De la Résurrection à la Pentecôte

Jésus apparaît aux apôtres

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Plus tard dans la soirée, les dix se sont isolés dans la salle de la Cène.(Mc 16, 14 ; Lc 24,36-43 ; Jn 20,19-23). Tous méditent les événements de la journée. La présence de Jésus en divers lieux simultanément déconcerte Jacques de Zébédée. Pierre, lui, pense qu'il devra encore attendre trois jours pour revoir Jésus à cause de ses trois reniements. « Il ne viendra pas. Je n'ai pas suffisamment pleuré pour le mériter… »627.2. On comprend à leurs réflexions que Cléophas et Simon d'Emmaüs sont déjà venus témoigner eux aussi922.

Au moment où ils s'y attendent le moins, Jésus surgit au milieu des dix. « C'est Moi. Pourquoi êtes-vous ainsi troublés ? Ne me désiriez-vous pas ? Ne vous avais-je pas fait dire que je serais venu ? Ne vous l'avais-je pas dit dès le soir de Pâque ? »627.5. Après un temps de stupeur, les apôtres s'enhardissent peu à peu, s'interrogeant sur les raisons de leur faiblesse et redisant leur amour pour Jésus, ils en arrivent à s'étonner qu'eux, les élus, n'aient pas été les premiers témoins de la Résurrection. Pierre ose même demander : « Pourquoi aux femmes, et en particulier à Marie ? (...) Et à nous, tes apôtres, rien… »627.11. La sévère réponse de Jésus constitue sans aucun doute une leçon que les apôtres n'oublieront pas. A la lire telle que transmise par Maria Valtorta, il est facile de comprendre pourquoi les apôtres n'en ont jamais parlé !

croire" et alors la Voix a dit : "Viens à Moi" et il a senti la volonté de croire et en même temps la guérison »627.3. On ne peut s'empêcher de rapprocher ce témoigne d'une tradition rapportée par le martyrologe lyonnais d'Adon (en 850) : il relate la guérison miraculeuse de Longin, qui recouvrit sa vue obscurcie par maladie, à l'instant où il crut. (D'après Adon, cette tradition provenait d'une poésie du 4e siècle attribuée à Apollinaire de Laodicée).

Saint Jean, qui publia son évangile plus tardivement que les synoptiques, n'hésite par contre pas à signaler l'absence de Thomas le jour de la Résurrection, puis son retour, ses doutes et sa présence la semaine suivante (Jn 20,24-29). Où était-il pendant son absence ? Jean n'en dit rien, mais Maria Valtorta fournit quelques détails susceptibles de satisfaire notre curiosité. C'est le berger Elie qui a fini par le retrouver, hagard, dans la grotte de Bethléem et a réussi à le convaincre de rejoindre les autres. Mais le désespoir de Thomas est trop intense pour lui permettre de donner foi aux témoignages de ses compagnons. Non pas qu'il doute de la divinité du Christ, mais il se sent totalement indigne de tout l'amour qu'il a reçu de Jésus. Ce témoignage semble vraiment inédit : « Je crois qu'il est Dieu. Mais précisément parce que je le crois je dis que, si bon qu'il puisse être, il ne peut l'être au point de venir parmi ceux qui l'ont si peu aimé. Et je dis que si humble qu'il soit, il doit en avoir assez de s'humilier dans notre chair. Non. Il doit être, il l'est certainement, triomphant au Ciel, et peut-être il apparaîtra comme esprit. Je dis : peut-être. Nous ne méritons même pas cela ! Mais ressuscité en chair et en os, non. Non, je ne le crois pas »628.6. Apparaissant au milieu d'eux quelques jours plus tard, le dimanche 14 avril, Jésus interpelle Thomas, avec un sourire de pardon dans la voix : « Viens ici, Thomas. (...) Voici celui qui ne croit pas s'il ne voit pas ! »629.4. Il l'oblige à toucher ses plaies. Et Thomas avec des larmes abondantes de repentir s'exclame simplement : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »629.4. Maintenant que tous sont pardonnés, Jésus les enseigne sur l'une des missions qu'Il leur confie : pardonner aux hommes leurs fautes, au nom du Seigneur : « Il est grand votre ministère de juger et d'absoudre en mon nom ! »629.7. Ce soir là, Jésus passe un long moment avec ses apôtres. Ensemble ils vont au Jardin des oliviers, et là ils récitent le Notre Père, que Jésus leur commente à nouveau. Il leur donne rendez-vous : « demain, avant sexte, vous monterez au Golgotha. Je vous rejoindrai… »630.14.

Il fait déjà très chaud lorsque le lundi 15 avril vers midi, comme convenu, les apôtres entreprennent la montée vers le Golgotha. « Mais on ne peut avancer ici ! On ne peut ! disent-ils après quelques mètres ». « Et pourtant le Seigneur est monté jusqu'à l'endroit où se trouvent ces ronces, et il était déjà blessé et avait la croix sur Lui, fait observer Jean qui pleure depuis qu'il est sur le Calvaire »631.2. Le témoignage de Jean, leur fait mieux ressentir la tragédie de Vendredi Saint, et apaise peu à peu leur grogne. « Ce rappel est un avertissement fraternel, une exhortation à ne pas se plaindre »631.3 note Maria Valtorta. Et ce sont des apôtres profondément bouleversés par les souffrances endurées par le Christ qui atteignent le sommet du Golgotha. « Qu'ici meure l'homme que nous sommes, et que ressuscite le vrai disciple. Levez-vous! Jurons sur le Nom Saint de Jésus Christ que nous voulons embrasser sa doctrine jusqu'à savoir mourir pour la rédemption du monde »631.7 s'exclame Jean, véritablement inspiré. Et pendant que les onze en font le serment, Jésus apparaît au milieu d'eux. Il ordonne à Jean et au zélote d'accompagner Marie et les femmes dans leur voyage de retour en Galilée. « Nous nous retrouverons tous unis en Galilée sur le Thabor »631.8, leur promet-Il.

Mais le chemin du retour est plein d'embuches pour les apôtres. En arrivant près de la porte Judiciaire, ils sont reconnus par plusieurs et sont bientôt la cible des quolibets de la foule. L'ambiance dégénère rapidement et les premiers projectiles atteignent leur but. Les onze doivent fuir et revenir sur leurs pas. Ils trouvent refuge dans le jardin de Joseph d'Arimathie, où le jardinier923 se montre compatissant et plein de charité envers eux. Il les accompagne le long des remparts, jusqu'à la porte de Sion, située à moins de 200 m du Cénacle. Il les laisse avec un mot d'encouragement : « Vous êtes des hommes et je suis un homme. Lui seul est plus qu'un Homme et peut ne pas trembler. Je sais comprendre et compatir et je dis que vous, faibles aujourd'hui, vous serez forts demain. La paix à vous »631.13. Quand ils arrivent enfin au Cénacle, penauds et contrits, Jésus est là pour les accueillir : « maintenant vous vous connaissez humblement pour ce que vous êtes, car maintenant vous êtes sages d'une grande sagesse : celle de savoir que tout acte a des répercussions très étendues, parfois ineffaçables, et que celui qui est haut placé (...) a plus que celui qui ne l'est pas le devoir d'être parfait »631.16. Et pour ne pas les exposer inutilement à la vindicte populaire, Jésus leur recommande à nouveau de rentrer sans tarder en Galilée.

Notes de bas de page

922
La remarque de Simon Pierre est à rapprocher de Lc 24, 34. Contrairement à certaines traductions, ce ne sont pas les apôtres qui dirent « il a été vu de Simon » mais Cléophas lui-même, parlant de son compagnon Simon. Maria Valtorta confirme en quelque sorte que le nominatif (λέγοντες legontes= disant) du manuscrit du Codex Bezaen'est pas dû à une erreur de scribe, comme de nombreux biblistes (dont Osty) l'ont imaginé. En le remplaçant par l'accusatif legontas,ils ont transformé le sens de cette phrase !

923
Selon l'évangile de Barthélemy(8, 1-2) apocryphe copte du 5e siècle, ce jardinier se serait nommé Philogène.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2