Le retour à la Belle Eau
En revenant à la Belle Eau, Jésus apprend que des pharisiens y sont passés juste trois jours après son départ, espérant l'obliger à quitter les lieux. Ils sont restés à l'attendre plusieurs jours, et s'en sont pris à un jeune chef de la synagogue la plus proche. « Il faudra ouvrir les bras et le cœur au chef de la synagogue persécuté »137.3 conseille Jésus à ses apôtres. Et de fait, Timon devient désormais ouvertement disciple du Christ. Il deviendra même l'un des sept diacres mentionnés dans les Actes des Apôtres(Ac 6, 5). Profitant du retour du groupe apostolique, les pharisiens agressent à nouveau Jésus, Lui intimant l'ordre de quitter immédiatement la Judée. « Tu es un possédé. Tu chasses les démons et tu fais des miracles avec l'aide des démons »137.5. Ce sera désormais un reproche fréquent fait à Jésus. Les synoptiques s'en feront l'écho à une autre occasion (Voir Mt 12, 24-28 ; Mc 3, 22-27 ; Lc 11, 15). « Nous irons en Galilée. Demain matin nous partirons »137.6 décide alors Jésus.
Le départ a effectivement lieu le lendemain, mais avant de regagner la Galilée, Jésus veut saluer le vieux chef de la synagogue d'Emmaüs, auquel Il a promis sa visite327. En cette saison hivernale, la marche s'avère pénible : « Voyez comme c'est fatigant, même ici. Et, si on ne me l'avait pas imposé, je n'aurais pas entrepris le voyage en ce moment… »139.1. Chemin faisant, Jésus rappelle328 aux douze, et surtout à Pierre qui L'interroge, les qualités nécessaires pour être bon : ordre, patience, constance, humilité, charité… « Je l'ai dit beaucoup de fois ! »139.4. Parmi ces vertus, la charité, l'humilité, la persévérance et la patience sont souvent mentionnées par les Pères de l'Église, depuis Tertullien ou Cassien. Il semble que l'ordre (ou la droiture ?) apparaisse beaucoup plus rarement dans leurs commentaires.
Arrivé à Emmaüs, où Il reçoit un accueil chaleureux, Jésus est interrogé sur une délicate question d'inceste involontaire. Il tranche le cas et conclut : « Puisqu'il n'y a pas de condamnation pour l'inceste royal qui dure au vu et su de tout le monde, on devrait avoir pitié de ce cas douloureux, dont l'origine remonte à l'autorisation accordée par Moïse de répudier sa femme, pour éviter des maux plus nombreux, sinon plus graves. »140.4. Mais le Sanhédrin ignore la miséricorde, et la condamnation de l'homme est totale. Jésus prend en pitié le malheureux : « Je suis le Sauveur. Je suis Jésus. Lève-toi. Moi, je peux ce que je veux. Au nom de Dieu, je t'absous de l'involontaire contamination. »140.5. L'homme, nommé Joseph, va désormais grossir le nombre des disciples du Christ. Mais il n'est pas le seul : deux témoins privilégiés de cette scène, Cléophas et Simon, vont eux aussi en être durablement bouleversés, puisque nous les retrouverons, au jour de la Résurrection, aux côtés du Christ, sur le chemin d'Emmaüs.
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Ainsi s'achève la première année de vie publique329. « Une année finit. La seconde commence. Elle est à cheval entre le début et la fin. Au début, dominait le Maître. Maintenant, voici que se révèle le Sauveur. La fin aura le visage du Rédempteur »142.4.