L'étoile de Bethléem
« Ne vous rappelez-vous pas Balaam ? Une Étoile naîtra de Jacob »41.4 déclare Jésus enfant aux docteurs du Temple, citant les Nombres(Nb 24,17). Depuis l'origine du christianisme d'innombrables chercheurs ont tenté de résoudre l'énigme posée par le texte de saint Matthieu (Mt 2,2). En effet la détermination de ce phénomène astronomique est étroitement liée à la recherche de la datation précise de la naissance du Christ. De nombreuses théories ont été avancées (apparition d'une super nova, passage d'une comète, conjonctions de planètes, etc.), mais aucune à ce jour ne semble absolument déterminante.
Le texte de Maria Valtorta fournit ça et là toutes sortes de détails sur ce(s) phénomène(s) céleste(s), permettant de s'en faire une idée assez précise. Le plus âgé des trois mages résume ainsi leur découverte : « Ils ont vu, une nuit du mois de décembre précédent, une nouvelle étoile qui s'est allumée dans le ciel avec une inhabituelle splendeur... Jamais les cartes célestes n'avaient porté cet astre ou ne l'avaient signalé. Son nom était inconnu. Elle n'avait pas de nom. (…) Eux l'avaient vue et s'étaient efforcés de comprendre sa voix (…), ils s'étaient plongés dans l'étude du Zodiaque. Et les conjonctions des astres, le temps, la saison, les calculs des anciens temps et des combinaisons astronomiques leur avaient dit le nom et le secret de l'étoile. Son nom : Messie. Son secret : Être le Messie venu au monde (…) Une étoile de grandeur inhabituelle, comme une petite lune (…) Du globe qui semble un énorme et clair saphir éclairé de l'intérieur par un soleil, part un sillage lumineux (…) sa queue vibre et se balance (…) ils étaient venus vers la Palestine car l'étoile allait dans cette direction (…) Ils étaient allés à Jérusalem (…) Mais l'étoile s'était cachée sur le ciel de cette ville (…) vers Bethléem et l'étoile était réapparue à leurs yeux »34.3/7.
Pour ce qui concerne les conjonctions des astres mentionnées ici, il faut noter qu'un rapprochement planétaire assez rare eut lieu à trois reprises entre mai et décembre -7, entre Jupiter et Saturne. Le pape Benoît XVI rapporte d'ailleurs ce phénomène dans son livre L'enfance de Jésus. Or Virgile, dans la IVe Eglogue des Bucoliques, prédit le renouvellement du monde et le retour de la Vierge, le règne de Saturne accompagnant alors la venue du nouvel enfant des dieux. « Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna, Jam nova progenies caelo demittitur alto206 ». Le rapprochement entre Saturne et Jupiter fut donc certainement considéré comme un signe très important pour les astronomes/astrologues de ce temps qui n'ignoraient pas certains oracles, ni la prophétie de Daniel207. Ailleurs dans l'œuvre, c'est en tout cas ce que suggère la disciple romaine Lidia, parlant d'un astrologue grec nommé Diomède : « Lui soutenait que cela arrivait parce que les temps étaient plus proches et que les astres parlaient par leurs conjonctions »426.6 Et dans le dialogue qui s'en suit, Jésus fait justement l'éloge de Virgile : « Son esprit enflammé de pureté et de génie s'est élevé jusqu'à la connaissance d'une page qui me concerne »426.6.
« Une étoile de grandeur inhabituelle » pourrait évoquer une supernova, caractérisée par une très grande brillance et une durée de vie assez courte. L'hypothèse de la survenue de ce phénomène rare fut d'ailleurs plusieurs fois envisagée par les chercheurs depuis Kepler. Mais la suite du texte de Maria Valtorta mentionne un « sillage lumineux », ce qui correspondrait mieux à une comète. Or le professeur Ho Peng-Yoke208 publia en 1962 un catalogue montrant que les astronomes chinois, entre le 9 mars et le 6 avril -5 (julien), ont observé l'apparition d'une comète à queue, qui resta visible pendant 70 jours dans la constellation du Capricorne, c'est-à-dire visible le matin vers l'Est dans le ciel de Mésopotamie. C'est exactement à cette période que la chronologie, dans l'œuvre de Maria Valtorta, situe l'Annonciation et la Visitation ! « Nous avons vu son étoile au Levant » (Mt 2,2) dirent justement les mages à Hérode... Une autre comète (sans queue cette fois) fut à nouveau observée en mars -4. Ces deux phénomènes nous interpellent. D'autant que dans les premiers siècles déjà, Origène écrivait : « Je crois que l'étoile qui parut en Orient était d'une nouvelle espèce (...) qu'elle était à peu près de même nature que les comètes209 ». Il se réfère même au Traité des comètes, composé par le stoïcien Chérémon pour étayer son opinion.
Ailleurs, Jésus rappelle à un bethléémite les prophéties annonçant l'étoile : « Sur quoi les mages basaient-ils leur affirmation ? ...Sur leurs calculs au sujet d'une nouvelle étoile. (…) Et n'est-il pas dit : Une étoile naîtra de Jacob et un sceptre s'élèvera d'Israël ? (…) Et l'étoile, vue par les mages ne pourrait-elle pas être l'étoile de Jacob, la grande lumière des deux prophéties de Balaam et d'Isaïe ? »73.6. C'est exactement l'opinion exprimée par saint Jérôme quand il affirme que les mages apprirent de la prophétie de Balaam que le fils de Dieu était né210. Et Jésus salue leur foi : « Ces Sages d'orient n'avaient rien qui les assurât de la vérité. Rien de surnaturel. Seulement leurs calculs astronomiques et leur travail de réflexion qu'une vie intègre rendait parfaite. Et pourtant, ils ont eu la foi. Foi en tout : foi dans la science, foi dans leur conscience, foi dans la bonté divine. Par la science ils ont cru au signe de l'étoile nouvelle qui ne pouvait être que "celle" attendue depuis des siècles par l'humanité : le Messie… »34.11.
Une conjonction de planètes, deux comètes, et peut-être même l'apparition d'une nova : pourquoi plusieurs phénomènes astronomiques distincts n'auraient-ils pas pu, finalement, saluer la venue sur terre du Messie ? Il apparaît que cette période fut assez riche en signes dans le ciel. Mais pour ne pas alourdir plus qu'il ne convient ce chapitre, les phénomènes astronomiques répertoriés durant cette période sont regroupés dans l'Annexe 2, en fin de cet ouvrage, pour les lecteurs que ce sujet intéresserait plus spécialement.