De la Résurrection à la Pentecôte

L'instruction sur les sacrements

4 min

Le lendemain (dimanche 28 avril) Jésus est à nouveau avec les apôtres et les soixante douze disciples. Il attire leur attention : « Donnez-moi toute votre attention car je vais vous dire des choses de la plus grande importance »635.1. C'est qu'en effet Il désire maintenant les instruire sur « les moyens pour vous garder dans les fruits de mon Sacrifice »635.2. Le premier « moyen » dont Il leur parle, est celui qui rendra la Grâce aux hommes présents et à venir. « Un moyen qui ne sera pas seulement une figure rituelle mais qui imprimera vraiment pour celui qui le reçoit le caractère réel de fils de Dieu »635.2. Et Jésus accomplit maintenant une promesse lointaine qu'Il avait faite à son cousin Jacques : « Vous devrez en mon nom absoudre et bénir, ramener à la Grâce, administrer les Sacrements que j'instituerai… » « Que sont ces choses ? » « Ce sont des moyens surnaturels et spirituels, appliqués aussi avec des moyens matériels, employés pour persuader les hommes que le prêtre fait réellement quelque chose »259.3. Il en avait même alors annoncé le nombre : « Sept comme le candélabre sacré du Temple et les dons de l'Esprit d'Amour. Et en vérité les Sacrements sont des dons et sont des flammes, donnés pour que l'homme brûle devant le Seigneur dans les siècles des siècles »259.6. Maintenant Il expose à ses futurs prêtres le sens profond de ces divers sacrements. Bien entendu ce texte (comme tant d'autres) mériterait un examen attentif de la part des théologiens, et spécialement de ceux qui s'interrogent sur la façon dont furent institués les sacrements. Par exemple Jésus y montre que l'onction de Béthanie est la préfiguration de l'onction des malades929, et Il insiste tout spécialement sur l'indissolubilité du sacrement du mariage...

Globalement, les Pères de l'Église ont peu parlé de l'institution des sacrements. Mais le texte de Maria Valtorta confirme s'il en était besoin l'opinion de saint Thomas d'Aquin, selon qui « les sept sacrements sont choses trop importantes pour ne pas avoir été institués par le Christ en personne930 ». Il aura fallut plus d'un millénaire pour que l'Église, sous l'impulsion en particulier de Pierre Lombard en 1150 fixe le « septénaire sacramentel » (la liste définie de sept sacrements931). Mais cela ne signifie aucunement que ces sept sacrements étaient ignorés auparavant par la tradition de l'Église. C'est au contraire pour mettre de l'ordre dans les nombreuses réalités sacramentelles alors en usage932, que les théologiens du 12e siècle ont voulu distinguer les « sacrements majeurs » (les sacrements proprement dits) et les « sacrements mineurs » (appelés maintenant les sacramentaux).

Un autre grand docteur de l'Église, saint Bonaventure a lui aussi affirmé que les sacrements furent institués par le Christ Lui-même : « Le Christ a institué les sacrements de la loi de grâce comme médiateur du Nouveau Testament et principal auteur de la loi par laquelle il a appelé aux promesses éternelles, donné des préceptes directeurs et institué les sacrements qui sanctifient… Il les institua de diverses manières : certains par confirmation, approbation et achèvement, comme le mariage et la pénitence ; d'autres par insinuation et en présidant à leur début, comme la confirmation et l'extrême-onction ; d'autres enfin en présidant à leur début, en les achevant et en les recevant Lui-même, comme le baptême, l'eucharistie et l'ordre. Ces trois derniers, Il les a institués pleinement, et même, Il a été le premier à les recevoir933 ». Juste avant de quitter les apôtres, Jésus leur fait cette dernière recommandation : « Tout cela vous le ferez en mémoire de Moi qui vous l'ai enseigné »635.15.

Notes de bas de page

929
Cette allusion à l'onction faite par Marie Madeleine, en rapport avec le sacrement d'extrême onction semble assez inédite, l'Eglise évoquant plus volontiers saint Marc (Mc 6,13) ou saint Jacques (Jc 5, 14-15) pour l' institution de ce sacrement.

930
Voir saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique3e Partie Question 64.

931
Ce nombre sept fut refusé par Luther et Calvin au nom de l'Écriture, et par certains Orthodoxes au nom de la Tradition. Le septénaire fut officialisé par le concile de Trentedans sa septième session, en mars 1547 (session 7 c. 1 in DS 1601).

932
Par exemple le docteur de l'Eglise Pierre Damien en comptait jusqu'à douze (Sermon 69, In dedicatione Ecclesiae).

933
Saint Bonaventure, Breviloquium, L. 6.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2