Dans la paix de la maison de Nazareth
Enfin quelques jours de repos et de calme auprès de Marie, après cette période tourmentée. « Le Mal sent qu'il va être vaincu et il est furieux… et il rend furieux »433.5 dit simplement Jésus à sa Mère. Myrta voudrait adopter la petite Aurea, mais Jésus indique que la décision ne dépend pas seulement de Lui : « Son âme est mienne, son corps appartient à Valéria »433.5. La Vierge Marie se propose pour aller discuter avec la romaine à Tibériade : « Moi, j'irai à ta place, mon Fils. Il n'est pas bien que tu y ailles… Laisse faire à ta Maman. Nous femmes… êtres infimes pour Israël, on ne nous observe pas tant si nous allons parler à des gentils. Et ta Maman est si inconnue du monde ! »433.5.
Le temps passe vite durant ces journées calmes et paisibles. Thomas s'adonne à quelques ouvrages d'orfèvrerie, tandis que Simon aide de son mieux Jésus, dans les travaux d'entretien de la maisonnette. Tous deux profitent pleinement des enseignements du Maître. C'est maintenant le vendredi 29 juin702. L'après midi s'achève lorsqu'arrivent à l'improviste Pierre et ses compagnons, sauf Barthélemy souffrant, et l'Iscariote absent. Après s'être enquis de leur voyage, Jésus observe : « Vous pouviez vous épargner tout cela. Moi, je n'aurais pas tardé de venir… » « Quand ? » « Après que le soleil serait sorti du Lion703 ». « Et il te semble que l'on pouvait rester si longtemps sans Toi ? »435.4. Chacun s'informe de ce qu'ont fait les autres pendant ces quelques jours. Tous ont plus ou moins vaqué à leurs occupations domestiques. Mais la réponse de Matthieu retient notre attention : « Moi, je n'ai personne à qui faire plaisir… et alors, je me suis fait plaisir à moi-même en écrivant les choses dont il me plaît davantage de me souvenir »435.5. C'est là un nouvel indice que quelques apôtres et disciples prenaient des notes pour retenir les paroles de Jésus, et que Matthieu n'a surement pas attendu trente ou quarante ans après l'Ascension pour commencer à rédiger son évangile, comme certains tentent pourtant de le faire croire, contre toute logique.
C'est un sabbat mémorable. Une paix et une harmonie parfaites règnent dans la maison de Marie. La Vierge raconte à Aurea les histoires anciennes d'Israël, mais bientôt tous l'écoutent avec attention et aussi avec beaucoup d'émotion lorsqu'Elle évoque l'épée qui est dans son cœur depuis trente-deux ans. Puis le lundi suivant comme prévu, Marie et sa belle-sœur se rendent à Tibériade pour y rencontrer Valéria. La romaine, déjà très avancée dans son acceptation de la doctrine de Jésus, adhère spontanément à la requête de Marie en faveur d'Aurea. Elle donne ce message pour Jésus : « Dis à ton Fils ces mots : En souvenir de Faustina dont tu as sauvé la chair, Valéria te laisse Aurea pour que tu sauves son esprit »438.9. La mission de Marie est donc une réussite, mais sa joie est de courte durée, gâchée quelques instants plus tard, par la rencontre inopinée avec Judas hirsute et visiblement aviné...
Il n'est bien sûr pas question d'évoquer cette malheureuse rencontre, lorsque Marie rentre le jeudi soir, bien fatiguée, à Nazareth. « Pauvre Maman, comme tu es fatiguée à cause de Moi ! » « Oh ! non, Jésus ! Il n'y a pas de fatigue quand tu es heureux »439.2. Pour pouvoir passer un nouveau sabbat704, en compagnie de Jésus et Marie, les disciples de Bethléem et les apôtres de Capharnaüm se présentent en fin de journée, le vendredi. Seul manque encore Judas, qu'Isaac a rencontré à Tibériade, mais qui a refusé l'invitation. Le cousin Joseph, en chef de famille autoritaire, vient féliciter Jésus pour la vie qu'Il mène depuis un mois, et pour Lui conseiller de continuer ainsi. Mais Jésus, coupant court toute discussion avec son cousin obstiné, lui répond : « Il ne faut pas que tu plaides en ma faveur car une heure après le coucher du soleil, je partirai pour retourner évangéliser comme c'est mon devoir d'obéissance envers le Très-Haut »440.8. Et de fait, le soir venu, accompagnant Myrta et Noémie à Bethléem de Galilée, Jésus, ses apôtres et quelques disciples reprennent la route. Chemin faisant, Margziam qui s'est joint au groupe, console Aurea, triste d'être séparée de Marie. « Crois-le, les disciples sont toutes bonnes et Jésus sait à qui donner les malheureux que nous sommes »441.6. Alors qu'ils avancent à « la lumière blanche de la lune à l'orient705 »441.7, la lueur d'un incendie les surprend tous. Le feu de broussailles, de plus en plus violent, menace un village. « Pauvres gens ! Ils vont tout perdre ! disent plusieurs »441.8. Jésus étend les bras et crie : « Arrête-toi ! Meurs ! Je le veux »441.8 et aussitôt le feu baisse d'intensité, puis s'éteint. Certes ce miracle n'est pas relaté dans les évangiles, mais le récit du miracle de la tempête apaisée suffit à nous rendre crédible ce témoignage inédit.
A peine Jésus a-t-Il quitté Nazareth que Judas, très tourmenté, y arrive706 pour vérifier si Marie a évoqué avec son Fils leur rencontre à Tibériade. En vain la Vierge tente de convaincre l'apôtre pervers d'aller faire avec humilité des aveux à Jésus. Judas se borne à dire : « Ma vie est répréhensible pour toi… » « Ton refus de guérir m'est douloureux ! Cela seulement… »442.8 lui répond Marie.
Jésus a prévu d'évangéliser la région de Bethléem de Galilée, mais tout d'abord Il veut satisfaire le souhait de Margziam de rendre visite à son grand-père, sur les terre de Giocana. Hélas, lorsqu'ils arrivent, le vieillard est mourant. Maria Valtorta décrit de façon émouvante l'agonie du parent de Margziam qui meurt en paix dans les bras de Jésus, après qu'Il l'ait absout de tous ses péchés : « Moi, par mon pouvoir de Juge et de Sauveur, je t'absous de ce que, dans ta vie, tu peux avoir commis de fautes ou d'omissions, et des sentiments de l'âme contre la charité etenvers qui t'a haï. Je te pardonne tout, ô fils, va en paix707 ! »443.3. Ensuite Jésus déclare : « Il y en a peu en Israël qui aient eu la faveur qu'a eue ce juste de mourir sur la poitrine du Sauveur »443.5.