Le Protévangile

La cérémonie de la purification d'Anne

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« Et quand les jours furent accomplis, Anne fut purifiée » dit le protévangile de Jacques. Selon la Loi, inscrite au chapitre 12 du Lévitique, une femme qui avait donné naissance à un enfant était considérée comme impure. Après 40 jours pour un garçon et 80 jours pour une fille, la mère devait apporter deux offrandes au Temple : un agneau comme sacrifice de remerciement, et une jeune colombe ou tourterelle comme sacrifice expiatoire.

C'est donc un peu avant la fin novembre -21 que Joachim et Anne se rendirent au Temple, accompagnés de Zacharie et d'Elisabeth, pour y accomplir le rite prescrit. Maria Valtorta décrit « une belle mais froide journée de plein hiver »6.1. Cette imprécision résulte d'une impression personnelle de l'auteure, et montre qu'elle ne s'inspirait surement pas des données bibliques pour renforcer la crédibilité de son récit, comme serait tenté de le faire un romancier.

C'est la première fois qu'il est question dans l'œuvre de Zacharie et d'Elisabeth, les futurs parents de Jean Baptiste. Aussi la remarque de Maria Valtorta : « Zacharie beaucoup plus jeune (…) qu'à la naissance du Baptiste, et en pleine force »6.1 pourrait nous surprendre. C'est l'occasion de rappeler ici que Maria Valtorta ne reçut pas toutes ses visions selon un ordre chronologique. Par exemple cette vision, du 28 août 1944, est de cinq mois postérieure à celle de la visite de la Vierge Marie chez Elisabeth à Hébron, reçue le 1er avril 1944. Pourtant, remises dans l'ordre, toutes les visions s'avèrent parfaitement cohérentes entre elles.

Dans le compte-rendu que Maria Valtorta nous fournit de cette cérémonie, plusieurs détails méritent d'être soulignés. Tout d'abord la description du Temple, conforme à ce qu'on en connaît par l'histoire, avec ses cours, ses portiques et ses « entrées magnifiquement travaillées, de marbre, bronze et or »6.3. Maria Valtorta admire particulièrement « la belle porte de Nicanore, tout un travail de broderie en bronze massif laminé d'argent »6.3. En effet, ces portes en bronze, rapportées d'Alexandrie par Nicanor, furent laissée en l'état (« leur bronze brillait comme l'or ! ») lorsque « plus tard » toutes les autres portes du Temple furent garnies d'or et d'argent64. L'histoire ne nous révèle pas quand furent précisément installées ces portes. Selon Maria Valtorta, elles étaient donc déjà en place en -21, juste à l'époque où Hérode le Grand allait décider « d'agrandir l'enceinte et augmenter la hauteur de l'édifice pour le rendre plus imposant »65.

Maria Valtorta voit aussi parfaitement « les choses apportées : ...deux colombes dans une cage d'osier et deux grosses pièces d'argent... Joachim entre derrière sa femme, tirant à reculons un malheureux agneau qui bêle »6.3. ce qui est conforme à l'offrande légale. La voyante s'étonne de la grosseur des pièces de monnaie et émet ce commentaire typiquement féminin : « deux grosses pièces d'argent : certaines pièces de monnaies tellement lourdes qu'heureusement qu'à cette époque il n'y avait pas de poches, elles les auraient défoncées ». Mais il suffit de se souvenir que la monnaie d'argent utilisée dans l'enceinte du Temple, à cette époque, était le sicle de Tyr, pesant environ 14 g, pour apprécier la pertinence de cette remarque.

La présence au Temple, en -21, de la prophétesse Anne ne saurait surprendre, puisque selon Luc, elle participait au culte du Temple « nuit et jour » (Lc 2,36-38). L'explication de cette présence, telle que nous la donne Maria Valtorta, pourrait rassurer certains exégètes qui mettent en doute le récit de Luc, estimant que les femmes ne pouvaient rester au Temple la nuit... « Voici (une autre) Anne qui arrive. Ce sera une de ses maîtresses : Anne de Phanuel de la tribu d'Azer. Viens, femme, cet enfant on l'offre au Temple, tu seras sa maîtresse et sous ta garde elle croîtra en sainteté ». Si Anne était la maîtresse des jeunes vierges du Temple, comme l'indiquent Maria Valtorta et avant elle Marie d'Agreda, tout devient limpide ! Maria Valtorta précise encore: « Anne de Phanuel, déjà toute blanche », ce qui reste logique pour une femme déjà âgée de 68 ans, puisque l'évangéliste Luc indique qu'elle avait 84 ans à la naissance de Jésus.

« Dans trois ans, tu seras là aussi, mon Lys » promet la maman Anne à son bébé Marie, à la fin de la cérémonie de purification6.5. Elle renouvelle ainsi le vœu fait quelques mois plus tôt à Nazareth : « lorsqu'elle aura fait notre joie pendant trois années, nous donnerons notre créature au Seigneur »4.4.

Notes de bas de page

64
D'après le Talmud Yoma, 38, 1 et Flavius Joseph Guerres juivesLivre V, 5, 3.

65
Les historiens place cette décision vers l'automne -20, en confrontant Flavius Josèphe Antiquités judaïques, XV, 11, 1 avec Dion Cassius Histoire romaineLIV,7,4-6 ; Suétone, Auguste, III, 9 ; et Tacite, Annales, II, 13.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2