La Pâque de la seconde année
On ne trouve pas trace de la célébration de cette Pâque dans les Écritures, et cette absence servit d'argument à certains pour mettre en doute les trois années du ministère du Christ. Dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé, plusieurs faits méritent notre attention durant cette semaine pascale. Tout d'abord il y a un bel hommage à la puissante intercession de Marie. En effet Pierre, qui depuis longtemps désire adopter un enfant398, et s'est pris d'affection pour Jabé, profite d'un moment où il est seul avec Marie pour solliciter son aide. Marie s'adresse à son fils : « Tu ne lui fais pas plaisir en lui donnant un fils ? Il m'a dit toutes ses espérances, tous ses désirs... et tous tes refus »199.8. Jésus ne peut rien refuser à sa Mère. Il appelle Pierre en le faisant sursauter : « Viens ici, usurpateur et corrupteur ! »199.9. Mais bien vite Il rassure l'apôtre par un sourire : « N'abuse pas de ta victoire et ne donne pas le secret à d'autres, homme rempli de fourberie qui triomphes du Maître avec l'arme de la parole maternelle »199.9.
Vient ensuite l'examen de majorité du jeune Jabé, (devenu Margziam), qui eut lieu le mercredi 29 mars, comme l'avait indiqué Jésus à Joseph d'Arimathie : « Le mercredi avant la Pâque. Je veux qu'il fasse sa Pâque en fils de la Loi »197.4. Tous se sont retrouvés comme convenu devant la Porte Dorée, à l'exception de Judas, absent399. Comme ce fut le cas pour l'examen de majorité de Jésus, les deux interrogateurs sont entourés de huit témoins. L'un deux, un jeune lévite que Joseph d'Arimathie salue en lui disant « Dieu soit avec toi, Zacharie »201.4, deviendra six mois plus tard disciple de Jésus(Voir MV 281.11). Il est connu de l'histoire comme disciple de saint Pierre, et premier évêque de Vienne (Rhône). Maria Valtorta rapporte avec minutie les questions posées, et plusieurs détails de la cérémonie, conforme aux traditions et coutumes du judaïsme. Quand par exemple « les prêtres lui attachent au front et au bras des bandelettes de cuir »201.5, il s'agit bien sûr des phylactères, ces bandes de cuir contenant des passages de la Torah, et que l'on porte au bras gauche et au front. Et quand le lendemain, Maria Valtorta entend Philippe dire « Il est avec un groupe de saforim »202.1, il faut lire le mot hébreu sôphérim (les scribes), que Maria Valtorta transcrit phonétiquement.
Un autre événement notable durant cette semaine, c'est l'enseignement du Notre Père aux apôtres pour, leur précise Jésus, « couronner la Pâque avec une perle rare et désirée »203.1. Il leur rappelle : « Un jour, et pas seulement un jour, vous m'avez dit : Apprends-nous à prier comme tu pries400 »203.2. « Vous êtes en possession de ce qui suffit pour pouvoir connaître les paroles qu'il convient de dire à Dieu. Et je veux vous les enseigner ce soir, dans la paix et l'amour qui existent entre nous, dans la paix et dans l'amour de Dieu et avec Dieu »203.2. C'est donc le soir même de la Pâque, dans la quiétude du jardin de Gethsémani, et au clair de lune, que le Seigneur prononce devant les onze (Judas est encore absent) la prière transmise par Matthieu (Mt 6,9-13) et Luc (Lc 11,2-4). « Notre Père qui es aux Cieux, que soit sanctifié ton Nom, que vienne ton Royaume sur la terre comme il l'est dans le Ciel, et que sur la terre comme au Ciel soit faite ta volonté. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs. Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin »203.5. Jésus prophétise : « C'est une prière si parfaite que les vagues des hérésies et le cours des siècles ne l'entameront pas »203.5. Il précise que c'est grâce à cette « prière universelle » que les églises séparées resteront « chrétiennes ». Il le rappelle en MV 221.8. Puis Il revient longuement sur chaque article de la prière, pour leur en faire saisir le sens profond. La parabole de l'ami importun, que Luc (Lc 11, 5-8) place justement immédiatement après l'enseignement du Notre Père, trouve dans le récit de Maria Valtorta tout naturellement sa place dans le commentaire de la demande « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien ». Tout comme d'ailleurs cet autre propos : « Aussi, je vous dis : Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira... »203.10, que Luc (Lc 11,9-13) place lui aussi à la suite, contrairement à Matthieu (Mt 7,7-11).
Avant que chacun ne rentre pour la nuit, Jésus leur fait cette ultime remarque : « C'est ma seconde Pâque au milieu de vous. L'an dernier nous avons seulement ensemble rompu le pain et partagé l'agneau. Cette année, je vous donne la prière. J'aurai d'autres dons pour mes autres Pâques parmi vous afin que, quand je serais allé là où me veut le Père, vous ayez un souvenir de Moi, l'Agneau, dans toute fête de l'agneau mosaïque »203.12.