Première année de vie publique

La première Pâque

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Nous retrouvons Jésus à Jérusalem, juste avant la Pâque du 10/11 avril 27. « Je vois Jésus qui entre avec Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe et Barthélémy dans l'enceinte du Temple »53.1 observe la mystique. Ils sont partis comme prévu avant la fin mars, pour atteindre Jérusalem quelques jours à l'avance. Ils sont maintenant au nord du Parvis, au milieu des pèlerins qui se pressent aux comptoirs de change et aux enclos des marchands, choisissant les agneaux pour la Pâque maintenant toute proche. La vue d'un marchand honorant le puissant Joseph d'Arimathie273 et spoliant un couple de petits vieux pauvres et presque aveugles, provoque l'indignation et l'intervention vigoureuse de Jésus, telle que Jean(Jn 2,13-17) la rapporte. Deux ans plus tard, le 31 mars 29, le Christ rappelle cette injustice qui provoqua sa sainte colère : « Pourquoi est-on honnête quand on vend à celui qui est fort et puissant par peur de ses représailles, alors que l'on abuse du frère sans défense, inconnu ? Cela est un crime plutôt contre l'amour que contre l'honnêteté elle-même »383.6.

Cette première manifestation du nouveau rabbi ne passe pas inaperçue. « Les gens qui font cercle autour de Jésus sont restés, bouche bée à l'écouter »53.7, et parmi les témoins de cette scène imprévue se trouvent deux futurs apôtres : Judas et Thomas. Quand Jésus revient au Temple, deux mois plus tard, dans un tout autre contexte, Il s'explique sur ce geste spectaculaire. « Appelle-moi le magistrat responsable. Je dois me faire reconnaître pour qu'on ne dise pas que je manque aux coutumes et au respect... Je ne suis pas venu pour scandaliser ni pour enseigner à violer non seulement la Loi, mais aussi les coutumes » dit-Il à Judas qui s'en étonne : « L'autre fois, tu ne l'as pas fait ». « L'autre fois j'étais brûlé par le zèle de la Maison de Dieu profanée par trop de choses. L'autre fois, j'étais le Fils du Père, l'Héritier qui, au Nom du Père et par amour de ma Maison, agissait avec sa majesté à laquelle sont inférieurs les magistrats et les prêtres. Maintenant, je suis le Maître d'Israël et à Israël, j'enseigne aussi cette chose »68.1.

Quelques prêtres, rabbins et pharisiens accourent et questionnent Jésus : « Qui es-tu ? Comment te permets-tu de faire cela, en troublant les cérémonies prescrites ? De quelle école proviens-tu ? Pour nous, nous ne te connaissons pas. Nous ne savons pas qui tu es274 ». « Je suis Celui qui peut. Je peux tout. Détruisez même ce Temple vrai, et Je le relèverai pour donner louange à Dieu »53.5. Maria Valtorta ne rapporte pas la réplique des notables juifs : « Voici quarante-six ans qu'on travaille à bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » (Jn 2,20). Cette parole dite par les scribes au Sauveur, au début de sa prédication, mérite attention car elle indique qu'il s'était alors écoulé un intervalle de quarante six ans depuis que le roi Hérode avait décidé de la rénovation du Temple de Jérusalem, à l'automne -20275 (soit à la fin de l'année 3741 du calendrier juif). La Pâque 27 correspond à l'année juive 3787. Que ce soit pour les juifs ou pour les romains, l'écart donne bien quarante-six ans.

A l'approche de sa Passion, Jésus revient sur cette prophétie annonçant sa Résurrection : « il pourra être détruit le Temple vivant et être reconstruit en trois jours et pour l'éternité. Mais le Temple mort, qui sera seulement secoué et croira avoir vaincu, périra pour ne plus se relever »579.9. Et à nouveau au soir du mercredi Saint : « Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours je le ferai surgir à nouveau »596.38.

Notes de bas de page

273
A la date de cette vision, le 24 octobre 1944, Maria Valtorta le reconnaît car elle l'a déjà vudans des visions de la Passion reçues antérieurement.

274
La tradition se transmettant alors verbalement, de maître à disciple, nul ne pouvait enseigner sans faire référence à un maître. D'où cette question posée à Jésus : « De quelle autorité dis-tu cela ?» (Mt 21,3 ; Mc 11,28 ; Lc 20,8). Et ce reproche aussi : « Tu es plus qu'Hillel, Toi qui sans maître dis connaître toute doctrine ? Comment quelqu'un peut-il se former s'il n'y a personne qui le forme ?»68.2.

275
Voir Flavius Josèphe Antiquités judaïques, XV, 11, 1; Dion Cassius Histoire romaineLIV,7,4-6; Suétone, Auguste, III, 9; et Tacite, Annales, II, 13. (Flavius Josèphe indique pour cette décision d'Hérode dans Antiquités15, 11, 1 : la 18e année de son règne (depuis sa prise de pouvoir ?) ; et dans Guerres des juifs1, 21, 1 : la 15e année (depuis sa nomination ?).

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2