Énigmes Valtorta
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Toutes les catégoriesIl y a un temps pour toute chose...Egale des plus grands géographes ?Et Jésus parcourait les villes et les villagesLes témoins oculairesVingt talents pour libérer Jean-Baptiste...Pays de blé et d'orge, de vigne, de figuiersUn inventaire architectural exhaustifDe Re Rustica...Est-il permis de guérir le jour du sabbat...Cette parole leur demeurait cachéeSi cela n'est pas vrai...c'est bien imaginéLes quatre évangiles en un seul ?Le ProtévangilePremière année de vie publiqueSeconde année de vie publiqueTroisième année de vie publiquePréparation à la Passion de JésusLa Passion et la mort de JésusDe la Résurrection à la PentecôteEpilogue
35 articles trouvés
Première année de vie publique
Les trente ans de Jésus
« Jésus, quand Il commença (son ministère), avait environ trente ans » nous dit saint Luc dans son évangile (Lc 3,23). Dans leur interprétation de ce verset , certains Pères (Saint Jérôme, saint Irénée, saint Grégoire de Naziance, saint Théophylacte ou saint Euthymius...) considérèrent que Jésus débutait alors sa 30e année, tandis que pour d'autres (Saint Ignace, Eusèbe, saint Jean Chrysostome, Baronius...) c'était plutôt le début de sa 31e année. Maria Valtorta est bien plus précise, puisque pour elle, c'est le soir même de son trentième anniversaire que Jésus quitte sa maison de Nazareth, après d'émouvants adieux à sa sainte Mère. « Maman, cette heure devait venir… Elle a commencé ici quand l'Ange t'apparut ; maintenant, elle sonne et nous devons la vivre, n'est-ce pas, Maman ? » 44.3 . Cornelius a Lapide commente ainsi le passage de saint Luc : « A trente ans, quand, selon la coutume des hébreux, Il commença à accomplir son ministère d'enseignant et de Rédempteur, et prêcher publiquement ... ». Dans le judaïsme en effet, selon les Maximes des Pères « à trente ans, on révèle sa force ». Trente ans, c'était semble-t-il l'âge où un rabbi pouvait commencer à avoir des disciples et à les enseigner . C'était aussi l'âge initialement prévu pour l'entrée en fonction des lévites . C'est un samedi soir, juste à la fin du sabbat, et au lendemain de son anniversaire du 13 tebeth, que « Jésus s'éloigne toujours plus sur la route blanche ». « Il y a seulement un beau clair de lune (…) La route est (...) éclairée par la lune » précise encore Maria Valtorta. Chaque année l'anniversaire de Jésus, le 13 tebeth, a lieu effectivement en période de pleine lune, rendant possible ce départ en soirée. FOOTNOTES : Selon deux manières possibles d'interpréter le mot άρχόμενος, « commençant », employé dans la version grecque de saint Luc. : Cornelius a Lapide, Le grand commentaire biblique St Luc chap. 3. : Mischna, Pirké Avot chap. 5, 25, et Rob Bell, Velvet Elvis 2005. : Nombres 4,3 et 4,23. Saint Irénée ( Hérésies II,22), réfutant l'erreur des gnostiques qui prétendaient que Jésus était mort dans sa trentième année, écrit : « Mais comment pouvait-il prêcher avant d'avoir atteint l'âge légal des maîtres ? »
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Première année de vie publique
Jésus quitte Capharnaüm
Le lendemain, dimanche, avant l'aube, Jésus « en faisant le moins de bruit possible sort de la maison de Pierre à Capharnaüm » 62.1 . Il s'enfonce dans une oliveraie, « et là Il priait » rapporte Marc(Mc 1,35). Au retour de leur pêche nocturne, Pierre et ses compagnons viennent Le rejoindre, un peu inquiets de Le savoir dehors si tôt. Jésus les rassure et les enseigne à la fois : « j'ai l'habitude de sortir souvent de bonne heure pour élever mon esprit et m'unir au Père. La prière est une force, pour soi et pour les autres. On obtient tout par la prière. Le Père n'accorde pas toujours la grâce qu'on Lui demande. Il ne faut pas penser que cela soit de sa part un manque d'amour, il faut croire que ce refus correspond à un plan qui organise au mieux la destinée de chaque personne » 62.2 . La renommée de Jésus commence à se répandre alentour(Mt 4, 23-25). Pierre, croyant bien faire, a refoulé les pèlerins. « Le Maître est fatigué et il dort. Allez-vous-en, venez au prochain sabbat ». « Non, Simon. Il ne faut pas dire cela. Il n'y a pas qu'un seul jour pour la pitié. Je suis l'Amour, la Lumière, le Salut, tous les jours de la semaine » 62.3 . Jésus décide alors d'aller au devant des foules qui Le cherchent ; Il va commencer par évangéliser les villages proches, Corozaïn et Bethsaïda (Mc 1,35-39 et Lc 4, 42-44).
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Première année de vie publique
Les vendanges près du lac de Méron
C'est maintenant le 13 septembre, et la saison des vendanges commence. Bientôt (le 18 septembre) ce sera la fin du mois d'Eloul et la fin des cultures. Grâce à la générosité de Simon de zélote et de Lazare, Jésus va pouvoir libérer le berger Jonas de l'emprise cruelle du pharisien Doras. En attendant, Il décide d'aller rendre visite à Anne et Jude de Méron, un couple âgé qu'Il veut présenter à sa Mère. « Un jour, c'était dans les premiers temps que j'évangélisais, cette mère m'empêcha de te regretter, tant elle fut douce avec ton Fils fatigué » 108.2 . Lorsqu'après leur travail les vignerons sont rassemblés, Jésus les enseigne et leur résume sa doctrine : « Nombreuses, trop nombreuses sont les paroles que l'on vous dit. Moi, je ne vous dis que celles-ci : Aimez Dieu. Aimez le prochain » 108.6 . FOOTNOTES : C'était pendant la semaine du 8 au 15 mai 27. Jésus avait évangélisé seul la Haute Galilée : « J'ai parcouru pendant la semaine tous les environs et je suis arrivé à l'aube, ce matin. Je suis las » 60.4 dit-Il alors à Pierre.
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Première année de vie publique
Chez Doras. La mort de Jonas
C'est la nouvelle lune de Tishri depuis la veille, samedi 18 septembre. Sans plus attendre Jésus se presse vers les terres de Doras, pour délivrer le malheureux Jonas retenu jusqu'à ce jour par l'exigence de son féroce maître. Jésus est accompagné des onze, car « Judas est encore absent et les bergers ne sont plus là » 109.1 . Il est pris de compassion pour les souffrances endurées par les paysans de Giocana et de Doras. « Le Dieu d'Abraham sourit à vos cœurs, alors qu'il tourne un visage sévère vers ceux qui l'insultent au Temple, avec des prières menteuses, alors qu'ils n'aiment pas leurs semblables » 109.5 . Témoin de cette scène émouvante, et des conseils de patience donnés par Jésus aux paysans, Pierre s'en est peut-être souvenu lorsqu'il écrivit : « Serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec respect; non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais même à ceux qui sont méchants, car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement »(1 P 2,18-19). Paroles que l'on retrouve aussi dans la Didaché (IV, 8) : « Quant à vous, serviteurs, vous serez soumis à vos maîtres avec respect et crainte comme à l'image de Dieu ». La rencontre avec Doras, homme cruel, avide et répugnant tourne vite au drame. « Mais cet homme est une bête fauve ! s'exclame Mathieu ». « Non. Il n'a pas d'âme, dit Jésus » 109.6 . C'est un moribond que Doras remet de mauvaise grâce à Jésus, après en avoir réclamé une très forte somme d'argent. Il exige même qu'on lui rachète le miséreux grabat de Jonas. Jésus, scandalisé par la férocité du pharisien jette l'anathème sur ses terres et ses biens avec ce terrible commentaire : « Je te remets au Dieu du Sinaï » 109.12 . Doras n'aura que peu de temps pour jouir de son argent si mal acquis... Maintenant Jésus ne se préoccupe plus que de réconforter Jonas. « Ami fidèle, tu es libre maintenant et tu ne mourras pas ici. Je te conduis à ma maison ». « Libre ? Pourquoi ? À ta maison ? Ah ! Oui ! Tu m'avais promis que je verrais ta Mère » 109.11 . Au prix de gros efforts, les apôtres parviennent à transporter le mourant jusqu'à la maison de Nazareth, où le vieux berger rend son dernier soupir entouré de Jésus et de Marie.
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Première année de vie publique
Judas devient disciple
Le récit reprend alors que Jésus se trouve dans le jardin du Gethsémani. C'est un jour de sabbat, une semaine après la Pentecôte. L'analyse rigoureuse des indices laissés plus ou moins à son insu par Maria Valtorta permet même de préciser que Judas vient retrouver Jésus le 5 juin, cinquante quatre jours après leur première rencontre . Judas, qui cherche Jésus depuis plusieurs jours, est plein de ses rêves de gloire humaine. Jésus tente de le dissuader : « Tu me suis pour une idée qui est humaine, Judas. Moi, je dois te dissuader. Je ne suis pas venu pour cela ». (...) « Mon Royaume n'est pas de ce monde, Judas. Renonce à tes idées » 66.1 . Mais Judas n'écoute rien des arguments du Christ qui, à plusieurs reprises, envisage l'avenir. « Je viens appeler au Royaume les justes d'Israël... Mes disciples, les premiers, seront d'Israël. Mes confesseurs, les premiers, d'Israël. Mais aussi mes persécuteurs, d'Israël. Et aussi mes bourreaux, d'Israël. Mais aussi mon traître, d'Israël … » 66.2 . Jésus indique sans détour la mort du Baptiste : « ... comme on le hait pour son austérité, on me haïra pour ma bonté, parce que l'une et l'autre annoncent Dieu, et Dieu est haï par les méchants... Comme il me précède dans la prédication, ainsi il me précèdera dans la mort » 67.6 . FOOTNOTES : Le lendemain soir, par exemple, Jésus dit : « Il fait un si beau clair de lune que nous y verrons sans lumière ... » 70.2 . alors que l'astronomie montre que c'est la période de pleine lune !
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Première année de vie publique
L'an quinze de Tibère
J'ai déjà évoqué cette question de la datation de l'an 15 du gouvernement de Tibère , qui trouble les chercheurs depuis tant de siècles, car elle paraît à première vue difficilement compatible avec la naissance de Jésus vers -6/-4, et sa Passion en avril 30. La chronologie, telle qu'elle résulte du récit de Maria Valtorta, fixe sans la moindre ambiguïté le début du ministère public de Jésus juste après son trentième anniversaire, au tout début de l'an 27. Qui doit-on croire : saint Luc(Lc 3,1), ou Maria Valtorta ? Mais n'est-il pas possible, finalement, qu'ils aient raison tous les deux, malgré des apparences trompeuses ? C'est semble-t-il le chronologiste Joannes Georgius Hervatius qui le premier, vers 1530, émit l'hypothèse que Luc aurait fort bien pu compter les années de Tibère à partir du jour où Auguste l'associa à l'empire, soit en l'an 11/12 de notre ère . L'an 15 de Tibère correspondrait dans ce cas à notre an 26/27. Tibère ne fut pas le seul, à cette époque, à avoir pris effectivement le pouvoir quelque temps avant son investiture officielle. L'histoire montre que ce fut aussi le cas d'Auguste, d'Hérode, (et peut-être même des fils de ce dernier). Il est donc possible que lorsque Luc écrivit son évangile, il se référa à la quinzième année de pouvoir effectif de Tibère, correspondant à l'an 26 . Et Jean Baptiste aurait débuté son ministère lui aussi à l'occasion de ses trente ans, tout comme son cousin Jésus, mais en le devançant de six mois. FOOTNOTES : L'Enigme Valtorta tome 1, 2012, pages 302/303. Mathématiquement sa quinzième année va du 15 septembre 28 au 15 septembre 29, et s'accorde mal avec la Passion en avril 30. : Cette hypothèse fut reprise par plusieurs savants (Herwaert, Nova et vera Chronologia , 1612 c. 248 ; P. Pagi, Critic. in Baron . 1697 ; N. Lardner, Credibility of the Gospel History , 1727 p. 372 et suiv. ; Pezron ; P. Patrizzi ( De Evang . III, Diss. 89, n. 4); Sepp, La vie de N. S. J. C ., 1ère partie, c. 14 ; etc.) sans toutefois réussir à faire l'unanimité. : Plusieurs manuscrits des Actes de Pilate (apocryphe déjà connu au 2e siècle) indiquent très clairement la correspondance entre l'an 18 de Tibère et l'année du consulat des deux Geminus, donc l'an 29. Pour ces manuscrits du moins, l'an 15 de Tibère était donc bel et bien l'an 26 (à moins d'invoquer une erreur de copiste).
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Première année de vie publique
Les trois années de vie publique
Les Évangiles synoptiques ne fournissent pas d'indication sur la durée du ministère de Jésus. Saint Jean, lui, mentionne explicitement trois fêtes de Pâque, ce qui laisse supposer une durée d'au moins deux ans. Cependant un examen un peu plus attentif du récit de Jean, confronté à certaines données des synoptiques, montre assez clairement que la vie publique de Jésus dura trois ans et quelques mois : En 27, première année : Après son baptême par Jean Baptiste en janvier, puis le miracle à Cana et un bref séjour à Capharnaüm(Jn 2,12), Jésus se rend pour la Pâque à Jérusalem, où Il chasse les vendeurs (Jn 2,13). Quelques mois plus tard (le temps indispensable pour que sa renommée grandisse) a lieu l'entretien secret avec Nicodème (Jn 3,17). En 28, deuxième année : La rencontre avec la samaritaine a lieu « quatre mois avant les moissons »(Jn 4,35), donc au début de l'année. Jean mentionne ensuite « une fête des juifs »,(Jn 5,1)ayant lieu, nous précise-t-il, « un jour de sabbat » (Jn 5,9). Il est curieux que cette précision n'ait pas attiré l'attention des commentateurs ! En effet, l'étude des calendriers montre qu'en l'an 28, la Pentecôte eut justement lieu un samedi - le 20 mai 28 (grégorien) - et trouve donc très naturellement place ici. Jésus y accomplit la guérison du paralytique de la piscine de Béthesda. En 29, troisième année : Mathieu évoque la mort du Baptiste(Mt 14,3)puis la multiplication des pains(Mt 14,13)dont Jean nous dit qu'elle eut lieu avant la Pâque (Jn 6,4). Ce ne peut donc être que la Pâque de l'an 29, suivie de la fête des Tabernacles (Jn 7,2)puis en l'hiver 29 de la fête de la Dédicace(Jn 10,22)et de la résurrection de Lazare(Jn 11,11). Enfin, au début de l'année 30 : Séjour à Ephraïm (Jn 11,54) puis au printemps la dernière Pâque, celle de la Passion. Maria Valtorta ne laisse pas le moindre doute sur cette durée de la Vie publique. Plus d'une trentaine de fois il est précisé qu'elle se déroula sur une période de trois années. Dès les premiers livres Jésus l'affirme : « au cours des trois années de mon ministère » 44.10 . Il explique : « Jean fut présent à tous les prodiges, quelle qu'en fût la nature, que j'ai accomplis en trois ans » 20 août 1944 . Ou encore : « J'ai prêché pendant trois ans » 353.4 . Plus tard, Jésus annonce à Simon le zélote sa mort prochaine, juste un an à l'avance. Et le zélote réagit : « Trois ans… Mais alors… Oh ! mon Seigneur !… C'est donc au printemps prochain que nous allons te perdre ? » 366.3 . Puis à l'occasion de la troisième annonce prophétique de sa Passion au groupe apostolique (Mc 10, 32-34) : « ... cette épreuve redoutable qui vous donnera la mesure de ce que vous êtes, de ce que vous êtes restés après trois ans passés avec Moi, et de ce que vous êtes devenus après trois ans passés avec Moi » 577.3 . Inutile de multiplier les exemples , car bien plus encore que ces affirmations maintes fois répétées, la meilleure preuve de la durée du ministère de Jésus, dans l'œuvre de Maria Valtorta, est certainement la possibilité de pouvoir reconstituer un véritable calendrier de la Vie Publique. Tous les faits et gestes de Jésus, tels que transmis par les Écritures, y sont exposés pratiquement au jour le jour, dans un ordre chronologique cohérent. Personne, avant Maria Valtorta, n'a été en mesure de nous transmettre une telle reconstitution, si précise qu'elle permet d'évaluer la durée du ministère du Christ, non pas en années, mais pratiquement au jour près ! De nos jours cette durée de trois ans et quelques mois pour le ministère de Jésus paraît à peu près unanimement admise. FOOTNOTES : Il fallut nécessairement quelque temps pour que le rabbi galiléen , d'abord inconnu, acquiert une notoriété suffisante pour susciter l'intérêt de Nicodème, le prince des Juifs, maître en Israël . : Notons qu'au 7e siècle, le vénérable Bède écrivait : « c'est la foi de l'Eglise que le Seigneur. s'incarna trente-trois ans jusqu'à ce qu'Il vive sa Passion » (... Ecclesia fides, Dominum in carne paulo plus minus quam triginta tres annis usque ad sua tempora Passionis vivisse).
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Première année de vie publique
Le Baptême au Jourdain
Presque tous les commentateurs admettent également que le baptême au Jourdain fut le premier geste public de Jésus, au début de son ministère, et s'accordent sur l'époque où il eut lieu. En effet, à l'exception de saint Epiphane, la tradition générale de l'Église place le baptême du Sauveur à la date du 6 janvier . Cette tradition remonte à la plus haute antiquité, puisqu'elle est déjà suggérée par Clément d'Alexandrie ( Stromates , I, 21), et rapportée explicitement par Origène ( Ezech. Hom . I). Quiconque lit attentivement la description du baptême de Jésus donnée par Maria Valtorta pourrait être déçu de n'y trouver aucune information décisive de date ou de lieu. Elle ne rapporte également que peu de dialogues, précisant même : « je ne rapporte pas ses paroles, parce que ce sont celles des Évangélistes » 45.3 . Mais ce serait faire bien peu de cas des visions de Maria Valtorta, que de penser qu'elle ne nous apprend rien, ici, que nous ne sachions déjà par les évangélistes. En effet, comme c'est presque toujours le cas dans cette œuvre monumentale, c'est seulement en regroupant des informations fournies au hasard des enseignements, des rencontres, des souvenirs, que peu à peu se dévoilent des détails que Maria Valtorta a pu négliger, ou simplement qu'elle ignorait lors de la vision initiale. A l'occasion d'un dialogue avec des passants, en mai 28, l'apôtre André témoigne : « Vous avez nommé le Baptiste. Eh bien, j'étais avec lui et lui nous montra Jésus qui passait, en disant : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde". Quand Jésus descendit au Jourdain pour s'y faire baptiser, les Cieux s'ouvrirent et une Voix cria : "Voici mon Fils bien-aimé, en qui Je me suis complu" et l'Amour de Dieu descendit comme une colombe pour resplendir sur sa tête » 215.4 , en parfaite conformité avec le récit de saint Jean. De même beaucoup plus loin, Jésus rappelle que son baptême eut lieu « là-bas, au gué de Béthabara » 487.6 . Plus tard encore, Marthe envoie un serviteur prévenir le Maître que son frère Lazare est mourant. Elle lui ordonne : « Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début » 543.5 . Comme Jésus passe par ce gué à plusieurs reprises, il devient possible, en recoupant les détails fournis, de positionner le lieu du baptême sur une carte. Pourtant, en 1944 cet emplacement n'était pas encore rigoureusement établi. Il fallut attendre plus de cinquante ans pour qu'il soit enfin pleinement authentifié . Il n'est pas moins remarquable que l'on puisse situer aussi le baptême dans le temps, à l'aide de deux informations séparées par des centaines de pages. La première lorsque Jésus informe ses apôtres sur le lieu de son jeûne : « Moi j'y vins à la fin de la lune de tebet, et glacial était le vent » 80.5 . La seconde lorsque l'apôtre André témoigne de sa première rencontre avec Jésus : « C'était un jour de cette lune » 324.4 . Jésus ayant quitté Nazareth le 13 tebet 3787, c'est dans la dernière semaine de tebet qu'Il fut baptisé, en plein hiver donc, comme l'a toujours affirmé la tradition. En baptisant Jésus, Jean-Baptiste témoigne par deux fois : « moi je ne le connaissait pas »(Jn 1, 31-33). Cette double affirmation a surpris les commentateurs qui s'interrogent : signifie-t-elle que le Baptiste avait déjà rencontré son cousin Jésus, mais sans savoir qu'il était le Messie ; ou signifie-t-elle qu'il ne l'avait vraiment jamais rencontré ? Dans l'œuvre de Maria Valtorta, Jésus répond à cette interrogation, car ses apôtres s'étonnent, eux aussi, qu'Il n'ait jamais revu ses cousins d'Hébron : « Quand, de retour dans la patrie, nous nous dirigeâmes vers Nazareth, avec la même prudence qui désormais guidait Zacharie, nous évitâmes Hébron et Bethléem (...) . Même le jour de ma majorité, il ne fut pas possible de voir Zacharie venu pour la même cérémonie et parti la veille avec son fils . (...) Même ce qui était permis, on l'évita pour que le mystère couvrît d'ombre le Messie Enfant » 136.9 . Comme les apôtres insistent : « Et tu n'as jamais plus vu Jean ? » Jésus confirme : « Au Jourdain seulement, quand je voulus le Baptême » 136.10 . FOOTNOTES : Remarquons que si Jésus commença sa vie publique juste après son 30e anniversaire, par son baptême au Jourdain, alors la tradition orientale qui fêtait ensemble la Nativité et le Baptême se trouve parfaitement justifiée. : Campagne de fouilles menées par l'archéologue jordanien Mohammed Waheeb en 2000. Ce gué où Jean baptisait, à sept kilomètres à l'est de Jéricho, est un lieu symbolique pour Israël. C'est là qu'un dix de Nisan les hébreux traversèrent le Jourdain, avant la prise de Jéricho (Josué 4,19). : L'étude chronologique montre que cette évocation par André se déroule le 27 tebet 3789, (soit le samedi 30 décembre 28). : Voir par exemple saint Jean Chrysostome In Ioannem hom ., 17, 2, PG 59, col. 110 ; saint Jérôme, ou encore saint Augustin Tract. in Ioannem , 5, 8, BA 71.
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Première année de vie publique
Le jeûne et la tentation au désert
Luc nous dit que l'Esprit Saint étant descendu sur Jésus, à l'issue du baptême, « Jésus, rempli d'Esprit Saint (...) fut mené par l'Esprit à travers le désert »(Lc 3,22 et 4,1). Contrairement à Jean qui n'en parle pas, Mathieu et Marc témoignent tout comme Luc que le jeûne puis la tentation au désert, suivirent immédiatement l'épisode du baptême. Maria Valtorta confirme naturellement leurs témoignages. Quand elle revoit Jésus, Il est dans le désert de Judée : « Ici, rien que la solitude, des pierres, une terre brûlée, réduite à l'état de poussière jaunâtre qu'à chaque instant le vent soulève en petits tourbillons » 46.1 . C'est à la fin de son jeûne, car « Jésus est très maigre et pâle » 46.2 , et Maria Valtorta remarque que la besace qu'Il avait à son départ de Nazareth « est flasque, je comprends qu'elle est vide du peu de nourriture qu'y avait mise Marie » 46.2 . Satan s'approche et commence insidieusement ses tentations. Jésus garde le silence et prie. « Ah ! C'est donc bien toi ? Depuis le temps que je te cherche ! Et maintenant, cela fait si longtemps que je t'observe. Depuis le moment où tu as été baptisé » 46.4 . Ainsi pendant trente ans la divinité de Jésus fut cachée non seulement au monde, mais aussi à son prince. Saint Ignace d'Antioche affirmait déjà : « Le prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort du Seigneur : trois mystères retentissants qui furent accomplis dans le silence de Dieu ». Dans l'œuvre, Jésus confirme que c'est toute sa jeunesse à Nazareth qui resta ignorée de Lucifer : « le "sceau" fut maintenu sur le secret de Dieu contre la curiosité de Satan, maintenu sous l'apparence d'une vie commune » 38.9 . Et Benoît XVI apporte cette analyse : « Quelle est la racine des trois tentations que Jésus a subi ? C'est la proposition d'instrumentaliser Dieu, de l'utiliser pour ses propres intérêts, pour sa propre gloire et pour sa réussite. Donc, en substance, de se mettre à la place de Dieu, de le retirer de son existence et le faisant paraître superflu ». Contre Satan, Jésus nous donne ce conseil précieux : « Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n'y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous (...). Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu'il est comme Dieu, en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas » 46.14 . FOOTNOTES : Ignace d'Antioche Lettre aux Ephésiens 19, 1. Voir aussi Catéchisme de l'Eglise Catholique § 498. : Benoît XVI Audience du mercredi des cendres , 13/02/2013.
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Première année de vie publique
La rencontre avec Jean, Jacques et André
Evoquant sa première rencontre avec Jésus, saint Jean utilise l'expression « le lendemain » (Jn 1,29). Quelques auteurs en ont fait un argument pour dénoncer « une contradiction » entre le récit de saint Jean et celui des autres évangélistes. Ces esprits sceptiques prouvent surtout leur mauvaise fois ou leur inculture. Car à l'évidence, comme le notent la plupart des exégètes, cette expression plusieurs fois utilisée par saint Jean n'a pas pour lui une signification chronologique stricte, mais lui sert simplement à rythmer son récit . C'est ce que Jésus confirme, par la plume de Maria Valtorta : « Je réponds à l'avance à une observation. Jean dit dans son Évangile en parlant de la rencontre avec Moi : "Et le jour suivant". Il semble ainsi que le Baptiste m'ait désigné le jour qui suivait le Baptême et que tout de suite Jean et Jacques m'aient suivi. Cela contredit ce qu'ont dit les autres Évangélistes au sujet des quarante jours passés au désert. Mais prenez cette lecture : "(Après l'arrestation de Jean) un jour, ensuite, les deux disciples de Jean Baptiste auxquels il m'avait indiqué en disant : 'Voici l'Agneau de Dieu', en me revoyant, m'appelèrent et me suivirent". Après mon retour du désert » 47.10 . Une autre précision nous est donnée par le récit de Maria Valtorta au sujet des témoins de cette première rencontre. Sur la base de l'évangile de Jean (Jn 1,40), la tradition grecque appelle André le Protoclet , c'est-à-dire le premier appelé des douze apôtres . Maria Valtorta conforte cet appel d'André au Jourdain, plutôt qu'à Capharnaüm comme pourrait le laisser entendre Marc (Mc 1, 16). Mais André cède la première place à Jean de Zébédée. « Jean, le premier, voit Jésus, le montre à son frère et à ses compagnons. Ils parlent un peu entre eux et puis Jean se met à marcher rapidement pour rejoindre Jésus. Jacques le suit plus lentement » 42.7 . Dans son évangile, saint Jean s'efface comme à son habitude et mentionne uniquement la présence de deux disciples(Jn 1,35.40), nommant le seul André. Maria Valtorta nous dévoile donc qu'André accompagnait en fait les fils de Zébédée, Jean et son frère Jacques. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, Jésus, à l'occasion d'un fait dont Jean fut le seul témoin , nous donne un commentaire très éclairant. « Jean, mon confident pour les faits les plus graves de ma vie, ne s'est jamais pompeusement prévalu de ces faveurs que je lui faisais. Mais, au contraire, lisez attentivement, il semble souffrir de les révéler et dire : "Je dois dire cela parce que c'est une vérité qui exalte mon Seigneur, mais je vous demande pardon de devoir montrer que je suis seul à la connaître" et c'est par des paroles concises qu'il fait allusion au détail connu de lui seul. Lisez le premier chapitre de son Évangile où il raconte sa rencontre avec Moi : "Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples… Les deux disciples, ayant entendu ces paroles… André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus. Le premier qu'André rencontra… " Lui ne se nomme pas, au contraire il se cache derrière André qu'il met en lumière... » 464.17-18 . Si donc Jean fut le tout premier à croire, André témoigne qu'il crut lui aussi immédiatement : « J'étais disciple du Baptiste, et dans les pauses de la pêche, j'allais le trouver avec d'autres compagnons. (…) J'avais remarqué un jeune homme beau et calme qui, en suivant un sentier, venait vers nous. (...) J'ai senti que c'était Celui auquel le Saint d'Israël, le dernier Prophète, le Précurseur, n'était pas même digne de dénouer les sandales. (...) Quand Jean après le super-extasiant tonnerre de Dieu, après l'inconcevable splendeur de la Lumière en forme de colombe de paix, eut dit : "Voici l'Agneau de Dieu", moi (...) j'ai crié avec la voix de l'esprit : Je crois ! » 324.4 . Matthieu (Mt 4,12) et Marc (Mc 1,14) justifient le départ de Jésus vers Capharnaüm par l'annonce de l'arrestation du Baptiste : « Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée ». C'est aussi ce que décrit Maria Valtorta. Lorsque Jésus lui demande des nouvelles du Baptiste, Jean répond : « Hérode l'a fait arrêter. Il est en prison à Machéronte. Ses plus fidèles parmi nous ont essayé de le délivrer, mais impossible. Nous revenons de là » 47.2 . En analysant tous les détails fournis, il est possible de reconstituer une chronologie très précise. Le Baptême eut lieu le dimanche 29 Tébeth et Jésus resta au désert pendant 40 jours, du lundi 1 Shebat, jusqu'au vendredi 10 Adar. Après s'être accordé une brève journée de réconfort dans la vallée du Jourdain, durant le sabbat du 11, Jésus rencontra Jean, Jacques et André au gué du Jourdain, le dimanche 12 en fin de matinée. « C'était une fraîche matinée d'Adar… Moi, j'étais un voyageur inconnu sur le chemin près du fleuve… Las, couvert de poussière, pâli par le jeûne, la barbe inculte, les sandales percées, je ressemblais à un mendiant sur les chemins du monde… » 597.3 , raconte Jésus à ses apôtres trois ans plus tard, durant le mercredi Saint, en se remémorant la rencontre avec Jean. On comprend ainsi pourquoi Jacques de Zébédée raconte qu'il eut quelque peine à le reconnaître : « j'étais avec André au Jourdain, mais je ne l'ai pas remarqué avant l'indication du Baptiste. Moi aussi, j'ai tout de suite cru (...) après des dizaines de jours d'inutile attente, de recherches angoissées, qui par leur inutilité rendaient plus douloureuse la perte de notre Jean arrêté une première fois, quand Il apparut, venant du désert, moi, je ne Le reconnus pas tout de suite » 324.6 . C'est encore Jean qui prit l'initiative : « Laisse-nous venir avec Toi, Maître. Montre-nous où tu habites » 47.2 demande-t-il. « Venez donc et marchons. Le long du chemin je vous instruirai » lui répond Jésus. Et ensemble, ils prirent le chemin du retour vers la Galilée. FOOTNOTES :Voir Jean 1,29.35.43 ; 6,22 ; 12,12. : Benoît XVI a rappelé cette tradition dans son homélie du mercredi 14 juin 2006, consacrée justement à André. : Il s'agit ici d'une réunion secrète où une quarantaine de notables juifs complotent pour nommer Jésus roi selon Jean 6,15. : Le Baptiste fut arrêté deux fois, comme on peut le déduire de Jn 3,24. Mais jusqu'au 17e siècle et l'analyse de Lamy, Preuve des deux prisons de saint Jean-Baptiste , 1693, ce fait était plutôt considéré comme une contradiction entre Matthieu, Marc et Jean.
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Première année de vie publique
L'appel des premiers apôtres
Il convient de remarquer ici qu'à partir de la rencontre de Jésus avec les trois premiers disciples, et jusqu'aux noces de Cana, les descriptions de Maria Valtorta permettent de reconstituer, non seulement jour par jour, et même presque heure par heure, la suite des événements qui aboutirent à la constitution du noyau apostolique. Ce récit circonstancié éclaire d'un jour nouveau, en les conciliant, les versions succinctes transmises par Matthieu, Marc et Jean. Compte tenu de la brièveté des journées hivernales, et de l'état des routes, ils atteignirent Capharnaüm le mercredi 15 Adar, au terme de trois jours et demi de marche. Jacques et Jean restèrent toute la journée du jeudi, et jusque tard dans la nuit, avec Jésus : « Ils avaient fait toute la route avec Moi et étaient restés une journée entière au foyer hospitalier d'un ami de ma maison, de la parenté » 47.10 . André, lui, était rentré directement à Bethsaïda, pour rejoindre son frère. Le vendredi matin, les quatre pêcheurs se retrouvent au bord du lac. Pierre et André débarquent après leur pêche nocturne en cette nuit de pleine lune « où la pêche est si bonne ». Jean et Jacques se montrent très persuasifs, et finissent par convaincre Pierre de venir faire connaissance avec Jésus. La rencontre a lieu le lendemain après midi, jour de sabbat, à la sortie de la synagogue de Capharnaüm, où Jésus viens de lire et de commenter le chapitre 7 de Jérémie. « O vous d'Israël ! Le temps de la Rédemption est arrivé mais préparez-en les voies en vous, par la bonne volonté ... » 49.6 . La rencontre de Pierre avec le Seigneur nous vaut cette explication, relative au texte de Jean(Jn 1,40-42) : « Je veux que (...) tous vous remarquiez l'attitude de Jean. (...) Vous l'admirez parce que pur, aimant, fidèle, mais vous ne remarquez pas qu'il fut grand en humilité. Lui, à qui l'on doit la venue de Pierre vers Moi, il tait modestement ce point particulier . (...) voyez ce qu'il dit : "André, frère de Simon, était un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon à qui il dit : 'Nous avons trouvé le Messie' et il le mena à Jésus". Avec sa justice, en plus de sa bonté, il sait que André est embarrassé de n'avoir qu'un caractère renfermé et timide (...) Il veut qu'André semble le premier apôtre du Christ auprès de Simon bien que sa timidité et son effacement auprès de son frère lui aient apporté un échec dans son apostolat » 49.9 . Le dimanche matin, de bonne heure, Jean vient chercher Jésus car Pierre l'invite chez lui, à Bethsaïda, pour le présenter à son entourage. Lorsque Jésus y arrive un peu plus tard , tout le village est là pour l'accueillir. « Merci, Maître, pour nous et pour ceux qui attendent. Ce n'est pas le sabbat, mais n'adresseras-tu pas la parole à ceux qui t'attendent ? » « Oui, Pierre, je parlerai dans ta maison » 50.2 . Dans l'après midi a lieu la rencontre avec Philippe, qui accepte immédiatement de suivre Jésus. « André m'a parlé de Toi. Il m'a dit : "Celui après qui tu soupirais est venu". Car il savait que je soupirais après le Messie ». « Ton attente n'est pas trompée. Il est devant toi. » « Mon Maître et mon Dieu ! » 50.5 . Puis, quelques instants plus tard, Philippe revient avec son ami Barthélemy. « Voici un vrai Israélite en qui il n'y a pas de fraude. La paix à toi, Nathanaël ». « Comment me connais-tu ? » « Avant que Philippe vint t'appeler, je t'ai vu sous le figuier ». « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d'Israël ! » 50.6 . Alors que la journée s'achève, Jude Thaddée, le cousin de Jésus fait brusquement irruption dans la maison de Simon-Pierre. « Je viens de Capharnaüm. J'ai pris une barque et je suis venu aussi jusqu'ici avec, pour faire plus vite. Ta Mère m'envoie Te dire : "Suzanne se marie demain. Je te prie, Fils, d'assister à cette noce". Marie y prend part, et avec Elle ma mère et les frères » 51.1 . Nous apprenons ainsi que la tante de Jésus, Marie d'Alphée, sera présente, de même que ses fils Jacques, Jude, Simon, Joseph, les cousins de Jésus... C'est aussi un indice que Suzanne épouse probablement un parent de Marie et de Joseph. Cette nouvelle imprévue oblige à bouleverser quelque peu les projets. « Voici ce que nous ferons, alors. Maintenant, avec la barque de Jude, j'irai à Tibériade et de là à Cana et avec la même, je reviendrai à Capharnaüm avec ma Mère et avec toi. Le jour qui suivra le prochain sabbat, tu viendras, Simon, si tu es toujours décidé et nous irons à Jérusalem pour la Pâque ». « Bien sûr que je viendrai. Et je viendrai aussi le sabbat pour t'entendre à la synagogue » 51.2 . La conversation se prolonge entre Jésus et son cousin, jusqu'à ce que, pragmatique, Pierre intervienne : « Si vous voulez être à l'aube sur la route de Cana il vous faut partir tout de suite. La lune se lève et la traversée sera bonne » 51.5 . En cette soirée du dimanche 14 mars 27, l'astronomie montre que la lune se lève justement à 22 heures. Atteindre Dalmanoutha, située à vingt kilomètres, par faible brise, va leur prendre quatre à cinq heures de navigation. Ils pourront débarquer entre trois et quatre heures du matin, pour parcourir ensuite à pied les vingt derniers kilomètres et espérer atteindre Cana en milieu de matinée. C'est exactement le genre de dialogue anodin et pourtant criant de vérité que l'on trouve omniprésent dans l'œuvre de Maria Valtorta. Mais qui pourrait oser prétendre que ce soit le simple fruit de son imagination ? FOOTNOTES : Maria Valtorta, qui note avoir été interrompue pendant cette vision du 15 octobre 1944, pense alors que Jésus arrive à Bethsaïda le lendemain. Mais rien ne justifierait un tel délai.
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Première année de vie publique
« Et le troisième jour », les noces de Cana
Jean (Jn 2,1) commence son récit des noces par Et le troisième jour, expression un peu énigmatique qui a toujours troublé les exégètes. Selon le récit qui nous est donné ici, il semble que l'apôtre Jean aurait fait référence au temps écoulé depuis la première rencontre avec Pierre (Jn 1,40-42). La vision des noces de Cana, le 16 janvier 1944 est une des toutes premières visions reçues par Maria Valtorta. Elle hésite naturellement à identifier les différents protagonistes. Mais il est tout à fait remarquable que ses descriptions de la flore s'intègrent parfaitement dans la chronologie en ce lundi 15 mars 27. « La saison me parait printanière car l'herbe des prés n'est pas brûlée (...) les blés sont en herbe, sans épis, tout verts. Les feuilles du figuier et du pommier sont vertes et encore tendres mais je ne vois pas de fleurs sur le pommier et je ne vois pas de fruits, ni sur le pommier ni sur le figuier ni sur la vigne ... » 52.2 . Lorsque Jésus approche de Cana, Il est seulement accompagné de « ses deux compagnons » : Jean et le cousin Jude. Le frère de ce dernier, Jacques d'Alphée, est sans doute présent à Cana, ainsi que les autres cousins, mais à cette date, Maria Valtorta ne les a encore jamais vu, et ne les reconnaît pas. La plupart des commentateurs, interprétant Jean « Jésus fut invité à la noce, ainsi que ses disciples » (Jn 2,2) en déduisent que les cinq précédemment nommés dans l'évangile de Jean étaient sans doute présents eux aussi. Pour Maria Valtorta, ce n'est pas le cas, mais sa version ne contredit pas pour autant l'évangile. D'ailleurs la suite de son évocation, fidèle à l'évangile, reste sobre et contraste sensiblement avec les récits enluminés transmis par Marie d'Agreda ou Catherine Emmerich. Dans une dictée du 17 janvier 1947, Jésus commente longuement son premier miracle. « Les noces de Cana. Depuis vingt siècles elles servent de point de départ aux maîtres spirituels pour prêcher sur la sainteté du mariage vécu avec la grâce de Dieu, mais aussi sur la puissance des prières de Marie, sur son enseignement, sur l'obéissance ("Faites tout ce qu'il vous dira"), ou encore sur ma puissance qui change l'eau en vin, et ainsi de suite. Aucun de ces fruits tirés de ce passage évangélique n'est erroné. Mais ce ne sont pas les seuls que cet épisode comporte et que vous pouvez en retirer ». L'exégèse divine se prolonge sur plusieurs pages qui méritent bien entendu d'être lues in-extenso. Il n'est possible ici d'en donner qu'un bref aperçu. Jésus revient sur « les trois jours » de saint Jean, qu'Il place dans un contexte eschatologique : « Trois jours plus tard, il y eut un banquet." Trois jours : trois époques avant le festin de joie. La première va de la création du monde à la punition du déluge ; la seconde, du déluge à la mort de Moïse. La troisième de Josué - l'une de mes figures - à ma venue. Et encore trois époques, ou trois jours : les trois années de ma prédication avant le banquet pascal ». La présence de Marie à ces noces, parfaitement naturelle en raison de ses liens de parenté avec la famille de l'époux, a également une signification surnaturelle qui s'impose dans le plan divin du Salut. « "La Mère de Jésus était là." La Mère ! Pouvait-elle être absente là où l'homme nouveau devait être enfanté ? Eve pouvait-elle ne pas être là si dorénavant la "Vie" devait prendre la place de la Mort ? La Femme peut-elle faire défaut quand s'approche l'heure où le Serpent aura la tête écrasée et où des limites seront posées à sa liberté d'action ? Impossible ! La Mère des vivants, l'Eve sans tache, la Femme du "Je vous salue Marie" et du "Qu'il me soit fait selon ta parole", la Femme au talon puissant, la Co-rédemptrice est donc présente au banquet où l'union de l'humanité et de la grâce est inaugurée ». « Les noces de Cana voient la transformation de l'eau en vin. La Cène de Pâques, la transsubstantiation du pain et du vin en mon Corps et mon Sang. La première marque le début de ma mission de transformation des juifs de l'Antiquité en disciples du Christ. La seconde marque le début de la transsubstantiation des hommes en enfants de Dieu par la grâce qui revit en eux. C'est le dernier miracle de l'Homme-Dieu, le premier et perpétuel miracle de l'Amour humanisé. Voilà, (...) l'une des applications - et c'est la plus élevée - du miracle des noces de Cana ». A la suite de la vision des noces, Jésus dicte un commentaire sur la traduction commune de Jean : « Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? » (Jn 2,4). Pour le Christ, cette traduction ne permet plus d'interpréter le sens exact des paroles qu'Il prononça alors. «" Qu'y a-t-il désormais entre Moi et Toi ?". J'étais d'abord tien, uniquement tien. Tu me commandais, Je t'obéissais. Je t'étais "soumis". Maintenant, j'appartiens à ma mission. (...) Ce "désormais", oublié par plusieurs, voulait dire ceci : "Tu m'as été tout, ô Mère tant que je fus le Jésus de Marie de Nazareth et tu m'es tout en mon esprit mais, depuis que je suis le Messie attendu, j'appartiens à mon Père. Attends encore un peu et ma mission terminée, je serai de nouveau tout à toi . (...) Mais maintenant, j'appartiens à tous ces hommes et j'appartiens au Père qui m'a envoyé vers eux". Voilà ce que veut dire ce petit "désormais", si chargé de signification » 52.7 . Quelques jours plus tard, André interroge le maître : « Jean m'a raconté le miracle que tu as fait à Cana… Nous espérions tant que tu en fasses un à Capharnaüm (...). Pourquoi alors, à Cana ? Pourquoi là et pas dans ta patrie ? ». « Cana c'était la joie qu'il fallait donner à ma Mère. Cana c'est un acompte de ce qui est dû à ma Mère. C'est Elle qui la première a apporté la Grâce . (...) A Cana, je devais l'honneur à la Sainte de Dieu, à la Toute Sainte. C'est par Elle que le monde m'a eu. Il est juste que ce soit à Elle qu'aille mon premier prodige en ce monde » 54.7 . Bien d'autres commentaires de l'évangile de Jean sont donnés par le Seigneur à Maria Valtorta, à propos de cette première manifestation publique de sa divinité. Tous soutiennent aisément la comparaison avec ceux des Pères , et s'ils étaient les simples fruits de l'inspiration de la mystique italienne, elle aurait dès lors certainement sa place parmi les grands théologiens. FOOTNOTES : Voir par exemple St Thomas d'Aquin, Commentaire de l'Evangile de saint Jean , Le Cerf 2006.
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Première année de vie publique
La première Pâque
Nous retrouvons Jésus à Jérusalem, juste avant la Pâque du 10/11 avril 27. « Je vois Jésus qui entre avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélémy dans l'enceinte du Temple » 53.1 observe la mystique. Ils sont partis comme prévu avant la fin mars, pour atteindre Jérusalem quelques jours à l'avance. Ils sont maintenant au nord du Parvis, au milieu des pèlerins qui se pressent aux comptoirs de change et aux enclos des marchands, choisissant les agneaux pour la Pâque maintenant toute proche. La vue d'un marchand honorant le puissant Joseph d'Arimathie et spoliant un couple de petits vieux pauvres et presque aveugles, provoque l'indignation et l'intervention vigoureuse de Jésus, telle que Jean(Jn 2,13-17) la rapporte. Deux ans plus tard, le 31 mars 29, le Christ rappelle cette injustice qui provoqua sa sainte colère : « Pourquoi est-on honnête quand on vend à celui qui est fort et puissant par peur de ses représailles, alors que l'on abuse du frère sans défense, inconnu ? Cela est un crime plutôt contre l'amour que contre l'honnêteté elle-même » 383.6 . Cette première manifestation du nouveau rabbi ne passe pas inaperçue. « Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés, bouche bée à l'écouter » 53.7 , et parmi les témoins de cette scène imprévue se trouvent deux futurs apôtres : Judas et Thomas. Quand Jésus revient au Temple, deux mois plus tard, dans un tout autre contexte, Il s'explique sur ce geste spectaculaire. « Appelle-moi le magistrat responsable. Je dois me faire reconnaître pour qu'on ne dise pas que je manque aux coutumes et au respect... Je ne suis pas venu pour scandaliser ni pour enseigner à violer non seulement la Loi, mais aussi les coutumes » dit-Il à Judas qui s'en étonne : « L'autre fois, tu ne l'as pas fait ». « L'autre fois j'étais brûlé par le zèle de la Maison de Dieu profanée par trop de choses. L'autre fois, j'étais le Fils du Père, l'Héritier qui, au Nom du Père et par amour de ma Maison, agissait avec sa majesté à laquelle sont inférieurs les magistrats et les prêtres. Maintenant, je suis le Maître d'Israël et à Israël, j'enseigne aussi cette chose » 68.1 . Quelques prêtres, rabbins et pharisiens accourent et questionnent Jésus : « Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela, en troublant les cérémonies prescrites ? De quelle école proviens-tu ? Pour nous, nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es ». « Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez même ce Temple vrai, et Je le relèverai pour donner louange à Dieu » 53.5 . Maria Valtorta ne rapporte pas la réplique des notables juifs : « Voici quarante-six ans qu'on travaille à bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » (Jn 2,20). Cette parole dite par les scribes au Sauveur, au début de sa prédication, mérite attention car elle indique qu'il s'était alors écoulé un intervalle de quarante six ans depuis que le roi Hérode avait décidé de la rénovation du Temple de Jérusalem, à l'automne -20 (soit à la fin de l'année 3741 du calendrier juif). La Pâque 27 correspond à l'année juive 3787. Que ce soit pour les juifs ou pour les romains, l'écart donne bien quarante-six ans. A l'approche de sa Passion, Jésus revient sur cette prophétie annonçant sa Résurrection : « il pourra être détruit le Temple vivant et être reconstruit en trois jours et pour l'éternité. Mais le Temple mort, qui sera seulement secoué et croira avoir vaincu, périra pour ne plus se relever » 579.9 . Et à nouveau au soir du mercredi Saint : « Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours je le ferai surgir à nouveau » 596.38 . FOOTNOTES : A la date de cette vision, le 24 octobre 1944, Maria Valtorta le reconnaît car elle l'a déjà vu dans des visions de la Passion reçues antérieurement. : La tradition se transmettant alors verbalement, de maître à disciple, nul ne pouvait enseigner sans faire référence à un maître. D'où cette question posée à Jésus : « De quelle autorité dis-tu cela ? » (Mt 21,3 ; Mc 11,28 ; Lc 20,8). Et ce reproche aussi : « Tu es plus qu'Hillel, Toi qui sans maître dis connaître toute doctrine ? Comment quelqu'un peut-il se former s'il n'y a personne qui le forme ? » 68.2 . : Voir Flavius Josèphe Antiquités judaïques , XV, 11, 1; Dion Cassius Histoire romaine LIV,7,4-6; Suétone, Auguste , III, 9; et Tacite, Annales , II, 13. (Flavius Josèphe indique pour cette décision d'Hérode dans Antiquités 15, 11, 1 : la 18e année de son règne (depuis sa prise de pouvoir ?) ; et dans Guerres des juifs 1, 21, 1 : la 15e année (depuis sa nomination ?).
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Première année de vie publique
Judas, Thomas et Simon rencontrent Jésus
Les Écritures, de même que la tradition, ne nous disent rien de l'admission de certains disciples dans le groupe apostolique, si ce n'est la brève et vague allusion de Jean(Jn 1,23) : « Comme il était à Jérusalem, durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son Nom... ». Le témoignage de Maria Valtorta insère logiquement la rencontre avec de nouveaux apôtres durant la première manifestation publique à Jérusalem . Jésus se trouve dans le jardin du Gethsémani, avec ses six premiers disciples galiléens, lorsque viennent vers Lui Thomas, Judas et Simon le zélote, chacun avec des motifs bien personnels. Simon, lépreux recherche d'abord la guérison : « On m'a dit que tu as certifié qu'en élevant ton Signe, tu guéris tout mal. Lève-le sur moi. Je viens des tombeaux … » 54.2 . Thomas et Judas témoins de la manifestation au Temple, en ont été impressionnés. Judas est le plus audacieux : « J'attends le Roi des juifs, c'est mon rêve. Roi, j'ai reconnu à ta parole que tu l'étais. Roi, je t'ai reconnu à ton geste. Prends-moi avec Toi » 54.3 . Jésus calme ses ardeurs, et lui demande de réfléchir quelque temps : « je reviendrai pour la Pentecôte. Si tu es au Temple, tu me verras » 54.3 . Cette réponse fait hésiter Thomas : « Maître, tu es tellement saint ! J'ai peur de n'être pas digne. Rien d'autre. Parce que, pour ce qui est de mon amour, je n'ai pas de crainte … » 54.4 . Thomas s'éloigne pensif, mais après une brève absence, il revient vers Jésus : « Maître… je ne peux attendre ton retour. Laisse-moi avec Toi. Je suis plein de défauts, mais j'ai cet amour, seul, grand, vrai, mon trésor. Il est à Toi. Il est pour Toi. Et garde-moi, Maître… ». Jésus lui met la main sur la tête. « Reste, Didyme. Suis-moi. Bienheureux ceux qui sont sincères et ont une volonté tenace » 54.8 . Cette différence de traitement entre Judas et Thomas surprend les disciples, et peut-être nous aide-t-elle à comprendre cette réflexion de Jean, dans son évangile, à propos de Judas : « Jésus savait en effet dès le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait » (Jn 6,64). Cette affection cutanée, (psoriasis) fut effectivement confondue avec la lèpre jusqu'en 1850. L'absence du cousin Jude, croisé au Temple, intrigue également Pierre. « Maître… pourquoi ton cousin qui savait où tu habites n'est-il pas venu ? » 54.6 . Jésus, comme Il le fera si souvent au cours de ces trois années, répond sous forme de parabole : « Tu as vu les marbres du palais du prétoire ? Arrachés péniblement aux flancs de la montagne, ils font maintenant partie du Prétoire. (...) Mon cousin est comme les pierres dont je parle… Le flanc de la montagne, la famille, me le dispute » 54.6 . FOOTNOTES : Un détail anodin, « ces cailloux qui brillent là aux rayons de la lune » indiquant que la lune est présente dans le ciel peu après le coucher du soleil, permet même de dater l'événement juste après la Pâque, le 11 ou le 12 avril, car ensuite la lune se lève trop tard ! : On apprendra ensuite (MV 56.6) qu'il s'agissait plus précisément d'un serpigo héréditaire .
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Première année de vie publique
L'admission de Jude et de Simon
A peine admis comme disciple, Thomas se voit confier une mission : retrouver Simon le zélote, et l'accompagner durant les huit jours de sa purification rituelle . De la part de Jésus, Thomas devra lui dire : « Quand tu seras totalement purifié (...) nous irons ensemble sur la route du fleuve au-delà de Doco et Ephraïm. Là, le Maître Jésus t'attend et m'attend » 55.3 . Cette mission confiée au dernier venu provoque une petite crise de jalousie de la part du bouillant Pierre. Un an plus tard, il s'en souviendra encore. « J'étais jaloux, moi aussi l'an dernier... Je n'aurais pas voulu quelqu'un en plus de nous six, les six premiers ... » 203.4 , dira-t-il en apprenant que Judas jalouse deux nouveaux disciples : Jean d'Endor et le jeune Jabè (le futur Martial). Le mercredi suivant, nous retrouvons Thomas et Simon au lieu de rendez-vous convenu. Jude s'est joint à eux, et il renseigne ses nouveaux compagnons sur les liens qui l'unissent à Jésus. « Depuis son retour à Nazareth, il a toujours été pour moi un bon compagnon. Toujours ensemble. Nous sommes du même âge, moi, un peu plus vieux. Et puis, j'étais le préféré de son père, frère de mon père. Et puis aussi sa Mère m'aimait bien. J'ai grandi plus avec Elle qu'avec ma mère » (...) « Nous sommes un peu divisés du moment où Lui s'est fait prophète. Cela n'a pas fait plaisir à mes parents... Mon père et les deux aînés. L'autre est hésitant… Mon père est très vieux, et je n'ai pas eu le cœur de le mécontenter » 56.3 . Simon, qui, on l'apprend bientôt, a eu lui aussi des relations difficiles avec son père, soupire « Pourquoi les pères sont-ils alors pour nous des ennemis ? ». Dès leur rencontre, Jésus unit le cousin Jude à Simon le Zélote : « Simon, qui n'as pas eu de fils… Jude, qui perds ton père pour mon amour. Je vous unis dans un même sort ». Un accord parfait unira désormais les deux apôtres. Après la mort d'Alphée, Jude évoquera même cette affection pour le zélote, qu'il partage avec son frère Jacques : « dans une soirée bien triste pour nous, il nous a donné une affection de père et nous l'a gardée. Nous ne pouvons l'oublier. Pour nous il est "le père". Nous sommes pour lui des "fils" » 304.4 . Pourrait-on trouver une meilleure justification à la tradition qui unit Simon et Jude et que perpétue l'Église catholique en les fêtant ensemble le 28 octobre ? Ce chapitre nous éclaire également sur les différents surnoms de Simon, cet apôtre si méconnu. Il raconte sa maladie de peau transmise par son père, et qui lui valut son surnom de « lépreux » : « Mon père… Oh ! je dois parler contre lui qui m'a coûté des larmes qui ne venaient pas du ciel ! Tu le vois, tu as vu quel cadeau il m'a fait ! » 56.6 . Puis il raconte : « On m'appelait "Zélote" à cause de la caste à laquelle j'appartenais et "Cananéen" à cause de ma mère. (...) J'ai du sang d'esclave. Mon père n'avait pas de fils de sa femme légitime, et il m'eut d'une esclave » 56.6 . Quant au jovial Thomas, il ignore ce genre de soucis familiaux, et cela peut même justifier la bonne humeur qu'il affiche si souvent dans l'œuvre : « Mon Père m'a écouté et m'a compris. Il m'a béni en disant : si c'est bien "Lui", et tu t'en apercevras en le suivant, viens vers ton vieux père pour lui dire : "Viens ! Israël possède l'Attendu" » 56.4 . FOOTNOTES : Le rite de purification pour la lèpre (Lévitique 14) durait 8 jours, et aura donc lieu du 13 avril 27 au 20 inclus. Jésus leur donne donc rendez-vous pour le mercredi 21 avril. La route du fleuve , c'est la voie que les romains avaient aménagée le long du Jourdain, entre Tibériade et Jérusalem... Le croisement avec la route d'Ephraïm à Doco constitue un point de rendez-vous encore repérable sur les cartes anciennes. : Nous avons vu (au § Marie éducatrice de Jésus, Jacques et Jude ) que la Vierge Marie enseigna Jude et son frère Jacques, chaque après midi durant toute leur enfance. : « L'autre », c'est bien sûr Jacques d'Alphée, surnommé Jacques le mineur , justement parce qu'il tarda un peu à rejoindre les premiers disciples. : Plusieurs fois Simon reviendra sur cette erreur de jeunesse . Il connaît bien le synhédriste Samuel Ha Katon qu'il aurait pu fréquenter parmi les zélotes, au temps de Judas le gaulonite. Deux autres membres du sanhédrin, Sadok et Simon d'Eli Anna, (alias Simon isc Hammispa), sont certainement d'anciens zélotes.
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Première année de vie publique
Le retour en Galilée après la Pâque
Jésus et ses « désormais » sept disciples galiléens arrivent à Nazareth probablement le vendredi 23 avril, au terme de trois jours de marche. Le Fils présente ses disciples à sa Mère . « Pour Jean, Marie le connaît déjà. Il l'a saluée tout de suite après Jude » 57.3 . Marie d'Alphée, qui est présente, accourt toute heureuse qu'un de ses fils suive maintenant Jésus . « Comme je suis contente ! Pour Jude, et pour Toi, ma belle-sœur. Je sais que les autres me gronderont. Mais n'importe. Je serai heureuse le jour où ils seront tous à Jésus. Nous, mamans, nous savons… nous sentons ce qui est bien pour nos créatures. Et moi, je sens que le bien de mes créatures, c'est Toi, Jésus » 57.3 . Pendant une semaine, Jésus reste seul avec Marie et débute l'évangélisation autour de Nazareth . Puis vers le lundi 3 mai, en soirée , nous le retrouvons à Capharnaüm où Il se prépare pour sa première sortie en barque, avec Pierre et ses compagnons pêcheurs. « Je n'ai jamais pêché et j'attends que tu m'apprennes » 58.3 dit-Il à Pierre, tout heureux et un peu fier de pouvoir expliquer à cette occasion au Maître l'art et la manière de manœuvrer la voile et le filet. Mais voici qu'un imprévu se présente, en la personne d'un aveugle qui cherche le rabbi galiléen ! Comme ils nous apparaissent humains et vrais dans leurs réactions, les apôtres de Jésus, à cette occasion : Jean et Jacques qui conseillent à l'aveugle de revenir le lendemain, et Pierre qui craint que ce contretemps ne compromette sa pêche qu'il espérait abondante... Jésus les reprend avec douceur, les rassure, puis opère la guérison de l'aveugle : « Père ! Ta lumière pour celui-ci qui est ton fils ! » 58.8 . FOOTNOTES : Il a laissé en Judée Simon et Thomas, avec la promesse de son retour prochain, pour la Pentecôte, le 31 mai suivant. : C'est pour nous une confirmation que Pierre, André et leurs compagnons ne sont pas venus aux noces de Cana. : C'est sans doute ce qui lui vaudra ce titre de la part du Seigneur : « la première des femmes disciples dans l'ordre du temps » 307.2. : Il guérit un lépreux au pied du Thabor, apprend-on par la suite. : Maria Valtorta observe « le soleil couchant et le premier quartier de la lune » 58.8 , tandis que Pierre affirme : « Le temps est favorable. .... Il va y avoir le clair de lune. Les poissons remonteront du fond » 58.3 . Le premier quartier de lune a lieu du 28/4 au 4/5/27.
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Première année de vie publique
Jésus se manifeste à Capharnaüm
Le samedi suivant, le 8 mai 27, la renommée de Jésus s'étant déjà répandue(Lc 3, 14-15), il y a foule autour de la synagogue de Capharnaüm, dont le chef Jaïre montre de la bienveillance. Marc(Mc 1,21-22) témoigne : « un jour de sabbat, entrant dans la synagogue, Jésus enseignait. Et ils étaient frappés de son enseignement... » Mais l'évangéliste, pas plus d'ailleurs que Luc (Lc 4,31-32) ne dévoile la nature de cet enseignement. Ici nous est offert par Maria Valtorta une des innombrables occasions de combler ces lacunes , certes non indispensables pour la foi, mais si précieuses pour une compréhension accrue du message évangélique. Bien que doutant encore un peu de la capacité de Jésus à improviser , Jaïre accepte néanmoins de choisir un rouleau au hasard . « Prends au hasard. Je répète : l'Esprit du Seigneur guidera le choix pour le bien de ce peuple ». C'est sur un passage de Josué que tombe le sort(Jos 7,13). « Lève-toi et sanctifie le peuple... » dit le texte, et Jésus se présente d'emblée comme étant « le Roi d'Israël, le Promis, qui rassemble son peuple ! (...) Celui qui est venu vous sanctifier s'est levé » 59.4 . Il appelle au repentir, et annonce l'imminence du Royaume des Cieux. Ce discours n'est pas du goût des pharisiens présents qui contestent à la fois le contenu du commentaire, et la personnalité de son auteur. « Ne trouves-tu pas que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu ? Aucun des prophètes n'a eu cette audace, et Toi… qui es-tu, Toi qui parles, et sur l'ordre de qui parles-tu ? (...) Tes paroles sont saintes, mais Satan aussi a des paroles trompeuses teintes de sainteté, pour entraîner dans l'erreur. Nous, nous ne te connaissons pas » 59.5 . Jésus l'affirme à nouveau sans détour : « Je suis Jésus de Joseph, de la race de David (...). Cela, du point de vue du monde. Selon Dieu, je suis son Messie... Un autre parlera, qui ne m'aime pas et dira qui je suis ... » 59.6 . Jésus exorcise Aggée de Malachie, un possédé. Tous à Capharnaüm sont garants que Jésus ne l'a jamais rencontré. Le cri du démon terrassé, comme en témoignent Marc et Luc, est donc la réponse aux incrédules présents alors : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » (Mc 2,23-28 et Lc 4,33-37). Mais c'est aussi une indication que Jésus n'a jamais cherché à cacher qu'Il était le Messie attendu. Bien au contraire : Il ordonne le silence au démon seulement après qu'il Lui eut rendu témoignage ! Jésus opère encore quelques miracles : « De la part de la foule, c'est un délire de bénédictions » 58.9 . Quant à Aggée, sa guérison ne suffira pas à en faire un disciple, comme pour tant d'autres habitants de Capharnaüm. Deux ans plus tard, en août 29, Jésus constatera amèrement : « Vous, présents ici, vous êtes fidèles. Mais où est Capharnaüm ? (...) Où sont ceux que les autres fois je voyais se presser autour de Moi ? (...) Aggée de Malachie ? (...) Ont-ils oublié les bienfaits visiblement reçus parce que des paroles mensongères les ont trompés ? Mais les paroles peuvent-elles détruire les faits ? » 447.3 . FOOTNOTES : Sœur Marie-Aimée de Jésus, ( Jésus Christ est le fils de Dieu Téqui 1974 Vol II page 336), écrit, à l'occasion de circonstances similaires, mais dans la synagogue de Nazareth (Mc 6,1 ; Lc 4,16) : « non par hasard, mais par une admirable disposition de sa Sagesse ».
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Première année de vie publique
La guérison de la belle-mère de Pierre
Durant le sabbat suivant , le 15 mai 27, Jésus retrouve Pierre et ses compagnons à Capharnaüm. « J'ai parcouru pendant la semaine tous les environs et je suis arrivé à l'aube, ce matin » 60.5 explique-t-il. « Maître, je voudrais te prier de venir dans ma maison. Je n'ai pas osé te le dire au dernier sabbat, mais… je voudrais que Tu viennes ». « A Bethsaïda ? » « Non, ici… dans la maison de ma femme, sa maison natale, je veux dire » 60.1 . Ainsi apprend-on que la maison de Pierre que l'on peut visiter de nos jours à Capharnaüm était en toute rigueur la maison de la belle-mère de Pierre. « Une maison basse, plus basse encore que celle de Pierre à Bethsaïda, et encore plus proche du lac. Elle en est séparée par une bande de grève » 60.2 nous précise Maria Valtorta. Et cela ne nous surprend guère aujourd'hui. Pourtant la mystique n'avait pas d'autre moyen que ses visions pour situer si parfaitement cette maison en 1944, puisque la découverte de ces vestiges eut lieu seulement sept ans après sa mort, lors de fouilles en 1968 ! La belle mère de Pierre n'est pas d'un caractère aisé . Ses brus ne savent plus que faire pour la soulager « elle est agitée. Elle se lamente, elle crie, elle pleure, maugrée » 60.2 . Un médecin l'a examiné et ne laisse guère d'espoir : « elle est vieille pour guérir et quand ce mal passe des os au cœur et donne de la fièvre, surtout à cet âge, on meurt » 60.2 . Jésus l'approche avec bonté et patience... Le dialogue qui s'en suit est criant de vérité, et très révélateur du caractère acariâtre de cette pauvre femme. « Peux-tu croire que je puisse te guérir ? » « Et pourquoi le ferais-tu ? Tu ne me connais pas ». « A cause de Simon qui m'en a prié… et aussi à cause de toi pour donner à ton âme le temps de voir et d'aimer la Lumière ». « Simon ? Il ferait mieux de… Comment donc Simon a-t-il pensé à moi ? » « C'est qu'il est meilleur que tu ne crois. Je le connais, et je sais. Je le connais et je suis heureux de l'exaucer ». « Tu me guéris, alors ? Je ne mourrai plus ? » « Non, femme, pour l'instant tu ne mourras pas. Peux-tu croire en Moi ? » « Je crois, je crois. Il me suffit de ne pas mourir ! » 60.3 . C'est à peine si elle remercie du bout des lèvres le Maître pour cette guérison instantanée. Les synoptiques disent simplement qu'une fois guérie par Jésus, « elle les servait »(Mt 8,14-15 ; Mc 1,29-31 ; Lc 4,38-39). Pierre en est mortifié, mais Jésus le réconforte : « Ce n'est pas la première, et ce ne sera pas la dernière fois qu'on ne me remercie pas de suite. Mais je ne cherche pas la reconnaissance. Il me suffit de donner aux âmes la manière de se sauver. Je fais mon devoir. À elles de faire le leur » 60.5 . Peu de temps passe, et la belle mère de Pierre, ayant repris en main la gouvernance de sa maisonnée, rabroue à nouveau son pauvre gendre : « Ils n'en font que trop, tes beaux-frères, seuls comme ils sont restés, depuis que tu es allé à Bethsaïda ! Si au moins cela avait servi à enrichir ma fille… Mais je me rends compte que bien souvent tu es absent et que tu ne pêches pas ». « Je suis le Maître. J'ai été avec Lui à Jérusalem et le sabbat, je reste avec Lui. Je ne perds pas le temps à faire la fête ». « Mais, avec ça, tu ne gagnes rien. Tu ferais mieux, puisque tu veux faire le domestique du Prophète, de t'établir ici de nouveau. Au moins cette pauvre créature, ma fille, pendant que tu fais le saint, aurait des parents pour la nourrir » 60.6 . A la surprise de Pierre, Jésus approuve cette suggestion. L'installation à Capharnaüm de Pierre, André, Jacques et Jean leur permettra désormais d'être plus souvent avec le Maître, tout en continuant la pêche. Comme prévu, le soir venu, la foule se rassemble sur la grève, devant la maison. Les synoptiques en témoignent : « Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des gens atteints de maladies diverses les lui amenèrent »(Lc 4,40-41 ; Mc 1,32-34 et Mt 8,16). Jésus les enseigne en parabole, et poursuit par une série de questions et de réponses. Puis Il conclut par une exhortation qu'Il répétera en maintes occasions : « Le Fils de l'homme est parmi les hommes pour les ramener à Dieu. Suivez-Moi. Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » 61.2 . Parmi les miséreux et malades qui se pressent pour obtenir, qui une obole, et qui la guérison, il y a un pauvre bossu hésitant. « Je n'osais espérer que tu aies pitié d'un mendiant ». « Je suis la Pitié qui se penche sur toute misère qui m'appelle. Je ne refuse à personne. Je ne demande que l'amour et la foi pour répondre : je t'écoute ». « Oh ! mon Seigneur ! Je crois et je t'aime ! Alors sauve-moi ! Guéris ton serviteur ! » 61.3 . C'est une constante pour presque tous les miracles : Jésus attend une démarche d'amour et de foi avant d'accorder le miracle. Il ne s'impose pas. Ainsi, après la guérison de Samuel, Il s'approche de deux aveugles, leur donne l'obole et attend un instant … puis Il les laisse aller. Un vieillard est venu de Corozaïn pour obtenir la santé pour sa fille mourante. Il ne doute pas que Jésus puisse la guérir à distance et obtient le miracle. « Rentre à la maison, père. Ta fille sera sur le pas de ta porte pour te saluer » 61.4 . FOOTNOTES : Luc, toujours extrêmement précis, indique « Parti de la synagogue, il entra dans la maison de Pierre » (Lc 4,38). : Voir par exemple Guy Couturier, La Maison de Pierre 2009 sur le site : http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2009/arc_091016.html .
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Première année de vie publique
La guérison du lépreux de Corozaïn
A peine guéri de son infirmité, Samuel est allé redonner espoir à son ami Abel, un lépreux réfugié dans une vallée encaissée proche de Corozaïn . « Ce Rabbi, c'est le Messie, comprends-tu ? Le Messie ! C'est le Fils de Dieu. Il guérit tous ceux qui ont foi. Il dit : "Je le veux" et les démons s'enfuient, et les membres se redressent, et les aveugles recouvrent la vue ». (...) « Mais comment puis-je voir le Messie ? » « Voilà… je suis venu pour cela. Lui il est là, dans ce pays. Je sais où il est ce soir. Si tu veux… Moi, je me suis dit : "Je le dis à Abel et si Abel reconnaît avoir la foi, je le conduis au Maître" » 63.3 . Le soir venu, comme convenu, Samuel revient en compagnie de Jésus. Abel obtient le miracle, et voudrait suivre immédiatement son sauveur. C'est à regret qu'il regagne provisoirement sa caverne, « à la lueur d'un quartier de lune » . Marc(Mc 1,40-45)et Luc(Lc 5, 12-16) rapportent cette guérison, mais sans nommer Abel . Désormais les deux resteront inséparables dans l'évangélisation, comme ils l'étaient déjà dans la misère. Un an plus tard, Jésus cite Abel en exemple : « un ancien lépreux. Je l'ai guéri près de Corozaïn un soir déjà lointain et puis je l'ai quitté. Maintenant, je le retrouve. C'est lui qui m'a annoncé sur les monts de Nephtali » 162.2 . Abel et Samuel, seront tous deux incorporés dans le groupe des soixante-douze premiers disciples. Peut-être la tradition conserve-t-elle leur mémoire sous un surnom baptismal ? FOOTNOTES : La minutieuse description de Maria Valtorta permet d'identifier sans aucun doute le wadi Kerazeh, qui en contrebas de Corozaïn, se jette dans le lac. : Il nous faut remarquer la justesse de cette observation banale, au soir du 16 mai 27. Elle serait incorrecte dès les jours suivants, la lune en son dernier quartier se levant alors trop tard dans la nuit. : Matthieu (Mt 8,1-4) rapporte une guérison similaire, au lendemain du discours sur la montagne. Mais selon Maria Valtorta, il s'agit d'un autre miracle. : Ne serait-ce que pour les Gaules, la tradition conserve la mémoire d'une soixantaine d'évangélisateurs disciples contemporains des apôtres.
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Première année de vie publique
La guérison d'un paralytique à Capharnaüm
Voici plusieurs jours que la pêche est médiocre... Pourtant, ce qui préoccupe Pierre et ses compagnons, c'est l'affluence des pèlerins. Ils sont désemparés. « ... comment ferons-nous pour donner de la nourriture à ces pauvres gens ? Il ne nous arrive que de rares offrandes et, ces dix deniers et sept drachmes que nous avons reçus pendant ces quatre jours , je n'y touche pas. Seul le Maître doit nous indiquer à qui doit aller cet argent. Et Lui, ne revient pas avant le sabbat ! » 64.1 . A la surprise générale, Jésus surgit soudain, et le moment de stupeur passé, ils laissent libre cours à la joie et au soulagement. Les malades ont été regroupés dans un abri de fortune. Mais c'est dans la maison de Pierre, « dans la pièce qui est derrière, réservée aux filets, cordages, paniers, rames, voiles et provisions » 64.3 , que Jésus commence à parler à la foule venue l'écouter. Au premier rang se sont installés cinq notables du village. « On entend marcher sur le toit de la pièce qui ne faisant pas vraiment partie de la maison n'a pas de terrasse de ciment, mais une sorte de couverture de fascines sur lesquelles il y a quelque chose qui ressemble à des ardoises. Je ne sais quelle pierre ce peut être » 64.5 . Selon Maria Valtorta, c'est Jésus qui ordonne cette manœuvre, « descendez-le par le toit ». Le miracle n'en sera que plus spectaculaire, et s'imprimera plus durablement dans toutes les mémoires. Au récit détaillé de Matthieu, Marc et Luc (Mt 9,1-8 ; Mc 2,1-12 et Lc 5,17-26), Maria Valtorta ajoute tout de même un complément très éclairant . Il s'agit de la réponse donnée par Jésus à sa propre question : « Vous pensez que Dieu seul peut remettre les péchés, mais vous ne savez pas répondre à ce qu'il y a de plus grand, car cet homme, qui a perdu l'usage de ses facultés corporelles, a dépensé toutes ses ressources sans qu'on puisse le guérir. Il n'y a que Dieu qui ait ce pouvoir. Or, pour que vous sachiez que je peux tout, pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a pouvoir sur la chair et sur l'âme, sur la terre et au Ciel, je dis à cet homme : Lève-toi, prends ton lit et marche. Va à ta maison et sois saint » 64.5 . FOOTNOTES : L'épisode se passe donc le mercredi 19 mai 27, quatre jours après le départ du Maître. : Luc 5,19, relatant cette guérison miraculeuse écrit « à travers les tuiles ». Les couvertures romaines étaient couramment faites d'un assemblage de tuiles plates ( tegulae ) ou demi-cylindriques ( imbrices ). Des dalles de pierre ( lauzes ) en schiste ou en ardoise étaient également employées. L'usage des ardoises, apporté par les romains, est également attesté en Palestine.
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Première année de vie publique
La pêche miraculeuse
La vision reprend tandis que Jésus poursuit son enseignement pour les personnes qui, restées au dehors, n'avaient pu l'entendre, et L'avaient supplié de leur parler. Jésus prend place dans la barque de Pierre, près de la rive . Dès qu'Il a terminé, ses auditeurs s'éloignent. « Jésus dit à Simon : « Appelle les deux autres. Nous allons sur le lac jeter le filet ». « Maître, j'ai les bras rompus d'avoir jeté et relevé le filet toute la nuit, et pour rien. Le poisson est au fond et qui sait où ». « Fais ce que je te dis, Pierre. Écoute toujours Celui qui t'aime » 65.2 . Pierre obéit, mais il ne peut s'empêcher de remarquer, en bon professionnel qu'il est : « Pourtant, Maître, je t'assure que ce n'est pas une heure favorable ». En effet Maria Valtorta observe « le soleil est déjà haut », et ce serait donc pour eux plutôt l'heure d'aller prendre du repos avant leur prochaine sortie de pêche nocturne. La suite, nous la connaissons par Luc : c'est la pêche miraculeuse(Lc 5,6-11, mais aussi Mt 4,19-22 et Mc 1, 17-20), l'effroi de Pierre et de ses compagnons, et l'appel solennel des quatre premiers apôtres : « Désormais tu seras pêcheur d'hommes et avec toi, tes compagnons que voici. Ne craignez plus rien, je vous appelle. Venez ! » 65.3 . Voici une nouvelle occasion d'apprécier la cohérence des données chronologiques dans L'Évangile tel qu'il m'a été révélé . La date exacte est connue, puisque c'est le jour du miracle du paralytique, le mercredi 19 mai 27, soit le 26 de Ziv du calendrier juif. Dans trois jours, ce sera une nouvelle lune, celle de Sivan. Or quatre mois plus tard, n'ayant pas oublié cette journée mémorable, Pierre se présente fièrement : « Je suis Simon de Jonas, pêcheur de Galilée jusqu'à la lune de Ziv. Maintenant, Pierre de Jésus de Nazareth, le Messie de la Bonne Nouvelle » 109.2 , confirmant ainsi que l'appel eut lieu à la fin de la lune de Ziv ! Jésus a promis à ses disciples de Judée de revenir pour la Pentecôte à Jérusalem. Il ne reste plus que neuf jours avant la fête, qui aura lieu le 6 Sivan. Jésus va donc quitter Capharnaüm juste après le prochain sabbat. Il sera loin de la Galilée pendant deux longs mois, et c'est peut-être pour cette raison qu'Il a donné ce signe fort à ses quatre apôtres, juste avant son départ ? FOOTNOTES : En parfaite conformité avec Lc 5,1-5.
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Première année de vie publique
Deux mois en Judée
Pendant deux mois, Jésus va rester en Judée. Le récit par Maria Valtorta de cette période qui est ignorée par les évangélistes et par la tradition, pourrait être considéré comme globalement anecdotique. Le seul évangéliste qui aurait pu témoigner de ce périple autour de Jérusalem, c'est Jean, car, ne pouvant supporter d'être éloigné si longtemps de son maître, il ne va pas tarder à le rejoindre Mais Jean, comme il l'a écrit à la fin de son évangile, n'a pas pu tout rapporter des faits et gestes du Seigneur. Maria Valtorta nous dévoile donc ici quelques paroles et faits inédits mais non essentiels, qui n'en demeurent pas moins forts riches d'enseignement. On y trouve quelques précieuses indications sur la Nativité, sur Jean Baptiste, sur le jeûne au désert, etc. Cependant, comme cet épisode reste hors du propos que je me suis fixé pour cet ouvrage, je ne puis m'y attarder et je me bornerai à en tracer seulement les grandes lignes. Jésus passe les trois premiers jour en tête à tête avec Judas, et ne lui cache rien de sa mission, ni de son destin, étroitement associé à celui du traître qui Le livrera. Bien vite rejoints par Jean et Simon, ils vont ensemble à Bethléem où Jésus espère retrouver quelques bergers témoins de la Nativité. Dans ce village le souvenir des événements tragiques qui suivirent la naissance du Messie est resté très vif. Trente ans après, quelques traces du massacre sont encore visibles, et les blessures des cœurs ne sont pas cicatrisées. Les quatre trouvent refuge dans l'abri de la Nativité, où Jésus leur conte sa naissance. Un humble geste de tendresse filial mérite ici d'être souligné : « Jésus... cueille des fleurettes... et les met dans une petite boîte de bois où se trouvent déjà d'autres choses que je ne distingue pas bien. Il explique : Je les porterai à la Mère » 74.1 . Et de fait, de retour à Nazareth, Il les offrira à la Maman. Lors de son Agonie au Gethsémani, Jésus fait mémoire de ces fleurettes : « ces fleurettes semblables à de petits lys ... A Bethléem aussi… et je te les ai apportées, Maman » 602.14 . Poursuivant son périple vers Hébron, Jésus y retrouve Elie et Lévi, deux des bergers qu'Il recherchait. Malgré bien des misères endurées, ils ont gardé intacte leur foi en le Messie. Les précieux renseignements qu'ils fournissent vont permettre à Jésus de retrouver tous les autres progressivement. A Jutta, ils rejoignent Isaac qui, guéri de son infirmité par Jésus, va s'avérer un disciple des plus zélés. Les bergers vont peu à peu constituer le noyau initial, fidèles entre les fidèles, du futur groupe des soixante douze disciples mentionnés par Luc(Lc 10,1). Passant par Hébron pour se recueillir devant le tombeau de ses cousins Zacharie et Elisabeth, Jésus croise Aglaé, une malheureuse prostituée romaine dont Il a pitié. Cette brève rencontre suffira pourtant pour la conduire vers une conversion totale. Au soir du jeudi Saint, Jésus se remémore Aglaé. « Acellequi ne savait même pas qu'elle avait un esprit, j'ai dit : Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a bonne volonté de se sauver. Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus pour leur donner la Vie, la Vérité et la Pureté. Qui me cherche me trouve » 600.25 . Mais cette fréquentation n'est pas appréciée par le chef de la synagogue d'Hébron, qui chasse Jésus de sa ville. A Kérioth, où ils se rendent ensuite, Judas, se voyant déjà premier ministre, organise un accueil digne du futur roi d'Israël. « Judas... M'as-tu si peu compris jusqu'à présent ? Pourquoi m'abaisser au point de faire de Moi un puissant de la terre ... ? (...) Pourquoi vouloir me suivre si tu ne veux pas être tel que je veux ? Va-t-en, Judas ! Ne te nuis pas et ne me nuis pas… Va. Cela vaut mieux pour toi. Tu n'es pas un ouvrier fait pour ce travail … » 78.3 . Pendant quatre jours, du lundi 21 juin au jeudi 24 juin , Jésus va à nouveau jeûner au désert. « j'ai besoin d'arracher deux âmes à Satan. Il n'y a que la pénitence qui puisse en venir à bout » 80.5 , dit-il à Jean, Judas et Simon qui décident de l'accompagner. Un écho de cette parole semble se retrouver dans Marc(Mc 9, 29) . Poursuivant vers le Jourdain, ils y retrouvent les bergers qui leur apportent des nouvelles du Baptiste, toujours enfermé dans la forteresse de Machéronte. Aglaé, sur son chemin de conversion, a fait parvenir ses bijoux à Jésus. Judas en négocie à sa façon une vente avantageuse, et la somme qu'il en tire va permettre aux disciples du Précurseur d'organiser son évasion. La première rencontre avec Lazare a lieu le samedi 3 juillet 27. « Tu vois, Maître, que la distance ne dépassait pas les prescriptions de la Loi ... » 84.1 précise d'ailleurs Simon le zélote en arrivant à Béthanie, venant de Bethphagé. Lazare est un des plus riches propriétaires de Judée. Mais l'opprobre dû à l'inconduite notoire de sa jeune sœur Marie l'a contraint à s'éloigner de Jérusalem et il ne siège plus au Sanhédrin. Il y garde cependant une poignée d'amis fidèles comme Joseph d'Arimathie, Nicodème, Eléazar ou Jean de Gahas. Avant même que Lazare ne fasse allusion à la souffrance que lui cause l'inconduite de sa sœur, Jésus lui donne des paroles d'espoir : « Je mets en œuvre l'amour et la miséricorde. Crois bien Lazare que, sur celui qui est tombé, un regard d'amour a plus de puissance qu'une malédiction... Une parole… un pardon… une plus grande indulgence pour la faute… seulement pour arrêter la descente et attendre le secours de Dieu… Lazare sais-tu la puissance du pardon ? » 84.5 . C'est bientôt l'heure du retour en Galilée. « Le soleil, pendant le jour est brûlant. Il empêche de voyager et il empêche d'enseigner sur les places et dans les rues » 85.1 . Jésus va regrouper ses disciples, et les instruire au bord du lac, pendant les fortes chaleurs. Après quelques jours passés dans la vallée du Jourdain avec Isaac, Jésus lui confie la tâche d'annoncer la bonne nouvelle du Salut dans toute la Judée. Puis Il remonte vers Nazareth, en compagnie de Jean, Simon, Judas et des bergers Joseph et Lévi. Dans la plaine d'Esdrelon, ils retrouvent un autre berger, le malheureux Jonas, devenu intendant du cruel pharisien Doras. Ils restent avec lui trois jours, jusqu'au sabbat. Puis le dimanche 18 juillet, Jésus retrouve enfin sa Mère dans la maison de Nazareth, après trois longs mois d'absence. Il l'informe des rencontres faites pendant son voyage, et lui offre son affectueux présent : « Tu as été à Bethléem ? » « Oui, Maman... Et je t'ai apporté ces fleurettes qui ont poussé parmi les pierres du seuil » 89.7 . FOOTNOTES : C'est aussi une occasion de souligner l'extrême cohérence du récit de Maria Valtorta, dans les moindres détails, et tout au long de son œuvre. : Cette datation découle de deux indications très précises. A l'aube du lundi : « Dans le ciel les dernières étoiles visibles et un étroit croissant de la lune en décours qui reste, virgule d'argent » 80.1 , et au matin du jeudi :.« Il n'y a pas de lune, mais le ciel pleut de la lumière » 80.6 . Ce sont les seules dates possibles en cette période de nouvelle lune ! : On pourrait aussi mentionner Mt 17,21 : « cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne », mais les bibles modernes semblent tenir ce verset comme inauthentique ?
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Première année de vie publique
Instructions aux disciples, à Nazareth
Trois jours après le retour de Jésus à Nazareth, le mercredi 21 juillet, les disciples sont tous réunis. Maria Valtorta observe : « Je vois Jésus avec Pierre, André, Jean, Jacques, Philippe, Thomas, Barthélémy, Jude Thaddée, Simon et Judas l'Iscariote et le berger Joseph, qui sortent de sa maison et vont hors de Nazareth, mais dans le voisinage immédiat, sous un bosquet d'oliviers » 91.1 . Jésus va profiter de ce qu'ils soient tous rassemblés pour les enseigner sur sa doctrine : « Ce temps de fureur solaire, qui empêche de longues pérégrinations en Palestine, je veux l'employer à vous instruire et vous former » 91.1 . Mais Jésus désire aussi donner un début de cohésion à ce groupe si disparate où se mêlent des pêcheurs humbles et sans culture, des marchands ou fils de marchands, des officiers ou fils d'officiers, des riches ou fils de riches. « Voici : frères. Je veux que ce soit là le nom que vous vous donniez l'un l'autre et que vous vous considériez comme tels. Vous êtes comme une seule famille » 91.2 . Ces premiers enseignements au groupe apostolique, tels que nous les rapporte Maria Valtorta, nous éclairent de façon tout à fait pertinente sur un aspect jusqu'alors inconnu de la vie publique de Jésus. Ainsi apprend-on que le Christ a évoqué très tôt la trahison d'un des disciples, et même sa Passion. Il attire l'attention du préféré : « Jean : quand le Voile du Temple se déchirera, une grande vérité brillera sur Sion toute entière ». « Quelle vérité, mon Seigneur ? » « Que les fils des ténèbres ont été en vain au contact de la Lumière. Gardes-en le souvenir, Jean ». « Serai-je, moi un fils des ténèbres ? » « Non, pas toi, mais rappelle-t-en pour expliquer le Délit au monde » 92.6 . Il semble en tout cas que Jean, en rédigeant son évangile, se soit souvenu de cette recommandation, quant il écrivit : « La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jn 1,5). Et dès le début de son ministère également, Jésus n'a cessé de rappeler l'aspect purement spirituel de son Royaume : « L'humanité a corrompu l'idée du Sauveur et en a abaissé la surnaturelle royauté à la pauvre idée de souveraineté humaine » 93.6 . Pour le sabbat suivant, le 24 juillet, tous retournent à Capharnaüm où Jésus est invité par Jaïre dans la synagogue : « Maître, puis-je compter sur Toi pour l'instruction au peuple ? » 94.1 . Sur le seuil se trouve Matthieu, et Pierre s'en étonne et raille : « Sais-tu qui est cet homme frisé, parfumé plus qu'une femme ? C'est Mathieu, notre percepteur… Que vient-il faire ici ? C'est la première fois ... » 94.6 . Nous verrons bientôt que le pauvre Pierre n'est pas au bout de ses surprises...
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Première année de vie publique
Jacques d'Alphée devient disciple
Le mardi 27, Jacques d'Alphée, ne supportant plus l'intransigeance de son vieux père et de ses deux frères Joseph et Simon vis à vis de Jésus, vient Le rejoindre à Capharnaüm : « Je suis parti. Mis en demeure de choisir : Jésus ou la famille, c'est Toi que j'ai choisi » 95.1 Il est aussitôt intégré au groupe : « Mon cousin Jacques fait maintenant partie de mes amis et par conséquent il est aussi le vôtre... mon parfait ami d'enfance, celui qui fut mon frère pendant notre jeunesse » 95.2 . Les Écritures ne contiennent rien sur les circonstances de l'admission du cousin Jacques. Maria Valtorta comble ainsi une zone d'ombre, et satisfait notre curiosité. Pierre a fait bonne pêche, mais il doit maintenant payer les taxes, et il maugrée contre Matthieu : « Plus de poisson et plus de gain. Mais si je fais deux fois plus de prises, celui-là ne me fait pas payer le double. Il faut lui donner le quadruple… Chacal ! » 95.2 . Justement Jésus décide de parler près du comptoir de la gabelle, et lorsque Pierre s'approche pour payer, Il l'arrête : « Donne-moi l'argent. C'est Moi qui paie aujourd'hui ». « Combien ? » demande Jésus après un moment . « Il n'y a pas de taxe pour le disciple du Maître » répond Mathieu, et à voix plus basse : « Prie pour mon âme » 95.3 . Ce jour là, Jésus parle du juste usage des richesses, et de la nécessité de savoir s'en détacher, « parce que, tôt ou tard, elles nous quitteront - oh ! il faut y penser ! - tandis que le bien accompli ne nous abandonne jamais » 95.4 . Les exégètes trouveront sans doute dans ce discours les prémices de quelques enseignements sur l'argent et les richesses.(Voir Mt 6,19-21, Lc 12,15-21 ou Mc 10,21).
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Première année de vie publique
L'appel de Matthieu
Le vendredi suivant (le 30 juillet 27) « Jésus, au milieu de son groupe, vient du lac vers la place » 97.1 . Il s'avance droit vers Matthieu, le fixe un moment dans les yeux, d'un regard pénétrant : « Mathieu, fils d'Alphée, l'heure est sonnée. Viens. Suis-Moi... , j'ai lu dans ton cœur » 97.3 . La stupeur des disciples les laissent tous muets, et Matthieu n'est certes pas le moins surpris. Au point que Jésus lui réitère par trois fois sa demande. Est-ce pour mieux rendre compte de la surprise causée par ce véritable coup de théâtre que les synoptiques (Mt 9,9-13 ; Mc 2,13-17 ; Lc 5,27-32) l'ont tous placé immédiatement après la guérison du paralytique ? Ou bien est-ce pour suggérer que ce premier miracle dans la synagogue de Capharnaüm fut l'événement déclencheur de la conversion de Matthieu ? On peut du moins le penser, lorsque Matthieu avoue à Jésus : « Combien j'ai pleuré… Combien ces derniers mois… Cela fait presque trois mois que je pleure … Je ne savais comment faire… je voulais venir… Mais, comment venir vers Toi, Saint, avec mon âme souillée ? » 97.4 . Le récit de Maria Valtorta nous aide à mieux comprendre le long cheminement intérieur et gardé secret, qui précéda l'appel soudain et imprévu de Matthieu. Il nous faut revenir plus de trois mois en arrière. Depuis la première intervention de Jésus à la synagogue de Capharnaüm le 13 mars, régulièrement, chaque semaine, un donateur anonyme a fait porter un don généreux à Jésus, par l'intermédiaire du petit Jacques. La curiosité de Pierre fut mise à rude épreuve. Déjà, lors de la guérison de sa belle mère, il avait cherché par plusieurs moyens à en savoir plus, jusqu'à se résoudre à interroger Jésus. « Toi, Maître, tu sais qui est cette personne ? » (...) « Moi, je sais tout, Simon ». « Et nous, nous ne pouvons pas savoir ? » « Tu ne guériras jamais de ton défaut ? » Jésus lui fait ce reproche tout en souriant. Et il ajoute: « Tu le sauras vite. Le mal voudrait rester caché et ne peut toujours y réussir mais pour le bien qui veut rester secret, pour être méritoire, un jour vient où on le découvre, pour la gloire de Dieu dont la nature resplendit en l'un de ses fils. La nature de Dieu : l'amour. Celui-là l'a compris, car il aime son prochain. Va, Jacques. Porte à cette personne ma bénédiction » 60.7 . Mais pas un instant le pauvre Pierre ne put soupçonner que « ce voleur , ce publicain , ce pécheur , le scandale de Capharnaüm », ait pu être le mystérieux donateur connu seulement de Dieu et du petit Jacques. C'est donc en fait après une longue conversion secrète, que Jésus l'accueille et s'invite chez lui tout à la fois. « Oh !… mais… mais que vont-ils dire ceux qui te haïssent ? » « Moi, j'écoute ce qu'on dit au Ciel, et là, on dit : "Gloire à Dieu pour un pécheur qui se sauve !", et le Père dit : "Éternellement la Miséricorde se lèvera dans les Cieux et se répandra sur la terre et puisque Je t'aime d'un amour éternel, d'un amour parfait, voici qu'aussi, à ton égard J'use de miséricorde" . Viens. Et par ma venue, en plus du cœur, que ta maison soit sanctifiée ». « Je l'ai déjà purifiée par l'espérance que j'avais dans l'âme… mais que mon esprit ne pouvait admettre qu'elle fût vraie… Oh ! moi avec tes saints … » 97.3 . Et quelle leçon pour le groupe apostolique et pour son futur chef ! « Pierre, tu m'as demandé tant de fois qui était l'inconnu de la bourse apportée par Jacques. Le voici : il est là ». « Qui ? Ce vol… Oh ! pardon, Matthieu ! Mais qui pouvait penser que c'était toi, toi, vraiment qui nous désespérais par ton usure, que tu fusses capable de t'arracher chaque semaine un morceau de ton cœur pour donner cette riche obole ? » « Je le sais. Je vous ai injustement taxés. Mais, voici que je m'agenouille devant vous tous et que je vous dis : ne me chassez pas ! Lui m'a accueilli. Ne soyez pas plus sévères que Lui ». « Pierre, qui a Mathieu à ses pieds, le relève d'un seul coup, rudement, affectueusement : Debout, debout ! Pas à moi, ni aux autres. Ce n'est qu'à Lui qu'il faut demander pardon. Nous… allons, nous sommes tous plus ou moins voleurs comme toi… Oh ! je l'ai dit ! Maudite langue ! Mais moi, je suis fait comme ça : ce que je pense, je le dis, ce que j'ai sur le cœur, je l'ai sur les lèvres. Viens, que nous fassions un pacte d'affectueuse paix » 97.4 . Ce passage, comme tant d'autres de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , illustre bien me semble-t-il, à quel point ce texte inspiré, sans rien ajouter à la Révélation, nous aide (entre autres choses) à mieux comprendre comment le Christ a agi pour convertir les âmes. « Différente est la manière d'attirer à la Perfection un juste qui y tend spontanément, de celle qu'il faut employer pour celui qui est croyant mais pécheur, de celle dont il faut user pour un gentil », nous dit justement Jésus dans l'Adieu à l'œuvre 652.3 . Une dernière remarque sur ce récit vraiment édifiant. Matthieu, Marc et Luc rapportent cette parole finale de Jésus : « Ce ne sont pas les gens valides qui ont besoin de médecin, mais ceux qui vont mal » . Maria Valtorta cite des paroles légèrement différentes. Jésus évoque alors les pécheurs : « Je recherche leur âme, je la leur rends, pour que à leur tour, ils me la rapportent comme elle est : malade, blessée, souillée, pour que je la soigne et la purifie. Je suis venu pour cela. Ce sont les pécheurs qui ont besoin du Sauveur et Moi, je viens les sauver » 97.7 . Mais beaucoup plus tard, durant le séjour à Ephraïm, Il reprendra effectivement cet enseignement, sous une forme plus facilement mémorisable : « Ce sont ceux qui souffrent et sont faibles qui ont besoin d'un médecin et de quelqu'un qui les soutienne » 554.4 . FOOTNOTES : Entre le 19 mai (date de la guérison du paralytique) et le 30 juillet (appel de Matthieu) il s'est écoulé deux mois et trois semaines, ce qui correspond bien à la remarque de Matthieu ! : Est-ce une allusion à Isaïe 54,8 et à Jérémie 31,3 ? : A rapprocher du papyrus Oxyrhynque 1224, fragment 2, verso, col. 2,1-7 : « Lorsque les scribes, les pharisiens et les prêtres l'ont vu, ils étaient en colère car il était couché au milieu des pécheurs. Mais quand Jésus les a entendu, il dit : "Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin d'un médecin" ».
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Première année de vie publique
La première rencontre avec Marie Madeleine
Voici un nouvel épisode passé sous silence par les évangélistes. Sa banalité, une simple promenade d'agrément sur le lac, suffit à justifier cette omission. Pourtant, la moindre allusion dans les Écritures à cette rencontre avec Marie Madeleine aurait évité au fil des siècles bien des cogitations souvent stériles sur l'identité de Marie de Magdala. C'est donc par une belle matinée de la première semaine d'août que pour la première fois le groupe apostolique au complet traverse le lac, à l'aide des barques de Pierre et de Jacques. Alors qu'ils croisent des barques romaines, Judas demande sournoisement à Simon le zélote : « ... cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle-là qui s'est levée tout à l'heure, n'est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ? » 98.4 . Maria Valtorta la reconnaît immédiatement, car elle lui est apparue dans des visions bien antérieures à celle-ci, qui date du 5/02/1945. Simon refuse de répondre à Judas, et il dit simplement : « Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête » 98.4 . Pour couper court à cette discussion, Jésus rassemble ses apôtres et les instruit par un discours qui regroupe et résume les principaux thèmes de sa doctrine. En voici quelques uns, car il n'est pas possible de les citer tous ici. « Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. C'est cela que vous devez devenir : sel de la terre ».(...) « le sel pourrait-il saler s'il n'était pas salé ? » (...)« Vous êtes, et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis : Moi, Lumière de Dieu pour continuer d'éclairer le monde quand je serai retourné au Père » 98.7 . Il semble que Marc et Luc(Mc 9,50 ; Lc14,34) suggèrent partiellement cet enseignement, que Jésus reprend plus tard, lors du Sermon sur la Montagne . Il précise alors : « Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées… Vous, disciples, vous ne les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire… Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde... » 169.6 . C'est à cette occasion qu'à son tour Matthieu(Mt 5,13) s'en fait l'écho. Jésus exhorte encore ses futurs apôtres : « Rappelez-vous que celui à qui on a plus donné, est tenu à donner davantage » 98.8 , paroles qu'Il reprendra plusieurs fois, sous des formes variées, comme par exemple : « Car à celui qui a davantage reçu, il sera demandé davantage » 206.9 , ou encore : « Celui qui reçoit beaucoup doit donner beaucoup » 346.7 . Ces paroles seront encore mises en relief lors de l'élection des Douze , puis dans la parabole des talents . Il semble que Luc les résume toutes en une seule formule (Lc 12,48). Puis Jésus poursuit l'exposé de ses conseils : veiller sur ses regards, être discrets en faisant le bien, ne pas juger, s'aimer les uns les autres, apprendre à pardonner, etc. Ces exemples illustrent bien une spécificité de l'enseignement oral de tout maître, fut-il le Divin Maître : c'est la nécessité de revenir à plusieurs reprises sur une même notion, en la reformulant, ou en l'enrichissant, pour aider les disciples à mieux l'assimiler. Ces répétitions entrainent une difficulté à laquelle sont confrontés les exégètes, lorsqu'ils tentent de replacer dans leur contexte historique toutes les paroles du Christ. Car en rapportant un même enseignement, deux évangélistes peuvent se référer à des circonstances diverses dans lesquelles cet enseignement fut donné. Ceci perturbe naturellement les commentateurs. Chez Maria Valtorta au contraire, l'exposé chronologique permet de retrouver naturellement le contexte auquel chaque auteur sacré a pu se référer. C'est un aspect de l'œuvre qu'on ne peut négliger. La méditation attentive de ce chapitre, à la lumière des évangiles, est à ce propos certes très révélatrice. FOOTNOTES : Maria Valtorta remarque : « Le soleil, tout à fait levé à l'orient, atteint en plein la barque par son rayonnement pas encore brûlant, mais déjà chaud » 98.1 . Un an plus tard, Marie Madeleine confirmera : « sais-tu, Marthe, que c'est ici que j'ai vu le Maître, un matin ? » 241.5
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Première année de vie publique
La guérison de Jeanne de Chouza
La guérison miraculeuse de la princesse Jeanne, jeune épouse de Chouza l'intendant d'Hérode, n'est que très brièvement indiquée par le seul Luc. Et encore l'évangéliste fusionne-t-il cette guérison avec celle de Suzanne, et avec la délivrance de Marie Madeleine de ses démons (Lc 8,2-3). Maria Valtorta répond aux questions légitimes que se sont posés bien des fidèles au cours du temps, à propos de ces trois femmes, grandes disciples des premières heures... C'est pour retrouver un des bergers témoins de la Nativité, Jonathas, que Jésus s'est rendu à Tibériade. Jonathas est en effet devenu l'intendant de Chouza, lequel possède un palais à Tibériade. Mais Jonathas est absent : il a mené sa jeune maîtresse gravement malade dans les monts du Liban où l'air est frais et pur. Jésus promet à la nourrice Esther de guérir Jeanne dès que possible, mais pour l'heure Il doit se rendre pendant plusieurs jours à Nazareth, où son oncle Alphée se meurt. Jésus veut également présenter tous ses apôtres à sa Mère, et lui demander ce qu'elle pense des uns et des autres. Dès cette période, la personnalité de Judas ne laisse pas place au doute : « Personne ne doit penser que la Sagesse de Dieu n'ait pas été capable de comprendre ce cœur. Mais, comme je l'ai dit à ma Mère, il nous le fallait » 106.9 . Les six jours convenus passent sans nouvelle de Jonathas. Au soir du jeudi 12 août, Jésus décide donc comme prévu de reprendre la route en direction du Liban, où Il veut retrouver Benjamin et Daniel, les deux derniers bergers non encore revus. Excepté Judas qui trouve un prétexte pour retourner à ses affaires à Jérusalem, tous les autres accompagnent le Maître avec joie. « Supporter les personnes désagréables c'est une vertu qui n'est pas sans valeur. Mets-la en pratique » conseille Jésus à Pierre qui ne cache pas sa satisfaction, à peine Judas parti. Dans un grand fracas de sabots, Jonathas surgit soudain. Il a devancé au galop le char dans lequel sa maîtresse se meurt . La décision de rebrousser chemin avait été prise par Jeanne au moment même où Jésus promettait sa guérison à la nourrice. Il faut faire vite. « Je viens tout de suite. La foi mérite récompense. Qui me désire me possède. Allons » 102.4 . Des ânes sont rassemblés pour permettre au groupe d'aller plus vite. Ils rejoignent le char de Jeanne bien au-delà de Cana, à une quinzaine de kilomètres de Nazareth. Les voyant arriver, la vieille nourrice se précipite : « Oh ! Sauve-la ! Elle est en train de mourir » 102.7 . Maria Valtorta, forte de ses connaissances d'infirmière remarque même : « Elle n'a même plus ce rouge de mauvais augure des poitrinaires sur ses pommettes décolorées » 102.7 . A peine Jésus a-t-Il donné son ordre : « Je le veux. Sois guérie. Lève-toi » 102.7 , que « Jeanne de Chouza, sans aide d'aucune sorte, s'assied, pousse un cri et se jette aux pieds de Jésus, en criant d'une voix forte, heureuse : "Oh ! t'aimer, ô ma Vie ! Pour toujours ! à Toi ! Pour toujours à Toi ! Nourrice ! Jonathas ! Je suis guérie ! » 102.7 . La guérison miraculeuse de Jeanne de Chouza nous vaut cette magnifique prière : « Seigneur. Je t'abandonne tout : mon passé, mon présent, mon avenir. Je te dois tout et te remets tout. Toi, donne à ta servante ce que tu sais être le meilleur » 102.7 . Un miracle éclatant qui ne tardera pas à être connu et commenté jusqu'à la cour d'Hérode. Témoins privilégiées, les deux âniers de Nazareth, Aser et Ismaël seront désormais des disciples fidèles du Seigneur. FOOTNOTES : L'étude chronologique montre qu'ils y arrivent le jeudi 5 août en soirée, et en repartent le jeudi 12 à la nuit tombante. Il faut souligner ici la parfaite cohérence du texte, bien que la vision du chapitre 101 (13/02/1944) ait été reçue un an avant celle du chapitre 100 (7/02/1945) ! : En MV 174.6, on apprend par un témoignage de Jeanne qu'elle souffrait de phtisie : « Lui a rappelé mon esprit de si loin, et il m'a guérie de ma phtisie par ce rappel ». Maintenant appelée tuberculose, la phtisie était déjà connue et décrite par Hippocrate.
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Première année de vie publique
Des monts du Liban à Ptolémaïs
Guidé jusqu'à eux par Jonathas, Jésus retrouve les deux derniers bergers de la Nativité : Benjamin et Daniel. Il passe quelques jours en leur compagnie, puis comme prévu, durant la dernière semaine d'août, Il longe la frontière syro-phénicienne jusqu'à Ptolémaïs. C'est dans cette importante base navale que le dimanche 5 septembre, le timide André soumet à Jésus un cas délicat. « C'est un homme qui veut répudier son épouse et… et moi j'ai parlé. Je ne sais comment m'y prendre » 104.2 . La femme est stérile, et pour ce seul motif, l'époux veut appliquer la Loi. Mais Jésus lui réplique : « La Loi dit de ne pas commettre l'adultère, et tu vas le commettre » 104.4 . Et Il développe son argumentation : « Si, à cause de la dureté de vos cœurs, Moïse vous a permis le divorce, ce fut pour empêcher les liaisons immorales et les concubinages qui sont odieux à Dieu. Puis de plus en plus votre vice a étendu la clausule de Moïse jusqu'à obtenir les chaînes inhumaines et les pierres homicides qui sont les conditions actuelles de la femme, toujours victime de votre domination, de vos caprices, de votre surdité, de votre aveuglement en fait d'affections. Je te le dis : il ne t'est pas permis de faire ce que tu veux faire » 104.4 . Jésus reviendra souvent sur ce thème. Aussi n'est-il pas surprenant que Matthieu et Marc le rapporte en une autre occasion(Mt 19,3-9 et Mc 10,2-12). Le mari s'étant rangé à ces arguments, Jésus prie son Père : « Fais que pour la fête de louange des moissons fécondes de l'année qui vient, ils t'offrent leur vivante gerbe, leur premier-né » 104.4 . Dans la soirée, le berger Joseph apporte des nouvelles de Nazareth . L'oncle Alphée « est retourné dans le sein d'Abraham à la dernière pleine lune » 104.6 , c'est-à-dire le jeudi 2 septembre. Nazareth est en ébullition. Alphée en était un notable : Jésus son parent n'a rien fait pour lui, et Il est absent, tandis que la nouvelle de la guérison miraculeuse de la princesse Jeanne est connue de tout le village. La Vierge et Marie d'Alphée recommandent à Jésus de rester éloigné de cette « mer agitée par des vents contraires » 104.6 , pendant les sept jours de deuil. Pourtant Jésus s'y rend immédiatement. Après une longue journée de marche (trente kilomètres), ils arrivent à la nuit tombée, alors qu'apparaît dans le ciel « l'arc de lune montante » 105.1 . Jésus va rester à Nazareth durant toute la fin du deuil. FOOTNOTES : A l'autorisation prévue par Deutéronome 24, Jésus oppose l'interdiction de Deutéronome 5,18 ou Exode 20,14. : La fête des moissons , c'est Shoukkot, la Pentecôte, qui en 28 a lieu le 16 juin, donc dans 9 mois ! : Marie a reçu des nouvelles de Béthanie « à la première heure des calendes de la lune d'Ellul » 104.6 , soit exactement le 20 août, juste après que Jésus soit parti pour le Liban. : Il est remarquable que cette description précise de Maria Valtorta ne soit compatible que pour la seule soirée du lundi 6 septembre 27, puisque le lendemain la lune se lèverait trop tard !
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Première année de vie publique
Jésus chassé de Nazareth
Malgré l'ambiance agitée qui règne dans Nazareth, Jésus se rend dans la synagogue durant le sabbat suivant, samedi 11 septembre. Maria Valtorta reçut cette vision le 13 février 1944, exactement un an avant les précédentes, et c'est ce qui explique qu'elle peine à reconnaître l'entourage de Jésus. Elle observe « Jésus avec ses cousins apôtres et d'autres qui sont certainement eux aussi des parents, mais que je ne connais pas ». « Après la lecture, le rabbin tourne son regard sur la foule, comme en une muette invitation. Jésus s'avance et demande de tenir la réunion » 106.2 . Conformément au témoignage de Luc(Lc 4,16-20), Jésus lit le passage d'Isaïe (Is 61,1), et annonce « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles cette Écriture ». Les Nazaréens attendent, pour croire en Lui, que l'enfant du pays fasse des prodiges devant leurs yeux. « Parce que je suis de Nazareth, vous voudriez une faveur privilégiée. Mais cela, c'est par égoïsme de votre part et non par la puissance de votre foi » 106.3 . (...) « les Nazaréens en furie chassent Jésus hors de la ville » 106.4 . Ce rejet du Messie par ses concitoyens marqua les esprits, puisque les trois synoptiques l'évoquent . Et à sa Mère qui Lui recommande de s'éloigner de Nazareth, Jésus répond : « Maman, si le Fils de l'homme devait aller uniquement là où on l'aime, il devrait s'éloigner de cette terre et retourner au Ciel. J'ai partout des ennemis. Car on hait la Vérité et Moi je suis la Vérité » 106.6 . Pourtant, par compassion envers sa Mère et sa tante, Jésus décide de les emmener quelques jours avec Lui à Capharnaüm. De passage par Tibériade, ils sont tous chaleureusement accueillis par Jeanne et son époux Chouza. « La maison est grande, pour accueillir plus d'une personne. Tu m'as donné tant de joie qu'elle t'est ouverte entièrement. Commande, Seigneur, Toi qui as éloigné la mort de cette demeure et lui as rendu ma rose fleurie et épanouie ». Les deux Marie, arrivées en char de Nazareth, font la connaissance de Jeanne. Ainsi va peu à peu se constituer le groupe si actif des femmes disciples. FOOTNOTES : Matthieu 13, 53-58 ; Marc 6,1-6 et surtout Luc 4,16-30. Certains ont vu dans l'allusion aux « 3 ans et 6 mois » de la prière d'Elie (Lc 4,25 et Jc 5,17) une allusion à la durée du ministère du Christ.
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Première année de vie publique
Le pèlerinage pour la fête des Tabernacles
La mort de Jonas impose sept jours de purification. C'est donc le dimanche suivant, le 26 septembre, que nous retrouvons Jésus et les siens. « La mort de Jonas a imposé un retard et je dois adapter mes plans à l'imprévu » 110.2 leur précise Jésus. Quant au sort de Doras, à propos duquel Pierre interroge Jésus : « Je l'ai livré à la justice de Dieu. Moi, l'Amour, je l'ai abandonné » 110.3 . Le groupe est à nouveau à proximité du lac de Méron. Jésus aborde un paysan : « Je te demande un abri pour la nuit pour Moi et mes compagnons » 110.5 . Et le remerciant pour son hospitalité, il ajoute : « Je te dis que même un seul verre d'eau donné en mon nom est une grande chose aux yeux de Dieu » 110.6 . Ce propos ne saurait nous surprendre, puisque nous le retrouvons chez Matthieu(Mt 10,42) et Marc (Mc.9,41) . Le lendemain c'est le départ vers Jérusalem pour la fête qui approche. Chouza leur a prêté un char pour une partie du parcours, et le mercredi 29 septembre ils sont déjà au gué du Jourdain. Mais depuis sa libération, le Baptiste n'y demeure plus. Il a trouvé refuge plus au nord, à Enon, aux confins de la Samarie et de la Décapole, échappant ainsi à la juridiction d'Hérode. Dans trois jours c'est le 15 Tishri, premier jour de la fête. « Je vais à Jérusalem par Jéricho, aux Tabernacles » dit Jésus au passeur Salomon. « Viens dans trois jours au Bel Midrash » 111.3 . Ils font halte pour la nuit à Jéricho, et le lendemain matin, tout à fait à l'improviste, ils retrouvent Judas, qui les avait quitté à la mi-juillet. Pierre, qui n'a jamais été dupe du faux alibi de Judas, ne peut s'empêcher d'observer : « Ici, il n'y a pas de vignes. Et je ne puis croire que Judas ici, dans cette poussière, fasse la vendange » 112.2 . Ils quittent rapidement Jéricho, car Jésus, qui se rend chez Lazare, à Béthanie, prévoit d'y parler au milieu de l'après midi. C'est lors de cette seconde visite à Lazare que Jésus fait la connaissance de Marthe. Il lui promet la conversion de sa sœur Marie Madeleine : « Je la guérirai. Aie foi. Je te donnerai cette joie » 112.6 . Jésus va rester chez Lazare une quinzaine de jours, et c'est là qu'Il rencontre quelques notables influents, parmi lesquels il y a Joseph d'Arimathie et Nicodème. Cependant ils ne s'affichent pas encore publiquement comme amis de Jésus. « Il n'ose le dire, car il craint le Sanhédrin dont il fait partie, et qui déjà te hait. Mais il espère que ce soit Toi le prédit des Prophètes » 113.3 . confie Lazare, à propos de son ami Joseph. La médisance et la calomnie se répandent déjà au sein du Sanhédrin : « C'est depuis la Galilée que des pharisiens sont venus pour t'accuser de péché » 113.3 . FOOTNOTES : Jésus le réaffirme en de nombreuses occasions (MV 265.13, MV 311.3, MV 466.3, MV 490.2, MV 512.3, etc.)
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Première année de vie publique
Le banquet chez Joseph d'Arimathie
Durant le sabbat du 23 octobre, Jésus est l'hôte de Joseph dans sa propriété d'Arimathie. Il s'y rend en compagnie de Simon et de Thomas, qui étant de Rama, connaît bien la région. Joseph s'étonne de ce que Jésus ait accepté si rapidement son invitation. « Je n'attendais pas de ta part tant de condescendance. » « Pourquoi ? Je vais aussi chez Lazare et … » « Lazare est pour Toi un ami. Moi, je suis un inconnu ». « Tu es une âme qui cherche la vérité. La Vérité ne te repousse donc pas ». « Tu es la Vérité ? » « Je suis le Chemin, la Vie et la Vérité. Celui qui m'aime et me suit trouvera en lui-même le Chemin sûr, la Vie bienheureuse et connaîtra Dieu ; car Dieu qui est Amour et Justice est par surcroît la Vérité » 114.1 . Jésus s'est déjà présenté comme la Voie qui mène à la Vérité et à la Vie . Et Il se définira encore ainsi en de nombreuses occasions , jusqu'avant la Passion , dans un entretien avec les apôtres rapporté par Jean(Jn 14,6). Joseph d'Arimathie a invité plusieurs notables du Sanhédrin, curieux de rencontrer Jésus dont la renommée s'étend de jour en jour. Félix, Jean, Simon et Corneille se présentent, bientôt suivis de Gamaliel et Nicodème. Entre ces éminents docteurs, la conversation ne saurait rester frivole. Bientôt un débat animé s'engage sur les mérites comparés de Jean-Baptiste et de Jésus en matière de sainteté. Puis on en vient à discuter de la fonction du Grand-Prêtre, et des grâces qui l'accompagnent . Le pharisien Gamaliel évite de prendre position, et enjoint Jésus de répondre : « Voici le Maître qui éclipse les plus doctes. Que Lui parle à ce sujet » 114.7 . La réponse du Maître est immédiate et suscite l'admiration. « La mission dépasse l'homme. Mais l'homme, investi d'une mission, devient capable de l'accomplir en surhomme quand, par une vie sainte il a Dieu pour ami. C'est Lui qui a dit : "Tu es prêtre selon l'ordre que J'ai donné". Qu'est-ce qui est écrit sur le Rational ? "Doctrine et Vérité" . Voilà ce que devraient posséder ceux qui sont les Pontifes. À la Doctrine, on y arrive par une constante méditation tendue vers la connaissance de la Sagesse. À la Vérité, par une fidélité absolue au bien. Qui se mêle au mal, entre dans le Mensonge et perd la Vérité » 114.7 . Bien entendu, la question qui s'impose à tous, c'est de savoir si Jésus est, oui ou non, le Messie attendu. Gamaliel, quant à lui, reste perplexe. « Il y a dix neuf ans que j'y pense » avoue-t-il . « Quel est ton vrai Nom ? Jésus se lève, imposant, et dit : Je suis Celui qui suis. La Pensée et la Parole du Père. Je suis le Messie du Seigneur » 114.8 . Cette affirmation solennelle ne convainc pas pleinement Gamaliel, mais il faut remarquer qu'il ne la prend pas cependant pour un blasphème. Il attend toujours le signe annoncé par Jésus enfant . « Tu veux ce signe, et tu l'auras ! Je répète les lointaines paroles : "Les pierres du Temple du Seigneur frémiront à mes dernières paroles". Attends ce signe, docteur d'Israël, homme juste, et puis crois si tu veux obtenir le pardon et le salut » 114.9 . FOOTNOTES : Voir MV 41.7 ; MV 48.3 ; MV 53.5 ; MV 61.2 ; MV 77.6 et MV 96.2. : Comme par exemple en MV 157.3 ; MV 168.6 ; MV 208.10 ; MV 220.5 ; MV 330.1 ; MV 346.9 ; MV 399.3 ; MV 466.3 ; MV 478.8 ; MV 518.5 ; MV 556.8 ; MV 592.12 ; et jusqu'à l'adieu à l'œuvre en MV 652. : Episode rapporté en MV 600.26. : Tout n'était pas parfait au sanhédrin et même le Talmud évoque la corruption des prêtres au temps de Jésus (Talmud de Babylone, Pessahim 57, a Tossefta, Minhot 13, 4). : Il s'agit du pectoral que portait le Grand Prêtre. L'inscription " Doctrine et Vérité " est mentionnée par St Jérôme dans sa Lettre à Fabiola . : Si l'on calcule " mathématiquement " il n'y a que 18 ans 1/2 depuis la Pâque +9, mais après le 1er Tishri, c'est bien la 19e année depuis l'admission de Jésus au Temple, à la façon juive de compter les années (3788 - 3769 = 19) ! : Parole dites au Temple lorsque Jésus avait 12 ans. Il en sera plusieurs fois question (MV 364.8), mais c'est seulement sur le Golgotha que Gamaliel comprendra…
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Première année de vie publique
L'entretien avec Nicodème
Durant la semaine, Jésus, de retour à Jérusalem, y continue son évangélisation, enseignant et guérissant les malades. Nous le retrouvons au Gethsémani, en compagnie de tous ses apôtres, un soir durant la première semaine de novembre. Sa réputation commence à se répandre aussi parmi les romains, et « une dame romaine dans sa litière » 116.1 l'a même observé de loin . Mais cela aussi exacerbe les passions des notables contre Jésus. « Les puissants… ne veulent pas de Moi. Ils craignent et tremblent pour leur puissance. J'irai loin de ce cœur juif, toujours plus hostile au Christ » 116.4 . Lorsque les apôtres, sauf Jean et Simon, se sont retirés à la demande de Jésus, Nicodème arrive pour un entretien en secret. Il confirme que le Sanhédrin accumule les motifs d'accusation contre Jésus. Assez rapidement Jésus rappelle Jean et Simon. Nicodème, dont la foi n'est pas encore totale, interroge Jean : « Apprends-moi ton secret, le secret qui te permet de savoir, voir et reconnaître le Messie en Jésus le Nazaréen ! » 116.7 . Jésus intervient : « Moi, je vais te dire le vrai secret. Ceux-ci ont su renaître, avec un esprit nouveau, libre de toute chaîne, vierge de toute idée. Et c'est ainsi qu'ils ont compris Dieu. Si quelqu'un ne renaît pas, il ne peut voir le royaume de Dieu, ni croire en son Roi » 116.8 . Jean, dans son évangile, rapporte cette partie de l'entretien(Jn 3,1-21), dont il a immédiatement compris l'importance, et qu'il mémorisa comme Jésus le lui avait demandé : « Jean, rappelle-toi ces paroles pour quand ce sera l'heure de les écrire » 116.10 . Maria Valtorta, le replaçant dans son contexte, nous aide à mieux comprendre le message évangélique. Ainsi quand Jésus déclare : « Je parle de l'esprit immortel qui, par l'intermédiaire de deux choses, renaît à la vie : par l'eau et par l'Esprit. Mais la plus grande, c'est l'Esprit sans lequel l'eau n'est qu'un symbole » 116.8 . Cette phrase éclaire parfaitement le verset de Jean, et mieux semble-t-il que ne le firent Justin martyr( Apologie I § 64), ou Clément de Rome. Celui-ci n'évoquait que l'eau : « Si on ne renaît de l'eau, on n'entre pas dans le royaume des cieux » ( Recognitions VI, 9). Quelques jours plus tard, Jésus informe son ami Lazare de son intention de s'éloigner de Jérusalem : « Je vais du côté d'Ephraïm, entre cette localité et le Jourdain. Là, j'évangéliserai et je baptiserai comme le Baptiste » 117.3 .Immédiatement Lazare met à la disposition du groupe apostolique une petite maison qu'il possède dans la région, à une dizaine de kilomètres au nord de Jéricho. « Je compléterai le nombre des lits, oh ! pauvres comme tu veux ; je ferai porter des couvertures, des sièges, des amphores et des coupes. Il vous faudra aussi manger et vous couvrir pendant ces mois d'hiver. Laisse-moi faire » 117.3 . Ainsi, Lazare apporte à la fois une aide matérielle décisive et la sécurité, puisque les membres du sanhédrin hésiteront à s'attaquer ouvertement au puissant fils de Théophile, l'allié des romains. FOOTNOTES : C'est une des futures disciples romaines, Claudia Procula, qui se déplace en litière escortée par un centurion… On en a confirmation par Jean en MV 154.8, mais surtout en MV 563.5 par Claudia elle-même. Cette présence de païens à proximité de Jésus trouble d'ailleurs l'apôtre Philippe ! : Quand, à la Belle Eau, Pierre interroge : « Alors ce n'est pas avec l'eau qu'on purifie ? », Jésus lui répond : « Les larmes aussi, c'est de l'eau » 119.8 .
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Première année de vie publique
Le séjour à la Belle Eau
Les douze et Jésus vont rester un mois entier à la Belle Eau. La nouvelle de leur présence en ce lieu se répand de jour en jour, et les pèlerins vont se faire toujours plus nombreux. D'une vingtaine le premier jour, ils sont le double dès le lendemain . « Maintenant que tu as fait un miracle, qui sait combien viendront ! » 119.9 constate Pierre. Effectivement la foule dépasse les cent personnes dès le surlendemain, et les malades affluent les jours suivants. Jésus doit rapidement confier des tâches aux apôtres. « Si je devais tout faire, je ne le pourrais pas. C'est vous qui baptiserez. D'abord un à la fois, puis vous serez à deux, à trois, à plusieurs. Et Moi je prêcherai et je guérirai les malades et les coupables » 119.9 . Beaucoup de ceux qui étaient attirés par Jean Baptiste viennent maintenant à Jésus. Ainsi en est-il de Manaën, le frère de lait d'Hérode, dont la venue cause beaucoup d'émoi parmi les apôtres. Disciple du Baptiste, c'est lui qui l'a envoyé vers Jésus en disant : « Quelqu'un qui est plus que moi te recueillera et t'élèvera » 121.9 . L'évangile de Jean(Jn 3,22-36) ne mentionne pas explicitement la Belle-Eau. Pourtant, à la lecture de Maria Valtorta, il ne fait aucun doute qu'il s'agit ici du séjour de Jésus près du Jourdain. Quand par exemple il rapporte la parole de Jean Baptiste « Il faut qu'il croisse, et que je diminue » (Jn 3, 30), nous en retrouvons l'écho dans le témoignage d'un pèlerin à la Belle Eau évoquant des propos du Baptiste : « Moi je suis l'astre qui descend. Lui est l'Astre qui monte et se fixe dans son éternelle splendeur » 122.9 . Puis, quelques jours plus tard (le jeudi 25 novembre) ce sont trois disciples de Jean-Baptiste, qui rapportent de façon beaucoup plus détaillée et précise ses paroles : « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue. Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous » 127.4 . Jésus évoquera encore ces paroles ultérieurement , et l'on comprend donc que Jean les ait si scrupuleusement retranscrites dans son évangile. Mais il ne fut pas le seul à retenir et à rapporter les enseignements entendus à la Belle Eau. Matthieu, fort de son excellente mémoire et des dispositions acquises à son comptoir de publicain, fut tout naturellement enclin à prendre des notes. Durant ces journées passées à la Belle Eau, Jésus donna un enseignement simple, basé sur le Décalogue, et selon son habitude, son discours fut parsemé de brèves sentences proverbiales. Ces phrases furent d'autant plus faciles à noter et à mémoriser que le Seigneur les a reformulé pour la plupart à diverses occasions. En voici quelques exemples : « Ce n'est pas en disant : "Dieu, Dieu" que l'on aime le Seigneur » 121.6 . prépare un verset de Matthieu(Mt 7,21). De même lorsque Jésus s'emporte contre le pharisien Doras et ses semblables « ... tombeaux immondes dont l'extérieur est blanchi et recouvert des paroles de la Loi et à l'intérieur desquels Satan est devenu roi ... » 126.9 . cela n'évoque-t-il pas déjà les « sépulcres blanchis »(Mt 23,27). Et quand Jésus commente la mort de Doras : « Je dis : le cœur est là où est le trésor et le trésor est là où est le cœur » 127.7 , on retrouve une pensée équivalente encore en Matthieu(Mt 6, 21). Ensuite Jésus insiste sur la nécessité de parler clairement en toutes circonstances : « Je vous dis : ayez toujours un seul langage. Que le "oui" soit toujours "oui" et le "non" toujours "non", même en face des puissants et des tyrans » 130.6 . Cette instruction du Seigneur est citée par Matthieu(Mt 5, 37) et par Jacques d'Alphée dans son épître (Ja 5, 12). Elle sera même peut-être reprise par Paul (2 Cor 1, 17-19) ? Et quand Jésus rappelle « Moi, je suis toujours une lampe allumée… et je voudrais que vous aussi le soyez » 132.7 , Matthieu (Mt 5,14-16) se souvient sans doute qu'Il leur a déjà dit, lors de la première sortie sur le lac trois mois plus tôt : « Vous êtes, et devez être la lumière du monde » 98.7 . La renommée grandissante de Jésus, tout autant que la mort subite de Doras, inquiète de plus en plus les puissants du Sanhédrin. Un complot se prépare, visant à arrêter Jésus pendant la fête de la Dédicace. Pendant cette fête familiale, en effet, les pèlerins seront fort peu nombreux à la Belle Eau. Nicodème et Joseph d'Arimathie font prévenir en secret Jésus de quitter les lieux au plus vite. La décision est prise immédiatement (le mercredi 8 décembre) de retourner à Béthanie, dans la maison de Simon : « ... faites vite pour que nous soyons à Béthanie avant le sabbat » 133.7 décide Jésus, qui ajoute en soupirant « Vraiment, dans ce monde mauvais, il faut que ceux qui sont innocents prennent l'aspect des plus perfides … » 133.7 . Le lendemain, à Doco, il confie encore : « Le monde ne m'aime pas. Je dois m'éloigner pour quelque temps » 134.4 . Désormais le Seigneur va garder le plus secret possible ses déplacements, devançant le conseil amical et avisé de Lazare : « Je t'en prie. Ne reste plus longtemps dans un endroit. Va, tourne, sans leur fournir le moyen de te rejoindre » 135.5 . FOOTNOTES : Le jeudi 11 novembre 27. : En MV 142.2, puis encore en MV 536.8.
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Première année de vie publique
A Béthanie durant la fête des Lumières
Par prudence envers son ami Lazare, Jésus décide donc de séjourner avec ses apôtres dans la maison de Simon. La venue inopinée de Marie Madeleine à Béthanie cause tristesse et trouble pour sa sœur Marthe. Mais Jésus la rassure : « Elle… laissez-la faire. Même si elle venait se moquer : laissez-la faire, je vous le dis. Ce n'est pas elle. C'est celui qui la tient qui en fait un instrument de trouble. Mais, ici, il y a Quelqu'un qui est plus fort que son maître. Maintenant, la lutte passe entre Moi et lui, directement. Pour vous, priez, pardonnez, patientez et croyez. Et rien de plus » 135.3 . Ainsi débute le processus de la lente mais totale conversion de la pécheresse aux sept démons (Selon Mc 16,9 et Lc 8,2). Lazare, bien informé par ses amis de tout ce qui se trame au Sanhédrin, s'inquiète de ce que les scribes cherchent un motif d'accusation. Mais Jésus lui répond : « Ils l'ont déjà trouvé… J'ai déjà fait plus qu'il ne faut. J'ai parlé aux Romains, j'ai parlé à des pécheresses … » 135.4 . Le premier instant de stupeur passé, Lazare confesse : « Mais… mais moi, je comprends. Eux, ceux du Conseil, non. Et ils disent que c'est péché.C'est donc vrai ! Je croyais… Oh ! qu'as-tu fait ? » « C'est mon devoir, mon droit, mon désir : chercher à racheter un esprit qui est tombé. Tu vois donc que ta sœur ne sera pas la première fange que j'approche et sur laquelle je me penche. Et elle ne sera pas la dernière. C'est sur la boue que je veux semer les fleurs et les faire pousser : les fleurs du bien ». « Oh ! Dieu ! mon Dieu !… Mais… Oh ! mon Maître, tu as raison. C'est ton droit, c'est ton devoir, c'est ton désir. Mais les hyènes ne le comprennent pas ... » 135.4 . Ces conversations sont très révélatrices, et nous aident à comprendre ce qui a motivé, dès les premiers mois de vie publique, cette haine toujours croissante des puissants d'Israël contre le Fils de l'Homme. Jésus va rester quelques jours à Béthanie. Pour la fête des Lumières, la première passée loin de la Maman , Lazare organise une grande réception où sont invités les apôtres et les disciples bergers. Une nouvelle fois Pierre insiste auprès de Jésus pour qu'Il lui fasse le récit de sa naissance, ce qu'Il a déjà en vain demandé à Jean . Il obtient enfin satisfaction, et Jésus fait témoigner aussi les bergers : « Je dirai même ce que les bergers ne savent pas, et eux ce qu'ils ont vu » 136.5 . C'est un récit très émouvant et animé, où se mêlent souvenirs, questions et réponses des uns et des autres. Pierre en est tout bouleversé. « Je veux me rappeler tout cela, mais le pourrai-je ? » 136.11 . Heureusement pour lui, Matthieu, à ses côtés, le rassure : « Sois tranquille, Simon. Demain je me le fais répéter par les bergers... Une, deux, trois fois s'il le faut. J'ai bonne mémoire... Quand tu voudras, je pourrai te répéter tout » 136.11 . Il est même permis d'imaginer que c'est à compter de ce jour que Matthieu commença à envisager sa future vocation d'évangéliste. En tout cas, force est de constater qu'il est le seul à nous avoir rapporté les récits de l'adoration des mages, de la fuite en Égypte, et du massacre des innocents ! FOOTNOTES : Dans une lettre reçue quelques jours plus tôt, Marie écrivait : « Ce sera la première fois que je me dis : 'Mon Enfant aujourd'hui a une année de plus' et je n'ai pas mon Enfant » 133.4 . Et Jésus le rappelle à tous les convives : « C'est mon premier anniversaire en l'absence de la Mère » 136.3 . : Seuls Simon, Judas et Jean étaient présents à Bethléem, et Jésus leur avait commandé le silence : « Toi, Jean... Tais-toi. Plus tard… plus tard tu diras aux autres ce que, maintenant je te prie de taire. Même aux autres… Amis : me promettez-vous tout cela ? » 80.11 .
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Première année de vie publique
Le retour à la Belle Eau
En revenant à la Belle Eau, Jésus apprend que des pharisiens y sont passés juste trois jours après son départ, espérant l'obliger à quitter les lieux. Ils sont restés à l'attendre plusieurs jours, et s'en sont pris à un jeune chef de la synagogue la plus proche. « Il faudra ouvrir les bras et le cœur au chef de la synagogue persécuté » 137.3 conseille Jésus à ses apôtres. Et de fait, Timon devient désormais ouvertement disciple du Christ. Il deviendra même l'un des sept diacres mentionnés dans les Actes des Apôtres (Ac 6, 5). Profitant du retour du groupe apostolique, les pharisiens agressent à nouveau Jésus, Lui intimant l'ordre de quitter immédiatement la Judée. « Tu es un possédé. Tu chasses les démons et tu fais des miracles avec l'aide des démons » 137.5 . Ce sera désormais un reproche fréquent fait à Jésus. Les synoptiques s'en feront l'écho à une autre occasion (Voir Mt 12, 24-28 ; Mc 3, 22-27 ; Lc 11, 15). « Nous irons en Galilée. Demain matin nous partirons » 137.6 décide alors Jésus. Le départ a effectivement lieu le lendemain, mais avant de regagner la Galilée, Jésus veut saluer le vieux chef de la synagogue d'Emmaüs, auquel Il a promis sa visite . En cette saison hivernale, la marche s'avère pénible : « Voyez comme c'est fatigant, même ici. Et, si on ne me l'avait pas imposé, je n'aurais pas entrepris le voyage en ce moment … » 139.1 . Chemin faisant, Jésus rappelle aux douze, et surtout à Pierre qui L'interroge, les qualités nécessaires pour être bon : ordre, patience, constance, humilité, charité… « Je l'ai dit beaucoup de fois ! » 139.4 . Parmi ces vertus, la charité, l'humilité, la persévérance et la patience sont souvent mentionnées par les Pères de l'Église, depuis Tertullien ou Cassien. Il semble que l'ordre (ou la droiture ?) apparaisse beaucoup plus rarement dans leurs commentaires. Arrivé à Emmaüs, où Il reçoit un accueil chaleureux, Jésus est interrogé sur une délicate question d'inceste involontaire. Il tranche le cas et conclut : « Puisqu'il n'y a pas de condamnation pour l'inceste royal qui dure au vu et su de tout le monde, on devrait avoir pitié de ce cas douloureux, dont l'origine remonte à l'autorisation accordée par Moïse de répudier sa femme, pour éviter des maux plus nombreux, sinon plus graves . » 140.4 . Mais le Sanhédrin ignore la miséricorde, et la condamnation de l'homme est totale. Jésus prend en pitié le malheureux : « Je suis le Sauveur. Je suis Jésus. Lève-toi. Moi, je peux ce que je veux. Au nom de Dieu, je t'absous de l'involontaire contamination . » 140.5 . L'homme, nommé Joseph, va désormais grossir le nombre des disciples du Christ. Mais il n'est pas le seul : deux témoins privilégiés de cette scène, Cléophas et Simon, vont eux aussi en être durablement bouleversés, puisque nous les retrouverons, au jour de la Résurrection, aux côtés du Christ, sur le chemin d'Emmaüs. * Ainsi s'achève la première année de vie publique . « Une année finit. La seconde commence. Elle est à cheval entre le début et la fin. Au début, dominait le Maître. Maintenant, voici que se révèle le Sauveur. La fin aura le visage du Rédempteur » 142.4 . FOOTNOTES : C'était un mois auparavant. C'est l'accomplissement de la promesse faite alors à la Belle Eau, en MV 126.10. : Effectivement déjà évoqué en MV 94.8 à propos de Samson ; puis lors de l'appel de Mathieu, en MV 97.2 ; puis à nouveau à Béthanie, chez Simon, en MV 135.6... : Jésus a commencé sa mission (en MV 44.2), le soir du 14/15 Tevet 3787. C'est maintenant le 18 Tevet 3788 ! Donc la fin de la première année ! Et c'est aussi l'annonce prophétique de la durée du ministère.
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