharie » 201.4 , deviendra six mois plus tard disciple de Jésus(Voir MV 281.11). Il est connu de l'histoire comme disciple de saint Pierre, et premier évêque de Vienne (Rhône). Maria Valtorta rapporte avec minutie les questions posées, et plusieurs détails de la cérémonie, conforme aux traditions et coutumes du judaïsme. Quand par exemple « les prêtres lui attachent au front et au bras des bandelettes de cuir » 201.5 , il s'agit bien sûr des phylactères, ces bandes de cuir contenant des passages de la Torah, et que l'on porte au bras gauche et au front. Et quand le lendemain, Maria Valtorta entend Philippe dire « Il est avec un groupe de saforim » 202.1 , il faut lire le mot hébreu sôphérim ( les scribes ), que Maria Valtorta transcrit phonétiquement. Un autre événement notable durant cette semaine, c'est l'enseignement du Notre Père aux apôtres pour, leur précise Jésus, « couronner la Pâque avec une perle rare et désirée » 203.1 . Il leur rappelle : « Un jour, et pas seulement un jour, vous m'avez dit : Apprends-nous à prier comme tu pries » 203.2 . « Vous êtes en possession de ce qui suffit pour pouvoir connaître les paroles qu'il convient de dire à Dieu. Et je veux vous les enseigner ce soir, dans la paix et l'amour qui existent entre nous, dans la paix et dans l'amour de Dieu et avec Dieu » 203.2 . C'est donc le soir même de la Pâque, dans la quiétude du jardin de Gethsémani, et au clair de lune, que le Seigneur prononce devant les onze (Judas est encore absent) la prière transmise par Matthieu (Mt 6,9-13) et Luc (Lc 11,2-4). « Notre Père qui es aux Cieux, que soit sanctifié ton Nom, que vienne ton Royaume sur la terre comme il l'est dans le Ciel, et que sur la terre comme au Ciel soit faite ta volonté. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs. Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin » 203.5 . Jésus prophétise : « C'est une prière si parfaite que les vagues des hérésies et le cours des siècles ne l'entameront pas » 203.5 . Il précise que c'est grâce à cette « prière universelle » que les églises séparées resteront « chrétiennes ». Il le rappelle en MV 221.8. Puis Il revient longuement sur chaque article de la prière, pour leur en faire saisir le sens profond. La parabole de l'ami importun , que Luc (Lc 11, 5-8) place justement immédiatement après l'enseignement du Notre Père , trouve dans le récit de Maria Valtorta tout naturellement sa place dans le commentaire de la demande « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien ». Tout comme d'ailleurs cet autre propos : « Aussi, je vous dis : Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira ... » 203.10 , que Luc (Lc 11,9-13) place lui aussi à la suite, contrairement à Matthieu (Mt 7,7-11). Avant que chacun ne rentre pour la nuit, Jésus leur fait cette ultime remarque : « C'est ma seconde Pâque au milieu de vous. L'an dernier nous avons seulement ensemble rompu le pain et partagé l'agneau. Cette année, je vous donne la prière. J'aurai d'autres dons pour mes autres Pâques parmi vous afin que, quand je serais allé là où me veut le Père, vous ayez un souvenir de Moi, l'Agneau, dans toute fête de l'agneau mosaïque » 203.12 . FOOTNOTES : Pierre avait déjà évoqué devant Jésus son désir d'un enfant, à Ptolémaïs en MV 104.5, puis à la Belle Eau en MV 132.8, et à Esdrelon en MV 191.3 mais à chaque fois il avait essuyé un refus. : Pourtant, la veille, Thomas l'avait aperçu conversant avec pharisien Sadok sur le parvis du Temple. : Pierre en MV 62.2 ; en MV 119.10 ; puis Jean en MV 149.3, pour citer les cas rapportés par Maria Valtorta.
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Seconde année de vie publique
La parabole des dix vierges
Matthieu est le seul évangéliste à relater cette parabole, qu'il a placée vers la fin de son évangile (Mt 25,1-13). Selon Maria Valtorta, cette parabole fut pourtant donnée le même jour que la parabole du fils prodigue , à Béthanie. « Le Royaume des Cieux est la maison des épousailles qui s'accomplissent entre Dieu et les âmes » 206.2 , explique le Seigneur en introduction de la parabole. Il est une autre particularité, que ne mentionne pas Matthieu : c'est l'explication très détaillée que Jésus donne de sa parabole. Peut-être la présence de cet auditoire composé uniquement de sympathisants explique-t-elle ceci. Pour conclure, Jésus donne à tous ce conseil : « Veillez donc avec prudence, avec constance, avec pureté, avec confiance pour être toujours prêts à l'appel de Dieu car en réalité vous ne savez pas quand Il viendra » 206.7 . Cette exhortation à la vigilance est rapportée deux fois par Matthieu et Luc, et aussi une fois par Marc . Ce fut l'une des premières recommandations aux apôtres (en MV 98.10). Ce sera aussi l'une des dernières (en MV 596.51). Après le départ des paysans de Giocana, l'assemblée se disperse peu à peu. Lazare s'approche du Seigneur : « Maître, avant de nous quitter , parle-nous encore... C'est ce que veulent les cœurs de Béthanie » 206.7 . Jésus accepte : « Partez, à présent. Au milieu de la première veille je vous parlerai » 206.7 . FOOTNOTES : Nous verrons (au paragraphe relatif au soir du mercredi Saint et en MV 596.51) que Jésus demande à Matthieu de dire cette parabole et quelques autres aux nombreux disciples présents alors, et qui ne les connaissent pas encore. : Voir Mt 24, 42 ; 25, 13 ; Mc 13, 35 ; Lc 12, 40 ; 21, 36. : Le départ aura lieu comme prévu le dernier jour des azymes (Cf. MV 202.4), donc le jeudi matin.
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Seconde année de vie publique
La parabole du festin nuptial
C'est maintenant le soir, et Jésus va parler pour la troisième fois de la journée. Devant un nombreux public venu l'écouter une dernière fois avant son départ, Jésus rappelle d'abord : « En vérité, en vérité je vous dis qu'il est beaucoup plus facile à un pauvre qu'à un riche d'être en Dieu ; et au Ciel de mon Père et du vôtre, beaucoup de sièges seront occupés par ceux qui sur la terre ont été méprisés, étant les plus petits, comme la poussière que l'on piétine » 206.10 . Le récit que Maria Valtorta nous donne de cette parabole reste très proche de la version transmise par Matthieu(Mt 22,1-14). Certains jugent énigmatique le verset évangélique qui clôt la parabole : « Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus ». Or, comme Il l'avait fait précédemment, Jésus commente à nouveau longuement cette dernière parabole. L'explication qu'Il fournit nous éclaire parfaitement sur le sens à donner à la conclusion de sa parabole. La nuit est maintenant tombée , et Jésus prend congé des uns et des autres. « Agenouillez-vous que je vous bénisse tous. Pierre, dis la prière que je vous ai enseignée et dis-la debout, à côté de Moi, parce que c'est ainsi que doivent la dire ceux qui sont destinés à cela par Dieu » 206.14 . FOOTNOTES : C'est aussi ce que Jésus rappellera au jeune homme riche, peu avant la Passion (en MV 576.7). : Voir par exemple le commentaire de Mt 22,14 dans la TOB, qui suggère que ce verset vise ceux qui abusent de l'invitation gratuite de Dieu, tandis que la bible d'Osty considère que ce verset concerne le peuple élu. : Maria Valtorta remarque « la soirée où manque encore la lune » ce qui est exact, puisque le mercredi 5 avril 28, la lune se lèvera après minuit.
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Seconde année de vie publique
Le pèlerinage à Bethléem
A l'aube du jeudi 6 avril, le groupe apostolique, accompagné des premières femmes disciples quitte Béthanie pour se rendre à Bethléem, puis à Bethsur, où la Vierge Marie souhaite rendre visite à Elise, une de ses anciennes compagnes du Temple. Après une prière au tombeau de Rachel, ils se rendent tous à la Grotte, en passant devant « les ruines de la Tour de David » 207.5 . Puis « Marie descend rapidement vers la Grotte, franchit le ruisseau sur une planche qui sert de pont » 207.5 . Après l'émouvante évocation par Marie elle-même de la naissance de son divin Fils, Jésus annonce : « Nous allons manger avant de partir... Où, mon Fils ? A Jala . C'est tout près. Et demain nous irons à Bétsur ... » 207.10 . Ils auront ainsi environ vingt kilomètres à parcourir le vendredi, avant le sabbat. FOOTNOTES : Encore une connaissance rare de Maria Valtorta, puisque le souvenir même de ces ruines semble aujourd'hui oublié ! David, lorsqu'il parvint au trône, s'était fait bâtir un palais à Bethléem. Les habitants des environs l'appelèrent plus tard Birath-Ârba , ou le vieux palais du roi . Il tomba en ruines après le départ des enfants de Juda en captivité (F E Chassay Histoire de la Rédemption 1850 p 130). Le célèbre docteur Sepp pensait même que la grotte de la Nativité faisait partie du palais ruiné de David ( Vie de notre Seigneur J-C tome 1 page 232). Voir aussi MV 538.4. : Il est plusieurs fois question de ce ruisseau et du pont près de la grotte : MV 73.10 ; MV 74.1 et MV 538.4. Il s'agit sans doute de l' Oued El Djemel , encore mentionné sur certains relevés topologiques de Bethléem vers 1860, mais complètement disparu depuis. : Voici un village quasi inconnu, même pas mentionné dans la bible. Aujourd'hui Beit Jala , à 1 km et demi du tombeau de Rachel et à 3 km au nord ouest de la Grotte de Bethléem.
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Seconde année de vie publique
La rencontre avec Elise
Reprenant la route en direction d'Hébron, ils passent à proximité de « trois grands bassins creusés dans la roche de la montagne, œuvre vraiment grandiose » 208.5 . Ce sont les piscines de Salomon, aujourd'hui restaurées. A proximité, Maria Valtorta remarque « un arbre couvert de grandes fleurs blanches, dont j'ignore le nom, aux énormes clochettes d'émail blanc... un arbre élevé, au tronc robuste, pas un arbuste » 208.5 . Cette description évoque très certainement le teck d'Arabie ( cordia amplifolia ), arbre de grande taille portant de grandes feuilles cordées et qui se couvre de fleurs blanches en forme de clochettes, de mai à juillet. (Et c'est pour nous un nouvel argument en faveur de l'authenticité de ces visions !). Il font la pause à proximité des vestiges des jardins de Salomon. « Nous sommes presque à mi-chemin » 208.5 précise Jésus. Repartis « vers la neuvième heure », c'est tout naturellement au crépuscule qu'ils atteignent « Betsur sur sa colline ». Là Marie apprend qu'Elise, sa compagne d'enfance est maintenant non seulement veuve, mais qu'elle vient aussi de perdre ses deux fils. Inconsolable, « elle ne veut voir personne. Elle se laisse mourir en pleurant » 208.8 . Par sa douceur et sa compassion, Marie parvient à donner un peu de réconfort à la malheureuse désespérée. Et Jésus par ses paroles de miséricorde contribue à la rasséréner. « Lévi croyait-il possible sa guérison par l'effet de ma volonté ? Oui, Seigneur, nous espérions en Toi mais... cela ne lui a pas servi... et il est mort découragé après avoir tant espéré (...) Ne dis pas que cela n'a pas servi. Celui qui croit en Moi, même s'il est mort, vivra éternellement ... » 208.10 . On peut remarquer que Jésus utilisera les mêmes paroles avec Marthe, avant la résurrection de Lazare.(voir MV 592.9 ; MV 632.34 ; MV 632.45). Le lendemain, pour le sabbat, de nombreux habitants de Bethsur se sont rassemblés pour entendre le Maître. Fortement ému par les souffrances de Margziam ou d'Elise, c'est sur ce thème que Jésus base son enseignement du jour. « Venez à Moi, vous tous qui êtes affligés, dégoûtés, qui avez le cœur blessé, qui êtes fatigués, et je partagerai votre douleur et vous donnerai la paix » 209.5 . La tâche s'avérant immense, les douze n'y suffiront pas, et Jésus annonce son intention de leur adjoindre de nombreux disciples : « J'ai décidé d'en appeler beaucoup, un nombre toujours plus grand pour que tous ceux qui ont besoin du réconfort de la connaissance de Dieu puissent l'avoir » 209.5 . Et Il fait un appel pressant à toutes les bonnes volontés : « le monde crie : "Au secours !" par la bouche des orphelins, des malades, des solitaires, de ceux qui doutent, par la bouche de ceux qu'une trahison, une cruauté font prisonniers de la rancune. Allez vers ceux qui crient ! Oubliez-vous au milieu de ceux qui sont oubliés ! Guérissez-vous au milieu des malades ! Espérez au milieu des désespérés ! » 209.7 . Jésus confie ensuite au zélote la charge de veiller sur sa Mère, qui va rester quelques jours à Bethsur, tandis que le groupe reprend sa marche à travers la Judée, pour aller comme prévu à Kérioth. La première étape les conduit vers Hébron, où les femmes disciples souhaitent visiter les lieux saints d'Israël pour « voir le tombeau d'Abraham, son arbre, et puis la tombe de Jessé » 210.3 . En effet, si le tombeau des patriarches est célèbre à Hébron, ainsi que le chêne de Mambré , on y vénérait aussi les tombeaux de Sarah, d'Isaac, de Rebecca, de Jacob, de Léa, d'Abner, de Ruth et de Jessé... Marie d'Alphée ajoute : « On dit que c'est ici l'endroit où Adam habita et où Abel fut tué » Ce qui fait grommeler Judas, encore de fort mauvaise humeur ce jour là : « Les habituelles légendes absurdes ». Jésus parvient à calmer le coléreux apôtre « exalté, violent, comme toujoursquand il a un caprice » 214.6 , en lui confirmant : « à la seconde phase de la lune de Ziv , nous serons tous chez ta mère » 210.6 . FOOTNOTES : En effet ils sont alors à 2/3 km au sud est des bassins, à 10/12 km de Bethsur et à 7/8 km de Jala. : Est-il besoin de préciser que les ruines de Bethsur sont effectivement situées au sommet d'une colline ?! : Prépare déjà l'appel rapporté par Mt 11,28 (voir MV 268 et aussi MV 453.6 ; MV 471.7 ; MV 638.13). Jésus évoque ce discours en MV 399.3. : Des traditions musulmanes des 12e et 13e siècles attestent qu'on vénérait près d'Hébron le champ d'Adam, lieu présumé du refuge d'Adam et Ève après qu'ils furent chassés du jardin d'Éden. : Ils seront donc à Kérioth entre le 18 et le 26 avril (premier quartier le 18/04/28, et pleine lune le 26/04/28. Voir MV 213.2.
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Seconde année de vie publique
L'évangélisation à Hébron, Jutta et Kérioth
L'opinion des habitants d'Hébron envers Jésus a bien évolué depuis son précédent passage, en juin 27 ! Il y est accueilli cette fois chaleureusement. Le chef de la synagogue s'approche : « Maître, mais tu n'as pas de la rancune contre nous, contre moi ? » « De la rancune ? Je ne sais pas ce que c'est et je ne vois pas pourquoi je devrais en avoir ». « L'an passé, je t'ai offensé... » « Tu as offensé l'Inconnu, te croyant en droit de le faire. Puis tu as compris et tu as regretté de l'avoir fait. Mais ceci est du passé, et comme le regret annule la faute, ainsi le présent annule le passé » 211.3 . Les malades et les infirmes s'approchent, et Jésus les guérit tous dans l'allégresse générale. Dans son discours, Il évoque le statut de ville refuge accordé à Hébron, puis, commentant la première partie de la lettre de Jérémie (Jr 2-38), Il critique la corruption des notables du Temple. « Ils sont réfractaires à l'Amour. Le feu de la Charité ne les enflamme pas, comme la Charité ne les revêt pas de ses splendeurs d'or (... ) Ils se laissent acheter par de l'argent maudit et se laissent entraîner là où l'intérêt et la puissance l'exige. Non. Ce n'est pas permis ! » 211.7 . Un dernier miracle spectaculaire déchaine l'enthousiasme des habitants qui accueillent Jésus et les siens quelques jours dans leur ville. Puis leur arrivée dans Jutta, la ville du berger Isaac, vers le jeudi 13 avril, s'effectue aussi dans la liesse générale. Plus tard, dans son enseignement, Jésus traite à nouveau de l'apostasie d'Israël, en évoquant à nouveau Jérémie (Jr 2,33-34). Ce passage, très diversement traduit dans les différentes versions bibliques , trouve ici une formulation très convaincante : « Pourquoi essaies-tu de faire valoir l'honnêteté de ta conduite pour chercher l'amour, toi qui, au contraire, enseignes la perversion et tes manières d'agir et dont les pans de ton vêtement comportent le sang des pauvres et des innocents ? » 212.6 . Jésus et les siens vont passer une semaine à Jutta et dans les environs. Nous les retrouvons durant le sabbat du 22 avril dans la synagogue de Kérioth. Il vont également séjourner plusieurs jours dans le fief de Judas, et c'est là que Jésus annonce : « C'est d'ici que je veux que commence le contact direct entre les apôtres et le peuple » 213.1 . C'est donc là que va commencer concrètement le ministère apostolique. A défaut d'enseignement, Jésus laisse aux habitants de Kérioth une prophétie sur sa future Passion : « Et il viendra un temps où (...) un infâme, complotant d'être lui le Pontife, ira trouver les puissants d'Israël et les corrompra (...) de paroles mensongères et, en même temps, déformera la réalité des faits » 213.3 . C'est le dimanche soir, 23 avril, pendant qu'ils sont tous les hôtes de la mère de Judas, que la Vierge Marie et Simon arrivent, venant de Béthsur, exactement comme convenu . Ainsi qu'ils l'ont fait à Jutta, ils restent donc une semaine à Kérioth pour y évangéliser les alentours. Le départ a lieu le dimanche suivant, le 30 avril . Le groupe apostolique va prêcher dans la plaine philistine, autour d'Ascalon, où ils vont se rendre par des étapes journalières régulières, de vingt à vingt-cinq kilomètres chacune . FOOTNOTES : Aucune des douze versions bibliques consultées ne me paraît aussi compréhensible que la version transmise ici par Maria Valtorta. Le texte primitif en hébreu ou en grec a-t-il été altéré ? Il appartient aux exégètes d'en juger. : De Bethsur à Kérioth, 28 à 30 km, soit une longue journée de marche pour Marie, au lendemain du sabbat et exactement à la période prévue, entre le 18 et le 26 avril (Voir la note MV 210.6). : Comme si souvent, les grands périples commencent en début de semaine ! A partir de cette date, en reconstituant les déplacements, tout est absolument déterminé au jour le jour jusqu'à la Pentecôte ! : D'abord 27 km pour Béthsur, puis le surlendemain départ pour le château de Jeanne de Chouza à Bether, où ils laissent les femmes. Le mercredi 20 km pour Beth Jimmal. Puis deux fois 22 km jusqu'au sabbat près d'Ascalon.
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Troisième année de vie publique
Jésus est la lumière du monde
Le lendemain le temps pluvieux ne permet pas aux pèlerins de s'attarder sur le parvis. Jésus va parler près de la salle du trésor, dans la cour des femmes. C'est donc devant une assemblée exclusivement composée d'auditeurs juifs qu'Il adresse cet important discours, que Jean a résumé en sept versets dans son évangile(Jn 8, 12-19). « Je suis la Lumière du monde étant le Fils du Père qui est le Père de la Lumière » 506.2 . Maria Valtorta donne en cinq pages ce discours très dense, qui justifie lui aussi une étude approfondie. Les pharisiens ne peuvent accepter ce langage, et se font à nouveau menaçants : « Tu es un blasphémateur quand tu veux soutenir que le Très-Haut est ton Père. Et tu mériterais que l'on te frappe conformément à la Loi » 506.5 .
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Seconde année de vie publique
Le sabbat « second premier »
Maria Valtorta ne donne pas d'explication directe à la formule de Luc, « un sabbat second premier » (Lc 6,1) qui intrigue tant les biblistes depuis vingt siècles. Saint Jérôme rapporte qu'ayant interrogé à ce sujet Grégoire de Naziance, il lui avoua « qu'il n'avait rien à répondre qui put le satisfaire ». Cette expression sabbat second premier semble indiquer un moment précis de l'année liturgique, et beaucoup ont pensé que c'était en relation avec la Pâque. Mais alors pourquoi pas avec la Pâque supplémentaire ? La chronologie valtortienne semble fournir un indice déterminant : d'après les descriptions de la mystique, cet épisode des épis volés se déroule sans conteste le samedi 6 mai 28, soit deux semaines avant la Pentecôte (ou la fête des moissons , aussi appelée fête des Semaines - Chavouoth), et qui eut lieu le samedi 20 mai cette année là. Or ce samedi 6 mai 28 se trouve être le premier sabbat après la seconde Pâque . Pour ma part l'interprétation s'impose donc ici d'évidence. Mais laissons aux exégètes le soin d'en discuter et de conclure... FOOTNOTES : La Pâque supplémentaire est prévue dans Nombres 9,10-11, et il est question en MV 566.17.
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Seconde année de vie publique
L'évangélisation dans Ascalon et alentour
Lorsque le lendemain ils approchent d'Ascalon, la description que nous en donne Maria Valtorta peut surprendre maintenant que la côte ensablée est rectiligne : « Une belle ville maritime qui s'étend le long de la rive sur une ligne de rochers en forme de demi-lune » 218.1 . Mais pour surprenant que cela puisse paraître aujourd'hui, c'est un fait attesté par les historiens . De même, plusieurs autres détails historiques ou archéologiques, inconnus en 1945, ont pu être confirmés à la suite des fouilles de 1985/1986. En voici un seul exemple : la voyante remarque des chiens errants au milieu de la route. Partout ailleurs, en Judée, ceci serait impensable car le chien y était un animal impur. Or, justement à Ascalon, la découverte en 1986 d'un cimetière de chiens a surpris la communauté scientifique qui s'interroge encore sur sa signification exacte. Accueilli avec bienveillance par le philistin Ananias, Jésus lui révèle la nature de son royaume : « Mon Royaume est le Royaume du vrai Dieu. Dieu est au Ciel. Par conséquent, c'est le Royaume du Ciel. Tout homme est une âme revêtue d'un corps, et l'âme ne peut vivre que dans les Cieux. Je veux vous guérir l'âme, en enlever les erreurs et les rancœurs, la mener à Dieu par la bonté et l'amour » 218.5 . Envoyés par groupes de quatre pour prêcher dans Ascalon, les apôtres y rencontrent des fortunes diverses. Le lendemain lundi 8 mai, Jésus les envoie à nouveau seuls en avant, vers Azoth. Lui fait un crochet par Magdalgad , un village de l'arrière pays, « vers des collines toutes vertes, de faible altitude, mais gracieuses qui s'élèvent de la plaine fertile » 220.1 . Là, renversant une idole païenne et accomplissant un nouveau miracle, Jésus proclame une triple profession de foi solennelle, magistral résumé de la Foi ! Le soir venu, tous se retrouvent au lieu fixé, mais à nouveau le moral des apôtres est en berne, leur apostolat ayant été un échec, au contraire de celui de leur Maître. Jésus leur redonne courage : « Rien n'est inutile, pas même un échec car il sert à vous former à l'humilité alors que la parole sert à faire résonner un nom, le mien, et à laisser un souvenir dans les cœurs » 220.7 . Puis Il leur annonce : « Et demain, nous irons à Jabnia » 220.7 . C'est donc le lendemain, longeant la côte en direction du nord que nous les retrouvons tous. En réponse aux apôtres qui s'enquièrent de leur destin, Jésus leur livre quelques indices. Pierre ira « dans un endroit plus grand que ta ville et la mienne et que Magdala et Tibériade réunies » 221.2 , tandis que Jacques d'Alphée restera seul en Palestine. Mais ces perspectives d'avenir ne suffisent pas à leur faire apprécier le pèlerinage qu'ils sont en train d'accomplir à travers « ces champs fécondés par le sang des hébreux répandu pour faire d'Israël une grande nation » 221.3 . Une fois de plus, Jésus dois les enseigner et les réconforter. Il leur prédit qu'un jour ils diront : « ...nous croyions que c'était manque d'amour du Maître de nous faire aller si loin par des chemins longs et pénibles au risque de passer de très mauvais moments. Et, au contraire, c'était de l'amour, c'était de la prévoyance, c'était pour nous aplanir la route maintenant que nous ne l'avons plus et que nous nous sentons davantage perdus » 221.4 . Et Il leur montre à nouveau que dans leur mission ils devront s'adresser à tous « ces idolâtres, ces romains, ces athées, ces malheureux ... » 221.6 . A l'approche du but de leur étape, Jésus explique : « Voici Jabnia. Une fois l'Arche passa par ici pour aller à Acron qui ne put la garder et l'envoya à Betsemés. L'Arche revint à Acron » 221.8 . On retrouve trace de cette évocation biblique dans 1 Samuel 5, 1-11 et 1 Samuel 6, 14. Jabnia n'est pas nommé dans ce récit biblique, mais se trouve effectivement sur le parcours normal entre Aqron, Azot et Ascalon. FOOTNOTES : G Maspero, dans History of Egypt, Chaldea, Syria, Babylonia and Assyria, précise que la côte formait autrefois une baie où les bateaux venaient se réfugier lors des tempêtes. : Cf. \\www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2002/arc_020628.htm. D'autres exemples pourront être fournis dans un futur Dictionnaire des lieux géographiques de l'Evangile , selon Maria Valtorta (à paraître fin 2014). : Magdalgad était situé à 4/5 km au nord-est d'Ascalon, à une altitude de 50 m. Aujourd'hui c'est un quartier en périphérie d'Ascalon. Azoth est à 12/13 km plus au nord. : D'après le contexte, il s'agit très probablement de Tanit la déesse de la fertilité, d'origine phénicienne et présidant aux naissances et à la croissance. : Jabnia est située une quinzaine de kilomètres plus au nord.
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Seconde année de vie publique
Le retour à Jérusalem pour la Pentecôte
« Ce qu'ils ont fait pendant ces cinq jours est un mystère... cette... purge à Jabnia. Cinq jours où il fallait surveiller chacune de nos paroles ... » 222.2 . Par ce récit, Maria Valtorta nous indique que c'est maintenant le dimanche 14 mai. Leur moral est bien meilleur, et leurs conversations montrent qu'ils commencent à prendre de l'assurance dans leur mission d'évangélisateurs. Jean, surtout, paraît particulièrement ravi, et son attitude suscite les interrogations de Pierre. Mais c'est bien plus tard que l'on découvre qu'à Aqron, Jean, le premier parmi les apôtres, a accompli un miracle au nom de Jésus . Ils se dirigent maintenant vers Modin et Béther, par une vallée n'ayant pas très bonne réputation, comme le fait remarquer Thomas, l'enfant du pays. Jésus annonce : « Nous allons à Modin... Nous marcherons tant qu'il y aura la lune , puis nous dormirons jusqu'à l'aube » 222.5 . Puis Il précise : « J'amènerai les deux Judas pour qu'ils vénèrent la tombe des Macchabées dont ils portent le nom glorieux » 222.5 . La nuit venue, ils font halte dans une clairière où déjà plusieurs personnes se sont installées. Il y a là un cortège nuptial qui accompagne à Jérusalem la fille d'un riche marchand. Des brigands, tapis dans l'ombre, attendent que tous soient endormis pour intervenir. Mais Jésus, par la seule force de sa parole parvient à les dissuader de commettre leur méfait. « Pensez-y, vous qui péchez. Il n'est jamais trop tard pour se repentir ... » 223.7 . Une parole qui a pu revenir en mémoire au brigand Dismas sur le Calvaire, puisque Maria Valtorta nous apprend, sept mois après cette vision, (le 23 février 1946), que Dismas était justement l'un des voleurs présents ce soir là, à Modin. Le lendemain tous reprennent la route pour parcourir les vingt cinq kilomètres qui les séparent de Béther. C'est le fief natal de Jeanne de Chouza, avec sa splendide roseraie et son château. Là ils retrouvent la Vierge et Marie d'Alphée, Margziam, Salomé et Elise. Pour leur joie, Jésus annonce : « Je vais rester ici quelques jours ». Jeanne va les accueillir jusqu'au jeudi, juste avant qu'ils ne regagnent Jérusalem pour la fête de la Pentecôte, le 20 mai. FOOTNOTES : Voir MV 259.11. A Jacques d'Alphée qui accomplit alors son premier miracle, Jésus explique : « Jean, près de Jabnia, a fait un miracle par amour en guérissant un mourant par une onction et la prière ». : Modin est situé à 18 km d'Aqron. Cette nuit là, la lune se couchant après 23h30, ils pourraient donc théoriquement marcher environ 2 ou 3 heures avant la nuit noire. : C'est effectivement à Modin que la Tradition, et plus récemment l'Histoire, situent le tombeau des Hasmonéens. : Palladius L'économie rurale , livre 4 et livre 6, mentionne l'usage de l'essence de roses. Ces roses étaient principalement destinées aux essences et parfums dont les romains étaient friands.
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Seconde année de vie publique
La guérison d'un paralytique à Jérusalem
Lorsque saint Jean rapporte la guérison effectuée par Jésus à la piscine de Bethzetha, un jour de sabbat(Jn 5,1-18), il ne mentionne pas de quelle fête il s'agit. C'est donc une nouvelle énigme sur laquelle ont buté les exégètes, qui se trouve élucidée par le témoignage de Maria Valtorta, et qui plus est, manifestement à son insu. La Pentecôte du samedi 20 mai 28 est une de ces dates clefs si fréquentes dans l'œuvre. Ici, remarquablement, elle éclaire et justifie, grâce à l'évangile de Jean, la durée de trois années pour la vie publique du Christ . Margziam est présent, contrairement à Judas qui, souffrant, est resté à Béther avec les femmes disciples. Son absence ne passe d'ailleurs pas inaperçue : « Il manque le caméléon au groupe » 225.1 observe sarcastiquement un scribe. Pierre s'informe : « Le caméléon , n'est-ce pas cet animal qui à son gré change de couleur ? » 225.1 . Bien entendu, la description de Maria Valtorta reste parfaitement conforme à celle de l'évangéliste, même si comme à chaque fois, elle apporte quelques détails nouveaux qui nous aident à mieux visualiser l'épisode, ainsi que le recommande saint Ignace dans ses Exercices . Sitôt le miracle accompli, Jésus s'éloigne rapidement, pour éviter toute confrontation inutile avec les pharisiens, qui assaillent bientôt le miraculé de questions : « Moi, je ne sais rien. Je sais que celui qui m'a guéri m'a dit : "Prends ton lit et marche". Voilà ce que je sais ». « C'est sûrement un démon car il t'a ordonné de violer le sabbat. Comment était-il ? Qui était-ce ? Un juif ? Un galiléen ? Un prosélyte ? » 225.4 . Ils recherchent Jésus pour le chasser du Temple. Or c'est aussi à cette occasion que saint Jean, dans son évangile, évoque pour la première fois les tracasseries des scribes. Finalement ils retrouvent Jésus, et une discussion houleuse s'engage. « Oh ! Il se dit le Fils de Dieu ! Sacrilège ! Dieu est Celui qui est et Il n'a pas de Fils ! Mais appelez Gamaliel ! Mais appelez Sadoc ! Rassemblez les rabbis pour qu'ils l'entendent et le confondent » 225.6 . Le long discours de Jésus qui suit est une première manifestation officielle de sa mission de Fils du Père. Les trente versets de Jean(Jn 5,17-47) sont développés par Maria Valtorta en cinq ou six pages magnifiques. Qui pourrait oser prétendre avec honnêteté, après avoir lu attentivement ces pages inspirées, qu'elles puissent être le fruit de la simple imagination d'une personne immobilisée au lit par la maladie ? FOOTNOTES : Voir précédemment le paragraphe Les trois années de vie publique . : Pline, Histoire Naturelle Livre 8, 51 décrit longuement le caméléon, dont il atteste la présence en Orient. Et Plutarque Œuvres morales 978a écrit : « Il est vrai que le caméléon change aussi de couleur ». Ce dialogue est donc tout à fait plausible, tout comme un propos similaire rapporté par Lazare en MV 113.4. : Gamaliel, à cette époque était président ( nasi ) du sanhédrin. Sadok, chef des pharisiens et disciple de Shammaï pouvait logiquement quant à lui en être le vice-président.
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Seconde année de vie publique
La résurrection de la fille de Jaïre
Lorsque Jésus arrive à Capharnaüm, une foule nombreuse l'accueille. Jaïre se précipite vers Lui : « Oh ! Maître, pourquoi as-tu été absent si longtemps ? Ma fillette est si malade. Personne ne peut la guérir. Toi seul, tu es mon espoir et celui de sa mère. Viens, Maître » 230.2 . Matthieu, Marc et Luc rapportent tous les trois, et de façon assez détaillée, les deux miracles qui vont suivre (Mt 9,18-26 ; Mc 5,21-43 et Lc 8,40-56) : la guérison de l'hémorroïsse, puis la résurrection de la fille de Jaïre Pourtant Maria Valtorta apporte quelques précisions inédites. Ce serait Abel, le lépreux de Corozaïn guéri par Jésus un an plus tôt , qui aurait convaincu l'hémorroïsse : « Celui qui me l'a dit a été guéri par Toi de sa lèpre » 230.3 . Cette information est très remarquable, puisqu'à la date précoce de cette vision, le 11 mars 1944, la voyante ignore encore tout de la guérison d'Abel, dont elle aura la vision seulement le 6 novembre 1944 ! L'hémorroïsse explique : « J'ai pensé que si je te touchais, je serais guérie. Mais je ne t'ai pas rendu impur . J'ai à peine effleuré le bord de ton vêtement là où il traîne sur le sol, sur les ordures du sol… Moi aussi, je suis une ordure… Mais je suis guérie, que tu sois béni ! » 230.3 . Qui était-elle ? Les évangélistes, et avec eux Maria Valtorta, n'en disent rien. Mais dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , elle ne saurait en aucun cas être confondue avec Nike (sainte Véronique) . Lorsqu'après la résurrection de la fillette Jésus recommande aux témoins de « ne dire à personne ce qui est arrivé », comme le rapportent les évangélistes. Maria Valtorta en précise le motif : « Les autres n'ont pas eu foi, il est inutile de chercher à les persuader. A ceux qui nient le miracle, Dieu ne se manifeste pas » 230.6 . Le Christ renouvelle cette recommandation un peu plus tard, en guérissant les deux aveugles, et s'en explique à nouveau : « Veillez bien à ce que personne ne sache ce que je vous ai fait... Ici, ce n'est pas nécessaire ni favorable à votre âme » 232.5 . Bien des commentateurs se sont interrogés sur le motif de ces interdictions répétées. Le récit de Maria Valtorta nous montre clairement que depuis la Pâque, Jésus veut éviter d'attiser, autant qu'Il Lui est possible, l'hostilité croissante des pharisiens à son égard. Mais Il ne veut pas non plus leur donner de nouveaux motifs de blasphèmes. Déjà à la fin du sermon sur la Montagne , Il avait conseillé : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens. Ceci pour maintenant et pour plus tard » 174.20 . FOOTNOTES : Maria Valtorta remarque qu'il a « la tête couverte d'un foulard blanc dont les pans retombent le long du visage et du cou » 230.2 , ce qui semble décrire qu'il porte le talith (ou taleth), châle de prière traditionnel. : Jésus a quitté Capharnaüm durant la première quinzaine de mars, soit depuis deux mois et demi à trois mois. : Voir le paragraphe « Guérison du lépreux de Corozaïn ». : Lévitique 15, 19-25 traite en détail de ce cas d'impureté . : Jean Malalas (490-578) dans Chronographia Antiochia affirma que l'hémorroïsse se nommait Bérenice. Cette tradition est également rapportée par l'apocryphe les Actes de Pilate pour qui Véronique était aussi l'Hémorroïsse. Benoît XIV estimait comme plus probable que l'hémorroïsse était une syro-phénicienne de Césarée de Philippe ( de Canoniz . Lib. IV part 1 cap. 8 n.11). L'affirmation confondant Véronique et l'hémorroïsse reste donc une simple hypothèse sans sérieux fondement.
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Seconde année de vie publique
Jésus rassure Marthe
A peine a-t-Il ressuscité la fille de Jaïre que Jésus va retrouver la pauvre Marthe, complètement bouleversée par l'attitude déroutante de sa sœur. Jésus confirme « Marie est une malade (...) elle souffre d'une possession démoniaque. C'est toujours une maladie » 231.5 . Mais Il rassure aussitôt Marthe : sa sœur est déjà sur le chemin de la guérison. « Des sept démons qu'elle a en elle, le moins fort est celui de l'orgueil ! Mais, rien que pour cela, elle se sauvera ! » 231.5 . Certains exégètes ont eu tendance à considérer ce chiffre sept de façon purement symbolique, pensant qu'il s'agissait là d'une représentation juive pour marquer la puissance de l'emprise de Satan. Dans l'œuvre, Jésus fait clairement allusion aux sept péchés capitaux dans le cas de Marie Madeleine. Il s'en explique à plusieurs reprises : « C'est la plus grande ressuscitée de mon Évangile. Elle est ressuscitée de sept morts » 377.7 ; et plus loin encore : « Quand quelqu'un ouvre son esprit aux sept vices, alors il entre en lui un esprit complet... » 420.8 . Un rapprochement semble s'imposer ici avec un commentaire que Jésus fit un an plus tôt, dans la synagogue de Capharnaüm, à propos de Samson . Les sept tresses de Samson symbolisent ses sept vertus, c'est à dire sa fidélité au nazirat. Mais « Samson fut réduit à rien après avoir cédé à la sensualité » 94.8 . En effet « Samson fut lié avec sept cordes de nerfs frais » 94.8 . Et Jésus, ailleurs dans l'œuvre rappelle à Barthélemy : « un pécheur plongé dans le péché et tenu par Satan avec sept chaînes » 241.3 . Lorsque enfin Marthe est presque complètement rassérénée par les paroles du Seigneur, Il lui dit :« Va en paix, Marthe. Et demain dis-lui que je parlerai près du torrent de la Source, ici à Capharnaüm, après le crépuscule » 231.7 . Mais Marthe voudrait bien quelque chose de concret, à quoi se raccrocher lorsqu'elle est loin du Christ, pour pouvoir triompher du démon. « Prends cette ceinture qui m'appartient. Ne t'en sépare jamais, et chaque fois que tu la verras, dis-toi à toi-même : plus forte que cette ceinture de Jésus est la puissance de Jésus et avec elle on vient à bout de tout : démons et monstres. Je ne dois pas craindre » 231.7 . On songe évidemment à cet épisode de la Légende dorée , quand Marthe terrasse la Tarasque : « ... déliant sa ceinture, elle la noua autour de l'encolure du monstre, que ce geste rendit instantanément aussi doux qu'un agneau et qui se laissa docilement conduire jusqu'à la ville où les habitants le massacrèrent ». FOOTNOTES : Cette indication de sept démons est rapportée explicitement, pour Marie-Madeleine, par Mc 16,9 et par Lc 8,2. : Jésus commente alors Juges 16,6-20, un texte biblique dont plusieurs éléments laissent perplexes les commentateurs. : J. de Voragine, La Légende dorée , édition de 1902, 3eme partie, p 307, article consacré à Marthe.
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Seconde année de vie publique
La parabole de la brebis perdue
Le lendemain, en fin de journée, Jésus, comme Il l'avait annoncé la veille à Marthe, s'apprête à donner son enseignement près du cours d'eau de la source du Figuier . Maria Valtorta observe « une foule nombreuse répandue dans un champ dont le blé est coupé et qui présente l'aspect désolant des chaumes brûlés par le soleil » 233.1 . Et Jésus commence la parabole de la brebis perdue : « Votre Père est comme un berger attentif ... » 233.1 . Marie Madeleine, prévenue par sa sœur, est venue en catimini. « Les gens ne la voient pas car elle est au-delà du talus qui borde le chemin » 233.5 . Cette célèbre parabole, rapportée par Matthieu (Mt 18,12-14) et Luc (Lc 15,1-7), et donc donnée spécialement pour parachever la conversion de Marie Madeleine, comme Jésus le confirme par la suite : « Je parlais à beaucoup de gens ce jour-là, mais en vérité je parlais pour elle seule ... » 236.10 . Dès l'aurore, le lendemain, Marthe se précipite une nouvelle fois à Capharnaüm, pour annoncer à Jésus comment la parabole de la brebis perdue a brisé les dernières résistances de sa sœur Marie, sur son long chemin de conversion totale. FOOTNOTES : L'archéologue De Saulcy, dans son Dictionnaire des antiquités biblique s p 339, évoque un site Ayn el Tineh , (« La source du Figuier » !) à proximité de Tell Houm, dont on sait maintenant qu'il s'agissait de Capharnaüm. : La vision autour d'Ascalon, en MV 221.1 fut reçue le 17 juillet 1945. Celle de la Parabole de la brebis perdue date du 12 aout 1944, tandis que celle qui la précède immédiatement date du 28 juillet 1945. Pourtant la cohérence entre ces trois visions est parfaite (blés coupés et chaumes...).
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Seconde année de vie publique
Le repas chez le pharisien Simon
Le soir venu, Jésus se rend comme convenu au banquet offert en son honneur par le pharisien Simon. Luc, qui détaille cet épisode dans son évangile , ne nomme pas la pécheresse repentie. Cette omission a suscité de très nombreuses interrogations et discussions au cours des siècles. Qui était cette femme pécheresse ? Pourquoi le pharisien l'a-t-il laissé entrer ? Les évangélistes ont-ils fait une confusion entre l'onction de Capharnaüm et celle de Béthanie ? Si c'était Marie Madeleine, pourquoi n'est-elle pas nommée ici ? Maria Valtorta reçut cette vision le 21 janvier 1944. C'est seulement sa troisième vision de scènes évangéliques . Elle n'a encore jamais vu le pharisien Simon, qu'elle décrit donc pour la première fois, sans complaisance : « C'est un homme âgé... la figure de ce petit vieux ne me plaît pas. C'est un visage méchant, froid, orgueilleux et avide » 236.1 . De même, à cette date, c'est aussi la première fois qu'elle voit Marie-Madeleine : « une femme jeune, très belle, richement vêtue ... La chevelure blonde ... des bijoux ... des chaînettes d'or ... » 236.2 . Jésus commente longuement ce miracle éclatant de la conversion de Marie Madeleine. Il insiste sur le fait que la pécheresse du banquet chez Simon, c'est Marie Madeleine : « A Béthanie aussi, Marie répéta le geste qui marqua l'aube de sa rédemption » 236.6 . Et Il conclut par ces paroles d'amour : « Il est beaucoup, beaucoup, beaucoup pardonné à qui aime beaucoup. A qui m'aime beaucoup. Vous ne savez pas, pauvres âmes, comme vous aime le Sauveur ! Ne craignez rien de Moi. Venez. Avec confiance. Avec courage. Je vous ouvre mon Cœur et mes bras » 236.7 . Deux jours plus tard, le vendredi 2 juin , Il en parle à nouveau avec ses apôtres, et doit leur expliquer combien est profonde et radicale la conversion de Marie Madeleine, car sa présence aux côtés de Jésus en a scandalisé plus d'un à Capharnaüm. « J'ai trouvé une âme. Cela vaut la peine de perdre l'amitié d'un homme, sa pauvre amitié d'homme, pour rendre à une âme l'amitié avec Dieu » 237.3 . Judas est d'avis qu'avec les pharisiens, il faut accepter des compromis, pour s'en faire des amis. Jésus lui répond très sévèrement : « Cela jamais, Judas. En matière de vérité, d'honnêteté, de conduite morale, il n'y a pas d'adaptation ni de compromis » 237.3 . De nombreux habitants des environs se sont rassemblés autour de Jésus qui constate : « Ils semblent des brebis sans berger qui errent ici et là sans trouver quelqu'un pour les conduire et les nourrir » 237.2 . Il décide que désormais les apôtres iront deux par deux, et de même pour les disciples, qui doivent les rejoindre dans quelques jours. « C'est que la moisson est vraiment grande. Oh ! cet été, je vous préparerai à cette grande mission (...) Priez donc le Maître de la terre qu'il envoie beaucoup d'ouvriers à sa moisson » 237.2 . Matthieu (Mt 9,35-38) rapporte des propos tout à fait similaires. Le soir venu, avant que tous ne rentrent chez eux, Jésus leur dit encore une parabole, « pour vous rendre toujours plus énamourés de ce Royaume qui vous attend et dont la valeur est sans mesure » 237.4 . C'est la parabole du trésor caché, que Matthieu (Mt 13,44) nous a résumé en un bref et unique verset, ce qui en complique l'interprétation. Dans cette parabole Jésus montre que pour l'homme, rien n'a plus de valeur que d'acquérir le Royaume : « Quittez les richesses éphémères pour posséder le Royaume des Cieux » 237.4 . FOOTNOTES : Voir Lc 7,36-50. Saint Jean étant le seul apôtre présent, c'est donc lui qui a transmis en détail ce souvenir à saint Luc. Sa pudeur naturelle semble l'avoir retenu de nommer la pécheresse, en un temps où Marie était devenue la convertie , de même qu'il ne nomme pas le traître , ni l'apôtre que Jésus aimait ! : Ayant déjà évoqué ces questions dans L'Enigme Valtorta tome 1, pages 265-267, je n'y reviens pas ici. : Cette vision vient juste après la vision des noces de Cana, signe de l'importance que Jésus accorde à cette conversion. « Simon le pharisien a eu sa maison sanctifiée par un grand miracle : la résurrection d'une âme » 237.3 . Et plus loin Il ajoute : « Ce n'est pas le plus grand miracle que de ressusciter une chair, c'est un miracle toujours relatif parce qu'il est destiné à être un jour annulé par la mort. Je ne donne pas l'immortalité à celui que je ressuscite dans sa chair, mais je donne l'immortalité à celui qui est ressuscité dans son esprit » 250.5 . : Ils rentrent à Capharnaüm pour y être « avant que vienne le sabbat » 237.4 , et Jésus, évoquant sa rencontre du lundi avec le pharisien Simon précise : « Sur la place de Capharnaüm, il y a maintenant cinq jours, il me demandait : Tu as fait ce seul miracle ? » 237.3 .
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Seconde année de vie publique
La guérison de l'homme à la main paralysée
C'est seulement le samedi suivant, 8 juillet, que le groupe revient à Capharnaüm, pour l'office du sabbat, après s'être reposés deux jours à Bethsaïda. « Nous venons juste de débarquer au "Puits du figuier" venant de Bethsaïda, pour ne pas faire un pas de plus qu'il n'est permis » 263.1 précise Pierre à un pharisien soupçonneux. Les déplacements à la voile n'entraient en effet pas dans le décompte des distances sabbatiques. Et un an plut tôt, pour aller voir la Belle de Corozaïn, ils avaient également utilisé la barque un jour de sabbat(Cf. MV 94.2). Pour la lecture, Jaïre indique à Jésus : « Le passage du premier livre des Rois où on raconte comment David, trahi par les Zipheis, fut signalé à Saül qui était à Gabaa » 263.2 .(Ce passage, tiré de 1 Samuel 23, 19-28, était effectivement primitivement désigné comme Livre 1 des Règnes ou des Rois dans la Septante et la Vulgate). A peine le Seigneur a-t-Il achevé son commentaire qu'un pharisien incite un homme à la main atrophiée à s'avancer. L'épisode est bien connu, car il est rapporté par Matthieu, Marc et Luc (Mt 12,9-14 ; Mc 3,1-6 ; Lc 6,6-11). On trouve de légères variantes dans leurs trois récits. Par exemple chez Matthieu ce sont les pharisiens qui posent la question « Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? ». En confrontant les versions évangéliques au texte de Maria Valtorta, il semble que les évangélistes aient ajouté quelques paroles provenant en fait d'autres circonstances. Et seule Maria Valtorta mentionne la réponse faite par Jésus à sa propre question : « Il n'est pas permis le sabbat de faire un travail. Mais, comme il est permis de prier, de même il est permis de faire du bien, car le bien est une prière plus grande encore que les hymnes et les psaumes que nous avons chantés » 263.4 . FOOTNOTES : J'ai déjà évoqué cette connaissance rare de Maria Valtorta à l'occasion du paragraphe sur la parabole de la brebis perdue . C'est seulement en 1965 que les fouilles sur le site de Minya ont prouvé la localisation de la Source du figuier , ( Ayn el Tineh du Talmud de Jérusalem, Midrash Koheleth, II. 2). Le site de la source est à 2,3 km de la maison de Pierre. « Une source qui coule un peu en dehors du pays » 161.1 , « la source qui est à l'extrémité du pays » 232.1 écrivait Maria. L'emplacement (suite page suivante...) : Les Zipheis sont les Ziphéens, et Gabaa doit être lu Guibéa.
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Seconde année de vie publique
L'envoi en mission des Douze
Nous retrouvons les Douze autour de Jésus dans la soirée du dimanche 23 juillet. Judas vient de quitter Nazareth après y être resté près de trois semaines auprès de Marie. « J'ai besoin de vous parler. Maintenant Judas est revenu. C'est le moment de parler » 265.1 , annonce Jésus. Puis Il poursuit : « L'heure est venue pour vous d'évangéliser. Je suis à peu près au milieu de ma vie publique pour préparer les cœurs à mon Royaume » 265.2 . L'analyse détaillée de la chronologie dans L'Évangile tel qu'il m'a été révélé montre la justesse de cette indication, puisque mathématiquement le exact du Puits mentionné par Maria Valtorta reste donc à découvrir. Voir la Revue Economic Botany, The History of the fig in the holy land Vol 19, n°2 1965. milieu de la vie publique se situe le 31 août 28, juste dans un mois. Mais Maria Valtorta ayant reçu ses visions en désordre , et n'ayant aucun repère de dates dans son œuvre, il lui était certainement impossible d'imaginer cela. Commence ensuite une longue série de recommandations, que Marc et Luc rapportent de façon fragmentée en divers endroits de leur évangile, contrairement à Matthieu qui les regroupe en un long exposé . Il faut remarquer aussi que Jésus réitère ces mêmes conseils à plusieurs reprises, spécialement en MV 538.3. Il n'est pas possible d'analyser ici en détail ce long discours, que Maria Valtorta nous transmet en une dizaine de pages conformes au texte de Matthieu. Le récit comporte des précisions très convaincantes, et mériterait une étude comparative approfondie. Jésus accompagne cet envoi solennel en mission d'un don déjà accordé à Jean et Jacques, mais que les autres apôtres ignorent. « Moi, afin que vous ayez le moyen que l'on vous croie et que l'on vous recherche, je vous accorde le don du miracle » 265.3 . Ce don n'est pas directement mentionné par les évangélistes, mais reste présupposé dans leur texte (Voir en particulier Mt 10, 1 ; Mc 6,7 et Lc 9,1). Et Jésus tempère toute velléité d'orgueil de la part des bénéficiaires de ce don : « Il y a une chose qui est plus que le miracle et qui convainc également les foules et avec plus de profondeur et de durée : une vie sainte » 265.3 . Durant les prochaines semaines les apôtres devront donc apprendre à se débrouiller seuls. « Pour le moment, vos visites apostoliques seront courtes, et à chaque veille de sabbat nous nous retrouverons » 265.5 . Jésus va rester seul à Capharnaüm et aux alentours, tandis qu'Il envoie ses apôtres en mission deux par deux, comme Il le fera bientôt aussi avec les soixante-douze. « Vous partirez à l'aube et ainsi : Simon de Jonas avec Jean, Simon le Zélote avec Judas Iscariote, André avec Mathieu, Jacques d'Alphée avec Thomas, Philippe avec Jacques de Zébédée, Jude, mon frère, avec Barthélémy. Ainsi pour cette semaine. Puis je vous donnerai un nouvel ordre » 265.14 . Notons aussi que dans ce chapitre, Maria Valtorta nous révèle une prédiction de Jésus concernant Israël, que les évangélistes ne mentionnent pas : « Des siècles et des millénaires, l'un après l'autre et davantage se succéderont avant qu'il soit de nouveau rassemblé sur l'aire d'Arauna le Jébuséen » 265.10 . FOOTNOTES : Voir Mt 10,5-42. Comme pour le Sermon sur la Montagne , il apparaît ici assez clairement que Matthieu, témoin oculaire, eut le souci de transmettre le plus souvent les enseignements du Christ dans le contexte où il les a reçu, de même d'ailleurs que Jean. De leur côté Marc et Luc ont compilé des témoignages nécessairement épars et hors de leur contexte historique. Mais cela ne retire évidemment rien à l'authenticité de leur message. : L'aire d'Arauna, c'est l'emplacement du Temple, à Jérusalem. Jésus évoque encore ce passage biblique (2 Samuel 24, 16-25 ; 1 Chroniques 21, 15-30) en MV 337.2.
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Seconde année de vie publique
Les envoyés du Baptiste interrogent Jésus
Au cours de la semaine (probablement le lundi 24 juillet ), Jésus réconforte une pauvre veuve de Corozaïn venue lui demander conseil, lorsque trois voyageurs s'approchent. Ce sont Manaën et deux disciples de Jean-Baptiste . « Paix à toi, Manaën ! Tu t'es donc souvenu de Moi ? » 266.3 lui demande Jésus en l'accueillant. Leur première rencontre eut lieu à la Belle-Eau, en novembre 27(MV 121), huit mois plus tôt. Manaën précise bien que « Jean (...) leur a expliqué tout ce qui te désigne comme le vrai Messie » 266.4 . Le Précurseur, en effet pouvait-il douter que Jésus fut le Messie ? La présentation de Matthieu et Luc pourrait le laisser supposer, et l'aveu de Manaën donne un démenti à certains exégètes qui évoquent les doutes de Jean-Baptiste. Jésus, voyant que l'interrogation des envoyés de Jean est sans malice, leur répond de bonne grâce. Matthieu, témoin de tant de miracles quotidiens de Jésus, omet de mentionner ceux qui viennent de se produire devant leurs yeux, tandis que Manaën, certainement très impressionné, a dû les raconter à Luc, qui nous en a fait mention (Lc 7,21). Et Jésus conclut ainsi son témoignage : « Et dites, puisque vous le voyez, que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Et bienheureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet. Dites cela à Jean. Et dites-lui que je le bénis avec tout mon amour » 266.7 . Pour ajouter encore à ces faits, Jaïre est venu faire témoigner sa fille : « Je ne me souviens pas de ce que c'est que la mort. Mais je me souviens qu'un ange m'a appelée en me faisant passer à travers une lumière de plus en plus vive au bout de laquelle était Jésus » 266.9 . Cette description n'évoque-t-elle pas les multiples témoignages modernes de mort imminente ? Le soir venu, beaucoup à Capharnaüm discutent encore des mérites comparés de Jean-Baptiste et de Jésus. A nouveau le récit de Maria Valtorta est parfaitement compatible avec ceux de Matthieu (Mt 11,7-19) et de Luc (Lc 7,24-35). Mais sa finale désabusée est certes plus explicite que celle des deux évangélistes : « Ainsi la Sagesse voit ses fils lui rendre justice ! En vérité je vous le dis que seuls les tout petits savent reconnaître la vérité parce qu'il n'y a pas de malice en eux » 266.13 . Jaïre, conscient de la lassitude de Jésus envers cette génération qui refuse de l'accueillir malgré toutes les preuves accumulées, demande : « N'est-ce pas une faute aux yeux de Dieu ? » « Oui, c'est une faute et elle sera punie » 266.13 lui répond Jésus, qui proclame alors son invective sur les villes du lac « Malheureuse es-tu, Corozaïn ! Malheureuse es-tu, Bethsaïda ! », invective (selon Mt 11,20-24 et Lc 10, 12-15) placée ici dans un contexte parfaitement logique. FOOTNOTES : Quelques indices permettent de dater les faits, à une journée près. D'abord cette veuve qui est venue chercher Jésus à Capharnaüm pour obtenir le miracle pour son époux : « Tu n'y étais pas… Maintenant lui est dans le tombeau depuis deux semaines » 266.1 . Jésus étant arrivé à Capharnaüm le 8 juillet, alors que le mari était déjà mort, la scène se passe donc dans la semaine du 23 au 30 juillet. Ensuite Jésus promet d'aller à Corozaïn le lendemain : ce n'est donc pas le vendredi. Matthieu est déjà revenu, blessé, de sa mission : ce n'est donc pas le dimanche. Le détail décisif se trouve deux chapitres plus loin : « Il a dit seulement que tu étais à Corozaïn depuis le lendemain de notre départ » 268.4 . : Matthieu, témoin direct de cette rencontre évoque naturellement, parlant du Baptiste « ses disciples » (Mt 11,2), tandis que Luc, informé sans doute par Manaën précise « deux de ses disciples » (Lc 7,18). Le récit de Maria Valtorta, encore plus précis, reste compatible avec ces deux versions. : Bien que de tels témoignages aient été recueillis dès le 19e siècle, et même avant (voir au 16e le tableau de Jérôme Bosch, L'Ascension vers l'Empyrée ), c'est surtout à partir des années 60' qu'ils se multiplièrent, bien après l'écrit de Maria Valtorta.
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Seconde année de vie publique
Jésus accusé par les pharisiens
Jésus va travailler plusieurs semaines chez la veuve de Corozaïn. Chaque sabbat, comme convenu, Il vient rejoindre ses apôtres à Capharnaüm. C'est le vendredi 18 août que nous les y retrouvons tous, avec Manaën toujours présent. Un possédé, amené par des parents, attend depuis plusieurs heures, hébété, sa guérison. Des pharisiens et des scribes rodent déjà autour de la maison quand Jésus arrive. L'épisode est relaté par Matthieu, Marc et Luc . On fait avancer le malheureux. « Lui a les yeux et la langue liés » précise « un pharisien qui n'est pas de Capharnaüm » 269.3 . Seul Matthieu indique lui aussi que le possédé était aveugle et muet ; tandis que Marc nous informe que les scribes venaient de Jérusalem. A peine le possédé est-il délivré que les scribes et les pharisiens, soupçonneux de quelque mise en scène, l'assaillent de questions. Puis à court d'arguments, et ne voulant pas admettre que Jésus puisse être le Messie, ils en viennent à le traiter de Belzébuth. La discussion qui s'en suit est présentée de façon plutôt détaillé par Matthieu. Pourtant, en rapportant semble-t-il l'intervention de Jésus dans son intégralité, Maria Valtorta nous permet d'en avoir une compréhension plus approfondie. L'enchaînement des arguments et des idées clairement et met en évidence la rigueur du raisonnement, ce que ne permet pas toujours le résumé transmis par les évangélistes . La lecture attentive des dix pages transmises ici par la mystique italienne, confrontée aux quelques versets évangéliques correspondants, inspire le sentiment irrésistible que Maria Valtorta a été tout à la fois témoin oculaire et présentatrice fidèle de ces événements. Les reproches de Joseph, l'aîné de cousins, outré d'apprendre que Jésus vient de travailler un mois durant à Corozaïn, semblent vraiment pris sur le vif : « Est-il vrai que tu vas comme ouvrier çà et là ? Et alors, si c'est vrai, pourquoi ne travailles-tu pas dans ta boutique pour nourrir ta Mère ? Pourquoi mens-tu en disant que ton travail c'est la prédication, paresseux et ingrat que tu es, si ensuite tu vas travailler pour de l'argent dans une maison étrangère ? » 269.13 . FOOTNOTES : C'est une veille de sabbat, et en fin de chapitre Maria Valtorta remarque « la lune presque pleine » 269.12 . La datation est d'ailleurs confirmée « au jour près » par la description du vendredi suivant, 25 août « dans la blancheur de la pleine lune » 271.1 . La pleine lune a lieu le mardi/mercredi 22/23 août 28. : Mt 12, 22-50 ; Mc 3, 20-30 ; Lc 11, 14-20. : Ayant déjà évoqué cet épisode dans le premier tome de l'Enigme Valtorta (pages 280-283), je n'y reviens donc pas ici.
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Seconde année de vie publique
La mort de Jean-Baptiste
Le temps des vendanges approche. Manaën qui accompagne Jésus depuis maintenant un mois, envisage de retourner à Machéronte. Il se détache peu à peu des biens terrestres, mais désespère un peu d'être capable d'appartenir un jour entièrement au Christ. « Tu y arriveras en atteignant la maturité d'esprit et la perfection du vouloir dans le déroulement de quelques heures » 270.3 lui prédit Jésus. Leur conversation est brutalement interrompue par l'arrivée des trois bergers Jean, Mathias et Siméon. « C'est l'heure de nous recueillir, Seigneur, parce que nous sommes ton héritage » 270.3 annoncent-t-ils en se prosternant devant Jésus. Il s'ensuit un récit émouvant et détaillé des circonstances de la mort du Baptiste qui attriste beaucoup Jésus. « La mort de Jean précède le jour où je serai le Rédempteur. Et ce qu'il y a d'humain en Moi frémit à cette pensée » 270.8 . Le compte rendu que les bergers font de la mort de Jean est cohérent avec celui des évangélistes , mais comporte bien des détails supplémentaires, dont certains figurent aussi dans diverses traditions. Les bergers ont quitté Machéronte depuis une vingtaine de jours, ce qui permet de situer la mort de Jean-Baptiste durant la deuxième quinzaine de juillet. Une ancienne tradition indique que « ce fut le dix du mois appelé chez les Juifs Abh que Jean fut mis à mort » . Ceci correspond au 19 juillet 28, et la chronologie de Maria Valtorta est compatible avec cette tradition. En effet, Manaën et les deux envoyés sont arrivés à Capharnaüm le 24 juillet. Ils étaient donc partis vers le 16 juillet, deux ou trois jours avant la date présumée de la mort de Jean. Selon Siméon le Métaphraste et Nicéphore, « Jésus ayant appris la mort du Baptiste fut affecté d'un profond chagrin. Il ne put rester plus longtemps dans le pays, mais, comme pour se consoler de sa tristesse, il monta dans une barque avec ses Apôtres, et passa la mer de Tibériade pour se retirer dans le désert ». C'est exactement ce que nous décrit Maria Valtorta. Retrouvant ses apôtres, Jésus décide d'un départ immédiat, au milieu de la nuit : « J'ai besoin de m'isoler parmi des amis et demain, si nous restons ici, il y aura toujours des personnes pour nous entourer » 271.2 . Ils se rendent avec les barques vers Tarichée, où Manaën les rejoindra en longeant la rive du lac à cheval dès le lendemain du sabbat. « Nous y arriverons à l'aube » 271.5 précise Pierre. FOOTNOTES : Voir Mt 14,1-12 ; Mc 6,14-29 ; Lc 3,19-20 et 9,7-9. : Docteur Sepp, La vie de Notre Seigneur Jésus Christ . Tome 1 1861, 4e section, chap. 24 p 102, mais l'auteur ne cite pas ses sources. : Nicéphore, Livre 1, chapitre 19, rapporté par Nicolas Talon, L'histoire sainte du Nouveau Testament 1669 p 378.
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Seconde année de vie publique
La première multiplication des pains
Leur retraite à l'écart est vraiment de courte durée. Deux jours à peine après leur départ, et tandis que Manaën vient juste de les rejoindre, les foules arrivent de toute la région. Jésus va de l'un à l'autre, guérissant les corps et les âmes. Inlassablement Il « résout tous les doutes, éclaircit toute pensée, résume ou développe des choses déjà dites ou des idées partiellement retenues par quelqu'un » 272.5 . Le soir approche, et en cette nuit du 28 août, personne ne pourra repartir, car la lune, proche du dernier quartier, se lève vers 22 h, plus de trois heures après le coucher du soleil. « Sous peu, ici il ne sera plus possible de nous voir ni de marcher. La lune se lève tard. Renvoie le peuple pour qu'il aille à Tarichée » 273.1 observent les apôtres. Mais Jésus leur répond : « Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent. Donnez-leur à manger. ils peuvent dormir ici comme ils ont dormi en m'attendant » 273.1 . Le récit par Maria Valtorta de la multiplication des pains est conforme à celui des quatre évangélistes , mais comme toujours avec de nombreux détails convaincants et éclairants. A noter la conformité également avec un apocryphe copte dit L'évangile des douze apôtres en particulier en ce qui concerne l'intervention de Margziam et d'André. Cette présence de Margziam / Martial trouve aussi un écho inattendu dans une tradition limougeaude du 9 e siècle . Parmi les apôtres, Thomas et Judas sont les derniers à croire en la possibilité d'un tel miracle. Et cette attitude de Judas, observée par Maria Valtorta, est très proche de celle évoquée par l'apocryphe copte mentionné ci-dessus : « Judas fut le dernier qui participa aux pains. André dit à Jésus : Maître, Judas n'a pas reçu d'héritage dans les pains quand il est venu pour les donner à ces multitudes ». FOOTNOTES : Voir Mt 14,13-31; Mc 6,31-44; Lc 9,10-17; Jn 6,1-13. Il semble que Jean ait fusionné les deux multiplications en un seul récit ? : Eugène Revillout, Apocryphes coptes du Nouveau Testament , Paris, 1876. Origène considérait ce texte comme l'un des plus anciens évangiles apocryphes, peut-être antérieur à saint Luc et visé par lui dans son prologue. : Adémar de Chabannes, in Vita prolixior sancti Martialis identifie en effet saint Martial avec le jeune enfant qui offrit les pains et les poissons à Jésus pour leur multiplication. Il semble assez peu probable que Maria Valtorta ait pu avoir eu connaissance de cette tradition locale.
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Seconde année de vie publique
Jésus marche sur les eaux
Après ce miracle spectaculaire, Jésus a renvoyé les apôtres vers leurs barques. Lorsque tous les pèlerins restés sur place se sont endormis, Il se dirige vers le lac, grimpe sur un rocher et passe la nuit en prière. Juste avant l'aube , sortant de sa méditation, Jésus regarde le lac et aperçoit la barque de Pierre, immobilisée par un fort vent contraire . Le récit de Maria Valtorta est en tous points conforme à celui de Matthieu. FOOTNOTES : Conforme à Matthieu 14,25 qui précise : « à la quatrième veille ». Ce miracle est relaté par Mt 14,22-33 ; Mc 6,45-52; Jn 6,15-21. : De nos jours, en août/septembre les vents dominants sont du nord/ouest, pouvant donc contrarier le retour vers Capharnaüm.
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Seconde année de vie publique
L'envoi des soixante-douze disciples en mission
C'est maintenant le début septembre, et bientôt la nouvelle lune de Tishri. Les vendanges ont débuté. De nombreux disciples ont rejoint le groupe apostolique, en prévision du pèlerinage des Tabernacles désormais proche. La mort du Baptiste a décidé deux brillants élèves de Gamaliel, Etienne et Hermas, à devenir disciples de Jésus. Avec eux sont venu également le prêtre Jean, le scribe de Génésareth et son serviteur guéri au pied du mont des Béatitudes. Jésus les rassemble tous près de Lui, avec les cinq nommés Jean au premier rang. « Je veux vous avoir devant Moi, vous qui portez le nom saint. Toi, mon apôtre; toi, le prêtre; toi, le scribe; toi, Jean du Baptiste ; et toi, enfin, pour fermer la couronne des grâces faites par Dieu » 275.3 . Pour mieux les préparer à leur mission, Jésus va donner à tous ses disciples un magnifique discours sur les œuvres de miséricorde. Discours qui, s'il n'est pas mentionné explicitement par les évangélistes, reste parfaitement conforme à leur esprit. Le Seigneur accomplit ainsi une promesse : « Quelqu'un, en un jour lointain, m'a demandé si Dieu est miséricordieux envers les pécheurs... et je lui promis que pour lui j'aurais toujours parlé de miséricorde » 275.4 . En effet, exactement six mois plus tôt, le 5 avril, Jésus avait dit à Jean d'Endor : « Je parlerai spécialement pour toi » 205.2 . Alors commence un exposé sur les principes qui doivent guider les disciples du Christ dans leur mission : « Dieu est Miséricorde parce que Dieu est Amour. Le serviteur de Dieu doit être miséricordieux pour imiter Dieu. Dieu se sert de la miséricorde pour attirer à Lui ses fils dévoyés. Le serviteur de Dieu doit se servir de la miséricorde comme d'un moyen pour amener à Dieu les fils dévoyés... » 275.4 . Et Jésus énumère, en les détaillant et en les justifiant, les œuvres de miséricorde : « Donner à manger aux affamés... Donner à boire à ceux qui ont soif... Vêtir ceux qui sont nus... Visiter les malades, etc. » 275.6-19 . Ce long discours offre sans nul doute un très beau sujet d'études et de méditations. Il n'est pas possible de le détailler ici. En voici simplement un des enseignements : « Partez toujours de la pensée : "Que voudrais-je qu'on me fasse, si j'étais comme celui-ci ?" Et faites comme vous voudriez qu'on vous fasse » 275.10 . Cette règle d'or , attribuée à Hillel par la tradition juive, se retrouve sous des formulations voisines dans beaucoup de religions, de philosophies ou de cultures du monde antique, bien avant l'ère chrétienne. Dans l'œuvre, elle est omniprésente, sous des formes variées mais équivalentes . Les évangélistes Matthieu et Luc en font également mention.(Mt 7,12 et Lc 6,31). FOOTNOTES : Jean vient de l'hébreu YoHanan, « l'Éternel a fait grâce, a été favorable ». La remarque de Jésus est donc très claire pour ses auditeurs ! : Hillel aurait répondu ainsi à un centurion venu le défier de l'instruire de toute la loi en quelques mots : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l'on te fasse. Ceci est la Loi » On retrouve une version équivalente dans le Talmud, Shabbat, 31a : « Ce qui t'est haïssable, ne le fais pas à ton prochain. C'est là la loi entière, tout le reste n'est que commentaire ». : Voir en particulier MV 82.1 ; MV 98.12 ; MV 171.4 ; MV 275.10 ; MV 329.10 ; MV 383.6 ; MV 467.5 ; MV 534.7.
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Seconde année de vie publique
La parabole du riche insensé
En fin de semaine, probablement le vendredi 8 septembre, tous sont rassemblés sur le plateau, près du village d'Arbel, entre Tibériade et Magdala. Beaucoup de gens des alentours se sont joints aux disciples. La discussion porte sur les richesses et sur leur bon usage. C'est à cette occasion qu'un interlocuteur demande : « Est-il permis à quelqu'un de retenir l'argent d'un autre ? » 276.3 . En fait l'homme est cupide, et il voudrait que Jésus use de sa puissance pour obliger son frère à lui rendre sa part d'héritage. « Homme, je suis venu pour convertir, non pour frapper. Mais, si tu as foi dans mes paroles, tu trouveras la paix » 276.3 . L'évangéliste Luc évoque brièvement ce dialogue (Lc 12,15), que Maria Valtorta nous restitue ici dans son contexte. C'est après cette altercation que Jésus donne la parabole du riche insensé (Lc 12,16-21). Il conclut la parabole à l'intention de ses disciples, en insistant sur la nécessité pour eux de persévérer et d'augmenter d'année en année leur trésor du Ciel. « Que votre travail soit constant, confiant, paisible, sans brusques départs ni brusques arrêts » 276.7 . Puis, Il poursuit ses conseils aux disciples « Vous devez seulement chercher, et que ce soit le premier de vos soucis, le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus . (...) Dieu sait de quoi vous avez besoin. Ne craignez donc pas pour votre lendemain » 276.8 . Ce sont maintenant les ultimes conseils aux disciples, peu de temps avant de les envoyer officiellement en mission deux par deux. Maria Valtorta rapporte sur près de cinq pages les quelques paroles que Luc a notées dans son évangile (Lc 12,22-53) . L'étude comparée de ces deux textes est une nouvelle occasion d'apprécier à quel point l'Évangile tel qu'il m'a été révélé est un don exceptionnel et inestimable fait à notre génération par la Miséricorde divine. En fin de journée, tous se dirigent vers Magdala toute proche, pour y passer le sabbat dans la maison de Marie. Chacun est désormais informé de sa conversion, mais Jésus leur précise : « Moi, je vous dis ce que vous ne savez pas : que tous les biens personnels de Marie de Lazare sont pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ » 276.13 . Dans le jardin de Marie, à Magdala, Jésus poursuit son enseignement. Il développe une nouvelle fois le thème de l'amour du prochain, insistant sur l'aspect spirituel de cet amour. Puis Il explique l'attitude à avoir lorsque le prochain ne répond pas à cet amour. « Si ton frère a péché contre toi, va, reprends-le en particulier entre lui et toi seul. S'il t'écoute, tu as de nouveau gagné ton frère et, en même temps, tu as gagné tant de bénédictions de Dieu » 277.4 . Cette formulation mérite notre attention : elle met en effet l'accent sur une faute personnelle commise envers une autre personne concernée par cet acte. Or la plupart des versions bibliques modernes de Mt 18,15 et Lc 17,3 occultent ce sens individualiste, en omettant la précision contre toi pourtant présente dans la Vulgate et de nombreuses versions anciennes. Dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , le Christ insiste sur cette démarche individuelle : « Je donne la loi nouvelle sur les rapports avec le frère coupable, et je dis : "Si ton frère t'offense, ne l'humilie pas en public en le reprenant publiquement, mais pousse ton amour à cacher la faute du frère aux yeux du monde" Car tu en auras grand mérite aux yeux de Dieu, en coupant par amour toute satisfaction à ton orgueil » 277.4 . C'est seulement après cette démarche individuelle qu'on pourra entreprendre une action collective. « S'il ne se corrige même pas dans ce cas et s'il repousse la synagogue ou le Temple comme il t'a repoussé, considère-le comme un publicain et un païen » 277.4 . Jésus rappelle qu'il vaut mieux se réconcilier en chemin plutôt que d'aller chez le juge. Conseil qu'Il a déjà donné lors du Sermon sur la montagne , et qu'Il complète par cette remarque : « Car la justice humaine est toujours imparfaite et généralement l'astuce l'emporte sur la justice et le coupable pourrait passer pour innocent, et toi, innocent, pour coupable » 277.5 . FOOTNOTES : En plus de Matthieu et de Luc, on trouve un écho de ce conseil dans cet agraphon du Seigneur : « Demandez les grandes choses, et les petites choses seront ajoutées pour vous » (Clément d'Alexandrie, Stromates 1, 24, 158). : Luc aurait-il trouvé à Antioche les notes prises par Jean d'Endor ? Matthieu a donné les principaux éléments de ce discours, mais de façon éparse. Cf. Mt 6,25-33 ; Mt 6,19-21 ; Mt 24,43-51 ; Mt 10,34-36. Voir aussi Mc 13,33-35. : Jésus a déjà approuvé des propos un peu similaires tenus par Simon le zélote (« Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête » 98.4 ) puis par Joseph d'Alphée (« Les ennuis de famille ne se crient pas sur les toits » 264.8 ) et juste la veille par le prêtre Jean (« Les laideurs de famille sont connues de celui qui vit dans la famille et ne doivent être dites qu'à celui qui est un esprit droit »275.2). : Selon Mt 5, 25 et Lc 12, 58-59.
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Seconde année de vie publique
La fête des tabernacles de l'an 28
Trois jours avant la fête, en ce lundi 18 septembre, c'est l'effervescence sur le Mont des Oliviers. Les galiléens y installent les cabanes traditionnelles. Lazare, malgré ses jambes de plus en plus douloureuses, est accouru de Béthanie pour saluer et remercier le Maître qu'il n'a pas vu depuis la conversion de Marie, en mai. Lazare est dérouté par la si profonde conversion de sa sœur qu'il ne comprend pas. Jésus lui confie : « Marie a retourné vers le Bien les puissantes énergies de son être. Elle a dirigé son tempérament vers la Perfection. Et comme elle a un tempérament d'une puissance absolue, elle s'élance sans réserve par ce chemin » 279.2 . Puis Il lui promet de passer à Béthanie après la fête. La veille de la fête, le mercredi 20, tous sont rassemblés autour du Maître. Les femmes disciples ont rejoint le groupe, et les soixante douze sont de retour, et racontent avec joie leurs exploits (Lc 10,17-20). Jésus doit tempérer un peu leur enthousiasme : « Ne vous réjouissez pas d'avoir assujettis les esprits, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits au Ciel » 280.2 . Et Il leur prédit qu'ils n'obtiendront pas toujours le succès escompté : « La pensée de l'homme est instable comme un mot écrit sur l'eau, et sa volonté est agitée comme l'aile de l'hirondelle qui volette pour le dernier repas de la journée » 280.3 . Le lendemain jeudi, l'arrivée de l'imposant groupe de disciples entourant Jésus ne passe pas inaperçu dans les rues de Jérusalem. Seule absente de marque, Marie Madeleine, à laquelle Jésus a conseillé de rester dans son palais de Sion, pour limiter autant que possible les risques de provocations de la part des pharisiens. « Parce que le Temple est plus susceptible qu'une épouse enceinte. Tant que je le peux, et non par lâcheté, je ne veux pas le heurter » 281.13 explique-t-Il plus tard à Pierre. Et de fait, à part le fils de Doras qui voue une haine sans borne au Messie, les autres notables du Temple refreinent pour un temps leur agressivité. En chemin, Jude se scandalise de voir ses frères Joseph et Simon ignorer ostensiblement Jésus, mais Lui rassure son impulsif cousin. « Laisse-les faire. Ce sont des semences qui n'ont pas encore senti le printemps. Laisse-les dans l'obscurité de la motte rétive. Je les pénétrerai quand même, même si la motte devient de la jaspe qui enveloppe la semence. Je le ferai au moment voulu » 281.3 . Manaën rejoint le groupe, et avec lui plusieurs disciples du Baptiste, désireux désormais d'être disciples du Christ. Jésus demande au prêtre Jean et à Etienne d'inviter aussi quelques lévites bienveillants, car, soupire-t-Il, « vraiment, cette année, je puis célébrer une fête joyeuse. Jamais plus il n'y aura un jour aussi doux … » 281.4 .
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Il y a un temps pour toute chose...
La datation des grands événements de la vie de Jésus.
Heureusement pour nous, elle, Maria Valtorta, ne savait pas que c'était impossible ! Elle nous a donc transmis par son œuvre une chronologie tellement cohérente du séjour terrestre de Jésus, que Jean Aulagnier , à la suite de longues et scrupuleuses études , parvint à dater au jour le jour l'ensemble des faits et gestes de la vie de Jésus rapportés par les quatre évangélistes. Ayant donc accompli ce que les historiens de son temps considéraient comme irréalisable, il estima que, de même qu'on « juge l'arbre à ses fruits », on jugerait son étude aux résultats, sans qu'il soit nécessaire de la justifier dans ses moindres détails. Etant de la génération des contestataires de mai 68, j'ai tout d'abord douté de son analyse en pensant : « c'est trop beau pour être vrai ». Malgré les excellents contacts que j'ai pu avoir avec Jean Aulagnier, il ne réussit pas à me convaincre totalement. Pour en avoir le cœur net, j'ai donc décidé de reprendre systématiquement ses travaux, en utilisant les puissants moyens informatiques dont on dispose aujourd'hui. J'ai pu ainsi non seulement vérifier la validité de ses conclusions, mais aussi les conforter, et dans quelques cas les affiner, par la prise en compte de nouveaux détails (plus de 5000) ayant pu passer pour anodins ou tout simplement inexploitables à son époque . FOOTNOTES : Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour, Edition JA, 1985. : Il analysa pendant cinq ans plus de 4000 repères glanés ça et là tout au long des 6000 pages, et explique sa méthodologie en page 11 de son ouvrage. : Logiciels d'astronomie, éphémérides établis par la Nasa, convertisseurs calendaires, tableur Excel, etc. : Par exemple tous les détails indiquant la position de la lune à telle ou telle heure de la nuit.
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Il y a un temps pour toute chose...
Un tout petit peu de mathématiques...
Pour tenter de faire comprendre l'extrême précision de certaines datations, il semble nécessaire de recourir un court instant aux mathématiques. Une phase lunaire (par exemple « la pleine lune ») est visible pendant disons trois jours chaque mois. La probabilité pour qu'une description lunaire coïncide avec un sabbat (un jour sur sept) est donc de (3/30)x(1/7) soit environ 1,5 pour 100. Mais quand Maria Valtorta ajoute par exemple que les oliviers sont en fleurs, ou que les blés sont mûrs, ce qui dure moins de 30 jours par an : on a (1,5/100)x(30/365) soit 1 chance sur 1000 que ces informations puissent fournir une date cohérente avec le reste de la chronologie. Si en plus l'événement décrit est identifié par rapport à une fête juive, comme par exemple « huit jours avant la Pâque », on passe alors à (1/1000)x(1/365) soit à peine 3 chances sur 1 million que ces détails indépendants constituent un ensemble exact ! Mais que dire lorsqu'on constate qu'il y a dans l'œuvre plusieurs dizaines de ces dates clés pouvant être établies par recoupement d'au moins trois ou quatre critères de ce genre et parfois plus ! Fait d'autant plus troublant, ces critères sont le plus souvent disséminés comme au hasard dans l'œuvre, parfois à des centaines de pages l'un de l'autre, et passent donc totalement inaperçus si l'on n'en effectue pas une recherche systématique et une collecte méticuleuse ! Ensuite des centaines d'autres dates sont comme accrochées à ces dates clés par des détails décisifs , comme par exemple « le lendemain » ; ou « Trois jours après notre départ »; ou « le sabbat suivant »; ou encore « aujourd'hui, après le sabbat et deux jours »; ou bien « Le soir du vendredi un jour, le soir du sabbat deux jours, ce soir trois jours... » L'étude systématique de tous ces détails décisifs montre alors que la datation des événements est ainsi totalement verrouillée et forme un tout d'une homogénéité insoupçonnable, humainement inconcevable, et difficilement calculable. Ceci est d'autant plus remarquable et paradoxal que Maria Valtorta ne semble pas un seul instant avoir conscience que la précision de ses descriptions puisse permettre de bâtir cet « exceptionnel calendrier de la vie de Jésus », et qu'en fait, elle ne fournit pas une seule date au sens strict, tout au long des six mille pages de son œuvre ! D'ailleurs, à y bien réfléchir, la chronologie, (la connaissance et l'ordonnance des événements dans le déroulement de l'histoire) semble bien plus utile et riche d'enseignement que la datation proprement dite (la détermination de la date des événements). Mais quel historien, ayant reconstitué minutieusement la chronologie de son récit, résisterait à la tentation de fournir quelques dates pour conforter sa thèse ? Et si l'on ajoute comme je l'ai déjà indiqué, que toutes les visions n'ont pas été reçues par Maria Valtorta dans le bon ordre , alors le mystère s'épaissit encore ! FOOTNOTES : En fait au moins deux dates clé par mois, durant les trois années de la vie publique ! : Jean Aulagnier évoquait des wagons derrière une locomotive, en parlant de « trains d'événements ».
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Il y a un temps pour toute chose...
Un bon croquis vaut mieux qu'un long discours
Napoléon A défaut de croquis, voici donc quelques exemples pour illustrer ce propos : La première rencontre avec Pierre et André Les indices : La rencontre a lieu un samedi , devant la synagogue de Capharnaüm, juste à la sortie de l'office du sabbat. La veille, à l'aurore du vendredi, Jacques et Jean sont venus prévenir Pierre et André à leur retour de la pêche nocturne, qu'ils ont rencontré le Messie. Ils avaient passé toute la journée du jeudi à écouter Jésus – « Nous sommes restés avec Lui toute la journée et jusque tard dans la nuit » 48.3 -, et n'avaient donc pas pu accompagner Pierre et André à la pêche cette nuit là, « un soir où la pêche est si bonne », car la lune était « haute dans le ciel » 48.6 . Quelques jours auparavant , Jean et Jacques avaient rencontré Jésus au bord du Jourdain, par « une fraîche matinée d'Adar » 597.3 . L'analyse : En mars 27, la pleine lune eut lieu le 9. Le jeudi 11, elle passe au zénith à minuit, et c'est le seul jeudi du mois où la lune soit levée juste au coucher du soleil. La rencontre avec Pierre et André a donc eu lieu le samedi 13 mars 27 . Commentaire : Cet exemple montre combien il faut être patient dans la lecture... C'est en effet dans le livre 9 que Pierre, se remémorant sa première rencontre avec Jésus, évoque ce détail apparemment insignifiant « matinée d'Adar » permettant de caler irréfutablement une scène décrite dans le livre 2 ! Le rendez-vous avec les romaines à Tibériade Les indices : La scène se passe en l'an 28. Juste après la retraite « pendant une semaine » 164.4 du groupe apostolique dans les gorges d'Arbel, « à la fin de la lune de scebat » 165.10 , et juste avant les 5 jours du sermon sur la montagne 170.14 ; 171.6 ; 173.2 qui se termine un samedi 176.6 . Une vingtaine de jours plus tôt, Jésus avait dit à Jeanne : « à la fin de la lune de scebat, je serai chez toi » 158.4 . Quand il arrive en retard au rendez-vous « Elles t'attendent depuis trois jours, par peur d'arriver en retard » 167.1 lui dit le portier de Jeanne de Chouza... Après le rendez-vous, Jésus rejoint ses apôtres au coucher du soleil, « un rayon de la nouvelle lune qui descend justement à son niveau, une petite virgule dans le ciel, une lame de lumière » 169.4 L'analyse : La rencontre eut lieu après une semaine complète s'achevant avec le repos sabbatique, et la veille d'une autre semaine complète : ce fut donc un dimanche. En 28, l'astronomie montre que la fin de la lune de shevat tombe le 11/2/28; et donc seul le dimanche 13/2/28 convient. La nouvelle lune (Adar) ayant eu lieu le samedi 12/2/28, la fin de la lune de shevat,( date prévue pour le rendez-vous) était donc le vendredi 11. Les romaines ont attendu trois jours : c'est donc une autre façon de confirmer que la rencontre a lieu un dimanche ; qui ne peut être que le dimanche 13/2/28. Le 13/2/28 l'astronomie permet d'établir que la lune, très mince virgule, basse sur l'horizon, se couche une heure à peine après le soleil, à 18h30, à l'arrivée de la nuit. C'est le seul soir possible de tout le mois, correspondant à cette description lunaire ! Commentaire : Dans cet exemple, la surprise vient de l'abondance des indices décisifs (en fait pas moins de 25 au total !), disséminés entre les chap. 158.4 et 174.17 du livre 3, et tous parfaitement concordants. Ces nombreux indices permettent de fixer la même date par trois raisonnements indépendants. C'est totalement inattendu et stupéfiant ! La mort de l'oncle Alphée Les indices : Tout au long de l'année 27, la santé d'Alphée se dégrade. Début septembre, alors qu'il voyage depuis une quinzaine de jours, et qu'il se trouve à Ptolémaïs, Jésus reçoit un courrier de sa Mère, apporté par le berger Joseph, qui l'informe que « Alphée est retourné dans le sein d'Abraham à la dernière pleine lune » et qui lui recommande « de ne pas venir à Nazareth avant la fin du deuil » 104.6 . Mais Jésus décide au contraire de rentrer immédiatement pour « pleurer avec eux avant la fin du deuil » 104.8 . Le lendemain, ils arrivent à Nazareth alors que « le soir descend et l'arc de lune montante (...) arrive déjà à son second quartier » 105.1 . L'analyse : Alphée est mort à la pleine lune, donc entre le 1 et le 3/9, (la pleine lune ayant eu lieu le jeudi 2 septembre 27). Marie déconseille à Jésus de revenir avant la fin du deuil, compte tenu de l'ambiance qui règne à Nazareth. Elle a donc cherché à prévenir Jésus au plus vite, pour prévenir tout retour inopiné. Le 4 étant un sabbat, le messager (le berger Joseph) n'a pu partir que le 5 et arriver à Ptolémaïs, (située à 30 km de Nazareth) que le soir. Jésus ne peut donc atteindre Nazareth que le lendemain lundi 6 en soirée, (c'est-à-dire entre le 4e et le 6e jour de deuil). Or le 6/9, c'est le dernier jour de septembre où la lune se lève encore à l'apparition des premières étoiles « dans le cobalt sombre du ciel, là où l'orient s'avance de plus en plus avec ses étoiles » 105.1 . Une fois encore, c'est le seul jour compatible ! Commentaire : Dans cet exemple, il faut analyser les motivations et les déplacements des personnages, prendre en compte le sabbat et la durée du deuil chez les juifs (7 jours). Il faut aussi se référer à la précision du texte italien « arco di luna crescente » car la traduction française plus vague « le croissant de la lune » n'aurait pas permis d'affiner à ce point la datation. Dans dix jours à la porte des Poissons Les indices : Dans la soirée du vendredi 25 juin 27 (date connue par plusieurs indices décisifs) Jésus donne rendez-vous aux bergers « dans dix jours près de la porte des Poissons à Jérusalem, à la première heure » 82.5 . Le vendredi suivant 2 juillet, Judas et Jean partent pour Jérusalem dans la matinée, et Jésus donne rendez-vous à Jean : « Dans quatre jours, nous nous reverrons » puis il précise encore à Judas : « À l'aube qui se lèvera dans quatre jours, à la Porte des Poissons » 83.3 . Le lundi 5 juillet dans la matinée, Jésus dit à Simon : « Demain à l'aube, il y a le rendez-vous à la Porte des Poissons » 85.1 , puis Il décide de retrouver Jean au Gethsémani : « À cette heure de chaleur, il sera à la maison de l'Oliveraie », et Jean a une remarque surprenante pour nous : « Toi, Maître ? Je t'attendais ce soir » 85.6 , alors qu'on est lundi, et que le rendez- vous semblait avoir été fixé au lundi matin avec les bergers, et au mardi avec Jean ! L'analyse : Voici en apparence une double incohérence... sauf si l'on se souvient que pour les juifs, la journée commence au coucher du soleil. Le rendez-vous avec les bergers à été fixé le vendredi soir (pour nous), mais en fait le sabbat était déjà commencé. « Dans dix jours », signifiait donc le mardi matin, et non le lundi comme on pouvait le croire. De même le rendez vous fixé avec Jean « au début du 4e jour », représentait le soir du lundi avec la façon orientale de compter les jours, et non le mardi matin ! Commentaire : Il est de nombreux autres cas dans l'œuvre où cette façon juive de décompter les jours est prise tout naturellement en compte dans les dialogues entre les personnages (par exemple aux chap. 82.5 ; 260.9...), alors que dans ses descriptions personnelles, Maria Valtorta décrit toujours les journées à la façon occidentale . On peut voir dans cet exemple un très fort indice d'authenticité de ces visions. La guérison miraculeuse de Jeanne de Chouza Les indices : Au début d'août 27, Jésus, de passage à Tibériade pour y retrouver le berger Jonathas, apprend que celui-ci vient de conduire Jeanne vers les monts du Liban. « Si Jonathas revient dans les six jours, envoie-le à Nazareth chez Jésus de Joseph » 99.4 dit-il à la vieille nourrice. « Je vais maintenant à Nazareth pour quelques jours... » La semaine suivante Jésus s'apprête à quitter Nazareth : « J'ai attendu les cinq jours dont j'avais parlé et, par prudence, j'y ai encore ajouté aujourd'hui... » La nuit est tombée. « Dès le lever de la lune, nous partirons » 102.1 et « Le soleil est encore pour peu de temps dans le Lion » 102.1 . Survient alors Jonathas qui décrit son voyage : « Le troisième matin, il y a sept jours, elle me fit appeler... » 102.4 et il raconte le rêve de Jeanne. Ils partent alors : « La nuit est tombée et la lune, à son premier quartier, se lève en ce moment » 102.6 . Plus loin , « Dans le clair de lune, on a dépassé Cana ... Encore un parcours assez long au clair de lune » 102.7 . L'analyse : Dans l'antiquité, un moyen aisé pour estimer l'avancement des saisons était d'observer, juste avant l'aube, quelle constellation était présente là où va se lever le soleil. Au fil des mois, dans un lent mouvement ascendant, chacune des 12 constellations du zodiaque semble remplacer la précédente. Et ce cycle se renouvelle à l'identique chaque année. Ainsi, lorsque Jésus constate « Le soleil est encore pour peu de temps dans le Lion » , l'astronomie nous indique que c'est exactement comme s'il disait: « c'est bientôt le 18-20 aout ». Si maintenant on observe comme le fait M. Valtorta dans cet épisode, que la lune se lève au début de la nuit, et continue à l'éclairer par la suite, on peut immédiatement en déduire que c'est une phase proche du dernier quartier, qui en août 27 eut lieu le jeudi 12. Les jours suivants la lune se lève tard dans la nuit, et le croissant décroit. La description de M. Valtorta ne conviendrait plus. Si l'on considère maintenant que Jonathas est parti dix jours plus tôt pour un long voyage, c'était donc probablement en début de semaine : dimanche 1er ou lundi 2 août. Or à cette date, c'était juste avant la pleine lune si propice aux voyages estivaux nocturnes. La guérison de Jeanne a donc eut lieu dans la nuit du 12 au 13 août 27, avec une précision remarquable (à +/- 1 jour près). Commentaire : Il faut constater ici que Maria Valtorta se trompe quand elle indique « le premier » quartier, mais comme elle précise que la lune se lève après la tombée de la nuit, puis qu'elle éclaire la nuit, ceci prouve évidemment qu'il s'agit du « dernier » quartier. (Nul humain n'est infaillible quand il se fie à ses connaissances ou à ses impressions). La résurrection de la fille de Jaïre et le banquet chez Simon Voici maintenant un exemple qui s'intègre au cours d'une séquence d'une soixantaine de jours consécutifs, tous parfaitement définis par un ensemble de pas moins de 79 détails décisifs ! Les indices : Cette période, qui commence à la Pâque 28 (fin mars), nous conduit au jour le jour, avec une surabondance d'indices, à la fin mai 28. L'avant-veille du repas, Jésus, juste après la résurrection de la fille de Jaïre, dit à Simon le pharisien qui l'invite : « Demain, je ne peux pas. Ce sera dans deux jours » 232.4 . C'est en soirée, et des témoins disent « Dans un moment, quand la lune sera haute » 232.8 (vision datée du 28/7/1945) ; La veille du repas, « C'est le soir... mais déjà la lune monte » 233.1 , et un peu plus tard « la lune désormais haute » 233.5 (vision du 12/08/1944, un an avant la précédente !). Le vendredi suivant « Retournez dans vos maisons avant que vienne le sabbat » 237.4 dans l'après midi Jésus évoque le repas chez le pharisien Simon « il y a maintenant cinq jours » 237.3 , et plus tard dans la soirée, « alors qu'il fait nuit » 237.5 la conversion de Marie Madeleine : « Marie est venue à Moi il y a trois soirs » 237.6 . L'analyse : La résurrection de la fille de Jaïre a donc eu lieu le lundi 29/5/28, juste après la pleine lune du 25/5/28, (seul lundi de ce mois où la lune se lève juste après le crépuscule, comme encore le lendemain mardi). Le mardi, Jésus donne la parabole de la Brebis perdue qui bouleverse Marie Madeleine au point de décider sa conversion... Et le mercredi 31/5/28, c'est le dîner avec Simon (vision reçue le 21/1/1944 !), et l'onction par Marie Madeleine repentante. Commentaire : Du chapitre 200 au chapitre 245, une séquence ininterrompue d'événements. Ici la cohérence paraît d'autant plus remarquable que les différentes visions décrivant cette séquence n'ont pas toutes été reçues dans l'ordre, et qu'elles s'étalent en fait sur une période de près de deux ans, entre janvier 1944 et septembre 1945, ce qui ne nuit pourtant en rien à leur cohérence spatio-temporelle ! Et pour terminer, voici deux derniers exemples qui illustrent le degré d'extrême précision de certaines descriptions de Maria Valtorta. Le départ de Sycaminon vers Dora et Césarée Les indices : Les données qui précédent cette scène permettent de la situer un lundi soir, au début du mois de juin 28. Jésus se trouve alors avec de nombreux disciples au bord de la plage de Sycaminon, « à l'extrémité du golfe » 250.1 , à « la pointe extrême de la baie qui s'allonge dans la mer comme un bras recourbé » 250.3 . La description comporte même suffisamment de détails pour qu'on puisse localiser à une cinquantaine de mètres près l'endroit de la côte où ils se reposent, adossés au mont Carmel qui vient à cet endroit comme s'échouer dans la mer ! Maria Valtorta explique d'abord : « dans la nuit encore sans lune... » 250.3 , puis elle indique un peu plus loin... « La lune est de plus en plus haute ... La lune produit un chemin argenté sur les eaux... » 250.9 , puis encore : "sous ce tranquille clair de lune... la blancheur resplendissante du clair de lune..." 250.11 . Quelques jours plus tard, dans la nuit du jeudi au vendredi suivants, la troupe apostolique s'apprête, un peu avant l'aube, à quitter Sycaminon pour une très longue étape vers Césarée... »une très belle nuit de lune à son couchant... la lune qui va bientôt se coucher » 253.1 puis tous commencent leur marche « dans le silence de l'aube naissante » 253.5 . L'analyse : Le lundi la "montée" de la lune au cours de la nuit, puis le jeudi le coucher de lune juste avant l'aube naissante, confirment une période entre le premier quartier et la pleine lune, et permettent donc de dater le séjour à Sycaminon sans aucune ambiguïté entre le lundi 19 juin 28 et le jeudi 22 juin 28. Mais le lundi 19 juin 28, la lune est déjà levée au coucher du soleil, et la première remarque de Maria Valtorta, « dans la nuit encore sans lune » pourrait donc paraître erronée... Commentaire : Effectivement la lune à son premier quartier est déjà levée. Mais un tracé topographique rigoureux prouve que de la plage, au niveau de la mer, les proches contreforts du mont Carmel, hauts de 185m, cachent effectivement la vue vers l'est. Il faut attendre pendant environ deux heures après le coucher du soleil (vers 23h) pour voir apparaître la lune au sud ouest, là où le Carmel ne la cache désormais plus aux regards des personnes assises sur la plage. La description de cette scène par Maria Valtorta est donc parfaitement compatible avec la topographie, qui seule permet de la justifier ! L'annonce de la mort du Baptiste et la multiplication des pains Les indices : Un vendredi soir d'août 28, Jésus se trouve à Capharnaüm éclairée par « la lumière rouge des torches et celle argentée de la lune presque pleine »269.12. Le vendredi suivant, « c'est la veille du sabbat » 270.7 , vers la fin août « D'ici peu les vendanges vont commencer » 270.1 . Les trois disciples du Baptiste viennent d'annoncer à Jésus la mort de Jean 270.3 . Alors « qu'il fait nuit » 271.1 , Jésus décide d'un départ en barque immédiat, « dans la blancheur de la pleine lune » 271.1 pour être loin de Capharnaüm pendant le sabbat . « Ils se rendent au lac... sous la lune au zénith » 271.5 et Pierre d'ajouter en bon marin : « Nous pourrons laisser les barques à Tarichée. Nous y arriverons à l'aube » 271.5 . Lorsqu'ils arrivent « à un bon mille, peut-être plus, de la petite péninsule de Tarichée 272.1 (...) la lumière de la lune décroît au coucher de la planète qui descend au-delà d'une colline » 271.5 . L'analyse : Au mois d'août 28, la pleine lune a lieu le 22/23 août. Les deux seuls jours possibles sont donc vendredi 18 août, (juste quatre jours avant la pleine lune), combiné au vendredi 25 août, (deux jours après la pleine lune). Or cette nuit là, l'astronomie nous apprend que la lune est au zénith entre minuit et 1 heure du matin. On connaît donc l'heure du départ : 1 h du matin. Ils ont 19 km à parcourir à la voile, cap au sud, ce qui par petite brise (4 km par heure environ), va leur demander 5 heures. Ils arrivent donc tout naturellement en vue de Tarichée à l'aube. La barque va aborder à l'embouchure du Jourdain. Les collines situées à 7/8 km au Sud/Ouest/Ouest de Tarichée (Har Adami et Har Yavéel) sont à plus de 500 m au dessus du niveau du lac. Soit un angle de près de 5° au dessus de l'horizon). Les logiciels d'astronomie montrent que la lune, aux premiers indices de l'aube, est à 20° au dessus de l'horizon. A l'aube naissante, la lune n'est plus qu'à 15°. Elle disparaît (à 5°) à 5h50 du matin, très exactement au moment que Pierre a estimé pour l'arrivée à Tarichée ! Commentaire : Les cinq descriptions lunaires sont si précises qu'on peut ici non seulement fixer la date avec une absolue certitude, mais même préciser l'heure du départ de Capharnaüm, et celle de l'arrivée à Tarichée ! Il faut prendre en compte le niveau du lac (-300m) et la hauteur des monts situés au sud ouest de Tarichée, là où se couche la lune à cette saison, pour constater que ce jour là, (et uniquement ce jour là), la lune se couche exactement à l'apparition de l'aube, comme le décrit Maria Valtorta ! C'est hallucinant de précision ! Ces quelques exemples ont été pris parmi des dizaines possibles. On pourrait en citer de nombreux autres tout aussi remarquables, mais un ouvrage spécifique sera nécessaire pour les décrire tous. Comme je l'ai déjà dit, la datation des événements dans l'œuvre de Maria Valtorta repose sur des milliers de recoupements d'indices, et le degré de fiabilité ainsi obtenu est sans aucune commune mesure avec celui dont disposent effectivement les historiens pour reconstituer la chronologie de cette époque ! Il suffit de se rappeler par exemple qu'en ce qui concerne la mort d'Hérode le Grand, deux théories principales , utilisant principalement les indices fournis par Flavius Josèphe, s'affrontent depuis des décennies : l'une la fixant au 3 avril -4, et l'autre privilégiant le 26 janvier -1. L'auteur de référence pour les datations historiques de cette époque, c'est en effet presque exclusivement l'historien juif Flavius Josèphe. Et il faut donc s'en contenter, bien que ses ouvrages comportent de nombreuses incohérences, imprécisions ou erreurs flagrantes en ce qui concerne la chronologie ! Soit dit en passant, ceci n'empêche cependant pas nombre d'auteurs d'accorder à Flavius Josèphe, qui écrivit plus de cent ans après ces faits, plus de crédit qu'ils n'en accordent généralement aux données historiques rapportées par les évangélistes, et plus spécialement à celles fournies par saint Luc, qui put pourtant tout à loisir interroger des témoins oculaires encore vivants de son temps. Ici, pour la vie publique de Jésus, c'est au jour près que peuvent être datés non pas quelques uns, mais l'intégralité des événements rapportés par les quatre évangélistes ! Un tel niveau de précision et de cohérence est pratiquement inexplicable... Et ceci devient même encore plus inexplicable si l'on ose dire, quand on se souvient, comme je l'ai évoqué au début de ce chapitre, que les visions n'ont pas été transcrites (ou transmises ?) dans l'ordre chronologique. « Je ne suivrai pas dans les contemplations un ordre chronologique correspondant à celui des Évangiles. Je prendrai les points que je trouverai plus utiles en un jour déterminé pour toi ou pour d'autres, en suivant mon ordre d'enseignement et de bonté » 44.8 . Avant Maria Valtorta, aucun cerveau humain n'avait été en mesure de concevoir une chronologie aussi cohérente de la vie de Jésus, basée sur des milliers de détails concordants. Est-ce donc que Maria Valtorta, par un mystère que la science ne peut pas aujourd'hui expliquer, a tout simplement décrit de son mieux ce que, d'une façon ou d'une autre, elle a vu et entendu ? On comprend mieux alors l'enthousiasme de Jean Aulagnier qui conclut ainsi son étude : « Non, ces textes n'ont rien de ce que peut écrire une âme mystique imaginative, rien de ce que pourrait inventer un écrivain faussaire génial. Ils sont réellement, dans leur précision, dans leur cohérence, dans leur expression, la description des paroles même et des scènes réelles que Maria Valtorta reçut la grâce extraordinaire d'entendre et de voir ». L'œuvre transmise par Maria Valtorta permet donc aujourd'hui à quiconque est curieux, honnête et impartial, d'avoir une réponse à la question qui semble avoir tracassé vainement quelques générations d'historiens depuis des siècles : Quand tout cela a-t-il exactement eu lieu ? Mais nous allons voir maintenant que la chronologie n'est pourtant pas, loin s'en faut, l'unique et mystérieuse merveille de cette œuvre... FOOTNOTES : Datée par ailleurs au début mars 27 grâce à d'autres indices. : Toutes les dates ont été transposées en « calendrier grégorien ». Les positions et les phases lunaires ont été vérifiées à l'aide de plusieurs logiciels astronomiques (dont le logiciel Redsift) et des éphémérides publiés par la Nasa. : Après la Pâque de l'an 28, période décrite « au jour le jour » du 30 mars 28 au 8 juin 28 ! : Notons que les déplacements à la voile étaient admis pendant le sabbat, mais non à la rame, ce qui aurait constitué un travail interdit ce jour là. : Voir à ce sujet le paragraphe Naissance de Jésus et mort d'Hérode. : Comme le démontre par exemple Andrew E. Steinmann (Concordia University River Forest, IL) dans son étude sur le règne d'Hérode le Grand. : J. Aulagnier, op. cit. page 303.
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Egale des plus grands géographes ?
Les pyramides de Khephren et de Mykérinos ont disparu !
Lorsque Maria Valtorta décrit le séjour de la Sainte Famille en Egypte, elle semble d'abord en ignorer la localisation exacte. Elle écrit : « C'est en Égypte. Je n'en puis douter car je vois le désert et une pyramide... » 36.1 , puis un peu plus loin, « le soleil descend sur les sables dénudés et un véritable incendie envahit tout le ciel derrière la lointaine pyramide 36.3 (...) La pyramide paraît plus sombre » 36.4 . Il faut attendre le livre 2, pour apprendre que la fuite se termina à Mataréa : « Lui qui s'était enfui plus loin que Matarea 119.1 ... ce sera plus triste que ton premier anniversaire à Matarea... » 133.4 , puis encore au livre 4 : « bien que la bonté du Seigneur nous eût rendu moins dur l'exil à Matarea, de mille manières » 247.8 . Mataréa est un quartier de l'antique cité d'Héliopolis, à 20 km au nord-est des trois pyramides de Gizeh. C'était une terre hospitalière pour les hébreux persécutés et une importante colonie juive y demeurait à l'époque de Jésus. L'évocation la plus ancienne de Mataréa comme refuge de la sainte famille semble provenir de l'évangile de l'enfance, (apocryphe arabe dit Evangile de Thomas) relatant une tradition attestée dès le 2 e siècle. Depuis cette époque et jusqu'à nos jours, on vénère en ce lieu la fontaine de la Vierge et l'arbre de Marie évoqués par ailleurs dans le texte de Maria Valtorta. Henri de Beauvau, dans Voyage au Levant (1615), nomme ce lieu « La Meterée, lieu où la Vierge se sauva avec son cher fils fuyant la persécution d'Hérode ». Puis Cornelis de Bruyn (1623-1683) passe par Mataréa, et explique dans son Voyage au Levant : « C'est ici que l'on croit que Joseph et Marie choisirent leur demeure lors qu'ils se retirèrent en Egypte ». Pourquoi Maria Valtorta ne voit-elle de ce lieu qu'une seule des trois pyramides ? Il faut remarquer que les pyramides de Gizeh étant orientées sud-ouest / nord-est, Mataréa se trouve exactement dans leur axe, et donc, uniquement dans ce secteur (sur une bande large de un à deux kilomètres à peine), la pyramide de Khéops cache effectivement celles de Khephren et de Mykérinos situées juste derrière elle ! La gravure ci-dessus, de 1850, est une vue au nord de Gizeh, depuis Héliopolis. On conçoit qu'en se déplaçant vers l'est, on ne verra qu'une seule « lointaine pyramide ». Il suffit d'observer la photo ci dessous - (prise entre 1875 et 1925, depuis le nord-est par rapport aux pyramides, comme le précise le site du Musée de Genève) - pour clarifier cette explication. Ce point de vue n'étant guère spectaculaire, il n'est évoqué par aucun des innombrables voyageurs ayant été visiter le Caire tout au long des siècles. L'utilisation d'un simple article au singulier « la » pyramide, apporte donc un indice fort d'authenticité de la vision de cette scène par Maria Valtorta. Note : C'est justement à proximité immédiate de Mataréa, en l'église copte de Zeitoun, qu'eurent lieu en 1968 des apparitions de la Vierge dont furent témoins des dizaines de milliers de personnes. FOOTNOTES : Aujourd'hui El Matariya, coordonnées 30° 07' N / 31° 16' E / Altitude +25m.
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Egale des plus grands géographes ?
La forêt pétrifiée du Caire
Au livre 4, Jésus évoque les souvenirs de sa prime enfance en Egypte. « Je pourrais comparer une grande partie d'Israël aux forêts pétrifiées que l'on voit çà et là dans la vallée du Nil et dans le désert de l'Égypte. C'étaient des bois et des bois de plantes vivantes... pour une cause inconnue, comme des choses maudites, elles se sont non seulement desséchées comme font les arbres qui, bien que morts, servent encore à faire du feu dans les foyers de l'homme... Mais ces arbres n'ont pas servi comme bois. Ils sont devenus de la pierre. De la pierre. La silice du sol semble, par un sortilège, être montée des racines, au tronc, aux branches, au feuillage . Puis les vents ont brisé les branches les plus faibles, devenues semblables à de l'albâtre qui est, à la fois, dur et mou. Mais les branches, les plus grosses, sont là, sur leurs troncs puissants pour tromper les caravanes fatiguées, qui sous les reflets éblouissants du soleil ou sous la lumière spectrale de la lune, voient se profiler les ombres des troncs qui se dressent sur les plaines ou dans le fond des vallées. (...) De vrais fantômes ! Apparences illusoires de corps vivants, présence réelle de choses mortes. Je les ai vues. J'en ai gardé le souvenir, bien que je fusse seulement un peu plus grand qu'un tout petit, comme d'une des plus tristes choses de la Terre » 248.13/14 . Il existe plusieurs sites de forêts fossiles en Egypte. Le site d'El Maadi , situé à une quinzaine de kilomètres à l'est du centre historique du Caire, pourrait être celui évoqué ici. En effet ce site est à 17 km au sud-est de Mataréa, donc proche du lieu de l'exil en Egypte. Cette forêt fut mentionnée déjà en 1840 . Aujourd'hui très menacée par l'urbanisation, la zone restante, de 7 km 2 a été classée en site protégé en 1989, et inscrite au patrimoine de l'Unesco en 2003. Il est tout à fait remarquable de trouver la description de ce site dans un texte de 1945, époque à laquelle il était encore à peu près inconnu en Europe. FOOTNOTES : Cette hypothèse de substitution par la silice est une des deux théories avancées aujourd'hui par les scientifiques pour expliquer la formation de cette forêt. (Voir www.bezra.com/en/mota7agera.asp ). : Coordonnées 29° 59' 10'' N / 31° 22' 45" E / Altitude +178m. : Notice sur la forêt pétrifiée des environs du Caire, Bulletin de la Société de Géographie, 2ème série, t. 13.
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Bethsaïda, un village de pêcheurs au milieu des terres !
En juin 1945, Maria Valtorta rapporte une vision : « Jésus me dit en me montrant le cours du Jourdain, ou plutôt l'endroit où il débouche dans le lac de Tibériade, là où s'étend la cité de Bethsaïda sur la rive droite du fleuve par rapport à celui qui regarde le nord : "Maintenant la ville ne semble plus être sur les rives du lac mais un peu vers l'intérieur dans les terres et cela déconcerte les spécialistes. On doit chercher l'explication dans le fait que de ce côté le lac a été comblé par vingt siècles d'alluvions apportées par le fleuve et par les éboulis descendus des collines de Bethsaïda. La ville était alors exactement à l'embouchure du fleuve dans le lac et même les barques les plus petites, aux saisons où les eaux du fleuve étaient plus hautes, remontaient sur un assez long parcours jusqu'à la hauteur de Corozaïn, le fleuve lui-même qui servait cependant toujours de port et d'abri aux barques de Bethsaïda aux jours de tempête sur le lac. Ceci n'est pas pour toi à qui la chose importe peu, mais pour les docteurs difficiles… » 179.1 . L'emplacement de Bethsaïda fut recherché en vain pendant près de 1500 ans, la cité ayant disparu vers l'an 324 à la suite d'un tremblement de terre. L'archéologue E. Robinson forma l'hypothèse en 1839 que le monticule nommé e-Tell était peut-être le vestige de Bethsaïda, mais cette hypothèse ne fut pas acceptée par la plupart des chercheurs de l'époque. C'est seulement à partir de 1987 que les fouilles réalisées la confirmèrent. Il est aujourd'hui admis que le lac était plus étendu à l'époque de Jésus. Le village de pêcheurs de Pierre, André et Philippe est donc à 1,5 km au nord de l'actuelle embouchure du Jourdain, au nord du lac de Tibériade, très exactement à la latitude de Corozaïn, comme l'ont appris, quarante ans à l'avance, ceux qui ont pu lire le manuscrit de Maria Valtorta dès 1947 !
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Egale des plus grands géographes ?
Enquête en Phénicie
Maria Valtorta mentionne à plusieurs reprises dans son œuvre Alexandroscène, cité antique fort peu connue aujourd'hui. Elle donne des descriptions précises et détaillées de sa localisation : « d'après l'indication de la borne romaine : Alexandroscène - m. V (...) un véritable escalier dans la montagne rocheuse et escarpée plongeant son museau dans la Méditerranée, qui se découvre de plus en plus à la vue à mesure que l'on monte. Seuls les piétons et les ânes suivent cette route, ces gradins pourrait-on dire. Mais peut-être parce qu'elle est un raccourci avantageux, la route est encore très fréquentée... "Ce doit être le cap de la tempête", dit Mathieu en montrant le promontoire qui s'avance dans la mer (...) "Du sommet nous allons voir Alexandroscène au-delà de laquelle se trouve le Cap Blanc. Mon Jean, tu vas voir une grande étendue de mer !" dit Jésus (...) "Mais il va bientôt faire nuit. Où allons-nous reposer ? A Alexandroscène. Tu vois ? La route commence à descendre. Au-dessous se trouve la plaine jusqu'à la ville que l'on voit là-bas" (…) Alexandroscène est une ville plus militaire que civile. Elle doit avoir une importance stratégique que j'ignore. Blottie comme elle l'est entre les deux promontoires elle semble une sentinelle préposée à la garde de ce coin de mer. Maintenant que l'œil peut voir l'un et l'autre cap, on voit qu'il s'y dresse en grand nombre des tours fortifiées qui forment une chaîne avec celles de la plaine, et de la ville où, vers la côte, trône le Camp imposant... » 328.1/2 . Plus loin, il est encore question de la route stratégique : « en essayant de rejoindre la route qui va de la mer vers l'intérieur. Ce doit être la même, qui bifurque au pied du promontoire, qu'ils ont faite en allant à Alexandroscène... » 330.8 Puis à nouveau au livre 7 : « sur la route à gradins taillés dans le roc où ils se sont engagés pour arriver au dernier village de frontière entre la Syro-Phénicie et la Galilée - et ce doit être celle que j'ai vue quand ils allaient à Alexandroscène » 474.8 . Toutes ces descriptions sont parfaitement exactes et vérifiables: Situé à l'extrême nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, Roch Hanikra (le cap de la Grotte) déploie ses falaises de craie blanche dans la Méditerranée. Les Arabes appelaient ce site Ras el-Nakoura, les Juifs Sulam Tsur et les pèlerins chrétiens l'avaient dénommé Scala Tyrorium (Les échelles de Tyr). Alexandre le Grand aurait fait creuser vers 333 avant l'ère chrétienne ces échelles (ou escaliers) pour ses soldats et leur monture. Puis elles furent empruntées par les légions romaines et les croisés. Site peu connu de nos jours, il en subsiste quelques gravures de 1836 comme celle ci-contre... Comme Maria Valtorta semble l'avoir lu sur la borne romaine, Alexandroscène était effectivement située à 5 milles romains (« m V ») du lieu où commencent les échelles de Tyr, soit exactement à 7 km 5 plus au nord. Ras en Naqkurah « éperon de la montagne qui s'avance vers la mer (...) plongeant son museau dans la Méditerranée » vu d'Aczib Voici ce qu'en dit un guide touristique moderne de Tyr : « Entre deux promontoires de la côte phénicienne Le Ras el Bayada et le Ras en Naqurah se situent les ruines d'une ville considérable sans histoire, si ce n'est qu'Alexandre le Grand y demeura après la capture de Tyr. En son honneur une ville fut bâtie et nommée Alexandroschene ». Le Cap el Bayada (Promontarium Album ou Cap Blanc ) et la vue vers Tyr à l'horizon Cette ville subsistait au temps de Jésus, puisque le pèlerin de Bordeaux (en 333) mentionne y avoir fait étape. Et une légende du 14 e siècle (par Nicéphore Calixte) rapporte que Zosimus, célèbre pour ses miracles sous Justinien, se rendant de Tyr à Ptolémaïs vint à Alexandroschene. « Là, un lion dévora l'âne qui portait ses bagages. Zosimus ordonna alors au lion de porter les bagages ! ». Mais au 19 e siècle il ne restait plus que quelques pierres de cette cité jadis florissante, et aujourd'hui entièrement disparue ! Signalons que de nos jours les casques bleus de l'ONU ont installé une importante base militaire tout près du site archéologique d'Alexandroscène (à 3 ou 4 km, à Naqurah). FOOTNOTES : Coordonnées 33° 05' 34'' N / 35° 06' 14'' E / Altitude +55 m. : Coordonnées 33° 09' 16'' N / 35° 09' 58'' E / Altitude +34 m. : Sur le site Internet www.lifeintheholyland.com . : En 1884 Victor Guérin op. cit., dit que ce promontoire se nomme alors Le Ras el Abyad (Promontorium Album de Pline) soit le « cap Blanc » nom exact que lui donne Maria Valtorta ! : Egalement nommé Rock Hanikra, et que Matthieu identifie comme Cap de la tempête, car c'est là que les apôtres affrontèrent une tempête en se rendant vers Tyr. Une photo du Rock Hanikra justifie cette autre description « un éperon de navire (…) avec ses veines rocheuses qui blanchissent au soleil » 325.1 . : Témoignage de Victor Guérin, Terre Sainte, tome 2 page 143.
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Les ruines cyclopéennes de l'antique cité d'Hatzor
Alors qu'il vient de Gerghesa et se dirige vers Meron et Giscala, Jésus rencontre le rabbi Gamaliel, et il évoque alors les ruines d'Hatzor qu'Il vient de longer : « là il n'y a pas de floraisons, terre désertique que le travail de l'homme et de la nature était impuissant à fertiliser. Tout travail humain n'y aboutit à rien, ni celui du vent qui transporte les semences car les ruines cyclopéennes de l'antique Hatzor encombrent tout, et à travers ces champs de pierres ne peuvent croître que les orties et les ronces et ne se nichent que les serpents » 160.4 . C'est l'unique référence à Hatzor dans toute l'œuvre. La découverte de ces ruines date de 1870, mais il a fallu attendre les campagnes de fouilles commencées en 1955, (elles se poursuivaient encore en 2008) pour avoir une idée de l'immensité du site. Personne avant 1955 n'avait jamais évoqué des « ruines cyclopéennes » sauf Maria Valtorta en 1945 ! Or la ville couvre une superficie de plus de 80 hectares (soit 10 fois la superficie de la Jérusalem de l'époque !), si grande que les archéologues ne pensèrent pas d'abord que toute cette surface fut pour une seule cité. Mais cela est maintenant prouvé, et le site, encore complètement désertique de nos jours , constitue le plus vaste chantier de fouilles de tout Israël. Mentionnée plusieurs fois dans la Bible, cette immense cité fut définitivement détruite par un tremblement de terre en 732 avant J.-C. FOOTNOTES : Coordonnées 33° 01' 35'' N / 35° 33' 38'' E / Altitude +190m.
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Egale des plus grands géographes ?
Maria Valtorta a-t-elle visité Antioche ?
Peut-être Maria Valtorta est-elle allée à Antioche... au temps de Jésus? C'est une question qu'on peut légitimement poser lorsqu'on analyse les nombreux détails qu'elle fournit sur Antioche et sa région... en ce temps là. Arrivant par la mer, le navigateur crétois Nicomède fait remarquer : « le vrai port d'Antioche c'est Séleucie, sur la mer, à l'embouchure de l'Oronte » 321.3 . Exact : Port d'Antioche, au nord de l'embouchure de l'Oronte, dont V Chapot étudia le site en 1907. Il ajoute : « La ville que vous voyez, la plus grande, c'est Séleucie. L'autre, vers le midi, n'est pas une ville, mais les ruines d'un endroit dévasté ». Exact : Il s'agit de la vieille colonie grecque de Posidéion (Aujourd'hui Al Mina, ce qui signifie le port en arabe). Cette antique colonie grecque, connue de la mythologie et mentionnée par quelques auteurs grecs (dont Strabon), fut détruite en 413 av J.-C. et abandonnée. Elle était un champ de ruines au temps de Jésus. Quand Maria Valtorta l'évoqua dans son œuvre, en 1944, seuls quelques archéologues la connaissaient, comme c'est encore le cas aujourd'hui ! Nicomède poursuit son explication : « Cette chaîne est le Pierios, qui fait donner à la ville de Séleucie le nom de Pieria ». Exact : Pieria est le nom de la chaîne montagneuse située au nord de Séleucie. « Ce pic plus vers l'intérieur, au-delà de la plaine, c'est le mont Casio qui domine comme un géant la plaine d'Antioche ». Exact : Le mont Cassius, haut de 1739 m, est ainsi dénommé par Pline et Strabon. Mais aujourd'hui il est connu sous le nom de Djébèl-Akra , la montagne chauve . « l'autre chaîne au nord, est celle de l'Aman ». Exact : Il s'agit du mont Amanus, qui sépare la Syrie de la Cilicie. « Oh ! vous verrez à Séleucie et à Antioche quels travaux ont fait les romains ! Ils ne pouvaient rien faire de plus grand. Un port qui est un des meilleurs avec trois bassins et des canaux et des jetées et des digues ». Possible : Le site de Séleucie est aujourd'hui complètement ensablé, mais quelques sondages archéologiques permettent d'imaginer l'importance des digues, des murailles et des canaux. Une future campagne de fouilles prouvera-t-elle l'exactitude de cette description ? Au chapitre suivant, les apôtres quittent Séleucie pour se rendre à Antioche : « Ils prennent une route près des murs jusqu'à ce qu'ils sortent par une porte, en côtoyant d'abord un canal profond et puis le fleuve lui-même » 322.4 . Exact : Ce canal sera agrandi un peu plus tard par Titus, et les vestiges en sont encore visibles de nos jours. Syntyché s'émerveille : « Que de myrtes ! » et Matthieu renchérit : « Et de lauriers ! » Exact : Voir par exemple le livre premier des Métamorphoses d'Ovide. « Près d'Antioche, il y a un endroit consacré à Apollon », rapporte Jean d'Endor. Simon le zélote, qui connaît l'endroit pour y être déjà venu, précise alors : « Vous allez voir une des plus belles vallées du monde. À part le culte obscène et qui a dégénéré en orgies toujours plus dégoûtantes, c'est une vallée du paradis terrestre ». Puis il ajoute un peu plus loin : « Dans cette vallée poétique se trouve Daphnée avec son temple et ses bosquets » 322.6 . Exact : Le géographe Strabon déclare : Les Antiochéens y tiennent leurs panégyries . Et Nonnos de Panopolis, poète grec du 5ème siècle, évoque les orgies phrygiennes de Daphné Ils approchent d'Antioche, comme l'explique le zélote : « voici Antioche avec ses tours sur les remparts. Nous allons entrer par la porte qui est près du fleuve ». Et à la question de Pierre : « Cette ville est très fortifiée , hein ? », il répond : « Très fortifiée. Des murs d'une hauteur et d'une largeur grandioses, en plus des cent tours qui, vous le voyez, semblent des géants dressés sur les murs, et des fossés infranchissables à leurs pieds ». Exact : En 1861, Emile Isambert écrit qu'il subsiste 50 tours des 130 d'origine, preuve du génie militaire des romains. Antioche vers 1785 par Louis-François Cassas Simon précise encore : « Et même le Silpio a mis ses sommets au service de la défense ». Exact : Il ne reste rien aujourd'hui des ruines de ces défenses au sommet du Silpius, mais Louis-François Cassas en établit quelques croquis au 18e siècle. Mille pages plus loin dans l'œuvre, une lettre de Syntyché est l'occasion d'une profusion d'autres détails donnés sur Antioche, qui était alors la troisième cité de l'empire, après Rome et Alexandrie : « au moment où j'écris, de l'une des terrasses de la maison je vois (...) le palais du Légat dans l'île » 461.14 . Exact : Libanius d'Antioche (314-394) écrit que le palais du gouverneur occupait un quart de l'île . « ses rues royales, ses murs aux centaines de tours puissantes, et si je me retourne, je vois le sommet du Sulpius qui me domine avec ses casernes, et le second palais du Légat ». Exact : Conforme à la description qu'en donne Libanius. Plus tard les croisés firent une citadelle des vestiges de ce second palais fortifié. Plus loin dans sa lettre, Syntyché poursuit : « Une dame romaine voulait me recevoir dans sa splendide maison près des colonnades d'Hérode » 461.19 . Exact : L'Histoire et l'Archéologie attestent de cette colonnade, agrandie ensuite par Tibère. « Une prosélyte, veuve qui habite près du pont de Séleucie ». Exact : ce pont plusieurs fois reconstruit, à l'ouest de la ville, subsistait en 1785. « Une famille gréco-assyrienne qui possède des magasins dans une rue près du Cirque ». Exact : les ruines du cirque, retrouvées près du palais du gouverneur. « Et me voici dans la maison de Zénon, sur les pentes du Sulpius près des casernes. La citadelle surplombe, menaçante, de son sommet. Cependant, avec son aspect si peu engageant, elle vaut mieux que les riches palais de l'Onpholus ». Exact : Il faut lire bien sûr l'Omphalos, le centre de la cité où se dressait une statue remarquable d'Apollon « et du Nimpheus ». Exact : Il faut lire bien sûr l' Omphalos , " le centre de la cité " où se dressait une statue remarquable d'Apollon. Et le grandiose Nymphaeum d'Antioche, qui alimentait en eau toute la cité. Il fut détruit lors d'un tremblement de terre qui ravagea la cité . Il ne faut pas oublier non plus la mention d'Antigonéa 323 . et des jardins de Lazare... Les archéologues recherchent encore de nos jours des traces de cette cité contemporaine d'Antioche, mais dont le déclin était déjà amorcé au moment de la conquête romaine . Photo des vestiges actuels du Nymphaeum d'Antioche La carte d'Antioche ci-contre a été établie d'après Glanville Downey (Ancient Antioch 1963). Elle correspond parfaitement avec les descriptions de Maria Valtorta, écrites pourtant 20 ans avant la publication de cette carte. Toutes ces données sont donc exactes , même si leur vérification s'avère parfois longue et délicate. En effet ces informations sont disséminées ça et là dans divers ouvrages. Mais je n'en ai trouvé aucun, parmi les nombreux que j'ai consultés pour cette étude, qui comporte l'ensemble des données transmises par Maria Valtorta. Elle nous fournit, pour Antioche et sa région, plus d'une vingtaine de précisions pertinentes, dont quelques unes sont peu connues. Assurément la qualité de la description d'Antioche et de sa région est une pièce à ajouter au dossier de l'énigme Valtorta ... Antioche de nos jours, au pied du mont Silpius FOOTNOTES : Strabon, Géographie, Livre XVI, 2 , 6. : Nonnos de Panopolis, Dyonisiaques Chant 40. : Adolphe Laurent Joanne, Ad. Chauvet, Emile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, Hachette 1861 page 618. : Libanius d'Antioche, Oraison IX. : Rapporté par Evagrius le Scholastique (534-594), Ecclesiastical History, L3 c. 12. : Isambert (op. cit. page 619) situe Antigonéa au Nord-Est de Daphné, près d'Antioche, en conformité avec la description de Maria Valtorta, tandis que les archéologues la recherchent aujourd'hui un peu plus à l'est.
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Un beau panorama au centre de la Judée
Venant de Béther, et se rendant à Ascalon pour le premier voyage apostolique, juste après la Pâque 27, Jésus et les siens approchent d'un village... « L'endroit est très montagneux, mais avec encore une végétation très riche de bois de conifères, ou plutôt d'arbres à pignons et l'odeur de la résine se répand partout, balsamique et vivifiante. Et, par ces montagnes verdoyantes, Jésus chemine avec les siens, tournant le dos à l'orient (...) Quand nous serons au faîte de cette montagne, je vous montrerai de là-haut toutes les régions qui vous intéressent » 215.1 . A un kilomètre environ au sud est de Beth Jimmal une colline culminant à 410 m domine les environs et offre un panorama exceptionnel. « On a atteint le sommet de la montagne. Un large panorama s'ouvre à cet endroit, et il est beau à contempler à l'ombre des arbres feuillus qui couronnent la cime, un enchevêtrement de chaînes de montagnes si variées et ensoleillées qui vont en tous sens comme les lames pétrifiées d'un océan battu par des vents contraires et puis, comme dans une baie tranquille, tout s'apaise dans une splendeur de lumière sans limite qui précède une vaste plaine, où s'élève solitaire comme un phare à l'entrée d'un port, une petite montagne... » 215.2 . Le seul lieu possible correspondant à cette petite montagne dans la plaine philistine est le Tell es-Safi, comme nous le verrons bientôt... « Ce pays qui s'étend ainsi sur la crête, comme pour jouir pleinement du soleil, et où nous séjournerons, est comme le pivot d'un éventail de lieux historiques . Venez ici. Là (au nord) Gerimot. Vous souvenez-vous de Josué? La défaite des rois qui voulurent assaillir le camp d'Israël rendu puissant par l'alliance avec les Gabaonites ». Jerimoth, ou Jarmout, ou Yarmouth , est situé tout près, au nord-ouest du mont où ils sont. La victoire de Josué contre Piram est évoquée en Josué 10, 1-5. Des fouilles archéologiques récentes ont permis de retrouver des traces de fortifications, à Khirbit el Yarmuk. Pourtant, à l'époque de Maria Valtorta, la localisation de Jerimoth était supposée à 3 km plus à l'est ! « Et tout près, Betsames , la cité sacerdotale de Juda, où les Philistins rendirent l'Arche avec les vœux en or, imposés au peuple par les devins et les prêtres pour être libérés des fléaux qui tourmentaient les Philistins coupables » . Beth Shemesh est abondamment mentionnée dans la bible. L'épisode "rappelé par Jésus" est tiré de 1 Samuel 6, 10-15. « Et voilà là-bas, toute ensoleillée, Saràa, la patrie de Samson ». Sar'a , ou Tzora , sur la rive nord du Wadi al-Saar, la vallée biblique de Sorec. Ville de la tribu de Dan, patrie de Manué, le père de Samson et lieu de la naissance de Samson. (Juges 13, 2) Eusèbe la situe à 10 milles d'Eleuthéropolis, en tirant vers Nicopolis et assez près de Kaphar-Sorec. Fortifiée par Roboam, Saraa fut à nouveau habitée, au retour de la captivité, par les enfants de la tribu de Juda. (Josué 19, 41). Les saraïtes (1 Chroniques 2, 53) sont certainement les habitants de Saraa. « et un peu plus à l'est Timnata, où il prit femme et où il fit tant de prouesses et de sottises ». Les historiens situent plus volontiers Timnatah , ou Tibney, à 3 ou 4 km de là, à l'ouest-sud-ouest de Beth Shemesh, mais sans apporter de preuve décisive. L'avenir donnera-t-il raison à Maria Valtorta, comme ce fut le cas pour Jerimoth évoqué plus haut ? (Juges 14, 1) « Et là Azeco et Soco alors camp philistin ». Soko : ville du bas pays de Judas. Comme les Israélites ont toujours habité les montagnes et les Philistins la plaine côtière, le bas pays, entre les deux, a toujours été objet de dispute (Josué 15, 35). C'est entre Soco et Azéca qu'eut lieu le combat entre David et Goliath. Sous le roi Achaz, la ville est prise par les Philistins (2 Chroniques 28, 18). A l'époque d'Eusèbe, elle s'appelait Socchoth. Azeco : C'est là que Josué bat les rois cananéens (Josué 10, 10-11). Ville du bas pays de Juda (Josué 15, 35), occupée par les Philistins, fortifiée par Roboam le successeur de Salomon (2 Chroniques 11, 9), la ville soutint un certain temps le siège imposé par Nabuchodonosor, roi de Babylone, vers 590 av J.-C. (Jérémie 34, 7). Elle sera réoccupée par les Judéens au retour de l'Exil, vers 530 av J.-C. (Néhémie 11, 30). Le site s'appelle aujourd'hui Tell Zakariya. « plus bas encore c'est Szanoé une des cités de Judée ». Actuelle Zanoah , au nord-est d'Azeco et de Soko, à 2 km environ du point de panorama où se trouvent Jésus et les siens. « Et ici, tournez-vous, voici la Vallée du Térébinthe où David battit Goliath ». La vallée du Térébinthe (1 Chroniques 11, 13 ; 2 Samuel 23, 9), orientée d'est en ouest, puis au nord ouest, est l'actuel Wadi es-Sant. Elle est juste au sud-ouest du lieu où ils se trouvent. Ils doivent donc effectivement se retourner pour l'observer, puisqu'elle est à l'opposé de Zanoah ! « Et là, c'est Maceda, où Josué défit les Amorrhéens ». Makkedah ou Maqqeda, évoquée dans Josué (10, 10-51). Endroit mémorable dans les annales de la conquête de Canaan, car lieu de l'exécution par Josué des cinq rois de la coalition, qui s'étaient cachés dans des grottes. L'emplacement exact n'a été redécouvert que récemment . « Tournez-vous encore. Vous voyez cette montagne solitaire au milieu de la plaine qui autrefois appartint aux Philistins ? Là se trouve Get, patrie de Goliath et lieu de refuge pour David près d'Achis pour fuir la folle colère de Saül et où le sage roi fit le fou parce que le monde défend les fous contre les sages ». David s'y réfugia 2 fois, auprès du roi Achis, pour échapper à Saül. Compte tenu de sa destruction vers le milieu du 8e siècle avant J.-C. la localisation de ce site fut perdue au long des siècles. La plupart des archéologues s'accordent aujourd'hui pour identifier Geth ou Gath avec Tell es-Safi. « le monticule blanc ». Le Tell es-Safi sur lequel sont situées les ruines de Geth (vue d'Azéka). Le site fut identifié en 1887 mais seules des fouilles récentes en 2001 ont confirmé les hypothèses antérieures. Cette colline, la seule dans ce secteur, est en tout point conforme à la description donnée par Maria Valtorta en 1945 ! « Cet horizon ouvert, ce sont les plaines de la terre très fertile des Philistins. Nous irons par là jusqu'à Ramlé ». Ramleh, ou Ramla : L'Histoire nous enseigne que la cité fut entièrement bâtie vers 705-715 par le calife Suleiman ibn Abed al-Malik. Le fait que ce nom soit mentionné par Jésus semblerait donc suggérer une existence antérieure à +705. « maintenant entrons à Bétginna ». Beth Jimmal , ou Beit Gemal : C'est là que furent retrouvées, vers 415/417, les reliques de St Etienne, Nicodème, Gamaliel et son fils Abibas. Le site avait alors le nom de Kfar Gamla. Un monastère byzantin y fut bâti au 6 e siècle. Le site a retrouvé aujourd'hui son nom d'origine, et le monastère est devenu un lieu de pèlerinage. Il s'avère nécessaire d'entreprendre une étude topographique détaillée de cette région pour constater que seule la colline située à un kilomètre au sud-est de Beth Gimmal permet d'observer l'ensemble des lieux décrits ici. Et c'est seulement après avoir positionné sur une carte tous les lieux évoqués dans ce court paragraphe que l'on peut apprécier la surprenante qualité de cette description. Commentaires : 1/ Ne serait-ce que pour confirmer la validité de la quinzaine de détails donnés dans ces quelques lignes, il faut disposer d'une carte très détaillée de la région, et pouvoir consacrer un certain temps à ces vérifications relativement complexes. 2/ Maria Valtorta transcrit très souvent les noms propres avec une orthographe approximative, phonétiquement pourrait-on dire, et c'est là un fort indice qu'elle n'a ni lu, ni vérifié ces noms dans une hypothétique documentation que d'ailleurs, selon toute vraisemblance, elle ne possédait pas . 3/ Elle n'hésite pas à transmettre des informations en contradiction avec les affirmations ou les hypothèses de ses contemporains, à supposer qu'elle en ait eu connaissance. (Gérimot, Timmatah, Ramleh...), et dont l'une au moins, à la suite de récentes découvertes, s'avère juste aujourd'hui (Gérimot). (les localisations exactes de Timmath et Ramleh n'étaient toujours pas « prouvées » en 2010). 4/ Elle fournit même des informations pratiquement inconnues ou contestées de son temps, et que l'Archéologie ou l'Histoire ont confirmé ultérieurement (Gath, Makkedah...) Comment Maria Valtorta a-t-elle procédé ? FOOTNOTES : On apprend plus loin qu'il s'agit du village de Betginna. : La ville existait encore à l'époque d'Eusèbe qui la désigne Iermoxous. : Voir par exemple Bible d'Osty, p 463. : 31° 45' 5" N / 34° 58' 35" E. : D. A. Dorsey, Location of the biblical Makkedah, Tel Aviv 1980. : Gath était entourée de murs (2 Chroniques 26, 6) et ne fut pas conquise par Josué et, bien que de nombreux conflits éclatèrent entre les israélites et les philistins, elle ne semble pas avoir été capturée avant le temps de David (1 Chroniques 18, 1). Célèbre par la présence de Goliath (1 Samuel 17, 4) et d'autres géants (2 Samuel 21, 18-22). C'est de Gath que les Ashdodites accompagnèrent l'Arche lors de l'épidémie de lèpre. (1 Samuel 5, 8-9). : Située à 31° 55' 38'' N / 34° 52' 30'' E, Ramleh est parfois présentée comme la seule cité de Palestine fondée par les arabes.
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Les gorges d'Arbel et les cornes d'Hattin
Presque un an après avoir choisi ses premiers disciples, Jésus réunit les douze pour une retraite en un lieu isolé, derrière Tibériade. Maria Valtorta décrit longuement ce lieu de l'élection des douze apôtres : « Jésus marche en tournant maintenant le dos au lac, se dirigeant avec assurance vers une gorge qui se trouve entre les collines qui vont du lac vers l'ouest en lignes je dirais presque parallèles. Entre deux collines rocheuses, raboteuses, qui tombent à pie comme un fiord, un petit torrent qui écume descend avec fracas, et au-dessus c'est l'escarpement de la montagne sauvage avec des plantes qui ont poussé en tous sens, comme elles ont pu, entre les pierres » 164.3 , puis un peu plus loin « Ici, il y a des grottes qui ont servi autrefois à des hommes (...) Ici, il y a des eaux fraîches et abondantes alors que le terrain est sec » 164.4 . Ensuite Maria Valtorta évoque Jésus descendant « parce que sa grotte est la plus élevée. Et, allant d'une grotte à l'autre » 165.3 . La description est si explicite que le chercheur n'a guère de peine à localiser ces grottes longtemps avant d'apprendre, mille pages plus loin, qu'il s'agissait du site « des grottes d'Arbela » 360.6 . La vallée des gorges d'Arbel, aux nombreuses grottes, servit de refuge au temps des Maccabées, deux siècles avant Jésus Christ. Puis encore lors de la révolte juive au temps d'Hérode , en 39 av. J.-C. Les eaux mentionnées sont celles du Wadi El Hamam. « La vallée aux pentes abruptes et sauvages » 241.5 avec à mi pente (à droite) les grottes d'Arbel. Les cornes d'Hattin sont sur l'horizon à gauche. « Allons. Allons à la rencontre des autres qui en grand nombre attendent ma venue. Ensuite j'irai pour quelques heures à Tibériade, et vous, en parlant en public de Moi, vous irez m'attendre au pied de la montagne sur la route directe de Tibériade à la mer. Je viendrai là et monterai pour prêcher » 165.10 . Jésus donne rendez-vous à ses apôtres au pied du lieu nommé actuellement les Cornes d'Hattin. Là Simon le zélote commence à prêcher. « Nous voyons qu'il en est comme de l'aqueduc que nous apercevons d'ici. (…) L'arcade n'existerait pas s'il n'y avait pas la base sur la route » 165.5 . La présence d'un aqueduc en ce lieu était méconnue jusqu'en 1989, époque où la découverte de vestiges en attestèrent l'existence, près de Kafr Sabt justement là où se situe la scène décrite par Maria Valtorta, plus de quarante ans avant cette trouvaille ! Les eaux abondantes du Wadi Fidjdjas étaient donc transportées dans l'antiquité vers Tibériade par cet aqueduc, dont l'Histoire et l'Archéologie semblaient avoir oublié l'existence. Jésus retrouve ses apôtres comme convenu « vers une montagne qui s'élève près de la route principale et qui, partant du lac, se dirige vers l'ouest » Une importante voie romaine, la via maris, qui reliait Césarée Maritime à Tibériade, passait effectivement à proximité. « la montagne s'élève plus rapidement jusqu'à un pic et elle s'abaisse, puis remonte encore pour former un second pic semblable au premier, l'ensemble des deux formant une sorte de selle » 169.1 .Il s'agit du mont du Sermon sur la Montagne, (165. à 174.) dont la description est on ne peut plus minutieuse : « la vallée entre les deux cimes » 170.1 . « le sommet de la colline en forme de joug ou plutôt en forme de bosse de chameau (...) offre un amphithéâtre naturel où la voix résonne avec netteté » 174.11 . « Nous étions plus haut, là où la cime paraît fourchue comme un large bident qui voudrait embrocher les nuages » 244.2-4 ... « on voit de cette cime la selle du mont des Béatitudes, au pied duquel passe la voie principale qui va de la Méditerranée à Tibériade » 276.1 etc. Tout ceci décrit parfaitement et désigne sans ambiguïté le lieu connu depuis les croisades sous le nom des Cornes d'Hattin . Commentaire : En décrivant comme lieu du Sermon sur la Montagne le site des Cornes d'Hattin , Maria Valtorta semble totalement ignorer que l'emplacement officiel du mont des Béatitudes est situé loin de là, à quelques trois kilomètres dans l'arrière pays de Capharnaüm. Mais ce site prétendument officiel paraît avoir été choisi pour des motifs essentiellement touristiques, et n'a jamais réellement fait l'unanimité, loin s'en faut ! Le site isolé des cornes d'Hattin s'avère bien plus probable , et concilie la montagne de Matthieu (5, 1) et le plateau de Luc (6, 17). La montagne ou le plateau des Béatitudes "au pied duquel passe la voie principale qui va de la Méditerranée à Tibériade" 276.1 Les descriptions par Maria Valtorta de ces sites totalement oubliés en son temps, s'avèrent stupéfiantes, maintenant que nous pouvons les confronter aux photographies qui en sont faites par les touristes. FOOTNOTES : Matthieu 10, 1-4 ; Marc 3, 13-19 ; Luc 6, 13-16. : Flavius Josèphe raconte que l'on descendit des soldats dans des cages suspendues au sommet de la falaise, et qu'on enfuma les grottes. : Amit, Y. Hirschfeld, et J. Patrich, The Aqueducts of Ancient Palestine, 1989 ; Zalman S. Winogradov, The Ancient Aqueduct of Tiberias, 2004. : Situé à 10,5 km au Sud-Ouest de Tibériade. : C'est à cet endroit que le 4 juillet 1187 les troupes de Saladin écrasèrent les croisés de Guy de Lusignan. : S. Munk, Palestine, 1845, décrit les Cornes d'Hattin et ajoute, p. 5 : « les chrétiens l'appellent montagne des béatitudes, car selon la tradition, ce fut là que Jésus prononça son discours appelé le sermon sur la montagne ». Et Baedeker, Palestine et Syrie, 1898, p. 247 ajoute même que cette tradition (le site d'Hattin comme site des Béatitudes) remonte à la fin des croisades. : Cette localisation est attestée par Brocardus (ou Burchardus), Descriptio Terrae Sanctae, 1283, caput 4. C'est également ce lieu que choisirent les membres d'une expédition de Napoléon pour y situer le sermon sur la Montagne.
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Et tant, tant d'autres sites oubliés...
L'évocation ou la description par Maria Valtorta de nombreux lieux de Palestine connus en 1944 par seulement quelques rares érudits fut une des surprises de l'éminent spécialiste que fut le Père François Paul Dreyfus, comme j'en ai déjà évoqué le témoignage au début de cet ouvrage. Voici maintenant quelques unes des données qui ont pu justifier cet étonnement : Jotapate315.1 (actuel Tel Yodefat) est parfaitement localisé et décrit par Maria Valtorta, alors que le site n'a été "redécouvert" par les archéologues qu'en 1992-1994 Magdalgad « ce petit pays sur la colline » 220.1 est mentionné une seule fois dans la bible . A l'époque de Maria Valtorta, l'emplacement était encore controversé . Maintenant identifiée avec la moderne Al-Majdal, à environ 4,8 km au nord-est d'Ascalon, (en parfaite conformité avec la description de Maria Valtorta !), le site est aujourd'hui intégré dans les faubourg d'Ascalon. Lesendam : Laishem Dan, la cité de Laïsh, n'apparaît sous ce nom qu'une seule fois dans la bible . Maria Valtorta évoque le passage de Jésus à proximité 330.1 et 331.8. Pourtant la redécouverte de l'ancienne ville de Tel Dan (Tell el-Qadi), nom actuel de l'antique Laïsh, n'eut lieu qu'en 1966, grâce aux fouilles israéliennes. Rohob : Ancienne capitale du royaume araméen, la cité fut hostile à David. La bible la situe dans la région de Laïsh, mais l'emplacement exact reste inconnu à ce jour. Certains ont conjecturé qu'elle serait l'actuelle Hunin, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Banias , ce qui correspond bien au contexte décrit par Maria Valtorta « je fais paître mes troupeaux entre Rohob et Lesemdan, justement sur la route des frontières entre ici et Nephtali » 330.5 . Doco : Voici une cité totalement disparue et oubliée aujourd'hui. Pourtant Maria Valtorta la mentionne près de quinze fois dans son œuvre comme point de passage ou de rendez-vous pour qui longe le Jourdain du nord au sud, traverse la Judée de Béthel à Jéricho, ou va vers la Décapole venant de Jérusalem. Il s'agit sans aucun doute de Aïm Duk, située au pied nord-est du Jebel Karantal . Il y avait là, au temps de Jésus, une forteresse nommée Docus par les romains. C'est là que Simon Macchabée fut invité à un banquet par son beau fils Ptolémée, et y fut massacré en 135 av J.-C. (1 Macc 16, 11-17). Ramot : Ramoth en Galaad ou Ramoth Gilead était une des trois villes de refuge de Transjordanie (avec Betser et Golan) donnée aux Lévites. De nombreuses fois mentionnée dans la bible, la localisation exacte de cette cité a toujours été très discutée... Trois emplacements principaux ont été proposés : Tell er-Rumeith qui fut excavé dans les années 1960 et comprend des vestiges de l'Age de fer. Cependant certains pensent que le site est trop petit pour correspondre avec la description biblique. Tell el-Husn est une autre possibilité, mais un cimetière musulman au-dessus empêche toute fouille. La troisième candidate est Ar-Ramtha, mais là encore, la ville moderne située au-dessus du site rend les fouilles impossibles. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, Jésus venant de Jéricho, et se rendant à Gerasa, fait étape à Ramoth. « Tu vois, Femme, ce pays ? C'est Ramot. Nous nous y arrêterons » 286.2 . Par la description qu'elle en donne 287.1 , et par un croquis manuscrit joint, Maria Valtorta a situé Ramoth à l'emplacement de l'actuelle Es Salt , exactement à mi parcours entre Jéricho et Gerasa, coupant ce trajet en deux longues étapes de 33 km chacune. Ceci est encore plus remarquable lorsqu'on découvre que Es Salt est reconnu depuis peu par les archéologues comme le site le plus probable pour Ramoth ! Il serait possible bien sûr multiplier de tels exemples, mais il y a encore tant d'autres sujets étonnants dans cette œuvre, qu'il faut bien refermer cette page géographique. Signalons simplement que Maria Valtorta mentionne par leur nom plus de trois cent localités, monts, fleuves, régions et autres données géographiques et les localise avec exactitude, ce qui est déjà remarquable. Il faudra consacrer un ouvrage volumineux pour pouvoir offrir une analyse plus complète de toutes ces données géographiques. En voici un ultime exemple. Lorsque Jésus évoque le départ de Jean d'Endor : « je ne t'enverrais jamais en Bithynie ou en Mysie sur les monts désolés où tu as vécu comme un galérien (...) aux mines de plomb et aux carrières de marbres précieux » 312.4 . Il est rigoureusement exact que l'Anatolie était déjà célèbre à cette époque pour ses marbres blancs (à Dokimeion) et pour ses mines de plomb argentifère (à Gümüşhane et Karasu). Je voudrais rappeler maintenant une spécificité des révélations de Maria Valtorta. N'ayant pas reçu toutes ses révélations dans un ordre strictement chronologique, au fil des chapitres, il lui arrive donc de reconnaître des lieux qu'elle a déjà vus dans des visions qui s'insèreront en fait plus loin dans le récit. Ainsi par exemple, dans les toutes premières pages, lors de la présentation de la Vierge Marie au Temple, le lecteur attentif pourrait être surpris que Maria Valtorta fasse cette remarque étrange : « je ne sais si j'en ai jamais parlé, l'enclos du Temple n'est pas au même niveau, mais il monte par paliers successifs de plus en plus élevés » 6.3 . Il faut alors remarquer que cette vision a été reçue le 28/8/1944, après bien d'autres scènes se déroulant dans l'enceinte du Temple. Lors de la première visite de Jésus à Emmaüs, Maria Valtorta écrit : « Je reconnais la maison où entrèrent les deux d'Emmaüs avec Jésus ressuscité » 140.1 , car elle eut la vision des disciples d'Emmaüs le 5 avril 1945, soit 2 semaines plus tôt que celle-ci, reçue le 18 avril 1945 ! Un autre exemple typique, c'est quand Maria Valtorta dit : « Je reconnais la maison du paysan Jacob, ce Jacob de Mathias et Marie, les deux orphelins de la vision du mois d'août, me semble-t-il » 110.4 , et qu'elle se remémore « l'aire avec le puits et le four au fond et le pommier par côté, et voici la porte grande ouverte de la cuisine » 110.5 . Maria Valtorta reconnaît effectivement des lieux vus lors d'une vision du 20/08/1944, mais décrite beaucoup plus loin, au chapitre 298.2 . Une autre fois encore, dans une vision du 15 février 1946, alors que Jésus approche pour la première fois de la maison du passeur Salomon, Maria Valtorta fait cette observation tout à fait inattendue : « La petite maison de Salomon, celle que sans en connaître le propriétaire j'ai vue en mars 1944, dans la vision de la résurrection de Lazare » 384.1 . Encore plus surprenant pour les lecteurs français, cette remarque de Maria Valtorta, la première fois où Jésus se rend à Jutta : « Je reconnais l'endroit. C'est impossible de confondre, c'est celui de la vision de Jésus et des enfants que j'ai eue le printemps dernier » 76.8 , (vision du 12 janvier 1945). Maria fait ici allusion à une vision du 7 février 1944, donnée au chapitre 396 de la version italienne de 2004, mais non reprise dans la version française de 1985 ! De tels exemples abondent dans l'œuvre, et constituent des indices forts d'authenticité de ces visions. Personnellement je n'ai jamais retrouvé de situation analogue dans aucun autre des ouvrages qu'il m'a été donné de lire. Mais, avant de clore ce chapitre sur la géographie dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, je voudrais attirer l'attention sur un fait plus inattendu encore à mon point de vue. Une étude plus approfondie du texte permet en effet d'identifier de très nombreux autres lieux sans histoire, et dont Maria Valtorta ne connaît même pas le nom. Ces lieux inconnus des encyclopédies bibliques, du simple fait de leur anonymat, ne peuvent donc pas apparaître dans les recherches basées sur une simple indexation du texte... Or les descriptions de ces lieux anonymes s'avèrent absolument exactes chaque fois que nos connaissances actuelles permettent de les vérifier, qu'il s'agisse des cours d'eau, des voies romaines, des monts, des plus humbles collines ou des plus modestes villages. Bien souvent Maria Valtorta, quand elle éprouve quelque difficulté à trouver les mots pour décrire ce qu'elle voit, ajoute un croquis sur son manuscrit . Ces esquisses, bien que techniquement assez maladroites, sont toutefois précieuses pour affiner quelques descriptions par trop sommaires. Maria Valtorta atteint ainsi un degré global de précision et d'exactitude que je n'ai personnellement jamais retrouvé chez les nombreux auteurs de récits de voyage en Terre Sainte que j'ai consultés pendant cette étude . Voici donc maintenant quelques exemples pour illustrer ces affirmations. FOOTNOTES : Israel Antiquities Authority and the University of Rochester, New York sous la direction de M. Aviam et W. S. Green. : Josué 15, 37. : Voir par exemple Catholic Encyclopedia, 1913 qui suggère deux sites: El-Mejdel près d'Ascalon, ou bien El-Mejeleh au sud de Beit Jibrîn. : Josué 19, 47. : Juges 18, 28. : A. Lemaire, The Journal of the American Oriental Society, 7/1/1999. : Le mont de la Tentation, 31° 54' N / 35° 24' 30'' E, à 7/8 km au nord-ouest de Jéricho, à l'entrée de la vallée d'Accor. : 32° 02' 21'' N / 35° 43' 38'' E / Altitude + 758m. : Jésus précise même pour Maria Valtorta: « Les simples et les petits comprendront mieux Anatolie que Bithynie ou Mysie »312.14. : Ces croquis, absents de l'édition française de 1985, ont été insérés dans la 3 e édition italienne de 2004. : K. Baedeker, J. T. Bannister, L. de Bazelaire, Beauvau, Burckhardt, A. Egron, V. Guérin, T. H. Horne, E. Isambert, J. W. McGarvey, S. Munch, R. Pococke, E. Robinson, Louis Segond, F. de Saulcy pour n'en citer que quelques uns.
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Egale des plus grands géographes ?
Point de vue lointain sur Jérusalem et le temple
Au printemps de la deuxième année, Jésus se rend avec les siens en pèlerinage au Temple pour l'examen de majorité de Margziam et la fête de la Pâque. Ils approchent de Béthel, venant de Sichem. « Voici une nouvelle montée beaucoup plus escarpée. La troupe des apôtres, abandonnant la route principale poussiéreuse et encombrée, a préféré prendre ce raccourci par les bois. Arrivés à la cime, voilà que brille dans le lointain, distinctement déjà, une mer de lumière qui surplombe une agglomération toute blanche, peut-être des maisons blanchies à la chaux » 194.2 . Jésus dit alors à Margziam : « Tu vois ce point brillant comme l'or ? C'est la Maison du Seigneur. C'est là que tu jureras d'obéir à la Loi ». Sachant qu'ils sont alors encore à 25 km de Jérusalem, cette remarque de Jésus pourrait nous surprendre. Or, selon les récits de plusieurs pèlerins des siècles passés, Jérusalem (et donc le Temple) était visible de très loin pour qui venait du nord. Mais le témoignage de Léonie de Bazelaire ne laisse plus de place au doute. En effet, venant de Naplouse, elle dit apercevoir Jérusalem « masse blanchâtre dans le lointain » depuis une colline qui précède Béthel , en exacte conformité avec la description transmise par Maria Valtorta . Quant au « point brillant », il suffit pour s'en convaincre de relire Flavius Josèphe : « Partout revêtu de plaques d'or massif, le Temple brillait ». FOOTNOTES : Léonie de Bazelaire, Chevauchée en Palestine, 1899, p 93. : A 7 km au nord est de Béthel (31° 59' 57" N ; 35° 15' 57" E) un mont haut de 950m est le plus haut sommet de la région. Il est situé à 25 km à vol d'oiseau de Jérusalem. : Flavius Josèphe, Guerres juives 5, 6, 222.
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Egale des plus grands géographes ?
En allant vers Sycaminon
Parti de Bethléem de Galilée en compagnie des apôtres et de quelques femmes disciples, Jésus longe vers l'ouest la plaine d'Esdrelon, en direction de Sycaminon. A mi chemin, Il propose de faire halte sur une colline où « nous allons trouver le vent de la mer » 249.1 . Maria Valtorta dépeint « le sommet ou plutôt une saillie du sommet qui s'avance comme si elle voulait courir vers l'azur riant de la mer sans limites. (...) sur cette crête montagneuse agréable, aérée, ouverte sur la côte toute proche, en face de la chaîne majestueuse du Carmel » 249.5 . Or il existe effectivement un point haut (105 m), le seul de cette plaine à 2 km à l'est de l'actuelle Qiryat Motzkin. Mais seules les cartes d'Israël récentes, et seulement les plus précises, permettent de le vérifier ! Comment Maria Valtorta en aurait-t-elle eu connaissance, autrement que par ses révélations ? FOOTNOTES : 32°48'18" N et 35°08'22" E, à 10 km de Bethléem et 15 km de Sycaminon.
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Egale des plus grands géographes ?
Les sources chaudes d'Hammat Gader
Une autre fois, Jésus et les siens débarquent au sud-est du lac de Tibériade, pour rejoindre la ville de Gadara. « Tu connais le chemin le plus court pour aller à Gadara, n'est-ce pas ? Tu t'en souviens ? demande Jésus . "Et comment ! Quand nous serons aux sources chaudes au-dessus de Yarmoc, nous n'aurons qu'à suivre la route" répond Pierre. » 356.1 . « Ceci c'est le Yarmoc et ces constructions ce sont les Thermes des romains. Plus loin, il y a une belle route toute pavée qui va à Gadara » 356.2 . Le Yarmoc : En fait le Yarmuq, est un affluent "sans histoire" de la rive gauche du Jourdain, à 6 km au sud du lac de Tibériade, à peine long de 80 km. Son nom n'apparaît même pas dans la Bible, mais se trouve seulement dans le Talmud. Plusieurs sources chaudes, (dont la température dépasse parfois les 50°C), sont situées dans la vallée du Yarmuq. L'ancien nom grec du site est préservé en arabe : Tel Hammi est en effet l'altération arabe du mot bain en grec. Les vestiges de Hammat Gader furent partiellement exhumés et investigués en 1932, mais c'est seulement à compter de 1979 que plusieurs saisons de fouilles permirent de mettre au jour l'ensemble du site . C'est aujourd'hui un lieu touristique très prisé par les israéliens. Maria Valtorta ressent même « les odeurs désagréables des eaux sulfureuses » 356.3 mentionnant là une particularité de ces eaux, telles que les décrivent les guides touristiques contemporains. Mais ce fait était totalement méconnu en 1945 ! Le nom antique et peu connu du site est même évoqué plus loin dans un court dialogue: « Le lac était devenu plus chaud que les eaux de Hamatha » 450.2 . On ne s'étonne donc même plus lorsque le groupe apostolique passe par « une belle route qui a des pavés très larges et qui conduit à la ville en haut de la colline, superbe dans son enceinte » 356.3 . puisque la voie romaine qui même à Gadara, est effectivement superbe, avec ses larges pavés, comme devait être superbe la ville perchée sur une colline, ce dont témoignent aujourd'hui de nombreuses photos du site archéologique de Gadara ! Ci-dessus vue du cardo magnus de Gadara, « une belle route qui a des pavés très larges ». Jésus et ses apôtres entrent dans la ville et Maria Valtorta précise alors : « La route devient une artère ornée de portiques et de fontaines et elle est ornée de places plus belles l'une que l'autre. Elle croise une artère pareille et il y a sûrement au fond un amphithéâtre » 356.7 . Les ruines de Gadara (aujourd'hui Umm Qais) montrent effectivement une cité grecque florissante, avec 3 théâtres en basalte, des bains romains, un temple, des rues pavées, des commerces... « Une cité considérable, capitale de la Pérée », au dire de l'historien Flavius Josèphe. Je pourrais encore mentionner des dizaines et des dizaines d'autres sites parfaitement décrits par Maria Valtorta, mais non désignés par leur nom, comme cette « crique entre deux collines peu élevées » dans laquelle coule « un petit torrent capricieux » 94.2 , pour décrire le torrent de Corozaïn, le wadi Kérazeh qui se jette dans le lac de Tibériade. Ou comme cette route « qui côtoie le torrent en direction nord-est, dans une région d'une fertilité merveilleuse et bien cultivée » 287.4 , alors que Jésus se rend vers Gérasa. La rivière qui descend de Gérasa, effectivement du nord-est au sud-ouest, c'est le Chrysorrhoas, la rivière d'or , dont le nom traduit le rôle que joue ce cours d'eau depuis toujours dans la fertilité exceptionnelle de cette vallée. Ou bien comme cet autre cours d'eau (c'est le Wadi Amud, entre Capharnaüm et Génesareth.) au bord duquel Jésus et les siens font une halte, allant de Capharnaüm à Magdala : « il y a un ruisseau. Nous mangerons là… » 182.6 et 183.1 . Et comment ne pas évoquer « cette petite, très petite bourgade, un groupe de maisons, un hameau, dirions-nous maintenant. Il est plus élevé que Nazareth, que l'on aperçoit en contrebas à quelques kilomètres » 106.5 . Jésus y trouve refuge après que les nazaréens aient tenté de le précipiter du haut d'un escarpement (Luc 4, 29) . Il y repasse une autre fois en sens inverse, venant cette fois de Cana : « le frais raccourci qui mène à Nazareth... Quand on atteint le sommet d'une colline » 244.1 , Marie se souvient : « je suis venue dans ce petit pays a mi-coteau, avec mes neveux quand Jésus fut chassé de Nazareth » 244.2 . Situé à mi distance entre Cana et Nazareth, le mont Har Yona, (colline haute de 550m) , est à 4,5 km au nord-est de Nazareth. C'est le seul point de la région qui soit plus haut que Nazareth, comme le remarque Maria Valtorta ! Pourtant cette indication ne figurait sur aucune carte en 1945 ! Citons aussi le wadi Nimrim Shu'eib, que Maria Valtorta décrit ainsi : « un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, aux eaux abondantes qui descendent de je ne sais quelle cime »286.1 tandis que Jésus se rend à Ramoth, venant de Jéricho. De nos jours encore, ce wadi Nimrim Shu'eib est classé, (avec le Zarqa et le Yarnouk) comme l'une des principales sources d'eau douce de Jordanie. La signification étymologique du nom que porte aujourd'hui ce torrent, c'est justement « les eaux abondantes » ! Le hasard aurait-il pu inspirer ainsi Maria Valtorta ? Une autre fois, lorsque Jésus attend les apôtres près d'Achzib, Maria Valtorta donne une description précise des lieux, ajoutant : « sur la cime la plus haute d'une petite montagne sur laquelle il y a aussi un village » 325.1 force est de constater qu'à cet emplacement on a découvert récemment les ruines d'un très ancien village, Khirbat Humsin (à Tell Hammoudout) totalement inconnu à l'époque où Maria Valtorta écrivait ces lignes. On peut donc affirmer aujourd'hui, avec d'innombrables preuves à l'appui, que les descriptions géographiques fournies dans son œuvre par Maria Valtorta ne sont en rien l'expression d'une imagination poétique, mais bel et bien la description minutieuse et méthodique de lieux existants que, par un phénomène que la science n'explique pas, elle semble avoir réellement vus. Ces quelques exemples permettent, je l'espère, de mieux comprendre l'émerveillement des lecteurs ayant une excellente connaissance des Lieux Saints et cette remarque de Jésus à Maria : « Il y a quelques jours, tu disais que tu meurs sans voir satisfait ton désir de visiter les Lieux Saints. Tu les vois, et comme ils étaient quand je les ai sanctifiés par ma présence. Maintenant, après vingt siècles de profanations par haine ou par amour, ils ne sont plus comme ils étaient. Donc, à présent, toi, tu les vois et qui va en Palestine ne les voit pas ». (Les cahiers de 1944, le 3 mars). Les géographes et les archéologues peuvent certes constater que les informations figurant dans l'œuvre de Maria Valtorta correspondent aux observations, découvertes et reconstitutions archéologiques les plus récentes. Dès lors l'exactitude de ces détails renforce bien entendu la crédibilité de l'ensemble. Et il ne fait guère de doute que l'œuvre de Maria Valtorta puisse même être à l'origine de nouvelles découvertes archéologiques, lorsque les spécialistes en ce domaine auront plus pleinement pris conscience de la pertinence et de la richesse de ces descriptions. Note : Le lecteur attentif aura remarqué que les descriptions sont très minutieuses dans les premiers tomes, puis deviennent un peu plus sobres dans les derniers tomes, conformément à cette parole de Jésus à Maria : « Je te permets d'omettre les descriptions des lieux. Nous avons tant donné pour les chercheurs curieux. Et ils seront toujours "des chercheurs curieux". Rien de plus. Maintenant, c'est assez. Ta force s'en va. Réserve-toi pour la parole. Avec le même esprit avec lequel j'ai constaté l'inutilité de tant de mes fatigues, je constate l'inutilité de tant de tes fatigues. Aussi je te dis : "Garde-toi seulement pour la parole" » 297.5 . FOOTNOTES : Source: Ministère des affaires étrangères d'Israël. : Eusèbe, Onomasticon (Aemath Gadara) et le Talmud de Jérusalem, Kiddouschin 3, 14, mentionnent Hamtha, près de Gadara. Christoph Cellarius (1638-1707) dans Geographia Antiqua Liber III chap. 13 (citant saint Jèrôme) indique : « Est et alia villa in vicinia Gadarae nomine Amatha, ubi calidae aquae erumpunt ». : 32° 43' 35" N / 35° 20' 28" E, à l'ouest de l'actuel village d'Ein Mahil. : 33°3' 0" N / 35° 9' 0" E.
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Les déplacements sur terre.
Mais comment analyser maintenant la cohérence de ces déplacements, alors que les autoroutes ont recouvert les sentiers et les voies romaines, que l'automobile a remplacé les chevaux et les chars à bœufs et que des villes se sont substituées à des campagnes autrefois désertes ? Tenter aujourd'hui une reconstitution de ces parcours en allant sur place n'apporterait guère de preuves probantes. Mais fort heureusement il nous reste de nombreuses informations historiques sur les déplacements des troupes durant l'Antiquité, grâce par exemple à Hérodote, Xénophon, César, Tacite ou Sénèque, pour citer les plus connus. Ensuite, tout au long des siècles, mais plus spécialement au 19 e , d'innombrables voyageurs ont consigné par écrit et avec force détails le récit de leur pèlerinage en Terre Sainte. Rien que pour la France, les données fournies par François-René de Chateaubriand, Albert de Luynes, Léon de Laborde, Félicien de Saulcy, Victor Guérin, Melchior de Vogüé, Charles Clermont-Ganneau, et tant et tant d'autres, apportent de précieuses indications. Enfin les témoignages actuels des pèlerins de Compostelle peuvent compléter ces données. La synthèse de tous ces éléments permet d'affirmer qu'un déplacement pédestre journalier de 20 à 25 km/jour était la norme à l'époque de Jésus, et permettait de rejoindre à coup sûr les gîtes d'étape (mansiones) ou les relais (mutationes). Pourvu que la saison s'y prête, il n'était pas rare qu'un voyageur en bonne santé puisse parcourir 200 stades/jour (soit 35 km) , voire 40 km si les circonstances l'exigeaient. Philippe habitua même ses troupes à faire, avec armes et bagages, des marches de 55 km par jour . Avec un char à quatre roues (carrus), la distance journalière normale était de 30 km pour les marchandises, et 50 à 60 km dans le cas de transport des personnes (chars bâchés dans lesquels pouvaient voyager et dormir 8 à 10 personnes). Le cursus publicus, le service de la poste impériale, faisait 70 à 100 km dans une journée, en changeant quatre fois de cheval. Une troupe de cavaliers romains pouvait faire normalement 50 km/jour , et Jules César fit même une moyenne de 150 km/jour pour se rendre de Rome à Nîmes, à cheval et en char, avec son escorte. FOOTNOTES : Hérodote, Histoires, livre V, 53. : Rapporté par Victor Duruy, Histoire des grecs, 31, 2. : René Rebuffat, Au-delà des camps romains d'Afrique mineure, ANRW, II 10.2, 1982, p 486.
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Les déplacements sur l'eau.
Paradoxalement, il est presque encore plus facile de se faire une idée précise des distances moyennes parcourues sur l'eau dans l'Antiquité, car les données ne sont pas rares. Il semble admis que dans d'excellentes conditions, un navire à voiles pouvait parcourir au maximum 2000 stades par 24 h, soit 360 km. Mais c'était déjà bien naviguer que de parcourir 1000 à 1300 stades par jour, soit environ 225 km. Hérodote précise : Un navire parcourt 700 stades par jour, et 600 par nuit soit 1300 par 24 heures . Tandis qu'Aristides penche plutôt pour 1000 à 1200 stades . Quant à la navigation en barque sur le lac, elle ne devait guère dépasser 4 à 5 km/h à la rame, et 7 à 9 km/h avec l'aide d'une voile. Ces valeurs sont largement assez précises pour les vérifications à entreprendre sur le texte de Maria Valtorta. FOOTNOTES : Donnée affirmée par Polybe, Strabon, Eratosthène, Pline etc. : Hérodote, Histoires livre IV, 83. : Aelius Aristides (117-189), Orationes. XLVIII, (par Samuel Jebb, Oxford 1722, p. 360).
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Quelques précisions sur la méthode suivie.
Pour analyser chaque déplacement, j'ai utilisé un volumineux tableau où chaque ligne représente une journée. Les colonnes quant à elles indiquent successivement : la date grégorienne; la date en calendrier hébraïque; le jour de la semaine; la phase lunaire correspondant à cette date; les personnes participant au voyage ; puis une colonne pour chaque période horaire de 2h, donc 12 colonnes pour la journée entière. En fonction de la saison et de la date, les cases correspondant à des heures nocturnes sont mises en grisé. Dans la case correspondant à l'heure de départ, j'indique la localité de départ. De même pour le lieu et l'heure d'arrivée à destination, avec les kilomètres parcourus. Les cases correspondant à des périodes de marche sont coloriées en vert; celles correspondant à une navigation en bleu; celles de repos en rouge; et celles incertaines (non décrites par Maria Valtorta) en orange. Finalement cette compilation ne présente aucune difficulté, et lorsque les quelques 1250 lignes de ce fichier (correspondant aux 3 années et plus de vie publique) sont renseignées en fonction des descriptions fournies par Maria Valtorta, il devient aisé d'analyser la totalité des déplacements de Jésus et de son entourage...
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Un résultat totalement inattendu
Autant l'avouer immédiatement, le résultat de cette analyse a dépassé tout ce à quoi je m'attendais. En premier lieu tous les déplacements, sans aucune exception, sont plausibles tant du point de vue de leur durée, que de celle de la distance parcourue. Déjà, à lui seul, ce résultat est exceptionnel, surtout quand on se souvient qu'en 1944, Maria Valtorta ne pouvait en aucune façon avoir à sa disposition une carte de la Palestine assez précise pour concevoir les itinéraires tels qu'elle les décrit. Un balayage rapide du fichier montre que fort peu de journées apparaissent en orange, c'est-à-dire non renseignées par Maria Valtorta. Il s'agit le plus souvent de quelques journées de repos en famille ou entre amis disciples, au retour d'un long périple. Mais une analyse plus fine des déplacements révèle que sont également parfaitement pris en compte les difficultés dues aux saisons, tels l'état des routes, les cours d'eau en crue, la pluie, le vent, le froid ou la chaleur excessive etc. Par exemple, les étapes ne dépassent jamais 20 à 22 km lorsque les conditions atmosphériques sont mauvaises, comme c'est souvent le cas en automne et en hiver. De même la durée quotidienne d'ensoleillement, et la présence ou non de la lune dans le ciel nocturne conditionnent le déroulement du trajet et sont parfaitement intégrées au récit. Et c'est naturellement au printemps que la distance parcourue (de jour ou de nuit selon les phases lunaires) est maximale. En été, en raison de la canicule, les déplacements se font rares, presque exclusivement de nuit et en évitant les périodes de nouvelle lune. Les longs voyages commencent pratiquement toujours au lendemain du sabbat, voire même juste à la fin du sabbat quand la lune est favorable à un départ nocturne. Jésus, infatigable pèlerin, ne ménage pas souvent ses apôtres, leur imposant régulièrement des étapes dépassant les trente kilomètres. Mais si d'aventure les femmes disciples les accompagnent, alors la distance parcourue dans la journée ne dépasse qu'exceptionnellement les vingt kilomètres. Chaque déplacement prend donc aussi en compte les participants (hommes, femmes, enfants), leur âge et leur état de santé. Le moindre détail, dans tous ces déplacements, est criant de vérité : les haltes à l'ombre aux heures chaudes; les vêtements humides de sueur; les pieds poussiéreux et fatigués qu'on trempe dans une rivière; les journées de repos qu'on s'accorde après deux ou trois étapes particulièrement éprouvantes; la marche qu'on accélère pour atteindre un abri avant l'orage ou avant la tombée de la nuit... La prise en compte des exigences dues au sabbat est également mise en œuvre dans tous ses détails, et j'y reviendrai plus loin. J'ai passé ainsi au crible plus de huit cent étapes décrivant les parcours de Jésus et de ses disciples durant les trois années de sa vie publique. A mon grand étonnement je n'ai absolument rien trouvé d'impossible, d'anachronique ou d'incohérent, même dans les situations les plus complexes où, par exemple, différents groupes de disciples se voient confier diverses missions. Ils effectuent alors des trajets variés et d'inégales longueurs avant de rejoindre le lieu de rendez-vous convenu. Comme pour les précédents chapitres, voici maintenant quelques exemples pris ça et là pour illustrer ces affirmations. FOOTNOTES : Plus précisément tous ceux qui atteignent ou dépassent la centaine de kilomètres.
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Le transport de Jonas agonisant sur son grabat.
Cette brève séquence montre bien comment sont prises en compte les difficultés imprévues. Lorsque Jésus vient à Esdrelon pour tirer le pauvre Jonas des griffes de Doras, le 19 septembre 27, c'est un mourant qu'ils doivent transporter sur son grabat jusqu'à Nazareth. L'étape est courte: à peine 12 à 15 km. Pourtant, partis juste après midi, et bien que passant « le long de la grande route » 109.13 (la célèbre via maris ) « le petit cortège arrive à Nazareth, presque déserte à la nuit tombante » 109.15 . Maria Valtorta avait fait cette remarque : « ils ne peuvent aller bien vite avec leur charge pitoyable » 109.13 . Sachant que ce jour là, la nuit tombe à 18h15, ils ont dû marcher durant plus de cinq heures. Soit une moyenne un peu inférieure à 3 km/h, tout à fait crédible dans ces conditions.
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
En allant de Bethsaïda à Cana.
Ce voyage illustre à quel point le texte de Maria Valtorta permet de reconstituer chaque parcours dans ses moindres détails. L'annonce du départ est faite à Capharnaüm le mardi 6 juin 28, tout juste une semaine après la conversion de Marie Madeleine : « nous irons tous ensemble à travers la Galilée en accompagnant les sœurs jusqu'au chemin le plus sûr . Ainsi elles seront connues aussi par Porphyrée, Suzanne, par vos femmes et vos filles, Philippe et Barthélémy » (... ) « Où irons-nous pour commencer, Maître ? » « A Bethsaïda, puis par Magdala, Tibériade, Cana, à Nazareth. De là, par Jafia et Semeron, nous irons à Bethléem de Galilée et puis à Sicaminon et à Césarée (…) A Césarée vous trouverez votre char. J'ai donné cet ordre au serviteur » 239.3 Le lendemain mercredi 7 au « commencement de l'aurore » ils vont à Bethsaïda en barque : « Ils mettent le cap sur Bethsaïda. Un bref trajet... (à peine 5 à 7 km)... Nous ne restons ici que jusqu'au coucher du soleil » 240.1 . Le jeudi 8 nous les retrouvons « le long de la côte de Capharnaüm à Magdala » 241.1 en début de matinée « avec le soleil qui se lève en face et la montagne d'Arbèle. Ils traversent toute la ville de Magdala » 241.6 où Jésus raconte la parabole de la drachme perdue ( Luc 15, 8-10). Puis ils traversent Tibériade et « la partie occidentale de la ville (...) Au-delà, il y a la route poussiéreuse qui mène à Cana » 242.7 . Là Jésus commande la halte de mi journée près d'un puits. « Pendant que nous nous reposons, prenons de la nourriture » puis Il répond à l'attente du vieil épicurien Crispus : « Pour trouver la Vérité, il faut unir l'intelligence et l'amour. (...) Celui qui aime arrive toujours à avoir un chemin vers la Vérité » 242.8 . « Ce soir, nous irons à Cana » 242.11 . et ils y arrivent effectivement dans « la rougeur du crépuscule » 243.1 . Ils vont se reposer chez Suzanne, qui les accompagnera pour la suite du voyage. Le soir venu, Jésus remercie Suzanne de son hospitalité, et ils discutent un moment « dans la nuit sereine, mais pour l'instant sans lune » 243.6 . Ils vont passer la semaine à Cana avant de gagner Nazareth, à 8 km de là, le vendredi 16 juin. FOOTNOTES : La route de Césarée à Jérusalem, empruntée quotidiennement par les patrouilles romaines, était assurément le « chemin le plus sûr » pour rejoindre ensuite Jérusalem et Béthanie. : L'itinéraire est parfaitement cohérent, incluant des villages aujourd'hui plus ou moins retombés dans l'oubli (Japhia, Séméron, Sycaminon...). : Après avoir parcouru les 16 km restant, en 4 ou 5 heures de marche. : Encore un de ces détails qui peut paraître superflu, et s'avère pourtant absolument exact, puisque le 8 juin, la lune est dans son dernier quartier et se lève vers 2h du matin !
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Et Jésus parcourait les villes et les villages
Le voyage de Nazareth à Césarée Maritime
Voyons maintenant plus spécialement, dans la suite de ce voyage, comment Jésus ménage les femmes disciples autant qu'Il le peut. Le départ a lieu juste après le sabbat, le dimanche 18 juin au petit matin, pour avoir toute une semaine devant soi, et commence par ce que nous pourrions appeler de nos jours une petite étape de mise en jambes d'une quinzaine de kilomètres. Jésus précise d'ailleurs : « Nous, les hommes, nous aurions pu faire plus de chemin mais nous avons à notre suite les femmes disciples » 247.1 . « Ils ont atteint, traversé, dépassé, l'agglomération de Jafia » , et font halte pendant les heures chaudes « sur la montagne qui surplombe Méraba » 247.1 . « Les heures passent dans l'ombre bruissante du bois bien aéré » 247.3 . « C'est le soir quand ils arrivent à Bethléem de Galilée » 248.1 . Le lendemain lundi 19, ils poursuivent leur route : « la matinée calme et ensoleillée favorise la montée sur des collines toujours orientées vers l'ouest, c'est-à-dire vers la mer. Nous avons bien fait d'arriver aux collines dans les premières heures de la matinée. Nous n'aurions pas pu rester dans la plaine sous ce soleil. Mais ici, il y a de l'ombre et de la fraîcheur » 249.1 remarque Matthieu. Comme la veille, ils se reposent aux heures chaudes, après une marche d'une dizaine de kilomètres, « sur cette crête montagneuse agréable, aérée, ouverte sur la côte toute proche, en face de la chaîne majestueuse du Carmel » 249.5 . En fin d'après midi, ils parcourent la douzaine de kilomètres qui les séparent encore de Sycaminon où il rejoignent un groupe de disciples. Les femmes disciples restent à se reposer deux jours dans des baraques de pêcheurs, tandis que Jésus et ses apôtres font en barques un aller-retour rapide à Sidon. Le mercredi 21 au soir tous se retrouvent sur la plage de Sycaminon. Et le jeudi 22, un peu avant l'aube , « La lumière, dans le passage de la nuit au jour, s'est affaiblie car la lune s'est couchée et le jour n'a pas encore commencé... c'est un court intermède crépusculaire » 253.7 c'est le départ pour la plus longue étape de ce voyage : 25 km jusqu'à Dora, puis encore 13 ou 14 pour atteindre Césarée, soit une très longue étape de presque 40 km... Jésus précise : « Nous arriverons à Dora avant que le soleil ne soit brûlant et nous repartirons au crépuscule » 253.7 . On comprend ainsi qu'ils soient partis avant l'aube, vers 2h30 ou 3h du matin, de façon à être à Dora vers 8h30/9h du matin, avant la grosse chaleur. Il ont quitté Dora vers 17/18h, pour atteindre Césarée juste avant la nuit, comme Maria Valtorta le décrit au chapitre suivant ! Et Jésus conclut à l'intention des femmes disciples : « Demain, à Césarée, ce sera la fin de votre fatigue, mes sœurs » 253.7 . Cette impressionnante étape de 40 km a donc été effectuée en deux étapes raisonnables de 20 km chacune, séparées par une longue pause de huit heures de repos. FOOTNOTES : Japhia ou Yâfâ, à environ 3 km au Sud-Ouest de Nazareth, aujourd'hui faubourg de Nazareth. : Il faut lire Merala ou Marala puis Mahaloul, ville de Zabulon à 6 km au SO de Nazareth. La description du panorama au sommet de la colline de Mérala est rigoureusement exacte. Aujourd'hui, la colline est encore couverte de chênes, et le panorama est signalé sur GoogleEarth. : Sycaminos, actuelle Tel Siqmonia. Le site archéologique a été authentifié par des fouilles en 1964-1965, puis à nouveau en 2003. : La description très précise est rigoureusement exacte, seulement pour ce jour là !
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Croisière le long de la côte phénicienne et syrienne
Nous avons évoqué au début de ce chapitre la vitesse moyenne des navires à voile au début du premier siècle. Comment ces données sont-elles prises en compte dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, c'est ce que nous allons maintenant analyser. A deux reprises dans l'œuvre, les apôtres longent la côte méditerranéenne. La première fois accompagnés de Jésus, c'est avec une petite flottille de « cinq barques parties à l'aube » 252.3 qu'ils quittent Sycaminon, par une belle matinée de juin, à destination de Sidon, située à 90 km plus au nord. Le lendemain, sur le chemin du retour ils s'approchent de Tyr ... « aux premières heures du matin » 251.1 , soit vers 9h (35 km à 10 km/h environ). « Des deux côtés de l'isthme, il y a deux ports. L'un, celui du nord, moins fermé est couvert de petites embarcations; l'autre, au sud, bien mieux abrité, a de gros vaisseaux qui arrivent ou s'en vont » 251.1 . Maria Valtorta donne du site de Tyr une description détaillée et parfaitement exacte : « je m'aperçois que l'isthme est artificiel, une sorte de digue cyclopéenne qui unit l'île à la terre ferme... » 251.1 . Ils font halte dans une crique aujourd'hui ensablée où Jésus évoque « le livre des Rois », et « comment le Seigneur commanda à Élie d'aller à Sarepta de Sidon » 251.3 . (1 Rois 17). Puis levant la voile en milieu d'après midi « le soir va descendre » 252.1 , ils parcourent les 55 km restant en quelques 4 ou 5 heures « les cinq barques qui filent rapidement (...) Leurs voiles sont bien gonflées par un vent du nord qui leur est favorable » 252.3 , regagnant Sycaminon à la nuit tombante. Tout, absolument tout dans la description de ce bref voyage en barque est donc parfaitement crédible et cohérent ! Voyons donc maintenant ce qu'il en est du deuxième déplacement le long de la côte. FOOTNOTES : Jésus et les douze apôtres, plus « les quatre pilotes suivis des autres apôtres ou disciples qui étaient avec eux » 252.4 . Soit une trentaine de personnes, à raison de 5 ou 6 par barque. : 90 km, c'est 500 stades, tout à fait compatible avec les 700 stades évoqués par Hérodote pour les navires de commerce ! (voir au début de ce chapitre). : Les vestiges du port égyptien initial, situé au sud de la péninsule, ont été explorés par l'Institut français d'Archéologie du Moyen-Orient. Et l'immense digue, de 60 mètres de long, fut construite par ordre d'Alexandre le Grand. Aujourd'hui l'ensablement a complètement transformé ce site. : Les statistiques de vent sur les côtes libanaise et israélienne montrent que c'est effectivement un sens de vent fréquent en juin, de nos jours. (Source http://www.windfinder.com ).
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De Ptolémaïs à Antioche
La seconde fois, c'est un long voyage qui mène quelques apôtres jusqu'à Séleucie et Antioche pour y accompagner Jean d'Endor et Syntyché. C'est à la fin décembre, par une « triste matinée d'hiver » 366.7 , que le petit groupe de huit personnes embarque à Ptolémaïs par « calme plat » 318.1 . « La voile ne sert à rien aujourd'hui. Il faudra avancer à force de rames » 318.3 . Pierre donc « s'assied à la proue en lui tournant le dos, sur le premier banc, avec André à côté de lui. Devant lui sont assis Jacques et Jean de Zébédée et ils rament d'un rythme régulier et puissant » 318.4 . Vers midi, à mi parcours, ils passent difficilement le cap (Roch Hanikra). « Ici, on ne peut débarquer. Il n'y a pas de fond » 318.5 déclare Pierre. Il n'est qu'à examiner la photo de cette côte (ci-dessous, vue du haut du cap) pour s'en convaincre ! Heureusement pour eux, après tant d'efforts, André observe : « Il y a maintenant un bon vent et nous irons plus vite ». Ils arrivent finalement « à Tyr à la nuit (...) alors qu'arrive sur la mer la lumière d'un clair de lune » 318.6 , au terme de cette première étape de 45 km, accomplie logiquement en 10 à 12h, moitié à la rame, et moitié à la voile. A Tyr, le lendemain en fin de matinée, ils embarquent comme prévu sur un navire marchand crétois en partance pour Antioche « Il lève l'ancre avant sexte » 319.2 . Mais la mer n'est pas bonne : « Hier elle était trop calme, aujourd'hui elle est trop agitée » 319.2 remarque Pierre. Par un « vent violent » et contraire , le navire n'avance guère de toute la journée. Ils n'ont parcouru que la moitié du parcours journalier (80 à 90 km) en une vingtaine d'heures. Nous les retrouvons, le lendemain matin, en pleine tempête, au large de Beyrouth. « Mais où sommes-nous maintenant, exactement ? Dans le canal de Chypre ? » « S'il pouvait en être ainsi ! Je m'accosterais à l'île en attendant que les éléments se calment. Nous sommes à peine à la hauteur de la Colonie Julia, ou Béritus, si tu préfères. Et c'est maintenant que vient le pire… Ces montagnes sont celles du Liban ». « Et tu ne pourrais pas entrer là, dans ce pays ? » « Le port n'est pas bon, et il y a des écueils dangereux. Impossible ! » 320.2 . Toutes ces informations sont exactes . Le port de Beyrouth, petit et peu profond, a toujours eu mauvaise réputation dans l'Antiquité. Enfin, après une journée d'angoisse et de prières, la tempête s'apaise. Ils aperçoivent une île : « Oui. C'est Chypre… Et la mer est encore plus tranquille dans son canal » 320.6 . Dès lors, un vent « modéré qui favorise la navigation » 320.7 va leur permettre, au terme d'une nouvelle et dernière journée de navigation , d'atteindre leur but. « C'est sous un merveilleux crépuscule que la ville de Séleucie se dessine » 321.1 Résumons ce long voyage de 400 km de Nazareth à Antioche pour en admirer la cohérence. Ayant quitté de nuit Nazareth juste après la fin du sabbat « Nous partirons ce soir, au milieu de la première veille » 313.8 ils s'arrêtent dans une ferme amie près de Séphoris. Le lendemain, malgré le mauvais temps, ils parcourent 22 km « nous devrons absolument atteindre Jiphtaël avant le soir » 313.8 . Le lundi soir ils sont à Ptolémaïs (encore 20 km sur des chemins boueux) et rejoignent Tyr le mardi soir, d'où ils embarquent le mercredi midi à destination de Séleucie. Les vents contraires retardent leur avancée et ils croisent devant Beyrouth seulement le jeudi matin. La tempête fait alors rage, et ne se calme qu'en soirée, en vue des côtes de Chypre. Enfin le navire accoste à destination, au port de Séleucie le vendredi soir, après une navigation de 370 km . FOOTNOTES : Vent du nord que Maria Valtorta nomme mistral (maestrale), et traduit par tramontane dans la version française. : Les travaux d'urbanisme effectués par Agrippa Ier et Agrippa II au premier siècle permirent à Beyrouth de devenir peu à peu une des plus importantes cités de la Phénicie. Mais à l'époque du Christ ce n'était encore qu'un simple port de transit de peu d'importance. : Il leur reste 170 km à parcourir en 24 h, ce qui est bien « dans la norme ». : C'est-à-dire quelques 2000 stades parcourus en 60 heures, à une moyenne tout à fait crédible, si l'on en croit les témoignages de cette époque, de 800 stades par jour.
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Ponts romains, bornes milliaires, maréchaleries
Parce qu'elle nous décrit minutieusement tous les déplacements de Jésus et des siens à travers la Judée et la Galilée, Maria Valtorta fournit dans son œuvre d'innombrables indications sur le réseau routier de la Palestine, au début du premier siècle. J'ai déjà évoqué les travaux de Hans J. Hopfen sur ce sujet. Il a pu reporter sur une carte détaillée, les différentes voies de communication telles qu'elles ressortent des descriptions contenues dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé. En comparant ce réseau avec les plus récentes recherches et découvertes dans ce domaine, et en particulier les travaux récents du spécialiste de la question, Israël Roll il semble vraiment que Maria Valtorta ait vu et parcouru toutes ces routes antiques ! Comme par exemple lorsqu'elle décrit « La route, qui va de la Phénicie vers Ptolémaïs, est une belle route qui coupe, tout à fait en ligne droite, la plaine entre la mer et les montagnes. Elle est bien entretenue et très fréquentée. Elle est souvent coupée par des chemins plus petits qui vont des villages de l'intérieur à ceux de la côte. Elle présente de nombreux carrefours près desquels il y a généralement une maison, un puits et une maréchalerie rudimentaire pour les quadrupèdes qui peuvent avoir besoin de fers.... sans Rome, ils n'auraient pas ce pont et avec ce torrent en crue, je ne sais pas comment ils arriveraient à passer » 327.1 . De telles maréchaleries étaient installées par les romains tous les 10 km environ et servaient de relais ( mutatio ). « Ce sont presque tous des romains ces maréchaux le long des routes. Des soldats restés ici après leur service. Et ils gagnent bien… Rien ne les empêche jamais de s'occuper des animaux… Et un âne peut perdre son fer même avant le crépuscule du sabbat, ou pendant les Encénies… observe Mathieu » 327.2 . Peut-être est-elle encore à découvrir dans les faubourgs sud de Nazareth, cette « pierre milliaire, qui sur deux côtés porte l'inscription : Jafia Simonia Bethléem Carmel à l'ouest, et : Xalot - Naïm Scythopolis - Engannim à l'est » 478.1 et près de laquelle Jésus retrouve ses cousins Joseph et Simon ? En tout cas la voie romaine qui de Nazareth va à Simonia a été, elle, retrouvée par les archéologues ! Les bornes milliaires qui jalonnent les voies romaines, outre l'indication du nombre de milliers de pas (soit 1482m) depuis l'origine de la voie, portent souvent une dédicace à l'empereur régnant. Certaines bornes portent des inscriptions de distance multiples, relatives à des destinations différentes. Ainsi en est-il par exemple de cette borne que Maria Valtorta observe près de Séphoris : « La borne consulaire porte la triple indication : Ptolémaïs, Sicaminon, Jotapate » 315.4 . Quant aux ponts, il en est évidemment très souvent question, puisque c'étaient comme aujourd'hui des passages qui conditionnaient souvent la route à suivre. Ainsi cette remarque en vue de Jutta : « Nous allons passer le torrent. Il y a un gué utilisable en été sans aller jusqu'au pont. Il aurait été plus court de venir par Hébron » 76.1 paraît judicieuse aujourd'hui encore. La route actuelle d'Hébron à Jutta traverse effectivement ce torrent sur un pont situé à 2 km au sud ouest du gué dont il est question ici. Il ne reste que quelques vestiges des innombrables ponts bâtis par les romains, mais bien souvent les ponts modernes sont construits au même emplacement ou à proximité immédiate. Quittant les terres de Doras pour se rendre à Mageddo, juste avant la Pâque 28, Jésus et ses apôtres doivent traverser le Kison. « Pierre accourt et dit : "Le pont est plus en amont, là où passe la route qui va de Ptolemaïs à Engannim". Jésus revient docilement en arrière et franchit le cours d'eau sur un solide pont de pierre » 192.2 . La présence d'un pont romain sur cet axe stratégique, entre Mageddo et Naïm ne fait guère de doute. L'existence de celui sur la rivière Nahr el Zerka « à mi-chemin entre les collines et la mer (...) un pont très arqué jeté sur un petit fleuve (...) le pont, dont l'arc unique est très haut » 254.2 est prouvée, puisque ses vestiges, aujourd'hui disparus, étaient encore visibles en 1880 . De même que celui qu'ils empruntent à plusieurs reprises sur le Jourdain, juste au sud du lac Méron, sur la route directe reliant Damas à Ptolémaïde. C'est le seul pont connu à cette époque entre les lacs de Tibériade et de Méron. Et de fait, lorsque le groupe apostolique doit passer de Bethsaïda vers Corozaïn, comme il n'y avait pas de pont à cet endroit, ils traversent en barque : « Remonte aussi haut que tu peux et amarre de l'autre côté » 179.7 demande alors Jésus à Pierre. De même également au sud du lac de Tibériade, près de Tarichée, les restes des ponts romains sur le Jourdain et sur le Yarmuk sont connus des archéologues. Jésus et Chouza y passent « au sortir d'un pont, déjà attend un char couvert » 464.1 lors de la réunion secrète avec les notables voulant élire Jésus roi. Les vestiges d'un pont romain, au sud du lac, entre Tarichée et Bethseam sont encore visibles de nos jours, près de Gesher (voir la photo ci-après). Au total pas moins de sept ponts romains sont identifiés sur le Jourdain, entre le lac et la mer morte , et dans l'œuvre, Jésus et les siens en franchissent plusieurs... Il est même possible qu'Il ait emprunté une ou deux fois celui de la photographie ci-contre, situé à quelques kilomètres au sud du lac de Tibériade ! FOOTNOTES : Israël Roll, The Roman Road System in Judaea 1983; A Map of Roman Imperial Roads in the Land of Israel 1995. Voir aussi sur le site de l'Institut biblique franciscain de Jérusalem: http://198.62.75.1/www1/ofm/mad/articles/RollRoads.html . : Actuelle Yafa an-Naseriyye 32° 41' 27'' N / 35° 16' 28'' E. : Actuelle Tel Shimron ou Semeron, 32° 42' 15'' N / 35° 12' 54'' E. : Il s'agit bien entendu de Bethléem de Galilée, Beit Lechem Haglilit, 32° 44' 9" N / 35° 11' 33'' E. : C'est Caslot, village proche du mont Thabor. Flavius Josèphe mentionne brièvement "le bourg de Xaloth, situé dans la grande plaine" (Guerres juives 3,3,1). : J. W. McGarvey évoque les vestiges de ce pont, à 1,5 km de l'embouchure de la rivière dans Lands of the Bible 1881, chap. IV. : Selon The Jordan River Foundation : http://www.jordanriver.jo/articles/pdf.pdf et unesdoc.unesco.org/images/0015/001500/150032e.pdf .
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Les déplacements de Jésus en Palestine
Il est dès lors tout à fait possible de reconstituer sur une carte les déplacements de Jésus à travers toute la Palestine, de les dater au jour le jour, comme on l'a vu précédemment, et donc de localiser tout ce qu'ont rapporté les quatre évangélistes ! Voici à titre d'exemple, mois par mois, l'ensemble des déplacements de Jésus durant la première année de sa vie publique : Janvier : Départ de Nazareth; Vallée du Jourdain; Baptême au gué de Béthabara; Jeûne dans le désert de Judée. Février : Jeûne dans le désert de Judée. Mars: Béthabara, rencontre avec les premiers disciples; Vallée du Jourdain; Tarichée; Capharnaüm; Bethsaïda; Capharnaüm; Cana (Noces de Cana); plaine d'Esdrelon; Capharnaüm; Bethsaïda; Capharnaüm; départ vers Jérusalem pour la Pâque avec les premiers disciples; Gethsémani. Avril : Pâque à Jérusalem, (marchands chassés du temple); Gethsémani; (rencontre avec Simon, Thomas, Judas); Docco; Retour vers Nazareth par la vallée du Jourdain; séjour à Nazareth avec Marie; Capharnaüm. Mai : Evangélisation de la Galilée autour de Capharnaüm; Guérison de la belle-mère de Pierre à Capharnaüm; Pêche miraculeuse; Corozaïn; Méron; Départ de Jésus seul vers Jérusalem pour la Pentecôte. Juin : Jérusalem, (Jean vient rejoindre Jésus); Gethsémani; pèlerinage à Bethléem avec Jean, Simon et Judas; Hébron; rencontre avec les bergers; Jutta; Hébron; Kérioth; Jérusalem; vallée d'Eschol; Jéricho; mont de la Tentation; trois jours au désert; oasis au nord de la mer Morte; Jéricho (vente des bijoux d'Aglaé); retour vers Jérusalem; Bethphagé. Juillet : Béthanie (première visite chez Lazare); Jérusalem; Jéricho; Docco; retour vers la Galilée; plaine d'Esdrelon (rencontre avec le berger Jonas); Nazareth (Instruction aux apôtres); Capharnaüm; Corozaïn (Guérison de la Belle de Corozaïn); Capharnaüm; Bethsaïda; Capharnaüm. Août : Tibériade; Capharnaüm; Cana; Nazareth; Tibériade; Naïm; Nazareth; Cana; Tibériade; Plaine du Liban; Hermon; Evangélisation de la Haute Galilée; Nazareth. Septembre : Nazareth; Ptolémaïs; Nazareth (Mort d'Alphée); Tibériade; Nazareth; Tibériade; Capharnaüm; Lac de Méron (Vendanges); Nazareth; Plaine d'Esdrelon; Nazareth (Mort de Jonas); Capharnaüm; Lac de Méron; Tibériade; Départ en char pour Jérusalem (Tabernacles); Jabok; Gué du Jourdain; Jéricho; Béthanie; Gethsémani; Jérusalem. Octobre : Béthanie; Arimathie; Evangélisation de la Judée autour de Jérusalem. Novembre : Gethsémani; Béthanie; Refuge à la Belle-Eau, au nord de Jéricho; Evangélisation à la Belle Eau. Décembre : Evangélisation à la Belle Eau; Docco; Béthanie; Encénies chez Lazare; Retour à la Belle Eau. Sachant ainsi qu'en ce qui concerne la vie publique de Jésus, l'œuvre de Maria Valtorta permet de répondre aux questions Où ? et Quand ? voyons maintenant s'il est possible de répondre également à la question Qui ?
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Les témoins oculaires
Les douze apôtres
La composition du collège apostolique, constitué des douze premiers parmi les disciples de Jésus, nous est connue par plusieurs témoignages évangéliques . « Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananéen), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus » . Toutefois les différents textes évoquant les apôtres comportent quelques variantes qui suscitèrent diverses hypothèses et quelques débats entre spécialistes, au long des siècles. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, la composition du groupe des Douze est parfaitement définie, sans la moindre ambiguïté, et les précisions fournies permettent tout naturellement de concilier les différents textes du Nouveau Testament : Simon-Pierre et son frère André sont fils de Jonas. Jacques et son frère Jean sont fils de Zébédée et de Marie Salomé. Jacques et son frère Jude sont fils d'Alphée et de Marie de Cléophas. Ils sont cousins germains, frères de Jésus. Matthieu , fils de Lévi; Philippe ; Nathanaël , fils de Tholmaï (d'où son autre désignation bar Tholmaï : Barthélemy) ; Thomas Didyme (qui a une sœur jumelle) ; Simon dit le zélote ou le cananéen, (ce qui le distingue de Simon Pierre) ; et enfin Judas de Kérioth, complètent le groupe. Parmi ces douze premiers témoins privilégiés il en est tout particulièrement deux pour lesquels le récit de Maria Valtorta nous apporte des éclaircissements très convaincants : Jude et Simon. S'agissant de Simon le zélote, certains, à la suite d'Hégésippe , l'ont identifié au frère de Jacques (le cousin du Christ). Maria Valtorta dément totalement cette hypothèse hasardeuse et nous le montre lépreux guéri par Jésus au tout début de sa vie publique. Possédant une maison à Béthanie , c'est lui qui présente Lazare à Jésus. Il ne doit pas être confondu non plus avec Simon, le pharisien de Capharnaüm (Luc 7, 36-50), comme d'autres l'ont cru aussi, en faisant semble-t-il la confusion entre l'onction de Marie-Madelaine la pécheresse repentie, dans la maison de Simon le pharisien à Capharnaüm avec celle de Marie-Madeleine devenue la disciple, renouvelant son geste dans la maison de Simon le zélote, à Béthanie (Jean 12, 1-8, et cf. Matthieu, Marc et Jean). Quant à Jude quelques traductions le disent le fils de Jacques, en interprétant l'expression Iudas Iacobi utilisée par saint Jérôme lorsqu'il rédigea la Vulgate. Mais on peut aussi bien traduire cette expression par Jude celui de Jacques, ou littéralement Jude de Jacques . Cette précision accolée au nom de Jude permet de le distinguer de Judas de Kérioth, car Jude et Judas sont deux formes françaises du même prénom. Et certes, le nommer simplement Judas aurait risqué de prêter à confusion avec Judas le traitre, et c'est peut-être aussi la raison pour laquelle, ailleurs, Jude est désigné de préférence par ses surnoms Thaddée (Marc 3, 16-19 ; Matthieu 10, 2-4) ou Lebbée comme l'indiquent quelques anciens manuscrits grecs. D'ailleurs Jean le précise lui-même : « Judas, non pas l'Iscariote » (Jean 14, 22) et Jude lui-même ne dit-il pas dans l'œuvre : « et que l'on ne se souvienne de mon homonyme qu'à cause du besoin qu'il en a » 203.4 . FOOTNOTES : En particulier Matthieu 10, 1-4 ; Mc 3, 13-19 ; Lc 6, 12-16 ; Actes 1, 13. : Matthieu 10, 1-4 ; Marc 3, 13-19 ; Luc 6, 12-16 ; Actes 1, 13. : Cité par Eusèbe, Histoire ecclésiastique III, 2. : Simon l'apôtre devait être né vers l'an -20, puisqu'il participa à la révolte de Judas le Gaulonite en l'an 6, qui lui valut le surnom de « zélote ». L'autre Simon, le cousin de Jésus, succéda à son frère Jacques comme évêque de Jérusalem, et mourut à la toute fin du 1er siècle. : Simon précise même qu'il était en fait atteint d'un serpigo héréditaire. : Comme l'indiquent Matthieu 26, 3 ; Marc 14, 3. : C'est d'ailleurs la traduction retenue dans la bible d'Osty ou celle de Chouraki, conformément à la version grecque du Codex Bezae Cantabrigensis (καὶ Ἰούδαν Ἰακώβου).
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Les témoins oculaires
Puis le Seigneur en désigna soixante-douze autres
Luc 10, 1 « Tout le monde connaît parfaitement les noms des apôtres du Sauveur d'après l'Évangile. Quant à la liste des soixante-dix disciples, elle n'existe nulle part » : voici ce qu'écrivit Eusèbe de Césarée, au Livre 1, 12 de son Histoire Ecclésiastique. Aussi ne doit-on pas s'étonner de la liste impressionnante des saints du premier siècle mis au nombre des soixante douze disciples par divers hagiographes des siècles suivants, à commencer par Dorothée de Tyr, chacun s'efforçant de combler cette lacune. Il semble donc aujourd'hui impossible de prouver historiquement la véracité de telle ou telle liste. Cependant, que ce soit par les indications des évangiles, des actes des apôtres, ou par d'autres auteurs des premiers siècles, nombreux sont les témoins oculaires du séjour terrestre de Jésus dont le nom soit parvenu jusqu'à nous, et que la Tradition place unanimement parmi les soixante-douze disciples. Ainsi, par exemple, Luc (Actes 6, 1-6) désigne par leur nom les sept premiers diacres choisis peu après la Résurrection. Sur ces sept, Maria Valtorta nous en fait revivre au moins quatre : Étienne, Philippe, Timon, et Nicolaï. Si Etienne, le premier martyr est assez connu, il n'en est pas de même des trois autres. Or ce qu'elle nous en dit est cohérent avec les plus anciennes traditions... FOOTNOTES : Ou soixante-dix selon les manuscrits de la tradition d'Alexandrie (comme le Codex Sinaïtique) et la tradition de Césarée.
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Les témoins oculaires
Timon, chef de synagogue dans la vallée du Jourdain
Les traditions catholique, orthodoxe copte et orthodoxe grecque , nous disent que le diacre Timon évangélisa la région de Corinthe où il subit le martyre. Saint Dimitrius de Rostov précise qu'il fut plongé dans un fourneau ardent, en sortit indemne, puis rendit l'esprit. Il aurait évangélisé Chypre, la Phénicie et l'Arabie. Il fut successivement évêque de Tyr puis de Bosra où il baptisa de nombreux grecs et juifs. Dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, il découvre l'enseignement de Jésus à la Belle-Eau, à la fin de la première année de vie publique. Jeune chef de la synagogue , il refuse de céder aux pressions des scribes et des pharisiens venus pour faire maudire et lapider Aglaé, une pécheresse en repentance. Il est alors démis de sa fonction par le sanhédrin et devient disciple de Jésus. Il retourne un temps chez sa « mère qui est originaire de Aéra où elle a une petite maison » 138.3 . Quand on constate que Aéra est située à moins de quarante kilomètres de Bosra, où Timon fut évêque, ceci renforce la plausibilité de ces indications ! Et lorsque Jésus fait de lui cet éloge : « Timon, le sage chef de synagogue de la Loi ancienne, maintenant très sage parce qu'il la renouvelle à la lumière de la Loi nouvelle » 297.1 , on comprend mieux que les apôtres l'aient retenu ensuite au nombre des sept premiers diacres. FOOTNOTES : Qui fêtent Timon respectivement le 19 avril, le 5 novembre, et les 28 juillet et 30 décembre. : Peut-être au village de Naarath, proche de la Belle-Eau, à dix kilomètres au nord de Jéricho.
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Philippe, le mauvais fils devenu évangélisateur
Fêté le 6 juin par les catholiques (et le 11 octobre par les orthodoxes) Philippe le diacre doit être distingué de l'apôtre Philippe. Il était marié et avait 4 filles vierges qui, selon les Actes (21, 8-9) prophétisaient. Il mourut vers l'an 70, le 8e jour des ides de juillet selon St Jérôme, qui précise que trois de ses filles reposent à ses cotés à Césarée, et que la quatrième repose à Ephèse. Il aurait évangélisé la Samarie (d'où son surnom d'évangéliste). Il aurait également provoqué les conversions de Simon le Magicien et d'un éthiopien, eunuque de la reine Candace, sur la route de Jérusalem à Gaza. Vers l'an 58, il reçut chez lui Paul de Tarse et l'évangéliste Luc, où eu lieu l'incident d'Agabus (Agapé) (Actes 21, 10-14). Une tradition tardive fait de lui l'évêque de Lydie, à Tralles (actuelle Aydin). Certains pensent qu'il pourrait avoir traduit en grec la version hébraïque ou araméenne de l'évangile de Matthieu. Selon le récit de Maria Valtorta, sa mère vient supplier Jésus car c'est alors un fils cruel. Il se convertit, devient un des 72 disciples. Fara, l'hôtelier de Bozra vante le zèle du nouveau disciple : « Philippe de Jacob, si jamais cette région devient sainte, il aura le mérite de l'avoir sanctifiée. Et si à Bozra il y a quelqu'un qui croit en Toi, c'est grâce à lui » 292.4 . Jésus reste cinq jours chez lui, à Arbéla : « Vive l'eau ! Elle a servi aussi à te retenir cinq jours dans ma maison » 296.1 se réjouit-il alors.
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Les témoins oculaires
Le diacre Nicolaï d'Antioche réhabilité ?
Nicolas, prosélyte grec d'Antioche (Actes 6, 5) est un personnage controversé. Pour Eusèbe de Césarée « il pratiquait l'ascétisme, considérant les désirs du corps comme de peu d'importance, et prônait la vie communautaire », ce qui reste un propos plutôt favorable. Mais il semble que ses disciples, les Nicolaïtes aient utilisé le prestige attaché à son nom pour dévoyer ses idées. L'Apocalypse (2, 6), déclare : « tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais ». Puis Irénée de Lyon dénonce la licence et la libération des mœurs des Nicolaïtes. Ils préconisèrent le mariage des prêtres et devinrent des hérétiques. Ils seraient à l'origine d'une branche gnostique, les archontes. En 1054, le cardinal Humbert da Silva Candida, dans une lettre adressé à un moine oriental, Nicétas, reproche à ce dernier de promouvoir le mariage des prêtres. Il en accuse alors personnellement Nicolas et non plus les Nicolaïtes : « le diacre maudit Nicolas, prince de cette hérésie, venait tout droit de l'enfer ». Dans l'œuvre de Maria Valtorta, le premier contact avec Nicolaï a lieu lors du voyage des apôtres à Antioche : « Nicolaï est consacré au naziréat » 323.7 , ce qui est tout à fait conforme avec la description d'Eusèbe. Il vient rejoindre Jésus à Capharnaüm, au moment où plusieurs le quittent, scandalisés par le discours sur le Pain de Vie. Ce qui lui vaut cet éloge de Jésus : « Un homme, qui devient disciple parce qu'il sait que ma cause humaine est déjà perdue, ne peut être qu'un esprit droit », et Il ajoute à l'intention de Jean : « en vérité je te dis que là où arrivera Nicolaï, disciple et prosélyte, Judas de Simon, apôtre israélite et juif, n'arrivera pas » 355.8 . Doit-on voir dans cette dernière affirmation une réhabilitation du diacre Nicolaï, ascète incompris et trahi par ses disciples ? FOOTNOTES : Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 3, 29, citant Clément d'Alexandrie, Stromates 3, 4, 25 f. : Irénée, Contre les hérésies 1.26.3 ; 3.10.6. : Épiphane de Salamine (3e siècle), Panarion, cap. 25.
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On les fit tirer au sort, et le sort tomba sur Matthias
Actes 1, 26 Matthias, désigné par le sort comme Apôtre en remplacement de Judas, suivit Jésus dès les premiers jours, comme l'affirme St Pierre dans les Actes (1, 21) : « Il est de ces hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête ». Clément d'Alexandrie le présente comme un prédicateur de la pénitence qui combattait contre la chair, et cite ce mot de lui : « Agrandis ton âme par la foi et la raison ». Origène évoque un Evangile écrit par Matthias ainsi qu'Eusèbe de Césarée mais le pape Innocent I condamna ce texte comme apocryphe. Matthias aurait suivi Jésus depuis son baptême par Jean Baptiste. D'après la Légende dorée de Jacques de Voragine (vers 1260) Matthias, issu de la tribu de Juda, naquit à Bethléem. « Il apprit rapidement la science de la Loi et des prophètes, et menait une vie vertueuse ». Le célèbre docteur Sepp affirme, quant à lui, que « Matthias, natif de Bethléem, était un des jeunes bergers témoins de la Nativité », mais il n'indique pas ses sources. Selon Nicéphore Calliste , lorsque les apôtres se dispersèrent pour aller prêcher l'Évangile, Matthias passa en Egypte et jusqu'en Ethiopie où il resta près de 33 ans. De retour à Jérusalem et dénoncé au Grand-Prêtre Ananias, celui–ci le fit lapider et décapiter devant le Temple en l'an 63 (ou 64) . Une fois de plus, le texte de Maria Valtorta est parfaitement cohérent avec toutes ces traditions. Le jeune berger Tobie, âgé d'une quinzaine d'années , vit à Bethléem et assiste à la naissance de Jésus 30.9 . La rencontre avec Jésus adulte a lieu en juin 27 « Tobie qui maintenant a pris le nom de Mathias, en souvenir de son père » 75.4 . Jésus ne tarde pas à vanter ses qualités : « Tu parles bien, Mathias, la Sagesse est avec toi » 127.3 . Avant de mourir, Jean Baptiste, auquel il est resté fidèle jusqu'au bout, le confie à Jésus, affirmant lui aussi « en Mathias, la Sagesse est réellement présente » 148.2 . Dorénavant les apôtres vont souvent côtoyer Matthias, et pouvoir l'apprécier au point d'en faire un candidat pour la place rendue vacante par la disparition de Judas. FOOTNOTES : Clément, Stromates 3, 4. : Origène, Homélie à Luc, I. : Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique 3, 25. : Dr. J. N. Sepp, Vie de N-S Jésus, éd. Flatau 1866 (tome 1, p 179). : Moine et historien byzantin (vers 1350), Histoire ecclésiastique 2, 40. : Si ces chiffres sont exacts, ceci supposerait qu'il ait quitté la Judée dès l'an 30, et ce serait donc un argument de plus à l'encontre de la théorie de ceux qui datent la Crucifixion en l'an 33. : Martyr en 63, donc âgé de 80 ans environ, ce qui reste plausible.
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Margziam, l'évangélisateur de l'Aquitaine.
Parmi les si nombreux disciples de Jésus que Maria Valtorta nous fait revivre, impossible de passer sous silence la figure si attachante du jeune Jabé (Yabesh). Peu avant l'âge de 12 ans, il perd tragiquement tous les membres de sa famille, et tente de survivre tout un hiver caché dans les bois. Recueilli par Jésus au début de l'an 28, il reprend peu à peu confiance, devient le fils adoptif de Pierre et Porphyrée, et reçoit de Marie le nom de Margziam en devenant fils de la Loi . Déjà Jésus lui trace prophétiquement son destin : « devenu grand, tu seras un saint de Dieu. Tu prêcheras comme un docteur le Jésus qui t'a rendu une mère ici, et qui ouvrira les portes du Ciel à ta mère morte, à ton père, et qui les ouvrira aussi à toi, quand ce sera ton heure. Tu n'auras même pas besoin de monter la longue échelle des Cieux à l'heure de la mort. Tu l'auras déjà montée durant ta vie en étant un bon disciple » 194.2 .Très réceptif à l'enseignement donné par Jésus, il est même l'un des premiers auxquels Jésus révèle sa future Passion pour qu'il ne se révolte pas devant cette nouvelle épreuve : « Moi… Fais-moi mourir à ta place ». « Tu dois me prêcher dans le monde entier. C'est dit. Mais écoute. Je mourrai content parce que je sais que tu m'aimes. Et puis je ressusciterai (...) et je viendrai tout de suite vers toi et je te dirai : Petit Margziam, tes pleurs m'ont enlevé la soif. Ton amour m'a tenu compagnie au tombeau. Maintenant je viens te dire : Sois mon prêtre » 291.5 .Il devient vite un exemple pour tous, et Jésus déclare : « Tu es le chef des enfants disciples. Quand tu seras tout à fait homme, rappelle-toi que tu as su être un disciple qui n'est pas inférieur aux hommes, et par conséquent ouvre les bras à tous les enfants qui viendront à toi en me cherchant et en disant : "Je veux être disciple du Christ" » 308.5 . Alors que Margziam encourage la nouvelle disciple Anastasica, Jésus fait cette nouvelle prédiction difficile à apprécier alors : « Margziam sait se faire à tous. C'est une vertu difficile et si nécessaire pour sa future mission. Je prends soin de faire grandir en lui cette heureuse disposition parce qu'elle lui servira beaucoup » 366.2 . Mais il faut attendre la fin de l'œuvre pour que ces paroles s'éclairent, plusieurs milliers de pages plus loin, alors que le Christ ressuscité lui confie cette mission : « Et toi, Margziam, mon enfant, et qui dorénavant prends le nom de Martial... ce nom, ô Martial, t'indique ton futur destin : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur » 638.20 . Les nombreux détails donnés par Maria Valtorta sur le futur saint Martial méritent qu'on en passe quelques uns en revue. Son lieu de naissance Maria Valtorta place l'origine de Margziam entre Siloh et Béthel, au nord du territoire de Benjamin 194.1-2 . C'est exactement ce qu'indique un poème de Fortunat , ode à saint Martial, dont il existe trois manuscrits très anciens . Au 16 e siècle A Thévet, aumônier de C de Médicis, indique même qu'à trois lieues de Rama , au village d'Arouha, on voit une vieille église restaurée sur ordre de Charlemagne en 810, en l'honneur de Saint Martial, « natif de ce lieu ». Comment Maria Valtorta aurait-elle pu avoir connaissance de ces informations figurant sur des documents français anciens et fort rares ? Son bizarre nom de Margziam Ce curieux nom, donné au petit Jabé par la Vierge Marie, donne lieu à quelques commentaires dans l'œuvre : « Un Oui, Jabé veut un nom qui signifie que je l'ai sauvé. Tu le chercheras, Mère. Un nom d'amour et de salut ». Marie réfléchit... et puis elle dit : Marjiam (Maarhgziam). Ce nom, outre le Salut, rappelle aussi mon souvenir. Tu es la petite goutte dans la mer de ceux qui sont sauvés par Jésus. Il te plaît ? Ce nom, outre le Salut, rappelle aussi mon souvenir ». « Il est très beau dit l'enfant tout content ». « Mais, n'est-ce pas un nom de femme ? demande Barthélémy ». « Avec un "L" au bout au lieu d'un "m", quand cette petite goutte d'humanité sera adulte, vous pourrez changer son nom en nom d'homme. Maintenant il porte le nom que lui a donné la Mère. N'est-ce pas ? » 198.8 . Puis plus loin : « Comment t'appelles-tu ? » « Margziam ». « Ah! Bon ! Mais ma Marie bénie pouvait te donner un nom plus facile ! » « C'est presque le sien ! s'exclame Salomé ». « Oui, mais le sien est plus simple. Il n'y a pas ces trois consonnes au milieu... Trois, cela fait trop ». « L'Iscariote est entré et dit : Elle a pris le nom exact pour ce qu'il veut dire, conforme à l'ancienne langue » 199.2 Ces conversations mériteraient certainement d'être étudiées par des linguistes. Mariam serait semble-t-il la vocalisation araméenne de l'hébreu Myriam, tandis que Mar-yam en serait la variante chaldéenne ? Mais tout cela sort de mon domaine de compétence ! Le fils adoptif de Pierre Il ne semble pas qu'il existe des traditions mentionnant Martial comme étant le fils adoptif de Pierre. Par contre le fait qu'il ait été contemporain de Pierre et qu'il l'ait suivi de Jérusalem à Antioche puis à Rome est maintenant historiquement attesté . Le jeune garçon de la multiplication des pains Adémar de Chabannes, moine de l'abbaye St Martial de Limoges ( Vita prolixior au 9 e siècle) l'identifie avec le jeune enfant qui offrit les pains et les poissons à Jésus pour leur multiplication. Le texte de Maria Valtorta confirme cette tradition, montrant même que Martial fut le premier à croire au miracle : « Oh ! comme c'est lourd ! dit Margziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s'il portait un fardeau. Les apôtres, les disciples, Manaën, le scribe le regardent partir ne sachant que penser » 273.4 . Sa mission d'évangélisateur Dans L'Eglise métropolitaine primatiale St André de Bordeaux , le Chanoine Hierosme Lopès indique que le jeune Martial s'attacha aux pas de Saint Pierre qu'il suivit à Antioche, puis à Rome. De Rome, Pierre l'envoya prêcher en Gaule. Mgr Cirot de la Ville a même pu établir une carte de l'itinéraire de Saint Martial : Rome, Ravenne, Marseille, Bourges, Tours, Limoges, Angoulême, Saintes, Noviomagus (capitale du Médoc). Déclaré « apôtre de l'Aquitaine » par le limousin Pierre Roger (1291-1352) Martial était considéré au Moyen Âge comme le premier évangélisateur de Limoges , Toulouse et Bordeaux . Fondateur de la cathédrale Saint-Étienne, voire le premier évêque de Toulouse, des traditions immémoriales en faisant remonter leur origine aux temps apostoliques. Dans cette évangélisation, il est intimement associé à sainte Véronique et à Zachée (St Amadour). FOOTNOTES : Venance Fortunat (530-609) Evêque de Poitiers vers 600. : Outre qu'il confirme Martial contemporain de Pierre, le texte précise « Benjamita tribus te gessit » (La tribu de Benjamin te vit naître). : Frère André Thévet (1516-1590), Cosmographie Universelle 1575 (livre VI Chap. VII page 169). : Trois lieues, c'est environ 15 km, ce qui situe l'emplacement à mi-distance entre Siloh et Béthel. : Cette explication étymologique par l'hébreu mar yam = goutte de la mer, « affirmée » par ce dialogue, est pourtant considérée par certains comme « purement poétique ». : Voir par exemple docteur Sepp, Jésus-Christ Etudes sur sa vie et sa doctrine, 1866 page 19. : Voir en particulier les études très documentées de l'Abbé Arbellot, Dissertation sur l'apostolat de Saint Martial 1855; de Mgr Cirot de la Ville, Origines chrétiennes de Bordeaux 1867; de l'abbé Gordière Recherches sur la prédication de l'Evangile dans les Gaules au premier siècle, 1867, en particulier les pages 14 et 15; ou encore de l'abbé Corblet, Dissertation sur les origines de la foi chrétienne dans les Gaules, qui en 16 pages (diffusées par les Petits Bollandistes) résume bien la situation. : Réédition par l'abbé Gallen, chez Feret et fils, 1882 (p. 109), de l'ouvrage original édité chez Lacourt en 1668. : Pape sous le nom de Clément VI (1342-1352). Sa bulle « Piam Sanctorum memoriam recolendam » fait l'éloge de saint Martial, témoigne de sa particulière dévotion à l'apôtre et ordonne que sa fête soit mise au rang des doubles comme celles des autres apôtres, et célébrée dans toute l'Aquitaine. : C'est seulement à partir du 17 e siècle que le chanoine Descordes, Jean de Launoy (1603-1678) (que le pape Benoît XIV désigna comme « menteur impudent et écrivain méprisable »), et quelques autres « lumières » attaquèrent les traditions et affirmèrent que l'origine des principales églises de France ne remontait pas au-delà de la seconde moitié du 3 e siècle. Bien que loin d'être prouvée, cette hypothèse s'imposa alors dans les milieux dits intellectuels. : La découverte en 1955 de « symboles chrétiens » (l'ascia) datant du 2 e siècle sur des tombes proches de l'église dédiée à St Etienne, à Bordeaux, confirme archéologiquement l'ancienneté de ce lieu de culte.
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Un certain Joseph surnommé le Juste
Joseph dit le Juste est un disciple dont l'Ecriture nous dit seulement son nom et qu'il fut présenté par les apôtres comme candidat (avec Matthias) à la succession de Judas : « Joseph appelé Barsabbas , surnommé Justus » (Actes 1, 23). Eusèbe nous apprend qu'il fut compté au nombre des soixante douze disciples évoqués par Luc. Et il ajoute que Papias, renseigné par les filles de l'apôtre Philippe, affirmait que « Juste surnommé Barsabbas but un poison mortel et par la grâce du Seigneur n'en éprouva aucun mal ». Persécuté par les juifs pour sa foi au Christ, il aurait eu une fin glorieuse. Saint Adon, moine bénédictin et évêque de Vienne, l'inscrivit (vers 860) dans son martyrologe. Il est fêté le 20 juillet. Maria Valtorta nous en dit beaucoup plus sur ce disciple méconnu : Jeune nouveau-né au moment du massacre des saints innocents, il échappe à la mort grâce au sacrifice de son père. Jésus le rencontre au tout début de sa vie publique. Il est le seul disciple à bénéficier à Nazareth de la formation dispensée aux apôtres : « Je retiens ce fils (et il montre Joseph) car je lui délègue la charge de porter à ses compagnons mes paroles, pour qu'il se forme là un noyau solide qui ne m'annonce pas seulement en faisant connaître mon existence, mais les caractéristiques les plus essentielles de ma doctrine » 91.1 . Sa sagesse et son intelligence impressionnent à la fois les apôtres et les disciples : « Joseph. Vous savez que ce jeune promet beaucoup ? dit le Thaddée. Oui. Isaac est un ange mais sa force est toute spirituelle. Mais Joseph est fort, même physiquement. Il a le même âge que nous . Et il apprend facilement. Tu as entendu ce qu'a dit Hermas ? S'il avait étudié, il serait un rabbi en plus d'être un juste. Et Hermas sait ce qu'il dit » 334.2 . Il est blessé dans les gorges du Cédron avec Élie (prémices des futures persécutions). Je me fais gloire d'avoir versé du sang pour Toi, comme en versa mon père autrefois. Je te bénis de m'en avoir rendu digne ! » 418.5 . Jésus le guérit. FOOTNOTES : Sur la confusion possible entre Barsabbas et Barnabas, voir plus loin le chapitre « Cette parole leur demeurait cachée ». : Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique I, 12. : Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique III, 39. : D'après les informations glanées dans l'œuvre, il a alors la trentaine, et Jude à peine deux ou trois ans de plus.
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Le sanhédrin fait salle comble
Le sanhédrin ou grand conseil, était la haute cour de justice, le tribunal suprême des Juifs. Son nom , son rôle et son organisation nous sont connus par la bible et par de nombreux textes talmudiques ou historiques . Le sanhédrin comprenait en théorie 71 membres, y compris le président. Il y avait 3 groupes plus ou moins définis : les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Chaque groupe était composé de 23 membres (soit 69), auxquels s'ajoutaient le président (nasi) et son adjoint (ab bet din). - La chambre des prêtres avait en charge l'administration des sacrifices.... La majorité de ses membres était des sadducéens, plus ou moins alliés des hérodiens. Ils ne croyaient pas en la résurrection, et appliquaient avec rigueur la loi mosaïque. Ils s'opposaient à Jésus essentiellement sur les questions politiques. - La chambre des scribes , ou sages, ou docteurs de la Loi, était composée d'enseignants, majoritairement pharisiens. Leur premier reproche vis à vis de Jésus était qu'aucun enseignant ne peut enseigner de sa propre autorité. En tant que juristes, ils s'imposaient de citer au moins une autorité pour justifier les lois. - La chambre des anciens , ou des conseillers, regroupait les notables les plus fortunés, et les personnages influents. Beaucoup d'entre eux étaient pharisiens, mais certains désapprouvaient le rigorisme des scribes. Ils n'avaient pas de pouvoir judiciaire. Au début du premier siècle, le sanhédrin instruit les procès et rend la sentence, mais la condamnation à mort revient au procurateur romain . Ces données sont assez bien connues, et les lecteurs de Maria Valtorta ne seront donc guère surpris de constater qu'elles sont bien intégrées dans le récit, comme en témoigne par exemple cette discussion avec Pilate, pendant la Passion : « Il est passible de mort selon notre loi ». « Et depuis quand vous a-t-on rendu le jus gladii et sanguinis ? » (...) « Nous savons que nous n'avons pas ce droit. Nous sommes les fidèles sujets de Rome… » 604.20 . Mais s'il est relativement aisé de se faire une idée du rôle et de l'organisation du sanhédrin au temps de Jésus, il en va tout autrement lorsqu'il s'agit de retrouver la liste des membres qui y siégeaient alors. L'étude la plus détaillée sur cette question, je l'ai déjà évoquée, est sans doute celle que publièrent les frères Augustin et Joseph Lemann en 1877. Il semble très peu probable que Maria Valtorta ait pu en avoir eu connaissance en 1944. Pourtant tout lecteur attentif trouvera, disséminés ça et là dans l'œuvre, de très nombreux indices permettant de reconstituer peu à peu la composition du sanhédrin en l'an 30. On retrouve ainsi dans l'œuvre le nom de tous les anciens et futurs grands prêtres contemporains de Jésus, et de nombreux autres membres, dont les noms, pour certains d'entre eux, ne sont évoqués qu'une ou deux fois dans toute la littérature talmudique. Pour plusieurs, leurs noms sont orthographiés phonétiquement par Maria Valtorta, ce qui rend leur identification un peu plus délicate. Ainsi, quand on lit « cet autre, c'est Callascebona l'ancien » 123.6 , il s'agit bien sûr du richissime notable de Jérusalem, ben Calba Scheboua, dont la fille Rachel fut ultérieurement l'épouse du célèbre rabbi Akiba. Et quand Maria Valtorta entend dire « Et là-bas Doro l'Ancien et Trison » 378.3 , on peut y reconnaître le diminutif de Dorothée ben Nathanaël, en compagnie de Tryphon ben Theudion . Et lorsque Jésus demande (cf. Luc 14, 1-6) « Est-il permis de guérir pendant le sabbat ? au vieux scribe Chanania » 335.13 , c'est sans conteste à Chananiah ben Chiskia, scribe renommé qu'Il s'adresse. Quant au « pharisien Giocana, parent de Doras » 109.2 , avec qui Jésus a plusieurs échanges très vifs, c'est Yokhanan ben Zakkaï, considéré comme un des maîtres du Talmud . Sur 20 membres de la chambre des prêtres connus par diverses traditions, Maria Valtorta en nomme 16, mais en plus elle en cite 3 autres inédits . Donc 23 des 23/24 membres possibles sont maintenant identifiés . Pour la chambre des scribes, Maria Valtorta nomme 12 des 14 membres connus , mais elle cite 10 autres noms qui ne sont pas encore identifiés par d'autres sources, complétant ainsi la liste des 24 membres de cette chambre (dont le président). Enfin pour la chambre des anciens, elle cite 11 des 14 membres connus, auxquels elle ajoute 7 noms nouveaux, portant à 21 membres identifiés la liste de cette chambre. Si l'on prend en compte les éléments fournis par Maria Valtorta, ce sont donc aujourd'hui pas moins de 68 des membres du sanhédrin de l'an 30 qui peuvent être désignés par leur nom, sur les 71 possibles ! Ce résultat est d'autant plus inattendu que les différents membres du sanhédrin apparaissent ça et là dans l'œuvre, au hasard des évènements et souvent de façon très discrète, si bien que seule une étude systématique et minutieuse permet de les recenser tous . FOOTNOTES : du grec syn (avec) et hedra (siège). : Nombres 11, 16-17 ; Proverbes 22, 10; 31, 23; Matthieu 26, 57-59; Marc 14, 53; 15, 1; Luc 22, 66; Jean 11, 47; Actes 5, 21; 6, 12, etc. : Principalement Mishna, Sanhedrin et Makkoth.; Flavius Josèphe. : L'empereur Auguste enleva ce droit (le jus gladii) au Sanhédrin après la destitution d'Archélaüs, et la nomination de Coponius comme procurateur vers +7 (Flavius Josèphe Antiquités 17, Chap. 13.1-5, et Talmud, Sanhedrin folio 24). Tacite ajouta même : les Romains se réservent le droit du glaive et négligent le reste. Le sanhédrin conservait encore le pouvoir d'excommunier, de mettre en prison, de condamner aux verges; mais le droit de rendre un arrêt de mort, attribut principal de la souveraineté, il ne l'avait plus. : Ils furent envoyés comme députés auprès de l'empereur Claude par les Juifs de Jérusalem, en +44/+45, sous le gouverneur Cuspius Fadus. (Flavius Josèphe, Antiquités XX, I, 1, 2 ) Ailleurs dans l'œuvre, Maria Valtorta le nomme plus correctement Trifon. : Une prestigieuse synagogue de la vieille ville de Jérusalem porte son nom. : Une synthèse de cette étude se trouve sur Internet à cette adresse: http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Sanhedrin.htm .
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Les notables romaines
Parmi la foule de ceux qui sympathisent avec Jésus, le cas des notables romaines mérite une attention toute particulière. Qu'il s'agisse de Claudia Procula, de Plautina, de Valéria ou des deux Domitilla (la mère Albula et sa fille Flavia), voire même de Livia (la seule dont l'historicité fasse encore pour moi l'objet de recherches), chacune eut en effet un rôle au sein des premières communautés chrétiennes comme l'évoquent ou l'attestent l'Histoire et la Tradition, au travers de quelques écrits anciens.
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Ne te mêle pas des affaires de ce juste
Mt 27, 19 Matthieu est le seul évangéliste à mentionner la femme de Pilate, dans un simple verset, sans même la nommer. Est-ce elle la même Claudia qu'évoque St Paul dans son épître à Timothée (2 Tm 4, 21) quand il écrit : « Eubule, Pudens, Lin et Claudia te saluent » ? Rien d'autre sur l'épouse de Pilate dans l'Ecriture Sainte. Or dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé la femme de Pilate joue un rôle majeur et intervient souvent. Maria Valtorta nous la montre assistant à la guérison miraculeuse d'un lépreux, écoutant avec intérêt les paroles du « sage galiléen », puis prenant sous sa protection ce « grand philosophe ». Elle chemine peu à peu dans la foi, jusqu'à en témoigner après la crucifixion : « mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut dont le Maître était le Messie » 630.13 . Et tout au long du récit, le lecteur découvre peu à peu cette « belle femme sur les trente ans (...), fière d'appartenir à la gens Claudia » 154.7 . Le centurion Publius informe Jésus : « Claudia parle de Toi comme d'un grand philosophe, et c'est bon pour Toi parce que... c'est Claudia le proconsul » 192.5 Quand plus tard elle rencontre Jésus, elle s'agenouille en disant : « Et avec moi, Rome se prosterne à tes pieds » 370.19 . Au banquet chez Jeanne de Chouza, elle confirme à Judas le pouvoir dont elle dispose « j'appartiens à la gens Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi, il y a Rome » 371.3 . Elle est témoin de plusieurs miracles, mais sa foi en Jésus, un temps ébranlée par les médisances et les calomnies colportées de toutes parts, ne s'affermit définitivement qu'après que Jésus ait redonné une langue et la parole à Calliste, son esclave mutilé : « tu es vraiment le Juste que je pressentais 563.5 (...) personne, sauf Toi, ne peut faire renaître un mort et rendre des yeux à un aveugle » 563.6 . Et de ce jour, sa foi sera inébranlable. La tradition selon laquelle elle se serait convertie est attestée dès le 2 e siècle . Tout ce qu'on apprend ça et là sur Claudia Procula en parcourant le récit de Maria Valtorta est en totale harmonie non seulement avec les anciennes traditions, mais aussi avec les hypothèses historiques les plus récentes. L'évangile apocryphe dit de Nicodème (vers le 4e siècle ?) ; un écrit de 1619 attribué à Lucius Flavius Dexter , les Ménologues grecs, et plusieurs autres auteurs anciens la nomment effectivement Claudia Procula. Son appartenance à la gens Claudia a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Celle qui semble la plus plausible aujourd'hui, c'est qu'elle aurait été la fille illégitime de Julia. Cette Julia fut mariée à Tibère en -11, sur ordre d'Auguste son père. Vivant dans la débauche, elle fut condamnée à l'exil en -2, juste après avoir été la maîtresse de Julius Antonius . Une éventuelle naissance adultérine avec un tel père se devait politiquement de rester secrète, mais n'a rien d'invraisemblable . Dans cette hypothèse Claudia serait donc née en -2 ou -1. Ce qui est en plein accord avec Maria Valtorta qui lui donne la trentaine en 27. Envoyée par sa mère auprès de Tibère, il l'aurait adopté comme sa propre fille. Par son mariage, Pilate aurait effectivement acquis des soutiens en très haut lieu, ce qui pourrait expliquer son exceptionnelle longévité à son poste en Judée. Notons aussi que seules les femmes de haut rang, à cette époque, accompagnaient leurs maris en mission . FOOTNOTES : Cf. Origène, Homélies - Matthieu, xxxv. : Chronicae. An. 34 n° 2. : Les témoignages historiques sur Julia sont abondants (Dion Cassius Histoire romaine LV, 10 ; Velleius Paterculus, Histoires romaines, II, 100 ; Tacite, Annales IV,44 ; Macrobe, Saturnales 2, 5 ; etc.). : Dernier fils vivant de Marc Antoine, Julius fut, pour ce motif, mis à mort. : C'était l'opinion de Giovanni Rosadi, Il proceso di Gesu 1908. : L'antique loi Oppia interdisait aux proconsuls d'emmener leur femme dans les provinces qu'ils gouvernaient. Bien qu'adoucie par un sénatus-consulte, au 1 er siècle avant notre ère, elle restait théoriquement en vigueur. Les magistrats obtenaient parfois la permission d'y déroger mais ils devaient s'engager à « prendre toute la responsabilité des fautes que leur épouse pourrait commettre ».
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Qui était Plautina ?
Examinons maintenant la personnalité de Plautina, patricienne romaine « amie intime » et « probablement parente de Claudia » 158.4 . Maria Valtorta est impressionnée par sa prestance : « Elle me rappelle certaines statues très belles d'impératrices romaines ». Elle ajoute, voyant les autres romaines : « J'ai l'impression que ce sont des dames d'un rang inférieur à Plautina » 167.3 . De nombreux indices disséminés tout au long de l'œuvre (mais qui ne peuvent trouver place dans ce bref article) permettent de l'identifier sans hésitation comme étant l'épouse d'Aulus Plautius (ou Plautinus), l'un des tous premiers personnages de l'Empire à cette époque, et le futur conquérant de la Grande Bretagne entre 43 et 47. Il se trouve que, contrairement à Claudia, les témoignages historiques la concernant sont particulièrement abondants et concordants . Plautina (connue aussi comme "Plautiana" ou "Plautilla"), appartenait à la gens des Julio-Claudia (donc effectivement parente de Claudia Procula !) et se nommait, avant son mariage, Pomponia Graecina. Elle était la fille du consul Gaius Pomponius Graecinus . Son oncle, le consul Lucius Pomponius Flaccus fut d'ailleurs gouverneur de Syrie en 35. FOOTNOTES : Dion Cassius, Histoire romaine LX 19-21, 30 ; Suétone, Vie des Césars (Claude 24 et Vespasien 4) ; Tacite, Agricola 14 ; Annales 13, 32. : Consul suffect en l'an 16. : Dom Guéranger, Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles 1897, chap. 4, p 87 émet même l'hypothèse que son fils Flaccus est ce jeune homme qui voulut épouser Flavia Pretronilla (Ste Pétronille), une protégée de Plautina !
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Convertie au christianisme
Elle mena à Rome, à partir de l'an 43, « une existence austère et digne » qu'elle imputait « officiellement » au deuil de sa cousine Julia, fille de Drusus, exécutée par la jalousie de Messaline. Après quatorze années d'une vie retirée, elle fut accusée « de superstition étrangère » et « d'occupations religieuses non autorisées ». A cette époque ceci signifiait quasi exclusivement « conversion au christianisme », la religion juive étant à cette date tolérée à Rome, et les rites païens d'Egypte ou de Syrie trop peu compatibles avec le mode de vie de Plautina. Compte tenu du rang de son mari, il eut à décider lui-même de son sort selon la loi romaine, et elle fut acquittée . FOOTNOTES : Notons au passage que Henryk Sienkiewicz, dans son roman historique Quo Vadis 1895, fait de Plautina la mère adoptive de son héroïne Ligie.
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Plautina et Sainte Lucine
Paul Allard s'interrogea « si Pomponia Græcina ne devrait pas être identifiée avec la grande dame, dont on connaît seulement l'agnomen probablement symbolique et baptismal : Lucina ». L'illustre archéologue Giovanni Battista de Rossi, puis Dom Guéranger arrivèrent à la même conclusion, et identifièrent donc Pomponia Graecina Plautiana avec Sainte Lucine, donatrice qui ouvrit dans un domaine de la voie Appienne un des plus anciens hypogées chrétiens, situé au-dessous d'un terrain ayant appartenu à la gens Pomponia. Sainte Lucine est associée aux martyrs Processus and Martinien, deux officiers romains gardiens de la prison Mamertine et convertis par leur prisonnier saint Pierre (selon une légende attestée du 6e siècle) On dit qu'elle les visita en prison et les enterra après leur exécution dans une de ses propriétés sur la via Aurelia . C'est aussi elle qui aurait enseveli la dépouille de Saint Paul. Sainte Lucine est fêtée le 30 Juin. L'Eglise orthodoxe grecque ne l'a pas sanctifiée, mais la considère comme « une femme pieuse, et l'une des premières nobles romaines convertie au christianisme ». Dans Les cahiers de 1944 (au 29 février), Maria Valtorta nous donne une version un peu différente, mais pas forcement incompatible. Elle évoque en effet le martyr d'une Lucine, « la fille de Faustus et de Cécile. Elle n'avait pas encore quatorze ans », alors que Plautina soutient les premiers martyr romains, aux côtés de Paul. Peut-être, pourquoi pas, prit-elle alors le prénom de Lucine , en mémoire de cette jeune sainte dont le martyr l'avait tant émue ? En tout cas, après avoir assisté de ses biens les fidèles, ce serait bien Plautina qui aurait visité les chrétiens détenus en prison, et pris soin de la sépulture des martyrs. Elle mourut très âgée. Tacite précise qu'elle vécut 40 ans après la mort de Julia en +37. Elle serait donc morte vers l'an +77. Maria Valtorta nous montre ainsi, tout au cours de son œuvre, qu'une patricienne romaine, élevée dans le luxe et l'opulence, fut le témoin oculaire des miracles du Christ. Et l'Histoire enseigne qu'elle en fut si bouleversée qu'elle consacra sa fortune et sa vie à soutenir, à Rome, l'Eglise naissante. FOOTNOTES : Paul Allard, Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles 1884, chap. 2. : Source: Catholic Encyclopedia, 1904. : Dom Guéranger, op. cit. Chap. 5, p 103, est formel. Pomponia Plautina, la femme de Plautius, prit bien un cognomen baptismal : « la noble femme portait un nom devant lequel s'effaçait à ses yeux celui des Pomponii : elle était appelée Lucina ». : Tacite, Annales 13, 32.
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Une mère nommée Albula et sa fille Flavia
Albula, « une forte matrone d'environ cinquante ans » 370.19 est la femme de confiance de Claudia, qui en parle ainsi à Judas : « Demande toujours Albula Domitilla. C'est une seconde moi-même » 371.3 . Sans cette rapide confidence, il est fort probable que « l'affranchie de Claudia » 604.34 serait passée totalement inaperçue dans l'œuvre. Mais quand on découvre que sa fille se nomme Flavia, cette Flavia qui prend des notes pour sa maîtresse : « Flavia a écrit les choses que tu as dites. Claudia veut en prendre connaissance. As-tu écrit ? Exactement, dit la femme en passant les tablettes enduites de cire » 204.9 , alors notre attention est mise en éveil. Y aurait-il un quelconque rapport avec la sainte Domitille, dont la propriété à Rome abrita des catacombes célèbres ? C'est grâce à Suétone qu'il est possible de reconstituer l'histoire des "Domitilla": Albula Domitilla , que Suétone nomme simplement Domitilla, « n'avait pas la citoyenneté romaine » et était mariée à Flavius Liberalis, « simple greffier de questeur de la légion X Ferentis ». (Justement la légion chargée de la Syrie et de la Palestine !). Leur fille Flavia Domitilla fut déclarée citoyenne romaine et de naissance libre, par un jugement des récupérateurs (tribunal statuant sur les questions de droits de propriété et d'état-civil) sur la demande de son père. Elle épousa Vespasien en 39/40. Elle fut la mère de Titus, Domitien et Domitilla. Elle mourut en +69. C'est elle qui apparaît aux cotés de Claudia et de Plautina et prend les notes sur des tablettes . Leur petite fille Flavia Domitilla mourut aussi en +69, après avoir donné naissance à une fille portant son nom. Leur arrière petite fille Flavia Domitilla (et donc petite fille de l'empereur Vespasien) épousa Flavius Clemens qui était consul. En 95, sous Domitien, ils furent tous deux accusés d'athéisme, du fait qu'ils étaient chrétiens. Clemens fut condamné à mort et Domitilla fut exilée. Elle est vénérée comme sainte Domitille. Ainsi donc, Albula Domitilla fut la belle mère de l'empereur Vespasien, et l'arrière-arrière grand-mère de sainte Domitille. Quant à sa fille Flavia, il convient de remarquer que son futur époux, Vespasien (âgé de 19 ans en 28) combattît en Bretagne sous les ordres d'Aulus Plautius, l'époux de Plautina ! Flavia et Vespasien eurent trois enfants : Titus, Domitien et Domitilla. L'aîné, Titus épousa Plautilla, la fille de Plautius et de Plautina ! Ainsi la présence de Flavia aux côtés de Plautina et de Claudia dans l'œuvre de Maria Valtorta se trouve totalement confortée par des données historiques. Et à l'inverse, le fait de les découvrir dans l'œuvre disciples attentives de Jésus permet de mieux comprendre le soutien considérable qu'elles apportèrent, à Rome, à l'Eglise naissante. D'ailleurs Dom Guéranger le soulignait déjà en son temps : « Les nouvelles découvertes archéologiques montrent jusqu'à l'évidence que, dès son début à Rome, le christianisme compta dans ses rangs l'élite de la société polie ». FOOTNOTES : Voir Suétone, Vie de Vespasien. : Ce serait même elle qui apporte à Ponce Pilate le message de Claudia lui demandant de relâcher Jésus. Est-ce parce qu'elle a été formée par son père greffier, qu'elle prend les notes pour Claudia ? : Titus Flavius Vespasianus. : Titus Flavius Sabinus. : Dom Guéranger op. cit. Introduction, page X.
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Les amis juifs de Jésus
Les évangélistes nous ont transmis les noms de quelques amis influents ayant apporté leur soutien à Jésus durant sa brève vie publique : Joseph d'Arimathie, Nicodème, Jeanne de Chouza, Lazare, Manaën, Marthe, Marie-Madeleine. Ces noms nous sont relativement familiers, mais il faut bien admettre que l'on connaît vraiment peu de faits les concernant, si l'on s'en tient simplement à ceux que nous fournissent les évangiles. Maria Valtorta comble admirablement cette lacune. Par leurs paroles et leurs actes, nous voyons les uns et les autres agir bien souvent en faveur de Jésus, écouter ses enseignements, lui demander conseil... Ces occasions sont si nombreuses qu'il me semble impossible d'en faire un résumé ici sans m'exposer à en donner une image par trop réductrice. Je me bornerai donc à une très brève évocation.
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Jeanne, princesse de Béther
Jeanne est une jeune princesse juive, épouse de Chouza l'intendant d'Hérode. Miraculeusement guérie par Jésus d'une phtisie , elle se montre une disciple reconnaissante, zélée et fidèle. « Fais ce que tu veux, Seigneur. Je t'abandonne tout : mon passé, mon présent, mon avenir. Je te dois tout et te remets tout. Toi, donne à ta servante ce que tu sais être le meilleur » 102.7 . C'est elle qui présente les notables romaines à Jésus. « Quand j'ai perdu mon enfant et que je fus malade, elles furent très bonnes pour moi qui ne les avais pas recherchées. Et, depuis, l'amitié est restée. Mais, si tu me dis que c'est mal, j'y renonce » 158.3 . Son soutien indéfectible au Seigneur (Jésus dit qu'elle « ne se rassasie jamais d'être bonne » 309.4 ) lui vaudra d'être parmi les premiers témoins de la Résurrection. FOOTNOTES : Luc (8, 3) indique seulement « et qui avaient été guéries de leurs maladies » parlant de Jeanne et de Suzanne.
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Joseph l'Ancien
Joseph d'Arimathie, « conseiller du Sanhédrin » 74.9 , est l'ami de Nicodème, mais aussi de Lazare (malgré l'inconduite de sa sœur). Disciple des toutes premières heures il témoigne : « Celui qui fait des miracles, a Dieu avec lui. Qui a Dieu avec lui ne peut être dans le péché. Mais, au contraire, il ne peut être que quelqu'un que Dieu aime » 113.3 Prudent, il décide avec Nicodème de ne pas se montrer ouvertement disciple de Jésus, non par pusillanimité, mais pour pouvoir informer le Maître des menaces venant du sanhédrin : « Il vaut mieux ainsi. S'ils savent que nous sommes disciples, ils nous tiendront à l'écart de leurs pensées et de leurs décisions, et ils peuvent Lui nuire et nous nuire. S'ils pensent que nous sommes simplement intéressés à tout ce que Lui dit, ils n'agiront pas en cachette à notre égard » 116.4 . Fidèle à ses convictions, il ose tenir tête aux ennemis du Christ, quand la plupart se dérobent : « dans une assemblée, Joseph s'en est pris au Sanhédrin. Il les traita d'assassins parce qu'ils voulaient tuer un innocent, et il dit : Tout est illégal là dedans. Lui le dit bien : c'est l'abomination dans la maison du Seigneur. Cet autel sera détruit car il est profané. Ils ne le lapidèrent pas parce que c'est lui. Mais depuis lors ils l'ont tenu dans l'ignorance totale » 602.7 . Et même à l'heure de la Crucifixion son courage ne faiblit pas : « qui pactise avec les assassins est un assassin, Eléazar d'Anna. J'ai vécu en juste. Et maintenant je suis âgé et près de mourir. Je ne veux pas devenir injuste alors que déjà le Ciel descend sur moi et avec Lui le Juge éternel » 609.16 .
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Nicodème, prince des juifs
Par saint Jean, nous savons que Nicodème était pharisien, maître en Israël et membre du sanhédrin. D'après l'Évangile et le Talmud il était possesseur de grandes richesses; c'est lui qui employa environ cent livres de myrrhe et d'aloès à la sépulture de Jésus-Christ (Jean 19, 39). Il essaya de prendre la défense de Jésus-Christ, ce qui lui attira cette réponse dédaigneuse : « Et toi aussi, serais-tu Galiléen ? » . Disciple, il l'était effectivement, en secret, comme son ami Joseph l'Ancien : « Ma conduite n'est pas uniquement lâche. Il y a aussi la prudence et le désir de t'aider plus que si je t'appartenais ouvertement. Tu as beaucoup d'ennemis. Je suis du petit nombre de ceux qui, ici t'admirent » 116.4 . Juste avant l'Ascension, Jésus remercie ses disciples : « Toi Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger » 638.19 . Après la Passion Nicodème propose : « Pour les Linceuls, ensuite, j'ai pensé, d'autant que je ne suis plus hébreu et donc plus sujet à l'interdiction du Deutéronome sur les sculptures et représentations, de faire, comme je sais le faire, une statue de Jésus Crucifié - j'emploierai un de mes cèdres géants du Liban - et de cacher à l'intérieur un des Linceuls, le premier, si toi, Mère, tu nous le rends » 644.6 . Ces propos prennent un tout autre relief pour les pèlerins ayant visité Lucques en Toscane. En effet on y vénère , dans la cathédrale San Martino, un crucifix, le Volto Santo (ou la Sainte Face), image du Christ qui aurait été sculptée par Nicodème à Ramlhé... Cette cathédrale est un lieu de pèlerinage depuis plus de mille ans, et la renommée du Volto Santo fut immense. Sainte Gemma Galgani elle-même a souvent visité cette relique pendant sa vie. Le crucifix, sculpté dans un cèdre, serait arrivé à Lucques en 742. FOOTNOTES : Talmud de Babylone, traité Gitlin ou des Divorces, chap. V, 56. : Jean 3, 1-21 ; 7, 45-52 ; 19, 39-42. : Voir par exemple Victor Guérin, Terre Sainte 1850, t2, page 217.
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Manaën, notable hérodien
Manaën, frère de lait d'Hérode Antipas, nous est un peu connu par saint Luc et par Flavius Josèphe . Ce dernier nous apprend que son père était essénien et mérita les faveurs d'Hérode le Grand pour lui avoir prédit qu'il serait roi. Il aurait même été un temps président du Sanhédrin avant Hillel. Abandonnant ensuite le parti des esséniens, il serait devenu hérodien. Hérode fit élever son enfant, Manahem avec son propre fils Antipas. Ensuite l'Histoire nous apprend que Manaën vint à Antioche. Baronius affirme que c'est lui qui aurait consacré puis envoyé St Paul et Barnabé dans leurs premiers voyages missionnaires (vers l'an 45). Certains pensent que c'est également lui qui aurait fourni à Luc les nombreux détails familiaux sur Hérode. Ceci expliquerait aussi que Luc ait parlé de Chouza et de Jeanne… Le martyrologue romain indique que Manaën est mort à Antioche. Il est fêté comme saint confesseur le 24 mai. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, la première rencontre entre Manaën et Jésus a lieu à la Belle-Eau. Jésus rassure les apôtres inquiets : « Quelqu'un ne peut-il pas, tout en étant parent d'Hérode, avoir soif du Dieu Vrai ? Vous craignez pour Moi ? Mais non. Fiez-vous en ma parole. Cet homme ne vient que dans une honnête intention. Pourquoi, alors, ne s'est-il pas fait connaître ? demandent les disciples. Parce que, justement, il vient, en tant qu'âme, non pas comme frère de lait d'Hérode. S'il s'est entouré de silence, c'est parce qu'il pense que devant la parole de Dieu la parenté avec un roi ne compte pas… Nous respecterons son silence. Comment te connaît-il ? C'est par mon cousin Jean lui-même. Croyez-vous qu'en prison il ne m'aura pas prêché ? Mais aussi par Chouza, par la voix de la foule, par la haine même des pharisiens » 121.3 . Désormais il est prêt à tout pour aider Jésus : « pour Toi je défierais le monde entier ! Rien ne me fatiguerait ! et à Judas qui en doute il réplique : Non, homme, ce ne sont pas des paroles. Je prie le Maître d'éprouver ma sincérité » 364.4 et il le prouve au moment de la Passion, quand, seul contre tous, il tente même une manœuvre désespérée pour sauver le Maître : « Arrière ! crie-t-il. Cet homme… Laissez-moi le voir… Écartez-vous, ou j'appelle les gardes… Les gens, à cause de la grêle de coups de plat et des ruades du cheval et des menaces du cavalier s'écartent, et Manaën rejoint ... Jésus et les gardes du Temple qui le tiennent. Laissez le passage ! Le Tétrarque est plus que vous... Arrière ! Je veux Lui parler. Et il y arrive en chargeant avec son épée le plus acharné des geôliers. Maître ! » 604.18 . Malgré une blessure au bras, il est pourtant le premier à venir offrir son aide à Marie : « Il n'y avait rien à faire, c'est vrai, mais au moins Lui donner le réconfort de nous voir. Moi… moi, je l'ai salué au Sixte , et ensuite je ne l'ai pas pu car… Mais c'est inutile de le dire. Cela aussi fut voulu par Satan. Maintenant je suis libre et je viens me mettre à ton service. Commande, Femme » 614.2 . Il mérite cet ultime hommage du Christ : « Toi, Manaën, qui as su mépriser les faveurs sordides d'un être immonde pour marcher dans mon chemin » 638.19 . FOOTNOTES : Luc 8, 3; Actes 13, 1. : Flavius Josèphe, Antiquités juives XV, 10, 5. : Voir en particulier Catholic Encyclopedia. : Luc 3, 1, 19, 20; 8, 3; 9, 7-9; 13, 31, 32; 23, 8-12; Actes 12. : Il s'agit du Xyste, vaste place à colonnades de Jérusalem, mentionnée par Flavius Josèphe (Antiquités juives XX, 8,11) située entre le temple et le palais d'Hérode, dans le quartier de Sion, et que Maria Valtorta a bien du mal à orthographier !
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Lazare, l'ami fidèle et dévoué
Lazare, frère de Marie de Magdala et de Marthe occupe une place exceptionnelle et bien méritée dans l'œuvre. Lui, l'un des plus fortunés de Jérusalem « puissamment riche. Une bonne partie de la ville lui appartient ainsi que beaucoup de terres de la Palestine » 116.6 , dut s'exiler à Béthanie à cause de l'intransigeance des pharisiens, ainsi que Doras en informe Jésus : « Il est ton ami Lazare? Mais tu ne dois pas! Ne sais-tu pas qu'il est anathème parce que sa sœur Marie est prostituée ? » 109.9 . Il voit immédiatement dans Jésus le Messie, l'Attendu : « Qui fait les œuvres de Dieu doit être un homme de Dieu. Et Toi, tu les fais. Et tu les fais de telle façon qu'elles te proclament l'Homme de Dieu » 84.3 . Erudit, il interroge Jésus sur sa passion pour la lecture profane : « continue à lire… cela te servira à connaître le monde païen… Continue. Tu peux continuer. Tu n'as pas le ferment du mal et de la gangrène spirituelle. Tu peux donc lire, et sans crainte. L'amour vrai que tu as pour ton Dieu rend stériles les germes profanes que la lecture pourrait introduire en toi. Dans toutes les actions de l'homme il y a une possibilité de bien ou de mal suivant la manière dont on les accomplit. Aimer n'est pas péché si on aime saintement. Travailler n'est pas péché, si on travaille quand il le faut. Gagner n'est pas péché, si on se contente d'un gain honnête. S'instruire n'est pas péché si, par l'instruction, on ne tue pas en soi l'idée de Dieu » 84.6 . Que Lazare ait pu poser cette question à Jésus ne doit pas surprendre, quand on lit dans le Talmud ( Bara Kama f 82 b) : « Celui qui initie son fils dans la science des grecs ressemble à celui qui élève des porcs ». De même le traité Menachoth (fol 90) rapporte que ben Domah demandant à son oncle le rabbi Ismaël s'il pourra étudier la science des grecs lorsqu'il aura achevé l'étude de la loi, Ismaël lui répondit : « Tu méditeras la Loi jour et nuit. Trouve-moi une heure qui n'appartienne ni au jour ni à la nuit, et je te permettrai de l'employer à l'étude de la science grecque ». Quand la conversion de sa sœur Marie Madeleine tarde, et que la tristesse submerge Lazare, Jésus le réconforte par la parabole du fils prodigue, puis lui dit : « Ainsi en sera-t-il de l'âme chère que tu attends, Lazare... La bonté de Dieu dépasse toute mesure » 205.7 . A ceux qui s'étonneraient de voir Jésus fréquenter le riche Lazare, Jésus répond : « Lazare est une exception parmi les riches. Lazare est arrivé à cette vertu qu'il est très difficile de trouver sur la terre et encore plus difficile à pratiquer pour l'enseigner à autrui. La vertu de la liberté à l'égard des richesses. Lazare est juste » 206.10 . Certains pourraient aussi se demander pourquoi Lazare, ressuscité par Jésus quelques semaines avant la Passion, est absent des évangiles en ce moment crucial ? Aurait-il comme tant d'autres abandonné son Bienfaiteur ? Tout au contraire, Maria Valtorta nous apprend que Jésus connaissant trop bien son zèle ardent lui ordonne formellement de ne pas quitter Béthanie à l'heure de la tourmente, mais d'y accueillir et d'y réconforter les apôtres désorientés. « Je ne doute pas de ton amour. J'en doute si peu que c'est à toi que je confie mes volontés… Lazare, ami fidèle. Je te fais certaines requêtes. Tu ne m'as jamais rien refusé. Tu resteras ici à attendre » « Non. Cela, non. Pourquoi Marie et Marthe, et pas moi ? » « Parce que je ne veux pas que tu te corrompes comme tous les hommes se corrompront. Jérusalem, dans les jours qui viennent, sera corrompue comme l'est l'air autour d'une charogne en décomposition, qui éclate à l'improviste par un imprudent coup de talon d'un passant. Infectée et répandant l'infection. Ses miasmes rendront fous même les moins cruels, et jusqu'à mes disciples. Ils s'enfuiront. Et où iront-ils dans leur désarroi? Chez Lazare. Que de fois, en ces trois années, ils sont venus pour chercher du pain, un lit, protection, un abri, et le Maître !… Maintenant ils vont revenir. Comme des brebis débandées par le loup qui s'est emparé du berger, ils courront à un bercail. Rassemble-les. Rends-leur courage. Dis-leur que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux. Ils n'auront pas de paix à cause de leur fuite. Dis-leur de ne pas tomber dans un plus grand péché en désespérant de mon pardon » 587.2.4.9 . Ces faits totalement inédits, n'en restent pas moins pleinement compatibles avec tout le reste de l'œuvre, et ils éclairent d'une façon très originale et crédible une page jusque là obscure de l'histoire des apôtres.
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L'étonnant destin de Thusnelda la barbare
A différentes occasions, Maria Valtorta évoque aux côtés de la romaine Valéria la présence d'une étrange affranchie. « Le portail s'ouvre et Valéria, avec son esclave ou affranchie, est sur le point d'entrer... Valéria regarde les deux femmes enveloppées dans un manteau hébraïque très simple et qui descend très bas sur leurs visages et elle les prend pour des mendiantes. Elle commande : Barbara, donne l'obole ! » 438.9 . Un peu plus tard elle explique : « Mon affranchie Tusnilde, barbare deux fois, Seigneur, des forêts de Teutberg . Une proie de ces avances imprudentes qui ont coûté tant de sang humain . Mon père en a fait cadeau à ma mère, et elle me l'a donnée pour mes noces. De ses dieux aux nôtres et des nôtres à Toi, car elle fait ce que je fais. Elle est tellement bonne, dit Valeria à Jésus devant la synagogue des affranchies qu'elle fréquente désormais » 534.1 . Les épreuves de la Passion s'annonçant, Valeria l'envoie avec sa fille Faustina à Béther dans le château de son amie Jeanne de Chouza. Elle évoque une dernière fois son affranchie : « Je resterai ici avec Tusnilde. Je suis libre, je suis riche, je puis faire ce que je veux 583.12 (…) J'enverrai Fausta avec Tusnilde à Béther, avant le temps fixé. Elles devaient y aller après la Fête » 583.14 . Or il se trouve que cette Tusnilde n'est pas une simple création romanesque, mais bel et bien un personnage historique. Voici à peu près ce que nous en dit l'historien Tacite . En l'an 15, Germanicus fit des raids contre les Germains, il pilla leurs villages. Il réussit à capturer Thusnelda, la femme d'Arminius, qui lui fut livrée par son propre père, Ségestes, lequel voulait se venger d'Arminius. En effet, alors qu'il avait promis sa fille à quelqu'un d'autre, elle s'était enfuie avec Arminius et l'avait épousé après la victoire de Teutoburg. Ségestes et son clan étaient des alliés de Rome et s'opposaient à la politique d'Arminius, comme le faisait aussi d'ailleurs Flavus, le frère d'Arminius. Thusnelda fut emmenée à Rome pour y être exhibée à l'occasion du triomphe de Germanicus ; elle ne revit jamais sa patrie et disparut de l'Histoire. Tout ceci est confirmé par Strabon : « on vit le triomphateur (Germanicus) traîner à sa suite les personnages, hommes et femmes, les plus illustres de la nation des Chérusques : à savoir le chef Segimund, fils de Ségeste, avec son fils Thumelic, jeune enfant de trois ans, et sa soeur Thusnelda, femme d'Arminius ». Gaius Julius Caesar (dit Germanicus après sa victoire contre les germains) était fils de Drusus et le frère aîné de Claude. Nommé gouverneur de Syrie en l'an 17, il fut assassiné à Antioche en 19. Il est donc parfaitement plausible que Thusnelda, princesse esclave, ait dû le suivre à Antioche. A la mort de Germanicus, récupérée par un notable proche du gouverneur défunt, elle a pu se retrouver quelques années plus tard en Palestine, auprès de Valéria, la fille de ce notable. Quel auteur, à moins d'être inspiré, aurait pu imaginer de faire intervenir de façon aussi plausible cette Thusnelda, personnage historique assez peu connu ? FOOTNOTES : Tacite, Annales, Livre 1, chap. 60 précise « non loin de la forêt de Teutbourg ». Aujourd'hui connue sous les noms Teutobourg ou Teutoburger. : Allusion à la défaite de Varus et de ses trois légions en +9. : Tacite, Annales Livre 1, chap. 58 et suivants. : « Au 7e jour des calendes de juin » en l'an 16 : Strabon, Géographie Livre 7, 1 - La Germanie, 4. : D'après le texte de Maria Valtorta, ce serait donc le père de Valéria, l'épouse de Valérien.
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Une bien étrange découverte près de Pompéi.
Alors que Jésus passe par la garnison d'Alexandroscène en janvier 29, Maria Valtorta relate ce dialogue anodin entre deux soldats romains : « Procore ne vient pas. Il envoie le triaire Aquila…Bien ! Bien ! Mieux vaut lui que Cecilius Maximus lui-même » 329.6 . Pendant les quinze années qui suivirent la rédaction de ce dialogue en novembre 1945, l'existence de ce gradé romain peu apprécié de ses hommes pouvait paraître n'être qu'une pure affabulation. Puis eut lieu la découverte fortuite lors de travaux autoroutiers près de Pompéi, en 1959, de 127 tablettes d'argile. L'une de ces tablettes , étudiée en 1966, révèle textuellement : « Aux Ides de juillet Marcus Caecilius Maximus, reconnaît avoir reçu 3000 sesterces de Gaius Sulpicius Faustus pour la vente de vert-de-gris. Fait à Puteoli ». Les permissions, promotions et mutations dans l'armée romaine se faisaient principalement fin juin, tous les un ou deux ans. Le vert de gris (ou vert de Grèce), très prisé dans l'Antiquité , était obtenu à partir de feuilles de cuivre macérées dans du marc de raisin. Sa production était donc concentrée dans les zones viticoles. Il est donc crédible qu'un officier revenant de Palestine ait été tenté d'en rapporter en rentrant au pays, pour arrondir sa solde ! La date et le nom rendent extrêmement probable qu'il s'agisse du militaire évoqué par Maria Valtorta. FOOTNOTES : La Tabulae Pompeianae Sulpiciorum n°66. : Soit très exactement le 14 juillet de l'an 29. : L'usage du vert de gris (aerugo) est fréquent dans les poudres picturales des fresques de Pompéi.
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Seigneur, donne moi de cette eau, que je n'aie plus soif.
Jn 4, 15 Saint Jean, lorsqu'il relate l'épisode de la samaritaine au puits de Jacob (Jn 4, 4-42), ne nomme pas cette femme. Elle reste assez peu connue en occident. Aussi lorsque Maria Valtorta nous transmet ce dialogue : « Comment t'appelles-tu ? Fotinaï » 143.3 cette information peut sembler insignifiante. Mais au soir même de la Cène, Jésus confie à ses apôtres : « Je pense à celle qui ne sera dévoilée que dans le Ciel et à Fotinaï… Elles m'ont trouvé et n'ont plus quitté mon chemin. À l'une j'ai indiqué le Père comme Dieu vrai et l'Esprit comme lévite dans cette adoration individuelle. À l'autre, qui ne savait même pas qu'elle avait un esprit, j'ai dit : Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a bonne volonté de se sauver. Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus pour leur donner la Vie, la Vérité et la Pureté. Qui me cherche me trouve. Et toutes deux ont trouvé Dieu… Je vous bénis. Êves faibles devenues plus fortes que Judith » 600.25 . Alors notre attention est en éveil. Peut-on retrouver trace de cette Fotinaï ailleurs que dans le texte de Maria Valtorta ? Ce sont les Grecs qui nous confirment son nom : Photina, ou Photine. Après le martyre des saints Pierre et Paul, sous la persécution de Néron, elle alla prêcher avec succès la foi à Carthage, en compagnie de son fils José (ou Joseph). Elle fut martyrisée avec ses deux fils et ses quatre sœurs (ou cousines). Son culte est attesté à Constantinople au 11 ème siècle. Elle est fêtée le 20 mars par l'Église catholique et le 26 février par l'Église orthodoxe. * Comme il est hors de question de passer en revue ici les sept ou huit centaines de personnages présents dans l'œuvre, je suis contraint de m'en arrêter là. Mais avant de clore ce chapitre consacré aux personnes ayant rencontré Jésus, voici une autre surprise pour le chercheur : c'est la façon pour le moins inattendue dont Maria Valtorta découvre , reconnaît ou oublie les personnages. "Découvre". Dans la très grande majorité des cas, la première rencontre avec un personnage passe inaperçue pour Maria. Elle décrit un passant, un malade, un enfant, tel qu'elle le voit intervenir dans une scène, mais sans pouvoir le nommer. C'est le plus souvent à la deuxième ou troisième occasion qu'elle le reconnaît et en apprend le nom. Elle nous le désigne alors. Voici par exemple un enfant rencontré à Capharnaüm « Le bambin s'échappe des bras de Jésus et court à la rencontre de sa mère » 49.4 . Plus tard, Maria Valtorta le revoit et se souvient : « un petit bambin... Un de ceux que j'ai vus dans les premières visions de Capharnaüm » 60.7 mais il faut attendre encore quelques lignes pour entendre Jésus l'appeler « Jacques ». Le même jour Jésus guérit un bossu encore anonyme à ce moment là : « sauve-moi ! Guéris ton serviteur ! » « Je veux que tu sois guéri. L'homme se redresse agile et intègre » 61.3 . On le retrouve à Corozaïn la semaine suivante : « L'homme qui n'est autre que le pauvre bossu guéri et bien traité par Jésus » 63.2 . C'est son compagnon qui le nomme alors : « Mais est-ce bien toi Samuel ? » 63.3 . Vers la fin de la première année de vie publique, la notoriété de Jésus s'est étendue dans toute la région, et l'on vient de loin pour le supplier, comme cette pauvre mère : « Maître, une femme, celle qui pleurait, te demande. Elle dit qu'elle doit partir et qu'elle doit te parler » 122.13 . Elle ose enfin se confier à Jésus dans un long et pathétique monologue dont voici quelques extraits : « Maître… on dirait que tu as parlé pour moi. Tu as dit que dans toute maladie physique ou morale il y a Satan… J'ai un fils qui a le cœur malade... Il s'est fourvoyé avec de mauvais camarades et il est… il est exactement comme tu dis… voleur… Il aime les rixes… il veut dominer… Jeune comme il est, il se ruine en luxure et ripaille... Moi… moi, je suis la mère et je souffre à en mourir. C'est si douloureux pour une mère de dire : J'ai un fils cruel ! ». Et elle termine par cette indication anodine : « Je viens de la Haute Pérée pour te prier en sa faveur » 122.13 . Qui pourrait s'imaginer alors que ce détail insignifiant, ainsi que la promesse de Jésus : « Un jour je passerai dans la région de ton pays et toi, fière de ton garçon, tu viendras à ma rencontre avec lui » 122.13 permet de retrouver ce fils, deux livres plus loin « un jeune dont j'ignore le nom » 282.1 et qui déclare à Jésus « je t'ai cherché après le pardon de ma mère »" . Et c'est seulement encore plus loin que le nom de ce futur disciple plein de zèle est prononcé par le marchand Misace : « il est passé avec tes disciples, disciple lui aussi, et il t'attend à Arbela pour t'honorer avec son père et sa mère. Philippe de Jacob , si jamais cette région devient sainte, il aura le mérite de l'avoir sanctifiée » 292.4 . "Reconnaît". Lorsque tel ou tel personnage, déjà rencontré dans une scène précédente, croise à nouveau la route du Seigneur, il arrive fréquemment que Maria Valtorta indique qu'elle le reconnaît , exactement de la même façon que cela arrive à quiconque dans la vie courante. Ceci ne saurait donc nous surprendre. Mais il y a pourtant dans l'œuvre quelques retrouvailles pour le moins étonnantes... Ainsi quand la patricienne Plautina apparaît pour la première fois dans l'œuvre dans un épisode écrit le 19/05/1945. Maria Valtorta fait cette remarque impossible pour un auteur qui rédigerait son ouvrage au jour le jour : « Plautina, nous la connaissons déjà » 167.3 . C'est qu'en effet, n'ayant pas reçu les visions dans leur ordre chronologique , elle reconnaît Plautina par des visions de la Passion qu'elle a reçues précédemment, comme par exemple celle du 10/02/1944, mais que le lecteur ne trouvera bien entendu qu'à la fin de l'œuvre 601 ! Cette particularité, comme je l'ai déjà expliqué précédemment au chapitre consacré à la géographie, me paraît spécifique des visions de Maria Valtorta, et se renouvelle en de multiples occasions. Par exemple lorsque naviguant sur le lac, la barque de Pierre croise celle de Marie Madeleine au mois d'août 27, c'est la première rencontre avec Marie Madeleine dans l'œuvre. Pourtant Maria Valtorta la reconnaît immédiatement et le dit tout naturellement : « je vois que la Madeleine s'est dressée debout.(...) braquant ses yeux splendides sur le visage tranquille et lointain de Jésus » 98.3 . Car en effet elle lui est déjà apparue dans des visions reçues avant cette vision du 5/2/1945, mais que le lecteur ne découvrira là encore que de nombreuses pages plus loin ! Dans une vision du 31/6/1946 elle écrit : « une femme qui me paraît tout à fait celle appelée Nike qui essuya le visage de Jésus sur le Golgotha et en eut le Suaire. Mais ces femmes de Palestine se ressemblent beaucoup entre elles et, à quelques mois de cette vision, je pourrais me tromper » 373.4 , faisant allusion à une vision de la Passion , reçue le 26/03/1945, mais rapportée en fin de l'œuvre (au chapitre 608.9 ). Le récit du sermon sur la Montagne réserve aussi ce genre de remarque déroutante. Alors qu'à cette date Jésus a déjà réuni à de nombreuses reprises le collège apostolique, Maria Valtorta écrit, dans une vision du 12/08/1944 : « Je vois Pierre et André, Jean et Jacques, et j'entends qu'on appelle les deux autres Nathanaël et Philippe » 174.11 . Or Jean, Jacques Pierre et André ont été vus 6 mois plus tôt, le 25/02/1944, tandis que la vision de la rencontre avec Nathanaël et Philippe n'a eu lieu que 2 mois plus tard, le 13/10/1944. Manifestement, en cette même journée du 12/08/1944, Maria Valtorta ne semble pas reconnaître Simon le zélote : « il y en a un autre qui est ou qui n'est pas dans le groupe. C'est peut-être le dernier arrivé : ils l'appellent Simon » 174.11 Ce qui à y regarder de plus près est parfaitement logique, puisque la vision de la première rencontre de Jésus avec Simon a eu lieu le 26/10/1944. Dans une vision du 3 septembre 1946, Maria Valtorta reconnaît le visage de Nicolaï d'Antioche, mais semble avoir oublié son nom : « des visages nouveaux, tous inconnus, sauf celui fin du grec venu d'Antioche. Il parle avec les autres, peut-être des gentils comme lui » 486.1 . De même encore à Césarée Maritime, la " première fois " que Jésus rencontre Valéria, Maria Valtorta nous fait cette confidence : "La jeune romaine, si ce n'est pas une ressemblance fortuite, est une des romaines qui étaient avec Jeanne de Chouza sur le chemin du Calvaire. Comme personne n'a dit son nom, j'en suis incertaine » 155.10 (vision du 5 mai 1945). En effet elle l'a vu dans des visions de la Passion reçues en 1944 et le 26/03/1945. Jésus nomme alors Valéria (chap. 608.), parmi sept autres disciples. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de multiplier ce genre d'exemples... Mais quel faussaire aurait été assez génial, méticuleux et quelque peu machiavélique pour brouiller de la sorte son ouvrage ? Il y a là, à n'en pas douter, un indice très fort de l'authenticité des révélations de Maria Valtorta. "Oublie". Je l'ai déjà dit, l'œuvre comporte plus de 750 personnages avec lesquels Jésus ou son entourage ont des dialogues plus ou moins fournis . On comprend donc aisément qu'au fil du temps Maria Valtorta avoue de plus en plus régulièrement reconnaître vaguement tel ou tel protagoniste mais en avoir oublié le nom ou les circonstances dans lesquelles elle l'a déjà vu. Lorsqu'à Sycaminon, Jésus rejoint de nombreux disciples, Maria Valtorta en nomme quelques uns puis ajoute : « et d'autres, d'autres, d'autres que je reconnais mais dont je ne me rappelle absolument pas l'endroit où je les ai vus ni leurs noms. Visages connus, et désormais il y en a tant, tous connus comme visages de disciples. Et puis d'autres, conquis par Isaac ou par les disciples eux-mêmes que je viens de nommer, qui suivent le groupe principal en espérant trouver Jésus » 250.1 . A partir de la troisième année de la vie publique, le phénomène s'amplifie : « il y a beaucoup de disciples ... parmi lesquels Etienne, Hermas, le prêtre Jean, et Jean le scribe et beaucoup d'autres. (Désormais, pour m'en souvenir, quel embrouillement! Ils sont si nombreux) » 347.5 . A Capharnaüm, au discours sur le Pain de Vie... « Parmi ceux qui sont restés, il y a les apôtres, le prêtre Jean et le scribe Jean, Etienne, Hermas, Timon, Hermastée, Agape, Joseph, Salomon, Abel de Bethléem de Galilée, et Abel le lépreux de Corozaïn avec son ami Samuel, Élie (celui qui renonça à ensevelir son père pour suivre Jésus), Philippe d'Arbela, Aser et Ismaël de Nazareth, et en plus d'autres dont je ne connais pas les noms » 354.15 . Plus loin, à la Pâque, sur le parvis du temple, elle constate ... « d'autres, d'autres que je connais de vue mais dont je ne puis dire exactement les noms » 370.11 . Et ainsi de suite jusqu'à la dernière rencontre avec les disciples sur le Thabor peu de temps avant l'Ascension : « les apôtres et les bergers forment un groupe nombreux avec Margziam, Manaën, Etienne, Nicolaï, Jean d'Éphèse, Hermas et quelques autres des disciples les plus fidèles dont je ne me rappelle pas les noms » 634.1 . Et lorsque Jésus appelle vers Lui l'un d'entre eux : « Viens, Élisée d'Engaddi. J'ai quelque chose à te dire ». Maria Valtorta avoue alors : « Je n'avais pas reconnu l'ancien lépreux, fils du vieil Abraham » 634.13 . Toutes ces " confidences " répétées portent en elles un fort indice de sincérité, et donc d'authenticité. FOOTNOTES : Ménologue de Basile, empereur de Constantinople, et les Synaxaires des grecs. : Baronius, dans ses annotations dit qu'il s'agit bien de la samaritaine évoquée par Jean. : Voir précédemment le paragraphe « Philippe, le mauvais fils devenu évangélisateur »
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Les témoins oculaires
Comment nommait-on les gens en Israël ?
Dans l'Antiquité, il n'y avait pas à proprement parler de nom de famille. Chacun recevait à la naissance un prénom donné par son père et sa mère. Pour désigner quelqu'un sans ambiguïté, on faisait alors suivre ce prénom de ben (fils de... ou son équivalent araméen bar) et du prénom du père (le patronyme). Parfois la personne se voyait affublée d'un surnom donné par les autres . Dans L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, la désignation des personnages natifs de Palestine est tout à fait conforme à cette règle. Ainsi, selon ce principe, très nombreux sont les personnages désignés tantôt par leur prénom suivi ou non du patronyme, et tantôt par leur surnom : Simon, c'est aussi Simon fils de Jonas, ou Pierre, voire Simon-Pierre ; Judas c'est l'Iscariote ou l'homme de Kérioth, ou encore Judas de Simon ; Jacques et Jean sont aussi les fils de Zébédée tout comme Jacques et Jude sont les fils d'Alphée, ou les cousins ; Lazare devient à l'occasion Lazare de Théophile, ou simplement le fils de Théophile, etc. Voici maintenant un exemple d'appellation complète, avec le prénom, le patronyme et le surnom qui mérite un peu d'attention. Il s'agit d'un membre du sanhédrin : "Mais tais-toi, Joël, dit Alamot, fils de Abia! Seul un avorton comme toi peut dire ces paroles" lui disent méchamment les autres » 525.15 . Abijah était le patronyme du chef de la 8 e classe de prêtres , et Alamoth , qui signifie « sur voix de jeune fille » est un sobriquet qui laisse supposer que Joël avait une voix aiguë, ou un aspect quelque peu efféminé… Sa réponse digne prend alors tout son sens : « Si la nature n'a pas favorisé ma personne, cela n'a pas amputé mon intelligence. Au contraire, en m'enlevant beaucoup de plaisirs, elle a fait de moi un homme sage, et si vous étiez saints, vous n'humilieriez pas l'homme, mais vous respecteriez le sage » 525.15 . Comme souvent en pareil cas Maria Valtorta, orthographie phonétiquement, mais comment aurait-elle pu concevoir par elle-même un nom et un dialogue aussi crédible et pertinent ? FOOTNOTES : Midrash Rabbah, Commentaire sur Ecclésiaste 7, 3. : Voir 1 Chroniques 24, 10 ; Néhémie 12, 4; Luc 1, . : Terme musical (1 Chroniques 15, 20) indiquant un psaume (Psaume 46) qui doit être chanté par un soprano ou une voix féminine.
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Les témoins oculaires
L'identité des citoyens romains
Les noms romains se singularisent par l'usage d'un système de trois noms. en usage d'abord chez les patriciens puis chez les plébéiens, au fur et à mesure que, sous la République, ils acquirent des droits. Le nom complet se compose du prænomen (notre prénom) suivi du nomen (le nom de la gens, qui se termine généralement en –us ou ius), et enfin le cognomen (un surnom d'abord personnel, puis qui finit par distinguer une branche de la gens). Comme par exemple Valérien, l'époux licencieux de Valéria , que l'Histoire connaît sous le nom de Decimus Valerius Asiaticus, ou encore Pilate, dont le nom complet était Lucius Pontius Pilatus, ou Publius Sulpicius Quirinius, ou Caius Sentius Saturninus, tous mentionnés par Maria Valtorta. En général les femmes romaines sont désignées uniquement (sur les tombes et dans les œuvres littéraires et historiques) par une forme féminisée du nomen de la gens. Claudius : Claudia, Cornelius : Cornelia, etc. Chacune était ensuite distinguée de ses sœurs par un qualificatif, par exemple : maior (l'ancienne) ou minor (la jeune). FOOTNOTES : Voir plus loin le paragraphe Valerius, Valeria, un couple romain déchiré.
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Les témoins oculaires
Du bon usage de l'informatique
Voici enfin une dernière remarque pour clore ce chapitre. Une recherche à l'aide d'un ordinateur, basée sur le nom usuel d'un personnage donne déjà une idée de la valeur des informations le concernant. Pourtant ce n'est là encore qu'une vision partielle, puisqu'un même personnage n'est pas toujours, loin s'en faut, évoqué par son seul prénom. Supposons que l'on veuille rechercher dans l'œuvre tout ce qui concerne Jean d'Endor. La première fois qu'il rencontre Jésus, il Lui raconte combien sa vie fut une longue suite de misères, et supplie : « emmène-moi avec Toi. Je m'appelais Félix ! Ironie ! Mais Toi, donne-moi un nouveau nom. Que le passé soit réellement mort. Je te suivrai comme un chien vagabond qui finit par trouver un maître. Je serai ton esclave, si tu veux. Mais ne me laisse pas seul ». « Oui, ami ». « Quel nom me donnes-tu ? ». « Un nom qui m'est cher : Jean. Car tu es la grâce que fait le Seigneur » 188.7 . Félix, Jean certes, mais par la suite il est désigné aussi par bien d'autres vocables : l'homme d'Endor ; Cyclope ou Diogène ; l'ancien pédagogue de Cintium ; le borgne ; l'ancien galérien. Toute requête informatique basée sur le seul nom de Jean d'Endor ignorera donc de nombreuses informations pertinentes. Ce n'est donc pas par une recherche informatisée, mais par une lecture attentive et complète que l'on peut vraiment saisir l'ensemble des données concernant chaque personnage... FOOTNOTES : Felix, prénom latin qui signifie « Heureux ». : Jean, en hébreu Johan signifie effectivement « Dieu fait grâce ».
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
La valeur de la monnaie sous Tibère
Que sait-on au juste du coût de la vie au début du premier siècle ? Les informations ne sont pas si rares que certains l'affirment parfois, qu'il s'agisse de données fournies par Tacite, Plutarque, Pline et quelques autres, de graffitis retrouvés à Pompéi, de tablettes diverses, ou de quelques indications tirées des évangiles, etc. A la fin du règne d'Auguste, un ouvrier libre gagne 16 as par jour, (soit 4 sesterces ou 1 denier). Le salaire de base est donc d'environ 300 deniers par an. Un légionnaire gagne quant à lui entre 225 et 300 deniers par an (soit environ 1 pièce d'or par mois), assortis de certains avantages en nature (nourriture, habillement...). En l'an 14 les légionnaires exigent un denier par jour de solde . Un prétorien (soldat d'élite chargé de la protection de l'empereur) gagne 400 à 750 deniers par an. Un centurion en gagne 950, et un décurion 1125. Quant au premier centurion (le primipilaire, ou primum pilum), son salaire annuel était de 3375 deniers. Le salaire d'un tribun de légion avoisinait les 3700 deniers. A la même époque, une paire de chaussures coûte environ 2 deniers; un manteau 25 deniers; un porc 60 deniers; un âne ou un mulet 100 à 200 deniers. Pour "se procurer" un(e) esclave domestique il faut débourser de 500 à 1500 deniers , et pour une esclave de luxe "particulièrement jolie" il en coûte entre 1500 et 2000 deniers. Et le loyer annuel d'un appartement "de standing" revient à environ 1500 deniers. Un peu plus tard, en l'an 60, une famille modeste dépense environ 8 as par jour et par personne pour se nourrir (1/2 denier). A Pompéi (à l'époque de Plutarque vers l'an 75 ), l'achat d'un gobelet, d'une petite lampe à huile ou d'une assiette coûtait 1 as. Toujours avec 1 as, dans une taverne (popina) on pouvait s'offrir 325 g de pain ou 1/2 l de vin ordinaire; une soupe pour 2 as et une fille (sic!) pour 2 à 8 as. Avec 4 as, on obtenait aussi 1/2 litre d'huile, ou la même quantité de vin de qualité. Une tunique valait 4 deniers, et son nettoyage 1 denier; et pour acheter 6 ou 7 kg de blé, il fallait débourser 2 deniers. Ces données sont bien suffisantes pour se faire une idée du coût de la vie pour les contemporains de Jésus. Et s'il me fallait absolument donner une équivalence, et bien que cette comparaison n'ait plus grand sens aujourd'hui, je dirais pour fixer les idées que le denier argent aurait pu correspondre approximativement à 5 de nos euros , le sesterce à 1,25 euros, l'as à 0,30 euros, et la pièce d'or, l'aureus à 125 euros. FOOTNOTES : Tacite, Annales, I, 17. : Papinien fixe à 20 aurei (soit 500 deniers) le prix légal d'un esclave (Digeste, IV, 31, et XL, 4, 47). Mais Plutarque Cato major, C,4 et Columelle, De re rustica, III, iii, 8 le fixent à 1500 à 2000 deniers. : Voir les listes de prix retrouvées à Pompéi: CIL IV 1678; 4227 et suivantes; 4000; 4888. : Le denier était la monnaie romaine de base (3,45g d'argent au temps de Jésus). Il fallait alors donner 25 deniers argent pour obtenir un « denier or », ou aureus (7,8 g d'or à l'époque d'Auguste et de Tibère). Cette « estimation » porte l'aureus (ou le statère) à 25x5€ = 125€, et donne donc 125/7.8 = 15.6 € le gramme d'or. C'était pratiquement le cours légal du gramme d'or en 2006-2007 ! Alors, pourquoi pas ?
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Judas vend les bijoux d'Aglaé
« Onze talents, voilà. C'est ce que je donnerais si je devais acheter cet or à quelqu'un qui meurt de faim. Pas un denier de moins... C'est à toi pour onze talents... J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi » 82.3 . Lorsque Judas rapporte à Jésus comment il a vendu avantageusement les bijoux d'Aglaé, il est tout fier du bon tour qu'il vient de jouer au marchand de Jéricho. A la description qui en est donnée, il est possible d'estimer que ces bijoux en or massif représentaient un poids compris entre 1 et 2 kg d'or, soit l'équivalent monétaire de 12 à 25 kg d'argent . Bracelet celte en or massif du trésor de Tayac (1893) : poids 762g Mais si Judas en a obtenu 10,5 talents d'argent, cela signifierait qu'en l'an 27 de notre ère, le mot " talent " pouvait être utilisé pour désigner la valeur de 1,2 à 2,5 kg d'argent. C'est-à-dire 10 à 20 fois moins que la valeur "officielle" généralement admise ! Maria Valtorta s'est-elle trompée ? A-t-elle mal entendu , ou doit-on envisager, que le mot talent pouvait en ce temps là avoir une signification particulière ? La question mérite d'être examinée, car elle alimente des débats entre commentateurs bibliques depuis près de deux millénaires ! FOOTNOTES : Soit un rapport or/argent de 1 à 12 environ.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Le problème des talents
Le talent était l'unité grecque de poids (talanton) pour les charges importantes . Ce fut aussi une unité de conversion monétaire qui correspondait en argent au poids de 6000 drachmes athéniennes (soit 4,32g x 6000 = 26 kg). C'était aussi 6000 deniers, ou 24 000 sesterces, comme le confirme Sénèque le Rhéteur . Cette conversion semble unanimement admise. Le mot talent fut utilisé avec quelques réticences par les romains, essentiellement dans les traités et pour mesurer des sommes importantes. Car chez les romains l'unité de poids était la livre (libra). Le talent euboïque (puis attique) correspondait à 80 livres romaines . Sous Tibère, avec une livre d'or (327 g), on frappait 42 aurei pesant 7.8g chacun . Mais le talent ne désigna pas immuablement au long des siècles la valeur de 26 kg d'argent. Bien des commentateurs ont remarqué que le mot talent (littéralement ce que l'on porte) fut assez fréquemment utilisé pour désigner des poids très variables, allant d'une quinzaine de grammes (l'argent que l'on porte sur soi ?) à plusieurs dizaines de kilogrammes. Lorsqu'on convertit en poids d'argent les fortunes des notables romains (chevaliers, préfets, sénateurs, consuls...) généralement exprimées en deniers, et qu'on les compare aux revenus et aux dépenses d'Hérode, exprimés eux en talents, (en utilisant la conversion 1 talent = 26 kg d'argent), on obtient pour Hérode un train de vie de loin supérieur à celui des plus fortunés des citoyens romains ! Et quand à la mort de César ou d'Auguste le Trésor romain distribue une prime très généreuse à quelques 250 000 légionnaires romains (1 triple auréus, soit 75 deniers par soldat, près de 3 mois de solde) comment admettre que cette fortune accumulée en plusieurs années par l'Empereur ne représenterait qu'une ou deux années du revenu d'Hérode ! Est-il vraiment crédible qu'un vassal aurait pu impunément, pendant plus de quarante ans afficher une fortune aussi provocante pour Rome ? FOOTNOTES : Soit la charge que pouvait porter un homme: 26kg (talent d'or) et 33kg (talent d'argent) selon Th Mommsen, Histoire de la Monnaie romaine 1868 T1, page 28; et Garnier, Histoire de la monnaie des peuples anciens 1819, T1 page 220 et suivantes. : Sénèque le Rhéteur, Controverse 34 (dite Le Prométhée de Parrhasius). : Tite Live, Histoire de Rome Livre 38, chap. 38, v 13. : Au lieu de 40 pièces pesant 8,1 g frappées sous César ou sous Auguste, comme le confirme Pline, Histoire Naturelle Livre 33, 13. Pour la frappe des Aurei, les études numismates prouvent effectivement qu'on passa progressivement de la frappe de 40 à 45 pièces par livre d'or entre le règne d'Auguste et celui de Néron. : Voir Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, rubriques Mina et Talentum. : Ainsi Julius Pollux, Onomasticon Liv 9, Chap. 6 segm 54 indique par exemple qu'un talent d'or macédonien vaut 60 deniers, soit deux pièces d'or. : Au sommet de l'échelle des salaires (comme nous dirions aujourd'hui), un préfet recevait environ 75 000 deniers comme rémunération annuelle due à sa charge. (soit 260 kg d'argent/an). Les fortunes nécessaires pour appartenir à l'ordre des chevaliers (100 000 deniers, soit 345 kg d'argent) ou à la classe sénatoriale (250 000 deniers, soit 860 kg d'argent) peuvent servir de références pour les fortes sommes. En considérant le talent à 25 kg, on obtient respectivement 10, 14 et 22 talents, quand Flavius Josèphe indique 1050 talents de revenu annuel pour Hérode ! : Suétone, Vie des douze Césars, César, 83. : Tacite, Annales Livre 1, 8 et Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 101.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Une hypothèse audacieuse
Nous savons que le talent, étalon de poids de 26 kg représentait 6000 deniers d'argent, équivalents en valeur à 240 pièces d'or . Ces 240 pièces d'or (qui pesaient près de 6 livres romaines) représentaient donc la valeur d'un talent-poids converti en or . Les grecs et les hébreux prirent peut-être l'habitude de nommer simplement "talent en or" ce lot de 240 pièces d'or. 240 pièces d'or = 1 talent or (valeur) = 6000 pièces d'argent Si l'on équilibre alors le poids de ce talent en or avec un poids égal de pièces d'argent, on obtient un lot d'environ 500 deniers d'argent, représentant la valeur en argent du poids d'un talent en or . Si bien que cette somme, dans le langage courant a pu naturellement être appelée un talent d'argent ou même tout simplement, s'agissant d'échanges monétaires, un talent . 500 pièces d'argent = 1 talent argent (valeur) = 20 pièces d'or Cette explication peut paraître au premier abord un peu compliquée. C'est pourtant par une démarche exactement similaire que la plupart des pays d'Europe héritiers du système monétaire romain utilisèrent le mot livre, tantôt pour signifier un poids (env. 400 à 500 g), et tantôt pour signifier la valeur monétaire de ce poids, en argent (pound Sterling, Livre, Lira, Mark...). Selon cette supputation, un poids de 6 livres romaines aurait donc pu signifier dans le langage courant (s'agissant d'échange de monnaie), soit 240 aurei (un talent d'or) soit 500 deniers d'argent (un talent d'argent). Et il fallait donner douze de ces talents d'argent (12x500 = 6000) pour recevoir un talent or . Et à l'inverse, un de ces talents d'argent (500 deniers) se serait échangé pour 20 pièces d'or . Signalons aussi que tout au long de l'Histoire, un poids donné d'or s'est immuablement échangé pour 12 à 15 fois son poids d'argent. Voyons maintenant comment ce qui n'est encore qu'une conjecture s'intégrerait dans quelques données historiques troublantes de cette période : César tomba de nuit entre les mains des soldats de Sylla. Il donna deux talents à Cornélius, leur capitaine, qui, à ce prix, favorisa son évasion . Avec notre hypothèse, César lui remit la valeur de 2 talents d'argent, soit 40 pièces d'or, ce qui paraît un "pot de vin" bien plausible. Mais en considérant un talent poids valant 6000 deniers, il aurait dû donner 4 kg d'or bien encombrants à porter sur soi ! Une autre fois, fait prisonnier, il se moqua des pirates qui réclamaient vingt talents pour sa rançon, et il leur en promit cinquante . Que César ait estimé, selon notre hypothèse, valoir plus que 400 pièces d'or, et qu'il en ait offert 1000, pourquoi pas ! Mais si un talent valait ici 6000 deniers, César aurait-il été à ce point mégalomane qu'il ait offert spontanément 12 000 aurei (soit plus que son poids en or !) si on lui en réclamait déjà 4 800 (soit 37 kg d'or) ? Il apparaît que dans les textes anciens cette subtile notion de talents, familière des grecs, et donc aussi des hébreux était peu usitée par les romains qui avaient leur propre système de mesure et appréciaient peu le système hérité des grecs. Par exemple quand Pline évoque « la coupe de Sémiramis, dont le poids était de quinze talents », il ajoute : « or, d'après Varron, le talent égyptien pèse quatre-vingts livres » montrant sa perplexité devant une coupe présumée peser près de 400 kg d'or pur (0,327x80x15). Il me semble bien plus raisonnable d'estimer que cette coupe valait 7500 deniers (15 de mes talents à 500 deniers) soit 300 pièces d'or, et avait donc un poids de 2,4 kg d'or pur... Flavius Josèphe nous informe que le revenu annuel d'Hérode était de 1050 talents par an. La somme de 6 300 000 deniers (1050 x 6 000) semble hautement improbable, tandis que 525 000 deniers (1050 x 500), tout en restant une somme énorme, devient plus plausible. De même quand le même Flavius Josèphe parle du trésor sacré du Temple, riche d'environ deux mille talents, on peine à croire qu'il ait pu se composer de 50 000 kg d'or plutôt que de 3 750 kg d'or. Quand en l'an 67, les juifs de Césarée payèrent 8 talents à Florus pour arrêter des travaux bloquant l'accès à leur synagogue, 48 000 deniers, (8 x 6000, de quoi payer le salaire annuel de 480 ouvriers) paraît une somme totalement disproportionnée avec l'enjeu. Mais 4 000 deniers (8 x 500 selon mon hypothèse) représentait tout de même une " compensation " déjà loin d'être négligeable. La somme de 10 000 talents mentionnée par Matthieu (18, 24) désignerait une somme gigantesque et irréaliste pour la dette d'un esclave, fût-t-il un esclave royal si on l'estime à soixante millions de drachmes (10 000 x 6 000) ! Par contre cinq millions de drachmes (10000x500) reste une somme très considérable, mais d'un ordre de grandeur comparable à la fortune que Tacite attribue aux richissimes esclaves affranchis d'Antonia : Félix, Narcisse ou Pallas . Voici un bref extrait de cette parabole, telle qu'elle est donnée dans l'œuvre de Maria Valtorta. « Un roi voulut faire ses comptes avec ses serviteurs. Il les appela donc l'un après l'autre, en commençant par ceux du plus haut rang. Il en vint un qui lui devait dix mille talents, mais celui-ci n'avait pas de quoi payer les avances que le roi lui avait faites pour pouvoir se construire des maisons et pour des biens de tous genres » 278.4 . La parabole, ainsi rapportée par Maria Valtorta, ne semble-t-elle pas en effet évoquer ces serviteurs du roi, dont les débordements, en l'an 28, pouvaient déjà être connus dans tout l'empire ? FOOTNOTES : En se rappelant qu'avec 1 pièce en or (statère ou aureus), on obtenait 25 pièces en argent (drachme ou denier). : Déjà, en 1730, Dom Augustin Calmet, le célèbre bibliste, esquissa cette hypothèse en commentant le passage biblique (1 Chroniques 20, 2 et 2 Samuel 12, 30) où David s'empare de la couronne d'or du roi (des Ammonites), d'un poids de un talent d'or, et la pose sur sa tête ! Dans son Dictionnaire Historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la bible, tome III, page 314, Dom Calmet écrit en effet: « On croit que le talent dont parle l'Ecriture ne marque pas le poids, mais la valeur ». A-t-il hésité à pousser un peu plus loin son raisonnement ? : En particulier l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Allemagne... : Dans le langage courant, le mot talent aurait donc signifié soit un poids (26 kg environ), soit une valeur monétaire: 500 pièces d'argent (= 20 pièces d'or). Et l'expression « talent d'or » la valeur monétaire en or d'un talent poids de 26 kg, soit 240 pièces d'or. : Est-ce un hasard si au Moyen Age une livre (monnaie) valait 20 sous français, 20 shillings anglais, 20 schillinge allemands ou 20 soldi italiens ou bien est-ce une réminiscence du système hérité des grecs et des romains ? : Plutarque, Vie de César, 1,8. : Plutarque, Vie de César 2,1 ; Velleius Paterculus, II, 41-53 ; Suétone, Vie des Césars, César. : Cf. Hérodote, Aristote, Plutarque, textes bibliques, etc. : Pline, Histoires Livre 33, ch. 15. : Trois millions de sesterces, soit 750 000 deniers.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Retour sur la vente des bijoux d'Aglaé
Ainsi comme on le constate, cette évaluation de la valeur monétaire des talents, qui découle directement du récit de Maria Valtorta permet de rendre plus crédibles bon nombre de chiffres historiques surprenants , qu'ils émanent de la littérature romaine, de Flavius Josèphe ou de la bible. Faute de pouvoir expliquer ces chiffres et tant d'autres du même style, beaucoup de commentateurs les interprètent comme des erreurs de copistes ou comme des hyperboles littéraires. Revenons donc au texte de Maria Valtorta. Les bergers viennent d'apprendre à Jésus l'arrestation du Baptiste : « il serait facile d'obtenir sa libération si nous avions beaucoup d'argent. Mais… mais malgré la grande somme d'argent donnée par des amis, il nous manque beaucoup encore... Nous aurions même trouvé quelqu'un qui pour une grosse somme laisserait sortir le Baptiste » « Et combien demande cette personne ? Vingt talents d'argent et nous n'en avons que douze et demi » 81.4 . (dont une dizaine probablement offerts par Manaën. Soit 5000 deniers, ou 200 pièces d'or selon notre raisonnement). « Ces joyaux sont très beaux... Beaux et de grande valeur ». « Combien peuvent-ils valoir ? » . « Vendus dans de bonnes conditions, au moins… au moins six talents » 81.5 . Si Judas évalue à 1,5 kg le poids d'or de ces bijoux, changés avec une décote de 20%, il peut donc en espérer 150 pièces d'or, ou 3750 deniers, soit 7,5 talents... d'où son estimation prudente. « Le collier à lui seul, gros et lourd vaut au moins trois talents » 81.5 . Le collier peut peser quelques 600 g d'or. Avec la même décote de 20%, Judas peut espérer en obtenir 60 pièces d'or, soit 1500 deniers, soit encore trois de nos talents. Judas avait donc un bon motif de se vanter de la vente de ces bijoux, « Ayant vendu au-dessus de mon estimation » précise-t-il. Apportant au changeur un peu moins de deux kilogrammes d'or sous forme de bijoux : « un collier à peu près comme celui d'Aglaé, et puis des épingles à cheveux, des anneaux, des bracelets… tous semblables à ceux que j'avais dans la bourse et en nombre égal » 82.3 , nous dirions aujourd'hui que Judas réussit à les vendre pratiquement au cours de l'or. Il en obtint 5250 deniers : « J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi » 82.3 (soit 18 kg de monnaie en argent). « J'avais un tas de monnaie, mais je suis passé chez le gabeleur et lui ai dit : "Reprends-moi toute cette mitraille et donne-moi les talents que tu as reçus d'Isaac" ». Judas en préleva « une petite somme, cent deniers, pour nos lits et nos repas » 82.2 . Cent deniers sur 5000, c'est à peine 2%. Ils sont huit personnes (Jésus, 3 apôtres et 4 bergers). Une dépense de 100 deniers pour deux jours de gîte, de couvert et de parcage des brebis semble crédible. Le reste fut donc échangé contre 200 à 210 pièces d'or, faciles à étaler sur une table (« Amis, voilà ici dix talents et demi. Il manque seulement cent deniers que Judas a prélevé pour les dépenses de logement » 82.5 ) et à transporter à pied jusqu'à Machéronte. Le récit très détaillé de cette vente est d'une cohérence parfaite. Il offre, semble-t-il, une voie prometteuse de relecture des textes anciens mentionnant l'usage des talents. FOOTNOTES : Vingt talents, c'est justement la rançon exigée 60 ans plus tôt pour libérer Jules César, et confirmée par trois auteurs (voir une des notes précédentes). Par ailleurs mon estimation (20 talents = 10000 deniers) représente selon Plutarque, Columelle et Tacite le prix de 4 à 6 esclaves, ce qui reste plausible.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
L'aventure des cochons
Matthieu, Marc et Luc relatent l'épisode des démons chassés dans un troupeau de cochons. Les précisions fournies par le texte de Maria Valtorta permettent une curieuse vérification monétaire en rapport avec les talents ! « les porcs très nombreux… , les bêtes par centaines… Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu'un seul homme » 186.6 . Marc mentionne aussi ce chiffre de 2000 porcs environ, qui paraît une estimation maximale Voyant leur troupeau précipité dans les flots, les géraséniens déplorent : « Un dommage de nombreux talents » 186.7 . Or par Tacite on sait qu'un porc coûtait 60 deniers en l'an 14. Les 2 000 porcs noyés valaient donc 120 000 deniers. Avec le talent de Maria Valtorta à 500 deniers, cela fait 240 talents, effectivement « molti talenti ». Mais avec un talent poids de 6000 deniers, cela n'en ferait tout au plus qu'une vingtaine, ou même encore moins si le nombre des porcs était inférieur à 2000. FOOTNOTES : Matthieu 8, 28-32 ; Marc 4, 35-41 ; Luc 8, 22-25. : Avec seulement 5m 2 par porc, cela supposerait déjà un troupeau disséminé sur un hectare ! : La version française traduit le texte original italien « molti talenti » par « plusieurs talents ».
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
La dot de la mariée
Le cortège de la future épouse de l'orfèvre Nathanaël de Lévi a dans ses coffres « la valeur de beaucoup de talents d'or » 223.3 . Comme il semble impensable, tant pour la valeur que pour le poids, qu'on puisse transporter à dos d'âne et sans escorte plus de 20 ou 25 kg d'or, ce qui représente déjà une très riche dot, il faut bien imaginer ici encore qu'un talent d'or pesait 1,87 kg (la valeur en or de 6000 deniers), et surement pas 26 kg d'or comme le supposent pourtant tant de commentateurs de la bible.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
La parabole des talents
Les sommes de respectivement cinq, deux et un talent, remises par un maître à ses serviteurs, telles que les relate Matthieu (25, 15-28), restent crédibles. Le récit de cette parabole comme nous le transmet Maria Valtorta est en parfaite harmonie avec tout ce qui vient d'être dit sur les talents. Mais en plus, il apporte un éclairage inédit sur ce texte que les exégètes ont parfois quelques difficultés à commenter. Jésus est au temple, pour la fête des Tabernacles. Il vient d'affirmer que parmi ses disciples, certains perdront tout ce qu'ils ont reçu. Un scribe conteste : « Comment ? A qui on a donné davantage, il restera davantage ». Jésus donne alors la parabole : « A l'un il donna cinq talents d'argent, à un autre deux talents d'argent, à un troisième un seul talent d'or. A chacun selon sa situation et son habileté » (...) « celui auquel le maître avait donné davantage, un talent d'or pur » 281.9 . Jésus conclut la parabole : « A celui qui possède et le fait fructifier, il sera donné encore davantage et au point qu'il surabonde. Mais à celui qui n'a pas parce qu'il n'a pas la volonté d'avoir, on enlèvera ce qui lui a été donné ». Puis Il précise à l'intention du scribe : « Comme tu le vois, ô rabbi, à qui avait reçu le plus il est resté le moins, car il n'a pas su mériter de conserver le don de Dieu » (...) « Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des israélites purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie » 281.9 . Talent d'argent, talent d'or : voici pour nous une indication qui change tout. Mais pour Matthieu, ancien collecteur d'impôts, la parabole a pu paraître suffisamment claire pour qu'il n'ait pas jugé nécessaire de préciser la nature de ces talents. Chez Luc (19, 11-27) les talents sont devenus des mines, et peut-être faut-il y voir un autre indice que mines et talents étaient devenues des valeurs du même ordre de grandeur, au temps de Jésus ? Pendant le Sermon sur la Montagne, Jésus utilise encore l'or et les talents pour enseigner les foules : « Quand vous donnez votre or à un banquier, pourquoi le donnez-vous ? Pour qu'il le fasse fructifier. Vous ne vous en privez certainement pas, même momentanément, pour qu'il vous le rende tel quel. Mais vous voulez que pour dix talents il vous en rende dix plus un, ou davantage encore. Alors, vous êtes heureux et vous louez le banquier » 173.2 . Si Jésus évoque cette somme de dix talents devant son auditoire, nous pouvons maintenant comprendre qu'Il fait allusion à dix talents d'argent (10 x 500 deniers), reçus en échange de 200 pièces d'or, et certainement pas à une somme de 60 000 deniers, qui n'aurait guère de sens pour des villageois modestes.
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Trente deniers, le prix d'un agneau ordinaire
Dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, en matière de monnaies, il n'est pas seulement question de talents. Pratiquement toutes les monnaies en usage à l'époque y sont mentionnées, et à chaque fois la pertinence des informations pourrait rendre jaloux n'importe quel numismate amateur. Ainsi quand un épicurien commente ses dépenses pour une future orgie : « C'est vingt mille sesterces, ou si vous préférez, deux cents pièces d'or » 425.4 , cette conversion monétaire est exacte, puisque le sesterce valant un quart de denier, il en fallait effectivement cent pour faire un aureus. Le statère était l'équivalent grec de l'aureus romain. C'était donc en principe une pièce en or. Aussi, quand Maria Valtorta nous transmet ce dialogue entre Jésus et Pierre , le lecteur peut être surpris d'entendre parler d'argent : « Simon de Jonas, va au rivage et jette, le plus loin que tu pourras, un filin muni d'un solide hameçon. Et dès que le poisson va mordre, tire à toi le filin. Ce sera un gros poisson. Sur la rive, ouvre-lui la bouche, tu y trouveras un statère. Prends-le. Rejoins ces deux et paie pour toi et pour Moi. (...) Pierre enlève l'hameçon de ses lèvres charnues, lui enfonce son gros doigt dans la gueule, et il en sort une grosse pièce d'argent une grosse pièce d'argent... "Hé ! envoyés du fisc ! Prenez ! Cela vaut quatre drachmes, n'est-ce pas ? Deux pour le Maître et deux pour moi" » 351.4/6 . Quoi qu'il puisse y paraître, ces informations sont absolument exactes. Il existait en effet des statères d'argent qui correspondent à quatre drachmes (tétradrachme) ou à un sicle juif. Quant aux deniers, monnaie la plus courante dans l'empire romain, ils sont mentionnés plusieurs dizaines de fois dans l'œuvre, et toujours de façon crédible et cohérente. « Nous n'avions que vingt deniers entre Jacques et moi » 48.7 , déclare par exemple Jean à Pierre, au retour de Jérusalem. Les drachmes, de même valeur que les deniers, circulaient encore dans tout l'empire. Cette remarque de Pierre est donc tout à fait plausible : « ces 10 deniers et 7 drachmes que nous avons reçus pendant ces quatre jours, je n'y touche pas » 64.1 , de même que cette autre : « Pierre, as-tu de l'argent ? ». « Maître, j'ai quarante deniers... Quarante deniers et cinq didrachmes » 109.11 . Et quand Pierre vient de louer une barque à Ptolémaïs : « je vais te donner cent autres drachmes... Remarque pourtant que c'est à titre de garantie, et que tu me les rendras à mon retour » 318.3 . Cent deniers comme dépôt de garantie pour une barque, et « une pièce par jour jusqu'au retour » 319.2 pour la surveiller au port, c'est vraiment plausible. Et que dire de cette protestation de Judas, quand il réclame le prix de sa trahison : « Trente deniers pour tuer un homme, et cet Homme ? Le prix d'un agneau ordinaire en ces jours de fête ?! » 588.9 . Les scribes justifient cette somme dérisoire : « le prix est fixé par les prophètes ! Oh ! une formalité ! Un symbole et rien de plus. Le reste viendra après » Et quel symbole ! Jésus, l'Agneau trahi pour le prix d'un agneau du sacrifice... FOOTNOTES : Cet épisode est rapporté en Matthieu 17, 24-27, mais Matthieu ne précise pas la nature du métal. : Matthieu 26, 15 confirme le prix "dérisoire" de 30 deniers. : En référence à Zacharie 11, 12.
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Les sicles de Chanania
Alors qu'Il est l'hôte du pharisien Ismaël ben Phiabi, un jour de sabbat, Jésus s'apprête à guérir un hydropique. Il engage ce dialogue avec le scribe Chanania ben Chiskia (épisode évoqué par Luc 14, 1-6). « Toi, vieux scribe... réponds-moi : est-il permis de guérir pendant le sabbat ? » « Pendant le sabbat il n'est permis de faire aucun travail ». « Même pas de sauver quelqu'un du désespoir ? Ce n'est pas un travail manuel ». « Le sabbat est consacré au Seigneur ». Alors que le vieux scribe n'en démord pas de son intransigeance, Jésus lui annonce : « Chanania, sais-tu qu'en ce moment ton bois le plus beau est en train de brûler, et que toute la pente de l'Hermon rougit de l'éclat des flammes ? Le vieil homme bondit comme si un aspic l'avait mordu : « Maître, tu dis la vérité ou bien est-ce une plaisanterie ? » « Je dis la vérité. Je vois et je sais ». « Oh ! malheureux que je suis ! Mon bois le plus beau ! Des milliers de sicles en cendre ! » 335.13 . Cette dernière réplique ne prend tout son sens que lorsqu'on se souvient que les pharisiens répugnaient à mentionner les monnaies romaines. Le sicle était une monnaie hébraïque en argent, valant deux didrachmes. C'est la seule allusion à cette monnaie de toute l'œuvre, et c'est un pharisien qui l'évoque !
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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Le tribut dû au temple versé durant Adar
Au début de la troisième année, très précisément le 18 Adar selon la chronologie reconstituée au jour le jour, Jésus passe par Capharnaüm. C'est à ce moment qu'a lieu l'épisode du tribut dû au temple, tel que le relate Matthieu (17, 24-27). « Que voulez-vous ? ». « Ton Maître, seulement parce qu'il est tel, paie-t-il ou ne paie-t-il pas les deux drachmes dues au Temple ? » « Bien sûr qu'il les paie ! Pourquoi ne les paierait-il pas ? » « Mais… parce qu'il se dit le Fils de Dieu et… » « Et il l'est, réplique avec décision Pierre déjà rouge d'indignation. Et il dit pour finir : Pourtant, comme il est un fils de la Loi, et le meilleur fils de la Loi, il paie ses drachmes comme tout israélite » 351.3 . Maria Valtorta pouvait-elle savoir qu'au dire d'éminents spécialistes cette didrachme était effectivement perçue en Palestine le 15 du mois d'Adar ? Comme on peut le constater par ces quelques exemples, les écrits de Maria Valtorta non seulement montrent une parfaite maîtrise de toutes les subtilités des monnaies grecques, romaines et mêmes hébraïques, mais semblent apporter une solution très originale à l'insoluble problème des talents. Et pourtant, la conversion monétaire est bien un sujet où même les plus érudits s'exposent assez facilement à commettre quelques erreurs, comme on peut facilement s'en convaincre à la lecture d'ouvrages des siècles passés. FOOTNOTES : Docteur Sepp, Jésus-Christ Etudes sur sa vie et sa doctrine 1866 p 317 et E. Stapfer, Palestine au temps de Jésus, 1885.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Des potagers bien garnis
Il semble admis que la pomme de terre, la tomate, l'arachide, le poivron, le chocolat, la goyave, l'avocat et l'ananas, pour citer quelques aliments courants sur nos tables aujourd'hui, étaient inconnus en Palestine au temps de Jésus... Tout comme ils sont absents dans le texte de Maria Valtorta qui, par ces omissions, évite ainsi le piège de l'anachronisme ! Il n'est pas non plus question de carotte dans l'œuvre. La carotte telle que nous la consommons de nos jours, est le produit de l'intervention humaine, au 16 e siècle, par croisement des variétés à chair rouge et à chair blanche. Un autre absent , le maïs, était effectivement inconnu en Palestine à cette époque. Originaire des Amériques, le maïs fut introduit en Europe au 16 e siècle. Voici un bref échantillonnage des descriptions horticoles de Maria Valtorta : « c'est un jardin. Il n'y a pas de salade. Mais des poireaux, des aulx, des herbes fines, des légumes, il y en a. Et les courges ! » 384.3 . « Des légumes et j'ai encore quelques melons » 496.1 . « Une corde où sont suspendus des paquets d'aulx et d'oignons » 531.8 . « Ils sont passés pour prendre mes concombres » 564.11 . Poireaux, aulx, oignons, melons, concombres étaient en effet, semble-t-il, très prisés des hébreux . Mais il y a aussi dans l'œuvre des fenouils, « la chicorée, les salades, les légumes, les jeunes plantes de cucurbitacées », des figues, des dattes, des olives, du raisin, des pommes, des grenades, des fraises, des framboises, etc. FOOTNOTES : Nombres 11, 5.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Des fleurs à profusion
Dès les premiers jours du printemps, la Palestine se couvrait de fleurs de toutes sortes. Maria Valtorta s'émerveille devant cette profusion de parfums et de couleurs : « en ce début du printemps de Palestine, qui répand ses nuées d'amandiers en fleurs et dépose les perles des fleurs qui vont éclore sur les poiriers et les pommiers, les grenadiers, les cognassiers, tous, tous les arbres les plus riches et les plus agréables pour leurs fleurs et leurs fruits.(...) Les rives... sont constellées des boutons d'or des renoncules, des étoiles rayonnantes des marguerites et près d'elles ... les myosotis élégants... En ce début de printemps, le lac n'a pas encore cette opulence qui le rendra triomphal les mois suivants. Il n'a pas encore cette somptuosité... des mille et mille rosiers rigides ou flexibles ... des milliers de corymbes des cytises et des acacias (...) d'alignements de tubéreuses en fleurs, des mille et mille étoiles des agrumes, de tout ce mélange de couleurs, de parfums violents, enivrants » 158.1 . « Des odeurs de bois, de menthe, de violettes, des premiers muguets, des rosiers toujours plus fleuris et, par-dessus tout, cette odeur fraîche, légèrement amère des fleurs des arbres à fruits qui répandent partout une neige de pétales sur l'herbe » 348.4 « quantité de muguets et de narcisses sauvages » 174.12 . « les trèfles et les bleuets, les camomilles et les liserons » 382.4 . « autant de fleurs qui émergent de la terre dépouillée des blés, coquelicots, bleuets et marguerites » 411.1 . Mais aussi « les lys et les roses, le jasmin et le camphre, les cinnamomes et les œillets » 300.7 . Il serait possible de rassembler ainsi des dizaines d'espèces, tant est riche et détaillée la flore que Maria Valtorta ne se lasse pas de nous faire admirer, au hasard des déplacements du Maître et de ses disciples. Seule une vérification attentive et systématique met en évidence (mais ce n'est plus une surprise), que toutes ces descriptions s'intègrent avec une parfaite harmonie dans la chronologie, respectant le cycle des saisons et les données climatiques propres à la Palestine.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Les beaux champs de lin de Lazare
A de nombreuses reprises Maria Valtorta évoque les champs de lin de la Judée. « Ils vont vers de magnifiques vergers et des champs de lin de hauteur d'homme, prêt à être coupés » 84.1 . Près de Béthanie « Jésus se repose près d'un champ de lin tout en fleurs, qui appartient à Lazare... Si haut que soit le lin à son complet développement, Jésus émerge largement de cette mer verte et bleue » 204.1 . Ailleurs encore « Derrière le fourré, un champ de lin dont le vent fait onduler les hautes tiges qui commencent à sortir leurs fleurs de couleur bleu ciel » 575.2 . Ou encore « Des étoupes floconneuses de lin ou de chanvre semblent des tresses défaites le long du mur blanchi à la chaux » 262.2 . Il est avéré que le lin, très fréquent en Egypte, était aussi cultivé en Palestine (comme le chanvre et peut-être même le coton) bien avant le temps de Jésus. La gaze, cette fine étoffe de lin et de soie, doit d'ailleurs son nom à la ville de Gaza où elle était initialement fabriquée . De même le byssus, ou byssos était bien connu en Judée. Maria Valtorta l'évoque à maintes reprises dans son œuvre : « Il en sort tant de sachets de byssos... Des couleurs délicates transparaissent à travers le lin très fin » 294.3 . FOOTNOTES : Dictionnaire technologique ... universel des arts et métiers 1827, Tome X, p118. : Le byssos a été connu de la plupart des peuples orientaux, notamment des Hébreux. Fabriqué aussi en Grèce, (en Elide et à Patras) le linum byssinum se vendait au poids de l'or selon Pline. : Le byssus était la matière du manteau des lévites. Il est mentionné dans la bible: 1 Chroniques 4, 21; 15, 27; Esther 1, 6; 8, 15; Proverbes 31, 22; Luc 16, 19; Apocalypse 18, 12, 16; 19, 8, 14.
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Réflexions sur le riz, l'avoine et le seigle
Depuis des milliers d'années, le riz a été l'alimentation de base en Asie du Sud et en Orient. Pourtant il n'est pas question du riz dans la bible, contrairement au Talmud qui le connaît sous le nom de orez. Aucun témoignage ne mentionne sa culture en Palestine au premier siècle. Mais cette culture du riz est pratiquée dans la plaine de Hulé depuis maintenant quelques siècles . L'absence de la moindre allusion au riz par Maria Valtorta peut donc être porté au crédit de l'authenticité de ses révélations. Le seigle et l'avoine ne sont pas non plus mentionnés dans la bible. Si donc Maria Valtorta y avait puisé son inspiration, elle n'aurait sans doute pas cité dans son œuvre l'avoine à plusieurs reprises, dès les premières pages : « une belle tonnelle qui coupe en deux le verger jusqu'au commencement des champs, dont les avoines sont récoltées » 5.1 comme aux toutes dernières : « la paille peut-elle suffire ? Elle ne suffit pas même pour le ventre des bêtes de somme, et si leur maître ne fortifie pas les animaux avec de l'avoine et des herbes fraîches, les animaux nourris de la seule paille dépérissent et finissent par mourir » 635.13 . Quant au seigle, elle en observe dans la région de Kérioth : « Dans des champs assez étroits mais bien tenus, cultures diverses de céréales : orge, seigle surtout, et aussi de beaux vignobles sur les terres les plus ensoleillées » 78.1 . Un texte du Talmud, la Mischna, confirme que le seigle (schiphon) et l'avoine (schibboleth schoual) étaient connus et cultivés en Judée vers le premier siècle , mais il est hautement improbable que ce texte ait pu influencer Maria Valtorta ! FOOTNOTES : Salomon Munk, Palestine, Description géographique, historique et archéologique, 1845 p 18. : Voir aussi Constantin François Volney, Voyage en Syrie et en Egypte, 1787 page 288-289.
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Les agaves
A plusieurs reprises dans l'œuvre il est question de l'agave, cette étonnante cactée originaire d'Amérique, mais qui existe à l'état sauvage dans les zones méditerranéennes. Maria Valtorta les a bien observés et en donne un portrait très détaillé. « Trente années d'espérance, oh! la longue attente ! voilà : maintenant ils sont fleuris comme la fleur de l'agave solitaire" 102.3 Un peu plus loin : « Il rappelle l'agave qui, près de mourir, sort un grand candélabre avec sa fleur à sept pétales qui flamboient et répandent son parfum » 127.1 . Puis : « Des chèvres blanches et des chèvres noires, grandes, agiles, aux longues cornes recourbées, aux yeux doux et vifs broutent les cactées et donnent l'assaut aux agaves charnus, à ces énormes pinceaux de feuilles dures et épaisses qui sont comme des artichauts ouverts au milieu desquels se dresse le candélabre de cathédrale, à la tige géante aux sept bras sur lesquels flambe une fleur jaune et rouge au parfum agréable » 221.1 ... « Plus belle est la fleur de l'agave, si majestueuse, si puissante » 412.1 . Toutes ces descriptions sont exactes : après dix ou quinze années s'élève en son centre une tige pouvant atteindre 12 m, et qui porte au sommet des paquets de fleurs fournissant un nectar abondant et odorant. La floraison est unique et peu après la tige de l'agave meurt. Dois-je préciser que je n'ai trouvé nulle mention de l'agave dans les nombreux dictionnaires bibliques que j'ai consulté, ce qui montre que la bible n'était pas, ici encore, la source d'inspiration de Maria Valtorta.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Les figues de Barbarie de Sychar
Lorsque Jésus passe par Sychar, au début janvier 28, Maria Valtorta décrit : « Jésus marche devant, seul, en frôlant une haie de cactus qui, se moquant de toutes les autres plantes dépouillées, avec leurs grosses palettes épineuses sur lesquelles il reste quelques fruits que le temps a rendus rouge brique ou sur lesquelles déjà rit quelque fleur précoce jaune teintée de cinabre » 147.1 . C'est la description exacte des figues de Barbarie. De couleur pourpre plus ou moins foncée, ou parfois jaunâtre avec des nuances de rouge. La floraison de ce cactus est jaune. Les fruits se récoltent effectivement jusqu'en décembre/janvier. Originaire de Goa, il est aussi appelé figuier d'Inde , et était connu de Pline, de Théophraste et de Strabon. (Dictionnaire universel de Trévoux 1738, tome 3 p815/816). Ce qui nous permet d'apprécier une fois de plus la spontanéité et la qualité des descriptions de Maria Valtorta : « Ils trouvent finalement une haie de figuiers d'Inde aux sommets desquels, hérissées de piquants, il y a des figues qui commencent à mûrir. Mais tout est bon pour qui a faim et, en se piquant les doigts, ils cueillent les plus mûres » 217.4 ou encore : « les cactées de la plaine ou des bas coteaux revêtent de couleurs de jour en jour plus gaies les ovules de corail bizarrement posés par un joyeux décorateur au sommet des spatules charnues qui semblent des mains qui forment en se fermant des étuis piquants qui tendent vers le ciel les fruits qu'elles ont fait croître et mûrir » 221.1 .
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Les onagres et les aigles du désert de Judée
Lorsqu'au début de l'œuvre Jésus évoque devant ses apôtres son jeûne dans le désert de Judée, Il leur dit : « J'avais pour serviteurs les onagres qui, la nuit, venaient dormir dans leur tanière (…) dans celle-ci où Moi aussi je m'étais réfugié » 80.2 . Il évoque encore ces ânes sauvages un peu plus loin : « Que votre travail soit constant, confiant, paisible,. paisible, sans brusques départs et brusques arrêts. Ainsi font les onagres sauvages, mais personne ne les utilise, à moins d'être fou, pour cheminer en sécurité » 276.7 . Mais qui pourrait affirmer qu'en rapportant ces propos, Maria Valtorta savait que cet animal rare, originaire du Tibet et de la Mongolie, migra effectivement au cours des millénaires vers l'Iran et Israël ? L'onagre sauvage vécu en Israël jusqu'au 18 e siècle . Un processus de réintroduction des onagres sauvages en Israël a été engagé de nos jours, et sur les quelques 650 onagres vivants encore dans le monde, 500 environ sont répartis entre Israël et l'Iran. De même il n'est pas certain qu'en 1944 la présence des aigles dans le ciel de la Palestine ait été un fait de notoriété publique. Pourtant, à maintes reprises il est fait mention de ces rapaces dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, comme d'un animal familier de cette contrée. Dans le désert de Judée : « J'avais à mon service les aigles qui me disaient : "Il fait jour" avec leur cri sauvage quand ils partaient en chasse 80.5 ; mais aussi en Galilée : « J'ai eu plaisir à y passer pour voir la beauté du lac de Génésareth et du lac de Méron, vus d'en haut comme les voient les aigles » 160.4 ; et même sur la côte phénicienne : « Des aigles, de mer je crois, ou des vautours, font de larges cercles sur les crêtes des collines, plongeant, de temps à autre, à la recherche d'une proie et un duel commence entre deux vautours qui luttent, qui luttent, en perdant leurs plumes, en un combat distingué et féroce qui se termine par la fuite du vaincu. Sans doute il s'en va mourir sur un pic éloigné. C'est au moins le jugement de tout le monde, tant son vol est pénible, épuisé » 249.2 ; ainsi qu'aux confins de la Samarie : « Regarde là-haut ces aigles comment, en leur larges vols, s'éloignent pour chercher leur proie » 560.15 . Ces nombreuses références à l'aigle ne sont pas sans doute pas étrangères au fait que c'était alors un animal bien présent dans les montagnes de Judée. Aujourd'hui encore les ornithologues du monde entier viennent observer de nombreuses espèces d'aigles en Israël . FOOTNOTES : Dominique Auzias, Patricia Huon, Jean-Paul Labourdette, Le Petit Futé, Israël, 2008, page 209 et International Union for Conservation of Nature and Natural Ressources. : "Suivre les aigles fait partie de notre travail pour préserver et entretenir la communauté des aigles en Israël" expliquait Eli Amitai, directeur de Israel Nature and National Parks Protection Authority en juillet 2007.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Des crocodiles dans la plaine de Saron
Le lecteur sera peut-être encore plus surpris quand, venant de Sycaminon et approchant de Césarée, la troupe apostolique aperçoit des petits sauriens ! Pierre demande : « Oh ! Que sont-ils ? Des Léviathans » « Tu as bien dit, Simon. Exactement ce sont des crocodiles, petits, c'est vrai, mais capables de t'empêcher de marcher pendant un bon moment ». « Et qu'est-ce qu'ils font là ? » « Ils y ont été amenés pour le culte, je crois depuis l'époque où les phéniciens dominaient le pays. Et ils y sont restés, en devenant de plus en plus petits mais pas moins agressifs pour autant, en passant des temples à la vase du cours d'eau. Maintenant ce sont de gros lézards, mais avec de ces dents ! ». (...) « Un gros lézard, il ne semble pas que ce soit autre chose, mais avec la tête classique de crocodile, se trouve en travers de la route faisant semblant de dormir » 254.1.2 . La présence de crocodiles dans la plaine de Saron a certes de quoi étonner, et pourrait sembler anachronique. Or Pline, dans son Histoire Naturelle évoque en ce lieu le Crocodilum flumen, tandis que le géographe Strabon parle des ruines d'une ville nommée Krokodeilon polis . L'existence de ces petits crocodiles fut confirmée par plusieurs pèlerins tout au long des siècles. Signalons Jacques de Vitry (1230); R. Pockocke (1760); ou Joseph Fr. Michaud, qui confirme en 1831 : « ces crocodiles sont de la plus petite espèce ». Puis Victor Guérin en 1883 précise : « Il existe de petits crocodiles dans cet humble fleuve, et il ne faut pas s'y baigner sans précaution. (...) ils étaient petits et d'environ cinq à six pieds de long (...) des crocodiles auraient été jadis transportés d'Egypte en Palestine ». La rivière et le pont décrits plus loin par Maria Valtorta existent également : la rivière se nomme le Nahr ez Zerqa , et dans Lands of the Bible, 1881 McGarvey évoque les vestiges d'un pont ancien, à 1,5 km de l'embouchure de cette rivière. On peut donc aussi accorder quelque crédit ou attention au dialogue qui suit cette rencontre inattendue : « Moi, je mourrais de peur si je devais en approcher » dit Marthe . « Vraiment ? Mais cela n'est rien, femme, à côté du vrai crocodile. Il est au moins trois fois plus long et plus gros ». Le Nahr al Zarqa, la rivière aux crocodiles, « un cours d'eau toujours alimenté, même en été... un petit fleuve dont le lit est plutôt large » 254.2 « Et affamé aussi, celui-là était rassasié de couleuvres ou de lapins sauvages ». « Miséricorde ! Des couleuvres aussi ! Mais où nous as-tu amenés, Seigneur ? gémit Marthe. Elle est si effrayée que tout le monde se laisse gagner irrésistiblement par l'hilarité ». Et à Marthe qui se demande: « Ils sont peut-être nécessaires ?» « Cela, il faudrait le demander à Celui qui les a faits. Mais crois bien que, s'Il les a faits, c'est signe qu'ils sont utiles, ne serait ce que pour faire briller l'héroïsme de Marthe, dit Jésus avec un fin scintillement dans les yeux ». « Oh ! Seigneur ! Tu plaisantes et tu as raison, mais moi j'ai peur et je ne me vaincrai jamais ». « Nous verrons cela » 254.3 . Cette ultime remarque peut passer inaperçue ou paraître énigmatique à des lecteurs étrangers, mais elle prend tout son sens en France, pour qui connaît l'antique tradition provençale des Saintes Marie de la mer. Jacques de Voragine, dans La légende dorée, (1255) raconte : « Marthe, surmontant sa peur, débarrassa les riverains du Rhône, en aval d'Avignon, de la Tarasque, ce dragon à longue queue qui dévorait hommes et bétail ». Beaucoup d'historiens pensent qu'il s'agissait probablement d'un crocodile. Cet animal aurait atteint le Rhône après le naufrage d'un bateau qui le transportait vers quelque amphithéâtre voisin (probablement celui d'Arles). La Tarasque devint ainsi le symbole de la ville de Tarascon. Jacques de Voragine écrivait encore : « déliant sa ceinture, elle la noua autour de l'encolure du monstre, que ce geste rendit instantanément aussi doux qu'un agneau et qui se laissa docilement conduire jusqu'à la ville où les habitants le massacrèrent ». Et les commentateurs s'interrogent: « Que peut bien signifier ce geste accompli à l'aide de la ceinture et que cache-t-il ? ». Les lecteurs de Maria Valtorta associeront certainement l'évocation de cette tradition médiévale avec ces propos de Jésus à Marthe: « Donne-moi cette main qui n'a jamais péché, qui a su être douce, miséricordieuse, active, pieuse. Elle a toujours fait des gestes d'amour et de prière. Elle n'est jamais devenue paresseuse. Elle ne s'est jamais corrompue. Voilà, je la tiens dans les miennes pour la rendre plus sainte encore. Lève-la contre le démon, et lui ne la supportera pas. Et prends cette ceinture qui m'appartient. Ne t'en sépare jamais, et chaque fois que tu la verras, dis-toi à toi-même: Plus forte que cette ceinture de Jésus est la puissance de Jésus et avec elle on vient à bout de tout: démons et monstres. Je ne dois pas craindre » 231.7 . Par ses écrits, Maria Valtorta, tout en nous dévoilant une curiosité historique peu connue, conforte donc la crédibilité d'une légende provençale ! Simple inspiration d'auteur ? FOOTNOTES : L'archéologue R. Stieglitz la mit au jour en 1999. : Ne pas confondre avec le Jabbok, qui porte aussi ce nom (« rivière bleue »), mais se situe en Jordanie. : J. de Voragine, La Légende dorée, édition de 1902, 3 eme partie, p 307, article consacré à Marthe.
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Quand il est aussi question du caméléon
N'est-on pas en droit de s'interroger sur la pertinence de cette remarque de Nicodème parlant de Judas : « Je ne trouve pas convenable qu'il y ait parmi les siens quelqu'un qui ne sait pas s'il est pour Lui ou contre, et qui est comme un caméléon qui prend la couleur et l'aspect de ce qui l'entoure » 113.4 . Ou bien encore lorsque Pierre pose cette question : « Mais ce scribe a dit : "Il manque le caméléon au groupe". Le caméléon, n'est-ce pas cet animal qui à son gré change de couleur ? » 225.1 . Pline, dans son Histoire Naturelle donne du caméléon une description précise montrant que c'était un animal bien connu des romains. Et Plutarque confirme : « Il est vrai que le caméléon change aussi de couleur » . Fréquent en Egypte, cet animal pouvait sans doute aussi être présent en liberté en Palestine au temps de Jésus, comme il l'est encore aujourd'hui . D'ailleurs quelques traductions bibliques (Lévitique 11, 30) le mentionnent. FOOTNOTES : Pline, Histoire Naturelle, Livre 8, 51. : Plutarque, Œuvres morales 978a. : Ainsi que c'est précisé sur le site Internet du Ministère des Affaires Etrangères d'Israël, à la rubrique Nature.
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Un chien peut en cacher un autre
Le chien n'est mentionné dans le Nouveau Testament qu'avec un certain mépris . En Palestine au premier siècle, cet animal n'était pas considéré comme le compagnon et l'ami de l'homme. « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens », dit Jésus (Mt 7, 6); et plus loin encore : « Il n'est pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens » (Mt 15, 26). Il n'est donc pas surprenant que le chien soit pratiquement absent des six mille pages de Maria Valtorta. Alors, lorsqu'elle note dans un épisode à la Belle Eau à la fin de la première année de vie publique : « un chien, c'est le second qui se présente dans mes visions » 129.1 , le lecteur attentif est surpris, puisque pour lui, c'est la première fois qu'un chien semble mentionné. Maria Valtorta fait-elle erreur ? Il faut beaucoup de patience et de mémoire pour avoir la réponse à cette interrogation : au livre 9, pendant la Passion, trois ans plus tard selon le récit, un chien croise la fuite de Judas : « Dans cette course aveugle il va heurter un chien errant, le premier chien que je vois depuis que j'ai les visions, un gros chien gris et hirsute qui s'écarte en grognant, prêt à s'élancer contre celui qui l'a dérangé » 605.3 . Tout s'éclaire en remarquant que cette vision de la Passion eut lieu le 31 mars 1944, et celle de la Belle Eau le 13 mars 1945, un an plus tard ! Et c'est bien entendu à mettre une fois de plus au crédit des indices d'authenticité de ces visions. FOOTNOTES : Le mot cynique légué par la langue grecque montre combien ce mépris pour les chien était général dans l'Antiquité.
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Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiers
Mais où est donc passé le chat ?
La plupart des animaux mentionnés dans la bible sont aussi présents, d'une façon ou d'une autre, dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé. Mais parmi les animaux familiers de nos jours, il est surprenant de remarquer que Maria Valtorta ne signale à aucun moment la présence d'un quelconque chat. Pourtant que cet animal ait pu exister à l'état sauvage ou domestique dès la plus haute antiquité en Egypte, les momies trouvées à Thèbes, les statuettes égyptiennes, le témoignage d'Hérodote , en sont autant de preuves. Sacré dans l'Egypte ancienne, le chat semble toutefois inconnu de la bible . Etait-il alors considéré comme un animal impur ou maudit par les israélites ? Cette explication donnée par Jésus de la terreur de Judas après sa trahison pourrait le laisser supposer : « Tu dis qu'il paraissait fou et enragé. il l'était d'une rage satanique. Sa terreur à la vue du chien, animal rare, en particulier à Jérusalem, venait du fait qu'on l'attribuait à Satan, depuis un temps immémorial, cette forme pour apparaître aux mortels. Dans les livres de magie, on dit encore qu'une des formes préférées de Satan pour apparaître est celle d'un chien mystérieux ou d'un chat ou d'un bouc » 605.16 . Ce sujet mériterait peut-être une étude plus approfondie ? De même que l'absence dans l'œuvre de certains animaux domestiques tels les canards, les oies, les pintades ou les dindes... FOOTNOTES : Voir en particulier Hérodote, Histoires, Livre II, chap. 46 et 47. : Selon International Standard Bible Encyclopedia (ISBE), le mot chat n'est mentionné qu'une seule fois dans toute la bible, (Baruc 6, 21). C'est également l'opinion d'Osty (voir note 21 de la Lettre de Jérémie).
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Un inventaire architectural exhaustif
Experte en monuments juifs, grecs et romains ?
Alors qu'elle décrit de son mieux une scène se déroulant au temple de Jérusalem, Maria Valtorta nous fait cette confidence : « Eussé-je vu mille fois le Temple ... à cause de mon ignorance des termes et de mon incapacité pour faire un plan, je serai toujours incomplète dans la description de ce lieu somptueux » 115.1 . Et de fait, alors qu'elle décrit les paysages avec une précision étonnante, elle semble parfois peiner à trouver les mots appropriés en matière architecturale... Quel contraste donc entre cet aveu sincère, et la description toute professionnelle des temples grecs, donnée quelques pages plus loin et que n'aurait sans doute pas renié Vitruve ... Mais il est vrai qu'alors, c'est Jésus qui parle : « Vos édifices sacrés, vraiment beaux, dont l'unique imperfection est d'être dédiés au Néant... Observez. Où sont-ils construits ? L'endroit, généralement est spacieux, dégagé et élevé... S'il n'est pas élevé, on le surélève sur un stéréobate plus élevé que celui de trois marches, utilisé pour les temples situés déjà sur un lieu naturellement élevé. Enfermés dans une enceinte sacrée, la plupart du temps, et formée de colonnades et de portiques à l'intérieur desquels sont renfermés des arbres consacrés aux dieux, des fontaines et des autels, des statues et des stèles, ils sont d'ordinaire précédés du propylée au-delà duquel se trouve l'autel où l'on fait les prières aux divinités. En face, il y a l'endroit du sacrifice car le sacrifice précède la prière. Souvent, et spécialement pour les plus grands, un péristyle les entoure d'une guirlande de marbres précieux. À l'intérieur il y a le vestibule antérieur, à l'extérieur ou à l'intérieur du péristyle, la chambre du dieu, le vestibule postérieur. Les marbres, les statues, les frontons, les acrotères et les tympans tous polis, précieux, décorés (...) N'est-ce pas ainsi ? » 204.4 . Les architectes Ictinos ou Callicratès auraient-ils mieux décrit leur chef d'œuvre, le Parthénon ? En tout état de cause ces quelques lignes constituent une magnifique présentation du temple grec . En y regardant de près, il est facile de constater que tous les termes spécifiques de l'architecture antique émanent dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, des dialogues ou des courriers échangés par les acteurs, et non pas des descriptions propres à l'auteur. Quand Maria Valtorta décrit Tibériade, elle décrit simplement : « Je vois la belle cité de Tibériade, toute neuve. Qu'elle soit neuve et riche, tout son ensemble me l'indique (...) Des belles avenues, rues droites (...) des vastes places ornées de fontaines avec de magnifiques bassins de marbre. Palais déjà bien dégagés dans le style de Rome avec des portiques aérés » 99.1 , tandis que Syntyché s'exprime avec précision dans son courrier : « On en a beaucoup parlé, dans les thermes et dans les triclinium, ou dans les péristyles dorés » 254.5 . Et quand elle écrit d'Antioche, elle évoque « les colonnades d'Hérode, le Nymphaeum, ou les riches palais de l'Omphalos » . Mais ce serait bien mal juger l'œuvre de Maria Valtorta, que de laisser supposer que l'architecture serait son talon d'Achille ! Car au fur et à mesure des innombrables déplacements de Jésus, Maria Valtorta, sans qu'il y paraisse, nous dresse un inventaire très complet des monuments de Palestine... FOOTNOTES : Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio) architecte romain qui vécut vers 90 à 20 av. J.-C. : Ces quelques lignes nous en apprennent pratiquement autant qu'un chapitre entier d'un ouvrage de référence comme Histoire de l'art monumental dans l'Antiquité de L Batissier, 1860, pages 178 à 190. : Voir le paragraphe « Maria Valtorta a-t-elle visité Antioche ? »
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Un inventaire architectural exhaustif
Jérusalem, ses portes, ses palais et son temple
En trois années, Jésus séjourna plusieurs semaines à Jérusalem et ses environs. De même ses parents et ses aïeux y vinrent en pèlerinage. C'est donc à de multiples occasions que Maria Valtorta évoque la cité Sainte. Si l'on met bout à bout toutes les descriptions qu'elle en fournit, ce sont des dizaines et des dizaines de pages qui se trouvent rassemblées. Il faudra consacrer un livre entier à ce sujet, si l'on veut donner une vue exhaustive des informations sur Jérusalem et sa région contenues dans l'œuvre. Je me bornerai donc à indiquer quelques points isolés, pour illustrer une fois encore le remarquable niveau de précision des descriptions de Maria Valtorta. Par exemple, quand à plusieurs reprises elle mentionne le « Bel Nidrasc » ou « Bel Nisdrasc » 67.6, 111.3, 243.3, 492.2 , il s'agit sans doute possible de la maison d'études, ou Beth Midrasch, cet emplacement, « situé dans la cour des gentils où le Sanhédrin tenait ses séances aux sabbats et aux jours de fêtes », l'endroit où semble-t-il, Jésus dialogua, à 12 ans, avec les docteurs du Temple, et où il enseigna ensuite (Jean 10, 23). La localisation exacte de ce lieu réservé à l'enseignement reste à prouver, mais le texte de Maria Valtorta évoque semble-t-il le portique de Salomon 225.5 , à l'est du parvis des gentils, ces « portiques très vastes et très élevés sont remplis d'une foule qui écoute les instructions des rabbins » 281.4 , là même où le cousin Joseph exhorte Jésus à se rendre : « Monte au Temple et siège dans le Portique de Salomon - tu es de la souche de David et prophète, cette place te revient, elle ne revient à personne comme à Toi, de droit - et parle » 478.5 . Un jour, pour échapper à la violence qui se déchaîne contre Lui, Jésus doit s'enfuir par « une petite porte basse, cachée dans le mur du portique ». Il chemine dans « une galerie, entre les puissantes murailles de pierre, dont je ne sais comment elles s'appellent en architecture. Les pierres en sont encastrées, dirais-je, avec des pierres larges qui encadrent les plus petites, et vice versa. Je ne sais si je m'explique bien. Elles sont sombres, puissantes, taillées grossièrement, à peine visibles dans la pénombre des fentes étroites placées en haut à des distances régulières pour aérer et empêcher l'endroit d'être complètement obscur. C'est une étroite galerie dont je ne sais à quoi elle sert mais qui me donne l'impression de tourner sous tout le portique (...) On descend aux citernes… et on sort vers le Cédron. C'est un chemin ancien, pas toujours destiné à un bon usage » 507.12 . C'est presque avec les même mots que les commentateurs décrivirent la découverte en 1996, d'un tunnel hasmonéen sous l'esplanade du temple. Mais ici il pourrait s'agir d'une des galeries devenues inaccessibles depuis, et distinctes du tunnel d'Ézéchias, explorées par l'expédition clandestine de Parker en 1909-1911 . Même les détails en apparence les plus insignifiants s'avèrent renfermer des vérités : « Jésus... pénètre dans l'enceinte du Temple, et ... s'arrête dans un endroit entouré de portiques et proche d'une grande cour, pavé de marbres de couleurs variées » 68.1 . Cette description correspond au parvis des Gentils et à l'entrée de la cour des femmes, devant la Belle Porte (voir aussi 85.3 ) et c'est presque mot pour mot la description qu'en faisait Flavius Josèphe : « toute la partie qui était à découvert était pavée de pierres différentes, aux couleurs variées ». Ailleurs encore, Maria Valtorta admire « La belle porte de Nicanore, tout un travail de broderie en bronze massif laminé d'argent » 6.3 . L'accès à la porte de Nicanor se faisait depuis la Cour des Femmes, en gravissant quinze marches. Ces portes en bronze, rapportées d'Alexandrie par Nicanor, furent effectivement laissées en l'état, car leur bronze brillait comme l'or lorsque toutes les autres portes du temple furent garnies d'or et d'argent . Il semble peu probable que Maria Valtorta ait pu avoir une connaissance aussi incisive du texte de Flavius Josèphe pour avoir noté et rapporté ce détail en apparence insignifiant. Le texte de Maria Valtorta contient aussi, comme en filigrane, des informations précieuses sur l'ensemble des portes permettant d'accéder à Jérusalem au temps de Jésus. Elle en désigne nommément une dizaine. Il est probable que quiconque étudiera exhaustivement ces informations, en les recoupant avec de nombreux autres détails topographiques, pourra faire avancer de façon significative la connaissance dans ce domaine. FOOTNOTES : Voir docteur Sepp, Jésus-Christ, Etude sur sa vie et sa doctrine 1866 page 117 qui cite Gemara Sanhedrin f 88, 2. : En 1911 R. Savignac (Ecole biblique de Jérusalem) en prit des photos. : Flavius Josèphe, Guerres juives, V, 2, 190. : Mishnah, Middot 2, 3 (Source: Israël Temple Institute). Cité aussi par Herbert Danby, The Mishnah, Oxford University Press, 1933. : Flavius Josèphe, Guerres juives V, 2, 3.
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Un inventaire architectural exhaustif
Le tombeau de Rachel
A deux occasions au moins Jésus passe devant le tombeau de Rachel. « Exactement là où le chemin fait un coude, il y a une construction cubique surmontée d'une petite coupole basse. Elle est complètement fermée, et semble abandonnée. Voici, à cet endroit le tombeau de Rachel... Ils sont arrivés au tombeau, ancien mais bien conservé, blanchi à la chaux... Jésus s'arrête pour boire à un puits rustique tout proche » 73.1/2 . Puis une autre fois : "Ils continuent leur route par la fraîche vallée orientée d'est en ouest, puis ils tournent légèrement vers le nord, côtoient une colline qui se dresse là, et rejoignent ainsi la route qui de Jérusalem conduit à Bethléem, justement à côté du cube surmonté d'une coupole ronde du tombeau de Rachel. Tous s'approchent pour prier avec respect » 207.2 . Que le tombeau de Rachel soit à Bethléem, c'est un fait établi dès le premier livre biblique (Genèse 35, 19-20): « Rachel mourut donc et fut ensevelie sur le chemin d'Éfrath, qui est Beth Lehem. Jacob éleva un monument sur sa tombe : c'est le monument du Tombeau de Rachel, qui subsiste encore aujourd'hui ». La localisation qui en est fournie par Maria Valtorta, à l'entrée de Bethléem pour qui vient de Jérusalem, est exacte. Ce tombeau fut visité par le Pèlerin de Bordeaux en 333, et le pèlerin Arculfe dit que « le tombeau était sans ornement, apparemment un simple monument ». Depuis l'an 333 et jusqu'au 19 e siècle, plusieurs témoignages attestent que le tombeau était constitué par le rocher, couvert d'un dôme supporté par 4 arches. Certains de ces témoignages évoquent aussi la présence d'une citerne à proximité immédiate . En 1841, Sir Moses Montefiore obtint l'autorisation de restaurer la tombe. Il ajouta une deuxième pièce (celle que l'on voit sur la gauche de la photographie ci-jointe, qui date de cette époque) pour servir d'entrée et fit fermer l'espace sous le dôme pour que les pèlerins puissent s'abriter. Il y a donc tout lieu de croire que la description qu'en donne Maria Valtorta est conforme à l'aspect que ce tombeau avait au début du premier siècle.Le site est considéré comme le troisième lieu saint du judaïsme après le Mont du Temple et le Tombeau des Patriarches à Hébron. FOOTNOTES : Au début de l'époque arabe au 7 e siècle. : Voir Louis Morand, La terre des patriarches, Vitte et Perrussel, 1882, Tome I, p. 25 à 30.
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Un inventaire architectural exhaustif
Le puits de Jacob à Sychar
« Les disciples s'en vont à regret et à trois ou quatre reprises ils se retournent pour regarder Jésus qui s'est assis sur un muret exposé au soleil près du bas et large bord d'un puits. Un grand puits, presque une citerne, tellement il est large. En été il doit être ombragé par de grands arbres, maintenant dépouillés. On ne voit pas l'eau, mais le terrain, près du puits, montre clairement qu'on a puisé de l'eau à cause des petites mares et des empreintes circulaires laissées par les brocs humides (...) Ce puits n'est-il pas celui de Jacob ? » 143.1 Le puits de Jacob était déjà en l'an 380 embelli par la construction d'une église cruciforme, dont font mention plusieurs pèlerins : Paula, Theodosius, Arculfe (qui écrit : « ecclesiae quadrifidae in cujus medietate fons Jacob ») et au 6e-7e Bède le Vénérable. « Pour revenir au puits, oui, c'est celui de Jacob et il a une eau si abondante et si claire que nous de Sychar nous la préférons aux autres fontaines. Mais il est très profond » 143.2 . Un guide touristique moderne de Naplouse précise effectivement cette grande profondeur : 32 m. Léonie de Bazelaire signale que la margelle du puits fut transportée à Rome. Le récit de Maria Valtorta est en tout point cohérent avec celui que nous donne saint Jean. FOOTNOTES : Paul Geyer, Itinera Hierosolymitana 1898, p 270 et suivantes. : Voir http://www.nablusguide.com , à la rubrique « Lieux à visiter ». : Dans Chevauchée en Palestine, 1899, p 89.
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Les piscines de Salomon
Voici maintenant un site très ancien, qui n'est évoqué que seulement deux fois dans la bible (Ecclésiaste 2, 5-6 ; 1 Chroniques 11, 16-19), et encore d'une façon bien peu explicite. Jésus y passe à deux occasions, et en donne à ses apôtres cette description fort détaillée : Ci-dessus, l'aspect des piscines de Salomon en 1870. « D'ici aux Piscines de Salomon, puis de là à Bétsur... Les trois grands bassins creusés dans la roche de la montagne, œuvre vraiment grandiose, brillent avec leurs surfaces très limpides et avec la chute d'eau qui, du premier bassin, tombe dans le second plus grand et de celui-ci dans un troisième bassin qui est un véritable petit lac d'où elle part par des conduites vers des villes éloignées. Mais par suite de l'humidité du sol en cette région, la montagne, de la source aux piscines et de celles-ci à la plaine, est d'une fertilité merveilleuse. Les fleurs, les plus variées d'entre les fleurs sauvages, rient sur les pentes vertes en même temps que des plantes parfumées et rares. (…) C'était dans cette région qu'étaient les jardins de Salomon, célèbres comme ses palais dans le monde de cette époque. (…) remercions aussi Salomon… certainement viennent de lui les bassins qui alimentent les plantes et les hommes » 208.1/5 Ces bassins anciens de trois millénaires sont situés au sud de Bethléem, près de la route qui mène à Hébron. Depuis l'an 2000 d'importants travaux de restauration y ont été entrepris. Mais bien peu de personnes en Europe, en 1945, auraient été en mesure de les évoquer avec une telle précision.
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Un inventaire architectural exhaustif
Le tombeau des Macchabées à Modin
Venant d'Azotos et retournant vers Jérusalem, Jésus passe à proximité du lieu où se trouve la tombe des Macchabées : « Nous allons à Modin. La nuit est sereine, fraîche et lumineuse. Nous marcherons tant qu'il y aura la lune, puis nous dormirons jusqu'à l'aube. J'amènerai les deux Judas pour qu'ils vénèrent la tombe des Macchabées dont ils portent le nom glorieux ». « Nous seuls avec Toi ! dit l'Iscariote heureux ». « Non, avec tous. Mais la visite à la tombe des Macchabées, est pour vous, pour que vous sachiez les imiter surnaturellement, en portant luttes et victoires dans un champ tout spirituel » 222.5 . Le site archéologique, connu en Arabe comme Seikh el Ghrabawi et en hébreux comme Khirbet Hagardi est effectivement situé juste à l'ouest de Modi'in, et les fouilles du site par Victor Guérin ont révélé ce qui pourrait être le tombeau des Hasmonéens.
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La tombe d'Hillel à Méron
Jésus se rend une première fois sur la tombe fin janvier 28, venant de Gerghesa en passant par Hatzor et allant vers Giscala. « Je vais à la tombe de Hillel… ils avancent sur la route montante… Là est enterré Hillel… Ils prient près du tombeau fermé » 160.5/6 Il y repasse un an plus tard début février 29, venant de Corozaïn. « Où allons-nous alors ? » « Vénérer les tombes des grands et des héros d'Israël... Je m'incline sur la tombe des justes qui attendent la Rédemption 339.6 (...) J'entends passer de grands noms dans leur conversation : Hillel, Jahel, Barac, et les gloires de la patrie qui passent dans les esprits et les conversations et les commentaires admiratifs sur les grands docteurs » 339.3 (...) « Ils trouvent le pays de Meiéron... Dans l'après-midi nous irons d'ici vers Giscala. Les grandes tombes sont éparses sur ces pentes dans l'attente du réveil glorieux » 339.6 . « Du pays de Meiéron, Jésus, avec ses disciples, prend une route en direction nord-ouest, toujours montagneuse parmi les bois et les pâturages, et il continue de monter. Ils ont peut-être déjà vénéré des tombes car je les entends qui en parlent entre eux » 340.1 . « Venez. La ville est proche. Nous devons la traverser pour trouver la tombe de Hillel... Jésus prie avec respect près du tombeau de pierre blanche de Hillel » 340.7 . Dans la région de Méron et de Giscala on vénère en effet de nos jours encore les tombes de plusieurs sages et personnages bibliques . Le pèlerinage sur la tombe d'Hillel est fort ancien. L'une des plus anciennes traces écrites est attestée par Benjamin de Tudela en 1165. Les héros libérateurs d'Israël (Juges 4, 17-22 ; 5, 6. 24-27), le général Barac et Yaël (qui tua Sisera) ont-ils leur tombe à proximité de Méron, comme le suggère le texte ? C'est un point que je n'ai pas encore su élucider. Il y a de nombreuses autres évocations architecturales dans l'œuvre. Certaines sont très connues, comme la forteresse Antonia, le palais d'Hérode, etc. D'autres le sont un peu moins. Qu'il s'agisse du Xyste , cette place à colonnades mi forum, mi gymnase. Maria Valtorta situe correctement dans Jérusalem, à coté du palais des Asmonéens, mais orthographie très approximativement « Sixte » 348.3 ou « Siste » 368.5, 372.2 ; ou de la tour Hippicus : « La synagogue des romains est exactement à l'opposé du Temple, près de l'Hippique » 534.1 ; ou encore la fontaine de En Rogel et les jardins du Roi situés à proximité. D'autres enfin semblent avoir totalement disparu, ou restent peut-être à découvrir, comme les vestiges de cette « Tour de David » 207.5, 538.4 . située à proximité immédiate de la grotte de la Nativité à Bethléem. L'existence de cette Tour semble attestée historiquement , mais il n'en subsiste aucune trace archéologique connue. De même, les traces de la « Fontaine Chaude » 266.2 de Corozaïn sont à découvrir, mais il faudra encore, dans ce cas, attendre que les fouilles dans la partie contemporaine de Jésus de cette cité soient entreprises. * Mais je ne puis clore ce chapitre consacré à l'architecture sans évoquer une bien surprenante découverte archéologique. Une découverte exceptionnelle dans Jérusalem A plusieurs reprises dans son œuvre, Maria Valtorta décrit avec force détails les différentes demeures de Lazare et de ses sœurs en Palestine et à Antioche. Ainsi elle indique que Lazare possédait sur la colline de Sion une luxueuse demeure dans laquelle il aurait plusieurs fois reçu Jésus et les siens. Comme à son habitude, Maria Valtorta donne au fil des pages une description si détaillée de ce palais, qu'il est facile de s'en faire une image mentale précise, pour peu qu'on se remémore tous les indices disséminés ça et là : "Le palais de Lazare (...) presque au centre de la ville, mais légèrement incliné vers le sud-ouest (...) est établi sur une belle route qui débouche sur le Xyste, formant avec lui un T, et domine la ville basse (...) appartenant déjà à l'endroit où il s'élève, le mont Sion" 372.1/4 . Ces indications, affinées par quelques autres détails répartis dans l'œuvre, permirent dès 1975 à Hans J. Hopfen ( Indice e Carta della Palestina CEV) de positionner précisément le Palais de Lazare sur sa carte détaillée de Jérusalem. Mais poursuivons la visite du palais, grâce aux descriptions de Maria Valtorta: « la corniche fait fortement saillie, alors que le portail est très en retrait dans le mur épais ». Elle permet d'accéder à « l'atrium de marbre (...) vestibule carré entièrement blanc (...) qui débouche dans une vaste cour d'honneur pavée. Une source claire qui chante en son milieu ». Au-delà de la cour « un escalier qui mène aux étages supérieurs et à la terrasse au-dessus de la maison » 372.1/4 offre un splendide panorama sur tout Jérusalem. « Nombreuses sont les salles et les pièces » autour de « l'atrium de marbre », « vestibule carré » 375.2 , « un vaste salon, splendide », (...) « une royale salle rouge, dont la voûte est soutenue par deux colonnes de porphyre rouge (...) qui certainement sert pour les banquets, aux murs fastueux » (...) où « une centaine de personnes peuvent s'y restaurer. (...) des crédences disposées le long des murs ». Puis « une salle blanche », et « la pièce voisine, qui peut-être est une bibliothèque ». Au fil des récits, le lecteur découvre d'autres détails, comme l'existence « de pièces au-dessus », dans ce palais qui « a des salles qui peuvent recevoir deux cent personnes réparties par groupes de vingt » explique Lazare à Jésus. L'histoire aurait pu en rester là, et toutes ces descriptions passer, aux yeux des incrédules, comme le pur fruit de l'imagination de M. Valtorta. Mais cela aurait été faire bien peu de cas des surprises que réserve si souvent cette œuvre surprenante. En 1983, une équipe d'archéologues de l'université Hébraïque de Jérusalem, conduite par le professeur Nahman Avigad annonça avoir découvert, au point culminant de la colline de Sion, les vestiges d'un palais datant de l'époque d'Hérode. Les fouilles minutieuses qui s'en suivirent permirent de retrouver de nombreux objets en parfait état de conservation : des fours de petite dimension, des outils, des gobelets de mesure en terre, une lampe à huile hérodienne; un encrier et une table en pierre... Il est certain aujourd'hui que la terre qui avait recouvert pendant vingt siècles cette demeure princière a permis de la retrouver dans l'état de ruines où l'avaient laissée les légionnaires de Titus en l'an 70. La magnificence des lieux fit que l'on désigne depuis cette exceptionnelle demeure sous le nom de Résidence palatiale. Cette maison princière (Palatial Mansion) est même devenue aujourd'hui le Wohl Museum of Archeology de Jérusalem . Elle est située exactement au point culminant de Sion, à 757 m, le seul endroit permettant de voir le panorama décrit par Maria Valtorta ! Et c'est à 30 m de l'endroit imaginé par H. Hopfen (d'après les indications de Maria Valtorta) dix ans avant cette découverte, comme on peut le constater sur ce plan ! L'entrée de cet édifice de 600m 2 débouche sur un vestibule carré, avec au sol des mosaïques. Cet atrium dessert plusieurs salles et une grande cour pavée (8m x 8m) avec un bassin rituel central. La grande salle de réception, (11m x 6,5m), est ornée de remarquables fresques gréco-romaines. De l'autre coté du vestibule, une salle entièrement rouge... Inutile de poursuivre ! Tous les détails fournis par Maria Valtorta concordent, comme on le voit sur ce plan des fouilles. Relevé du plan du palais d'après Nahman Avigad. Maquette du palais d'après Ritmeyer Archaeological Design Mais à qui appartenait ce luxueux palais dans les premières années du siècle de Jésus ? C'est la question que se posent depuis 30 ans les archéologues. Certains ont imaginé quelque famille d'un grand prêtre, mais la décoration raffinée, dans le style gréco-romain, n'évoque guère les motifs des fresques juives de cette époque. Pour eux la question reste posée... La fresque de la salle rouge Pour ma part, en voyant le plan de ces ruines, j'ai immédiatement reconnu le palais de Lazare sur la colline de Sion. Et pour les lecteurs de Maria Valtorta aussi, je pense, il ne fera aucun doute que cette maison princière est celle dans laquelle Lazare, le ressuscité de Béthanie, le frère de Marthe et Marie, reçut Jésus et ses disciples durant la Pâque de l'an 29. Comment M. Valtorta a-t-elle pu voir en 1944 un monument qui ne sera découvert que vingt ans après sa mort ? FOOTNOTES : Source Internet : www.travelnet.co.il/ISRAEL/Tiberias/tib20-MERON.htm . : A Khirbet Shema, 32° 59' N / 35° 28' E. : Voir E. Robinson, Eli Smith, Biblical researches in Palestine, Réed. 2009, page 334. : Flavius Josèphe le mentionne à l'époque du procurateur Festus (Antiquités XX, 8,11) à l'occasion du discours d'Agrippa II contre la révolte juive, et à propos du siège de la cité par Titus (Guerres Juives II, 16,3). : L'une des trois tours du palais d'Hérode avec les tours Phasaël et Marianne. : F. E. Chassay, Histoire de la Rédemption, 1850 p 130 en parle ainsi: « David, lorsqu'il parvint au trône, s'était fait bâtir un palais à Bethléem. Les habitants des environs l'appelèrent plus tard Birath-Ârba, ou le vieux palais du roi. Il tomba en ruines après le départ des enfants de Juda en captivité ». Et le docteur Sepp, Vie de notre Seigneur J.-C, tome 1 page 232, pensait même que la grotte de la Nativité faisait partie du palais ruiné de David. : T. Nelson, Discovering Jerusalem, 1983 et Wohl Archaeological Museum, Jerusalem, 1989. : Voir aussi par exemple le Site du Studium Biblicum Franciscanum : : D'après Ch. Saulnier, Jérusalem, Guide historique et culturel, Larousse 1988, page 180.
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Labours, moissons et battages
Sitôt passées les vendanges et la fête des Tabernacles, un nouveau cycle agricole débutait. « Dans les champs quelques rares couples de bœufs au labour (...) un spectacle qui me fait peine à voir, en certains endroits, ce sont les hommes eux mêmes qui font le travail des bœufs, tirant la charrue de toute la force de leurs bras et même de leur poitrine, s'arc-boutant sur le sol déjà remué, s'épuisant comme des esclaves en ce travail pénible même pour de robustes bouvillons. (...) D'autres paysans sont à la charrue ou courbés pour débarrasser les sillons des herbes arrachées » 109.1.8 . A l'époque du Christ, la charrue (araire) à bras était normalement utilisée pour les petites parcelles et les propriétés les plus pauvres (de un à trois arpents, soit 5000 à 15000 m 2 ). Quelques-unes, plus importantes, avaient une charrue, qui était attelée de deux bœufs, ou de deux vaches . « Nous avons vu des agriculteurs au travail dans les champs... la terre était déjà ouverte par la charrue et débarrassée, par le feu et la main, des pierres, des ronces, du chiendent » 111.4 Virgile confirme cette technique. Puis vient la saison des semailles, que Jésus évoque par la parabole du semeur . « Un semeur s'en alla semer. (...) L'homme prit donc son sac de grains de semence, les meilleurs des grains, et il commença l'ensemencement » 179.5 . Après la Pâque commencent les moissons, que Maria Valtorta dépeint avec force détails. « Les paysans sont déjà au travail (...) Ils chantent tout en fauchant et rient gaiement rivalisant à qui sera le plus agile et le plus adroit à manier la faux et lier les gerbes… De nombreux bataillons de paysans (...) Et, aux bords des champs ou derrière ceux qui lient les gerbes, des enfants, des veuves, des vieillards qui attendent pour glaner » 407.1 . Ailleurs encore « Des femmes passent, liant les gerbes derrière les faucheurs » 411.1 . Les gerbes sont laissées un temps à sécher au soleil. « Une campagne très fertile où, au soleil, les grains dorment leur dernier sommeil, au grand soleil qui les a fait mûrir, étendus en gerbes dans les champs » 221.1 . « Les gerbes qui déjà sont liées dans les champs » 220.7 . Puis c'est le battage. « Sur l'aire il y a déjà des tas de gerbes des jours précédents » 405.1 . « Là aussi on est en pleine moisson. Il vaudrait mieux dire : on était… maintenant les faux ne servent plus car il n'y a plus un seul épi. (...) Ses quatre aires sont remplies de quantité de gerbes, disposées en faisceaux comme font les soldats avec leurs armes quand ils font la pause au camp » 408.1 . Au fil des pages, et sans qu'il y paraisse, Maria Valtorta nous restitue par ses descriptions minutieuses toute cette vie des campagnes qui restait soumise aux aléas climatiques malgré la douceur du climat palestinien. FOOTNOTES : Pline, Histoire Naturelle, XVIII, 48,2. : Virgile, Géorgiques 1, 84. : Matthieu 13, 3-9 ; Marc 4, 3-9 ; Luc 8, 5-8.
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Quand Jésus répare une charrue
Un soir de septembre, alors que le vieux Jacob vient de lui accorder l'hospitalité, Jésus demande à son hôte ce qu'il fait : « Je suis en train de travailler après cette charrue. Mais elle a le bois tout abîmé ... » Et Jésus : « Donne-moi ce marteau. Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire. Tu abîmes le bois. Donne-moi aussi ce poinçon, mais après l'avoir rougi au feu. Il percera mieux le bois et nous y passerons sans difficulté une cheville de fer. Laisse-moi faire. Je travaillais le bois. (…) Et Jésus, qui n'a gardé que son habit, travaille rapidement et habilement au timon abîmé. Il perce, il attache, il cheville, l'essaie jusqu'à ce qu'il le voit solide. "Il pourra encore travailler longtemps, jusqu'à l'année prochaine" » 110.6 . Tout ceci est entièrement compatible avec ce que l'on sait, grâce à Virgile , des détails de la fabrication d'une charrue à l'époque. Mais la crédibilité de ce récit se trouve vraiment renforcée quand on apprend que saint Justin de Naplouse (vers 103 / vers 162) rapporte qu'on lui a parlé en Palestine de charrues que Jésus aurait fabriquées. Il précise : « Jésus et Joseph faisaient des charrues pour les bœufs » . FOOTNOTES : Virgile, Géorgiques, 1, 170-175. : Dialogue avec Tryphon, rapporté par l'Abbé J. P. Migne dans Hommes illustres de la primitive église, 1874, p 48 ; et R. Aron, En ce temps là la Bible, n° 83.
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Une édifiante leçon de menuiserie
Un jour Jésus enseigne Pierre sur les qualités indispensables pour être bon : ordre, patience, constance, humilité, charité… Pierre s'étonne de voir figurer l'ordre dans cette liste. Alors Jésus lui explique : « Mais oui : ordre, patience, constance, humilité, charité… Je l'ai dit beaucoup de fois ! ». « Mais, l'ordre, non. Que vient-il faire ? ». « Le désordre n'est jamais une bonne qualité. Je l'ai expliqué à tes compagnons. Ils te le diront. Et je l'ai mis en tête alors que j'ai mis pour terminer la charité, car ce sont les deux extrémités d'une droite parfaite. Or tu sais qu'une droite tracée sur un plan n'a pas de commencement ni de fin. Les deux extrêmes peuvent s'inter changer. Alors que pour une spirale ou un dessin quelconque qui ne se ferme pas sur lui-même, il y a toujours un commencement et une fin. La sainteté est linéaire, simple, parfaite et n'a que deux extrémités, comme la droite ». « C'est facile de faire une droite… » « Tu crois ? Tu te trompes. Dans un dessin, même compliqué, un petit défaut peut passer inaperçu, mais dans une droite, on voit tout de suite chaque erreur : ou de pente ou d'incertitude. Quand Joseph m'apprenait le métier, il insistait beaucoup pour que les tables soient bien planes et, avec raison il me disait : "Vois-tu, mon fils ? Une légère imperfection dans un enjolivement ou un travail fait au tour, ça peut encore passer, car un œil qui n'est pas très habitué, s'il observe un point ne voit pas l'autre. Mais si une planche n'est pas aplanie comme il faut, même pour le travail le plus simple, comme une table de paysan, c'est un travail manqué. Ou elle penche, ou elle est boiteuse. Elle n'est plus bonne que pour le feu". Nous pouvons dire cela aussi pour les âmes. Pour ne plus servir à autre chose qu'au feu de l'enfer, c'est-à-dire pour conquérir le Ciel, il faut être parfait comme une planche rabotée et dressée comme il faut. Celui qui commence son travail spirituel dans le désordre, en commençant par des choses inutiles, en sautant, comme un oiseau inquiet, d'une chose à une autre, lorsqu'il veut joindre les différentes parties de son travail, il n'arrive plus à rien. Pas d'assemblage possible. Par conséquent l'ordre. Par conséquent la charité. Puis, en gardant fixées entre les deux étaux ces deux extrêmes, qu'ils ne bougent plus du tout, travailler à tout le reste : que ce soit ornements ou sculptures. As-tu compris ? » 139.4 . Cet exemple montre bien comment Jésus exploite ses compétences professionnelles indéniables pour en faire un usage édifiant pour l'âme.
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Un cours de peinture
Voici maintenant une méthodique leçon de peinture donnée par Jésus à Simon le zélote : « La peinture rend le bois imperméable et le conserve plus longtemps, outre qu'il le rend plus beau. (...) Tu vois, pour obtenir une belle peinture et réellement efficace, il faut tant de soins. Pour commencer : prendre avec attention ce qu'il faut pour la former, à savoir un récipient débarrassé de terre ou de restes de vieilles peintures, de bonnes huiles et de bonnes couleurs, et les mélanger avec patience, les travailler et en faire un liquide qui ne soit ni trop épais ni trop liquide. Ne pas se lasser de travailler jusqu'à ce que le plus petit grumeau soit dissous. Cela fait, prendre un pinceau, un pinceau qui ne perde pas ses soies, qu'elles ne soient ni trop dures ni trop souples, que le pinceau soit bien débarrassé de toute ancienne couleur, et avant d'appliquer la peinture débarrasser le bois des rugosités, des croûtes d'ancienne peinture, de la boue, de tout, et puis, avec ordre, d'une main assurée, en allant toujours dans le même sens, étendre avec patience, avec beaucoup de patience, la peinture. En effet sur la même planche, il y a des résistances différentes. Sur les nœuds, par exemple, la peinture reste plus lisse, c'est vrai, mais sur eux la peinture se fixe mal car le bois la repousse. Par contre, sur les parties molles du bois la peinture se fixe tout de suite, mais généralement les parties molles sont moins lisses et alors il peut se former des boursouflures ou des rainures… Voilà alors que l'on doit réparer en appliquant soigneusement la main pour étendre la couleur. Et puis il y a dans les vieux meubles des parties neuves comme cette marche, par exemple, et pour ne pas faire voir que le pauvre escalier est rapiécé, mais très vieux, il faut faire en sorte que la marche neuve soit pareille aux anciennes… Voilà, ainsi !. Jésus, qui est penché au pied de l'escalier, parle tout en travaillant… Thomas, qui a quitté ses burins pour venir voir de près, demande : « Pourquoi as-tu commencé par le bas plutôt que par le haut ? Ne valait-il pas mieux faire le contraire ? » « Cela semblerait préférable, mais ne l'est pas. En effet le bas est plus abîmé et amené à s'abîmer en reposant sur la terre. Il faut donc qu'il soit travaillé plusieurs fois : une première couche, puis une seconde, puis une troisième s'il est besoin… Et pour ne pas rester à rien faire pendant que le bas sèche, pour qu'il puisse recevoir une nouvelle couche, peindre pendant ce temps le haut puis le milieu de l'escalier ». « Mais en le faisant, on peut tacher ses vêtements et abîmer les parties déjà peintes ». « Avec de l'adresse on ne se tache pas et on n'abîme rien. Tu vois ? On fait ainsi. On serre ses vêtements et on se tient à l'écart. Ce n'est pas par dégoût de la peinture, mais pour ne pas abîmer la peinture qui est délicate parce que fraîchement appliquée » 434.3/4 . Bien sûr, cette leçon très pédagogique et technique, que ne renierait pas un peintre, ne s'arrête pas là. Jésus, comme à son habitude, la transpose ensuite sur un plan spirituel, pour illustrer comment agir avec les âmes...
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La fabrication et le travail de la pourpre
La pourpre est évoquée pour la première fois à la mi-juin de l'an 28 : « la saison de la pêche des poissons pour la salaison est terminée, et ils vont en Syro-Phénicie pour pêcher la pourpre » 250.1 . Plus tard, rencontrant des pêcheurs du côté de Tyr, Jésus les interroge : « Quand finit la pêche de la pourpre ? » « Aux tempêtes d'automne. Ensuite la mer est trop agitée ici » 251.4 . Voici donc une première information : la pêche du Murex se pratiquait entre Tyr et Sidon, de juin à septembre . Puis Judas montre aux disciples comment il a obtenu le précieux cadeau : « Il montre toutes les oboles que les pêcheurs de pourpre ont voulu lui donner et surtout un beau paquet de la précieuse matière. "Ceci est pour le Maître. Si Lui ne la porte pas, qui peut la porter ? » 252.5 . Ensuite, Marie ayant reçu ce généreux présent, mais ignorant la façon de s'en servir, profite de la rencontre avec Noémie, la nourrice de Marie Madeleine, pour lui demander conseil. « La Vierge montre le précieux paquet de pourpre, demandant comment on peut filer cette courte filasse qui refuse l'humidité et le tordage ». « Ce n'est pas ainsi qu'on l'emploie, Femme. Il faut la réduire en poudre, et on l'emploie comme n'importe quelle autre teinture. C'est la bave d'un coquillage, ce n'est pas un cheveu ni un poil. Vois-tu comme elle est friable maintenant qu'elle est sèche ? Tu la réduis en fine poudre, tu la tamises pour qu'il ne reste pas de longs filaments qui tacheraient le fil ou l'étoffe. Le fil se teint mieux en écheveau. Quand tu es sûre que tout est réduit en poudre, comme on fait avec la cochenille ou le safran ou la poudre d'indigo, ou d'autres écorces, ou racines ou fruits, et on s'en sert. On fixe la teinte avec du vinaigre fort au dernier rinçage » 255.6 . Les spécialistes s'interrogent encore sur les techniques de fabrication de la pourpre, perdues depuis des siècles. Il semble que les mollusques étaient cassés pour l'extraction d'une petite glande, que l'on mettait à macérer dans un bassin exposé au soleil pendant une dizaine de jours. La teinture remontait à la surface et était prélevée. Une spécialiste de ce sujet, Inge Boesken Kanold, indique que la pourpre peut être employée « au naturel » à l'état liquide, sans additif, sans mordant « car une fois solide elle est insoluble ». Exactement ce que disait Marie : « elle refuse l'humidité » ! Trois mois plus tard, Marie vient à parler à Jésus de ce précieux présent : « De la pourpre ? Qui te l'a donnée ? » « Judas de Kériot. Il se l'est fait donner par des pêcheurs de Sidon, je crois. Il veut que je te fasse un vêtement de roi… Le vêtement, je te le fais, mais pour Toi, il n'est pas besoin de pourpre pour être roi ». « Judas est têtu plus qu'un mulet. C'est le seul commentaire sur la pourpre qui a été donnée… Puis Il se tourne vers sa Mère : Et on peut faire un vêtement avec ce qu'il t'a donné ? » « Oh ! non, Fils ! Cela pourra servir pour les franges du vêtement et du manteau. Pas plus ». « C'est bien. J'ai compris pourquoi tu les fais avec des bandes étroites. Alors… Maman : cette idée me plaît. Tu me mettras de côté ces bandes, et un jour je te dirais de t'en servir pour un beau vêtement. Mais maintenant, ce n'est pas le moment. Ne te fatigue pas » 303.4 . Que Marie ne puisse teindre que seulement quelques franges avec le don des pêcheurs de Tyr est tout à fait crédible, puisque la pourpre était l'un des produits les plus précieux et les plus chers de l'Antiquité. D'ailleurs la richissime Marie-Madeleine elle-même ne dit-elle pas, juste après la Crucifixion « j'ai eu la pourpre par Plautina » 612.3 , confirmant que cette marchandise précieuse était strictement réservée aux plus riches parmi les romains. FOOTNOTES : En 1864, le français Gaillardot découvrait près de Sidon une colline de 120 m de long sur 6 à 8 m de haut, entièrement constituée de Murex. Les coquillages avaient tous été fracturés à l'endroit où se trouve la glande sécrétant la pourpre. Cette colline de coquillages confirme l'importance de cette industrie de la pourpre en Phénicie dans l'Antiquité.
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Le vin réjouit le cœur des hommes
Psaume 104, 15 Le vin, et plus généralement les boissons fermentées ont attiré les hommes depuis des temps immémoriaux. Il n'est donc pas surprenant qu'il y soit fait allusion de nombreuses fois dans l'œuvre. Mais quelques conversations méritent une plus grande attention... Tout d'abord celle de cet épicurien nommé Ennius : « Et les vins… Ah ! les doux et précieux vins des collines romaines, de mes chaudes côtes de Liternum et de tes plages ensoleillées près de l'Aciri !… Et les vins parfumés de Chio et de l'île dont Cintium est la perle. Et les vins enivrants de l'Ibérie, propres à enflammer les sens » 425.3 . Bien que cela puisse passer plus ou moins inaperçu, il y a dans cette phrase l'évocation de cinq des régions les plus renommées pour leurs vins dans l'Antiquité : Liternum, elle est la plus belle région du monde entier, où Liber y rivalise avec Cérès cette Campanie, bénie des dieux. À partir de ce golfe commencent les collines couvertes de vignes et la griserie bien connue à travers le monde entier que nous donne leur illustre nectar » L'Acciris Chio Cintium l'Ibérie Voici un autre exemple où des gentils discutent de Gamaliel en attendant la venue de Jésus : « Est-il vrai que c'est le plus grand docteur d'Israël ? ». « Oui, mais… quel pédant ! Je l'ai écouté un jour, et pour digérer sa science, j'ai dû boire plusieurs coupes de Falerne de Tito à Bézéta » 487.2 Le Falerne est un vin de Campanie, réputé depuis l'Antiquité comme le roi des vins, il fut chanté par bien des poètes : Pétrone qui dans le Satiricon évoque le « Falerne Opimien de cent ans... il a donc vécu plus longtemps, ce vin, que le chétif humain ! » , et « l'immortel Falerne » de Martial, ou encore « l'ardens Falernum » d'Horace. Une conversation du même genre se déroule au lendemain des Rameaux entre deux légionnaires : « Un dieu sur un âne ? Ah ! Ah ! S'il était ivre comme Bacchus, il pourrait. Mais il n'est pas ivre. Je crois qu'il ne boit même pas du mulsum. Tu ne vois pas comme il est pâle et maigre ? » 592.2 Le mulsum était un vin miellé apprécié des grecs et des romains. Il fut loué par Pline l'Ancien : « Beaucoup sont parvenus à une longue vieillesse sans aucune autre nourriture que du pain trempé dans du Mulsum ». Il s'obtenait en mélangeant une mesure de miel pour 4 ou 5 mesures de vin . La même conversation se prolonge : « Et pourtant les hébreux… » « Eux, oui, ils boivent, bien qu'ils affectent de ne pas le faire ! Et ivres des vins forts de ces terroirs et de leur sicera, ils ont vu un dieu dans un homme » 592.2 . Le sicera dont il est question ici, c'est le cidre, boisson connue des peuples antiques : les hébreux ( chekar ), les Egyptiens, les Grecs ( sikera ) et les romains ( sicera ) en consommaient. N'oublions pas non plus l'hydromel, cité à plusieurs occasions, comme par exemple : « ils emplissent les coupes de vin, ou d'hydromel pour ceux qui le préfèrent » 160.2 . L' hydromel , mélange d'eau et de miel comme son nom l'indique, était un breuvage prisé des grecs. Mais sous l'empire romain, il semble qu'il était tenu pour un breuvage inférieur. Plutarque, en tout cas, le fait boire par les hommes primitifs, ceux qui mangeaient des glands . FOOTNOTES : L'un deux, qui déclare « Je n'ai pas osé. Moi, paysan de Bénévent, parler à quelqu'un que l'on dit Dieu ? » s'avère d'ailleurs être le futur saint Vital, époux de sainte Valérie, et père de saint Protais et saint Gervais, martyrs sous Néron. : Pline, Histoire Naturelle, Livre XXII, Chap. 53, 2. : Selon la recette de Columelle, De re rustica livre XV, 41,1. : Plusieurs préceptes imposent effectivement: « Ne pas boire de vin versé en libation aux idoles » Deutéronome 32, 38 ; « Tu ne boiras ni vin ni boisson forte... » Lévitique 10, 9. Et aussi Nombres 6, 3. : Saint Jérôme dans la lettre à Népotien rapporte que le jus de pomme était connu des Hébreux. « Le texte hébreu se sert de sicera, qui signifie liqueur qui enivre, soit qu'elle soit faite de blé, de pommes, de miel ou de dattes ». : Plutarque, Vie de Coriolan, 1, 4.
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De la résine dans le vin
Un jour de sabbat, au tout début de la troisième année de vie publique, Jésus est à Corozaïn où il va guérir la femme courbée (Luc 13, 10-17). Mais juste avant d'opérer le miracle, Il donne à ses auditeurs une inattendue parabole. Il y est question d'un « gros bloc d'une matière blonde comme le miel le plus fin » qu'un riche demande à un artisan de « façonner pour en faire une fiole ornée ». Et le riche de préciser : « C'est une résine précieuse et un de mes amis en a une petite amphore dans laquelle son vin acquiert une précieuse saveur » 337.3 . Cette petite phrase noyée au milieu d'un dialogue animé pourrait passer inaperçue. Et ce serait dommage, car elle évoque une coutume bien connue des grecs, qui consistait à incorporer de la résine au vin. Columelle, célèbre agronome romain contemporain de Jésus, qui avait étudié la fabrication du vin, décrivit les procédés employés à l'époque pour aromatiser les vins avec de la résine . Aujourd'hui encore, le retsina grec, en souvenir des vins antiques, est obtenu par l'adjonction dans le moût de petits morceaux de résine de pin d'Alep. FOOTNOTES : Voir son ouvrage De re rustica, livre 12, 23, 1 : « Pix corticata appellatur... ».
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Les vendanges sur une échelle.
Comme on peut s'y attendre, il y a de très nombreuses références à la vigne dans l'œuvre de Maria Valtorta, puisque la vigne était omniprésente en Palestine. Au fil des diverses scènes décrites, la vigne y apparaît sous tous les stades de son développement. En janvier « la vigne encore nue et dépouillée » 156.1 ; en mars ce sont « des festons de vignes encore dénudées, sauf qu'à leur sommet là où le soleil tape davantage c'est l'ouverture innocente, étonnée, palpitante des premières petites feuilles » 14.1 . Un peu plus tard en avril « ce doit être le printemps car les grappes sont déjà grosses comme des grains de vesce » 21.1 . Puis en mai « les vignes gonflent leurs grains et quelques grappes bien exposées commencent à prendre la couleur transparente du topaze et du futur rubis des grains mûrs » 221.1 . En juillet « sous le couvert de la tonnelle chargée de grappes » 264.1 . Enfin vient novembre « une tonnelle de vigne, maintenant dépouillée des grappes et des feuilles. Seules quelques dernières feuilles déjà jaunies pendent » 298.2 . Ces évocations sont si nombreuses dans l'œuvre qu'elles devraient normalement exposer l'auteur à quelques incohérences. Mais, est-il utile de le préciser, c'est exactement l'inverse qui se produit. Toutes sont en parfaite harmonie avec la chronologie établie par ailleurs, et renforcent de ce fait la crédibilité de l'ensemble. Regroupées en un seul texte ordonné, l'ensemble de ces descriptions produiraient, je n'en doute pas, un opuscule que n'aurait renié aucun des six principaux auteurs romains ayant traité de cette question, à savoir Caton, Varron, Pline, Columelle, Martial ou Palladius. Quand Maria Valtorta écrit : « le sentier est étroit entre les troncs d'arbres reliés les uns aux autres par les vignes » 256.4 puis quand elle nous décrit une vendange, cela peut surprendre : « Les hommes grimpés sur de hautes échelles font la cueillette sur les tonnelles et les pieds de vigne. Les femmes, le panier sur la tête, apportent les grappes rouges et dorées aux fouleurs qui les attendent » 108.1 . Pourtant c'est exact : sous la Rome antique la pratique courante était de conduire les vignes sur des arbres , spécialement l'olivier. Les romains considéraient qu'un véritable mariage se réalisait, l'arbre transmettant sa force à la vigne. Mosaïques romaines des vendanges Après tant de vérités sur le vin et la vigne, oserai-je cette boutade : In vino veritas ? FOOTNOTES : Voir en particulier Pline l'Ancien, Histoires Naturelles, livre 17.
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La maîtrise du feu au premier siècle
Le contrôle du feu a certainement été l'un des plus grands progrès technologiques de l'histoire humaine. Aujourd'hui, avec les briquets à gaz ou les allumettes, faire du feu est une opération banale. Pourtant c'est le fruit d'une lente évolution technologique, qui commença semble-t-il par la friction du bois, puis la percussion de la pierre , et ensuite la percussion du fer. Le principe est simple : de l'acier frappé contre un silex provoque l'étincelle qui enflamme l'amadou. C'est bien cette technique qui est observée à maintes reprises par Maria Valtorta. « Joseph sort de l'amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu'il sort de la besace qu'il porte en bandoulière » 28.4 . C'est même ce sujet qu'évoque spontanément Pierre lorsque Jésus lui demande pour la première fois de faire l'enseignement : « Le bois, quand il est mort, arrive à pourrir et à se réduire en poussière par l'action des vers mais, par lui-même, il ne s'allume pas. Et voilà que, si quelqu'un l'arrange d'une manière convenable et en approche l'amadou et le briquet et fait surgir l'étincelle et favorise l'allumage en soufflant sur les brindilles pour faire grandir la flamme et devient belle et utile et elle envahit tout, même les grosses bûches » 260.7 . Et Jésus au jour de l'Ascension, donne cette comparaison : « La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière » 638.10 . FOOTNOTES : Cette technique, connue bien avant l'Antiquité, y était encore utilisée, comme le suggèrent des textes d'Aristote, de Pline et quelques découvertes archéologiques.
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C'est jour de marché
Il y aurait encore tant à dire sur la vie paysanne... Mais je ne saurais clore ce chapitre sans mentionner au moins le marché, cette activité rurale par excellence. Il semble, d'après des spécialistes , que les marchés se tenaient principalement le deuxième et le cinquième jour de la semaine soit les lundi et jeudi, jours ou les synagogues étaient ouvertes pour la prière. Sans toutefois être une règle absolue, ce sont effectivement les deux journées qui reviennent le plus souvent comme jours de marché dans le texte de Maria Valtorta, avec aussi le vendredi matin, essentiellement semble-t-il dans les grandes villes comme Jéricho ou Jérusalem. Maria Valtorta excelle à reconstituer l'ambiance animée et bigarrée: « Poussière, brouhaha, saleté, confusion de jour de marché » 387.1 . « Elle est pleine de gens qui vont et viennent pour leurs achats alors qu'en dehors du portail, sur la petite place, on entend la rumeur du marché d'Alexandroscène avec le va-et-vient confus des acheteurs et des vendeurs, avec le bruit des ânes, des brebis, des agneaux, des poules » 329.1 . « Les gens envahissent de plus en plus la place et le bruit ne cesse d'augmenter. Des femmes qui viennent faire leurs emplettes ; des marchands de bestiaux ; des acquéreurs de bœufs de labour ou d'autres animaux ; des paysans courbés sous le poids de paniers de fruits et qui vantent leur marchandise ; des couteliers avec leurs étalages d'instruments tranchants et qui, avec un bruit infernal, frappent les haches sur des souches pour montrer la solidité de la lame, ou bien qui, avec un marteau frappent sur des faux suspendues à des chevalets pour faire voir la trempe parfaite de la lame, ou qui soulèvent des socs et à deux mains les piquent dans la terre, qui s'ouvre blessée, pour donner une preuve de la solidité du soc auquel aucun terrain ne résiste; et des chaudronniers avec des amphores et des seaux, des poêles et des lampes, dont ils frappent le métal en faisant un bruit assourdissant pour montrer qu'il est massif et ils crient à plein gosier pour offrir des lampes à un ou plusieurs becs pour les fêtes prochaines de Casleu ; et par dessus tous ces bruits, monotone et perçant comme le cri plaintif de la chouette durant la nuit, le cri des mendiants, disséminés aux points stratégiques du marché » 521.1 . FOOTNOTES : H. Graezt, Histoire des juifs, ch. 3 ; E. Stapper, La Palestine au temps de Jésus, L. 2, ch. 6.
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Les phylactères, les franges et les tsitsits
Il est possible, pour l'habillement religieux, d'établir le même constat que pour les termes architecturaux. Maria Valtorta paraît souvent en ignorer le langage, et le découvrir avec nous, à l'occasion des dialogues. C'est Jésus et non Maria Valtorta qui déclare : « sous les tefilim, les franges et les zizits des vêtements hébraïques et spécialement sous les larges tefilim et les floconneux zizits qui ornent les amples vêtements des pharisiens et des scribes pour manifester une adhésion encore plus large à la Loi » 461.7 . Quand Maria Valtorta observe : « Sur la tête il porte aussi une sorte de voile rectangulaire entouré d'une bande circulaire de cuir » 6.1 , elle ne nomme pas le thalet, qui pourtant est mentionné plusieurs fois dans l'œuvre, que ce soit par Pierre « un thalet blanc comme la neige » 192.4 , ou par Marie-Madeleine « j'ai fait la ceinture, la bourse et le taleth, les brodant de nuit pour n'être pas vue » 612.3 . Dans la pratique du Judaïsme, le thalet est un tissu rectangulaire constituant le châle de prière avec lequel on se couvre lors de la relation avec Dieu . Aux quatre coins du thalet sont attachés les tsitsits (franges). Le thalet représente la matérialité terrestre alors que les tsitsits impliquent un lien avec Dieu. A noter que l'œuvre ne mentionne pas la kippa, qui n'était effectivement pas en usage au temps de Jésus. FOOTNOTES : Le Shoulkhan Aroukh (Orah Haïm 91, 3) indique que l'on se couvre la tête en signe de piété.
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Le vêtement du Grand Prêtre
Lorsqu'elle voit le Grand Prêtre d'alors, Siméon ben Boéthos, au temple, Maria Valtorta décrit admirablement et parfaitement le vêtement de ce digne personnage, mais elle n'utilise aucun vocabulaire spécifique : « le Souverain Prêtre. Un vieillard solennel, vêtu de lin très fin et par-dessus ce premier vêtement une tunique plus courte, de lin aussi, et pardessus encore une sorte de chasuble, quelque chose d'intermédiaire entre la chasuble et l'habit des diacres, multicolore : pourpre et or, violet et blanc s'y alternent et brillent comme des gemmes au soleil ; deux gemmes authentiques, par-dessus tout cela brillent encore plus vivement à la hauteur des épaules. Ce sont peut-être des boucles avec leurs chatons précieux. Sur la poitrine, une large plaque toute étincelante de gemmes soutenue par une chaîne d'or. Des pendentifs et autres ornements brillent en bas de la tunique courte et l'or éclate sur le front à la partie supérieure d'une coiffure qui me rappelle celle des prêtres orthodoxes, leur mitre arrondie au lieu d'être pointue comme celle des catholiques » 8.5 . Ce n'est que plus loin dans l'œuvre, au fil des messages de Jésus, que le lecteur découvre les mots éphod , rational et tiare . Maria Valtorta ne semble même pas s'être inspirée du chapitre 28 de l'Exode, qui décrit l'Éphod, le plus noble insigne des pontifes, qui le revêt jusqu'à mi-corps, courte tunique d'une étoffe richement brodée. Les épaules sont effectivement ornées d'une pierre précieuse d'une étonnante grosseur. Sur le devant de l'Éphod, se place le pectoral retenu par quatre chaînes d'or, et enrichi lui-même de douze pierres précieuses sur lesquelles est écrit le nom d'une des douze tribus et de l'or. Durant son procès, Jésus proclame devant Caïphe : « Et Moi seul je porte le vrai Rational sur lequel il est écrit : Doctrine et Vérité » 604.14 . FOOTNOTES : Les deux mots hébreux Ourim et Toummim, (selon Exode 28, 30), que les biblistes peinent parfois à traduire. Saint Jérôme, dans la Lettre à Fabiola écrivait : « les deux mots grecs delocis et aleteia, dont le premier veut dire éclaircissement ou doctrine, et l'autre vérité, qui selon quelques-uns étaient écrits sur le rational ».
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La loi de l'héritière orpheline et le mariage de Marie
Quand Marie atteint l'âge de quitter le temple, le Grand Prêtre Siméon l'interroge. Marie s'en remet à lui : « Prêtre. Mais dis-moi comment je dois agir… Je n'ai plus ni père, ni mère. Toi, sois mon guide » 11.5 . Le Grand Prêtre convoque alors au temple de possibles prétendants, de la maison de David. « Marie, la Vierge dont le mariage a été célébré au Temple, parce qu'elle était orpheline, par le Grand Prêtre, selon la Loi d'Israël » 68.2 . Loi effectivement inscrite dans le Talmud : « Celui qui garde un orphelin dans sa maison est considéré comme le père de l'orphelin » (Sanhedrin 19b). Il est donc légal que ce soit le Grand Prêtre qui organise le mariage de Marie, comme en témoigne également le Protévangile de Jacques (apocryphe du 2 e siècle) au chapitre VIII.3. Et lorsque plus tard l'oncle Alphée se plaint de « la loi de l'orpheline héritière » 100.5 , il fait allusion à la loi de Moïse : « Si un homme meurt sans fils, alors sa fille devient l'héritière » (Nombres 27, 8). Et « toute fille possédant un héritage parmi les tribus des fils d'Israël devra se marier dans l'un des clans de la tribu de son père » (Nombres 36, 8). C'est pourquoi on peut en conclure que Marie et Joseph sont tous deux descendants de la maison de David, comme c'est plusieurs fois rappelé dans L'Evangile tel qu'il m'a été révélé .
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Lorsqu'il eut douze ans, ils montèrent au Temple
Luc 2, 42 La description de l'examen de majorité, tel que l'expose Maria Valtorta à deux occasions, pour Jésus et pour le jeune Jabé, mérite une attention toute particulière. « Tout le peuple était attentif à la lecture de la Loi : hommes, femmes et tous ceux qui étaient en âge de comprendre » (Néhémie 8, 3). D'après ce texte, tous ceux capables de comprendre la lecture de la loi sont présents. Étaient donc inclus les plus de 12 ans, puisque c'est à cet âge qu'un enfant mâle devenait un fils de la loi et assumait toutes les obligations religieuses des hommes adultes. Aujourd'hui, les Juifs célèbrent le rite de passage à l'âge adulte des garçons de 13 ans par une cérémonie qui s'appelle la Bar Mitzvah. C'est alors que le fils devient responsable de ses actes : « Le fils ne sera pas chargé des fautes de son père, ni le père des fautes de son fils » (Ezéchiel 18, 20). Après sa rencontre avec Jean d'Endor, Jésus lui demande : « N'es-tu plus revenu au Temple ? » « Oh ! si. A douze ans et depuis lors toujours tant que... tant que je pus le faire » 197.2 Et cet âge requis, à la Pâque qui suit l'âge de douze ans, et réaffirmé à plusieurs occasions dans l'œuvre : « départ pour Jérusalem de Jésus à douze ans (...) un bel enfant de douze ans » 39.4 ; et quand Margziam se présente au Temple : « Mais, qui prouve que l'enfant a douze ans et qu'il a été racheté au Temple ? » 201.4 . Lorsqu'elle décrit l'examen de majorité de Jésus, Maria Valtorta remarque : « Joseph présente Jésus. Auparavant ils se sont inclinés profondément tous les deux devant une dizaine de docteurs qui ont dignement pris place sur des tabourets de bois peu élevés » 40.2 . Puis, à nouveau lors de la majorité de Margziam : « Deux personnages. renfrognés qui n'inclinent leur suffisance que devant Joseph. Par derrière entrent huit autres moins imposants. Ils s'assoient, laissant debout les demandeurs » 201.4 . Mais pouvait-elle savoir que ce chiffre de dix témoins, le miniane est le quorum nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou de toute cérémonie (circoncision, mariage, deuil... ) . L'examen est une occasion pour poser toutes sortes de questions, afin de s'assurer de la maturité de l'enfant. Un docteur de la loi demande à Jésus : « Si une poule pond un œuf ou si une brebis a son agneau le jour du sabbat, sera-t-il permis d'utiliser le fruit de ses entrailles ou bien faudra-t-il le considérer comme une chose abominable ? » 40.5 . Certains pourraient se demander si cette question n'est pas le fruit de l'imagination de Maria Valtorta. Or c'est un fait avéré que ce sujet fut effectivement débattu entre les écoles d'Hillel et de Shammaï comme en atteste aussi Maïmonide (qui pour sa part répond par la négative). L'examen est aussi mis à profit pour vérifier la connaissance des grands textes du judaïsme. « Il peut donc, connaissant la Loi elle-même et ses trois branches de l'Halascia, Midrasc et Agada, se conduire en homme » 40.2 . De même plus loin Pierre s'interroge au sujet de Margziam : « Et puis je ne sais pas comment il sait la Loi, l'Halascia, l'Haggadah et les Médrashiots » 197.3 . Comme on le voit ici encore, lorsqu'elle transcrit phonétiquement, Maria Valtorta fait de son mieux, mais il apparaît clairement qu'elle n'a pas à sa disposition la documentation nécessaire pour corriger ses approximations. Midrash : interprétation rabbinique d'un verset ou passage de la bible, et par extension, le livre de compilation de ces enseignements. Halakha : commentaire rabbinique des parties légales de la Bible pour en donner le sens profond et fournir une règle de vie. Haggadah : interprétation des parties non-légales de la Bible, dans un sens moralisateur ou édifiant. « Il connaît les préceptes, les traditions, les décisions, les coutumes des parchemins et des phylactères » 40.2 . Alors la cérémonie peut s'achever : « on Lui raccourcit les cheveux. Puis on ceint son vêtement rouge avec une longue ceinture qui fait plusieurs fois le tour de la taille. On Lui attache des banderoles au front, au bras et à son manteau. On les fixe avec des sortes de broches » 40.7 , et de même plus loin, le même cérémonial se renouvelle pour Margziam : « Margziam. subit la coupe des cheveux que l'on raccourcit depuis les épaules jusqu'aux oreilles. Puis Pierre, qui a ouvert son petit paquet, en tire une belle ceinture de laine rouge avec des broderies jaune or. Il la serre à la taille de l'enfant. Puis, pendant que les prêtres lui attachent au front et au bras des bandelettes de cuir, Pierre s'affaire à fixer au manteau que Margziam. lui a passé les franges sacrées » 201.5 , ainsi que le prescrit la Loi : « Tu les attacheras comme symbole sur ton bras, et les porteras en fronteau entre les yeux »(Exode 13, 9). FOOTNOTES : Talmud, traité Meguila, 23 b. : Talmud, traité Edujoth, IV, 10.
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La Loi et les 613 préceptes
Durant l'examen de majorité de Jésus, un scribe lui pose la question : « Et les six cent treize préceptes ? » 40.6 . Puis quand Jésus interroge le nouveau disciple Barnabé, celui-ci évoque aussi les 613 préceptes : « Toi, disciple d'un grand rabbi, tu connais certainement les conditions pour qu'une action devienne péché ».« Tout est péché, Seigneur. L'homme pèche continuellement car les préceptes sont plus nombreux que les moments d'une journée ». Barnabé précise sa pensée : « Quand ce n'est pas une action des six-cent-treize préceptes, des traditions, des décisions, des coutumes, des bénédictions et des prières, en plus des dix commandements de la Loi, ou bien quand ce n'est pas comme les scribes enseignent ces choses, alors c'est un péché » 471.6 . Un autre fois, alors qu'un scribe évoque une hypothétique réincarnation , Jésus lui répond sèchement : « Il n'y a pas de réincarnation d'aucune sorte ». « Il y en a qui y croient ». « Ils sont dans l'erreur ». « L'hellénisme a mis en nous aussi ces croyances. Et les savants s'en repaissent et s'en glorifient comme d'une très noble nourriture ». « Contradiction absurde, pour ceux qui crient à l'anathème pour la négligence de l'un des six cent treize préceptes mineurs » 272.3 . Que sont donc ces 613 préceptes ? C'est la liste des prescriptions contenues dans la Torah : 365 interdictions et 248 commandements. Moïse Maïmonide (1138-1204) établit définitivement ce comput des 613 mitzvot, subdivisé en 248 prescriptions positives (une pour chaque membre du corps) et 365 négatives (une pour chaque jour de l'année solaire). Mais étant directement héritée de la Loi de Moïse, rien n'interdit de penser que cette liste était déjà en vigueur au temps de Jésus.
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La distance sabbatique
La prescription du livre de l'Exode ne fixait pas une distance précise. Il était autorisé de se déplacer seulement de « la place du sabbat à l'endroit où se trouvait la nourriture » dans le désert. La Torah fixa cette distance à 12 mil (8 miles) . Avec la construction des villes, et en particulier de Jérusalem, les sages réduisirent cette distance à 1 mil, soit 2000 amot , en dehors des murs de la cité, considérée alors comme la place du sabbat (Minchat Chinuch). C'est le rabbi Gamaliel qui fixa définitivement cette règle. Et c'est ainsi qu'on peut entendre dans l'œuvre : « Nous avons marché pendant un mil, et puis nous nous sommes arrêtés, comme la Loi le prescrit, et nous avons bu l'eau d'un ruisseau » 217.3 . Mais l'usage courant pouvait fort bien faire que cette distance ait été exprimée dans le système de mesure hérité des grecs : « demain c'est la Parascève et, après le coucher du soleil, on ne peut parcourir que six stades. On ne peut faire plus parce que le repos du sabbat est commencé » 194.4 . Cette distance de six stades (6 stades valent 1092 m), donnée à plusieurs reprises dans l'œuvre, est à la fois cohérente et plus convaincante que les diverses estimations données par certains exégètes . Et elle rend également compte de la longue occupation grecque de la Palestine. L'interdiction de travailler le jour du sabbat engendrait toutes sortes d'interrogations. Par exemple était-il permis de se déplacer en barque ce jour là ? Jésus et ses apôtres y répondent par l'affirmative, comme dans cette réflexion désabusée de Pierre: « Nous venons juste de débarquer au "Puits du figuier" venant de Bethsaïda, pour ne pas faire un pas de plus qu'il n'est permis... Il m'a interrogé et j'ai répondu en disant aussi que nous avions évité de marcher, par respect pour le sabbat ». « Ils diront que nous avons fatigué avec la barque ». « Ils en arriveront à dire que nous avons fatigué en respirant ! Imbécile ! C'est la barque qui fatigue, c'est le vent et l'eau, pas nous quand nous allons en barque » 263.1 . Et de fait, les déplacements en barque semblaient être admis, à condition que ce soit à l'aide exclusive de la voile. Une autre question était de définir exactement le début et la fin du sabbat. Cette question fut débattue durant des siècles. Pour déterminer le début du sabbat, les sages conseillèrent d'utiliser un fil rouge et un fil bleu entrelacés, qui étaient tenus devant la lumière décroissante, afin de déterminer le temps de la noirceur. C'était le début du Jour Saint, au moment où les couleurs ne pouvaient plus être distinguées. L'observation de trois étoiles de dimension moyenne a été aussi utilisée comme un moyen pour déterminer le début du nouveau jour . « Le temps qui s'écoule du coucher du soleil au moment où apparaissent trois étoiles, s'appelle : Intra soles. Ce temps appartient-il au jour qui finit ou à la nuit qui commence ? » Maïmonide , qui pose cette question, n'ose pas la résoudre. L'explication donnée par des scribes rejoignant Jésus un soir de sabbat mériterait donc un examen attentif de la part des spécialistes : « Et pour que personne ne pense que nous n'avons pas respecté le sabbat, nous disons à tous que nous avons partagé le parcours en trois temps : le premier jusqu'à ce que la dernière lueur du crépuscule eût vécu ; le second, de six stades, pendant que la lune éclairait les sentiers ; le troisième se termine maintenant et n'a pas dépassé la mesure légale » 472.4 . Un jour, les circonstances entraînent le sanhédriste Jean à déroger à la règle : « Jean ! Mais… te sachant juste, je m'étonne de te voir avant le crépuscule… » « C'est vrai. J'ai violé la loi du Sabbat » 409.1 . Il demande au Maître le pardon de cette faute : « Et de péché en péché, j'en suis venu à violer la loi du sabbat. Absous-moi, Maître ». Jésus replace alors cette prescription là où il convient : « La loi du sabbat ! Grande et sainte loi ! Et loin de Moi la pensée de la juger de peu d'importance et périmée. Mais pourquoi la places-tu avant le premier des commandements ? » 409.3 . Et l'interdiction, selon l'école de Shammaï, même de prier pour la guérison d'un malade pendant le sabbat permet de mieux comprendre l'insistance avec laquelle Jésus, dans l'œuvre, interroge le pharisien Chanania avant d'opérer la guérison de l'hydropique chez Ismaël, un jour de sabbat 335.5.13 . FOOTNOTES : Exode 16, 29. : Soit entre 0,48*2000 m et 0,575*2000 m selon qu'on considérait la coudée naturelle ou la coudée royale, c'est-à-dire entre 960m et 1150m. : Les distances mentionnées varient entre 900m et 1500m selon les auteurs : 900m pour la bible de David Martin en 1744 ; 1 km environ selon la bible d'Osty ; un peu moins d'un kilomètre selon la bible TOB, par exemple. : Berahhoth, fol. 2, 2. : Traité Shabbat, ch. 5. : Tossefta, Shabbat 16, 22.
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Vous serez donc saints, car je suis saint
Lévitique 11, 45 Cette exhortation du Lévitique se trouve accompagnée de nombreuses indications sur la recherche de la sainteté, sur les prescriptions relatives aux sacrifices et sur les lois de purification. Comme on s'y attend désormais avec le texte de Maria Valtorta, la mise en œuvre de tous ces préceptes est parfaitement prise en compte tout au long de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, de façon naturelle et discrète, comme faisant partie des activités ordinaires de la vie quotidienne. Lorsqu'une femme avait donné naissance à un enfant, après 40 jours pour un garçon et 80 jours pour une fille, la mère devait apporter deux offrandes au Temple : un agneau comme sacrifice de remerciement, et une jeune colombe ou une tourterelle comme sacrifice expiatoire. Ainsi pour Elisabeth, qui « offre son agneau bêlant pour l'holocauste et la colombe pour le péché (...) la cérémonie de la présentation du nouvel Israélite et la purification de la mère est encore plus pompeuse que pour la présentation de Marie, parce que Jean est le fils d'un prêtre et les prêtres font grande fête » 25.2 . Et quand Jean d'Endor évoque le souvenir de sa mère, il raconte : « Nous étions des prosélytes et je suis venu dans les bras de ma mère justement pour une Pâque, car je suis né dans les premiers jours d'Adar. Ma mère, qui était de Judée, s'est mise en voyage dès qu'elle a pu, pour offrir à temps son garçon au Seigneur » 197.2 . A Césarée de Philippe, Jésus sauve de la mort un nouveau-né. Dorca, la jeune mère , vient de s'évanouir. « Quand elle va s'éveiller, dites-lui d'appeler l'enfant : Jésaï-Tobie. Je la reverrai au Temple le jour de sa purification » 345.5 . Et de fait, quarante jours plus tard, Jésus croise Dorca au Temple alors qu'elle vient juste d'achever le rite de purification. Tout lépreux guéri devait se purifier huit jours. A l'occasion d'une parabole dite à Nazareth, Jésus rappelle le processus de purification : « le lépreux guérit (...) il doit se montrer au prêtre. Celui-ci, après l'avoir quelque temps examiné avec attention, le fait purifier après un premier sacrifice de deux passereaux. Et après, non pas une, mais deux lessives de ses vêtements, l'homme guéri revient trouver le prêtre avec les agneaux sans tache, l'agnelle et la farine et l'huile prescrits. Le prêtre le conduit alors à la porte du Tabernacle. Voilà alors que l'homme est religieusement admis de nouveau dans le peuple d'Israël » 245.5 . Un vendredi, après avoir guéri Anastasica, Jésus décide : « Donnez-lui du pain et de la nourriture. Et Toi, Mathieu, donne-lui une paire de tes sandales. Moi, je vais lui donner un manteau pour qu'elle puisse aller trouver le prêtre quand elle se sera restaurée. Donne-lui aussi l'obole, Judas, pour les dépenses de la purification » 360.14 . Et le vendredi suivant, donc effectivement huit jours plus tard, alors qu'ils approchent du temple : « Nous devrions trouver aussi la femme guérie de la lèpre, observe le Zélote. Oui, elle a fidèlement observé les préceptes, mais maintenant le temps de la purification doit être accompli » 365.10 . Celui qui avait touché un mort était impur durant sept jours. « Celui qui touchera un mort, un corps humain quelconque, sera impur pendant sept jours »(Nombres 19, 11). Ainsi, après la mort du vieux Saül dans ses bras, à Kérioth, Jésus applique scrupuleusement la Loi. « Je ne change pas la Loi. La Loi, c'est la loi et un Israélite l'observe. Nous sommes impurs. Entre le troisième jour et le septième, nous nous purifierons. Jusque là, nous sommes impurs » 78.9 . FOOTNOTES : Il s'agit sans doute de la veuve Dorcas ressuscitée par Pierre dans Actes 9, 36-41.
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Le calendrier luni-solaire et l'année embolismique
Les mois de l'année sont des mois lunaires d'environ 29 jours 1/2. Les années sont des années solaires de 365 jours 1/4. Dans une année de douze mois lunaires il y a un déficit de près de onze jours sur l'année solaire. Pour éviter ce décalage d'où découlerait un asynchronisme entre les fêtes et les saisons, un treizième mois est rajouté pour certaines années, permettant ainsi de toujours célébrer Pessah le premier mois du printemps. « Vous pouvez tous vous rappeler quelle récolte il y eut en cette année de treize mois comme celle-ci » 114.8 , se remémore Gamaliel au banquet chez Joseph d'Arimathie , évoquant ainsi l'existence d'années embolismiques. Le début du mois est désigné indifféremment dans l'œuvre par le mot tiré du grec : « pour la néoménie de nisan » 566.4 , ou par l'équivalent latin : « son époux est mort aux calendes de Casleu » 345.3 . Mais, comme l'a si bien remarqué Jean Aulagnier, l'indication la plus décisive relative aux calendriers, c'est celle que transmet Synthyché en annonçant la mort de Jean d'Endor : « Jean est mort le sixième jour avant les nones de juin selon les romains, à peu près à la nouvelle lune de Tamuz pour les hébreux » 461.16 . Cette information, bien que linguistiquement incorrecte, permet cependant de faire coïncider les calendrier julien et hébraïques pour toute la période de la vie publique de Jésus. Il y a, bien entendu, dans l'œuvre, de très fréquentes allusions aux mois selon le calendrier hébraïque. Les deux exemples qui suivent donnent une idée de la pertinence de ces évocations. « le quatorzième jour du mois d'Abid, qu'on appelle maintenant Nisan » 413.6 . Nisan est effectivement nommé Aviv ou abid . Ailleurs, la remarque de la vieille Jeanne, à Nazareth : « Maudite lune de Elul, chargée d'influences malignes » 309.1 prend son sens quand on remarque qu'Eloul, dernier mois de l'année civile juive, (ou 6 e de l'année religieuse) est, selon la tradition kabbalistique, le mois de la repentance pendant lequel on récite des prières pénitentielles (selichot). C'est aussi le mois où l'on visite les tombes des êtres chers. FOOTNOTES : Exode 13, 4 ; 23, 15 ; ou 34, 18.
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Les grandes fêtes juives
Trois des grandes fêtes furent à l'origine agricoles et liées au cycle saisonnier. Pessah (la Pâque), fête du printemps, marquait le début des moissons, et Chavouoth (fête des Semaines ou Pentecôte), cinquante jours plus tard, leur fin. A la fin de l'été, Soukkoth (fête des Tabernacles) célébrait les vendanges. Puis très tôt ces fêtes furent associées à des moments de l'histoire d'Israël. La Pâque commémora le départ d'Égypte (Exode). Chavouoth évoqua le don de la Torah sur le Sinaï tandis que les huttes de Soukkoth sous lesquelles les juifs mangeaient rituellement pendant les sept jours de fête, furent assimilées aux tentes du désert lors de l'exode vers la Terre promise. Première fête de pèlerinage, Pessah est appelée également fête des azymes, ou des pains sans levain. « veuille le Très-haut, qui a guidé Israël dans son "Passage", vous guider, en ce pèsac, pour venir dans le sillage de l'Agneau » 354.3 note Maria Valtorta, (avec son orthographe approximative lorsqu'il s'agit de mots hébreux). Et ailleurs : « pendant les journées de la grande Fête des Azymes » 373.1 . La Torah a prévu un jour particulier, un mois après Pessa'h, pour ceux qui se trouvaient impurs pendant la fête et/ou ne pouvaient approcher le Temple pour présenter le sacrifice pascal. C'est un second Pessa'h (Pessa'h Chéni). C'est à l'occasion de cette seconde Pâque que Jésus rassemble tous ceux qu'Il avait éloigné de Jérusalem au jour de la Passion. Barthélemy précise : « le Seigneur sera ici le quatorzième jour du second mois » 636.2 . Et lorsque Jésus apparaît au milieu d'eux, Il dit à Mathias : « Commence le banquet pascal » (...) « Et avec le même rituel que la Cène pascale, celle-ci se déroule : les hymnes, les demandes, les libations » 636.8.9 Lorsque Jésus fait cette prière au Père : « Fais que pour la fête de louange des moissons fécondes de l'année qui vient, ils t'offrent leur vivante gerbe, leur premier-né » 104.4 , Il évoque Chavouoth, la fête des moissons, la Pentecôte. Et la gerbe vivante est un rappel de la cérémonie de l'offrande de la gerbe agitée , qui était faite le jour après le Sabbat qui suit le 15 Nisan. Pour la Pentecôte a lieu le second pèlerinage à Jérusalem. « Nous remonterons de Masada à Kériot et nous irons à Jutta, Hébron, Béthsur, Béther, pour être de nouveau à Jérusalem pour la Pentecôte » 386.3 . La troisième fête de pèlerinage, Soukkoth, a lieu après les vendanges. Quand elle assiste pour la première fois aux préparatifs de la fête, Maria Valtorta ne semble pas bien comprendre. « Il y a quantité de tentes de laine brute, certainement imperméable, étendues sur des pieux fixés au sol, et attachés aux pieux des branches vertes qui y font une fraîche décoration. D'autres, par ailleurs, sont constituées de branches fixées au sol et faisant de petites galeries vertes »3.2. Ce n'est que beaucoup plus loin, quand elle revoit le Camp des Galiléens qu'elle reconnait alors : « le lieu où, dans une vision lointaine, j'ai vu camper Joachim et Anne avec Alphée alors tout petit, près d'autres cabanes de branchages, aux Tabernacles qui précédèrent la conception de la Vierge » 279.1 . La décision de Joachim : « Demain, c'est le dernier jour de supplication. Déjà toutes les offrandes ont été faites, mais nous les renouvellerons encore demain, solennellement » 3.4 évoque le septième jour de Soukkoth (le 21 Tichri) qui s'appelle Hochaana Rabba . Et ce jour est effectivement marqué par des prières de supplications particulières dans lesquelles on implore Dieu. Comparant les trois grands pèlerinages, Maria Valtorta fait cette remarque pertinente : « dans cette fête des Tabernacles, elle est encore plus sensible cette émigration de familles entières, non pas que les pèlerins soient plus nombreux que pour la Pâque ou la Pentecôte, mais parce que, devant vivre sous des cabanes pendant plusieurs jours, ils ont le mobilier que dans les autres solennités tous évitent de traîner derrière eux » 475.3 . Hanoukkah (la Dédicace) commémore la libération du Temple par les Maccabées et sa nouvelle consécration après qu'il ait été profané par le roi grec de Syrie Antiochus IV Epiphane. Depuis on fête dans la joie la consécration de l'autel, chaque année à partir du vingt-cinq kisleu et pendant huit jours. (1 Mac 52-59). Jésus en fait le rappel à ses apôtres : On lit dans les Macchabées que Judas avec les siens, ayant, grâce à la protection du Seigneur, repris le Temple et la Cité, détruisit les autels des dieux étrangers et leurs sanctuaires et purifia le Temple. Puis il dressa un autre autel, se procura du feu avec les pierres à feu, offrit les sacrifices, fit brûler l'encens, posa les lumières et les pains de proposition. Puis tous prosternés par terre, ils supplièrent le Seigneur de faire en sorte de ne plus les faire pécher, ou bien, si par leur faiblesse ils seraient de nouveau tombés dans le péché, qu'ils soient traités avec une miséricorde divine. Et ceci arriva le 25 du mois de Casleu » 132.1 . Et quand Pierre remarque qu'il ne sera pas chez lui en ces jours de fête, pour allumer les lumières, Jésus le console ainsi : « Tu es un grand enfant! Nous les allumerons nous aussi les lampes. Ainsi tu ne feras plus grise mine et c'est toi qui les allumeras ». « Moi ? Pas moi, Seigneur. Tu es notre Chef de famille. C'est à Toi de le faire ». « Moi, je suis toujours une lampe allumée… et je voudrais que vous aussi le soyez. Je suis l'Encénie Éternelle, Pierre » 132.6 . C'est l'école de Hillel qui décida que les lampes ou bougies seraient allumées graduellement : une chaque soir, jusqu'à ce qu'on ait atteint le total de huit. Il est possible qu'au temps du Christ la célébration différait un peu de ce qui se fait maintenant. « Qu'est cette chose ? Le sciemanflorasc ? Qu'est-ce? » Au début du mois d'octobre 29, au retour d'un pèlerinage au mont Nébo, Jésus passe par Jéricho. Il est alors pris violemment à partie par quelques sadducéens qui l'interrogent avec hargne : « Réponds, fou de Nazaréen. Connais-tu le sciemanflorasc ? » 503.9 . Tout comme Simon Pierre, nous nous posons la question : Qu'est-ce que ce sciemanflorasc ? Voici un mot qui n'apparaît dans aucun dictionnaire, et qui semble inconnu aujourd'hui... A peine peut-on, d'après le contexte, supposer qu'il se rapporte à quelque incantation magique. S'agit-il d'une formule d'exorcisme, ou d'un terme secret de magie kabbalistique ? Heureusement dans un ouvrage rare et ancien, l'abbé Bullet nous apporte un début d'explication. Il y a tout lieu de lire ici l'expression hébraïque Schem hamphoras, c'est-à-dire le nom ineffable de Dieu que M. Valtorta a rapporté avec une orthographe phonétique approximative. Un autre auteur explique, au début du 19 e siècle, à l'usage des francs-maçons du rite écossais, que Schem Hammephoras signifie Nomen explicatum, expansum, pronuntiatum : « le nom bien prononcé, bien expliqué ». C'est ce nom que le grand-prêtre prononçait une fois par an dans le temple, le 10 thisri. Quiconque de non autorisé l'aurait alors entendu, aurait encouru immédiatement la peine de mort. Le grand prêtre ne pouvait le transmettre à ses disciple, oralement, qu'une seule fois tous les sept ans. Les kabbalistes affirmaient que le nom de Dieu se décompose en 72 syllabes et 216 lettres, et c'est ce qu'ils appellent Schem hamphoras. (Ce nom serait bâti à partir des versets de 72 lettres du texte hébraïque originel du livre de l'Exode 14, 19-21). Ce nom fut remplacé ensuite par le Tétragramme, le nom de 4 lettres : Yod, He, Vau, He. (Yahvé). C'est aussi sous le titre Vom Schem Hamephoras qu'en 1546 Martin Luther fit paraître un violent pamphlet anti judaïque. Et de nos jours le schemhamphoras est devenu un article de magie, vendu comme talisman dans les boutiques de magie et d'ésotérisme. Dans son ouvrage, l'abbé Bullet cite quelques textes juifs forts rares qui affirment justement que Jésus faisait des prodiges « parce qu'Il avait découvert le nom secret de Dieu ». La question posée par les docteurs de la loi, et la réponse de Jésus à Pierre : « Ils confondent la Vérité avec le Mensonge, Dieu avec Satan, et dans leur orgueil satanique ils pensent que Dieu pour se plier aux volontés des hommes a besoin d'être conjuré par son tétragramme » 503.10 prennent alors tout leur sens, et deviennent des arguments très forts en faveur de l'authenticité de cette vision par M. Valtorta. Il semble bien en effet que le mot sciemanflorasc n'eut pas plus de sens pour M. Valtorta que n'en eut en son temps, pour Bernadette Soubirous à Lourdes, la réponse de la Vierge Marie « que soy era immaculada conceptiou ». FOOTNOTES : Abbé Bullet, Histoire de l'établissement du Christianisme 1764, réédition de 1825, p 140 et suivantes. : F.-H. Stanislas de l'Aulnaye, Thuileur des trente-trois degrés de l'écossisme de rit ancien dit accepté 1813 page 92.
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La solution de problèmes exégétiques ?
Depuis des siècles et des siècles, une foule de savants docteurs en exégèse discutent de l'interprétation de tel ou tel passage des Saintes Ecritures. Ils comparent les manuscrits les plus anciens pour en améliorer les traductions modernes, pour solutionner certaines ambiguïtés et des erreurs de transcriptions, ou pour en clarifier la compréhension. On trouve d'ailleurs cette intéressante remarque de Jésus à Maria : « Je te fais seulement remarquer comment une seule phrase omise ou un mot mal retranscrit peut tout changer. Et toi qui écris, tu es vive et tu peux réparer l'erreur aussitôt. Réfléchis donc et comprends comment vingt siècles ont pu priver l'Evangile apostolique de certaines parties ; certes, cela ne nuit pas à la doctrine, mais à la facilité de comprendre l'Evangile. Cela explique bien des choses. Si nous remontons aux origines, nous y découvrons encore une fois une manœuvre du Désordre, et l'on en attribue aux fils du Désordre beaucoup d'autres. Tu vois comme il est facile de faire des erreurs de transcription » 165.11 . Ce délicat travail d'analyse requiert une longue formation et des compétences très spécifiques. Il est donc totalement hors de mon propos de me livrer à de telles analyses, sous peine que l'on me retourne à juste titre le compliment que j'ai précédemment adressé au critique de L'Osservatore Romano ... Je me bornerai donc à évoquer maintenant quelques unes des solutions qui semblent être apportées tout naturellement par le récit de Maria Valtorta à d'innombrables questions exégétiques régulièrement soulevées au long des siècles, laissant aux spécialistes le soin d'en faire une analyse plus approfondie. C'est d'ailleurs l'un des objectifs de cette œuvre, d'après cette indication de Jésus dans l'adieu à l'œuvre : « Et cette Œuvre a encore pour but d'éclairer des points qu'un ensemble complexe de circonstances a couvert de ténèbres et forme ainsi des zones obscures dans la clarté du tableau évangélique et des points qui semblent des ruptures, et ne sont que des points devenus obscurs, entre l'un ou l'autre épisode, points indéchiffrables et dans l'éclaircissement desquels se trouve la clef pour comprendre exactement certaines situations qui s'étaient créées et certaines manières fortes que j'avais dû avoir, qui contrastaient tellement avec mes exhortations continuelles au pardon, à la douceur et à l'humilité, certaines raideurs envers des adversaires entêtés et que rien ne pouvait convertir » 652.IV .
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Bis repetita placent...
Horace Durant les trois années de sa vie publique, Jésus est parfois revenu à plusieurs occasions sur le même enseignement, a pu reproduire un même miracle, se retrouver dans des situations similaires. Naturellement les faits ne sont pas rapportés à l'identique par les divers témoins, et les exégètes ont alors bien du mal à s'y retrouver. Ils hésitent parfois entre fusionner ou distinguer ces faits. Les marchands ont-ils été chassés une ou deux fois du temple ? Y a-t-il eu une ou deux multiplication des pains ? La question sur le plus grand commandement a-t-elle été posée plusieurs fois ? L'onction de la pécheresse et l'onction à Béthanie sont-elles l'œuvre de deux personnes distinctes ou d'une unique personne ? Ce sont là quelques unes des questions posées. A toutes ces interrogations, le texte de Maria Valtorta donne une réponse claire et probante, et qui plus est, semble concilier parfaitement les différentes versions évangéliques. Voyons cela un peu plus en détail. FOOTNOTES : « Les choses répétées plaisent » : Horace, Art poétique, v. 365.
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Les marchands chassés du Temple
Tandis que les évangiles synoptiques décrivent Jésus chassant les marchands du Temple un peu avant la Passion , Jean dans son évangile place un événement similaire au début de la vie publique (Jean 2, 13-22). Jésus arrive au Temple pour la première Pâque, en compagnie de ses disciples : Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélémy. Là Il est scandalisé en voyant comment un marchand abuse de la faiblesse d'un couple de « petits vieux, à moitié aveugles ». Il tente de lui faire réparer l'injustice. « Jésus se retourne vers l'homme aux agneaux : Change cet agneau à ces fidèles. Il n'est pas digne de l'autel comme il n'est pas digne que tu profites de deux pauvres vieux parce que faibles et sans défense » 53.3 . Et c'est l'intransigeance, la provocation et même les menaces des marchands contre ces personnes âgées et sans défense qui déclenchent « sa sainte colère ». « Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela, en troublant les cérémonies prescrites? De quelle école proviens-tu ? Pour nous, nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es ». « Je suis Celui qui peut. Je peux tout » 53.5 . Ainsi débute la première manifestation publique du Christ. Et lorsque une cinquantaine de jours plus tard, il retrouve Judas au Temple, Jésus lui demande : « Appelle-moi le magistrat responsable. Je dois me faire reconnaître pour qu'on ne dise pas que je manque aux coutumes et au respect ». « L'autre fois, tu ne l'as pas fait ». « L'autre fois j'étais brûlé par le zèle de la Maison de Dieu profanée par trop de choses. L'autre fois, j'étais le Fils du Père, l'Héritier qui, au Nom du Père et par amour de ma Maison, agissait avec sa majesté à laquelle sont inférieurs les magistrats et les prêtres. Maintenant, je suis le Maître d'Israël et à Israël, j'enseigne aussi cette chose » 68.1 . Lors de la troisième Pâque, Maria Valtorta décrit un fait qui n'est pas rapporté par les évangélistes : « Les voilà dans le Temple, dans le grouillement peu sacré des premières cours où sont les marchands et les changeurs. Jésus regarde et frémit. Il pâlit et paraît grandir encore tant est solennelle sa démarche sévère. L'Iscariote le tente : "Pourquoi ne répètes-tu pas le geste saint? Tu le vois ? Ils ont oublié… et la profanation est de nouveau dans la Maison de Dieu. Tu ne t'en émeus pas ? Tu ne te dresses pas pour la défendre ?" ». « Ce n'est pas l'heure. Mais tout cela sera purifié. Et pour toujours ! dit Jésus avec décision » 364.5 . La seconde intervention contre les marchands a lieu après l'entrée triomphale dans Jérusalem, juste avant la dernière Pâque. Elle a une toute autre motivation, qui est indiquée par Jésus : « Ma colère contre les profanateurs du Temple est la conséquence logique de ma méditation sur les malheurs prochains de Jérusalem » 590.9 . « Jésus tonne d'une voix puissante : "Hors de la maison de mon Père ! Ce n'est pas un lieu d'usure et de marché... Il est écrit : "Ma maison sera appelée maison de prière". Pourquoi donc en avez-vous fait une caverne de voleurs, de cette maison où on invoque le Nom du Seigneur ? Hors d'ici ! Purifiez ma Maison. Qu'il ne vous arrive pas qu'au lieu de me servir de cordes je vous frappe avec les foudres de la colère céleste. Hors d'ici ! Hors d'ici les voleurs, les brocanteurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les idolâtres de la pire idolâtrie : celle du propre moi orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors ! Dehors ! Ou bien le Dieu Très-Haut balayera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple » 590.19 . Et Maria Valtorta précise alors : « Il ne répète pas la fustigation de l'autre fois, mais comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant balances et pièces de monnaie sur le sol » 590.19 . Toutes ces précisions peuvent donc donner matière à réflexion à qui douterait que Jésus soit intervenu à deux reprises pour chasser les marchands du Temple. FOOTNOTES : Matthieu 21, 12-13 ; Marc 11, 15-17 ; Luc 19, 45-46.
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Les deux multiplications des pains
Le texte de Maria Valtorta situe la première multiplication juste après l'annonce de la mort de Jean Baptiste. Jésus quitte alors de nuit Bethsaïda pour s'isoler avec ses apôtres au sud du lac, près de Tarichée . Les quatre évangélistes se font l'écho de ce miracle . Et le récit de Maria Valtorta nous montre aussi comment ce miracle va affermir la foi encore incertaine d'un scribe : « Jésus regarde fixement le scribe qui est toujours resté près de Lui et lui demande : Veux-tu donner, toi aussi, la nourriture aux affamés ? ». « Cela me plairait, mais moi aussi j'en suis démuni ». « Donne la mienne. Je te le permets ». « Mais… tu as l'intention de rassasier presque cinq mille hommes, et en plus les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains ? ». « Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit, verra s'accomplir le miracle » 273.3 . Signalons au passage que Jean évoque un jeune garçon dont Maria Valtorta nous précise qu'il s'agit de Margziam (le futur saint Martial), ce qui est conforme avec une ancienne tradition limougeaude . (voir pour plus de détails le chapitre Les témoins oculaires) La deuxième multiplication n'est rapportée que par Matthieu (15, 32-38) et Marc (8, 1-9), et se situerait au bord du lac et en Décapole ce qui est compatible avec la région d'Hippo d'après les indices fournis par Maria Valtorta. « J'ai pitié de ces gens. Ils me suivent depuis trois jours. Ils n'ont plus de provisions avec eux. Nous sommes loin de tout village. Je crains que les plus faibles souffrent trop, si Moi je les renvoie sans les nourrir » 353.2 .Bien des exégètes ont cru voir assez de similitudes avec la première multiplication pour considérer que Marc et Matthieu ont donné deux récits d'un seul et unique miracle . Dans L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, aucune ambigüité possible : il s'agit bel et bien de deux miracles distincts, l'un en territoire juif, et l'autre en pays païen... FOOTNOTES : Luc est le seul à évoquer la région de Bethsaïda (9, 10), tandis que Jean (6, 1) dit : « Jésus s'en alla de l'autre côté de la mer de Galilée ». : Matthieu 14, 13-21 ; Luc 9, 10-17 ; Marc 6, 35-44 ; Jean 6, 1-13. : Adémar de Chabannes (989-1034) dans Vita prolixior sancti Martialis identifie St Martial avec le jeune enfant qui offrit les pains et les poissons à Jésus pour leur multiplication. : Voir par exemple la note Marc 8,8 de la bible d'Osty.
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Les deux questions sur le plus grand commandement
Nous sommes dans le Temple de Jérusalem, au moment de la fête de Tabernacles de la seconde année de sa vie publique, et Jésus vient de proposer à ses auditeurs la parabole des talents (Matthieu 25, 14-30 et Luc 19, 11-27). Il conclut ainsi : « Infinies sont les surprises du Seigneur parce qu'innombrables sont les réactions de l'homme. Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des israélites purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie » 281.9 . « Mais un docteur de la Loi, qui s'était assis pour écouter sérieusement sous le portique, se lève et s'avance en demandant: Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? Tu as répondu à d'autres, réponds-moi à moi aussi ». « Pourquoi veux-tu me tenter ? Pourquoi veux-tu mentir ? Espères-tu que je dise des choses qui déforment la Loi parce que je lui ajoute des idées plus lumineuses et plus parfaites ? Qu'est-ce qui est écrit dans la Loi ? Réponds ! Quel est son principal commandement ? » 281.10 . Cet épisode est rapporté par Luc (10, 25-28) juste avant la parabole du bon Samaritain. Les commentateurs de la bible rapprochent souvent ce passage de Luc avec un épisode du mercredi saint, rapporté par Matthieu (22, 34-40) et Marc (12, 28-34) où la même question est posée à Jésus, et à laquelle Il répond en proclamant la prière du Chema (Dt 6, 4) : « Écoute, ô Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. C'est le premier et suprême commandement. Le second ensuite est semblable à celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandements plus grands que ceux-ci. Ils renferment toute la Loi et les prophètes » . 596.2 . Le récit rapporté par Maria Valtorta montre clairement que les deux épisodes sont distincts, et que la question sur le plus grand commandement a été effectivement posée deux fois.
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La pécheresse et les deux "Marie"
Voici bien une question qui fit l'objet de débats intenses parmi les exégètes : faut-il voir en la pécheresse repentie, en Marie de Béthanie, et en Marie de Magdala une seule personne, ou deux ou trois personnes distinctes ? Les évangiles peuvent sembler distinguer trois personnes. Les quatre évangélistes diffèrent sur certains détails, mais comme ces trois femmes présentent des points communs, (notamment au niveau de leur tempérament de feu), les Pères de l'Eglise ont discuté pour savoir s'il s'agissait d'une seule et unique sainte . C'est finalement au début du 7ème siècle en Occident, et vers le 9 ème siècle en Orient qu'apparaît un accord sur l'unicité de la femme au parfum en lui donnant le nom de Madeleine, ou Marie-Madeleine. Dans son œuvre, Maria Valtorta ne laisse place à aucune incertitude : la pécheresse repentie, c'est Marie de Magdala, la sœur de Lazare et de Marthe. Elle est dite de Magdala tout simplement parce que c'est là, à proximité de Tibériade, qu'elle avait trouvé refuge dans une propriété appartenant à sa famille, pour donner libre cours à sa vie licencieuse. Il y a donc une seule et unique personne : « Marie de Magdala, la grande pécheresse d'Israël, celle qui n'avait pas d'excuse pour son péché, est revenue au Seigneur » 250.5 . Sa conversion est si totale que son frère Lazare s'interroge : « Moi… je ne puis comprendre où elle trouve la sagesse, les paroles, les actes qu'elle trouve et qui édifient toute la maison. Moi, je la regarde comme on regarde un mystère. Mais comment tant de feu, tant de gemmes pouvaient-ils être cachés sous tant d'ordure et y vivre à leur aise ? Ni moi, ni Marthe ne nous élevons ou elle s'élève. Comment le peut-elle si elle a eu ses ailes brisées par le vice ? Moi, je ne comprends pas » 279.2 . « Et il n'est pas nécessaire que tu comprennes. Il suffit que je comprenne, Moi. Mais je te le dis: Marie a retourné vers le Bien les puissantes énergies de son être. Elle a dirigé son tempérament vers la Perfection. Et comme elle a un tempérament d'une puissance absolue, elle s'élance sans réserve par ce chemin. Elle fait servir son expérience du mal pour être puissante dans le bien comme elle l'a été dans le mal, et mettant en œuvre la même méthode de se donner toute entière qu'elle avait dans le péché, elle se donne toute entière à Dieu. Elle a compris la loi "d'aimer Dieu avec tout soi-même, avec son corps, avec son âme, avec toutes ses forces". Si Israël était composé de Marie, si le monde était fait de Marie, nous aurions sur la terre le Royaume de Dieu, tel qu'il sera dans les hauteurs du Ciel ». « Oh ! Maître, Maître ! Et c'est Marie de Magdala, celle qui mérite ces paroles ! » 279.3 . Ces paroles, comme tant d'autres tout au long de l'œuvre, permettent aussi de démystifier certaines interprétations gnostiques, modernistes ou parfois même blasphématoires de l'évangile de Marie-Madeleine et d'autres textes apocryphes. Elles permettent aussi de comprendre pourquoi les apôtres, puis les évangélistes, par admiration et respect devant la totale conversion de Marie-Madeleine, n'évoquèrent son passé de pécheresse que sous couvert d'anonymat, pour ne nommer clairement que Marie la disciple. Et c'est parce que « Marie sait aimer plus que tous » 550.3 , aimer « avec une séraphique ardeur » 377.7 qu'elle eut le privilège d'être la première à voir le Seigneur ressuscité. Un Joseph Barsabbas et un Joseph Barnabas ? Lorsqu'il fut décidé de trouver un remplaçant à Judas, Luc (Actes 1, 21-23) nous indique : « On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas , surnommé Justus, et Matthias ». Puis un peu plus loin (Actes 4, 36), il raconte le don généreux d'un disciple : « Joseph appelé en outre Barnabas par les Apôtres - ce qui s'interprète fils de consolation - Chypriote, lévite de naissance ». Le même prénom, deux surnoms presque semblables, et probablement quelques erreurs malheureuses de copistes, il n'en fallait pas plus pour que soit posée la question. S'agit-il de deux personnages différents, ou d'un seul et même disciple ? Les avis sont partagés parmi les biblistes, et personne n'a réussi à convaincre l'ensemble de ses confrères. Pour Maria Valtorta, la question ne se pose même pas. Le compagnon de Matthias, « un de ces hommes qui ont accompagné les apôtres pendant tout le temps que le Seigneur Jésus est allé et venu parmi eux » (selon Actes 1, 21 ), c'est le berger Joseph , que Jésus a spécialement choisi comme disciple dès l'été 27, en disant : « Je retiens ce fils (et il montre Joseph) car je lui délègue la charge de porter à ses compagnons mes paroles, pour qu'il se forme là un noyau solide qui ne m'annonce pas seulement en faisant connaître mon existence, mais les caractéristiques les plus essentielles de ma doctrine » 91.1 . Il est plus précisément nommé « Joseph, fils de Joseph de Saba » 639.5 lors de l'élection de Matthias. Dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, il ne saurait être confondu avec Joseph Barnabé, le lévite, élève fidèle de Gamaliel, et futur compagnon de saint Paul, reçu officiellement disciple à la dernière heure, juste avant la Passion : « toi, Barnabé qui as quitté tes compagnons aujourd'hui pour me suivre » 592.20 . * Bien entendu, le texte de Maria Valtorta ne se borne pas à apporter sa solution à ces quelques doublons évangéliques. C'est presque à chaque paragraphe qu'on peut trouver de tels éclaircissements, sans qu'il y paraisse toujours, tant ils s'intègrent naturellement dans le discours. Et une fois de plus je dois me résoudre à en choisir arbitrairement quelques uns parmi la multitude. Voici donc maintenant quelques exemples qui illustrent comment L'Evangile tel qu'il m'a été révélé peut aider à une meilleure compréhension de quelques passages évangéliques ou bibliques. FOOTNOTES : L'éminent bibliste P. Lagrange a examiné comment fut traitée cette question chez les écrivains ecclésiastiques anciens. Clément d'Alexandrie conclut à une seule personne pour les deux onctions. Origène, y voyant une allégorie, a oscillé entre l'unité et la pluralité. Eusèbe incline pour l'unité. Tertullien confond les scènes en une seule. St Hilaire distingue 2 femmes. St Ambroise s'inspire d'Origène en une solution nuancée : 2 femmes, ou une pécheresse devenue sainte. St Jérôme hésite entre 2 femmes. St Paulin et St Cassien sont pour l'unité. St Augustin penche un temps pour l'unité puis semble aller plutôt en sens contraire. St Grégoire le Grand confond les 3 femmes en une seule, et ce sera désormais la position de l'Occident, encore que St Thomas d'Aquin ait constaté les divergences des Pères qui laissent libre l'exégèse. Les Syriens quant à eux ont incliné vers la distinction des personnes, avec Tatien et St Jean Chrysostome. : Le Codex Bezae et les manuscrits occidentaux portent barnabbas, les autres manuscrits portent barsabbas. : De l'hébreu « bar-navi » qui signifie littéralement « fils du prophète » ou bien « fils de consolation » et qui devient en français Barnabé. : Pour plus de détails, voir le chapitre « Les témoins oculaires ».
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Un verset biblique disparu...
Voici pour commencer un bref sujet susceptible d'intéresser quelques biblistes. Relatant un discours de Jésus à Capharnaüm, Maria Valtorta écrit : « Jésus achève son discours en disant : Après avoir contemplé ensemble la grande phrase de Salomon : "C'est dans l'abondance de la justice que se trouve la plus grande force", je vous exhorte à posséder cette abondance parce que c'est la monnaie qu'il faut pour entrer dans le Royaume des Cieux » 266.1 . Cette grande phrase de Salomon figurait en seconde partie de Proverbes 15, 5 dans d'anciennes versions de la bible telles que celle de Louis-Claude Fillion 1855 ou que la grande Bible de Tours 1866 . Or curieusement elle semble avoir complètement disparu des versions françaises à partir de 1870 . Pour quelle raison a-t-elle été supprimée ? Elle figurait encore sur les versions italiennes en 1940 (avec une note indiquant son absence des versions hébraïques). Elle a été supprimée après le concile Vatican II. FOOTNOTES : « Dans l'abondance de la justice se trouve une très grande force ». : « La justice abondante aura une grande vertu ». : Cette phrase est absente des bibles de Darby 1872 ; de Neufchatel 1900 ; de Crampon 1923 ; d'Osty 1973 ; de la Bible de Jérusalem 1975 ; de Chouraqui 1987 ; de la TOB, et aucune de ces bibles n'évoque la raison de cette « disparition ».
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Une traduction qui semble poser problème...
Ailleurs Maria Valtorta nous rapporte ce dialogue entre Manaën et Jésus : « Je voudrais avoir le vrai courage de tout abandonner pour te suivre complètement, comme ces disciples que tu attends. Mais y réussirai-je jamais ? Nous qui ne sommes pas du peuple, nous hésitons davantage à te suivre. Pourquoi ? » « Parce que pour vous retenir, vous avez les tentacules des pauvres richesses ». « A vrai dire je sais aussi que certains qui ne sont pas riches, à proprement parler, mais savants ou en passe de le devenir, eux aussi ne viennent pas ». « Eux aussi ont les tentacules des pauvres richesses qui les retiennent. On n'est pas riche seulement d'argent. Il y a aussi la richesse du savoir. Peu de gens arrivent à reconnaître comme Salomon : "Vanité des vanités. Tout n'est que vanité", reprise et amplifiée non seulement matériellement mais en profondeur dans le Qôhélet. As-tu cette pensée présente à l'esprit ? La science humaine est vanité, car augmenter seulement le savoir humain "c'est fatigue et affliction de l'esprit et qui développe la science développe aussi les ennuis". En vérité je te dis qu'il en est ainsi. Et je dis aussi qu'il n'en serait pas ainsi si la science humaine était soutenue et consolidée par la sagesse surnaturelle et le saint amour de Dieu » 270.2 . Ainsi exprimé ( par Jésus ) avec son contexte, la compréhension de cette citation (Ecclésiaste 1, 18) ne semble pas poser de problème. Pourtant il en va tout autrement lorsqu'on examine les traductions concises ou laconiques que quelques biblistes ont fait de ce verset : Bible d'Osty : « Beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin, surcroît de science, surcroît de douleur » ; Bible de Chouraqui : « Oui, à trop de sagesse, trop d'irritation; qui ajoute à la pénétration ajoute à la douleur » ; Bible de Jérusalem : « Beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin; plus de savoir, plus de douleur » ; Bible de Louis Segond : « Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur » ; Traduction Œcuménique de la bible (TOB) : « Car avec beaucoup de sagesse il y a beaucoup d'affliction; qui augmente le savoir augmente la douleur ». Comment Maria Valtorta aurait-elle pu interpréter de sa propre initiative un texte qui à l'évidence a posé quelques problèmes de transcription aux spécialistes ? FOOTNOTES : Curieusement, dans un discours du 17/01/2008, Benoît XVI déclarait: « Augustin a affirmé une réciprocité entre "scientia" et "tristitia": le simple savoir, dit-il, rend triste. Et de fait, celui qui voit et qui apprend seulement tout ce qui survient dans le monde finit par devenir triste ». Ce qui semble tout à fait être un commentaire « éclairé » de ce verset biblique.
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La femme adultère et les signes mystérieux sur le sol
Jean (8, 1-11) relate cet épisode. « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère... C'est une adultère, et comme telle doit être lapidée. Moïse l'a dit... Et Toi, Maître, qu'en dis-tu ? » 494.1 . Dans son récit Jean indique laconiquement que pour toute réponse, « Jésus, se baissant, écrivait du doigt sur le sol ». Mais quels étaient donc ces signes : de simples griffonnages ou quelque message mystérieux ? Jean n'en dit rien. Beaucoup de commentateurs voient dans cette attitude de Jésus un signe de mépris ou de dédain envers les pharisiens « sans doute pour indiquer qu'il ne prend aucun intérêt à leur tribunal » ajoutent-ils. D'autres pensent que Jésus « prend un air détaché... en griffonnant négligemment » , ou même qu'Il agit « Comme un homme ennuyé qui ne veut pas répondre ou qui veut réfléchir et prendre le temps de peser sa réponse avant de la donner ». Osty, dans sa bible, affirme même: « Jésus n'écrivait pas leurs pêchés ». Je n'en ai trouvé aucun, même parmi les Pères de l'Eglise, si ce n'est saint Jérôme , donnant l'interprétation transmise par Maria Valtorta. C'est pourtant l'explication qui personnellement me semble de loin la plus convaincante. Laissons donc Maria Valtorta nous décrire cette scène : « Jésus écrit. Il écrit et, avec le pied chaussé de sa sandale, Il efface et Il écrit plus loin, en tournant lentement sur Lui-même pour trouver de la place. On dirait un enfant qui s'amuse. Mais ce qu'il écrit, ce ne sont pas des mots pour rire. Il a écrit successivement : "Usurier", "Faux", "Fils irrespectueux", "Fornicateur", "Assassin", "Profanateur de la Loi", "Voleur", "Luxurieux", "Usurpateur", "Mari et père indigne", "Blasphémateur", "Rebelle à Dieu", "Adultère". Il écrit et écrit de nouveau pendant que parlent de nouveaux accusateurs ». « Mais, en somme, Maître! Ton jugement. La femme doit être jugée. Elle ne peut de son poids contaminer la Terre. Son souffle est un venin qui trouble les cœurs ». « Jésus se lève. Miséricorde ! Quel visage ! Ce sont des éclairs qui tombent sur les accusateurs. Il semble encore plus grand tant il redresse la tête. Le visage fermé et sans la plus lointaine trace de sourire sur les lèvres ni dans les yeux, il plante ces yeux en face de la foule qui recule comme devant deux lames acérées. Il les fixe un par un avec une intensité de recherche qui fait peur. Ceux qu'il fixe cherchent à reculer dans la foule et s'y perdre, ainsi le cercle s'élargit et s'effrite comme miné par une force cachée ». « Finalement, il parle : "Que celui d'entre vous qui est sans péché jette à la femme la première pierre". Et sa voix est un tonnerre qu'accompagnent des regards encore plus fulgurants. Jésus s'est croisé les bras, et il reste ainsi: droit comme un juge qui attend. Son regard ne donne pas de paix : il fouille, pénètre, accuse » 494.2 . Devant une si brillante évocation de cette scène évangélique, est-il utile d'ajouter le moindre commentaire ? FOOTNOTES : Plusieurs de ces commentaires sont consultables sur Internet : Saint Jérôme (Contr. Jovin.) imagine que Jésus ait pu écrire sur le pavé du temple les péchés des cruels accusateurs : « Eorum qui accusabant, peccata descripsit ».
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Jean et la tentative d'élire Jésus roi
" Jésus, sachant qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne " Jn 6, 15 Seul l'apôtre Jean évoque cette tentative d'enlèvement de Jésus pour le faire roi. Or Maria Valtorta nous relate cet événement dans un épisode dramatique, palpitant et particulièrement éclairant. Jean a observé de loin cette réunion secrète chez Chouza. Jésus s'en échappe profondément contrit : « Tu pleurais ?… Que t'ont-ils fait, mon Seigneur ? T'ont-ils insulté? Frappé ? » « Non. Ils voulaient me faire roi. Un pauvre roi, Jean ! Et plusieurs voulaient le faire de bonne foi, par un amour vrai, dans une bonne intention… Le plus grand nombre… pour pouvoir me dénoncer et se débarrasser de Moi » 464.15 . Il s'ensuit alors un dialogue émouvant entre le Seigneur et son apôtre bien-aimé : « Ils voulaient te faire roi ? Mais ils n'ont pas encore compris que ton Royaume n'est pas de cette Terre ? ». « Ils n'ont pas compris ! « Sans donner de noms, raconte-moi, Seigneur… » « Mais tu ne diras pas ce que je t'ai dit ? » « Si tu ne veux pas, Seigneur, je ne le dirai pas » « Tu ne le diras que quand les hommes voudront me présenter comme un ordinaire chef populaire. Un jour cela viendra. Tu seras là et tu diras : Lui n'a pas été un roi de la Terre parce qu'il ne l'a pas voulu, parce que son Royaume n'était pas de ce monde. Lui était le Fils de Dieu, le Verbe Incarné, et il ne pouvait pas accepter ce qui est terrestre. Il a voulu venir dans le monde et revêtir une chair pour racheter la chair et les âmes et le monde, mais il n'a pas voulu accepter les pompes du monde et les foyers du péché, et il n'a eu en Lui rien de charnel ni de mondain. La Lumière ne s'est pas enveloppée de ténèbres, l'Infini n'a pas accueilli des choses finies, mais des créatures, limitées par la chair et le péché, il a fait des créatures qui désormais Lui ressembleraient davantage en amenant ceux qui croient en Lui à la vraie royauté et en établissant son Règne dans les cœurs, avant de l'établir dans les Cieux, où il sera complet et éternel avec tous ceux qui seront sauvés. Tu diras cela, Jean, à ceux qui ne voudront voir en Moi qu'un homme, et à ceux qui ne verront en Moi qu'un esprit, à ceux qui nieront que j'ai subi la tentation… et la douleur… Tu diras aux hommes que le Rédempteur a pleuré... et qu'eux, les hommes, ont été rachetés aussi par mes larmes » 464.16 . Il semble probable que les exégètes qui analyseront ce chapitre dans son intégralité y trouveront de nombreux éclaircissements sur la personnalité et le témoignage de saint Jean. Les historiens quant à eux pourraient y découvrir de très intéressants éléments sur les intrigues politiciennes qui agitaient la Judée en ce début de premier siècle.
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Le levain des pharisiens
L'évangéliste Marc (8,14-21) relate un épisode qui resterait assez obscur, si nous n'avions pas la version plus explicite de Matthieu (16, 5-12). Mais lorsqu'on lit le récit que nous a transmis Maria Valtorta tout semble devenir parfaitement limpide : « Ne comprenez-vous pas à quel levain je fais allusion? À celui qui fermente dans le cœur des pharisiens, des sadducéens et des docteurs, contre Moi. C'est la haine et c'est l'hérésie. Or vous êtes en train d'aller vers la haine comme s'il était entré en vous une partie du levain pharisaïque. On ne doit pas haïr même celui qui est notre ennemi. N'ouvrez pas, même un soupirail, à ce qui n'est pas Dieu. Derrière le premier élément en entreraient d'autres contraires à Dieu. Parfois, pour vouloir combattre les ennemis à armes égales, on finit par périr ou être vaincu. Et une fois vaincus, vous pourriez à leur contact absorber leurs doctrines. Non. Ayez charité et réserve. Vous n'avez pas encore en vous suffisamment pour pouvoir les combattre, ces doctrines, sans en être infectés. Car certains éléments qu'elles ont, vous les avez vous aussi. Et la rancœur à leur égard en est un. Je vous dis encore qu'ils pourraient changer de méthode pour vous séduire et vous enlever à Moi, en usant de mille gentillesses, en se montrant repentis, désireux de faire la paix. Vous ne devez pas les fuir. Mais quand ils chercheront à vous donner leurs doctrines, sachez ne pas les accueillir. Voilà ce qu'est le levain dont je parle: l'animosité qui est contraire à l'amour, et les fausses doctrines. Je vous le dis: soyez prudents » 343.2 .
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Le verset 6,12 du Cantique des Cantiques interprété ?
Le jour de la première multiplication des pains, juste avant le miracle, un scribe vient provoquer Jésus et lui dit : « Tu le vois Tu fuis. Mais c'est inutile. La haine et l'amour sont ingénieux pour te trouver. Ici, c'est l'amour qui t'a trouvé comme dit le Cantique. Désormais pour trop de gens tu es comme l'Époux des Cantiques et on vient à Toi comme la Sulamite va vers son époux en bravant les gardes de ronde et les quadriges d'Aminadab ! » 272.2 . Cette dernière phrase parfaitement intelligible ici, devrait grandement intéresser les exégètes, puisqu'elle fait semble-t-il allusion aux versets 3,3, et 6,12 du Cantique des Cantiques, ce dernier étant considéré comme incompréhensible par la plupart des traducteurs de la bible : Louis Segond : « Je ne sais, je me suis mise.. chars d'Ammi-Nadib » Bible de Jérusalem : « il a fait de moi les chariots d'Ammi-nadîb » ? Osty : préfère ne pas traduire et s'en explique dans une longue note. TOB : « il me rend timide bien que fille de nobles gens » ? Chouraqui : « je ne sais mais mon être m'a mise aux chars de mon peuple prince » ?
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Une phrase un peu absconse...
Excepté pour quelques biblistes, n'est-t-elle pas obscure pour nous, aujourd'hui, cette remarque de Thomas alors que le groupe apostolique traverse le pays de Galaad : « Hum ! je ne voudrais pas qu'après des siècles ce pays se venge sur nous de la vilaine surprise qui lui est venue d'Israël ! » 359.1 . Qui sait si Maria Valtorta elle-même a saisi l'allusion, pourtant certainement évidente pour les contemporains de Jésus, à la victoire surprise de Judas Macchabée sur les habitants de la Galaaditide et sur leur chef Timothée (1 Maccabées 5,9-55).
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La parabole de la drachme perdue
C'est une parabole rapportée fort brièvement par le seul saint Luc (15,8-10). Maria Valtorta nous en donne deux pleines pages superbes, visant dans un premier temps à réhabiliter Marie Madeleine récemment convertie, auprès des habitants de Magdala. En voici un bref aperçu : « Toute âme est un trésor et Satan, qui hait Dieu, provoque les mauvais mouvements pour faire tomber les pauvres âmes. Il y en a qui dans la chute s'arrêtent près de la bourse, c'est-à-dire vont à peu de distance de la Loi de Dieu qui garde les âmes sous la protection des commandements. Et il y en a qui vont plus loin, c'est-à-dire s'éloignent davantage encore de Dieu et de sa Loi. Il y en a enfin qui roulent jusque dans les balayures, les ordures, la boue. Et là elles finiraient par périr et être brûlées dans les feux éternels, comme les immondices que l'on brûle dans des endroits spéciaux. Le Maître le sait et il cherche inlassablement les pièces perdues. Il les cherche partout, avec amour. Ce sont ses trésors, et il ne se fatigue pas, ni ne se laisse dégoûter par rien. Mais il fouille, il fouille, remue, balaie, jusqu'à ce qu'il trouve. Et lorsqu'il a trouvé, il lave par son pardon l'âme retrouvée, et il appelle ses amis: le Paradis tout entier et tous les bons de la terre, et dit: "Réjouissez-vous avec Moi, parce que j'ai trouvé ce qui s'était égaré et c'est plus beau qu'auparavant car mon pardon en a fait quelque chose de nouveau". En vérité je vous dis qu'il y a grande fête au Ciel et que les anges de Dieu et les bons de la terre se réjouissent pour un pécheur qui se convertit. En vérité je vous dis qu'il n'y a rien de plus beau que les larmes du repentir. En vérité je vous dis que seuls les démons ne savent pas, ne peuvent pas se réjouir pour cette conversion qui est un triomphe de Dieu. Et je vous dis aussi que la manière dont un homme accueille la conversion d'un pécheur donne la mesure de sa bonté et de son union à Dieu » 241.8 . N'est-ce pas là un nouvel exemple de ce que, sans changer un iota à la Révélation, l'Esprit peut, quand et où bon Lui semble, en donner de nouvelles présentations spécialement adaptées aux temps et aux lieux, pour éclairer les esprits ?
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Un verset de Luc un peu obscur
Alors qu'Il s'approche de Jérusalem, des pharisiens tentent de dissuader Jésus d'y aller. Et Luc (13,32-33) transcrit ainsi la réponse de Jésus : Aujourd'hui, et demain et le jour suivant je dois poursuivre ma route parce qu'il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem ». Voyons comment Maria Valtorta nous transmet cet épisode. C'est à Rama, juste avant la Pâque 29. « J'y vais en chassant les démons, en opérant des guérisons, sans me cacher. Et je le fais et le ferai aujourd'hui, demain et après-demain, jusqu'à ce que mon temps soit achevé. Mais il faut que je marche tant que je ne serai pas arrivé au terme. Et il faut qu'aujourd'hui et puis une autre fois, et une autre fois, et une autre fois encore, j'entre à Jérusalem, car il n'est pas possible que mon chemin s'arrête auparavant. Et il doit s'achever comme il est juste, c'est-à-dire à Jérusalem » 363.9 . C'est donc l'annonce prophétique de la Passion, après cette Pâque, la Pentecôte, les Tabernacles, et la dernière Pâque. N'y a-t-il pas ici une plausible et lumineuse reformulation du verset de Luc ?
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Capharnaüm, Corozaïn, Bethsaïda : le triangle maudit
Les invectives de Jésus sur Capharnaüm, Corozaïn et Bethsaïda sont rapportées par Matthieu (11,21-24) et Luc (10,12-15) : « Malheur à toi Corozaïn ! Malheur à toi Bethsaïda ! » Mais les évangélistes ne nous disent rien de ce qui a pu provoquer cette si soudaine et violente apostrophe, et les exégètes s'interrogent... Regardons dans quel contexte Maria Valtorta situe cet épisode. Jésus vient d'apprendre que les habitants de Corozaïn ont refusé d'aider une pauvre veuve de leur village 266.1 . Manaën et deux envoyés du Baptiste arrivent alors. Jésus leur montre les derniers bénéficiaires de ses bienfaits : « Les sourds entendent... les muets parlent, ... les aveugles voient » 266.5 . Jésus fait l'éloge de Jean-Baptiste, puis se lamente de constater à quel point ni Lui, ni le Baptiste ne sont reconnus pour ce qu'ils sont. D'où l'intervention de Jaïre : « Tu as bien parlé, Maître, dit le chef de la synagogue. Voilà pourquoi ma fille, encore sans malice, te voit tel que nous n'arrivons pas à te voir. Et pourtant cette ville et celles voisines voient déborder sur elles ta puissance, ta sagesse et ta bonté et, je dois le reconnaître, elles ne progressent qu'en méchanceté à ton égard. Elles ne se repentent pas et le bien que tu leur donnes produit une fermentation de haine envers Toi.(...) N'est-ce pas une faute aux yeux de Dieu Et est-ce qu'Il ne punira pas toute cette rancœur et cet entêtement dans le mal ? Parle Toi, Maître, qui sais" 266.13 . La réponse de Jésus s'insère alors naturellement dans ce contexte : « Oui, c'est une faute et elle sera punie. Car le don de Dieu ne doit jamais être méprisé ni servir à faire du mal. Malheur à toi, Corozaïn, malheur à toi Bethsaïda, vous qui faites un mauvais usage des dons de Dieu » 266.13 Remarque : Maria Valtorta indique que les seuls disciples alors présents étaient Matthieu et Manaën. Que Matthieu en ait témoigné dans son évangile, juste après la venue des envoyés du Baptiste, ne saurait donc nous surprendre. Mais qu'en est-il de Luc ? Son témoignage serait-il lié à la présence de Manaën ce jour là ? La question mérite d'être posée. Certains exégètes ont en effet pensé que c'est Manaën qui aurait fourni à Luc les nombreux détails familiaux sur Hérode . Pourquoi n'aurait-il pas également témoigné auprès de Luc de cet épisode dont Maria Valtorta nous révèle qu'il fut l'un des rares témoins ? FOOTNOTES : Luc 3, 1.19-20 ; 8, 3 ; 9, 7-9 ; 13, 31-32 ; 23, 8-12 ; Actes 12.
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Mon joug est léger
Voici certainement un enseignement de Jésus qui demanderait quelques commentaires. Seul des quatre évangélistes, Matthieu évoque cette parole du Maître, dans un fort bref résumé. L'évangile tel qu'il m'a été révélé nous en restitue quatre pages magnifiques sur la Charité, qui appellent irrésistiblement la méditation, et mériteraient une analyse exégétique approfondie. Jésus vient de passer une semaine à aider par ses travaux de menuiserie une pauvre veuve abandonnée. A ses apôtres qui s'étonnent de son absence, Il explique : « Je suis allé à Corozaïn pour prêcher la charité en acte » 268.4 . Quelques apôtres se scandalisent de ce que le Maître se soit consacré à des travaux manuels qu'ils jugent indignes de Lui. Alors, comme toujours, avec son infinie patience, Jésus enseigne : « Qu'ai-je fait qu'il ne fallait pas faire ? Nous nous sommes donc encore si peu compris, pour ne pas comprendre que l'hypocrisie est un péché et que la parole n'est que du vent si l'action ne vient pas lui donner sa force ? Que vous ai-je toujours dit, Moi ? Aimez-vous les uns les autres. L'amour est le commandement et le secret de la gloire ». (...) « Ce que j'ai fait, vous devez être prêts à le faire. Pour l'amour du prochain, pour amener à Dieu une âme, aucun travail ne doit vous être trop lourd. Le travail, quel qu'il soit, n'est jamais humiliant. Mais humiliantes sont les actions basses, les faussetés, les dénonciations menteuses, les duretés, les injustices, l'usure, les calomnies, la luxure. C'est cela qui mortifie l'homme. Et pourtant cela se fait sans honte, même par ceux qui veulent se dire parfaits et qui sûrement se sont scandalisés de me voir travailler avec la scie et le marteau » 268.6 . Il revient alors, comme si souvent, sur ses enseignements passés, et en donne un nouveau développement. « Vous rappelez-vous le jour où je vous ai dit que l'Espérance est comme le bras transversal du doux joug qui soutient la Foi et la Charité , et qu'elle est le gibet de l'humanité et le trône du salut ? » (...) « C'est un joug, car elle oblige l'homme à rabaisser son sot orgueil sous le poids des vérités éternelles, et c'est le gibet de cet orgueil. L'homme qui espère en Dieu son Seigneur, humilie nécessairement son orgueil qui voudrait se proclamer "dieu", et il reconnaît que lui n'est rien et que Dieu est tout, que lui ne peut rien et que Dieu peut tout » (...) « Ne repoussez pas Dieu, même dans les choses les plus petites, et c'est repousser Dieu que de refuser une aide au prochain à cause d'un orgueil païen » 268.7 . Ma Doctrine est un joug qui fait plier l'humanité coupable et c'est un maillet qui brise la rude écorce pour en libérer l'esprit. C'est un joug et un maillet, oui. Mais pourtant qui l'accepte ne sent pas la lassitude que donnent les autres doctrines humaines et toutes les autres choses humaines » 268.8 . Et Jésus conclut par cette affirmation lumineuse : « Prenez sur vous mon joug. Ce n'est pas un fardeau. C'est un soutien. (...) N'ayez pas peur, parce que mon joug est doux et son poids est léger, alors qu'infiniment puissante est la gloire dont vous jouirez si vous êtes fidèles. Infinie et éternelle » 268.9 . FOOTNOTES : Jésus fait ici allusion à un enseignement rapporté par Maria Valtorta au chapitre 256.7.
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La génération perverse et adultère
Lorsque Jésus parle de « cette génération mauvaise et adultère » , est-ce une simple formule ; est-ce « parce qu'elle a trahi le Dieu d'Israël » ; est-ce « une image tirée de Osée 1,2 » ; etc. comme on peut le lire dans certains commentaires bibliques ? Examinons plutôt le dialogue qui nous est transmis par Maria Valtorta : « Pourquoi dis-tu que cette génération est adultère et perverse ? Elle ne l'est pas plus que les autres. Il y a les mêmes saints qu'il y avait dans les autres. La société d'Israël n'a pas changé. Tu nous offenses ». « C'est vous qui vous offensez de vous-mêmes en nuisant à vos âmes, car vous les éloignez de la Vérité, et du Salut par conséquent. Mais je vais vous répondre quand même. Cette génération n'est sainte que dans ses vêtements et son extérieur. Intérieurement elle n'est pas sainte. Il y a en Israël les mêmes noms pour désigner les mêmes choses, mais il n'y a pas la réalité des choses. Ce sont les mêmes coutumes, les mêmes vêtements et les mêmes rites, mais il leur manque l'esprit. Vous êtes adultères parce que vous avez répudié le mariage spirituel avec la Loi divine, et dans une seconde union adultère, vous avez épousé la loi de Satan. Vous n'êtes circoncis que dans un membre caduc. Le cœur n'est plus circoncis. Et vous êtes mauvais parce que vous vous êtes vendus au Mauvais. J'ai parlé » 269.11 . FOOTNOTES : Matthieu 12, 39 ; 16, 4 ; Marc 8, 38 ; Luc 11, 29.
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Le blasphème contre l'Esprit Saint
Matthieu (12,31), Marc (3,33) et Luc (1210) témoignent de cette affirmation très nette de Jésus. Mais aucun des trois évangélistes n'en fournit le commentaire. Pourquoi donc le péché contre l'Esprit ne sera-t-il pas pardonné ? Voici la réponse telle qu'on peut la lire dans le texte de Maria Valtorta, conforme à l'enseignement de l'Eglise : « Je vous le dis: tout sera pardonné aux hommes, tout péché et tout blasphème, parce que Dieu sait que l'homme n'est pas seulement esprit mais chair, et chair tentée qui est soumise à des faiblesses imprévues. Mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas pardonné. Qui aura parlé contre le Fils de l'homme sera encore pardonné parce que la pesanteur de la chair qui enveloppe ma Personne et enveloppe l'homme qui parle contre Moi, peut encore induire en l'erreur. Mais celui qui aura parlé contre l'Esprit Saint ne sera pas pardonné ni dans cette vie, ni dans la vie future, parce que la Vérité est ce qu'elle est : nette, sainte, indéniable et exprimée à l'esprit d'une manière qui ne conduit pas à l'erreur, en ce sens que commettent l'erreur ceux qui volontairement veulent l'erreur. Nier la Vérité dite par l'Esprit Saint, c'est nier la Parole de Dieu et l'Amour que cette parole a donné par amour pour les hommes. Et le péché contre l'Amour n'est pas pardonné » 269.8 . FOOTNOTES : Voir par exemple le Catéchisme de l'Eglise Catholique § 1864.
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Qui est ma Mère? Qui sont mes frères ?
S'interroge-t-on encore sur le sens de la phrase « Qui est ma Mère ? Qui sont mes frères ? » quand on la rapproche de cette autre phrase : « Vous m'êtes plus que parents car vous êtes pour Moi des fils et des frères non selon le sang qui est mortel, mais selon la volonté de Dieu et la volonté de votre esprit. Maintenant Je vous dis qu'il n'y a pas de parenté plus étroite que celle de celui qui fait la volonté de mon Père » 54.8 . Et de la réponse de Jésus à la question : « n'est-ce pas ta Mère, Jésus, la plus grande pour t'avoir engendré ? ». « Grand est celui qui fait la volonté de Dieu, et c'est pour cela que Marie est grande. Tout autre mérite vient de Dieu, mais celui-là est tout à fait sien, et qu'elle en soit bénie » 420.11 . FOOTNOTES : Mathieu 12, 46-50 ; Marc 3, 31-35 ; Luc 8, 19-21.
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Haïr "saintement" son père, sa mère
Lorsque Luc (14,26) rapporte ces paroles de Jésus : « Si quelqu'un vient vers moi et ne hait son père, et sa mère ... il ne peut être mon disciple » le ton, qui semble inhabituel, peut surprendre certains. Mais il en va tout autrement, et tout apparaît plus clair à la lecture de ces mêmes paroles, rapportées par Maria Valtorta : « Si quelqu'un veut venir à Moi et ne hait pas saintement son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et jusqu'à sa vie, il ne peut être mon disciple. J'ai dit : "hait saintement". Vous, dans votre cœur, vous dites : "La haine, Lui l'enseigne, n'est jamais sainte. Lui, donc se contredit". Non. Je ne me contredis pas. Je dis de haïr la pesanteur de l'amour, la passion charnelle de l'amour pour le père et la mère, l'épouse et les enfants, les frères et les sœurs, et la vie elle-même mais, d'autre part, j'ordonne d'aimer avec la liberté légère, qui est le propre des esprits, les parents et la vie. Aimez-les en Dieu et pour Dieu, ne faisant jamais passer Dieu après eux, vous occupant et vous préoccupant de les amener là où le disciple est arrivé, c'est-à-dire à Dieu Vérité. Ainsi vous aimerez saintement les parents et Dieu, en conciliant les deux amours et en faisant des liens du sang non pas un poids mais une aile, non pas une faute, mais la justice » 281.5 .
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Le témoignage du Bienheureux Gabriel M. Allegra
Dans l'œuvre de M. Valtorta de très nombreuses phrases évangéliques se retrouvent replacées en situation dans leur contexte, et trouvent ainsi tout leur sens. Le lecteur mesure alors combien l'absence de ce contexte peut en rendre l'interprétation plus ardue, et pourquoi cette absence de contexte a suscité de longs débats exégétiques dans le passé. J'ai déjà cité le témoignage du bibliste et théologien réputé que fut le père Allegra . Constatant quelques dérives exégétiques modernes il déclara : « De nos jours des exégètes, même catholiques, prennent les plus étranges et audacieuses libertés en ce qui concerne l'historicité de l'Evangile de l'Enfance et des narrations de la Résurrection... » Puis, notant combien l'ouvrage de Maria Valtorta pouvait clarifier tant de points, il donna ce conseil : « J'invite les lecteurs (...) à lire la page consacrée à la Résurrection, à la reconstruction des événements du jour de Pâque, et ils constateront comme tout y est harmonieusement relié, ce que justement tant d'exégètes qui suivent la méthode critique historico-théologique ont tenté de faire, mais sans y parvenir complètement. De telles pages ne dérangent pas, mais réjouissent le cœur du fidèle et renforce sa foi ! » FOOTNOTES : Voir le chapitre « Le jugement de l'Eglise », paragraphe F.
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Le témoignage du père Roschini
Il serait impensable, dans ce chapitre consacré aux questions exégétiques et aux solutions que peut y apporter L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, de ne pas évoquer ici à nouveau le témoignage de celui qui fut aussi fondateur et premier recteur (pendant quinze ans) de la faculté théologique pontificale Marianum . Dans l'ouvrage qu'il rédigea au soir de sa vie , et qu'il considéra « comme le plus important de sa vie », il affirme : « Tous les passages bibliques qui se rapportent à Marie dans les deux Testaments, du livre de la Genèse (3,15) à l'Apocalypse (12), se trouvent mis en valeur dans la mariologie valtortienne. Les passages "prétendus antimarials" s'y trouvent tous, mais avec l'interprétation qui s'impose, propre à dissiper toute ombre autour de la lumineuse figure de Marie ». Et pour étayer ses dires, il expose en détail les interprétations valtortiennes des quatre passages évangéliques prétendus antimarials, à savoir Mt 12,46-50; Lc 11,27-28; Lc 2,33; 41-52 et Je 2,2-5. Il conclut cette analyse : « On peut se demander ce qu'il y a d'antimarial dans ces quatre textes... Dûment interprétés, ils sont une véritable hymne de louange à Marie ». FOOTNOTES : Pontificia Facoltà Teologica «Marianum». Viale Trenta Aprile, 6. 00153 Roma : La Madonna negli scritti di Maria Valtorta Edizioni Pisani 1973. : Pages 42 à 47 de l'édition française de ce livre La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta.
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Cette parole leur demeurait cachée
La Bible omniprésente dans l'enseignement de Jésus
L'œuvre comporte d'innombrables références bibliques qui ont été vérifiées chaque fois qu'elles se sont révélées à la lecture. Mais bien qu'elles soient très nombreuses, elles sont parfois intégrées de façon si discrète et logique dans le texte, qu'elles peuvent passer inaperçues à quiconque n'a pas une excellente érudition biblique. Il ne s'agit jamais de textes recopiés servilement, mais bien plutôt de reformulations toujours placées dans un contexte cohérent, pour illustrer ou renforcer un propos... Ces évocations bibliques ne sont jamais des citations tirées de quelque bible et comme récitées par cœur , mais sonnent bien au contraire comme des improvisations formulées verbalement. Quand par exemple Jésus déclare : « Celui qui ne jugera pas selon les apparences, mais selon ce qui se cache dans les cœurs… Celui qui prendra la défense des humbles et jugera les pauvres avec justice… Cela est d'Isaïe, n'est-ce pas ? » 155.8 . N'a-t-on pas ici une magnifique réécriture du texte biblique d'Isaïe (11,3-4) ? : « Il ne jugera pas sur l'apparence et ne décidera pas sur un simple ouï-dire; il jugera les faibles avec justice et décidera avec équité pour les humbles ». Et que la bible soit omniprésente dans l'œuvre, il suffit pour s'en convaincre de relire par exemple un passage de l'éloge inspiré que fait de la Vierge Marie la prophétesse Sabéa : « Elle a ravi le cœur de Dieu par une seule de ses palpitations de colombe. La beauté de son esprit a séduit le Très-Haut et Il a fait d'elle son trône. Marie d'Aaron a péché car elle avait le péché en elle. Déborah jugea ce qu'il fallait faire, mais ne le fit pas de ses mains. Jahel fut courageuse mais se souilla de sang. Judith était juste et craignait le Seigneur, et Dieu fut dans ses paroles et lui permit son acte pour qu'Israël fût sauvé, mais par amour de la patrie elle usa d'une ruse homicide. Mais la Femme qui l'a engendré surpasse ces femmes parce qu'elle est la servante parfaite de Dieu et qu'elle le sert sans pécher. Toute pure, innocente et belle, c'est le bel Astre de Dieu, de son lever à son coucher. Toute belle, resplendissante et pure, pour être Étoile et Lune, Lumière pour les hommes afin qu'ils trouvent le Seigneur. Elle ne précède pas et ne suit pas l'Arche sainte, comme Marie d'Aaron, car elle est elle-même l'Arche. Sur l'eau trouble de la Terre couverte par le déluge des fautes, elle glisse et sauve, car celui qui entre en elle trouve le Seigneur. Colombe sans tache, elle sort et porte l'olivier, l'olivier de paix aux hommes car elle est la belle Olive. Elle se tait, et dans son silence elle parle et opère plus que Déborah, Jahel et Judith, et elle ne conseille pas la bataille, ne pousse pas aux massacres, ne répand pas d'autre sang que le sien le plus choisi, celui dont elle a fait son Fils. Mère malheureuse ! Mère sublime !… Judith craignait le Seigneur, mais sa fleur avait appartenu à un homme ». 525.7 . Qui pourrait constater, sans une lecture attentive, que ces quelques lignes comportent au moins une dizaine d'évocations bibliques ! C'est du moins celles qui m'ont paru assez faciles à retrouver. Mais je ne doute pas que les biblistes puissent même en trouver d'avantage dans ce bref extrait ! Une étude a été publiée par Edmea Dusio . Elle montre qu'on peut retrouver dans l'œuvre l'évocation explicite ou implicite de 1166 des 1334 chapitres des livres composant la bible, c'est-à-dire presque toute la bible ! Mais il apparaît à l'évidence que ce sujet pourra encore occuper les chercheurs pendant des décennies. C'est ainsi qu'un chercheur français, David Amos, a pu retrouver à la suite d'une étude rigoureuse pas moins de 3133 évocations bibliques dans L'Evangile tel qu'il m'a été révélé. Une grande partie de ses travaux figure sur le site www.Maria-Valtorta.org , consacré à la mystique italienne. Il semble aussi que des bénédictins américains, une équipe belge et un groupe australien s'attèlent à cette étude depuis quelques années... Et sans doute quelques chercheurs indépendants, ainsi peut-être que quelques membres de l'Institut biblique de Jérusalem... ? FOOTNOTES : Par exemple: Cantique des cantiques 4, 1-9 ; Nombres 12 ; Juges 4 et 5 ; Judith 4, 17-23 ; Judith 5, 24-27 ; Judith 8 à 16 ; Exode 15, 20 ; Genèse. 8, 6-12 ; Ecclésiaste. 24, 14 . : Edmea Dusio, Indice biblico dell'opera "Il poema dell' Uomo-Dio", Pisani, 1970.
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
La parenté de Jésus
Le sujet de la parenté de Jésus, (et en particulier qui étaient ses frères et ses sœurs dont parlent les évangélistes) fit l'objet d'intenses discussions au long des siècles. Et tant d'inepties ont été écrites qu'il était temps que la Providence y remette bon ordre. Comme elle reste actuelle cette pensée de Pascal : « La vérité est si obscurcie en ce temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la connaître ». Disons simplement que la parenté de Jésus, telle qu'elle ressort du texte de Maria Valtorta, est cohérente avec les évangiles et avec bon nombre des plus anciennes traditions. L'abondance des détails fournis forme un ensemble suffisamment vraisemblable pour qu'on puisse raisonnablement tenir ce sujet comme parfaitement clarifié. Comme il est impossible d'en donner une vision exhaustive dans le cadre de cet ouvrage, je me bornerai à indiquer les grandes lignes et à préciser quelques prises de position sur des points parfois controversés... Maria Valtorta nous confirme que la Vierge Marie, mère de Jésus, est née de Joachim, de la maison de David, et d'Anne d'Aaron son épouse. Confiée au Temple de Jérusalem dès l'âge de trois ans, elle y demeura jusqu'à l'âge de 14 ans. Ses parents seraient morts deux ou trois ans avant qu'elle ne quitte le Temple : « Je n'ai plus de père, ni de mère… Mes parents étaient deux justes et Dieu leur parlait au fond du cœur comme Il me parle à moi. Ils auraient suivi le chemin de la justice et de la vérité. Quand je pense à eux, je les vois dans le repos, auprès des Patriarches, et je hâte par mon sacrifice l'avènement du Messie qui leur ouvrira les portes du Ciel » 10.4 . En conséquence, et en application de « la loi de l'orpheline héritière » 100.5 , comme le précise avec justesse Maria Valtorta, c'est le grand prêtre d'alors qui lui choisit Joseph pour époux. Joseph fils de Jacob, père adoptif de Jésus, (également de la maison de David comme Marie), charpentier à Nazareth, fut choisi comme époux de Marie alors qu'il avait la trentaine passée. Maria Valtorta relate l'épisode du rameau d'amandier « qui avait fleuri d'une manière insolite » 348.11 . Joseph mourut vers l'âge de 60 ans, un peu avant que Jésus ne débute sa vie publique. Le frère aîné de Joseph était prénommé Alphée . Marié à Marie de Cléophas (aussi appelée Marie d'Alphée, ou même simplement Marie). Marie d'Alphée était donc la tante de Jésus, et la belle sœur de la Vierge Marie (sa sœur dans le langage oriental). Le couple eut quatre fils : Joseph , Simon , Jacques et Jude . Maria Valtorta les désigne tout naturellement comme les cousins de Jésus, mais dans les dialogues, ils apparaissent naturellement comme les frères de Jésus. C'est là un point qui fit couler beaucoup d'encre (inutile !) tout au long des siècles, ces cousins étant aussi parfois désignés comme les frères de Jésus dans les traductions des évangiles . Quelques esprits savants virent là une occasion d'échafauder toutes sortes de théories. Ceci mérite donc une explication. FOOTNOTES : Blaise Pascal (1623-1662), Pensées LXII. : Maria Valtorta rejoint ainsi Georges Cedrenus (vers 1050-1100), moine grec qui affirme dans sa Chronique que Joachin et Anne étaient morts lorsque Marie eut 12 ans. : Voir à ce sujet le chapitre « La loi de l'héritière orpheline et le mariage de Marie ». : Conformément à une antique tradition recueillie par Saint Jérôme (vers 400) : « ils déposèrent dans le Temple 24 baguettes d'amandier et le lendemain celle du charpentier Joseph se trouva couverte de feuilles et de fleurs ». Le Protévangile de Jacques (apocryphe) rapporte aussi en VIII.3 : « qu'ils apportent chacun une baguette, et celui à qui le Seigneur enverra un prodige, de celui-là elle sera la femme ». Marie d'Agreda évoque aussi ce prodige dans La Cité Mystique de Dieu. : « Celui-là, n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Judas et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas parmi nous ? » Marc 6, 3 et Matthieu 13, 55-56.
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
Jésus, ses frères et ses sœurs
Il n'y avait pas de mot en hébreu ou en araméen pour dire cousin. Dans ces langues, les mots frères et sœurs désignent donc la parenté proche . La tradition orale s'est d'abord transmise en araméen. C'est donc ainsi que s'est fixée l'appellation frères de Jésus pour désigner ses proches parents, avant que d'être écrite ou traduite en grec, puis en latin dans les Évangiles. En grec il y a deux termes principaux pour désigner la parenté : Adelphos : frère de sang, mais souvent à entendre dans un sens plus large dans les textes de la Bible, englobant dans la fratrie, les cousins (1 Chroniques 23,22 ; Tobit 5,13); ou encore les neveux (Genèse 13,8 ; 14,16 ; Lévitique 10,4) . Anepsios : cousin, en grec classique, mais utilisé en un sens plus vague dans la Bible : cousin (Tobit 7,2); neveu (Col 4,10) ou oncle (Nombres 36,11). Les Septante ont également traduit l'original hébreu de l'Ancien Testament en utilisant presque exclusivement le terme grec adelphos (frère) au lieu du terme plus général anepsios quand il s'agit de désigner la parenté . Il apparaît clairement que les traducteurs des livres de la Torah ont très souvent utilisé adelphos dans un sens large de frères, cousins et neveux. (De même pour le féminin adelphê, sœur englobe la cousine avec la sœur ou bien la belle-sœur). Hégésippe (vers 180) fut l'un des tous premiers dont le témoignage sur la parenté de Jésus nous soit parvenu. Hégésippe voit en Marie de Cléophas, non la sœur, mais bien la belle-sœur de la mère de Jésus. Il faisait de son époux le frère de Joseph. Et pour lui Simon était bien « le fils d'un oncle du Seigneur ». Après le martyre de Jacques, Simon fut nommé évêque à Jérusalem « parce que c'était un second cousin du Seigneur ». Les liens de parenté rapportés par Maria Valtorta sont donc en cohérence avec cette tradition primitive . Maria Valtorta nous informe encore que le cousin Simon avait pour épouse Salomé, (cousine par alliance de Jésus, donc une des sœurs de Jésus) qu'il ne faut pas confondre avec Marie-Salomé, l'épouse de Zébédée, et la mère des apôtres Jacques et Jean. FOOTNOTES : Le mot araméen « aha » signifiait à la fois frère, demi-frère et cousin. : Dans le texte grec du Nouveau Testament, le mot adelphos se rencontre plus de 300 fois: 41 fois avec le sens de « frères biologiques » ; 42 fois comme « membres d'une même communauté ou famille »; 213 fois dans le sens « adeptes d'une même religion » ; 22 fois comme « collaborateurs proches » (dans les épîtres de Paul et Pierre). : Cet usage est attesté à de nombreuses occasions. Par exemple Lot, neveu d'Abraham, et Jacob, neveu de Laban sont appelés « leur frère » (Genèse 13, 8; 14, 14-16 et Genèse 29, 15). : Rapporté par Eusèbe, Histoire Ecclésiale III, 19-22. : La pseudo tradition des fils et filles que Joseph aurait eu d'un précédent mariage a pour origine Origène et Epiphane, (se basant sur un apocryphe, le protévangile de Jacques, écrit vers le 2e siècle). Mais le fait qu'Epiphane nomme quatre « fils » (Jacques, Joseph, Simon et Jude), et deux « filles » (Salomé et Marie), cela indique clairement qu'il s'agit de la proche parenté de Joseph, telle que la décrit Maria Valtorta, et que seul le zèle maladroit de quelque copiste ou traducteur en a fait les fils et filles de Joseph !
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
L'essor fulgurant du christianisme autour de la Méditerranée
La lecture de L'évangile tel qu'il m'a été révélé apporte, entre autres, un éclairage inédit et convaincant sur l'essor fulgurant de l'Eglise naissante, au premier siècle, sur tout le pourtour méditerranéen, et tout spécialement à Antioche, Alexandrie, Ephèse, Rome, en Provence, dans la vallée du Rhône, en Aquitaine et en Espagne. En effet, la personnalité de chacun des artisans de cet essor se dévoile tant, au fil des pages, que le lecteur finit par avoir l'impression de connaître chacun... et d'être le témoin des événements qui ont motivé leur conversion, et changé à tout jamais leur existence comme Maximin, Marcelle, Sara, Zachée, Nique, Barnabé, Hermas, et tant d'autres, ou encore Auréa Galla, future sainte Christiane : « Je sens que je resterai en Israël… pour connaître de plus en plus ce Père qui est mien… Et… à être la première disciple de Gaule, ô mon Seigneur ! » « Ta foi sera exaucée parce qu'elle est bonne » 434.7 .
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Un dénommé Publius Quinctillianus
Le cas du centurion puis tribun Publius Quinctilianus mérite qu'on lui accorde un peu d'attention... Ce nom évoque immédiatement le fils du général tribun Publius Quinctilius Varus et d'une petite nièce d'Auguste, Claudia Pulchra, mariés en -14. Le diminutif Quinctillianus pourrait indiquer qu'à la mort de son père, il aurait été adopté par sa tante Quinctillia, la sœur de Varus, conformément à une pratique courante à l'époque. Flavius Josèphe nous informe qu'alors qu'il avait tout juste 20 ans, le jeune Publius seconda son père dans le rétablissement de l'ordre en Judée entre l'an 4 et l'an 6 : « Le fils de Varus qui commandait une partie des troupes reprit Séphoris et fit vendre à l'encan tous les juifs qui avaient osé lui résister ». Tacite, lui, explique qu'il fut plus tard accusé abusivement par Domitius Afer, « d'avoir fait illicitement fortune en Syrie ». Il hérita de son père et de sa mère Claudia Pulchra « morte en exil » en l'an 26. L'Histoire ne dit plus rien de lui à partir des années 26/27 retenant seulement que Tibère « dont il était proche parent, ne fit rien pour le sauver ». Aurait-il été simplement prié de se faire oublier pendant quelque temps à Rome, et envoyé discrètement en mission en Judée auprès de Pilate et Claudia ? En tout cas le fils de Varus connaissait parfaitement la région, où il s'était retrouvé aux cotés de son père entre 7 av. J.-C et 6 ap. J.-C. Tout ce que nous apprend Maria Valtorta sur le dénommé Publius Quintillianus semble conforter cette hypothèse : La date de sa présence en Palestine (en 26/27), l'année même où le fils de Varus, Publius Quinctilius disparaît de Rome, Sa mission auprès de Pilate : il assure la garde personnelle de Claudia : « il y a ici Claudia. Nous l'escortons » 192.5 . Son âge approximatif (40/45 ans), compatible avec les données historiques relatives au fils de Varus. Son affectation comme centurion de la cohorte italique 109.14 en 27/28, c'est-à-dire comme premier centurion (primus pilus) puis sa nomination, en juillet 29, comme « tribun à Antioche » 461.19 , qui prouveraient son appartenance à l'ordre équestre . Son grand-père et son père ayant tous deux mis fin à leurs jours à la suite d'une défaite militaire, on comprendrait qu'il ait eu tendance à omettre le cognomen Varus ( cagneux ) de son identité. Déjà peu flatteur en soi, ce surnom était certainement difficile à porter après le désastre en Germanie ! Il est même permis de voir en lui « le tribun du peuple Quintilianus » dont Tacite nous dit qu'il reçu « une légère réprimande » de Tibère, peu après la mort de Lucius Calpurnius Piso en l'an 32. Il aurait donc même pu être alors un des artisans méconnus de l'implantation de l'Eglise à Rome. FOOTNOTES : Varus trouva la mort en l'an 9 dans la forêt de Teutoburg (près d'Osnabrück) ou les trois légions qu'il commandait furent massacrées. : Flavius Josèphe Antiquités Juives 17, 10, 9. : Tacite, Annales, 4, 66-71. Assez curieusement cette même accusation fut faite à son père par Velleius Paterculus, Histoire romaine, 2.117.2. : Tacite, Annales, Livre IV, 52. : Seuls les citoyens issus de familles appartenant à la chevalerie ( equester ordo ), pouvaient devenir tribun. : Tacite, Annales, Livre VI, 10-12.
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Valerius et Valeria, un couple romain déchiré
Valérien est présenté dans l'œuvre comme un « noble romain de la suite du Proconsul. (...) C'est un des romains les plus riches et les plus dégoûtants que nous avons ici. Et il est cruel autant que dégoûtant » 254.5 . Son esclave Sintica s'enfuit pour échapper aux caprices de ce « maître dans l'art de l'orgie ». Les Valerii (ou gens Valeria) sont l'une des familles romaines les plus importantes . Le Valérien cité dans Maria Valtorta pourrait bien être Decimus Valerius Asiaticus (-5/+47). Celui-ci, né à Vienne (vallée du Rhône) et dont on ignore le début de carrière, s'installa à Rome dans les dernières années de Tibère... Il fut admis au Sénat et nommé consul en +35 et en +46. Proche de Claude (né à Lyon), il le suivit dans la campagne de 43 contre les Bretons . Sa richesse et sa brillante carrière lui permirent de devenir propriétaire de la villa et des jardins créés à Rome vers 60 av. J.-C. par Lucullus. Il était richissime, très influent à Rome mais aussi à Vienne. Se retirant dans ses jardins de Rome, et « occupé surtout de ses plaisirs, il s'abandonna à la vie voluptueuse et de débauches d'un épicurien ». Jalousé par Messaline (qui convoitait sa propriété luxueuse), il fut arrêté à Baiae et condamné au suicide par Claude . Originaire de la Narbonnaise comme Pilate, sa présence en l'an 26 auprès de Pilate et de Plautius et son âge (29 ans) au moment de la naissance de sa fille Faustina coïncident bien.... Son surnom, Asiaticus, laisse supposer qu'il s'illustra en Asie ! « Lui s'est fait envoyer à Antioche près du Consul, en m'imposant de ne pas le suivre »531.11. nous apprend sa jeune épouse Valéria en septembre 28. Or l'Histoire retient que Valérien rejoignit le consul de Syrie Gnaeus Sentius Saturninus l'ancien, à Antioche justement en l'an 28 ! Eutrope nous indique que le fils de ce dernier fut l'un des généraux accompagnant Claude dans la conquête de la Grande Bretagne en 43, tout comme Valérius Asiaticus, mais aussi Aulus Paulus, et le futur époux de Flavia Domitilla, Vespasien ! Quant à sa jeune épouse Valéria, devenue ouvertement disciple de Jésus après la guérison de sa fillette Fausta, elle se sépare progressivement de son mari "un être misérable, dominé par une animalité brutale, licencieux, adultère, distrait, indifférent, qui se moque des sentiments et de la dignité de son épouse" 531.10 qui avait osé dire, à la naissance de sa fille : "Quand on lui montra la fille, il se mit à rire en disant: "J'aurais bien envie de la faire mettre par terre. Ce n'est pas pour avoir des filles que j'ai pris le joug matrimonial... Qu'on lui donne le nom de Libitina , et qu'elle soit consacrée à la déesse" 531.11 . Restée seule avec sa fille, Valéria décide "Je ne quitterai pas ces lieux… je resterai ici avec Tusnilde . Je suis libre, je suis riche, je puis faire ce que je veux, je puis faire ce que je veux. Et ne faisant pas de mal, je fais ce que je veux" 583.12 Il ne semble pas que les historiens romains mentionnent cette première épouse de Valérien, certainement "oubliée" à Rome, où elle ne vécut pas. Par contre, est-il possible de retrouver sa trace dans certains textes rabbiniques ? Une femme riche prénommée Valéria , « qui possédait des esclaves », y est considérée comme « devenue prosélyte ». En résidence à Jamnia et à Lydda, après la chute de Jérusalem, elle eut des entretiens avec le petit fils de Gamaliel l'Ancien et le prêtre José sur des contradictions dans la Bible . Beaucoup d'indices suggérant que la Valéria décrite par Maria Valtorta, que l'on voit dans la synagogue des romains peu avant la Passion, et qui annonce son intention de rester là où elle a vu naître sa foi pourrait bien être cette mystérieuse Valéria devenue prosélyte. Jeune mariée en l'an 28, elle aurait donc fort bien pu vivre au-delà de la décennie qui suivit la chute de Jérusalem en 70. FOOTNOTES : On y trouve plusieurs consuls au temps de Jésus: Marcus Valerius Messalla Messallinus, consul en -3; Lucius Valerius Messalla Volesus, consul en +5; Marcus Valerius Messalla Barbatus Messalinus (-12/+21) consul en +20, père de Marcus Valerius Messalla Corvinus et de Valéria Messaline (20/48); sa demi soeur était Claudia Pulchra, la veuve de Varus. Marcus Valerius Messalla Corvinus, consul en +58, fils du précédent. : Il faisait donc partie de l'état major d'Aulus Plautius, lui-même présent en Palestine en 26/28 ! : Ce portrait peu flatteur correspond parfaitement à celui qu'en donne le texte de Maria Valtorta. : Selon Dion Cassius, Histoire romaine 59, 30, 60 et Tacite, Annales 9, 1 ; 13, 43. : Eutrope, Breviarium historiae Romanae 7,13,2. : Gnaeus Sentius Saturninus le jeune, consul en 41. : Il semblerait donc que plusieurs des notables constituant l'entourage de Pilate dans l'œuvre de Maria Valtorta, se soient retrouvés dix ans plus tard aux cotés de l'empereur Claude. : Le caractère odieux de cette remarque prend tout son sens quand on se souvient que Libitine était la déesse de la mort ! : Le fait que la femme d'Arminius ait été confiée au père de Valéria à la mort de Germanicus indique clairement que Valéria était issue d'une grande famille romaine ! : Mekhil, 12, 48. p 18 a ; Yevamot, 46 a; Gerim, II. 4. : Que certains ont voulu l'identifier avec Beruria, la fille du rabbi Chanina ben Teradion, mais cette explication ne semble pas fondée. : Le Talmud de Babylone, Rosh Hashanah, 17 b, précise même « entre Deutéronome 10, 17 et Nombres 6, 26 ».
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Etanim, le septième ou le huitième mois?
Dans l'œuvre de Maria Valtorta, le mois d'Etanim est mentionné à plusieurs reprises : « Salomé qui t'a vu à ton insu, à Tibériade, au dernier Etanim » 348.3 ; « j'y suis passé quand, au mois d'Etamin, nous sommes venus en Auranitide avec le Maître » 356.2 ; « la vie de son Jésus est comme ce ciel d'Etamin : nuages et pluie, parfois la bourrasque, mais il ne manque pas de jours de soleil » 504.3 ; etc. Et selon la chronologie des évènements décrits, etanim apparait sans ambiguïté comme le mois qui suit immédiatement tishri, c'est-à-dire le 8 e mois de l'année depuis nisan. Il correspond à octobre/novembre du calendrier julien, ou à cheshvan (ou marheshvan) de l'actuel calendrier hébraïque. Or dans la bible (1 Rois 8, 2) etanim est mentionné comme étant le 7 e mois, le mois de la Dédicace du Temple par Salomon. Mais certains exégètes mentionnent là une incohérence : le Temple ayant été achevé le 8e mois, il semble peu vraisemblable que Salomon ait attendu onze mois pour en faire la dédicace ! Par ailleurs, étymologiquement etanim signifierait rivières puissantes. Le terme convient mieux pour notre actuel mois d'octobre/novembre. On voit mal la fête des Tentes se dérouler en plein mois des rivières puissantes ! Il faut aussi souligner que cet unique texte biblique sur lequel tous se basent pour fixer etanim et boul (cours d'eau permanents) « est hérissé de difficultés de toutes sortes » et comporte des imprécisions soulignées par les exégètes. Il y a donc ici quelques motifs sérieux d'accorder du crédit à cette interprétation originale d'etanim telle qu'elle découle du texte de Maria Valtorta. FOOTNOTES : Voir par exemple les notes de la bible d'Osty. : Bible d'Osty, 1 Rois 6,1 : Note explicative.
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La date des premiers écrits évangéliques
La question de la date de la composition des évangiles passionne de nombreux chercheurs depuis plusieurs siècles. C'est qu'en effet elle s'avère capitale pour la foi. Si, comme certains l'ont affirmé, les évangiles sont les récits tardifs d'une longue transmission verbale au sein des premières communautés chrétiennes, alors leur fidélité par rapport à l'enseignement et à la vie de Jésus peut à tout instant être remise en cause, ouvrant la porte au doute, et à un possible affaiblissement de la foi. Plusieurs études publiées depuis les années 80 ont maintenant démontré que les évangiles ont été écrits très tôt, (entre 40 et 60), apportant un démenti formel aux théories fumeuses bâties au 19 e et 20 e siècles qui repoussaient ces écritures 50 ou 100 ans plus tard. D'ailleurs le simple bon sens rend psychologiquement et historiquement assez absurde l'hypothèse que parmi les nombreux disciples témoins des miracles et des paroles lumineuses de Jésus, aucun n'ait pris sur le vif des notes de ses faits et gestes. Et curieusement, ces savants qui datèrent les écrits évangéliques vers l'an 100 ou 150 n'ont jamais contesté que 450 ans plus tôt, Xénophon et Platon aient enregistré les paroles de Socrate sur le champ . L'Evangile tel qu'il m'a été révélé ne comporte pas à proprement parler d'indication datée sur le moment où furent rédigés les évangiles. Mais il comporte de nombreuses allusions très plausibles sur la façon dont les disciples mémorisèrent et enregistrèrent les gestes et les paroles du Maître. C'est d'abord Jésus qui attire l'attention de Jean : « Jean : quand le Voile du Temple se déchirera, une grande vérité brillera sur Sion toute entière ». « Quelle vérité, mon Seigneur ? » « Que les fils des ténèbres ont été en vain au contact de la Lumière. Gardes-en le souvenir, Jean ». « Serai-je, moi un fils des ténèbres ? » « Non, pas toi, mais souviens-t-en pour expliquer le Délit au monde » 92.6 ou encore : « Jean, rappelle-toi ces paroles pour quand ce sera l'heure de les écrire » 116.10 . Matthieu de son côté rassure Pierre qui doute de sa mémoire : « Je veux me rappeler tout cela, mais le pourrai-je ? dit Pierre. Sois tranquille, Simon. Demain je me le fais répéter par les bergers, tranquillement… Une, deux, trois fois s'il le faut. J'ai bonne mémoire. Je l'ai développée à mon comptoir et j'en garderai le souvenir pour tout le monde. Quand tu voudras, je pourrai te répéter tout » 136.11 . Jean d'Endor, l'ancien pédagogue prend des notes pour instruire Margziam, et plus tard la communauté naissante d'Antioche : « Jean d'Endor se lève aussi. Il n'a pas cessé de prendre des notes pendant que Jésus parlait » 250.9 . « Parfois le vieux Félix réapparaît encore avec ses habitudes de maître. Je pense à Margziam. Lui a toute une vie pour te prêcher et, à cause de son âge, il n'est pas présent à tes prédications. J'ai pensé à noter certains enseignements que tu nous a donnés et que l'enfant n'a pas entendus (...) Dans tes paroles, même les plus petites, il y a tant de sagesse ! Tes conversations familières sont déjà un enseignement, et justement sur les choses de chaque jour, de chaque homme (...) C'est pour Margziam. que j'ai noté tes petites explications. Et ce soir, j'ai désiré noter ton grand enseignement. Je laisserai mon travail à l'enfant pour qu'il se souvienne de moi, le vieux maître, et pour qu'il ait aussi ces enseignements qu'autrement il n'aurait pas. Son splendide trésor. Tes paroles » 250.11 . Syntyché, la future évangélisatrice d'Antioche, prend elle aussi des notes : « Sur la faute d'origine, Maître. J'ai écrit l'explication de ta Mère pour m'en souvenir, dit encore Sintica, et Jean d'Endor dit aussi : Moi de même. Je crois que c'est une chose sur laquelle on nous interrogera beaucoup, si un jour on va parmi les gentils » 307.5 . Puis lorsque Jean est parti, Margziam prend le relais : « Maintenant c'est moi qui les écrirai pour toi et je te les enverrai… N'est-ce pas Maître ? C'est possible, n'est-ce pas ». « Certainement que c'est possible. Et ce sera une grande charité de le faire ». « Je le ferai. Et quand je serai absent, je le ferai faire à Simon le Zélote » 312.12 . C'est ce qu'il fait désormais : Maître ! Merci pour Jean ! J'ai tout écrit pendant que tu parlais. Je n'ai qu'à ajouter le miracle » 364.10 , et ailleurs il ajoute : « Je lui donnerai ce que j'ai écrit » 465.6 . Ces notes prises par le futur saint Martial n'auraient-elles pu aider l'évangéliste Marc à écrire son évangile ? Jusqu'au grand rabbi Gamaliel, qui s'entretenant avec Jésus lui fait cet aveu : « Maître… on m'a rapporté certaines de tes paroles dites à un banquet… que j'ai désapprouvé parce qu'il manquait de sincérité. Moi, je combats ou je ne combats pas, mais c'est toujours ouvertement… J'ai médité ces paroles. Je les ai confrontées avec celles qui sont dans mon souvenir… Et je t'ai attendu, ici, pour t'interroger sur elles… Et auparavant, j'ai voulu t'écouter parler… Eux n'ont pas compris. Moi, j'espère pouvoir comprendre. J'ai écrit tes paroles pendant que tu les disais. Pour les méditer, non pas pour te nuire » 487.10 . Même les romaines, par l'intermédiaire de l'affranchie Flavia, comme nous l'avons déjà vu , transmettent à Claudia ce dont elles sont les témoins : « As-tu écrit ? » « Exactement, dit la femme en passant les tablettes enduites de cire ». « Cela restera pour permettre de les relire, dit Plautina ». « C'est de la cire, cela s'efface. Écrivez-les dans vos cœurs. Ces paroles ne s'effaceront plus » 204.9 . Et pour terminer, ce conseil de Marie à Jean, peu avant sa glorieuse Assomption : « Rappelez-vous tout: les actions et les paroles de mon Fils. Rappelez-vous ses douces paraboles. Vivez-les, c'est-à-dire mettez-les en pratique. Et écrivez-les pour qu'elles restent pour ceux qui viendront jusqu'à la fin des siècles, et soient toujours un guide pour les hommes de bonne volonté pour obtenir la vie et la gloire éternelle. Vous ne pourrez certainement pas répéter toutes les paroles lumineuses de l'Éternelle Parole de Vie et de Vérité. Mais écrivez-en autant que vous pouvez en écrire » 649.9 . Tous ces dialogues nous aident à mieux comprendre comment a pu se constituer naturellement un ensemble de notes et de souvenirs que les apôtres, du moins Jean et Matthieu, ont mis rapidement en ordre pour en faire la base de leur évangile. Qui sait si l'un ou l'autre de ces innombrables manuscrits ne ressurgira pas un jour, à l'occasion de quelque découverte archéologique ? FOOTNOTES : Voir par exemple : C. Tresmontant, Le Christ hébreu 1983 ; Père J. Carmignac, La naissance des évangiles synoptiques 1984 ; Robinson, The priority of John 1985 ; Carsten P. Thiede, Les origines de l'Evangile d'après le texte du papyrus P64 1995. : Pourtant le plus ancien parmi les 7 « manuscrits » existants des textes de Platon date de l'an 900, soit 1250 ans après l'original ! Alors qu'il existe 24000 fragments du Nouveau Testament, dont certains datent des années 40 à 60 ! (Source : J. McDowell, Evidence That Demands a Verdict, 1979). : Voir le paragraphe : « Une mère nommée Albula et sa fille Flavia ».
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
Naissance de Jésus et mort d'Hérode
Les historiens spécialistes du premier siècle ont éprouvé et éprouvent encore de nos jours de grandes difficultés pour établir une datation cohérente des faits intervenus durant cette période charnière de l'Histoire. Non pas que les données fassent défaut, mais bien plutôt parce qu'elles se trouvent éparpillées à la façon d'un puzzle immense dont seuls quelques morceaux aujourd'hui encore sont bien en place. Leurs difficultés s'accroissent lorsqu'il leur faut oser déplacer une pièce dont certains avaient cru trouver l'emplacement exact. Ainsi la date de la naissance de Jésus était généralement fixée entre -3 et -2 pendant les cinq premiers siècles . Vers 525, Denys le Petit, sur la demande du pape Jean 1er, fixa un nouveau cycle des fêtes pascales ce qui eut pour conséquence de placer mars 753 de Rome en l'an 1 avant Jésus Christ. En 1613 Kepler jetait les bases d'une nouvelle théorie, fixant au 25 décembre 6 av. J.-C. (ou au 6 janvier 5 av. J.-C.) la date de la naissance de Jésus Christ, suivie un an plus tard de la mort d'Hérode après une éclipse partielle de lune avant la Pâque de -4. Les choses auraient pu en rester là, jusqu'à ce qu'une nouvelle analyse de tous les faits connus ayant précédé et suivi la mort d'Hérode montrent que certaines pièces ne trouvaient pas leur place dans cet édifice. Aujourd'hui, la date la plus compatible avec les dizaines d'éléments connus pour la période de la mort d'Hérode semble être celle qui correspond à l'éclipse totale du 9/10 janvier -1 . Mais il faudra sans doute encore de nombreuses années pour que cette nouvelle datation puisse être unanimement acceptée par la communauté scientifique... L'œuvre de Maria Valtorta, qui je le rappelle ne donne aucune date à proprement parler, permet de resituer tous les événements dans une suite plausible et cohérente. En -5 l'Annonciation (en Adar), l'Édit de recensement en fin d'année, la Nativité en décembre, puis en -4 la présentation au temple, l'adoration des Mages (à l'automne), la fuite en Egypte alors que Jésus a juste un an et le massacre des innocents. Dans cette chronologie la mort d'Hérode trouverait effectivement parfaitement sa place en janvier -1, et le retour de la sainte famille à Nazareth au début de l'an 2. FOOTNOTES : 41e année d'Auguste pour Irénée (soit -3) ; l'an 28 du règne de César-Auguste pour Clément d'Alexandrie (soit -3) ; an 752 de la fondation de Rome pour Hyppolite de Rome (soit -2) etc. : Les principaux éléments de cette théorie sont donnés en Annexe 2.
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
La quinzième année du règne de Tibère
De même que pour la date de la mort d'Hérode, deux théories principales s'opposent également depuis des décennies en ce qui concerne le moment de la Passion, et deux dates sont proposées : le vendredi 17 avril 33 ou le vendredi 7 avril 30. Le principal argument des historiens optant pour l'an 33 paraît être l'indication fournie par Luc, qui fixe le début du ministère de Jésus en « l'an 15 du principat de Tibère » (Luc 3,1-3). L'Histoire fait débuter le règne de Tibère soit à la mort d'Auguste le 19 août 14, soit le jour de son investiture par le Sénat le 15 septembre 14, soit même le jour où il fut nommé princeps, le jeudi 13 octobre 14. Mathématiquement sa quinzième année va du 15 septembre 28 au 15 septembre 29. Mais en considérant l'année juive, la première année de son règne fut du 1 Tishri 13 au 1 Tishri 14 (11/9/14 grégorien). Dès lors la quinzième année du principat de Tibère commence le 1 Tishri 27 et va donc d'octobre 27 à octobre 28. Mais, là encore, il est possible de raisonner autrement . : depuis le 11 août 11, Tibère était de fait le collègue d'Auguste puis en octobre 12 fut célébré le triomphe de Tibère pour ses victoires en Dalmatie . Et le 3 avril 13, Auguste mourant déposait entre les mains des vestales ses dernières volontés avec le détail de ses funérailles. Il fit voter une loi conférant à Tibère un pouvoir (imperium majus) égal au sien. Tibère commenca effectivement à exercer le pouvoir, bien avant d'avoir reçu l'investiture officielle : « Quoiqu'il n'eût hésité ni à s'emparer de la puissance, ni à l'exercer; quoiqu'il eût pris une garde, et par conséquent la force et les dehors de la souveraineté, il la refusa longtemps avec une insigne impudence ». En mai 14, lors de la cérémonie de clôture du recensement, Tibère est seul à présider la lustratio sur le Champs de Mars . Tacite le soupçonne ouvertement d'avoir pris le pouvoir « dès avant la mort d'Auguste ». Les contemporains de Tibère, comme saint Luc, ont donc pu considérer le début du gouvernement de Tibère au moment où il prit effectivement le pouvoir , quelques mois avant la mort d'Auguste, soit fin +12, début +13. Et dans ce cas, la 15 ème année de son gouvernement commencerait effectivement en fin 26, en cohérence avec la chronologie déduite de l'œuvre de Maria Valtorta. FOOTNOTES : Selon une hypothèse évoquée par le professeur Ramsay, St. Paul the Traveller, p 387. : Voir F. de Saulcy, Dictionnaire des antiquités bibliques p 583. : Suétone, Vie des 12 Césars, Vie de Tibère, chap. 24. : C'est devant Tibère, seul Prince, que le cortège des animaux destinés au sacrifice rituel tourne lentement, clôturant symboliquement le siècle d'Auguste. : Tacite Annales V et VI. Il le soupçonne aussi d'être l'instigateur du meurtre de Posthumus, le petit fils d'Auguste. : Il est à noter aussi que la numismatique possède des monnaies frappées par Ponce Pilate, datées des années 16, 17 et 18 de Tibère, mais aucune de l'an 15. Or Ponce ayant pris ses fonctions en Palestine en juillet +26, il a dû, comme tous ses prédécesseurs, commencer à frapper ses premières monnaies dès l'an +27, (les premières monnaies auraient du indiquer l'an 15) . Serait-ce un autre indice qu'à cette époque, on prenait en compte les années effectives de la prise de pouvoir de Tibère ?
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Si cela n'est pas vrai...c'est bien imaginé
Sur la Primauté de Pierre
Il y a dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé de nombreux passages où il est question de la primauté de Pierre. Et tous sont en parfait accord avec le témoignage des évangélistes et l'enseignement de l'Eglise. L'extrait suivant me paraît particulièrement intéressant, car il fournit un éclairage original sur la spécificité de la foi de Pierre telle qu'en témoigne Matthieu (16, 15-19). « Et vous, qui dites-vous que je suis ? Dites-le vraiment d'après votre jugement, sans tenir compte de mes paroles et de celles d'autrui. Si vous étiez obligés de me juger, qui diriez-vous que je suis ? » « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, s'écrie Pierre en s'agenouillant, les bras tendus en haut, vers Jésus qui le regarde avec un visage tout lumineux et qui se penche afin de le relever pour l'embrasser en disant :Tu es bienheureux, ô Simon, fils de Jonas ! Car ce n'est pas la chair ni le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les Cieux. Dès le premier jour que tu es venu vers Moi, tu t'es posé cette question, et parce que tu étais simple et honnête, tu as su comprendre et accepter la réponse qui te venait du Ciel. Tu n'avais pas vu les manifestations surnaturelles comme ton frère et Jean et Jacques. Tu ne connaissais pas ma sainteté de fils, d'ouvrier, de citoyen comme Jude et Jacques, mes frères. Tu n'as pas profité d'un miracle et tu ne m'as pas vu en accomplir, et je ne t'ai pas donné de signe de ma puissance comme je l'ai fait et comme l'ont vu Philippe, Nathanaël, Simon le Cananéen, Thomas, Judas. Tu n'as pas été subjugué par ma volonté comme Mathieu le publicain. Et pourtant tu t'es écrié : Il est le Christ ! » (...) Dès la première heure que tu m'as vu, tu as cru et jamais ta foi n'a été ébranlée. (...) Et ici, dès cet instant, tu es le chef auquel il faut donner l'obéissance et le respect comme à un autre Moi-même. Et c'est tel que je le proclame devant vous tous » 343.5 . Bienheureux Pierre qui, le premier de tous, a cru sans avoir vu ! Ne devons-nous pas voir aussi dans ce message une magnifique exhortation pour toutes les générations, en écho au reproche fait à Thomas (Jean 20, 29) : « Parce que tu m'as vu, tu as cru; heureux ceux qui croient sans voir ! »
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Les quatre évangiles en un seul ?
L'hexamètre de Quintilien
Alors qu'Il enseigne à la Belle-Eau, Jésus répond à une demande du vieux chef de synagogue Cléophas concernant un cas d'homicide : « Pour mesurer la culpabilité, il faut penser aux circonstances qui précèdent, préparent, justifient, expliquent la faute elle-même. Qui ai-je frappé ? Qu'est-ce que j'ai frappé ? Où ai-je frappé ? Avec quels moyens ai-je frappé ? Pourquoi ai-je frappé ? Comment ai-je frappé ? Quand ai-je frappé ? » 126.2 . Curieusement, quelques décennies plus tard, Quintilien énoncera dans un vers célèbre exactement le même principe, qui résume depuis lors toute instruction criminelle : « Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando ». Or, si l'on applique ce principe à chaque fait rapporté par les quatre évangélistes, L'évangile tel qu'il m'a été révélé permet de répondre à ces sept interrogations permanentes : Qui et combien étaient présents; acteurs, témoins, spectateurs ? Que s'est-il passé, quels ont été les actes et paroles de chacun ? De Quoi s'agissait-il : d'un discours, d'un miracle, d'une parabole, d'une prophétie, d'une œuvre de miséricorde, etc. ? Où cela s'est-il déroulé ? Comment ? Quand ? Pourquoi ?... Et les lieux, les circonstances, le moment, les motivations; tout y est parfaitement exposé, et chacun des éléments fournis s'intègre avec harmonie et cohérence dans un ensemble homogène et parfaitement structuré ! Pour obtenir toutes ces réponses, (et ce n'est pas le seul paradoxe de cette œuvre) point besoin de doctes connaissances. Il suffit de savoir lire ! Le seul effort demandé est une lecture assidue, attentive et complète : assidue pour garder à l'esprit d'un jour à l'autre les images, les paroles, les faits et leur enchaînement ; attentive pour enregistrer le moindre détail, car tous ont leur raison d'être ; complète , car c'est souvent beaucoup plus loin dans l'œuvre que l'objection est levée, le doute se dissipe, l'interrogation trouve sa réponse, bref que tout devient limpide et lumineux ! Mais nous avons déjà vu que le texte de Maria Valtorta fait encore bien plus : Il met magnifiquement en relief l'unité de l'ancien et du nouveau testament, de la Tradition des Pères de l'Eglise, et même d'un grand nombre de textes apocryphes. J'en ai donné quelque exemples dans cet ouvrage mais le sujet mériterait à lui seul une étude spécifique. Et il traite également de nombreux problèmes d'exégèse. Il y a même fort à parier qu'il en solutionne un fort grand nombre. Mais cela, c'est aux exégètes qu'il appartiendra de le démontrer. FOOTNOTES : Quintilien né vers 36, aurait pu recevoir des témoignages des disciples du Christ ! : Ce vers est connu depuis comme « l'Hexamètre mnémotechnique de Quintilien ».
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Les quatre évangiles en un seul ?
Un véritable compendium évangélique
A y regarder de plus près, L'évangile tel qu'il m'a été révélé rassemble et résume l'ensemble des connaissances relatives au séjour terrestre de Jésus de Nazareth : sa vie, ses actes et ses enseignements. C'est exactement ce que les spécialistes nommaient jadis un compendium , ou plus simplement une Somme . Alors, après la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin; après La Divine Comédie de Dante, Somme littéraire et philosophique du moyen âge , n'est-on pas en droit de se poser cette question : L'évangile tel qu'il m'a été révélé ne mériterait-il pas de passer à la postérité, aux cotés de ces trésors de la littérature mondiale, comme la Somme Evangélique de Maria Valtorta ? FOOTNOTES : Frédéric Ozanam, Dante et la philosophie catholique du XIIIe siècle, 1838.
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