La résurrection de Lazare
Dans la maisonnette de Salomon, le dimanche soir, alors que son ami Lazare est au tombeau depuis deux jours, Jésus annonce son pas celle de Béthanie, qui aura lieu juste avant la Pâque (Jn 12,1-18), dans plus de trois mois. Si, comme le supposent certains exégètes Jean faisait ici allusion à l'onction de Béthanie, sa précision serait superflue et inutile.
intention de retourner en Judée : « Lazare est mort. J'ai attendu qu'il soit mort pour aller là-bas, pas à cause de ses sœurs ni de lui, mais à cause de vous pour que vous croyez, pour que votre foi grandisse. Allons chez Lazare »547.6. Le témoignage de Maria Valtorta est tout à fait conforme à celui de saint Jean(Jn 11,6-16). Le départ est décidé pour le lundi à midi. Ils passeront la nuit chez Nike. Repartant le mardi à l'aube Jésus prévoit d'atteindre Béthanie le mardi vers la mi-journée. Aux apôtres craintifs de retourner vers Jérusalem avant la Pâque, Jésus rappelle qu'Il doit accomplir sa promesse faite à Cédès. « Dieu seul peut tirer un homme de la fange et de la pourriture refaire un corps intact et vivant795. Eh bien, je vais le faire »547.7. Tous sont stupéfiés par cette annonce, qui provoque cette réflexion de Pierre : « Si Israël ne se convertit pas, Yahvé Lui-même, au milieu des foudres, ne peut le convertir »547.8.
Comme prévu, ils atteignent Béthanie le mardi 25 décembre à sexte, le quatrième jour après les funérailles. Saint Jean précise que ce jour là encore, « beaucoup de juifs étaient venus » (Jn 11,19). Plus encore que la notoriété de Lazare, c'est certainement le signe annoncé par Jésus qui justifie une telle présence. « Il est certain désormais qu'il ne peut pas faire le miracle »548.2, font même observer certains. La suite, nous la connaissons déjà dans ses grandes lignes grâce au récit de saint Jean (Jn 11, 20-46). Maria Valtorta y joint de nombreux détails crédibles comme seul, semble-t-il, un témoin oculaire peut le faire. Elle nous aide à imaginer la stupeur et le comportement des personnes présentes devant un tel prodige. Jésus interpelle Sadoc et ses compagnons du Sanhédrin, alors qu'ils s'éloignent plus haineux que jamais. « Est-ce que cela te suffit, Sadoc, ce que tu as vu ? (...) Nul prophète n'a jamais pu rassembler ce qui était décomposé, en plus que mort. Dieu l'a fait. Voilà le témoignage vivant de ce que je suis »548.14. Leur refus démoniaque de la Vérité leur vaudra une terrible condamnation durant le mercredi Saint796. Déjà au bord du Jourdain, six mois plus tôt, expliquant pourquoi le péché contre l'Esprit ne sera pas pardonné, Jésus avait dit : « La vérité est manifeste. Mais ils la nient parce qu'ils veulent la nier (...) Et de me dire "satan" ne leur sera pas pardonné car l'Esprit fait, par Moi, des œuvres divines et non sataniques »421.8.
Comme on l'imagine facilement, la nouvelle de la résurrection de Lazare se propage à travers la ville à une vitesse prodigieuse et entraine la convocation du Sanhédrin en séance extraordinaire dès la fin de journée797. Le prestige et l'autorité de Gamaliel dans cette assemblée ne sont pas de trop pour contenir les plus excités. Témoin lui aussi du prodige intervenu à Béthanie, il n'hésite pas, s'appuyant en particulier sur la Genèse, l'Exode, les Proverbes et la Sagesse de Sira798, à finalement proclamer : « Il est Celui qui est. Dieu sait ce qu'il est. Nous voyons ses œuvres, Dieu voit aussi ses pensées. Mais il n'est pas le Messie car, pour nous, Messie veut dire Roi. Lui n'est pas, ne sera pas roi. Mais il est saint, et ses œuvres sont celles d'un saint. Et nous, nous ne pouvons pas lever la main sur l'Innocent, sans commettre un péché. Moi, je ne souscrirai pas au péché »549.9. Cette proclamation ne calme pas les plus enragés. Tard dans la nuit, après une tentative infructueuse auprès de Pilate, ils retournent au Temple. C'est là que Caïphe décide (Jn 11,45-53) : « Après ce qui est arrivé, Jésus doit mourir. Vous ne réfléchissez pas vous tous qu'il vaut mieux qu'il meure un homme plutôt qu'un grand nombre ? Par conséquent que Lui meure pour sauver son peuple pour que ne périsse pas toute la nation. Du reste… Lui dit qu'il est le Sauveur. Qu'il se sacrifie donc pour sauver tout le monde » (...) « C'est assez attendu ! C'est assez discuté ! J'ordonne et décrète que quiconque sait où se trouve le Nazaréen vienne dénoncer l'endroit, et anathème sur qui n'obéira pas à ma parole »549.15. Et levant la séance, Caïphe ordonne : « Vendredi, entre tierce et sexte, tous ici pour délibérer »549.15.