L'Immaculée Conception
Le Catéchisme de l'Église Catholique§ 491 nous rappelle : « Au long des siècles l'Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception ». Quand l'Église a proclamé le dogme de l'Immaculé Conception54, elle n'a fait qu'entériner une croyance qui était ancrée depuis bien des siècles dans le cœur des croyants. Il suffit pour s'en convaincre de relire le sermon de Bossuet sur la Conception de la Sainte Vierge, les actes du concile de Trente, ou ce sermon de saint Albert le Grand : « Dieu a mis un soin extrême à garder de toute souillure la femme qu'il avait prédestinée de toute éternité à être sa mère dans le temps » (Serm. De Sanctis 38) puis de remonter ainsi jusqu'aux pères de l'Église. Au 5e siècle, le rouleau de Ravenne affirme : « la Vierge immaculée a accueilli ton Verbe ineffable apporté par l'ange55 ». Sur la foi des apôtres, les Pères du second siècle nommaient déjà la Vierge Marie la Panagia (la toute sainte) et la Theotokos (la mère de Dieu). Cette foi en l'Immaculée était déjà vive aux premiers siècles, puisque par exemple Origène (Adv. Celsus 1, 32.69 etc.) la défend contre les premières hérésies.
Les lecteurs de Maria Valtorta ne seront donc pas surpris de lire, dès le début de l'œuvre : « Marie, la Sans-Tache, ne fut jamais privée du souvenir de Dieu, de son voisinage, de son amour, de sa lumière, de sa sagesse. Elle put donc comprendre et aimer quand elle n'était encore qu'une chair qui se formait autour d'une âme immaculée qui continuait d'aimer »4.6. A en croire le récit transmis par Maria Valtorta, cette croyance de l'Église primitive en la Conception Immaculée de Marie remonterait directement aux enseignements de Jésus à ses apôtres. En effet une première fois, pendant la fête des Lumières, dans la maison de Lazare à Béthanie, Jésus leur explique : « Le temps de la Grâce étant venu, Dieu prépara pour Lui sa Vierge. Vous pouvez bien comprendre comment Dieu ne pouvait résider là où Satan avait posé son signe ineffaçable. La Puissance travailla donc pour faire son futur tabernacle immaculé. Et par deux justes, d'âge avancé et contre les règles habituelles de la procréation, fut conçue Celle sur laquelle il n'y a aucune tache »136.5. Puis Il revient plusieurs fois sur ce mystère, comme par exemple à Gérasa où Il déclare : « Le "que l'âme de Marie soit faite sans faute" c'est un prodige du Créateur »288.7. Quand Il apparaît aux apôtres après la Résurrection, Jésus leur donne encore une fois Marie Immaculée comme modèle : « Vous devrez être purs de membres, car dans votre sein descendra le Verbe comme il est descendu dans le sein de Marie grâce à l'Amour. Vous avez l'exemple vivant de ce que doit être un sein qui accueille le Verbe qui se fait Chair. Cet exemple est celui de la Femme sans faute d'origine et sans faute individuelle, qui m'a porté »629.7 / 8. Et Jésus de conclure : « C'est cette Pureté inviolée que je vous donne en exemple »629.8. Ailleurs Il rappelle aussi : « Eve aussi avait été créée sans tache... »1.3 comme nous l'enseigne l'Église : « nos premiers parents Adam et Eve ont été constitués dans un état de sainteté et de justice originelle » (CEC § 375).
Maria Valtorta clôt son premier chapitre sur cette affirmation de Jésus : « Marie vécut dans un monde corrompu sans consentir à blesser sa pureté par la plus petite pensée dirigée vers le péché »1.3. Affirmation reprise sous une forme équivalente dans cet enseignement du Magistère quelques années plus tard : « Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie »(CEC § 493). C'était déjà l'enseignement du Concile de Trente, (Session VI, canon XXIII) : « Marie n'a jamais commis la moindre faute, le plus léger péché véniel. C'est la ferme croyance et l'enseignement formel de l'Église ».