La prédication et adieux aux régions du nord
La première visite de Jésus est pour Jude et Anne de Méron dont la maison va maintenant servir régulièrement de refuge pour les disciples. Jésus confie aussi le petit Joseph de Corozaïn à la charité du vieux couple. Le soir venu le Seigneur adresse sa parole aux paysans rassemblés pour l'entendre. Il les exhorte à pratiquer les œuvres de miséricorde envers les plus malheureux ; ainsi ils seront ses continuateurs. « Souvenez-vous ! La charité, la miséricorde est l'absolution des fautes. Dieu pardonne beaucoup à celui qui aime »467.6. A en lire sa première lettre, Pierre semble avoir bien mémorisé cet enseignement734. Jésus met en garde les siens lorsqu'Il se retrouve seul avec eux, juste avant de se rendre à Giscala où ils avaient été si mal accueillis la dernière fois. « Ceux qui sont mes ennemis ont changé de manière pour me nuire, mais ils n'ont pas changé de pensée à mon égard, (...) maintenant ils se servent des honneurs. (...) Ne vous laissez pas tromper par des paroles mensongères, par des cadeaux, par des séductions »467.9. D'ailleurs Jésus veut éviter de traverser cette cité, préférant évangéliser les alentours où nous les retrouvons en fin de semaine. C'est l'occasion de convaincre une belle-mère qu'elle est injuste vis à vis de sa bru.
Alors qu'ils sont à proximité du village de Biram, ils sont rejoints par deux disciples des rabbis de Giscala qui veulent l'avis de Jésus sur un cas délicat qu'ils ont eu à trancher, et pour lequel Gamaliel avait déclaré : « Seul Jésus de Nazareth jugerait avec justice ici »471.3. Malgré l'insistance des envoyés, Jésus refuse de retourner à Giscala, qu'Il ne pourrait atteindre avant la nuit. « J'observe la Loi, toujours, quand son observation ne lèse pas un commandement plus grand que celui du sabbat : celui de l'amour »471.4. Tandis qu'un des envoyés rebrousse chemin, le second demande de rester avec Jésus jusqu'à la fin du sabbat. Il se présente : c'est Joseph, élève de Gamaliel, « né dans la Diaspora », « consacré à Dieu dès sa naissance », surnommé Barnabé735, car, explique-t-il « ma mère disait toujours "ma consolation" pendant qu'elle me nourrissait »471.5. Barnabé hésite à devenir disciple de Jésus. « Maître juste, je voudrais rester avec Toi. Mais Gamaliel a déjà perdu à cause de Toi, ses meilleurs disciples…
Moi… » « Ce n'est pas encore l'heure de venir à Moi. Quand elle arrivera, ton maître lui-même te le dira car c'est un juste736 »471.8 lui répond Jésus. Les apôtres apprécient peu la présence d'inconnus auprès de Jésus. Ils Le pressent de quitter Biram dès la fin du sabbat, pour s'éloigner aussi de Barnabé dont ils se méfient. Jésus tente de les rassurer : Barnabé est disciple de Gamaliel, qui n'est pas hostile. « Qui n'est pas contre Moi, est avec Moi, même s'il ne semble pas737 »472.2.
Pendant deux semaines, Jésus va évangéliser à la frontière syro-phénicienne, ne s'arrêtant que pour le sabbat aux environs d'Achzib. Là Il redonne des pupilles et la vue à un jeune aveugle de naissance dont le père, Daniel, était prêt à répudier son épouse au motif qu'elle ne lui avait pas donné un héritier capable de lui succéder dans son commerce. Le jeune enfant aura le privilège d'une visite du Ressuscité(MV 632.36), et son père rencontrera Jésus à Jérusalem, lors de la Pâque supplémentaire
(MV 636.1/11). A l'occasion de ce miracle spectaculaire, Jésus souligne : « Pour Celui qui est le Seigneur et le Créateur, faire deux pupilles est une chose très simple comme de rendre à un cadavre le souffle de la vie. (...) Car cela dépend de sa seule volonté. Mais quand il s'agit de concorde entre les hommes, il faut la "volonté" des hommes unie au désir de Dieu. Dieu ne fait que rarement violence à la liberté humaine »473.7. A plusieurs reprises dans l'œuvre, Jésus affirme ainsi que le plus grand miracle consiste à sauver une âme738.