La première rencontre avec Marie Madeleine
Voici un nouvel épisode passé sous silence par les évangélistes. Sa banalité, une simple promenade d'agrément sur le lac, suffit à justifier cette omission. Pourtant, la moindre allusion dans les Écritures à cette rencontre avec Marie Madeleine aurait évité au fil des siècles bien des cogitations souvent stériles sur l'identité de Marie de Magdala. C'est donc par une belle matinée304 de la première semaine d'août que pour la première fois le groupe apostolique au complet traverse le lac, à l'aide des barques de Pierre et de Jacques. Alors qu'ils croisent des barques romaines, Judas demande sournoisement à Simon le zélote : « ...cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle-là qui s'est levée tout à l'heure, n'est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ? »98.4. Maria Valtorta la reconnaît immédiatement, car elle lui est apparue dans des visions bien antérieures à celle-ci, qui date du 5/02/1945. Simon refuse de répondre à Judas, et il dit simplement : « Nos plaies et celles de ceux que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête »98.4.
Pour couper court à cette discussion, Jésus rassemble ses apôtres et les instruit par un discours qui regroupe et résume les principaux thèmes de sa doctrine. En voici quelques uns, car il n'est pas possible de les citer tous ici. « Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. C'est cela que vous devez devenir : sel de la terre ».(...) « le sel pourrait-il saler s'il n'était pas salé ? » (...)« Vous êtes, et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis : Moi, Lumière de Dieu pour continuer d'éclairer le monde quand je serai retourné au Père »98.7. Il semble que Marc et Luc(Mc 9,50 ; Lc14,34) suggèrent partiellement cet enseignement, que Jésus reprend plus tard, lors du Sermon sur la Montagne. Il précise alors : « Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées… Vous, disciples, vous ne les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire… Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde... »169.6. C'est à cette occasion qu'à son tour Matthieu(Mt 5,13) s'en fait l'écho. Jésus exhorte encore ses futurs apôtres : « Rappelez-vous que celui à qui on a plus donné, est tenu à donner davantage »98.8, paroles qu'Il reprendra plusieurs fois, sous des formes variées, comme par exemple : « Car à celui qui a davantage reçu, il sera demandé davantage »206.9, ou encore : « Celui qui reçoit beaucoup doit donner beaucoup »346.7. Ces paroles seront encore mises en relief lors de l'élection des Douze, puis dans la parabole des talents. Il semble que Luc les résume toutes en une seule formule (Lc 12,48). Puis Jésus poursuit l'exposé de ses conseils : veiller sur ses regards, être discrets en faisant le bien, ne pas juger, s'aimer les uns les autres, apprendre à pardonner, etc.
Ces exemples illustrent bien une spécificité de l'enseignement oral de tout maître, fut-il le Divin Maître : c'est la nécessité de revenir à plusieurs reprises sur une même notion, en la reformulant, ou en l'enrichissant, pour aider les disciples à mieux l'assimiler. Ces répétitions entrainent une difficulté à laquelle sont confrontés les exégètes, lorsqu'ils tentent de replacer dans leur contexte historique toutes les paroles du Christ. Car en rapportant un même enseignement, deux évangélistes peuvent se référer à des circonstances diverses dans lesquelles cet enseignement fut donné. Ceci perturbe naturellement les commentateurs. Chez Maria Valtorta au contraire, l'exposé chronologique permet de retrouver naturellement le contexte auquel chaque auteur sacré a pu se référer. C'est un aspect de l'œuvre qu'on ne peut négliger. La méditation attentive de ce chapitre, à la lumière des évangiles, est à ce propos certes très révélatrice.