Le vœu des parents de Marie
Les quatre évangélistes ont laissé l'histoire de la Vierge Marie enveloppée des beaucoup d'obscurités, ne nous faisant connaître que quelques traits de sa vie, en rapport avec les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption. S'ils sont conduits ça et là, à l'occasion des événements qu'ils racontent, à nommer plusieurs membres de la parenté de Marie, leur narration ne les force à aucun moment à rompre le silence dont ils entourent son père et sa mère.
Notons simplement que de nombreux Pères41 ont regardé la généalogie du Sauveur transmise par Luc (Lc 3,23-38) comme étant la généalogie naturelle, celle de sa très sainte mère Marie. Dans la généalogie de Luc le premier ancêtre de Jésus est Eli. Or Eli (ou Eliachim dans la langue hébraïque) a la même signification que Yoachim, (Joachim). Quant à la mère de Marie, les évangiles gardent sur elle un silence absolu, jusqu'à taire son nom. Mais dès les premiers siècles, plusieurs Pères42 la nomment Anne.
C'est naturellement au tout début de l'Évangile tel qu'il m'a été révéléque Maria Valtorta découvre pour la première fois Joachim et Anne, les grands-parents de Jésus. Ils vaquent à leurs occupations dans leur maison de Nazareth et semblent déjà bien âgés. Maria Valtorta, en se basant sur sa propre mère, estime que Anne « peut avoir de cinquante à cinquante cinq ans, pas plus », et elle qualifie Joachim de « vieillard ». Quelques indices ténus permettent de situer cette séquence par une belle soirée de septembre. De nombreux autres indices ultérieurs permettront d'affirmer que c'est alors la fin de l'été de l'an -22.
Seule la stérilité d'Anne semble pouvoir ternir la quiétude de ce vieux couple saint et amoureux. Ils décident qu'à l'occasion de leur prochain pèlerinage à Jérusalem, pour la fête des Tabernacles, ils prieront longuement et feront un vœu : « Oui, faisons un vœu au Seigneur ; il sera à Lui, notre enfant. Pourvu qu'Il nous le donne… »2.4. Ceci est en tout point conforme à la tradition transmise par saint Grégoire de Nysse : « Le père de cette sainte Vierge était un Israélite d'une piété insigne, qui avait une femme stérile, laquelle, à cause de sa stérilité, ne pouvant avoir part aux prérogatives des femmes qui avaient eu des enfants, demanda à Dieu qu'il lui plût de bénir son mariage, et en même temps lui voua le fruit qu'elle mettrait au monde43 ». Bien plus tard, en l'an 29, c'est Marie elle-même qui évoque le vœu d'Anne : « Ma mère me consacra spontanément au Seigneur dès la première palpitation qu'elle perçut dans son sein, de moi, qu'elle avait conçue tardivement. Et elle ne me garda que pendant trois ans. Et moi, je ne l'ai possédée que dans mon cœur. Cependant ce fut sa paix à sa mort de m'avoir donnée à Dieu »368.4. Et dans la même année 29, Jacques d'Alphée loue la générosité de Joachim : « Nous en sommes arrivés à parler de l'ancien domaine de Joachim à Nazareth et de son habitude, tant que cela lui fut possible, de garder pour lui la moitié des récoltes et de donner le reste aux pauvres44, chose dont les anciens de Nazareth se souviennent si bien. Que de privations pour les deux justes Anne et Joachim ! Forcément, ils ont obtenu le miracle de la Fille »410.6.
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D'emblée nous sommes plongés au cœur d'un récit sobre et précis. Les informations transmises par Maria Valtorta sont conformes aux traditions les plus anciennes, mais dépouillées du superflu et du merveilleux qui altère parfois leur pureté originelle. J'y reviendrai par la suite. Mais remarquons dès maintenant qu'à aucun moment Maria Valtorta (et c'est une constante dans les dix volumes de son œuvre), ne fait appel à l'histoire ou à la tradition pour justifier une seule de ses visions, pas plus qu'elle ne mentionne la moindre date pour conforter la chronologie pourtant exceptionnelle de son récit45.
Notes de bas de page
Au temps de St Jérôme (liber de Ortu Mariae), il est clairement affirmé: « Son père se nommait Joachim, sa mère Anne». Et St Hippolyte de Thèbes (selon Nicéphore livre II, chap. III) précisait même que Anne avait deux sœurs, l'aînée marié et vivant à Bethléem, et la seconde étant Elisabeth, mariée à Zacharie.