En route vers Cana et Nazareth
La traversée de Tibériade suscite encore plus d'émoi que celle de Magdala. Bientôt la surprise fait place aux railleries. Mais Marie Madeleine y fait face avec une assurance retrouvée, tandis qu'un scribe s'en prend violemment à Jésus qui lui dit : « Toi, par ton orgueil, tu doubles tes fautes ». « Je n'ai pas de fautes ». « Tu as la plus grande, Tu es sans amour »242.4. A bout d'arguments, le scribe s'exclame : « Raca456» et s'éloigne. Ils poursuivent leur route vers Cana, suivis par un vieil épicurien avide d'entendre le Maître. « J'ai cherché la vérité dans la science.
J'ai trouvé la corruption. Dans les doctrines, même les meilleures, il y a toujours quelque chose qui n'est pas bon »242.7 se lamente-t-il. A lui et à ses disciples, Jésus donne une éblouissante instruction destinée en fait à tous ceux qui recherchent la vérité. Il n'est possible ici que d'en donner un très bref aperçu : « Pour trouver la Vérité, il faut unir l'intelligence et l'amour, et regarder les choses non seulement avec des yeux sages, mais avec des yeux bons, car la bonté a plus de valeur que la sagesse. Celui qui aime arrive toujours à avoir un chemin vers la Vérité »242.8 (...) « Comment l'homme peut-il donner des réponses à ses pourquoi, s'il n'a pas Dieu pour lui répondre ? Qui peut dévoiler les mystères de la création, même seulement et simplement ceux-ci, sinon le Suprême Ouvrier qui a fait toute cette création ? »242.9. Remerciant Jésus pour ce magistral enseignement, l'épicurien prend congé : « Prie ton Dieu pour le vieux Crispus, ton unique auditeur de Tibériade. Prie pour qu'avant l'étreinte de Libitina457 je puisse t'entendre de nouveau »242.11. Et les apôtres, suivant l'infatigable Pèlerin, reprennent leur marche vers Cana qu'ils atteignent au crépuscule.
Ils vont demeurer à Cana durant toute une semaine, à l'issue de laquelle Suzanne se joint aux femmes disciples, lorsqu'ils repartent tous pour passer le sabbat suivant à Nazareth. Durant la marche Jean prouve à son insu sa grande faculté de mémorisation, qui lui sera si utile pour écrire beaucoup plus tard son évangile. Il répète par cœur le discours sur la Création, que Jésus prononça sur le Thabor trois mois plus tôt. A en croire ce témoignage, c'est dans ce discours marquant que Jean aurait puisé les paroles d'introduction de son évangile : « Pour comprendre le mystère glorieux de Notre être Un et Trin, il faut savoir croire et voir qu'au commencement était le Verbe et qu'il était avec Dieu »244.7.