La naissance du Sauveur
« Ah ! si tu déchirais les cieux et si tu descendais !» Isaïe 63,19.
« Certainement il est bien de tenir caché le secret du roi »201.5. Ces paroles de Tobie(Tb 12,6-7)sont plusieurs fois évoquées dans l'œuvre, et semblent pouvoir s'appliquer aussi à l'enfantement de la Vierge. Maria Valtorta respecte la pudeur qui doit entourer le mystère de l'Incarnation, tout comme l'avaient fait avant elle plusieurs mystiques qui eurent des visions de la naissance du Sauveur dans la grotte de Bethléem. Elle ne voit pas la naissance, qu'une grande lumière cache à ses yeux : « Et la lumière croît de plus en plus. L'œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge… et en émerge la Mère. Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras »29.3.
Cette description est en tout point comparable à celle que rapporte le Protévangile de Jacques(chap. 19) : « Tout d'un coup la caverne fut remplie d'une clarté si vive que l'œil ne pouvait la contempler, et quand cette lumière se fut dissipée, l'on vit l'enfant ». Mais Maria Valtorta ne donne aucun crédit à la suite du protévangile, qui rapporte la présence d'une sage femme aux côtés de Marie. Saint Jérôme avait déjà, en son temps, dénoncé cette légende comme infondée : « Personne ne reçut l'Enfant à sa Naissance, aucune femme ne donna à Marie les soins ordinaires. Elle seule enveloppa son enfant de langes, elle fut à la fois la mère et celle qui reçut l'Enfant : et elle l'enveloppa de langes192 ». C'est exactement ce que nous rapporte aussi Maria Valtorta. « Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile »29.5. Et son récit est également conforme à l'opinion des Pères en ce qui concerne l'absence de souffrances de Marie lors de l'enfantement : « Elle n'a point souffert, quoique femme ; elle n'a point éprouvé les douleurs de l'enfantement, quoique vierge193 ».