Le Protévangile

Le séjour de Marie et des autres vierges au Temple

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Ailleurs dans l'œuvre, Jésus précise la durée du séjour de sa Mère au Temple : « Ma Mère fut l'Enfant du Temple depuis l'âge de trois ans à quinze ans et hâta la venue du Christ par la force de son amour... »136.6. Maria Valtorta fournit quelques détails sur les activités quotidiennes de Marie au Temple. Quand dans une vision, elle observe Marie, fillette « de douze ans au plus », déjà orpheline, « elle coud et chante à mi-voix »10.1 nous dit-elle. Sa vie est une prière constante, un dialogue permanent avec Dieu. Elle confie à Anne de Phanuel : « je parle avec Dieu. Anne, tu ne peux savoir comme je le sens près de moi. Plus que proche : en mon cœur. Que Dieu me pardonne pareil orgueil, mais je ne me sens jamais seule... »10.3. Avec ses « compagnes bien chères » elle participe aux « chants des vierges et des lévites » devant le « double Voile brodé » qui cache à la vue « le Propitiatoire sur lequel repose la gloire du Seigneur »10.3.

Le séjour de Marie au Temple, tel que le dépeint Maria Valtorta, est en parfaite harmonie avec ce que nous en rapporte L'Évangile de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie. Ce très ancien document, quifut un temps attribué à Saint Jérôme87, décrit ainsi la journée de Marie au Temple : « Elle tachait d'être toujours la première aux veilles de la nuit, la mieux instruite en la loi de Dieu, la plus fervente en la charité, la plus pure en la pureté et, en toutes sortes de vertus, la plus parfaite88 ».

Dans un autre texte89, saint Jérôme précise l'emploi du temps : « Depuis grand matin jusqu'à tierce, elle s'entretenait avec Dieu dans l'oraison ; de tierce à none, elle s'appliquait à quelque ouvrage des mains ; depuis none jusqu'au soir, elle retournait à ses prières... ». Saint Ambroise(Lib. 2 de Virginibus)et saint Germain de Constantinople disent en outre que Marie s'appliquait souvent à lire et à méditer les prophètes et les divines Écritures, dont elle savait les secrets, ajoute saint Augustin(Serm. 9 de Temp.).

Pour ceux qui, de nos jours, douteraient encore de la présence de vierges au Temple, voici quelques autres témoignages. Par exemple cet écho des travaux de tissage et de couture attribués aux vierges du Temple que l'on trouve dans le Protévangile de Jacques, au chap. 10 : « Faisons un voile pour le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Appelez-moi les vierges sans tache de la tribu de David. (...) Et ils les firent entrer dans le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Tirez au sort laquelle filera l'or, l'amiante, le lin, la soie, le bleu, l'écarlate et la pourpre véritable. Et à Marie échurent la pourpre véritable et l'écarlate ».

La tradition juive(Mishna Sheqalim 8,5)confirme elle aussi que le voile du Temple fut tissé par des jeunes filles. Elle nous indique même qu'au moment de la destruction du Temple « quand les vierges qui tissaient le rideau du Temple virent que le Temple était en feu, elles se jetèrent dans le feu, afin que l'ennemi ne puisse pas les violer »(Pesiqta Gabbati ; Piska 26, 6).

Aux dires de Nicéphore Calliste, Evodius90, disciple des apôtres et successeur de saint Pierre à Antioche tenait pour acquis qu'il y ait eu des vierges vouées au Temple et élevées dans son enceinte. L'archiviste du Vatican, le cardinal Baronius(Annales eccl. in apparatus n° 49)jugeait authentique ce document que certains ont contesté depuis.

Saint Grégoire de Nysse, saint Jean Damascène, saint Ambroise91, saint Jérôme et d'autres écrivains ont témoigné de cette présence de femmes, de vierges consacrées pour le service du Temple (templo deputatas), et du séjour qu'y fit Marie.

Plus tard le célèbre bibliste Dom Calmet affirme lui aussi que « les vierges, ou almas, figuraient dans les cérémonies du culte judaïque avant que ce culte eût un Temple. Nous les voyons sous la conduite de Marie, sœur de Moise, célébrer par des danses et des cantiques de triomphe le passage de la mer Rouge. Les vierges de Silo, qui semblent avoir été, du temps des Juges, plus particulièrement consacrées au culte d'Adonaï que les autres filles d'Israël, dansaient au chant des cantiques et au son des trompes, à peu de distance du lieu saint. Il y avait donc, quoi qu'on eût pu dire, des vierges attachées au service du second Temple, lors de la présentation de Marie92 ». Cette tradition antique du séjour de Marie au Temple était si générale en Orient que Mahomet lui-même en parle dans le Coran93.

Dans une étude minutieuse, Xavier Pailloux94 localise l'habitation des femmes, près du parvis des femmes, sur trois étages comportant chacun vingt-deux chambres. Il est assez remarquable de constater que la localisation qu'il indique est parfaitement compatible avec la vision de Maria Valtorta. « De la fenêtre ouverte on découvre l'édifice imposant et central du Temple et puis toute la descente des escaliers des petites cours, des portiques et, au-delà de la muraille d'enceinte, la cité avec ses rues, ses maisons, ses jardins et au fond le sommet bosselé du Mont des Oliviers »10.1. Cette description, qui suppose un bâtiment élevé, situé du coté sud-ouest du Temple, concorde également avec les visions de sainte C. Emmerich.

Au 16e siècle le rabbin Azarias (Imreh Binah, chap. 60) mentionne des femmes employées au service du Temple, qui restaient vierges (les almahs) et vivaient en communauté. On peut donc citer également une autorité juive pour justifier l'existence des vierges du Temple. Et le pape Pie XII dans son Encyclique Sacra Virginitas, donne en quelque sorte une caution papale à cette croyance : « comme l'écrit saint Ambroise95 nous lisons qu'il y avait aussi des vierges au Temple de Jérusalem ».

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Notes de bas de page

87
Ce récit est généralement regardé comme apocryphe. Il a cependant accompagné les œuvres de saint Jérôme, et mérite au moins considération par son ancienneté.

88
Rapporté par Alexis de Salo, Méthode admirable pour aymer, servir et honorer la Vierge Marie nostre advocate,1664, p 222.

89
Saint Jérôme Lettre à Héliodore. Propos confirmés aussi par saint Bonaventure (Méditations sur la Vie du Christchap. 3).

90
Dans une lettre citée, il est vrai, pour la première fois par Nicéphore (Histoire Ecclésiastique,livre Il, c.), et où il est parlé de la sainte Vierge.

91
Saint Ambroise écrivit (dans De Virginit. Lib. 1) : « ... considérons comme l'on ferait d'un modèle la vie de Marie dans le Temple... ».

92
Dans son Dictionnaire de la Bible, à l'article « Vierge». Dom Calmet cite Flavius Josèphe et précise que l'habitation réservée aux vierges était divisée en 90 cellules.

93
Surate 3 Al' Imram, v 37 : « Son Seigneur l'agréa alors du bon agrément, la fit croître en belle croissance. Et Il en confia la garde à Zacharie. Chaque fois que celui-ci entrait auprès d'elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d'elle de la nourriture. Il dit : ô Marie, d'où te vient cette nourriture ? - Elle dit : Cela me vient d'Allah. Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter... ».

94
Xavier Pailloux Monographie du Temple de Salomon1885 (p 90, 126 et suivantes).

95
St. Ambroise. De virginibus, L 1er, c III, n 12 ; P.L. XVI, 192.

96
Découverte à Arles, et maintenant conservée dans la crypte de Saint-Maximin.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2