Marie dans sa maison de Nazareth
Sitôt la cérémonie terminée, Marie, Joseph, Elisabeth et Zacharie quittent le Temple pour se rendre à Nazareth, au moyen d'un char tiré par un cheval de trait. Trois ou quatre jours plus tard, Alphée, sa femme Marie et leurs enfants, ainsi que la voisine Sara et son jeune fils Alphée, l'ami de la prime enfance de Marie sont rassemblés pour accueillir les nouveaux époux. Marie décide de vivre dans la maison de ses parents, et Joseph montre à Marie les travaux qu'il y a entrepris, et ceux qu'il compte encore y effectuer. « Je travaillerai pendant les longues soirées d'été quand je viendrai te voir… »14.5. La réaction de son frère aîné est immédiate : « Mais, comment ? (...) Vous ne faites pas les noces cet été ? » « Non. (...) Elle est si jeune, Marie, qu'il n'y a pas d'importance qu'elle attende un an ou plus »14.6. Impossible pour Alphée de comprendre le peu d'empressement apparent de Joseph. « Ah ! tu as toujours été un peu différent des autres et tu l'es encore maintenant. Je me demande qui n'aurait pas hâte d'avoir pour femme une fleur comme Marie et toi, tu attends des mois ! (…) Et alors quand penses-tu aux noces ? ». « Quand Marie prendra ses seize ans. Après la fête des Tabernacles » lui répond Joseph126.
Le récit de Maria Valtorta rend compte de l'enchainement des faits tels qu'ils sont décrits succinctement dans Matthieu(Mt 1,18-19 et 24-25): Joseph, seulement fiancé lors de l'Annonciation, épouse Marie dès qu'il apprend qu'elle est enceinte, et ils vivent dès lors sous le même toit.
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C'est ici l'occasion de noter que Maria Valtorta donne, au fil des pages, de très nombreuses descriptions de la maison et du jardin de Nazareth. L'extrême cohérence de tous les détails concernant l'agencement des lieux, permet au lecteur attentif de s'en faire rapidement une image mentale précise. Le récit de l'Évangile fait une distinction marquée entre la maison de Marie, lieu de l'Annonciation et de l'Incarnation, et la maison de Joseph où certains (interprétant Matthieu127) supposent qu'elle habita dans la suite, ce que Maria Valtorta n'expose absolument pas. L'emplacement de la maison de Marie à Nazareth est attesté dès le 4e siècle. Vers la fin du 7e siècle, Arculfe (évêque franc et l'un des premiers voyageurs en Terre Sainte) visita à Nazareth « deux grandes églises » localisant la maison de l'Annonciation et la maison de Joseph. La maison de Marie est alors décrite comme comportant une grotte dans la colline, en arrière d'une partie maçonnée, selon une coutume attestée par l'archéologie en d'autres lieux de Nazareth.
Le dernier témoignage de pèlerins à Nazareth faisant mention d'une petite chambre (cella) est celui de Ricoldo di Montecroce en 1289. Ensuite, à partir de 1291, les pèlerins ne font plus mention de la maison de Nazareth, mais seulement de la grotte. En 1294, la partie maçonnée de la maison de Marie, (c'est-à-dire seulement trois murs) serait arrivée discrètement à Lorette. Et en 1310 une bulle de Clément V atteste que La santa casa di Loreto est un lieu de pèlerinage pour toute l'Europe. De plus en plus d'experts considèrent aujourd'hui que cette maison proviendrait effectivement de Palestine. Elle aurait été rapportée par des marins mandatés par la riche famille italienne des De Angeli128, désireuse de mettre à l'abri une si précieuse relique, juste avant la chute de Saint Jean d'Acre en 1291. Il est incontestable que les descriptions de la maison de Nazareth dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé sont pleinement compatibles avec le récit d'Arclufe et avec les dimensions de la maison de la Vierge à Lorette129 (9,52m x 4,17m intérieur), mais aussi avec cette autre description due à un grand mystique130 : « L'édifice consistait en une pièce assez spacieuse sur le devant ; et dans le fond était un réduit plus obscur, à moitié creusé dans le roc. C'est là ce que le malheur des temps avait laissé aux héritiers de Salomon... ».
Dans les Cahiers du 22 juillet 1943, voici ce que notait Maria Valtorta : « Jésus dit : Pouvez-vous dire que je n'ai pas aimé cette terre (l'Italie) où j'ai apporté les reliques de ma vie et de ma mort : la maison de Nazareth où je fus conçu dans une étreinte de lumineuse ardeur entre le divin Esprit et la Vierge, et le Suaire sur lequel la sueur de ma mort a imprimé la marque de ma douleur, subie pour l'humanité ? »
Thèdenat), figure la mention : « Sanctas petras ex Domo Dominae Nostrae Deiparae Virginis ablatas ». (« Les saintes pierres enlevées de la Maison de Notre Dame Vierge Mère de Dieu ») dans la liste des biens que Nicephore Angeli léguait à sa fille. Ce qui explique aussi l'origine de la légende faisant intervenir « des anges » dans ce transport, le rendant « miraculeux » !